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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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13 avril 2024 6 13 /04 /avril /2024 04:51

Nous avons dit quelques mots dans un précédent article concernant l’exploitation du sel dans le nord-est de la Thaïlande et la présence dans la région d’énormes ressources de potasse qui sont à l’origine de vifs débats sur lesquels la presse francophone et anglophones a été remarquablement silencieuse alors qu’il s’agit pourtant d’un sujet qui est au cœur de l’avenir de l’Isan.

 

 

La potasse est un  minéral dont l’utilisation est essentielle dans le secteur agricole puisqu'elle est utilisée pour produire les engrais, ce qui est essentiel dans un pays dont la richesse principale est et reste l’agriculture.

 

La nature n’a pas besoin d’engrais certes mais l’agriculture intensive a, elle, besoin d’engrais pour produire. Les deux pays les plus peuplés du monde, l’Inde avec un peu moins d’un milliard et demi d’habitants et la Chine avec un peu plus de ce milliard et demi ne peuvent les nourrir qu’avec une agriculture intensive. Les végétaux ont besoin de potassium pour prospérer tout autant que l’organisme humain a besoin de sel.  La potasse, sel naturel, améliore les rendements, facilite la rétention d’eau et la résistance aux maladies des cultures. Si notre région regorge de mines de sel de terre, leur exploitation  se fait le plus souvent sur des sites à ciel ouvert selon des procédés qui sont probablement les mêmes qu’à l’âge du fer et qui ne nuisent en rien à notre environnement. Tel n’est pas le cas de l’exploitation de la potasse qui se fait dans des mines souterraines entraînant non seulement des risques pour l’environnement mais aussi pour les mineurs.

 

 

Or, le sous-sol du nord-est de la Thaïlande contient d’immenses gisements de ce  produit naturel alors que le pays est le 5e plus grand importateur d’Asie avec  700.000 tonnes de potasse importées chaque année pour la production d’engrais  potassiques.

 

 

La découverte de ces gisements ne date que de 1970,  La région la plus pauvre de Thaïlande pourrait devenir la plus riche. Voilà bien le problème !

 

 

Les trois principaux pays producteurs sont le Canada, la Russie et  la Biélorussie.31.8 % de la production mondiale pour le Canada, 20 % pour la Russie et 17,6 % pour le Belarus mais les deux derniers sont maudits pour la bonne conscience universelle !

 

 

Compte tenu du fait que la potasse est également utilisée comme base pour d'autres produits tels que le verre, le savon et la céramique, son importance est majeure puisqu’il n’est pas exclu à ce jour que le sous-sol thaï  recouvre des réserves qui seraient les plus importantes au monde à ce jour après, et peut être avant, celles du Canada et de la Russie, presque totalement inexploitées quoi qu’évaluées provisoirement  à 400 milliards de tonnes.

 

 

Ces ressources thaïes sont connues depuis les années 1970 gisant dans toute la province sous nos vastes étendues de rizières. Une première fois, il y a environ 30 ans une société canadienne avait été la première à tenter un processus d'exploitation dans la province d'Udonthani, elle avait fort discrètement lancé une étude d'impact sur l'environnement et obtenu un permis d'exploitation. Mais dès que les populations locales furent informées, l’opposition fut si forte qu’aujourd’hui encore pas un gramme de potasse n’en a été extrait, et les jalons d’explorations restent rouillés pour ceux qui n’ont pas été détruits.

 

 

 Mais il a fallu plus de 35 ans pour que la première société, la société chinoise « China Ming Ta Potash » obtienne l'autorisation d'exploration des réserves de potasse dans la province de Sakon Nakhon. Elle disposait de 5 ans pour évaluer ce qui se trouve au-dessous de douze parcelles minières couvrant 120.000 rai soit un peu moins de 20.000 hectares incluant  82 villages du district (amphoe – อำเภอ) de Wanon Niwat (วานรนิวาส) situé à environ 70 kilomètres au nord-ouest de Sakon. Le district proprement dit s’étend sur 1000 kilomètres carrés soit hectare, regroupe 14 sous districts (tambon - ตำบล), 182 villages et environ 125.000 habitants au recensement de 2017. C’est en réalité un tiers du district qui serait massivement touché. La région est essentiellement sinon exclusivement agricole, les habitants vivent de la culture du riz et des ressources que leur procure l’immense lac nam huai thong (น้ำห้วยโทง) aujourd’hui aménagé et protégé mais donc le nom, huai thong, signifie ce qu’il fut « le torrent capricieux ». Son eau a une triple utilité, l’irrigation des rizières, l'alimentation en eau potable et les produits de la pêche.

 

 

L’arrivée des Chinois s’explique facilement, car il y a longtemps qu’ils ne fertilisent plus leurs parcelles de légumes avec leur merde, celle de leur milliard et demi d'habitants n'y suffirait pas. Leur production agricole est gigantesque, et la Chine est le plus gros consommateur de potasse au monde.

 

 

L’installation d’un consulat de Chine à Khonkaen, au cœur de l’Isan, n’est évidemment pas innocente.  Les touristes chinois ne s’agglutinent pas dans le nord-est mais sur les plages.

 

 

 

Il n’y a pas de Chinois y vivant et les nombreux habitants d’origine chinoise sont depuis longtemps assimilés et, intégrés

 

 

Les agriculteurs chinois dépendent des importations de potasse principalement du Canada, de la Russie et de la Biélorussie. Ceux-ci devant une demande en constante augmentation avaient déjà fait augmenter les cours de 25% en 2017 d’oú nécessité de trouver de nouvelles sources moins coûteuses. Le conflit russo-ukrainien a tout simplement entrainé un triplement du cours de la potasse à partir de 2021

 

 

 

Le nom du district proprement dit, Wanon Niwat, signifie « le district des singes » probablement parce que ceux –ci y gambadent encore en liberté. Ce n’est de toute évidence pas une région vouée au tourisme et encore moins à l’industrie fut-elle agro-alimentaire. La résistance des habitants au projet chinois, soutenus par des « activistes » d’Udon fut féroce d’autant qu’il ne semble pas que de solides études d’impact aient été entreprises par les fils du ciel. Les habitants de Wanon Niwat ont formé leur propre groupe de protestation environnemental composés et animés soit dit en passant par plus de 80% de femmes. Leurs intentions sont claires, faire pression sur la société pour qu’elle mette fin à toute activité d’exploitation minière. Leurs craintes ne sont pas dépourvues de fondement :

 

 

L'extraction de la potasse produit de grandes quantités de sel en tant que sous-produit, celui que nous utilisons pour saler notre soupe. Or la région est déjà saturée en sel mais son exploitation se fait – avons-nous dit – dans des conditions qui ne nuisent pas à l’environnement.  Oú donc partiront les résidus salins ?  Vont-ils ruiner les sources d’eau potable, saler les eaux souterraines qui alimentent ces sources et des puits, saler le sol ce qui rendra l’agriculture impossible. Ce sont les moyens de subsistance de dizaines de milliers de personnes qui sont concernés. L’étude d’impact qui aurait été produite ne fait aucune allusion aux risques d’effondrement pourtant systématique dans les zones dont le sous-sol est creusé de galeries de mines. L'extraction à grande échelle de la potasse est susceptible d’entraîner l'apparition de dolines mortifères, il en existe de nombreux exemples, fosse gigantesque de 15 mètres de profondeur et de la taille d'un terrain de football. Ce risque d’effondrement est d’autant plus important que la potasse découverte, au demeurant de très haute qualité, se trouve à des profondeurs facilement accessibles, entre  de 150 à 300 mètres alors qu’ailleurs dans le monde, le minéral est généralement situé à une profondeur d'au moins 1.000 mètres et en moyenne 700 à 800 mètres dans nos défuntes mines alsaciennes

 

 

Rien ne fut non plus prévu pour la protection contre les poussières de sel  poussées par le vent provenant de la mine et ayant un incontestable impact sur la santé de la population. Comme chacun sait, on ne vivait pas vieux dans les mines de sel des Tsars et de Staline ! Il est possible, mais aucune étude n’a non plus été effectuée par les Chinois, que les poussières de la mine contiennent aussi des traces de métaux lourds -  mercure, plomb et cadmium -  susceptibles de causer un risque supplémentaire pour la santé.

 

 

A tous ces griefs, les Chinois n’ont répondu que par de vagues promesses. Leur pays est certes devenu  la seconde puissance économique mondiale mais s’est élevé au rang de premier pollueur.

 

 

Une première vague de protestation en 2018 fut dirigée par les femmes qui bloquèrent l'accès aux sites de forage ce qui suscité de la part des Chinois une vague de procédures contre les manifestantes auxquelles ils réclamèrent 34 millions de bahts d'indemnisation. La question fut posée de savoir si le gouvernement en place en peaufinant la législation sur les droits d’exploitation des mines n’avait pas quelque peu négligé la protection de l'environnement et les droits des communautés rurales ?

 

Les manifestants rappelaient non sans raison qu’il y a trente-cinq ans, une opération de production de sels minéraux à échelle industrielle et non plus artisanale dans le district de Borabue (อำเภอ บรบือ), dans la province de Maha Sarakham (มหาสารคาม), avait provoqué un désastre environnemental en empoisonnant les terres et l'eau avec du sel et en endommageant les moyens de subsistance de la population. Le gouvernement avait finalement interdit la production de sel dans la région et a ordonné des efforts de réhabilitation qui sont encore en cours.

 

 

En décembre 2018, les contestataires ont organisé la spectaculaire « libre marche de Wanon » (thai wanon kaodoenไทวานรก้าวเดินau cours de laquelle plus de  200 villageois ont quitté leur communauté pour se rendre à Sakon Nakhon, capitale de la province, à 85 kilomètres. Suivis de près par la police, l'armée et les services de renseignement. Les villageois ont marché pendant six jours, ne s'arrêtant que pour manger et dormir dans les temples jusqu'à ce qu'ils atteignent leur destination finale pour un rassemblement à l’Université  Sakon Nakhon Rajabhat (มหาวิทยาลัยราชภัฏสกลนค).

 

 

Plus tard en mars 2019, quatre mois après la première marche de protestation, le même groupe a organisé une cérémonie pour apaiser les esprits du réservoir de Huay Thong et  faire des offrandes aux esprits du lac qui protègent cette précieuse source d’eau nécessaire à la vie de milliers d’entre eux puisqu’il fournit l’eau potable à la ville de Wanon Niwat et à tous les villages alentour, irrigue de grandes superficies de terres agricoles et fournit un apport important en protéines sous forme de poisson, de crevette et d’escargots.  La contamination ou la salinisation de ce lac par l'extraction de la potasse causerait d'innombrables problèmes, non seulement pour l'écosystème environnant, mais également pour un mode de vie qui n'a pas changé depuis des générations.

 

S’assurer la protection des esprits est un moyen de contribuer à la survie mais il serait préférable aussi de mettre fin à l’exploitation minière avant que les changements ne deviennent irréversibles.

 

 

Les habitants contestataires ont tous dit se satisfaire de leur vie tranquille, en particulier se reposer à l’ombre en regardant paître les buffles avant de les ramener au bercail pour la nuit. L’un d’entre eux vit paisiblement de sa pêche au filet, poissons et crabes, dans un petit ruisseau qui alimente le lac. Une autre vit de la même façon, capturant les produits du lac de la même façon qu’utilisaient ses ancêtres depuis des siècles, pour se nourrir en priorité et éventuellement aller vendre le superflus au marché.

 

Tous confirment vivre en parfait équilibre avec la nature.

 

Leur slogan est le suivant « J’aime mon village et jamais je ne laisserai une mine s’installer ici »  (kurakbanku kuchamaiyomhaimimueangraekoetkhuen - กูรักบ้านกู กูจะไม่ยอมให้มีเหมืองแร่เกิดขึ้น).

 

 

Lors de leur seconde marche, les manifestants habillés de chemises vertes portaient pieusement le portrait de l’un des leurs, Nujiam Paisita (หนูเจียม ไฝ่สีทา) tué dans un accident de la circulation quelques jours auparavant. La marche de six jours se fit en agitant des drapeaux verts. A chaque étape du soir dans les temples, ils réunissaient les villageois pour expliquer leur combat.

 

Arrivés à leur destination finale, ils furent accueillis par des universitaires sympathisants, toujours sous étroite mais non contraignante surveillance policière.

 

Les offrandes aux esprits du temple se firent de façon traditionnelle par le lien avec un fil blanc de 1.500 mètres entre le village et les maisons des esprits proches du lac.

 

A ce jour, le combat continue

 

 

La position gouvernementale est loin de ces préoccupations. En exploitant ou faisant exploiter les énormes réserves de potasse du Nord-Est, le gouvernement espère faire du pays un acteur mondial dans la production des engrais chimiques et attirer les investissements nationaux et étrangers.

 

La nouvelle législation minière de 2017 a renforcé la pression en faveur de l'exploitation minière de la potasse remplaçant une loi vieille de 50 ans, la loi sur les minéraux de 1967. Entrée en vigueur en août, elle établit un nouveau cadre juridique pour l'extraction minière et l’approbation des concessions minières. Dans le cadre d’efforts de décentralisation, de nouveaux comités provinciaux ont été mis en place. Présidés par le gouverneur de la province, ils seront armés du pouvoir d'approuver l'exploitation minière à petite échelle sur un maximum de 100 rai soit 16 hectares. Les projets miniers à grande échelle seront supervisés par un comité national créé par la Loi. La taille limite des zones minières a doublé, passant de 300 à 625 rai soit 100 hectares. Ainsi la nouvelle loi facilite l'octroi de licences minières aux entreprises en accélérant le processus d'approbation à 60 jours alors qu’auparavant le processus pourrait prendre jusqu'à cinq ans.

 

La question de savoir si, sur le plan économique, le pays aurait intérêt à devenir l’un des premiers producteurs mondiaux de potasse, puisque les gisements potentiels se retrouvent dans tout l’Isan, en livrant son exploitation à la « finance anonyme et vagabonde » est une question qui dépasse nos compétences qui, en matière de science économique  - l’archétype des fausses sciences - sont inexistantes.

 

Il faut relever un élément qui semble fondamental car la situation  présente du nord-est de la Thaïlande n’a strictement rien à voir avec celle des trois principaux producteurs mondiaux.

La Russie est le plus grand pays du monde,  17 millions de kilomètres carrés,   135 millions d’habitants soit une  densité de moins de 10 habitants au kilomètre carrés. Au kilomètre carré. L’exploitation de la potasse est effectuée dans des régions  plus ou moins désertiques de l’est de l’Oural.

 

 

Le Canada suit la Russie pour la superficie, un peu moins de 10 millions de kilomètres carrés avec  un peu plus de 38 millions d’habitants  3,5 au kilomètre carrés. Le pays est sous peuplé et les mines de potasse se situent dans la province du Saskatchewan, encore plus sous peuplée et dans laquelle il n’y a aucun patrimoine agricole ou forestier à préserver.

 

Le Belarus avec un peu moins de 210 000 kilomètres carrés et 9 millions et demi d’habitants a une densité de 46 habitants au kilomètre carrés  En dehors de ses mines de potasse et du pétrole, sesrichesses, il ne connaît qu’une agriculture d’élevage.

 

La situation est toute autre en Thaïlande : 70 millions d’habitants sur un peu plus de 513.000 kilomètres carrés soit 70 au dit kilomètre carré. Mais elle l’est plus encore dans la région du nord-est, là où se trouvent les réserves : 160.000 kilomètres carrés et environ 25  millions d’habitants soit 156 au kilomètre carrés (un peu plus de 100 en France). Ils y vivent bien ou mal de leurs rizières, de leurs champs de canne à sucre, de leurs plantations d’hévéas et de l’élevage des poissons et des crevettes dans leurs immenses lacs artificiels.

