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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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18 mai 2020 1 18 /05 /mai /2020 22:30

 

 

Maha Sila Wirawongs (มหาสิลา วีระวงส์) est né sous le nom de Sila Chanthanam (สิลา จันทะนาม) dans le village de Ban Nong Muen Than (บ้านหนองหมื่นถ่าน) alors dans le district de Selaphum (อำเภอเสลภูมิ), actuellement district de At Samat (อำเภออาจสามารถ) dans la province de Roi-Et (จังหวัดร้อยเอ็ด). Son père était Sen Chanthanam et sa mère Da Chanthanam. La naissance eut lieu le 1er août 2448 (1905), le 1er mardi du 9e mois lunaire, à 12 h 30. Sa biographie sur Wikipédia en thaï est sommaire (1): Important érudit du Laos, auteur de livres d’érudition, il participa à la création du drapeau du Laos indépendant

 

 

 

 

...et à la simplification de l’alphabet lao en 1933. Elle est sur le site français plus circonstanciée (2)  puisqu’il est rajouté qu’il fut historien, philologue, «figure intellectuelle de la lutte pour l’indépendance du Laos» comme militant actif du mouvement indépendantiste non communiste Lao Issara (ลาวอิสระ), ce qui lui valut un exil en Thaïlande en 1946, secrétaire du richissime Prince Phetsarath, vice-roi de Luang Prabang, autre figure de la lutte pour l’indépendance et «rénovateur de la culture lao». Mais l’article est féroce dans ses conclusions «S'il fut bien une figure marquante de la reconstruction de l'identité nationale lao, par leur manque de rigueur scientifique dans la méthode et leur parti pris nationaliste les travaux du Maha Sila n'ont désormais plus qu'un intérêt historio-graphique». Son travail historique a été critiqué par exemple sur un autre site thaï «Bien sûr, le livre d'histoire de Maha Sila Viravong comporte de nombreux défauts ...» (3). 

 

 

Nous avons cherché plus avant dans ces critiques au vu des très rares œuvres de Sila qui aient été traduites en français, il n’y en a que deux:

 

Il a publié à Vientiane en 1957 «Phongsavadan Lao». Ce sont les chroniques du Laos dont il fait l’histoire du Laos. L’ouvrage fait l’objet d’une critique vinaigrée de Pierre Bernard Lafont (4) «Ce livre est le premier ouvrage d'histoire ayant été écrit en lao par un Lao. Son auteur, le Maha Sila, est membre du Comité littéraire et a la réputation de connaître parfaitement la littérature nationale. Cet ouvrage, qui vise à embrasser l'histoire lao de sa genèse à 1889, ne satisfait pas pleinement le lecteur, car il ne répond pas aux espoirs que suscite son introduction...». Il lui est reproché des erreurs grossières, des omissions abondantes, une absence totale de référence à ses sources, une absence de recherche critique dont il est cité de nombreux exemples. « Ces quelques exemples, pris au hasard, suffisent amplement à prouver que cet ouvrage ne doit être utilisé qu'avec une grande prudence».

 

 

 

L’érudition de P.B. Lafont ne peut être mise en doute : Décédé à Paris en 2008, il fut membre de l’Ecole française d’extrême Orient de 1953 à 1966 en poste au Vietnam et au Laos avant d'occuper la chaire «Histoire et civilisations de la péninsule indochinoise» à la IVe section de l'École pratique des hautes études et de créer au CNRS une unité de recherche associée (URA 1075) consacrée à l'histoire de la péninsule indochinoise. Il reçoit le prix Brunet de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres pour avoir relancé les recherches sur le Champa.

 

 

 

Une critique de Michel Lorillard plus récente est tout aussi critique et lui reproche plus courtoisement de ne citer aucune source et aucune extérieure au Laos (5).

 

Colonisation oblige, les dictionnaires de la langue Lao ont été nombreux. Sila Viravong  publia en 1962 un «dictionnaire français-lao». Celui-ci faisait suite à plusieurs ouvrages similaires. Le premier, sommaire, en 1894 dans le cadre de la Mission Pavie, sous la signature de M. Massie.

 

 

Un autre du Docteur Estrade en 1896, moins sommaire.

 

 

Celui de Monseigneur Cuaz ensuite en 1904, «lexique français-laocien». Un Dictionnaire français-laotien» de Guy Cheminaud fut publié en 1906,

 

 

un autre de Théodore Guignard, un missionnaire des Missions étrangères en 1912. Celui de Monseigneur Cuaz, considéré comme le plus sérieux, avait incontestablement besoin d’être rafraichi.

 

 

A l’occasion de la publication d’un dictionnaire français-lao de Pierre Somchine Nginn à Vientiane en 1969 et de sa critique, nous lisons ce commentaire qui n’est plus au vinaigre mais au vitriol, il est signé de Pierre-Marie Gagneux: « Il n'existait pas, à proprement parler, jusqu'à ces derniers mois, de bon lexique Français-Lao : ceux de Meyer, de Monseigneur Guaz, avaient beaucoup vieilli et étaient devenus introuvables. Un « Dictionnaire Français-Lao » avait bien été publié en 1962, sous la direction du Maha Sila Viravong alors membre influent du Comité Littéraire Lao, mais il présentait de graves imperfections. Il avait en effet été réalisé de façon plutôt simpliste en prenant la suite intégrale des mots du « Petit Larousse Illustré » et en en donnant une vague explication-traduction en langue lao. On y trouvait des mots aussi courants que : «chromique, dysurie, ébroïcien, interfolier, etc.», j'en  passe et des meilleurs ... Par ailleurs il fourmillait de coquilles et même d'erreurs graves ....» (6).