 

Les habitants confirment vivre en parfait équilibre avec la nature. Le slogan des contestateurs reste « J’aime mon village et jamais je ne laisserai une mine s’installer ici »  (kurakbanku kuchamaiyomhaimimueangraekoetkhuen - กูรักบ้านกู กูจะไม่ยอมให้มีเหมืองแร่เกิดขึ้น).

 

 

Les mines de la « potasse d’Alsace » à plusieurs centaines de mètres de profondeur dont nous connaissions tous la publicité sympathique ont causé sur un siècle d’exploitation la mort de 800 mineurs soit par coups de grisou soit par effondrements soit intoxication par le chlorure de potassium. Á l’extérieur du site, elles furent responsables de multiples effondrements des villages environnants. C'est un drame qu'on subit toutes les régions minières, potasse, charbon ou métaux. 30 ans de procédure ont opposé les communautés néerlandaises à l’Erat français et aux sociétés minières dont les déversements salaient tout simplement les eaux du Rhin au-delà du supportable ! La fermeture des mines en 2005 a résolu les problèmes !

 

 

La présence de ces énormes réserves de potasse pourrait faire de la région incontestablement pauvre une région riche, soit ! Mais se posent, par analogie avec l’Alsace des questions auxquelles je me garderai de répondre :

 

L’exploitation des mines fut-elle bénéfique à la région en dépits des « dégâts collatéraux » ?

 

A-t-elle enrichi la population, celle des mineurs et leur famille en particulier ?

 

A-t-elle enrichi les sociétés minières au-delà du raisonnable ?

 

 

Deux conceptions de la vie s’affrontent, il est d’une part ceux qui regardent le bleu du ciel et qui n’ont pas l’intention de terminer leur vie silicosés dans une mise de potasse ou leurs villages s’effondrer,  et d’autre part ceux qui, tels Riquet le petit chien de Monsieur  Bergeret, ne regardent pas le bleu du ciel parce qu’il n’est pas comestible.

 

 

SOURCES

 

Nous avons consacré trois articles aux gisements de sel de terre en Isan :

 « LA LÉGENDE INSOLITE DE LA DÉCOUVERTE DES VERTUS DU SEL PAR LES HABITANTS DE L’ISAN (NORD-EST DE LA THAÏLANDE) »

http://www.alainbernardenthailande.com/2019/02/la-legende-insolite-de-la-decouverte-des-vertus-du-sel-par-les-habitants-de-l-isan-nord-est-de-la-thailande.html

A 300 « LA LÉGENDE INSOLITE DE LA DÉCOUVERTE DU SEL PAR LES HABITANTS DE L’ISAN (NORD-EST DE LA THAÏLANDE) »

http://www.alainbernardenthailande.com/2019/02/a-300-la-legende-insolite-de-la-decouverte-du-sel-par-les-habitants-de-l-isan-nord-est-de-la-thailande.html

 

A 497 – LE SEL EST UN TRÉSOR DANS LE SOUS-SOL DU NORD-EST DE LA THAÏLANDE (ISAN) --เกลือเป็นสมบัติใต้ดินของภาคตะวันออกเฉียงเหนือของประเทศไทย

 

La plupart des articles provenant d’opposants qui ne sont pas tous des « activistes » sont en thaï avec parfois une version en anglais, je n’en cite que quelques-uns parmi les plus récents : 

 

https://www.tlhr2014.com/?p=9981

https://thecitizen.plus/node/58046

https://theisaanrecord.co/2019/09/08/potash-mining-in-thailand/

https://theisaanrecord.co/2024/03/14/the-story-of-almost-abandoned-village-because-of-potash-mine/

https://www.youtube.com/watch?v=hq5WIFFaF8A&t=2s

 

 

 

 

 

 

 

 

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6 avril 2024 6 06 /04 /avril /2024 03:23

 

Le nord-est du Siam (Isan), connu par les premiers explorateurs français sous le nom de « Laos siamois » a été très méticuleusement exploré dans des circonstances alors difficiles et plus encore, dans le dernier quart du XIX siècle par le grand explorateur que fut Étienne Aymonier. La seconde partie de son compte rendu publié en 1885 concerne ce « Laos siamois ». Nous y apprenons que toute cette région, depuis l’extrême sud ; le long de la chaîne des Dangrek qui marquait la frontière avec le Cambodge, jusqu’au nord dans la province de Loei, était riche en sel, extrait selon des procédés primitifs qui sont toujours utilisés et alors seule ressource du sous-sol dans une terre ingrate (1).

 

 

Il n'y avait pas le moindre impôt sur cette industrie, unique gagne-pain des villageois qui l’exportaient dans tout le pays. La gabelle fut une imagination française !

 

 

Nous retrouvons ces explications dans une étude universitaire plus récente (2) : « les mines de sel ont vraisemblablement constitué une ressource importante du pays Isan et le sel a fait l‟objet d‟échanges depuis les temps anciens: des salines ont été identifiées dans la vallée de la Nam Moun et près de Phimaï ».

 

Quel en est l’origine géologique ? Probablement de l’existence il y a des millions d’années d’une vaste océan d’eau salée aujourd’hui submergé dont il reste probablement un souvenir, dans la région de Selaphum (เสลภูมิ), dans la province de Roiet (ร้อยเอ็ด) un grand lac salé appelé bungklua (บึงเกลือ – le lac salé). Les habitants des environs l’appellent « la mer de l’Isan » (thalé isan – ทะเลอีสาน).

 

 

Connu initialement pour ses vertus conservatrices avant toute autre,  l’origine de sa découverte est légendaire mais était encore présente dans la tradition locale il y a 10 ans : Les habitants avaient constaté que la chair d’un rhinocéros mort et tombé dans un lac gorgé de sel était parfaitement  conservée. Pourquoi pas ? Une autre légende fait état d’un éléphant blanc qui avait pissé dans une rivière la gorgeant ainsi du sel conservateur  Un éléphant urinant – paraît-il – 100 lires par jour, il y a évidemment de quoi saler un cours d’eau puisqu’il y a du sel  dans nos urines (3).

 

 

Ces vertus sont en tous cas le fruit d’une expérience probablement millénaire ?

 

Les procédés utilisés à ce jour n'ont pas changé.

 

 

 

C’est probablement une explication plus ou moins similaire qui est venue aux oreilles d’Aymonier. Dans la vallée de la grande rivière Mun (แม่น้ำมูล) qui traverse le nord-est avant de se jeter dans le Mékong se trouvent de multiples points d’extraction du sel. Ses eaux sont saumâtres en saison sèche ; « Les Laotiens prétendent que ce nom de Moun vient du sanscrit mûtra (urine), et pour expliquer cette prétendue étymologie, ils ont forgé après coup une histoire quelque peu indécente ».

 

 

Il semble bien que les vertus conservatrices du sel furent découvertes avant que ne soit connue sa nécessité pour l’organisme.  L’expérience a alors démontré qu’il était indispensable à l’organisme en plus d’être fondamental pour la conservation des denrées alimentaires avant – ou après – avoir été découvert comme « exhausteur » de goût, permettant de faire ressortir les saveurs d’un plat, même insipide. Si le sel n’est pas un élément majeur de la cuisine locale, comme le remarque Aymonier, il est souvent (et toujours considéré) comme un médicament dans le nord-est en particulier

 

 

Il est en tous cas considéré comme un don des cieux, des dieux ou des génies.

 

Nous le trouvons déjà dans une légende venue de la nuit des temps (Thangchangphueak -  ทางช้างเผือก) dont nous avons parlé au cœur de laquelle se trouve évidement un éléphant blanc ! (4)

 

 

Ces origines légendaires sont liées à ces cultes qui n’ont peut-être pas totalement disparu dans notre région. Aymonier nous donne l’exemple d’un culte à la divinité ou au génie d’un puits d’eau salé dans un village ont les habitants tirent leur richesse : « Chaque année, les habitants du village offrent à la divinité du puits un canard, un poulet, un porc, une jupe de femme, un habit blanc, une écharpe rouge, un miroir et un peigne. Faute de lui consacrer ces vivres et ces objets féminins, l'eau sourdrait mal. En outre, pendant l'exploitation, ils doivent s'abstenir de salir cette eau, d'y cracher, etc., d'insulter autrui, d'aller eux-mêmes ou d'y conduire des étrangers vêtus de noir ou de rouge. Toute faute de ce genre doit être expiée par une nouvelle offrande d'un canard, deux poulets, cinq bougies, cinq fleurs, cinq baguettes odoriférantes ». C’était certes dans la dernière moitié du XIXe siècle.

 

Charles Archaimbault, autre érudit mais mort au début de ce siècle nous décrit très longuement un culte similaire autour d’un puits d’au salée tout aussi sacré dans un village du moyen-Laos dans une région qui fut autrefois siamoise. Nous sommes en 1956 (5). Le nom du village est parlant, Ban Bo (บ้านบ่อ) c’est le village du puits.

 

 

En dehors de ces considérations où ce qu’Aymonier appelle l’indécence rejoint la légende et des rites venus de bien avant l’époque bouddhiste, nous disposons d’une analyse plus scientifique quoique passionnée, de Bamphen Chairak (บำเพ็ญ ไชยรักษ์ข. Elle est chercheuse au sein d’un groupe d'études écoculturelles.  Son étude en thaï vient d’être publiée eu mois de février 2024  sur le site Isaan record et sous le titre “เกลือ” ขุมทรัพย์ใต้ดินอีสาน (« Sel », un trésor souterrain en Isan) (6)

 

Elle nous rappelle que la région du nord-est est riche en sel gemme et aussi en minéraux de potasse. Elle produit du sel depuis la préhistoire jusqu'à nos jours, depuis plus de 3 000 ans et aujourd'hui, on le voit encore partout en Isan. Nous en avons parlé à suffisance (3) et (4). Toutes les études techniques et scientifiques réalisées pour résoudre le problème de la sécheresse dans la région ont montré que les eaux souterraines y sont salées. Le développement des techniques d’extraction du sel a été tel que le déplacement de la base de production de sel du golfe de Thaïlande s’est déplacé vers l'Isan. En particulier, la Phimai Salt Company Limited (บริษัทเกลือพิมาย จำกัดข) dans la province de Nahkonrachasima (นครราชสีมา) fore entre 200 et 270 mètres pour en ramener la saumure qu’elle cristallise ensuite en sel pur à 99,99 %.

 

 

Ce sel pratiquement chimiquement pur ne part pas sur les tables de cuisine. Il est utilisé en particulier dans l’industrie chimique pour la production de soude caustique nécessaire à la fabrication  du savon ou d’acide chlorhydrique utilisé dans l'industrie sidérurgique et automobile. Une petite partie par probablement comme sel de table,  alimentant ce que l’on trouve vendu dans les grandes surfaces ou Seven Eleven, mais le sel pur (NaCl) est aussi insipide que l’eau pure (H2O). Or, ce sel extrait de ces exploitations artisanale, vendu des sommes dérisoires au bord de toutes nos routes, celui que j’achète et que je mouds, a le goût du sel

 

 

Il y aurait 18 000 milliards de tonnes de sel gemme sous notre et la capacité actuelle de production de sel n’y est que de 2 millions de tonnes par an.

 

Le sol de la région est pauvre, les sols salins ne favorisent pas les cultures vivrières.

 

Des chiffres méritent d’être médités. Il y a en Isan 1,5 million de raï de sol très salin, 3,7 millions de raïs de sols moyennement salins, 12,6 au total 17,8 millions de raïs ce qui fait 2 millions 840.000 hectares soit la superficie moyenne de trois département français. Sur 1,5 million de raï  de sol très salin, la superficie d’un petit département français, il ne peut pousser que ce qui pousse sur les sols salins, des herbes folles et au mieux des grenadiers, mais on ne se nourrit pas des fruits du grenadier. Il faut ajouter à ces chiffres 37,2 millions de raïs potentiellement salins éparpillés sur le bassin des provinces de Sakonakhon et Khorat, près de 6 millions d’hectares, 10 départements français

L'analyse plus scientifique quoique passionnée, de Bamphen Chairak (บำเพ็ญ ไชยรักษ์ข) - chercheuse au sein d’un groupe d'études écoculturelles - vient d’être publiée eu mois de février 2024  sur le site Isaan record et sous le titre “เกลือ” ขุมทรัพย์ใต้ดินอีสาน (« Sel », un trésor souterrain en Isaan) (6)

 

 

 

Il y aurait 18 000 milliards de tonnes de sel gemme sous notre et la capacité actuelle de production de sel n’y est que de 2 millions de tonnes par an.

Le sol de la région est pauvre, les sols salins ne favorisent pas les cultures vivrières.

Des chiffres méritent d’être médités. Il y a en Isan 1,5 million de raï de sol très salin, 3,7 millions de raïs de sols moyennement salins, 12,6 au total 17,8 millions de raïs ce qui fait 2 millions 840.000 hectares soit la superficie moyenne de trois département français. Sur 1,5 million de raï  de sol très salin, la superficie d’un petit département français, il ne peut pousser que ce qui pousse sur les sols salins, des herbes folles et au mieux des grenadiers, mais on ne se nourrit pas des fruits du grenadier

 

 

Il faut ajouter à ces chiffres 37,2 millions de raïs potentiellement salins éparpillés sur le bassin des provinces de Sakonakhon et Khorat, près de 6 millions d’hectares, 10 départements français

Cette situation ne posa guère de difficultés jusque dans les années 70 du siècle dernier après que l’on eut constaté que ces gisements de sel (NaCL) coexistaient avec d’énormes gisements de potasse (KCL), plus de 600 milliards de tonnes (400 milliards de tonnes de potasse carnallite, 200 milliards de tonnes de tachyhydrite et 7 milliards de tonnes de potasse sylvite) et qu’il y avait des perspectives fortunes colossales à faire, beaucoup plus qu’avec le simple chlorure de sodium. Vinrent alors d sérieuses difficultés sur lesquelles nous reviendrons dans l’article suivant. Les dégats qui pourraient être causés à l'environement risquent d'être irreversibles.

 

Les habitants ont la craine légitime d'être dépossédés comme le furent les amérindiens dont les réserves devinrent des puits de pétrole  Leur activité se situe dans le cadre d'une économie parallèle sur laquelle on ne dipose en réalité d'aucun chiffre.

 

 

... mais pas à leur profit comme dirait Hergé !

 

 

NOTES

 

(1) Étienne Aymonier : « Notes sur le Laos » 1885.

(2) Mémoire Inalco de Marc Mouscadet « Mini-mémoire : l’exploitation des ressources du  sous-sol au Laos à l’époque coloniale de 1893 à 1940 » de 2013.

(3) Voir notre article

LA LÉGENDE INSOLITE DE LA DÉCOUVERTE DES VERTUS DU SEL PAR LES HABITANTS DE L’ISAN (NORD-EST DE LA THAÏLANDE)

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/02/la-legende-insolite-de-la-decouverte-des-vertus-du-sel-par-les-habitants-de-l-isan-nord-est-de-la-thailande.html

(4) Voir notre autre article

A 300- LA LÉGENDE INSOLITE DE LA DÉCOUVERTE DU SEL PAR LES HABITANTS DE L’ISAN (NORD-EST DE LA THAÏLANDE)

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/02/a-300-la-legende-insolite-de-la-decouverte-du-sel-par-les-habitants-de-l-isan-nord-est-de-la-thailande.html

(5) Charles Archaimbault. : « Une cérémonie en l'honneur des génies de la mine de sel de Ban Bo, Moyen Laos ». In: Bulletin de l’École française d'Extrême-Orient. Tome 48 N°1, 1956. pp. 221-232;

(6)  https://theisaanrecord.co/2019/09/08/potash-mining-in-thailand/

 

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3 février 2024 6 03 /02 /février /2024 03:39

 

La province de Nakon Phanom (นครพนม) qui s’étire sur la rive droite du Mékong est à l’écart des circuits touristiques habituels.