 

 

 

Ces articles ne nous permettent pas de connaître cet érudit venu de notre Isan et dont le culte est toujours présent au Laos.

 

Le personnage est en effet plus complexe, nous l’avons découvert dans un texte de Grégory Kourilsky «DE PART ET D’AUTRE DU MÉKONG le bouddhisme du Maha Sila» (7). 

 

Cet article qui est le premier, en français tout au moins, consacré à ce personnage est d’autant plus intéressant qu’il repose sur une solide bibliographie dont beaucoup d’ouvrages en lao plusieurs douzaines, une soixantaine, écrits par Sila entre 1927 et 2004 y compris un récit autobiographique publié en 2004, la plupart en langue lao que nous ne connaissons malheureusement pas et publiés après sa mort en 1987. Deux seulement ont été traduits en anglais: son histoire du Laos et son autobiographie.

 

 

Il est en effet un aspect qui échappa totalement à ceux qui s’intéressèrent à lui c’est qu’en dehors d’une littérature profane son œuvre est plus essentiellement tournée vers le bouddhisme.

 

Il naquit sur la rive droite du Mékong dans le Champassak (8).

 

Rappelons brièvement son histoire: au tout début du XVIIIe siècle, le royaume de Lan-Xang se scinda en trois royautés ou principautés distinctes : Luang Prabang, Vientiane et Champassak. Leur délimitation géographique stricte est d’ailleurs difficile à faire, car nous ne disposons que de  cartes sommaires.

 

 

Celles- ci passèrent sous tutelle siamoise. En 1828, après la tentative d’insurrection du roi Anouvong, les Siamois rasèrent Vientiane et mirent fin à sa dynastie. Le Champassak tomba sous administration siamoise et le prince fut remplacé par un gouverneur. Le 3 octobre 1893, les territoires de la rive gauche du Mékong passèrent sous la tutelle des Français, le Siam conservant, à l’exception de la province de Xayaburi, les territoires de la rive droite anciennement apanage des principautés ou royaumes lao. Cette région devint l’«Isan» ce qui signifie «Nord-est» en sanskrit. Le Mékong, frontière politique sépare la population Lao en deux groupes distincts, quelques millions seulement sur la rive gauche, aujourd’hui 20 ou 25 sur la rive droite.

 

 

Elle fit alors l’objet d’une « siamisation », en particulier en matière religieuse depuis Bangkok. Kourilsky s’étend sur cette expansion religieuse du nouvel ordre Dammayakutika Nikaya (ธรรมยุติกนิกาย) fondé par le roi Rama IV probablement en 1824 bien avant qu’il ne monte sur le trône, pour revenir aux canons originaires du bouddhisme en pali (9).

 

 

Sila Chanthanam naquit avons-nous dit en 1905 dans ce petit village de l’Isan. Sa famille est paysanne. Elle est originaire de la province lao du Champassak et ses ancêtres s’installèrent au XVIIIe siècle sur la rive droite. Ce que nous savons de sa vie vient de l’article de Kourilsky (7). Il est probable sinon certain que dans la famille, on parlait le lao et non le thaï.

 

Il reçut l’éducation traditionnelle antérieure à l’introduction de l’école obligatoire en 1917.

 

 

 

Son éducation se fit donc au temple. Il y apprit l’écriture tham (อักษรธรรม) utilisée sur les manuscrits à caractère religieux.

 

 

 

À l’âge de onze ans, il est ordonné novice et étudie alors l’écriture khom (อักษรขอม) écriture khmère archaïque utilisée pour les textes sacrés en pali et bien évidement l’écriture thaïe.

 

 

Il quitta la robe safran pour des raisons de santé en 1917 et intégra alors le système d’éducation primaire laïc. Son père mourut en 1920, son frère aîné qui avait pris la robe dut retourner travailler les champs et Sila fut à  nouveau ordonné.

 

 

Pour des raisons familiales, il quitte le village pour Roi Et où il poursuit ses études laïques tout en demeurant novice. Un différend familial le décidera en effet à quitter son village natal pour la ville de Roi-Et où il put poursuivre ses études à l’école élémentaire. Il a alors seize ans. Il découvre l’enseignement bouddhique mis en place par le prince Vajirayan, le nom d’abbé du fut roi Rama IV.

 

 

Il quitta Roi-Et pour un monastère d’Ubon Rachathani en vue de s’initier au pali. Le chef religieux du district remarqua ses qualités, le prit sous sa protection et le fit à nouveau ordonner novice dans l’ordre du Dammayakutika en 1922 dans son temple d’Ubon dans l’enceinte duquel il atteignit les niveaux supérieurs de pali et de Dhamma. En 1924, il rencontre Phra Maha Viravongs (พระมหาวีระวงส์), haut dignitaire dhammayut pour tout le nord-est.

 

 

Celui-ci se prit d’affection pour lui jusqu’à l’autoriser à porter son propre nom patronymique. Sila prit alors la décision de partir à Bangkok pour mener plus en avant ses études religieuses. Il s’installa dans un monastère dhammayut de Bangkok où il reçut l’ordination plénière, le voilà moine à part entière et honoré du titre de Maha (le grand). C’est à cette époque qu’il aurait eu ses premiers élans nationalistes ? Apprenant la création par les Français en 1929 d’une bibliothèque et d’une école de pali dans la capitale laotienne, il prit la décision de se rendre à Vientiane accompagné par d’autres religieux lao de l’Isan. Il s’agissait pour les Français de réagir contre l’emprise de Bangkok sur l’enseignement diffusé dans la capitale où des moines birmans, khmers et laos venaient recevoir l’ordination et suivre un enseignement religieux. Ce fut une initiative du résident supérieur français pour réagir contre cet état de fait. L’institution fut placée sous le patronage de l’École française d’Extrême-Orient et dirigée par le prince Phetsarath. Peu après son arrivée il prit définitivement le nom de Maha Sila Viravongs et se vit dans l’obligation de quitter la robe en raison de l’aversion qu’éprouvait l’abbé du Vat Sisaket, chargé des affaires religieuses de la province, pour les moines de l’ordre du Dhammayuṭ. Il est possible aussi qu’il ait souhaité se marier. La place à la tête des écoles de pali était vacante, Sila Viravongs, avait atteint les plus hauts niveaux dans la connaissance du pali, il tomba donc à pic. Il prit le poste en 1931 et réorganisa  totalement l’enseignement du pali sur le modèle siamois mis en application dans la province d’Ubon en partie par son propre maître, le Phra Maha Viravongs. Il rédigea lui-même les premiers manuels d’enseignement. Il s’écarta aussi des méthodes siamoises en incluant dans l’enseignement des matières séculières, mathématiques et astrologie.

 

 

Il rédigea alors un manuel de grammaire pali qui sera publié en 1938 par l’Institut bouddhique de Vientiane. Il se consacra encore à l’élaboration d’un alphabet lao élargi  et instaura des règles nouvelles pour l’écriture du pali dont nous savons qu’il n’a pas d’écriture spécifique, et des mots lao d’origine pali-sanskrite. Encouragés par Louis Finot et George Cœdès, le Prince Phetsarath et le Maha Sila réunirent une commission des membres de l’Institut bouddhique de Vientiane chargée d’aménager l’alphabet lao afin que celui-ci puisse transcrire correctement le pali et le sanskrit. Dès son arrivée à Vientiane 1929 il composa une douzaine d’ouvrages publiés par l’Institut bouddhique qui, en dehors d’une Grammaire lao en 1935, sont tous à caractère religieux.

 

 

En raison de son engagement grandissant auprès du prince Phetsarath dans des activités politiques anti-françaises, il fut révoqué par l’administration coloniale de son poste de professeur de pali par arrêté du 10 février 1941. Il rejoignit alors Bangkok où il travailla quelques années à la bibliothèque Vajirayan, conservatoire du savoir thaï en matière de littérature, de liturgie, d’histoire et de culture, au point de devenir l’une des représentations institutionnelles de la grandeur de la nation siamoise. Il y travailla aux côtés de Phya Anuman Rajadhon, le grand lettré siamois.

 

 

Paradoxalement, baigné dans ce bouillon de culture siamois, il va développer son intérêt pour la culture lao en faisant d’ailleurs l’exégèse de  nombreux textes pali conservés à la bibliothèque. Ses travaux publiés à Bangkok portent alors non plus seulement sur les écrits canoniques et la liturgie pali. Nous y trouvons une étude sur les anciens rites funéraires, d’autres sur les techniques de méditation et des textes de la littérature traditionnelle de l’Isan qui n’ont rien de religieux. Considéré par les autorités de Bangkok comme un «activiste de l’Isan», il dut en 1948 retourner au Laos pour se consacrer à la vie politique dans un climat tendu avant l’indépendance en 1954. Il y occupa divers postes administratifs entre 1948 et 1952. Il reprit ses activités littéraires lorsqu’il fut nommé au Comité littéraire créé au sein du Ministère de l’éducation tout en continuant à donner des cours à l’école de pali. Il publia alors des textes de la littérature séculière mais aussi beaucoup de textes religieux. Nous y trouvons une vision moderne et rationnelle des textes bouddhiques et un intérêt porté aux conceptions traditionnelles. Nous y trouvons enfin un intérêt de plus en plus manifeste pour la culture villageoise dont il est issu. Ses Mémoires s’ouvrent sur un parfum de nostalgie : «Je suis un enfant de la campagne, de ceux qui naissent au milieu des mottes de terre, chevauchent les buffles, qui savent ramasser grenouilles et rainettes, récolter des plantes, casser le bois et chercher de la nourriture dès qu’ils sont hauts comme trois pommes. Je suis un enfant de fermiers, à des lieues de la modernité de la vie citadine». Elles n’ont pas, comme la plupart de ses écrits, été traduites en français; nous citons donc Kourilsky.

 

 

Le culte dont il fait encore l’objet au Laos, où il mourut en février 1987, est rendu au plus grand des promoteurs de la culture lao dont le bouddhisme n’était que l’un des éléments. Ses publications sont basées aussi sur le corpus local en dehors des sources siamoises. Kourilsky débute son article par ce qui est en réalité une conclusion «Le Laos n’a connu de véritable communauté de lettrés que pendant une quarantaine d’années, de 1930 à 1970 environ. Le plus important d’entre eux fut incontestablement le Mah Sila Viravongs (1905-1987), sans doute le premier « érudit moderne » lao, c’est-à-dire un savant au sens académique du terme, faisant valoir une perception des connaissances en tant qu’objet d’étude, par opposition aux maîtres traditionnels dont le savoir est corrélatif de pratiques religieuses devant mener à un progrès spirituel ». Il est une exception unique compte tenu du confinement dans lequel le pouvoir communiste circonscrit la recherche hors toute analyse critique depuis 1975.

 

 

Il aurait été injuste de nous en tenir à ces visions négatives que nous avons citées au début de cet article. Malheureusement Sila n’a publié que de rares articles en thaï en 1927, un article sur la vie de Bouddha et un autre sur le Vessantara Jataka, d’autres entre 1942 et 1950 tous à Bangkok et tous religieux. Le reste de son œuvre est en lao, rien en Français bien que ses fonctions à Vientiane lui imposaient de connaître la langue en dehors de son médiocre dictionnaire, de son livre d’histoire et d’une vie du prince Phetsarath publiée post mortem en 2008 (sauf omissions ?)  et rien en Anglais ce qui n’est pas dramatique. Remercions Kourilsky d’avoir fait l’analyse de cette œuvre. 