 

 

Elle abrite toutefois l’un des sites les plus vénérés du bouddhisme thaï, le wat Phrathat Phanom (วัดพระธาตุพนม) et son spectaculaire Chédi qui conserve de précieuses reliques de Bouddha. Il est situé à environ 50 kilomètres au sud de la ville de Nakon Phanom La foule y est immense lors des fêtes bouddhistes, venue de tout le pays.

 

 

En dehors de l’artisanat traditionnel elle produit un breuvage aphrodisiaque de l’ethnie Phuthai (ภูไทย) dans le district de Renunakhon (เรณุนคน) qui connaît au moins localement un vif succès.

 

 

Il est encore dans ce district un lieu de pèlerinage beaucoup plus discret  le 7 août 1965 que va éclater le premier combat armé entre les insurgés et les forces de sécurité thaïes dans le petit village Phuthai de Nabua dans le sous district de Khokhinhae (บ้านนาบัว ต.โคกหินแฮ่). Il se pare toujours du nom de « village historique » (หมู่บ้านประวัติศาสตธ์).

 

 

Elle a ou aurait abrité pendant plusieurs années la cabane d’Ho Chi Minh fuyant le colonisateur français, elle est devenue un lieu d’un pèlerinage  véritablement religieux ce qui n’est pas forcément du meilleur goût.

 

 

Nous avons consacré plusieurs articles sur ces sujets dont les références sont en note.

 

 

Il s’y déroule tous les ans, et c’est l’objet de notre article, un festival traditionnel spectaculaire auquel participent activement les habitants des 12 districts de la province, appelée Prapheni Lairueafai  (ประเพณีไหลเรือไฟ ou ประเพณีไหลเฮือไฟ) la procession des bateaux illuminés sur le Mékong, cela va sans dire.

 

 

Localement on l’appelle plus volontiers loy huea fai (ลอยเฮือไฟ) les bateaux illuminés qui flottent  mais elle n’a rien à voir avec loy Krathong (ลอยกระทง)  et ne se déroule pas à la même date : loy Krathong a lieu le soir de la pleine lune du 12ème mois du calendrier lunaire traditionnel, loy huea fai le précède, à la fin du carême bouddhiste, le 15e jour de la lune croissante du 11e mois lunaire ou de la lune décroissante du 1er mois lunaire. C’est une fête spécifique à la seule  province alors que Loy krathong se fête dans toute l’Asie du sud-est. Nous en avons parlé (voir les références en note). En 2023, elle a eu lieu entre le 20 et le 30 octobre et Loy krathong le 27 novembre.

 

 

La fête est ancienne mais avait été suspendue en 1975 mais repartit en 1983 à l’initiative du gouverneur soucieux de promouvoir le tourisme dans sa province. Il est de nombreuses légendes qui sont à l’origine de ce cérémonial festif. La plus répandue n’est pas la moins curieuse. Elle connaît comme il se doit plusieurs versions. (Voir nos sources en fin d'aricle)

 

 

Cela se passait en des temps reculés dans la forêt de Himmapan (ป่าหิมพานต์),

 

 

cette forêt légendaire de la mythologie hindoue entourant le mont Meru (เขาพระสุเมรุ) et abritant de nombreuses créatures extraordinaires.

 

 

Un couple de corbeaux blancs (กาเผือก) qui nichaient dans un figuier au bord d’un grand fleuve (le Mékong ?).

 

 

Un jour, la femme pondit cinq œufs. Une nuit éclata un orage si violent que le figuier fut déraciné et emporté dans le fleuve avec la femelle et les cinq œufs. Le corbeau était parti à la recherche de nourriture. Lorsqu’il revint à l’aube, il ne trouva ni son nid, ni sa femme ni les œufs et les chercha jusqu’à sa mort. Il connut alors sa nouvelle vie comme Phakabrahma (ผกาพรหม)

 

 

dans un des paradis de Brahma appelé phaka phrom ou phok phrom (ผกาพรหม ou พกพรหม).

 

 

Les œufs par ailleurs avaient échoué sur une jetée abritant cinq animaux, une poule, un naga femelle (mythique évidemment), une tortue, une vache et une lionne. Quand ces animaux pondaient, c’est un être humain qui sortait de leurs œufs.

 

Le premier œuf s’était échoué près du gite d’une poule appelée Kukkusantho (กุกกุสันโธ) qui le couva et lorsqu’il eut éclos, naquit un enfant humain que la poule éleva et Thao Kukkusantho (ท้าวกุกกุสันโท).*

 

 

Le deuxième atteignit les rives du fleuve habité par la naga femelle appelée Konakamano (โกนาคมโน). Elle le couva et lorsqu’il eut éclos, en sorti un enfant, humain naturellement, appelé Thao Konakamano (ท้าวโกนาคมโน).

 

 

Le troisième s’échoua non loin de l’habitat d’une tortue appelée Kussapo (กัสสโป) que le couva jusqu’à ce qu’éclose un enfant humain appelé Thao Kassapo (ท้าวกัสสโป).

 

Le quatrième parvint proche de l’endroit où vivait une vache répondant au nom de Kotmo (โคตโม) qui le couva jusqu’à l’éclosion d’un petit humain qui s’appela Thao Kotmo (ท้าวกัสสโม).

 

Le cinquième atteignit la plage ou vivait la lionne appelée Sri Ariya ou Sri Ariya Mettrai (ศรีอาริย์ ou ศรีอาริยเมตตรัย) qui soigna l’œuf jusqu’à l’éclosion d’un petit homme qui devint alors Thao Sri Ariya Mettrai (ท้าวศรีอาริยเมตตรัย).

 

 

Si, de nous jours, les poules, les tortues et, pourquoi pas, les nagas pondent toujours des œufs, en ces temps très reculés, il en était alors de même pour les vaches et les lionnes.

Les enfants grandirent non loin des uns et des autres et les parents leur expliquèrent les raisons pour lesquelles ils étaient des humains et non des animaux comme eux.

 

Effondrés, ils demandèrent à leurs parents l’autorisation de les quitter pour se faire ordonner moines et devinrent ermites (ฤาษี) et se consacrèrent à la méditation en voyageant dans les montagnes et les forêts jusqu’au jour où ils se rencontrèrent et parlèrent de leur passé. Ignorant quels étaient leur vrais parents, ils ne connaissaient leur origine que par leur mère nourricière et furent rapidement persuadés qu’ils étaient frères. Ils voulurent alors rechercher leurs véritables parents. Ils prièrent alors le Dieu Indra (พระอินทร์) en souhaitant qu’après avoir atteint l’illumination et être devenu des Bouddhas, la vérité leur soit enfin connue.

 

 

Le Dieu Indra alla alors demander à Phakabrahma de redescendre sur terre et de dire la vérité à ses cinq fils ermites. Phakabrahma se transforma en corbeau blanc et expliqua aux cinq ermites qu’il était leur père avant de retourner dans son paradis.

 

 

Avant qu’il ne s’en aille, les cinq ermites lui demandèrent d'imprimer sa griffe sur une dalle de pierre afin qu'eux, en tant que fils, puissent lui rendre hommage et montrer leur gratitude envers leurs parents nourriciers. Leur père refusa mais ajouta : « Si votre mère vous manque, le jour de la pleine lune du 11e mois lunaires, prenez du fil brut et attachez-le à un bâton en forme de patte d'oie. Placez des bâtons d'encens et des bougies et faites flotter ce panier sur le fleuve". Il prit congé et depuis lors, de génération en génération, les habitants font flotter non plus de simples paniers, feuilles de bananier ou buches de bambou mais des bateaux flottants, des plus modestes aux plus spectaculaires étant construits par la population de tout un village

 

 

 

qui rivalise avec le village voisin,  pour vénérer le corbeau blanc. Pour eux, cette fête est unique au monde (หนึ่งเดียวในโลก)

 

 

Il semble difficile d'écarter l'hypothèse faisant de ces animaux l'esietence de Boudha dans l'une de ses existences antérieures quand il naissait comme animal ?

 

 

SOURCES

 

Sur la page facebook de notre ami Mina : « Mina's Stories : มินามีเรื่องเล่า », un article อย่าลืมไปไหลเรือไฟกันนะครับ

https://www.finearts.go.th/nakhonphanomlibrary/view/1244012440-ไหลเรือไฟ-นครพนม

http://www2.nakhonphanom.go.th/charm/detail/99

http://www2.nakhonphanom.go.th/charm/detail/29

https://thai.tourismthailand.org/Events-and-Festivals/งานประเพณีไหลเรือไฟ-และงานกาชาดจังหวัดนครพนม-ประจำปี-2566

 

NOTE : NOS ARTICLES

 

A 251- LA LÉGENDE DU TRÉSOR ENFOUI DU PHRA THATPHANOM SUR LES RIVES DU MÉKONG, LE LIEU LE PLUS SACRÉ DU BOUDDHISME DANS LE NORD-EST.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/02/a-251-la-legende-du-tresor-enfoui-du-phra-thatphanom-sur-les-rives-du-mekong-le-lieu-le-plus-sacre-du-bouddhisme-dans-le-nord-est.hts u

A 307- ประวัติศาสตร์พระธาตุพนม - LA LÉGENDE DE PHRA THAT PANOM : « LE TEMPLE DU RESPECT » - SYMBOLE DE L’IDENTITÉ DU NORD-EST DE LA THAÏLANDE (ISAN) ET DU LAOS.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/03/a-307-la-legende-de-phra-that-panom-le-temple-du-respect-symbole-de-l-identite-du-nord-est-de-la-thailande-isan-et-du-laos.html

Notre Isan 28 : Un aphrodisiaque pour femmes de Thaïlande !

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-a-39-un-aphrodisiaque-pour-femmes-de-thailande-81582982.html

H 28- LA GUÉRILLA COMMUNISTE DANS LE NORD-EST DE LA THAÏLANDE (ISAN) DU 7 AOÛT 1965 AU 23 AVRIL 1980 - PREMIÈRE PARTIE.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/12/h-28-la-guerilla-communiste-dans-le-nord-est-de-la-thailande-isan-du-7-aout-1965-au-23-avril-1980-premiere-partie-4.html

H 10 - LA « MAISON D’HO-CHI-MINH » PRÈS DE NAKHON PHANOM, MYTHE OU RÉALITÉ ? DU CULTE DE LA PERSONNALITE À LA DÉIFICATION.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2017/06/h-10-la-maison-d-ho-chi-minh-pres-de-nakhon-phanom-mythe-ou-realite-du-culte-de-la-personnalite-a-la-deification.html

R9. UNE DES PLUS BELLES FÊTE DE THAÏLANDE : LE LOIKRATONG

 https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-a167-une-des-plus-belles-fetes-de-thailande-le-loykratong-124921789.html

 

 

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10 décembre 2023 7 10 /12 /décembre /2023 03:19

 

Cette question ne contredit en rien ce que nous avons écrit sur l’échec de l’évangélisation du Siam. Nous avons publié en 2018 un premier article (en thaï) de Madame Suthida Tanloet  (สุธิดา ตันเลิศ) มิชชันนารีชาวฝรั่งเศสในเมืองอุบลราชธานี ช่วงปี ..2409-2453 (Les missionnaires français à Ubon Ratchathani de 1867 à 1910) (1).

 

C’est un travail universitaire d’une profonde érudition étayé par des recherches  d’une grande rigueur.

 

Nous avons découvert avec un  vif intérêt une publication récente de Phongsathon Tancharoen (พงศธร​ณ์​ ตัน​เจริญ​). Cet étudiant à l'Université de Maha Sarakham, (มหาสารคามmilitant) se présente comme militant politique qui aime étudier le marxisme et les mouvements sociaux et œuvre pour le changement dans la société. Sa page Facebook ne laisse planer aucun doute sur ses inclinations. Cet article a été publié sur le site Isaan record  (2) sous le titre ไถ่ทาสจากกุลา ให้การศึกษาเด็กยากจน โรงเรียนคาทอลิกแห่งแรกที่อุบลฯ ร่องรอยคริ (Racheter les esclaves dee Kula - Éduquer les enfants pauvres - La première école catholique d'Ubon Ratchathani – les traces du christianisme)

 

Une précision  Kula (กุลา), sauf erreur de ma part, est un terme spécifique à la langue du nord-est désignant de façon négative, les marchands d’esclave en général birmans.

 

Le travail de Phongsathon Tancharoen n’est pas à proprement parler un article universitaire, mais un solide travail d’investigations et ses conclusions, qu’il soit sympathisant marxiste ou pas, rejoignent – mutatis mutandis – celles  de la très érudite universitaire

 

 

Une précision, les deux auteurs qui sont à l’origine de cet article parlent de catholiques romains de toute évidence pour les distinguer des catholiques orthodoxes. L’implantation de l’église orthodoxe dépendant du patriarche de Moscou ne date que de 1999  de toute évidence pour répondre à la présence d’une importante population russe et ukrainienne depuis le début de ce siècle. Les 10 églises enregistrées officiellement se situent en des régions où la présence de l’immigration russo-ukrainienne est significative. Il n’y avait auparavant pas d’implantation russe au Siam. Le Bangkok Siam directory note en 1913 la présence de 23 russes enregistrés, uniquement le personnel de la légation. Des Russes ont pu se réfugier ponctuellement au Siam en temps de l’Empire mais il s’agissait de juifs qui fuyaient les pogromes et qui ne s’enregistraient pas à la légation pas plus qu’ils n’auraient hanté les églises

 

 

La présence de communautés catholiques en Isan est caractéristique essentiellement autour de l’archidiocèse de Tha Rae-Nong Saeng  (ท่าแร่-หนองแสง) dans la province de Sakon Nakhon (สกลนคร) autour duquel la plupart des villages sont catholiques et dans les provinces Nakhon Phanom, Mukdahan et Kalasin (นครพนม มุกดาหาร และกาฬสินธุ์). Cela contredit, constate Phongsathon Tancharoen, l’opinion des beaux esprits de Bangkoj qui considèrent les habitants de la région comme des paysans tout autant bouddhistes qu’animistes.

 

Cette propagation de « la bonne parole » - et les conclusions de nos deux auteurs se rejoignent, tient au dévouement et au sacrifice de leur santé des pionniers de l’évangélisation dans la région qui n’était alors pas d’un accès facile. Il faut partir du traité de Montigny en 1856, qui assure la liberté d’évangéliser et la possibilité pour les missionnaires de voyager librement pour la propagation de leur foi.

 

 

Ces pionniers, ce furent au premier chef, Monseigneur Jean-Louis Vey, désigné comme vicaire apostolique du Siam et du Laos (alors siamois) en 1875. Nous le connaissons déjà comme fondateur du premier hôpital catholique français à Bangkok qui donnait accès aux soins à tous y compris les plus démunis (3).

 

 

Cela tient encore à trois missionnaires des Missions étrangères en dehors du vicaire apostolique, jeunes, ils ont moins de trente ans, et enthousiastes, Constant Jean Baptiste Prodhomme qui finira vicaire apostolique du Laos lorsque celui-ci devinf rançais

 

 

et François Marie Xavier Guego d’abord (4)

 

 

Monseigneur Vey les envoya alors en 1876 évangéliser la région qui ne l’avait pas encore été depuis le traité de Montigny. Il n’y avait alors trace que de petits groupes de catholiques épars sans pasteur – probablement réfugiés des persécutions au Vietnam. Leur destination était la ville d'Ubon Ratchathani Le groupe accompagné d’un catéchiste Kru Naen Thong (ครูเณรทอง) et de serviteurs partit de Bangkok le 12 janvier 1881. Le choix d’Ubon n’était pas innocent. Elle était consécutive à des facteurs sociopolitiques qui les conduisirent à s'y installer définitivement et devenir es pionniers dans l’évangélisation de la religion catholique romaine et marquer la région de son empreinte.