 

 

NOTES

 

(1) https://th.wikipedia.org/wiki/สิลา_วีระวงส์

 

(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Sila_Viravong

 

(3) https://sites.google.com/view/morradokisan-db/ป-58/สลา-วระวงส

(4) « Phongsavadan Lao » In : Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 50 n°2, 1962. pp. 573-574.

 

(5) « Quelques données relatives à l'historiographie lao » In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 86, 1999. pp. 219-232;

 

(6) « P. S. Nginn : Dictionnaire français-lao ». In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 57, 1970. pp. 236-237.

 

(7) In revue Archipel n° 56 de 2008. Kourilsky est doctorant de l’école des hautes études en sciences sociales, il s’est spécialisé dans l’étude du bouddhisme lao-thaï et auteur de nombreux articles sur le sujet en particulier sur l’écriture sacrée tham à laquelle nous avons-nous même consacré un article A 304 « VERS UNE RENAISSANCE DE L’ANCIENNE ECRITURE ISAN ? » :

http://www.alainbernardenthailande.com/2019/02/a-304-vers-une-renaissance-de-l-ancienne-ecriture-isan.html

Nous lui devons sur ce sujet

« Exemple d’écriture oubliée par Unicode – l’écriture tham du Laos » (2005).

« L’ECRITURE THAM DU LAOS : RENCONTRE DU SACRE ET DE LA TECHNOLOGIE »

« Towards a computerization of the Lao Thai system of writing » (2005).

 

(8) Sur l’histoire de cet ancien royaume devenu province siamoise, voir l’article de Pierre Lintingre : « Permanence d'une structure monarchique en Asie : le royaume de Champassak » In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 59, n°216, 3e trimestre 1972. pp. 411-431.

 

(9) Les raisons qui conduisirent le roi à initier cette réforme sont particulièrement complexes, beaucoup plus en tous cas qu’un simple retour aux sources originaires pali : voir en particulier le chapitre « King Mongkut’s Buddhist Reform: An Ethical  Transformation in Thai Buddhism and Invention of a Pali Script » dans l’épais ouvrage « Bouddhisme and ethicssymposium volume », compte rendu d’une conférence tenue à Ayutthaya du 13 au 15 septembre 2008. Nous savons qu’à cette fin, il inventa une écriture spécifique pour transcrire universellement le pali ce qui fut un échec :

Voir notre article A 352 « อักษรอริยกะ - LE ROI RAMA IV CRÉE L’ALPHABET ARIYAKA – L’« ALPHABET DES ARYENS » – POUR TRANSCRIRE LES TEXTES SACRÉS DU PALI ».

http://www.alainbernardenthailande.com/2020/02/a-352-le-roi-rama-iv-cree-l-alphabet-ariaka-l-alphabet-des-aryens-pour-transcrire-les-textes-sacres-du-pali.html

 

Le roi inventa alors un système appelé karnyut spécifique au thaï sur la base de l’alphabet thaï.

 

Les pieux bouddhistes qui souhaitent étudier les textes pali, à défaut d’une écriture universelle après l’échec de l’arikaya, peuvent les trouver en écriture romanisée d’abord, en écriture brahmi, en écriture devanagari, en écriture cingalaise, en écriture birmane, en écriture khom (khmère), en écriture tham, en écriture lao simplifiée et en arikaya pour les puristes, le souvenir n’en serait pas totalement perdu ?

 

Arikaya imprimé  :

 

 

Arikaya manuscrit : 

 

 

En écriture thaïe, le karnyut est pour les Thaïs beaucoup plus simple, il utilise 8 voyelles au lieu des 32 de leur alphabet, 33 consonnes au lieu de 44 de la grammaire. La langue pali n’étant pas tonale, il n’y a pas de signes de tonalité. Voir « An easy introduction to Pali », publication de l‘Université de Cambridge, 2018.

 

 

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1 janvier 2017 7 01 /01 /janvier /2017 22:30
LES RELATIONS FRANCO-THAÏES EN 2016.

En lisant l’interview de S.E. l’ambassadeur de France Gilles Garachon en Thaïlande, in « Le Petit Journal » du 18 novembre 2016 ».*

 

Il nous a paru intéressant d’apprendre, à l’occasion d’une interview, comment S.E. l’ambassadeur de France Gilles Garachon en Thaïlande, présentait les relations franco-thaïes de l’année 2016.

 

Ceci d’autant plus que nous avions commencé notre blog en 2011, sur les relations franco-thaïes que nous avions traitées  en 32 articles, dont l’un, était une lecture critique du site officiel de l’ambassade de France sur le sujet.** (Cette présentation historique est d’ailleurs identique en 2016***).

LES RELATIONS FRANCO-THAÏES EN 2016.

Le langage diplomatique a ses rites qui n’interdisent nullement d’utiliser des mots fleuris pour rappeler en toute courtoisie la réalité historique.

 

Nous étions d’autant plus curieux que nous avions alors constaté quelques omissions importantes, comme le départ forcé des Français après la « Révolution » de 1688, consécutive peut-être pas à une volonté de « coloniser » le Siam au sens où nous l’entendons aujourd’hui mais à une  tentative de conversion religieuse plus ou moins forcée du Siam tout entier fort mal reçue de la population et du clergé sous le prétexte plus ou moins fallacieux que le roi Naraï aurait eu de rejoindre la religion catholique. Il fut suivi de la répression sanglante des missionnaires, et de l’expédition « punitive » de Phuket commandée par le général français Desfarges ;  

LES RELATIONS FRANCO-THAÏES EN 2016.

Ou encore l’omission du traité signé par Rama IV de 1867 par lequel il reconnaissait la suzeraineté de la France sur le Cambodge et conservait les provinces frontalières de Battambang, Sisophon et Siem Reap. Les troupes françaises et leurs canonnières étaient présentes en Indochine depuis l’annexion forcée de la  Cochinchine en 1862 et, profitant de cette occasion, le roi du Cambodge, incontestablement tributaire du Siam, avait choisi de se placer sous « la protection » de la France pour échapper à celle de son puissant voisin, s’imaginant gagner au change, erreur funeste…  Les Khmers mirent quelques temps à s’en apercevoir… Un « traité d’amitié » qui était de toute évidence un traité inégal comme on en concoctait à cette époque.

LES RELATIONS FRANCO-THAÏES EN 2016.

A ces oublis s’ajoutaient des expressions diplomatiques savoureuses comme par exemple le verbe « accepte » dans la phrase « En fait, sur pression également des Britanniques, Rama V « accepte » en juillet 1893 le protectorat français établit sur le Laos. », pour ce qui était un ultimatum lancé par Pavie le 20 juillet avec réponse imposée dans les quatre jours, après que les navires français,  l’Aviso,  l’Inconstant, le J. B. Say et le Comète eurent forcés le blocus mis en place par les Siamois à « Paknam » sur le Chao Praya. Ultimatum que le roi Rama V  avait accepté sans conditions le 29 juillet et qui avait débouché sur un traité en 10 articles, signé le 3 octobre 1893 sous la menace des canonnières françaises. le Siam abandonnait sous la contrainte les immenses territoires tributaires du Laos, rive gauche du Mékong et partie de territoires de la rive droite, la  province de Sayaburi, les îles du Mékong et une démilitarisation d’une bande de 25 km le long de la rive droite qui revient à une colonisation sournoisement déguisée puisque ni troupes ni forces de police siamoises n’ont le droit d’y intervenir.  (Cf. Nos article sur Le traité de 1893  ****).

LES RELATIONS FRANCO-THAÏES EN 2016.

Le traité de 1907 avait eu droit à une présentation plus réaliste, ne cachant pas « 14 ans de négociation mouvementée » ; et l’ultimatum, signé « sous la « contrainte coloniale » des deux superpuissances franco-anglaises. Le Siam abandonnait cette fois à la France les trois provinces de Battambang, Sisophon et Siem Reap que lui avait laissé le traité de Napoléon III 40 ans auparavant.

LES RELATIONS FRANCO-THAÏES EN 2016.

Nous passerons sur l’erreur qui annonce deux visites d’Etat en 1897 et 1907 du roi  Rama V en France, alors que son second voyage de huit mois, du 27 mars au 6 novembre 1907 en Europe, était une visite privée. (Cf. Notre article  151*****)

LES RELATIONS FRANCO-THAÏES EN 2016.

Par contre ensuite, nous avions été choqués que la participation des troupes siamoises à la 1ère guerre mondiale, se réduisât à « l’honneur » qui leur avait été fait de pouvoir participer au défilé sur les Champs Elysées en 1918 (sic).

 

 (« Le Siam envoie en Europe un corps expéditionnaire, qui vaut aux troupes siamoises de défiler sur les Champs Elysées en 1918. ».) (Signalons au passage que ce défilé avec les Siamois eut lieu le 14 juillet 1919.)  Erreur ne fait pas compte !

LES RELATIONS FRANCO-THAÏES EN 2016.

Pour l’ « Entre les deux guerres », le site de l’ambassade se réjouit de la coopération militaire et « des relations culturelles étroites, dont témoigne le séjour à Paris de nombreux étudiants siamois », signalant « Pridi Banomyang, (qui) joueront ensuite un rôle très important dans le développement de la Thaïlande moderne. » L’humour n’est donc pas absent lorsque l’on sait que Pridi et Phibun seront les principaux acteurs de la Révolution de 1932 qui mettra fin à la monarchie absolue.

 

Ce sont les mêmes, tout au moins Pridi, qui lors de ce qu’il est convenu d’appeler la « résistance » à l’occupation japonaise, « résistance » qui n’a pas à son actif la moindre action militaire, laisseront, en fermant les yeux avec complaisance les parachutages massifs des anglo-américains dans la région de Sakon-Nakhon traverser le Mékong et être utilisés dans la guerre d’indépendance des indépendantistes du Laos contre les Français. N’ayons garde d’oublier Khuang Abhaiwongse, plusieurs fois premier ministre, fils du vice-roi chassé des trois provinces cambodgiennes de Battambang, Sisophon et Siem Reap rétrocédées à la France en 1907. Étroitement lié par le sang à la famille royale cambodgienne, il soutint toujours activement et ouvertement les mouvements indépendantistes anti-français.

LES RELATIONS FRANCO-THAÏES EN 2016.

Le « Pendant la deuxième guerre mondiale » est plus honnête et n’oublie pas d’évoquer les combats franco-thaïlandais et le combat naval de Koh Chang. (Cf.  ******).

 

En effet, le Siam est alors entré en guerre ouverte contre la France.  Il a certes perdu la bataille navale à Koh Chang, mais  a incontestablement gagné les opérations  terrestres et surtout au bénéfice de la pression diplomatique japonaise  puisqu’il a récupérer partie des territoires perdus, point le Laos certes mais la province de Sayaburi, enclave injustifiée sur la  rive droite du Mékong (autrement que pour de sordides motifs économiques), et les trois provinces cambodgiennes de Battambang, Sisophon et Siem Reap, un immense succès pour le Maréchal Phibun. Même après la défaite japonaise, les négociateurs siamois, issus pourtant du mouvement de « résistance » se bâtirent bec et ongle pour conserver à leur pays ce qu’ils considéraient non sans quelques raisons comme des territoires siamois. Las ! Il leur fallut céder pour que leur pays puisse être admis à l’ONU. (Cf. en note d’autres regrets.*****)

LES RELATIONS FRANCO-THAÏES EN 2016.