 

La ville abritait 5000 habitants,  des Chinois comme il se doit, des moines, des esclaves et des hommes libres ; Elle était le centre administratif de la province (monthon) de Laokao (มณฑลลาวกาว) sous le nom de Ubon Ratchathani Siwanalai (เมืองอุบลราชธานีศรีวนาลัย). Elle était dirigée par un gouverneur nommé et venu de Bangkok Luang Phakdee Narong (หลวงภักดีณรงค์). Elle était en proie à des querelles internes et c’est alors que le dit gouverneur qui avait connu Monseigneur Vey à Bangkok, lui demanda l‘envoi de missionnaires. Des factions rivales s’affrontaient entre elles et il se manifestait une forte résistance au pouvoir central expansionniste. Le gouverneur nommé par Bangkok avait eu l’occasion d’y rencontrer à plusieurs reprises Monsieur Vey et l’invita à venir propager le christianisme dans sa région qui abritait par ailleurs des catholiques romains du Vietnam, victimes de persécutions religieuses

 

 

Le voyage dura 102 jours, arriva le 24 avril 1881. Notons qu’il y a entre les deux villes aujourd’hui 600 kilomètres par bonnes routes !

 

La question du financement de ces missions reste à déterminer : les catholiques y sont pauvres. Une intervention occulte du gouvernement français n’est pas à exclure, peut être aussi des autorités siamoises et bien sûr du siège de Paris : La MEP envoie des prédicateurs dans toutes les paroisses de France et y quêter des subsides. Il était de bon ton alors d’aider financièrement à la conversion des « petits chinois » comme on appelait tout ce qui venait d’Asie

 

 

Le rachat puis la conversion des esclaves

 

Le groupe fut bien accueilli à Ubon tant par les autorités que par les factions rivales au sein de la ville. Il lui fut attribué un local proche de l’hôtel de ville. La première de ses tâches fut de lutter contre l’esclavage, son abolition n’était pas à l’ordre du jour du gouvernement central. Il fut rapidement en contact avec un groupe de 18 esclaves, hommes, femmes et enfants que les trafiquants avaient capturé dans la ville de Phuan au Laos (เมืองพวน). Dans l’espoir de les convertir évidemment mais le christianise à ses débuts, ne fut-il pas un refuge pour les esclaves et les déshérités ? Avec courage et détermination, ils intentèrent des actions en justice  et obtinrent leur libération. Ils furent leurs premiers  fidèles et inscrivirent leurs enfants au catéchisme. Ils en retirèrent un grand prestige et un grand respect dans les populations au moins chez les plus démunis.

 

 

Création de la première communauté chrétienne du Nord-Est.

 

Les autorités fournirent alors un terrain aux missionnaires.au bord d’un étang à l’ouest de la ville, la zone était abandonnée car considérée comme maléfique et peuplée de démons et autres esprits malveillants. C’était une zone marécageuse peuplée de fantômes et d’esprits maléfiques qui faisaient mourir ceux qui s’y aventuraient. Or les catholiques y vivaient heureux. Ce phénomène fut interprété comme miraculeux par la population. Le terrain avait tout simplement été défriché autour de la zone marécageuse détruisant ainsi les moustiques à l’origine du paludisme.

 

Elle s’appelait  Bung Ka Saeo (บุ่งกาแซว) actuellement appelé Bung Kra Thaeo (บุ่งกระแทว). Ils y établirent un village le 17 octobre 1881 qui fut la première communauté catholique romaine d'Isan. Le terrain comportait une maison de style traditionnel qui devin à la fois la chapelle et la résidence des missionnaires. Ils accueillirent des malades et des handicapés qui demandaient leur protection et construisirent des huttes à proximité. La Vierge Marie et immaculée conception  devint protectrice de la première église du nord-est, appelée « Wat Mae Phra Narumontin » (วัดแม่พระนฤมลทิน) aujourd'hui cathédrale de l'Immaculée Conception. Ce fut le début de l’expansion de la communauté.

 

 

 

Répandre le « Dhamma » sous la devise « Libération, Miséricorde et Justice »

 

Après avoir créé avec succès la communauté de Bung Kra Thaeo, les missionnaires devaient compter sur les ressources de la mission du Siam car la plupart des chrétiens étaient pauvres et les missionnaires devaient donc les soutenir. Ils avaient des objectifs prioritaires avant même de procéder à des baptêmes et comptabiliser les conversions, apporter leur soutien aux défavorisés de la société comme nous allons le voir et lutter contre les superstitions Ainsi, mais ce n’est qu’un exemple, le terrain que la communauté avait acheté un terrain à l’ouest et à la périphérie de la ville à Bung Ka Thaew, une zone marécageuse peuplée de fantômes et d’esprits maléfiques  qui faisaient mourir ceux qui s’y aventuraient. Or les catholiques de Bungkathaew vivaient heureux. Ce phénomène fut interprété comme miraculeux par la population. Le terrain avait tout simplement été défriché autour de la zone marécageuse détruisant ainsi les moustiques à l’origine du paludisme qui y sévissait à l’état endémique.

 

 

Par ailleurs, les groupes ethniques Lao Thoeng (พวกลาวเทิง) et Lao Phuan  (พวกลาวพวน)  situés sur la rive gauche du Mékong invitèrent les missionnaires à venir les instruire. Ce fut le père  Alfred Marie Théophile Rondel (4), lui aussi jeune et dynamique, qui partit en 1883 explorer tout la région, Amnat Charoen. Nakhon Phanom jusqu’à Nong Khai (อำนาจเจริญ – อนครพนมง - หนองคาย) ? Il en revint avec quelques dizaines de disciples, beaucoup d’esclaves rachetés.

 

 

Notre auteur, Phongsathon Tancharoen, met à l’actif des missionnaires une stagnation de l’esclavage dans le nord-est avant que son abolition ne devienne de droit positif. L’équipe de Ubon va alors se répandre dans tout le nord-est,  Nong Khai, Nakhon Phanom et Sakon Nakhon (หนองคาย – นครพนม – สกลนคร). En dehors du « camps de base » d’Ubon, des communautés avec leur église au départ modeste, sont présentes dès 1884 dans ces villes.

 

 

 

La création des Sœurs religieuses « amantes de la  croix ».

 

Les missionnaires apportèrent également une assistance aux membres de divers groupes ethniques défavorisés, en dehors du rachat des esclaves, soins médicaux et développement de l'éducation et du « travail social ». Epidémies et famine causaient la mort de nombreuses personnes et les orphelins étaient nombreux en sus des difficultés causées par l’esclavage qui dispersait les familles. Ils créèrent un orphelinat en 1883. Ils en confièrent la responsabilité à deux filles d’anciens esclaves chargées non seulement des soins à leur donner mais encore de leur procureur un enseignement de base. Elle fut la première école catholique du Nord-Est et la première école de la ville d'Ubon Ratchathani. Ces femmes furent les premières religieuses catholiques du Siam. Le père Prodhomme leur fit construire un couvent en 1889 et les nomma « les sœurs qui aiment la croix » souvent traduit par « amantes de la croix » (คณะภคินีรักไม้กางเขน) à charge pour elles d'aider au travail social de la mission, adoption et prise en charge des orphelins et d'aider à l'éducation en enseignant des enseignements dans les écoles et de fournir des soins médicaux aux malades. Elles sont toujours omniprésentes dans les communautés catholiques de Thaïlande avant que la mission confiée aux prêtres de la MEP, transférer la charge missionnaire aux prêtres indigènes ne soit présentement complétement réalisée.

 

 

QUELQUES CHIFFRES

 

L’Archidiocèse de Tha Rae - Nong Saeng (อัครสังฆมณฑลท่าแร่-หนอง) a été créé en 1965. Il ne couvre qu’une petite partie (15 %) de la région nord-est (25.500 kilomètres carrés sur 160.000). Sa juridiction recouvre 4 provinces à savoir Sakon Nakhon, Nakhon Phanom, Mukdahan et Kalasin. Sa population est de 3.190.000 habitants et le nombre de catholiques enregistrés, de 57.000 soit 1,8 % de la population.

 

Sur tout le pays, la proportion n’est que de ½ %, ce chiffre est significatif. En sus de son archevêque et de son prédécesseur devenu honoraire, 76 prêtres desservent 74 cathédrales ou églises. Il existe en outre 13 prêtres moines : capucins, de l’ordre de Saint Gabriel, dominicains et cisterciens. Les religieuses « amantes de la croix » sont 92 et 26 de divers ordres féminins. Ces chiffres sont donnés sur le site en thaï de l’archidiocèse (https://www.cbct.or.th/อัครสังฆมณฑลท่าแร่-หนอง/). Tout le clergé, archevêque en tête est actuellement thaï ce qui est conforme à la mission confiée au Missions étrangères par le Pape lors de sa création, former en priorité un clergé indigène.

 

 

Le diocèse d’Ubon, créé à la même date, gère 7 provinces à savoir Ubon Ratchathani, Maha Sarakham, Yasothon, Roi Et, Sisaket, Surin, Amnat Charoen. Il est plus de deux fois plus peuplé (près de 8 millions d’habitants), n’abrite que 25.000 fidèles qui ne sont desservis que par 36 prètres. Ces chiffres viennent du site https://www.cbct.or.th/สังฆมณฑลอุบลราชธานี/

 

 

Les chiffres deux deux autres diocèses dee l'Isan, Korat et Udonthani sont encore plus attristants, ne reuons pas le couteau dans la plaie

Conclusions

 

Les actions humanitaires, rachat d’esclaves d’abord et ensuite soins médicaux et enseignement, furent un facteur essentiel au succès évidement relatif de la prédication de la bonne parole évangélique. Les biographies de ces missionnaires sur le site des archives de Missions étrangères s’en glorifient non sans raisons. A l’inverse des premiers missionnaires de l’épopée de Louis XIV qui pensaient convertir le Siam en convertissant son roi, cette réussite évidemment relative démontre d’où il fallait partir

NOTES

 

(1) https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/09/a-275.2409-2453-les-missionnaires-francais-dans-le-mueang-d-ubonrachathani-de-1867-a-1910.html

(2) https://theisaanrecord.co/2023/12/06/propagation-of-christianity-roman-catholic-church-in-isaan

(3) voir notre article :

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-a140-1898-le-premier-hopital-fran-ais-catholique-a-bangkok-122232355.html

(4) Les notices détaillées de leur vie de missionnaires se trouvent sur le site des archives de la MEP.

https://irfa.paris/en/missionnaire/0874-vey-jean-louis/

https://irfa.paris/en/missionnaire/1193-prodhomme-constant/

https://irfa.paris/en/missionnaire/1428-guego-francois/

https://irfa.paris/en/missionnaire/1459-rondel-alfred/

 

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6 août 2023 7 06 /08 /août /2023 02:29

 

Les journalistes de la presse locale se font parfois l’écho d’une prise exceptionnelle d’un disciple de Saint Pierre dans nos rivières européennes. Il s’agit le plus souvent d’un silure géant, le plus gros poisson d’eau douce, de plus de deux mètres en général, remis à l’eau après la bataille, nulle maitresse de maison n’ayant dans sa cuisine une marmite d’une taille suffisante pour l’y faire pocher ! Ainsi au mois de juin 2023 en Italie, un animal de « près de trois mètres » a été sorti de l’eau après une bataille homérique. Naturellement, nous ne savons pas de quel fleuve il a été extrait, probablement le Po ni le matériel utilisé par notre heureux pécheur, ils sont toujours discrets sur leurs « coins » et sur leurs procédés. Le poisson n’a par ailleurs pas été pesé. Je remercie Philippe Drillien de m’avoir communiqué le renseignement extrait de la revue Ça m’intéresse.

 

 

Parler de « poisson-chat » même géant est un abus de langage car ces silures, s’ils sont de la famille des siluridés, n’ont rien à voir avec le fort peu intéressant poisson-chat, Ameiurus nebubosus, espèce invasive venue d’Amérique du nord dans des conditions plus ou moins mystérieuses, un fléau pour nos cours d’eau. 

 

 

La présence de ces géants des eaux douces est connue depuis toujours. S’agit-il du même animal dont nous avons déjà parlé et qui faisait l’objet de cérémonies rituelles pour les capturer au filet à certaines époques de l’année ? (1)

 

Nous n’aurons pas le privilège de pouvoir assister à l’une de ces cérémonies ; L’espèce est en danger d'extinction en raison d’une pêche excessive, de la pollution des cours d’eau et des multiples barrages sur le Mékong. Toute prise est interdite en Thaïlande depuis 1992 mais un individu a été capturé dans le nord le 1er mai 2005 bien après l’interdiction ! Près de 2 mois après la prise, une fois qu’il avait été pesé, photographié et débité en darnes, les pêcheurs ont rapporté à la presse qu'il pesait 293 kg pour 2 m 75 de long (très exactement 9 pieds et 646 livres). Les spécialistes n’ont pas eu l’occasion de l’examiner plus en détail. C'est le plus grand poisson capturé depuis la tenue de registres, commencée en 1981, mais aussi le plus grand "poisson-chat" jamais pêché en eau douce.

 

 

Il est actuellement sous la haute protection de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction signée à Washington le 3 mars 1973.

 

Ce n’est pas le cas du silure qui fait la joie des pécheurs européens dits « sportifs », puisqu’il prolifère dans tous nos cours d’eau apparemment sans dommage pour leur équilibre écologique.

 

L’histoire des poissons a fait l’objet d’un ouvrage exhaustif du Baron Cuvier en 22 énormes volumes publiés entre 1828 et 1849 « Histoire naturelle des poissons ». C’est la somme du savoir ichtyologique à cette époque. Le tome XIV est consacré en grande partie aux silures car les plus grands des poissons d’eau douce, fondé soit sur des constatations personnelles soit sur celles des correspondants qu’il avait dans le monde entier.

 

 

Cuvier avait été précédé par Lacépède dont l’ « histoire naturelle des poissons », moins détaillée, date de l’an XI (1802-1803)

Cuvier distingue le silure d’Europe au premier chef puis le silure de daourie (en Sibérie), celui de la Cochinchine, celui du Malabar (aux Indes), le silure wallagoo en Birmanie ou l’on trouve également le silure asote, le silure à deux taches de Java comme le silure Pabo et celui à deux fils, le silure anostome du Bengale, le silure pabda également du Bengale et le silure Oudney que l’on trouve dans le Nil et qui nourrit les soldats de Bonaparte.

 

 

Lacépède signale une espèce en Amérique, ce que ne fait pas Cuvier.

Nous ne trouvons guère de différences entre tous ces silures au vu des belles gravures de Cuvier, sinon leur origine, Europe, Asie et Afrique.  

Gravures de Cuvier :

 

 

Gravure de Lacépède :

 

 

Cuvier et Lacépède s’accordent à attribuer le record de taille à l’espèce qui vit dans la Volga dont on aurait péché des exemplaires de plus de 3 mètres et de 400 kilos ? « Baleine d’eau douce » dit Lacépède ! Tous sont laids et ont une caractéristique commune, une extrême voracité, poissons, petits oiseaux aquatiques ou petits animaux ? Il court de nombreuses légendes sur le fait qu'il n'épargnerait pas l'espèce humaine ? Les plus grands en tous cas ont la gueule assez grande pour qu'on pût y faire entrer facilement un enfant de six ou sept ans. Carnivore assurément, les pécheurs européens l’appâtent avec des vifs, poisson ou grenouille. Mais est-ce bien le même monstre que l’on péchait au filet sur les rives du Mékong et de quelques affluents ? La première description précise que nous en avons est celle de Pavie en 1904 (2).

 

 

Par ses dimensions considérables, souvent plus d’un mètre, autant que par le parti qu'on en tire, ce poisson méritait mérite son attention à un degré particulier. Pavie assortit son texte de plusieurs photographies.

 

 

« Les Laotiens l'appellent Pla-boeuk : ils croient que les femelles seules parcourent le fleuve et s'imaginent que des   mâles, aux écailles dorées, attendent leur arrivée au lac Tali ». Il décrit longuement le rituel de la pèche, n’y revenons pas. Il écrit aussi « la faune  ichthyologique de l'Indo-Chine orientale est encore à établir, particulièrement en ce qui concerne les espèces d'eau douce ». Selon P. Chevey dont l’œuvre ichtyologique est considérable, il n’est pas douteux qu’il s’agit d’un silure mais de quel genre ? Il n’y eut jusqu’en 1931 aucune étude scientifique, aussi curieux  que cela soit.  Arrivé en Indochine, il lui fallut attendre deux ans avant de pouvoir étudier un « exemplaire frais » de 2,50 mètres, indispensable notamment pour l'étude de la dentition, caractère primordial chez les Siluridés que l’on croyait tous carnassiers.  Il put alors en relever sur place les principaux caractères, et constater, à sa grande surprise, que l'animal est absolument dépourvu de dents, aussi bien sur les mâchoires que sur le palais. Cette disposition, tout à fait-anormale pour un Pangasius et même très rare dans l'ensemble de la famille des Siluridés, l'autorisa absolument à créer une section générique spéciale pour ce poisson. Il proposa le nom de Pangasius gigas qu’il porte dorénavant (3). 

 

Notre géant du Mékong est incontestablement herbivore !

 

Il se pose évidemment la question de savoir si les deux espèces peuvent se reproduire entre elles ? Je ne suis pas compétent pour y répondre. Peut-on faire le rapprochement avec l’éléphant, ceux d’Asie  ne peuvent se reproduire avec ceux d’Afrique.

 

D’autres questions restent à cette heure sans réponse tant pour les espèces européennes que pour le géant du Mékong :

 

La longévité ?

 

Probablement plusieurs dizaines d’années ? L’âge d’un poisson se détermine aussi facilement que celui d’un arbre par l’examen de ses ossements mais il y a évidemment un problème majeur, il faut le disséquer et tous les plus grands spécimens sortis de l’onde par nos pécheurs, entre deux et trois mètres, sont remis dans l’eau. L’occasion se présentera peut-être d’un animal qui trépasse une fois amené sur la berge ce qui permettrait alors à des spécialistes d’effectuer l’opération. L’examen  n’a pas pu s’effectuer sur le spécimen sorti du Mékong en 2005.

 

 

Le record

 

Espèce encore mal étudiée, il est donc probable, pensent les spécialistes, qu'il puisse atteindre des proportions supérieures. Compte tenu de la profondeur du fleuve en certains endroits dans les lieux de pêche du Mékong, 60 mètres et de l’existence de cavernes subaquatiques, il est probable que des géants s’y terrent ou se terrent dans les profondeurs. Nul plongeur expérimenté n’est, à notre connaissance, à ce jour allé effectuer des plongées dans le fleuve et ses cavernes. Tous les pêcheurs d’eau douce savent bien que le plus gros spécimen d’une espèce n’est pas celui qu’ils ont attrapé mais celui qui leur a échappé. A ce jour toutefois, aucun spécimen de plus de trois mètres n’a été signalé. Le signalement de silures de la Volga de 400 kilos reste aléatoire.

 

 

L’avenir ?

 

Protégée, l’espèce est à l’abri de ces pèches collectives qui se soldaient souvent par des prises de plusieurs centaines sinon de plusieurs milliers d’individus. Il est vrai qu’il s’agissait alors d’assurer la subsistance de populations déshéritées. Le poisson fait l’objet d’élevages dans la région du nord et du nord-est, reproduction assurée par insémination artificielle.

 

 

Sa chair est savoureuse et il se vend d’ailleurs fort cher. Rien à voir avec le vulgaire poisson chat qui ne présente d’intérêt ni pour la table ni pour la pèche.

 

 

NOTES

 

(1) Voir notre article A 208 - LE RITUEL DE LA PÊCHE AU PLABUK, « LE GÉANT DU MEKONG » DANS LE NORD – EST DE LA THAÏLANDE.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2016/01/a-208-le-rituel-de-la-peche-au-plabuk-le-geant-du-mekong-dans-le-nord-est-de-la-thailande.html

Voir «  Les techniques rituelles de la pêche du palŏ'm au Laos » par Charles Archaimbault in : Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 49 N°1, 1958. pp. 297-336;

(2) Mission Pavie – Indochine, tome III,  RECHERCHES SUR L'HISTOIRE NATURELLE DE L'INDO-CHINE ORIENTALE)

(3) « SUR UN NOUVEAU SILURE GÉANT DU BASSIN DU MÉKONG PANGASIANODON GIGAS » in Bulletin de la société zoologique de France, 1930. 

 

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30 juillet 2023 7 30 /07 /juillet /2023 03:01

 

Nous avons consacré deux articles à ce qu’il est convenu d’appeler « la révolte des Saints », plus précisément « la révolte des hommes qui ont gagné des mérites » (Prakotkanpibun  ปรากฏการณ์ผีบุญ ou encore การขบถผู้มีญ kankhabotphoumibun).

 

 

Les plus méritants d’entre aux acquirent des pouvoirs charismatiques de thaumaturges et de prophètes. Elle débuta au débit du siècle dernier au sud du Laos, lutte anticoloniales par excellence, les habitants s’était rapidement aperçu dès l’arrivée des Français que les mots « liberté, égalité, fraternité » inscrits au fronton des édifices publics ne s’appliquaient pas aux Indigènes.

 

 

Rapidement réprimée par les Français elle déborda de l’autre côté du Mékong dans les provinces du sud de l’Isan (nord-est de la Thaïlande). Mouvement anti colonial aussi en lutte contre la politique de réforme du roi Rama V et de son frère, le prince Damrong tendant à une « siamisation » forcenée  des marches du royaume dont les liens féodaux avec Bangkok étaient évanescents : le Siam ne doit comporter que des Siamois avec les mêmes droits et surtout les mêmes devoirs. Ils sont aujourd’hui célébrés, au Laos comme les précurseurs de la lutte anti coloniale et en Thaïlande par les « activistes qui luttent pour une réforme en profondeur d’un régime centralisateur, vers plus de démocratie, de déentralisation et de justice sociale. Mon propos n’est pas de les juger. Il n’est pas non plus de réécrire l’histoire mais il est des constatations d’évidence.  Le roi Rama V avait en face de lui les puissances occidentales qui se disputaient la colonisation des pays d’Asie-du-sud-est. Il dut consentir à de lourds sacrifices, perte du Laos et du Cambodge au profit des Français, pertes de territoires aujourd’hui birmans et des sultanats du sud au profit des Anglais sans compter des pertes de souveraineté, essentiellement au profit des Français, par le système des « protégés ». 

 

 

Ainsi le Siam a-t-il survivre jusqu’à la fin de l’ère coloniale. Mais dans ces conditions, il est évident qu’il ne pouvait tolérer des mouvements centrifuges qu’il lui fallait réprimer de façon spectaculaire car si ses armées n’étaient pas de taille à affronter les Français et les Anglais, elles l’étaient assurément face à des paysans dépourvus d’armement modernes et ne pouvant espérer aucun secours extérieur, bien au contraire puisqu’il est fort probable que les Français du Laos lui apportèrent leur aide. Dans son essai de 1951 « L’homme révolté » Albert Camus, examinant les conditions historiques du développement de l'agitation sociale et de la contestation dans les sociétés occidentales, propose une distinction entre rébellion et révolution : La rébellion est, par nature, de portée limitée. Ce n'est rien de plus qu'une déclaration incohérente. La révolution, au contraire, prend naissance dans le domaine des idées. Plus précisément, c'est l'injection d'idées dans l'expérience historique. Ce qui donne aux révolutions un caractère plus cohérent et soutenu, c'est l'insertion d'idées et de concepts concrets - parfois agrégés en diverses théories révolutionnaires - dans l'histoire.

 

 

Il faut bien constater que la politique de Rama V en lutte contre les féodalités dans ces régions frontalières, était révolutionnaires. La répression fut donc féroce. Elle se termina en 1912 dans la sanglante bataille de Nonpho (ศึกโนนโพธิ์) dans la province de Sisaket (ศรีสะเกษ) non loin d’Ubon que les insurgés avaient réussi à investir et des combats sporadiques aux environs de Ban Sapue (บ้านสะพือ) dans la province d’Ubon  (อุบลราชธานี).

 

 

Vers un monument à la mémoire des morts de la bataille de Nonpho

 

Un premier monument à la gloire de ces révoltés fut édifié au Laos : Le mouvement des « saints » est parti du Laos en 1901, mené par l’un d’entre eux, dénommé Ongkhaeo (องค์แก้ว) surnomé Bac My, doté de pouvoirs charismatiques. On ne sait quelle fut sa fin, peut-être assassiné par les Français, peut-être réfugié en Isan pour continuer la lutte, peut-être échappa-t-il au Siamois et revint reprendre la lutte contre les Français ?  Il a en tous cas son parc du souvenir à Saravane au sud du Laos au lieu présumé de sa mort. Le monument au nord-est de la ville, près de l’hôpital, est dédié au « premier révolutionnaire lao ayant combattu pour l’indépendance contre le colonialisme français » et situe sa mort à la fin des années 60 ou au début des années 70 ? Elle fait l’objet d’un article très documenté - nottament par des recherches dans les archives de la France d'outre-mer à Aix en Provence - de Geoffrey Gunn publié en 1985 dans le Journal of the Siam Society  « A Scandal in Colonial Laos: The Death of Bac My and the Wounding of Kommadan Revisited » précédé d’ailleurs d’un article de J.B. Murdoch, tout aussi documenté, publié dans la même revue en 1974, volume I « The 1901-1902 'Holy Man's Rebellion ».

 

 

Un monument en Thaïlande ?

 

L’idée en est venue à Thanom Chapakdee, cet artiste « activiste » atypique, provocateur et iconoclaste que nous avons rencontré en 2019.  

 

 

Prônant un « art alternatif », il est difficile à situer entre art primitif, art premier ou art de la rue. Aux limites de l’hérésie, il affirme que l’art, à la fois dans le passé et dans le présent, met en évidence  une représentation massive de la religion, de la monarchie et de l'élite; le bouddhisme est devenu l'objet central de l'art, en sorte que le mouvement artistique thaï du bouddhisme s'est développé sans jamais créer.

Á la tête d’une équipe de 70 artistes locaux, il avait choisi pour cela le village de Ban Sapue.

 

 

Son projet ne vit pas le jour puisqu’il est mort à 64 ans le 22 juin 2022 à Sisaket. Le projet n’est pas mort. Le groupe des artistes de Thanom sur sa page face book Ubon Agenda a ouvert une souscription pour que ce monument, le rêve/ de Thanom, puisse voir le jour. Le concept – œuvre collective mais le maître d’œuvre principale est le professeur Chatree Prakitnantha (ศ.ชาตรี ประกิตนนทการ) - en est plaisant et n’a rien de martial ni d’agressif comme le monument de Saravanne 

 

 

: Les abords sont conçus pour faciliter leur entretien. Le monument est au milieu d'un étang, entouré de végétation.

 

 

Un pavillon sera un espace pour célébrer des cérémonies annuelles. Une partie de l’espace devant le monument pourra être utilisé comme rizière pendant la saison, conformément au mode de vie des « Saint Homme ».

 

 

Les chemins reliant chaque partie seront de simple pont en bois.

 

 

Le monument proprement dit aura 16 mètres de haut en forme d'orgue à anches du Laos, fabriqué à partir de métaux noirs fumés, pour représenter l'identité laotienne dans la région.

 

 

Les parties en bambou de l'orgue sont remplacées par des couteaux et des épées, pour représenter le soulèvement des rebelles.

La base du monument est une traverse pour représenter l'arrestation et l'emprisonnement des rebelles. Le style du monument - des épées assemblées en forme d'orgue à anches - est le symbole des gens du commun  qui se dressent contre le gouvernement central.

Reste à savoir si ce projet verra le jour ?

NOTES

 

Nos articles sur la révolte des Saints :

 

140. La Résistance À La Réforme Administrative Du Roi Chulalongkorn. La Révolte Des "Saints".

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-140-la-resistance-a-la-reforme-administrative-du-roi-chulalongkorn-la-revolte-des-saints-123663694.html

 

H 32 - LES SOUVENIRS DU PRINCE DAMRONG SUR LA « RÉVOLTE DES SAINTS » (1900-1902), SAINTS OU BATELEURS ?

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/05/h-32-les-souvenirs-du-prince-damrong-sur-la-revolte-des-saints-1900-1902-saints-ou-bateleurs.html

Notre article sur Thanon

A 322 - LE « MANIFESTE DE KHONKAEN » : NAISSANCE D’UN « ART ALTERNATIF » EN ISAN - ขอนแก่นแม่นอีหลี

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/07/a-322-le-manifeste-de-khonkaen-naissance-d-un-art-alternatif-en-isan.html

 

 

 

 

 

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4 juin 2023 7 04 /06 /juin /2023 08:16

 

Elle fut annoncée sur le page Facebook de ses admirateurs : « Morlam Siang Isan Nok Noi Uraiporn - หมอลำเสียงอิสาน นกน้อย อุไรพร » et fut la suite de nombreux problèmes de santé. Il fut cofondateur en 1975 d’un groupe de musique  traditionnelle en compagnie de Urai Chimluang (อุไร ฉิมหลวง) son épouse, aussi appelée Nok Noi Uraiporn (นกน้อย อุไรพร) et se consacrant à la musique forklorique, littéralement Lukthung (ลูกทุ่ง) et plus tardivement au Molam. Le groupe portait le nom de Pholot  Il  composa rapidement  ses propres textes poétiques et beaucoup de titres le rendirent célèbre signés le plus souvent de Noknoi Uraiporn son épouse::::

 

 

...  firent sa renommée : Hoipandam (ฮอยปานดำ), Hoipundaeng, (ฮอยปูนแดง), Wongwian chiwit (วงเวียนชีวิต), Ngao Kam (เงากรรม)

Le groupe comportant alors 600 membres eut de nombreux imitateurs et successeurs. Il connut de graves difficultés financières lors de l’épidémie de Covid qui le laissa financièrement exsangue.

Les admirateurs du fondateur sur leur page Facebook nous transmettent un beau message  « Il a créé des emplois, il a fait notre carrière, il a hérité et nous permis d’hériter de la culture de l’Isan ; nous suivrons sa trace après qu’il se soit en allé paisiblement ».

Elle fut annoncée sur le page Facebook de ses admirateurs : « Morlam Siang Isan Nok Noi Uraiporn - หมอลำเสียงอิสาน นกน้อย อุไรพร » et fut la suite de nombreux problèmes de santé. Il fut cofondateur en 1975 d’un groupe de musique  traditionnelle en compagnie de Urai Chimluang (อุไร ฉิมหลวง) son épouse, aussi appelée Nok Noi Uraiporn (นกน้อย อุไรพร) et se consacrant à la musique forklorique, littéralement Lukthung (ลูกทุ่ง) et plus tardivement au Molam. Le groupe portait le nom de Pholot  Il  composa rapidement  ses propres textes poétiques et beaucoup de titres le rendirent célèbre signés le plus souvent de Noknoi Uraiporn firent sa renommée : Hoipandam (ฮอยปานดำ), Hoipundaeng, (ฮอยปูนแดง), Wongwian chiwit (วงเวียนชีวิต), Ngao Kam (เงากรรม)

Le groupe comportant alors 600 membres eut de nombreux imitateurs et successeurs. Il connut de graves difficultés financières lors de l’épidémie de Covid qui le laissa financièrement exsangue.

Les admirateurs du fondateur sur leur page Facebook nous transmettent un beau message  « Il a créé des emplois, il a fait notre carrière, il a hérité et nous permis d’hériter de la culture de l’Isan ; nous suivrons sa trace après qu’il se soit en allé paisiblement ».