Ensuite pour l’ « Après la deuxième guerre mondiale » le site est peu prolixe et constate que « Les relations bilatérales demeurent ténues, même si, en 1960, Sa Majesté le Roi Rama IX et la Reine Sirikit se rendent en visite d’Etat en France » et signaler le 18 février 2006, que la visite d’État du Président (Chirac) de la République française en Thaïlande , « a constitué la première visite d’un président français depuis l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays en 1856. »

LES RELATIONS FRANCO-THAÏES EN 2016.

Curieusement le site s’arrête à cette date ! Il n’y aurait donc eu aucune relation franco-thaïe entre 1960 et 2006 ? Ni après 2006 ?

LES RELATIONS FRANCO-THAÏES EN 2016.

On peut pour le moins demander respectueusement à S.E. l’ambassadeur de France Gilles Garachon, de revoir cette présentation historique des relations franco-thaïes quelque peu tronquée, avec ses omissions, ses erreurs, et de la poursuivre au-delà de 2006. La matière ne manque pas. (Signalons que le site de l’ambassade énumère les visites bilatérales.)

 

Ce bref rappel des relations franco-thaïes (diplomatiques) aurait pu d’ailleurs commencer avec la 1ère ambassade siamoise de 1681 envoyée en France, et qui fit naufrage, suivie par une délégation siamoise comprenant le Père Vachet de 1684 et de son retour en 1685 avec la fameuse première ambassade dite de Louis XIV menée par le chevalier de Chaumont et l’abbé de Choisy, qui repartira avec l’ambassade siamoise de Kosapan qui reviendra avec la deuxième ambassade française, menée par Simon de La Loubère et Claude Céberet du Boullay en 1687, transportant 1300 personnes, dont 630 militaires commandés par le général Desfarges.).(Cf. Nos articles sur ces ambassades)

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Ce n’est donc pas faire montre d’hostilité envers le pays qui nous accueille de rappeler que les rapports entre le Siam et la France ne baignèrent pas longtemps dans l’harmonie et ont été le plus souvent conflictuelles. (Ce que S. E. l’ambassadeur voit comme « des peuples amis de longue date » !)

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Revenons à notre sujet : les relations franco-thaïes de l’année 2016, selon le point de vue de S.E. l’ambassadeur de France Gilles Garachon en Thaïlande.

 

On va bien sûr retrouver le langage diplomatique qui chacun sait, s’exprime toujours avec une hypocrisie intéressée, mais que l’on peut lire comme un code à double entente, mais qui – ici - n’épargne pas les lieux communs sur la gentillesse éternelle des Thaïlandais (On a échappé au « La Thaïlande, le pays du sourire »), le véritable attachement des Thaïlandais pour la France,

 

Un ambassadeur heureux de revenir dans ce « beau pays » et qui affiche une satisfaction très optimiste sur les relations franco-thaïes (économiques, commerciales et culturelles), malgré des résultats décevants qu’il déclare être bons.

 

Un ambassadeur sûr du rayonnement de la France, malgré le fait que la langue française a perdu son statut de seconde langue obligatoire dans les établissements secondaires en 2006, et a diminué depuis, considérablement le nombre de ses apprenants.

 

On se souvient d’ailleurs  que le prédécesseur de son excellence, Thierry Viteau, vint prononcer une allocution devant les étudiants de la section de français de l’Université de Khonkaen (nous avons bien dit de français et non de Swahéli) en  ………… anglais ! Bel exemple !

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De même, on peut être choqué que l’ambassadeur de la patrie des droits de l’homme n’ose pas faire allusion à la nature dictatoriale du régime actuel (Avec l’atteinte à la démocratie, aux libertés publiques et à la liberté d’expression), ni même nommer le chef de la junte, même en termes diplomatiques. S. E. oubliant la déclaration solennelle du Président de la République François Hollande, lors du débat d’ouverture de la 67e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le 25 septembre 2012 : « La France veut être exemplaire, non pas pour faire la leçon mais parce que c’est son histoire, c’est son message. Exemplaire pour porter les libertés fondamentales, c’est son combat, c’est aussi son honneur ». L’honneur aurait-il changé ?

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S. E est toutefois obligé  de reconnaître que ses moyens sont dérisoires et que cela limite ses actions.

 

Il est vrai qu’avec 132 bourses accordées en 2016, trois personnes au Service économique et une personne au Service culturel, on ne peut accomplir de miracles. Mais son S. E. garde le moral et reste optimiste et peut par exemple avouer que « Ces chiffres sont plutôt constants et peuvent paraître modestes mais sont considérables ». Modestes et considérables !

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Reprenons plus en détails, au fil du texte, sur les principaux éléments de son propos.

 

1/ On commence dans le déclaratif quelque peu surprenant « Ce que je voudrais retenir de cette première année, c’est justement ce véritable attachement des Thaïlandais pour la France. La France, ses valeurs, sa culture, son histoire, son art-de vivre, comptent beaucoup pour les Thaïlandais. Et c’est réciproque. ». Nous avons rappelé ci-dessus ce qu’il en était de « ce véritable attachement des Thaïlandais pour la France. »

 

2/ On reste ensuite dans les généralités, le convenu. S.E. rappelle que son objectif unique est de « promouvoir dans tous les secteurs la France et nos intérêts » avec tous les acteurs français.