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8 janvier 2023 7 08 /01 /janvier /2023 04:16

 

Les premiers visiteurs du Siam ont admiré les barges royales, ainsi La Loubère en 1691. On les a baptisées du nom de ballons, déformation de leur nom thaï ruea banlang  (เรือบัลลังก์bateau du trône).

 

 

Les courses de somptueuses pirogues sur les fleuves du pays furent aussi un sujet d’admiration, qui relèvent d’un rituel religieux probablement antérieur au bouddhisme.

 

 

En dehors de ces somptueuses embarcations, plus tard, on s’étonna de la prolifération des pirogues à Bangkok, joliment qualifiées par Lunet de la Jonquères en 1906 de fiacres de la capitale.

 

 

Elles proliférèrent aussi dans nos régions du Nord-est, sur les deux rives du Mékong. Elles sont le moyen de transport des personnes et des marchandises : La vie y est dominée par ses canaux et ses rivières qui fournissent le poisson et servent de voie de communication. Les chemins de terre sont inutilisables en saison des pluies, le char à bœuf, l’un des moyens de transport des personnes et des marchandises est moins rapide qu’un homme au pas. Il n’en est pas de même de la pirogue utilitaire dont nous allons voir qu’elle peut friser le gigantisme. Elles sont évidemment aussi utilisées  pour la pèche.

 

 

Les embarcations royales ne différent de celles du commun que par la splendeur de leur décoration. Elles ont en outre la caractéristique d’être des pirogues dites monoxyles c’est-à-dire taillées dans un seul tronc d’arbre. On les trouve partout dans le monde depuis des millénaires.  Celle du Parc de la tête d’or à Lyon est datée au carbone 14 d’avant notre ère, peut-être d’avant l’âge du fer ?

 

 

Beaucoup d’ouvrages consacrés au Siam et au Laos nous apprennent que ces embarcations  viennent d’un seul tronc mais ne détaillent pas leur fabrication. J‘ai été conduit à me poser quelques questions.

 

 

Le choix du bois

 

Il doit pouvoir supporter d’être exposé à la lumière du soleil et à l’eau. Il doit être résistant aux termites et autres insectes mangeurs de bois, ainsi qu’aux champignons et être de plus difficile à se décomposer. Le terme générique (ไม้เนื้อแข็ง), bois dur  ou bois franc  regroupe plusieurs espèces qui peuvent être utilisé autant pour les embarcations que pour les piliers et éléments extérieures des constructions traditionnelles. Il en est plusieurs espèces actuellement inventoriées – essentiellement pour la construction – par les normes du Département royal des forêts (กรมป่าไม้) que nous trouvons sur le site https://www.wazzadu.com/article/5144 qui est en quelque sorte une encyclopédie du bâtiment. Beaucoup de ces espèces sont aujourd’hui rares et chères, un paramètres qui ne s’imposait alors pas. Par ailleurs, sans entrer dans des calculs sur la masse volumique, il est facile de faire la comparaison entre un  bois dur qui ne flotte pas donc densité supérieure à 1 et un bois dur qui flotte facilement. C’est évidement question d’expérience transmise.

 

 

L’époque de la coupe

 

Le choix de l’époque est évidemment là encore le fruit de siècles sinon de millénaires d’expériences.

Le bois étant un élément vivant, les anciens ont toujours porté une attention toute particulière au moment de la coupe des arbres. En effet, l’expérience acquise démontre qu’en coupant le bois en lune descendante et en période hors sève, c’est à dire quand les arbres sont en repos végétatif, le bois séchait plus vite et était de meilleure qualité. Cette connaissance résulte d’un savoir basé sur de longues observations et surtout de la nécessité d’obtenir un bois pérenne. Plusieurs sites Internet en thaï donnent des conseils à ce sujet. La coupe du bois représente en effet un travail considérable et les anciens se devaient d’optimiser leurs efforts. L’observation de la nature et des rythmes lunaires  - la population vivait selon ce rythme lunaire - s’avérait donc essentielle pour garantir la longévité de leur réalisation. Les traitements du bois par la grande industrie avec de nombreux produits chimiques polluants n’existaient évidemment pas. Un site thaï relatif à l’abattage des arbres conseille la saison froide ou la fin de la saison froide :

https://www.jardineriaon.com/th/ตัดต้นไม้ช่วงไหนดีและต้องทำยังไง.html

 

 

Le travail

 

Nous en avons une bonne description par Amédée Gréhan dans sa « Notice sur le royaume de Siam »  publié en 1867 :

Le gouvernement siamois a aussi envoyé à l’Exposition du champ de Mars de très-beaux spécimens de barques royales. Elles ont environ 9 mètres de long. Ce ne sont que des réductions d’embarcations en usage à Bangkok.

 

 

Celles dont on se sert dans le pays ont jusqu’à 120 pieds de longueur (le pied de France valait  0,3248 mètre ce qui donne près de 39 mètres) sur 2 m ,50 de large ; les plus grandes contiennent jusqu’à 100 rameurs placés sur une seule ligne, manœuvrant à l’aide d’une pagaie, cinquante à droite, cinquante à gauche; ces pirogues peuvent marcher avec une vitesse de 9 à 11 kilomètres à l’heure. Ces barques, dorées et incrustées, fixent l’attention par leur cachet particulier. Elles portent à l’avant et à l’arrière des sculptures représentant des monstres mythologiques ou des divinités.  Il  convient ici de donner quelques explications sur le bois dont on fait ces barques et sur la manière de les construire. Les bois employés pour la construction des pirogues se nomment en siamois Pa Khan (bois durs). (Je pense que Gréhan voulait dire Pa khaeng – ป่าแข็ง - synonyme de maikhaeng  - ไม้แข็ง arbre dur). Après avoir coupé l’arbre, on le scie d’un côté pour avoir une surface horizontale de quelques pouces (2,5 cm). Au moyen du feu que l’on introduit à l’intérieur, à la façon des sauvages d’une partie de l’Océanie et du nord de l’Amérique, l’arbre s’est aminci à l’épaisseur nécessaire; il ne reste alors que l’écorce qui peut avoir quelques centimètres d’épaisseur et qui ressemble à un rouleau de papyrus. Pour lui donner la forme et la largeur nécessaire, l’écorce est placée sur deux ou trois tréteaux; puis le feu est mis en dessous, et comme l’écorce est généralement huileuse, elle devient en s’échauffant assez molle pour permettre à l’ouvrier de lui donner la largeur demandée. Il arrive quelquefois que le dessous, ou la coque de la pirogue, vient à se fendre en plusieurs endroits; alors l’écorce étant abîmée, on doit procéder sur un autre arbre, ou calfater ces crevasses à l’aide de divers ingrédients usités dans le pays. (Les arbres qui ont des glandes à latex ne manquent pas). Il y a dans le royaume de Siam des arbres nommés vulgairement Pa : Khan, dont on fait des pirogues de 155 pieds de France en longueur (plus de 50 mètres). Dans le principe, ces arbres ont de 1,20 m à 1,50 m de diamètre, mais on peut leur donner jusqu’à 5 mètres de diamètre par le moyen du feu.

L’une de ces pirogues fut offerte par le Roi Mongkut à Napoléon III et est actuellement conservée au musée de la marine à Paris.

 

 

Amédée Gréhan avait rang de Consul du roi de Siam en France et fut commissaire du pavillon de Siam à l’exposition universelle de 1868 -  Il reçoit le titre de Phra Sayamthuranurak (พระสยามธุรานุรักษ์) du roi MongkutRama IV.

 

 

Il néglige toutefois des éléments d’importance, la date de la coupe, le travail avant l’utilisation du feu et un autre qui ne l’est pas moins, le transport du lieu de confection de l’embarcation jusqu’à la mise à  l’eau. Sur ce dernier point, nous allons voir ce qu’il en coûtât à Robinson Crusoé

 

 

Un autre récit n’est pas sans intérêt, celui de Robinson Crusoé, roman peut-être mais Daniel Defoe l’auteur s’est appuyé sur une solide documentation. Robinson veut s’enfuir de son île et se lance dans la confection d’une pirogue Il ne choisit certes pas la bonne lune pour abattre l’arbre mais son soucis est de fuir au plus vite son île pour rejoindre le contient qu’il estime éloigné de 45 miles et non de construire une pirogue éternelle. Nous avons une exacte description du travail de nos anciens siamois !

 

 

Cela m’amena enfin à penser s’il ne serait pas possible de me construire, seul et sans outils, avec le tronc d’un grand arbre, une pirogue toute semblable à celles que font les naturels de ces climats. Je reconnus que c’était non-seulement faisable, mais aisé. Ce projet me souriait infiniment, avec l’idée surtout que j’avais en main plus de ressources pour l’exécuter qu’aucun Nègre ou Indien ; mais je ne considérais nullement les inconvénients particuliers qui me plaçaient au-dessous d’eux ; par exemple le manque d’aide pour mettre ma pirogue à la mer quand elle serait achevée, obstacle beaucoup plus difficile à surmonter pour moi que toutes les conséquences du manque d’outils ne pouvaient l’être pour les Indiens. Effectivement, que devait me servir d’avoir choisi un gros arbre dans les bois, d’avoir pu à grande peine le jeter bas, si après l’avoir façonné avec mes outils, si après lui avoir donné la forme extérieure d’un canot, l’avoir brûlé ou taillé en dedans pour le creuser, pour en faire une embarcation ; si après tout cela, dis-je, il me fallait l’abandonner dans l’endroit même où je l’aurais trouvé, incapable de le mettre à la mer…  « Allons, faisons-le d’abord ; à coup sûr je trouverai moyen d’une façon ou d’une autre de le mettre à flot quand il sera fait. ». C’était bien la plus absurde méthode ; mais mon idée opiniâtre prévalait : je me mis à l’œuvre et j’abattis un cèdre. Je doute beaucoup que Salomon en ait eu jamais un pareil pour la construction du temple de Jérusalem. Il avait cinq pieds dix pouces de diamètre (1,77 m) près de la souche et quatre pieds onze pouces  (1,50 m) à la distance de vingt-deux pieds, (6,80 m) après quoi il diminuait un peu et se partageait en branches. Ce ne fut pas sans un travail infini que je jetai par terre cet arbre ; car je fus vingt jours à le hacher et le tailler au pied, et, avec une peine indicible, quatorze jours à séparer à coups de hache sa tête vaste et touffue. Je passai un mois à le façonner, à le mettre en proportion et à lui faire une espèce de carène semblable à celle d’un bateau, afin qu’il pût flotter droit sur sa quille et convenablement. Il me fallut ensuite près de trois mois pour évider l’intérieur et le travailler de façon à en faire une parfaite embarcation. En vérité je vins à bout de cette opération sans employer le feu, seulement avec un maillet et un ciseau et l’ardeur d’un rude travail qui ne me quitta pas, jusqu’à ce que j’en eusse fait une belle pirogue assez grande pour recevoir vingt-six hommes, et par conséquent bien assez grande pour me transporter moi et toute ma cargaison…. Il ne me restait plus qu’à la lancer à la mer ; et, si j’y fusse parvenu, je ne fais pas de doute que je n’eusse commencé le voyage le plus insensé et le plus aventureux qui fût jamais entrepris. Mais tous mes expédients pour l’amener jusqu’à l’eau avortèrent, bien qu’ils m’eussent aussi coûté un travail infini, et qu’elle ne fût éloignée de la mer que de cent verges tout au plus (environ 100 mètres).

 

 

Les anciens siamois utilisaient pour couper l’arbre la hache (ขวาน -  khwan) et pour creuser l’arbre la hache et l’herminette (ผึ่ง - pheung), outils connus dès l’âge de la pierre.  Ils avaient l’avantage sur le naufragé d’être plusieurs, solidarité villageoise obligeait tant dans la construction de la maison que dans la confection d’une pirogue.

 

 

Le choix du cèdre était bon, c’est un bois qui ne pourrit pas, résiste à l’humidité, aux champignons, et aux insectes, le tout sans avoir recours à aucun traitement. Ce fut le choix de Salomon pour son temple. Le bois de cèdre à une faible densité donc une bonne flottabilité.

 

 

Robinson n’utilise pas le feu qui nécessité une surveillance permanente jour et nuit, la communauté villageoise permet d’effectuer des tours de garde. Il est évident que seul, ce fut un travail de titan. Je me suis posé une question de simple arithmétique. Le volume de ce cylindre de 6,80 mètres sur un diamètre moyen de la moitié de 1.77 + 1.50 soit 1,63 donc un rayon de 0.815 mètres. Nous connaissons évidemment la formule de calcul du volume du cylindre (aire de la base multipliée par la hauteur). L’aire est donc de Π x 0.815 x 0.815 soit 2,08 mètres carrés donc un volume de 6,80 x 2,08 soit 14,14 mètres cubes. Combien pesait cette réalisation ? La densité du cèdre est de 0,494 kilogramme au mètre cube. Le poids de l’arbre abattu avant d’être travaillé était donc de 14,14 x 0,494 soit  6.985 kilos près de 7 tonnes. En admettant que le travail de creusement ait enlevé les trois quart de la matière, le restant pesait encore 1 tonne 75. La tâche pour un seul homme était surhumaine puisque la pirogue était séparée de la baie par une éminence rendant impossible le moyen de transport qui venait à l’esprit, créer un chemin jusqu’à la mer et disposer des rondins pour y faire rouler la pirogue en la tirant ou la poussant.  

 

 

Quelles pouvaient être les capacités de cette embarcation ? Son volume est de 14 mètres cubes. Si l’on admet, hypothèse plausible, que lors de la mise à l’eau, la moitié de la pirogue surnage donc que 7 mètres cubes sont immergés, selon Archimède, elle subit une poussée de bas en haut égale au poids du volume d’eau déplacé soit celui de 7 mètres cubes d’eau soit 7 tonnes, largement de quoi supporter le poids de 26 passagers ou de Robin et ses impédimentas en sus du poids de la demi pirogue elle-même. Les calculs exacts sur la flottabilité de l’embarcation dépassent mes compétences.

 

La construction de ces pirogues comme celle des habitations appartenait à la vie collective des villages qui  est restée omniprésente jusque dans les années 50 du siècle dernier. Depuis lors, le nord-est bénéficie d’un réseau routier remarquable et nul besoin d’utiliser les voies d’eau autrement que pour la pèche.

 

 

La confection de ces embarcations nées d’un seul arbre, procédé datant du néolithique, est aujourd’hui impensable. La déforestation d’un pays qui était autrefois couvert de forêts est une catastrophe auquel une loi de 1889 s’efforce de combattre. Pour faire sa pirogue de moins de 7 mètres de long, Robinson a du abattre un cèdre qui devait faire 30 ou 40 mètres de haut, multi séculaire. Pour une barge de 40 mètres de long, il faut envisager un arbre probablement millénaire. Le prix du bois, en raison de la déforestation, augmente de façon exponentielle, les bois durs sont importés d’Afrique où l’on ne se soucie pas encore de déforestation. La fabrication d’embarcation en matière synthétique devient la règle. Elle présente en outre l’avantage du poids et de la résistance aux chocs.

 

 

Il en est une belle collection dans leur musée à Ayutthaya (พิพิธภัณฑ์เรืออยุธยา)

 

 

...et il n’est pas rare d’un trouver l’une d’entre elles dans une maison particulière.

 

 

Cette très belle pirogue ...

 

 

... a une autre utilisation dans la salle d’un restaurant où j’ai mes habitudes. Longue de 7,50 mètres et large de un mètre, la coque a 2 centimètres d’épaisseur. Elle serait en bois de rose (ต้นไม้ประดู่) mais je ne suis pas certain de ma traduction. D’après le propriétaire des lieux, elle servait jusqu’au début des années cinquante du siècle dernier à aller poser et retirer les nasses et les filets dans le lac voisin.

 

 

Les nasses ont également trouvé une autre utilisation.

 

 

Sur les  pirogues, voie les articles de Madame Dominique Geai-Drillien : « Construction d’une pirogue au Laos » in Philao n° 104 du 3e trimestre 2016

https://www.academia.edu/27708022/Construction_dune_pirogue_au_Laos

« Les liens entre rites et mythes d’origine -  Le rituel associé aux cours de pirogues » in Philao n°114 du 1er trimestre 2019

https://www.academia.edu/38131919/rites_et_mythe_la_course_des_pirogues_au_Laos_pdf

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24 août 2021 2 24 /08 /août /2021 07:52

 

Une publication récente sur le site Isaanrecord que je consulte souvent avec intérêt malgré son caractère souvent iconoclaste que je ne partage pas toujours concernait les « révoltes des Saints » (1).  Nous avons consacré plusieurs articles à ces mouvements que l'on peut, au moins de façon schématique, considérer comme des protestations souvent armées contre la politique centralisatrice forcenée  du gouvernement central de Bangkok (2). Avant d'en arriver au récent mouvement des « chemises rouges » qui en seraient les héritiers au moins spirituels, l'auteur nous rappelle qu'ils furent nombreux. J'ai cherché sans à priori à faire l'inventaire - est-il seulement complet – de ces mouvements sporadiques et centrifuges qui agitent le Nord-est de la Thaïlande depuis plus de 300 ans.

 

 

La rébellion de Bunkwang en 1699 (กบฏบุญกว้าง)

 

Le premier mouvement sur lequel nous avons des sources historiques plus ou moins assurées est la rébellion de Bunkwang en 1699  (กบฏบุญกว้าง). Ce soulèvement s'est produit vers la fin du règne du roi Narai ou au début de celui de Petracha, en une période de confusion politique à la Cour. Bunkwang était de modeste extraction mais avait reçu une solide éducation au temple. Il aurait été originaire de l'est du Laos. Sa légende veut qu'il se soit emparé de Khorat (โคราช), avec un groupe de 28 fidèles seulement et la tint pendant trois ans. Il est toutefois probable qu'il avait le soutien de la population de la ville, aussi appelée Nakhon Ratchasima (นครราชสีมา) alors considérée comme la porte d'entrée vers le royaume siamois d'Ayutthaya. Il aurait réuni une troupe de 4.000 paysans subjugués par ses connaissances religieuses, de 84 éléphants et de 100 chevaux, et marché sur Ayutthaya, à travers les montagnes jusqu'à Lopburi et parvint à moins de soixante kilomètres de la capitale siamoise. Les troupes probablement de Phra Petracha, supérieures en nombre et surtout en armements les dispersèrent et il fut tué. Il reste un héros mythique du Nord-Est ayant laissé le souvenir d'u chef charismatique voulant libérer le Nord-Est du joug d'Ayutthaya et en faire une région autonome, probablement en lien avec les royaumes du Laos.

 

 

Le rebellion de Chiangkeo en 1791 (กบฏเชียงแก้ว)

 

Bangkok est devenue la nouvelle capitale du pays en 1782. Certaines des régions, au Nord-est, considérées comme des États tributaires contestèrent le nouveau pouvoir et quelques groupes locaux se rebellèrent. Chiangkeo venait de la région orientale du Mékong (Saravane au Laos ุ สาละวัน), qui appartenait au royaume de Champassak (จำปาสัก). Le groupe ethnique concerné était celui des Kha (ข้า) que les Siamois considéraient comme une espèce à peine supérieure au crapaud. Ils réussirent à occuper le Champasak mais furent battus par des troupes venues en particulier de Khorat et réduits en esclavage pour plusieurs générations.

 

 

La rebellion de  Sa-Kiad-Ngong en 1820 (กบฏอ้ายสาเกียดโง้ง)

 

Le chef de cette rébellion s'appelait Sa, tandis que Kiad-Ngong était le nom d'une montagne sur la rive orientale du Mékong faisant partie du royaume de Champassak. Sa mère  était une Lao de Vientiane, et lui-même avait été moine pendant un certain temps. Comme d'autres rebelles, Sa utilisa son éducation religieuse pour convaincre les gens qu'il était un phu wiset (ผู้วิเสท - un homme doté d'un pouvoir extraordinaire) et un phu mi bun (ผู้มีบุญ - une personne de grand mérite), capable d'accomplir des exploits miraculeux. Il prétendait également être Thao Chuang (ท้าวจวง), un héros mythique de la littérature locale, renaissant pour sauver les Kha opprimés par les autorités locales. Il établit un temple et rassembla environ 6.000 personnes, principalement des Khas, et marcha et brûla Champassak. Le roi Rama II depuis Bangkok ordonna à Chao Anu de Vientiane (เจ้าอนุ จากเวียงจันทน์) de réprimer la rébellion.

 

 

Finalement, Sa et les Kha se rendirent. Sa fut conduit à Bangkok où il fut emprisonné à vie. Les Kha furent à nouveau réduits en esclavage et leurs descendants s'installèrent sur la rive orientale de la rivière Chao Phraya (แม่น้ำเจ้าพระย). La rébellion de Sa-Kiad-Ngong a été l’une des plus importants soulèvements du Nord-Est, nécessitant une armée de Vientiane pour la réprimer. La population Kha à cette époque était de plus de 300.000 personnes, des milliers furent tués mais les soulèvements ne cessèrent pas.

 

 

 

La bataille de Sambok en 1895 (ยุทธการซัมโบก)

 

Une réaction modeste mais significative au nouveau système d'imposition introduit par le pouvoir central a eu lieu en 1895. Certains anciens moines du village de Sa-at (สะอาด) dans le district de Namphong (น้ำพอง) dans l'actuelle province de Khon Kaen, persuadèrent les villageois de ne pas payer les taxes, ce qui les obligeait à faire un long voyage jusqu'à Khorat, faisant valoir que si une taxe devait être payée, elle devrait l'être à Vientiane mais pas à Bangkok. Pendant trois ans, les villageois résistèrent. Formés par les moines à faire face aux fonctionnaires, ils en recevaient des objets sacrés leur permettant de se battre avec courage sans crainte des blessures ni de la mort. L'arrivée des troupes entraîna la dispersion des rebelles et la mort de trois des chefs de village.

 

La révolte des phu mi bun de 1901-1902 (กบฏภูมีบุญ)

 

C'est un sujet que nous avons longuement traité à diverses reprises, n'y revenons pas (2). Il fut le mouvement le plus solide même s'il ne réussit pas à faire trembler le régime sur ses bases.

 

 

 

La rébellion de Nong Makkeo en 1924 (กบฏหนองมักแก้ว)

 

Ce soulèvement a commencé dans le village de Wiangkeo (เวียงแก้ว)  dans la province de Loei (เลย) avec l'arrivée d'une autre province de trois moines et d'un novice. Ils bénéficiaient de pouvoirs magiques, de guérison en particulier, elles furent nombreuses. La population les honora comme phu mi bun et suivit leurs enseignements. La foi des villageois se reporta rapidement sur Phra Sri-ariyametrai (พระศรีอริยเมตไตรย), le Bouddha du futur qui viendrait sauver le monde de la souffrance et qui serait Nong Makkeo, donc le nom remplaça Wiangkeo. Ils se réunissaient chaque jour au temple pour être instruits sur le royaume du futur. On leur apprit aussi dit que Vientiane retrouverait bientôt son prestige. Le 23 mai 1924, une cinquantaine de villageois armés, guidés par leurs chefs, attaquèrent le bureau de l'administration du district et en chassèrent le chef. Ils croyaient qu'il n'y aurait besoin d'aucune autorité dans leur nouveau royaume. La police riposta rapidement et arrêta les dirigeants ainsi qu'une centaine de villageois. Ils restèrent incarcérés pendant trois ans.

 

 

La révolte du « mo lam » Noi-Chada en 1933 (กบฏหมอลำน้อย-ชฎา)

 

Noi était un molam (หมอลำ) - un spécialiste de la musique traditionnelle de l'Isan – venu d'un village près de la ville de Mahasarakham. Il prétendait être un sage errant en de nombreux endroits pour chanter un message de conversion, demandant aux villageois de s'habiller en blanc en signe de purification. Il prédisait la venue imminente de Phra Sri-ariyametrai (พระศรีอริยเมตไตรย), le nouveau Bouddha qui doit venir sur terre et prétendait avoir été dans une vie précédente l'un des dirigeants de la rébellion de 1901-1902, revenu pour enseigner le peuple. Des centaines de villageois non armés se sont rassemblés pendant deux à trois mois au centre de son village, attendant la venue du nouveau Bouddha. Son groupe propageait son programme à travers des chants folkloriques, des prédications et des divinations. Les paroles de ses chansons encourageaient les gens à défier le système en arrêtant de payer des impôts ou d'envoyer leurs enfants à l'école. Son message consistait aussi à cesser de respecter les moines parce qu'il considérait comme rien d'autre que des hommes portant des robes jaunes cherchant à exploiter les autres. Noi a finalement été arrêté et condamné à quatre ans de prison. Certains de ses partisans ont poursuivi ses activités, mais ont également été poursuivis et arrêtés.

 

 

 

La rébellion de Sopha Phontri « le musicien » dans la province de Khonkaen en 1939 (กบฏหมอลำโสภา พลตรี)

 

Nous avons consacré un article à ce révolté contre le pouvoir central, n'y revenons pas (3)

 

 

La rébellion de Sila Wongsinen en 1959 (กบฏศิลา วงษ์ศิลป์)

 

Fut-il le dernier « saint » autoproclamé ? En 1959, Sila ayant reçu une solide éducation religieuse dans un temple de Khorat, s'est prétendu à tort ou à raison guérisseur. Il eut de nombreux adeptes et prétendait être lui aussi le nouveau Bouddha, Phra Sri-ariyametrai. Il persuada environ 150 villageois du district de Warinchamrap (วารินชำราบ) dans la province de Khorat, de migrer avec lui pour établir une nouvelle colonie dans le district de Chokchai (โชคชัย). Il y établit une communauté « pour le salut du monde » avec ses propres règles et inventa de nouvelles cérémonies pour adorer les dieux et les idoles qu'il avait découverts dans la région. Des villageois le rejoignirent. Les autorités le firent arrêter mais furent attaquées par ses partisans, et des combats violents entraînèrent la mort du chef du district et une autre la mort de douze personnes, dont des femmes et des enfants. Les autorités purent arrêter 44 villageois. Sila et certains de ses partisans ayant toutefois pu s'échapper. Le premier ministre de l'époque, le maréchal Sarit Thanarat, furieux, affirma que Sila et ses partisans étaient plus dangereux que les communistes. Sila fut finalement arrêté alors qu'il tentait de traverser la frontière avec le Laos, condamné à mort et exécuté.

 

 

La guérilla communiste de 1965 à 1980 (กองโจรคอมมิวนิสต์)

 

Elle est née au cœur de l'Isan, il nous faut l'inclure dans cet inventaire. Comme les autres mouvements, les raisons en furent économiques et la lutte contre le pouvoir central. Les mouvements précédents ne connurent pas l'intervention étrangère (Chine, Vietnam, Laos). L'aspect religieux et mystique en est totalement absent, pas de prophéties, pas de messianisme, pas de millénarisme : « Il n'est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni César ni tribun » selon les paroles de l'Internationale évidemment traduites en thaï. Nous lui avons consacré deux articles (4).

 

 

 

Les chemises rouges de 2010 à ? (เสื้อแดง)

 

La majorité des personnes qui ont rejoint le mouvement des chemises rouges étaient originaires de l'Isan. Ils partagent des pensées similaires à celles de phi bun, notamment sur la libération du centralisme de Bangkok et le désir de mettre en place leur propre gouvernement local. Beaucoup s'en revendiquent. Le mouvement n'est pas venu de nulle part et certains ont pu parler d'une nouvelle émergence du mouvement des phi bun. Le qualificatif de phi bun aurait même été prononcé au sujet de l'opposant Wanchalearm Satsaksit (วันเฉลิม สัตย์ศักดิ์สิทธิ์),  mystérieusement disparu du Cambodge où il était réfugié en 2020. Ce mouvement a pris depuis le début du sièle une toute autre ampleur que les précédents, qui ne furent le plus souvent que des jacqueries sporadiques. Les participants remettent en accuse le principe même de ce que l'on appelle la « démocratie » dans ce pays et la manière dont elle est appliquée dans un régime monarchique. Il ne s'agit plus toutefois d'histoire mais d'une actulité brulante, un sujet dans lequel je ne veux pas me lancer d'autant que certains remettent en cause plus ou moins ouvertement le principe même de la monarchie.

 

 


 

NOTES

 

(1) « Folk, ballads, prophecies and ideologies. The arms of tte Holy mans »s rebellion in war with Bangkok » : https://theisaanrecord.co/2021/07/03/phi-bun-rebellion/

(2) Voir nos articles

H 32 - LES SOUVENIRS DU PRINCE DAMRONG SUR LA « RÉVOLTE DES SAINTS » (1900-1902), SAINTS OU BATELEURS ?

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/05/h-32-les-souvenirs-du-prince-damrong-sur-la-revolte-des-saints-1900-1902-saints-ou-bateleurs.html

140. La Résistance à la réforme administrative du Roi Chulalongkorn. La révolte des "Saints".

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2021/02/a-419-la-revolte-des-saints-dans-le-nord-est-de-la-thailande-en-1900-des-magiciens-et-des-prophetes.

(3) Voir notre article

A 305- LA RÉBELLION DE SOPHA PONTRI « LE MUSICIEN » DANS LA PROVINCE DE KHON KAEN (1932-1942).

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/02/a-305-la-rebellion-de-sopha-pontri-le-musicien-dans-la-province-de-khon-kaen-1932-1942.html

 

(4) Voir nos deux articles

 

H 28- LA GUÉRILLA COMMUNISTE DANS LE NORD-EST DE LA THAÏLANDE (ISAN) DU 7 AOÛT 1965 AU 23 AVRIL 1980 - PREMIÈRE PARTIE.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/12/h-28-la-guerilla-communiste-dans-le-nord-est-de-la-thailande-isan-du-7-aout-1965-au-23-avril-1980-premiere-partie-4.html

H 29 - LA GUÉRILLA COMMUNISTE DANS LE NORD-EST DE LA THAÏLANDE (ISAN) DU 7 AOÛT 1965 AU 23 AVRIL 1980. LA FIN.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/01/h-29-la-guerilla-communiste-dans-le-nord-est-de-la-thailande-isan-du-7-aout-1965-au-23-avril-1980.la-fin.html


 

 

 

 

 

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18 février 2021 4 18 /02 /février /2021 22:26

Patrick vient donc d'écrire et de publier en 2021, un guide touristique de 96 pages en français sur la province d'Udonthani, située en Isan du Nord ; sa quatrième édition après « L'Isan: Udonthani et sa province » (2010),

 

 

« Isan du nord » (2011),

 

 

et « L'Isan : La province de Nong Khai »(2015).