 

On aurait pu s’en douter et être informé sur les objectifs chiffrés de cette promotion espérée.

 

3/ Ensuite l’ambassadeur est prudent à juste titre, signalant effectivement un contexte différent qui s’annonce avec un nouveau roi, des élections législatives prévues dans un an, dont il faudra tenir compte.

 

Par contre, le représentant du pays des droits de l’homme ne dit rien sur le régime  actuel. Les propos de Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères et du Développement international pourtant sur le site de l’ambassade semblent oubliés :

 

« La défense des droits de l’Homme fait partie de l’identité de notre pays, la France, et elle est un principe d’action de la diplomatie française. C’est pour moi, aussi, un engagement ancien et personnel. La France ne se mettra pas du côté de ceux qui voudraient mettre les violations des droits de l’Homme et le droit humanitaire entre parenthèses, sous le tapis. Le choix n’est pas entre incantation et silence complice : entre les deux, il y a un espace pour l’action, et ce que je souhaite, c’est que la France l’occupe pleinement. »

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4/ Ensuite on passe à une question claire « Quel bilan en ce qui concerne les échanges commerciaux France-Thaïlande ? »

 

L’ambassadeur est satisfait (« Certes, nos résultats sont bons») et nous informe que la Thaïlande « est notre 3ème client en Asie du Sud-Est », qu’ « environ 280 sociétés françaises emploient entre 65.000 et 70.000 Thaïlandais », « que nous avons 1.5% de parts de marché. Parmi les pays comparables, l’Allemagne, par exemple, a deux fois plus de parts de marché que nous. »

 

En fait, les résultats déclinent, si l’on en juge d’après le site gouvernemental français:

 

« Sous l’effet conjugué de la baisse très sensible de nos exportations (- 42,7% en g.a) et de la progression de nos importations (+ 4,9%), notre  taux de couverture, qui était de 110% en 2013, est ainsi redevenu négatif (60%). Après avoir été le quatorzième  fournisseur de la Thaïlande en 2013, la France n’en est plus que le vingtième en 2014. Notre part de marché s’élève à 1,06%, derrière l’Allemagne (2,3%) et le Royaume-Uni (1,2%) pour ce qui est des pays membres de l’UE. La France demeure le 27ème client de la Thaïlande.

 

« Après en avoir été le troisième en 2013, la Thaïlande est désormais le cinquième client de notre pays au sein de l’ASEAN en 2014. Le Royaume se situe derrière Singapour (5,04 Mds€), la Malaisie (2,4 Mds €), les Philippines (1,9 Mds €) et l’Indonésie (1,66 Mds €).» http://www.tresor.economie.gouv.fr/11182_le-commerce-bilateral-france-thailande-en-2014

 

Ce qui, vous l’avouerez relativise quelque peu la satisfaction affichée de notre ambassadeur. (« Certes, nos résultats sont bons»)

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D’ailleurs le journaliste considérant la réponse insuffisante le relance « Le poids commercial de la France en Thaïlande a-t-il déjà été plus important dans l’histoire de nos relations ? »  Pour apprendre qu’« Il y a eu effectivement des périodes où l’indice était plus élevé, notamment les années où la France a vendu des avions à la Thaïlande, mais globalement, nous oscillons entre 1.3 et 1.6% de parts de marché. »

 

5/ « Compte tenu des changements que connait la Thaïlande actuellement, quelles orientations l’ambassade privilégie-t-elle pour favoriser ce développement ? »

 

On remarquera que S.E. ne rebondit pas sur la nature de ces « changements » (Dictature, répression, pays divisé, opposition réprimée, atteinte à toutes les libertés publiques, etc) mais préfère rester sur les priorités qui sont d’ailleurs fixées par les autorités thaïlandaises (« à savoir l’énergie, les transports, l’espace, la santé, les villes nouvelles »), sans nous dire quel le rôle joué par l’ambassade si ne n’est  «l’ambassade est là pour appuyer solidement nos entreprises ». On aurait aimé ici savoir ce qu’il faut entendre par « appui » ; et ce qui est en cours au-delà d’un accord « envisagé » « entre le MEDEF et les organisations thaïlandaises équivalentes ».

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Ensuite l’ambassadeur oublie la question pour nous présenter de façon quelque peu trop générale les secteurs d’investissement de la Thaïlande, sans donner une idée de leur importance : ses infrastructures (le développement de l’aéroport de Suvarnaphum, mais aussi les nouveaux projets de chemins de fer, d’autoroutes, et le fameux corridor est-ouest) ; « l’éducation et l’innovation. C’est le fameux slogan «  Thailand 4.0 ».  Avec pour ce secteur un curieux « Là aussi, la France peut aider ». En quoi ? Comment ?

 

Son S.E. aurait pu signaler qu’ outre  le Service d’action culturelle et de coopération de l’ambassade et une Alliance française à Bangkok, il existe trois annexes en province (à Chiang Mai, Phuket et Chiang Rai),  et les centres de recherche (Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine, Institut de recherche pour le développement, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, Ecole française d’Extrême-Orient), sur le Centre d’innovation franco-thaïlandais, le programme de coopération Hubert Curien « SIAM » et les programmes régionaux BIO et STIC Asie.
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6/ « En ce qui concerne la coopération culturelle et scientifique ? » Suivi ensuite par « La France forme-t-elle davantage de Thaïlandais qu’avant, dans les différents secteurs ? »

 

Outre les « Nous développons des coopérations dans tous les secteurs : artistiques, culturels, linguistiques avec l’enseignement de la langue française, et aussi dans les domaines scientifiques et universitaire » et « A travers la formation des nouvelles générations, nous renforçons les relations d’amitiés et la compréhension mutuelle entre nos deux pays. », qui ne coûtent pas cher ; S.E. l’ambassadeur se trouve obligé de constater « La contrainte des moyens » qui limite les actions :