 

 

Un guide unique et indispensable pour qui veut visiter la province et sa capitale Udonthani, en sachant que le Guide vert Michelin, culturellement le plus solide, ne consacre qu'une page et demie à la province et le Lonely Planet, 7 pages avec une grande partie consacrée à l’hébergement. (Pour se  procurer le guide. Cf. (1))

 

 

 

 

Il est le fruit d'une longue expérience, dont nous avions déjà profité en 2011 en présentant son blog, dans le cadre de notre propre recherche sur l'Isan. Il avait en janvier 2011 écrit 480 articles en 3 ans ! Déjà à l'époque, il parcourait la province, visitait dans les villes et villages les temples et les sites les plus connus, participait à toutes les  festivités de la ville d'Udonthani et aux principaux événements culturels de la région, avec toujours ce souci de partager ensuite ce qu'il avait appris et admirer, à l'aide de belles photos. Déjà, à cette époque -il y a 10 ans-  il ne présentait que ce  qu'il avait visité. (2)

 

 

 

Le nouveau  guide ne se limite pas à ce qu'il appelle « Attractions touristiques » (pp. 26-74), mais nous donne auparavant (p.5) une carte et le nom des 20 provinces de l'Isan (La Thaïlande en possède 77 (changwat)) et le nom des 20 districts (amphoe) de la province d'Udonthani avec une carte (p.6), en rappelant qu'elle est composée de 155 sous-districts (tambon), de 1682 villages, avant de présenter rapidement l'Isan en une page (p.7), et la province (pp.8-16) avec quelques observations sur sa géographie, sur quelques symboles, l'économie, le climat, « la petite histoire » en 1 page et demie, avec son passé préhistorique (le parc de Phra Bat, le site de Ban Chiang), sa fondation en 1296 par le roi Mangrai et le Prince Prajak qui en devient le gouverneur en 1894, pour revenir sur la ville d'Udonthani (p.16) avec la composition de sa population  qui est d'environ de 240 000 habitants (Avec ses communautés laos, chinoises, vietnamienne, et d'expatriés), la gastronomie et des informations pratiques (pp.18-20) sur la santé, internet, la poste, la location d'une voiture, l'immigration, les numéros de téléphones importants, et sur les loisirs (pp.20-25) citant 6 activités (l'hypodrome, 2 lieux de pêche, 5 golfs, 4 centres nautiques)   avec leurs coordonnées GPS, et le shopping (1page). (3)

 

 

 

 

Évidemment, ces 23 pages nous donnent de nombreuses informations, mais comment ne pas être superficiel, en voulant traiter tous ces sujets (Histoire, géographie, économie, administration, etc ), des liens  d'internet auraient été ici nécessaires.  Mais  Patrick est évidemment bridé par les contraintes de l’édition sur papier, les exigences de l’imprimeur et des considérations budgétaires.

 

 

 

« Attractions touristiques » (pp. 26-74).

 

Patrick va donc rendre compte des « excursions » touristiques qu'il a effectuées dans les 20 districts de la province, dont l'intérêt porte surtout sur les informations qu'il donne pour parvenir à ces sites en ayant soin de donner les coordonnées GPS et la graphie en caractères thaïs (3)), à l'exception du  9e, le district de Non Sa At et du 16e, le district de Si That, qu'il n'a pas (encore) visités. S'il cite  une quarantaine de temples et édifices sacrés,, ce qui nécessite déjà de nombreuses journées touristiques, il faut savoir que 1187 temples ont été inventoriés par le Sangha dans la province !

 

 

 

Il commence donc par  le 1er district de Muang Udonthani.  (pp. 26-41)

 

 

Il signale 16 visites à effectuer en ville et 13 en dehors de la ville. C'est dire que le touriste qui séjourne à Udonthani aura un emploi du temps bien chargé. 14 sont consacrés à des temples et des « édifices » religieux et lieux sacrés (stupas, chédi, arbre sacré, sanctuaire), en recommandant le Wat Pa Ban Tat, situé à 16 km de la ville, un monastère dédié à Phra Luangta Maha Bua Yannasampanna,  l'un des moines les plus vénérés de Thaïlande décédé le 30 janvier 2011 et  5 aux musées (Retenons deux musées dont la visite est instructive : Le Musée provincial qui est construit dans un bâtiment d’architecture européenne. Il est à l’échelle humaine et particulièrement instructif sur l’histoire de la province.

 

 

Le Musée Militaire Ramesuan est situé dans un ancien centre de renseignement et d’espionnage de la CIA et nous éclaire sur cette période trouble de l’histoire du pays.),

 

 

et des belles balades comme le lac et le parc de Nong Prajak, la ferme d'orchidées, « Udun -Sunshine », le marché de Nong Bua, le village de Ba Na Ka, les villages aux fleurs et aux champignons...

 

 

Le 2e district de Kut Chap (à 24km d'Udonthani) avec 2 temples (Le wat Bunnimit « dans un lieu plein de calme proprice à la méditation » et le temple  aux dinosaures), une grotte avec des peintures rupestres (La Sing Cave) et un parc (« Phuhinjomtat Forest Park »). 

 

 

Le 3e district Nong Han

 

 

(à 35 km d'udonthani) (4p. 1/4) avec 7 temples dont le célèbre site archéologique de BAN CHIANG, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 1992,

 

 

...que Patrick décrit en une page et demie, avec son musée national et en nous nvitant à visiter de sympathiques villages  aux environs (Ban Kham O, Ban Pu Lu, Ban Dong Yen et Ban Tat), spécialisés dans l'artisanat. (Cf. Nos 2 articles sur Ban Chiang  (4) )

 

 

Le 4e district de Nong Saeng.

 

 

3 pages pour 3 sites dont 2 p. consacrées au Parc de Phu Phoilom (situé à 50 km d'Udonthani) et la chute d'eau de Than Ngam que Patrick apprécie particulièrement, avec le bouddha blanc de Phu Foi Lom et la pagode aux 9 bouddhas Suwan Kalaya.

 

 

Le 5e district Prachaksinlapakkhom,

 

 

avec un seul site (en une demi-page) : Le lac aux Lotus.(p. 51)

 

 

(Les Thaïs l'appellent la « mer aux lotus rouges » (ทะเลบัวแดง).  L'occcasion de faire une belle balade en bateau le matin sur le lac parmi les lotus en fleur.

 

 

Le 6e district de Nong Wua So (39km)

 

 

4 pages pour 8 balades dont 6 temples (Dont le wat de Ban  Nong Waeng Yao recommandé par Patrick pour sa beauté et ses sculptures) et le réservoir Huai Luang Dam et le parc d'attractions du PC Ranch. (parc à thème).

 

 

Le 7e district Kumphawapi (43 km) 3 pages pour 4 sites, dont 2 temples.

 

 

Une occasion de voir à Khumphawaphi des singes en liberté et à 3,3 km le Wat Phrathat Don Kaeo, un stupa sacré dont l'origine remonterait aux 12 et 13e siècles. Et une balade à l'Arche de pierre, le plus long pont de pierre de Thaïlande, situé dans une réserve forestière. Patrick nous donne ici (p. 58) tous les contacts nécessaires pour réussir cette excursion.

 

 

Le 8e district Phen

 

 

(43 km) ½ page pour le Chedi PrathatNang Phen du Wat Koh Kaew.

 

 

Le 9e district de Non Sa At.

 

 

Patrick ne mentionne aucun site mais le district en comporte huit qui ont tous leur page Internet !

 

 

 

Le 10e district Ban Phue.

 

 

5 p. ½ pour 9 sites dont 5 temples et stèles, mais avec des particularités. Ainsi dans l'enceinte du temple Pa Maha Chédi ChaloemPhrakat Ban Kho, on trouve aussi un musée des moines à visiter ou dans l'enceinte du temple des supplices et du paradis (avec des sculptures sanguinolentes ou sur  l'Eden), se trouve également le temple aux miroirs. Patrick nous conseille aussi deux belles balades, l'une au Parc Historique de Phutthapat (avec ses grottes  ses falaises), où on peut visiter le wat Phutthabat Bua Bok, et le site de Phra Buddhabat Buaban, un parc qui permet de se promener pour s'arrêter devant un mausolée d'une empreinte de Bouddha, des chédis et des stèles.

 

 

Le 11e district Chai Wan

 

 

(p. 65) avec son Wat Pa Santikawat, son stupa et un musée « en l'honneur de la vie et des enseignements de Luang Pu Bun Chan » qui a séjourné dans ce temple.

 

 

Le 12e district Phibun Rak,

 

 

(En deux pages (pp. 66-67)), avec une seule excursion au Wat Pratan du village de campagne de Phibun Rak, signalé comme magnifique.

 

 

Dans le 13e district Ku Kaeo,

 

 

le Wat Ku Kao Rattanaram avec  une ruine et pagode de l'époque khmère et dans le même village, le Wat Si Kunaram avec « un magnifique chédi au milieu d'un beau jardin »

 

 

Dans le 14e district Thung Fon, l

 

 

le chédi du wat Luanpor Thongkham au centre du village de Thung Fon.

 

 

Dans le 15e district Sang Khom

 

 

(p.68) à 70km d'Udontani vous propose une sortie en famille et/ou amis sur un lac où on peut se restaurer sur une paillote flottante et se baigner.

 

 

Dans le 16e district de Si Thaht,

 

 

aucune excursion effectuée.

 

 

Dans le  17e district de Ban Dung,

 

 

de nombreuses excursions sont proposées. (3p.)

 

On peut visiter des sites d'exploitations de sel « Le plus intéressant est celui sur la route 2022 » nous conseille Patrick.

(Elles sont nombreuses non seulement dans la province mais en Isan. Nous avons consacré plusieurs articles tant aux légendes qui s’y attachent qu’aux menaces chinoises qui pèsent sur elles (5)).

 

 

Le temple de  Ban Dung, un grand Bouddha et un autre temple très populaire le Kham Chanod, où on vient pour se faire bénir et faire des offrandes ; et trois sanctuaires,  son pont naga et les nagas qui se trouvent  dans le lac près de la forêt... (Cf. Notre article sur ce temple (6)).  Puis le Wat Pa Aranya dans le village de Ban Lao Luang, et un peu plus loin le chédi du wat Pa Don tat.

 

 

Le 18e district de Wang Sam Mo.

 

 

Patrick nous cite un seul temple, le Wat Tham Sumontha Pawana (วัดถ้ำสุมณฑาภวนา) sans explication et ajoute « trop difficile à expliquer pour s’y rendre. Utiliser les coordonnées GPS ».

 

 

(Il s’agit d’un temple du « bouddhisme de la forêt » dont la vocation n’est pas d’accueillir de simples visiteurs dévots mais de proposer des stages de formation à la méditation bouddhiste.) (Cf. Notre article 7)

 

 

Le 19e district Nam Som.

 

 

Là encore aucun commentaire si ce n'est que le chemin pour aller à la grotte et au wat de Tham Pha Dam à à 100 km d'Udonthani et le temple San Poo Som de la ville Nam Son.

 

 

Et enfin au 20e district de Na Yung

 

 

(pp.73-74), à 130 km d'Udonthani près du village de Na Yung, le wat Pa phu Kon avec son chédi et au sommet de la montagne un temple avec un bouddha couché en marbre blanc que Patrick considère comme le plus beau de la Province. Ensuite deux itinéraires sont proposés pour admirer les  chutes d'eau dans  le parc forestier de Na Yung.

 

 

Si le guide de Patrick nous aide à trouver le chemin de nombreuses « Attractions touristiques » de la Province d'Udonthani, on peut regretter ses commentaires lacunaires. Des liens internet auraient pu y suppléer, surtout que de nombreux temples ont leurs propres pages Facebook avec de nombreuses photographies.

 

 

Événements, commémorations, fêtes et festivals. (pp .75-83)

 

Patrick en cite une trentaine en donnant les dates du calendrier et en mêlant les fêtes d'Udonthani et nationales et en précisant à la fin qu'il ne donne ici  « qu'un aperçu des manifestations les plus importantes ». On peut signaler que si vous suivez son blog « Patrick en Thaïlande », vous aurez une idée de son insatiable curiosité et de son désir de partager toutes les festivités du peuple thaïlandais. (http://udonthani-en-isan.over-blog.com/)

 

Il termiine son guide (pp.83-92) sur les différents moyens pour se rendre à Udonthani, un petit lexique de thaï, la monnaie utilisée en Thaïlande, un glossaire et enfin le plan de la ville d'Udonthani  (p. 92).

 

 

Vous aurez compris que cet article ne vise qu'à vous encourager à vous procurer ce nouveau guide de Patrick D. qu'il met gratuitement à votre disposition. (Cf. (1))

 

 

   NOTES ET RÉFÉRENCES.

 

(1) Le guide est distribué gratuitement et est disponible chez deux annonceurs :

« Thai-french backery » 288/5-6 - Nong Bua – Muang Udonthani  - Udonthani 41000 (lat.  17° 25’ 45’’ et long.  102° 48’36’’)

« Zig-Zag restaurant » 333/69 -  Sam Phrao – 2410- Ban Nong Bu – Udonthani 41000

Au Musée d’Udinthani

Au centre d’informations touristiques, place Thung Si Muang (Udonthani)

Et chez l’auteur : udonthanifrancophone@hot;qil.co;

 

(2) 2. Notre Isan : découvrir l’Isan via les blogs

http://www.alainbernardenthailande.com/article-notre-isan-2-decouvrir-l-isan-via-les-blogs-71317647.html

un forum : http://udonthani.les-forums.com/forums/

 

(3) Regrettons l’absence d’une carte développée, due essentiellement à des considérations techniques, mais Patrick y supplée en nous donnant les coordonnées GPS. Ceux que l’utilisation de cet instrument rebute trouverons sans difficultés la carte (bilingue) de Thinknet à une bonne échelle (1/550.000e) beaucoup plus utile que la carte Michelin au 1/1.3700.000eThinknet diffuse par ailleurs un carte (bilingue) sous forme de CD qui atteint un grossissement d’une précision diabolique puisqu’il part d’une échelle de 1.4.000.000e pour descendre, mieux que le cadastre français, au 1/1000e.

Patrick donne aussi le nom des temples en thaï qui est parfois nécessaire pour le trouver.

 

(4) Voir nos articles :

9. La civilisation est-elle née en Isan ?

http://www.alainbernardenthailande.com/article-la-civilisation-est-elle-nee-en-isan-71522720.html

A 327- LE PILLAGE DU SITE DE BAN CHIANG (THAÏLANDE)

http://www.alainbernardenthailande.com/2019/08/a-327-le-pillage-du-site-de-ban-chiang-thailande.html

A 323 - UDONTHANI, UNE VILLE D'ISAN QUI DOIT SON EXISTENCE À LA COLONISATION FRANÇAISE ET SA PROSPÉRITÉ À LA GUERRE DU VIETNAM.

http://www.alainbernardenthailande.com/2019/07/a-323-udonthani-une-ville-d-isan-qui-doit-son-existence-a-la-colonisation-francaise-et-sa-prosperite-a-la-guerre-du-vietnam.html

 

(5) Voir nos articles :

LA LÉGENDE INSOLITE DE LA DÉCOUVERTE DES VERTUS DU SEL PAR LES HABITANTS DE L’ISAN (NORD-EST DE LA THAÏLANDE)

http://www.alainbernardenthailande.com/2019/02/la-legende-insolite-de-la-decouverte-des-vertus-du-sel-par-les-habitants-de-l-isan-nord-est-de-la-thailande.html

A 300- LA LÉGENDE INSOLITE DE LA DÉCOUVERTE DU SEL PAR LES HABITANTS DE L’ISAN (NORD-EST DE LA THAÏLANDE)

http://www.alainbernardenthailande.com/2019/02/a-300-la-legende-insolite-de-la-decouverte-du-sel-par-les-habitants-de-l-isan-nord-est-de-la-thailande.html

A 325 - ชาวอีสานไม่ต้องการให้มีเหมืองโปแตชในนาข้าว - LES HABITANTS DE L'ISAN NE VEULENT PAS DE MINES DE POTASSE DANS LEURS RIZIÈRES –

http://www.alainbernardenthailande.com/2019/07/a-325-les-habitants-de-l-isan-ne-veulent-pas-de-mines-de-potasse-dans-leurs-rizieres.html

 

(6) Cf. Notre article A 411- LES NAGAS DE KHAM CHANOT

http://www.alainbernardenthailande.com/2021/01/a-411-les-nagas-de-kham-chanot.html

(7) Sur le bouddhisme de la forêt voir notre article :

A 239 - LE « BOUDDHISME DE LA FORÊT » OU « LA VOIE DES ANCIENS » DANS LA THAÏLANDE CONTEMPORAINE

http://www.alainbernardenthailande.com/2017/09/a-239-le-bouddhisme-de-la-foret-ou-la-voie-des-anciens-dans-la-thailande-contemporaine.html

 

 

 

 

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