 

 132 bourses pour 2016 est un chiffre modeste (mais il dit « peuvent paraître modestes mais sont considérables compte tenu des secteurs et de l’excellence de la sélection ») ; « que la langue française a perdu son statut de seconde langue obligatoire dans les établissements secondaire en 2006, le nombre d’apprenants a mécaniquement diminué au bénéfice de l’anglais, du chinois et depuis peu d’autres langues asiatiques. »

 

Mais S.E. l’ambassadeur est plutôt satisfait avec «  plus de 40.000 apprenants, répartis entre le secondaire, le système universitaire et l’Alliance française » (et « plus de 8.000 inscriptions par an dans les Alliances françaises.)   précisant : « Ces chiffres restent élevés. » 

 

De même pour le nombre de francophones en la Thaïlande, qu’il estime à environ 550.000 francophones, (0.8% de la population contre 0,7% pour le Vietnam, précise-t-il) et qui est -pour lui- « un beau résultat qui nous encourage à renforcer encore nos actions en faveur de l’enseignement et de la promotion de la langue française. ».

 

Il aurait été bien d’apprendre ce que S.E.  entend par « renforcer nos actions »  après avoir reconnu précédemment « la contrainte des moyens  qui ont limité les actions. »  

 

S. E. préfère encore en rester au « rayonnement de la langue française (…) assuré par un réseau extraordinairement dynamique d’universités en Thaïlande avec des départements de français performants et des alliances françaises, à Bangkok et en province, présentes depuis déjà très longtemps. » Avec le sentiment qu’«  aujourd’hui encore, la maîtrise du français procure un prestige intellectuel auprès des plus hautes instances thaïlandaises ». (sic) 

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Rayonnement ! Extraordinairement dynamique ! Performants !

 

Et tout cela avec une seule attachée culturelle  pour le Français au service culturel  de l’ambassade. Cela tient du miracle ! On a hâte alors d’apprendre :

 

7/ « Où en est-on de la politique culturelle de l’ambassade ? »

 

Son S. E. ne va pas faire dans la dentelle : « C’est un axe fort de notre présence en Thaïlande. Pour moi, la politique culturelle, c’est l’identité de la France (…) notre ADN ».

 

(Ce  n’est pas faux, mais ce n’est exclusif. Pour d’autres, comme nous l’avons dit,  le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, « La défense des droits de l’Homme fait partie de l’identité de notre pays, la France »).

 

Donc pour S.E., « L’identité de la France » s’exprimera par des « manifestations emblématiques », « focaliser avec les milieux d’affaire français et les partenaires thaïlandais » (Lesquelles ?) et par celles désormais connues depuis 2003 sous le concept de « la Fête », mais qui va désormais avoir lieu toute l’année. Il aurait pu –  ici-donner des exemples.  

 

Il est envisagé  de recréer et de développer un festival de cinéma à l’Alliance française qui dispose maintenant d’une projection numérisée. (« Ce serait l’opportunité de présenter certains des films les plus marquants de l’année à un public qui n’a pas la possibilité de les voir, puisque pas assez de films français sortent en salle. Les films seraient sous-titrés en thaï pour que le public thaïlandais soit pleinement associé à cette manifestation »)

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Et en province ?

 

C’est un enjeu, dit-il.  « C’est un enjeu universitaire, artistique et politique d’être présents aussi en dehors de Bangkok, d’autant que notre communauté française est partout dans le pays. » Mais S. E. ne cite  que « La nuit des galeries » présentée à Chiang Mai  l’année dernière.

 

Il est vrai que c’est un enjeu et que la communauté française est partout dans le pays, mais le sentiment actuel vécu par cette communauté hors de Bangkok, est le plus souvent d’être considérée comme des expatriés de seconde zone. D’ailleurs S.E. ne fait aucune allusion aux associations de Français qui se sont formées dans le pays.

 

Il est vrai que S.E. a une haute idée de la communauté française qu’il définit ainsi:

 

« Nombreuse, diversifiée, attachée à ses racines tout en s’intégrant dans son pays d’accueil (…) notre plus belle ressource en Thaïlande ».et qui –bien sûr- se voit comme les dignes héritiers de ceux qui depuis 160 ans se sont engagés auprès des Thaïlandais amoureux de la France pour que notre pays ait ici une place particulière. »  Un beau portrait certes : racines, intégré, héritier, engagé !

 

Et « Enfin », dit-il, « célébrer le 160ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques franco-thaïlandaises » ….. lors d’une réception à l’Ambassade. (Où bien sûr la communauté française sera invitée ?)

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Mais que va-t-on célébrer ?

 

Si effectivement, fut signé le 15 août 1856  un « Traité d’amitié, de navigation et de commerce » qui  instaurait entre autre, la « paix perpétuelle » entre l'Empire français et le royaume du Siam et décidait de l’établissement de  relations consulaires.

 

La suite fut moins amicale et le roi Rama IV dut subir une série d’affronts de la part de Napoléon III qui ne le remercia pour les présents luxueux envoyés, et qui ne daigna même pas répondre à sa demande d’envoi d’une ambassade thaïe en France. Il fallut attendre 1859 pour que le comte de Castelnau, devienne le premier occupant du consulat de France au Siam et le 27 juin  1861 pour que Napoléon III reçoive officiellement l’ambassade thaïe au château de Fontainebleau. (Cf. Notre article 131.******)

 

Il faudra également attendre 1887 pour que le Consulat devienne une Légation et 1949 pour que celle-ci soit élevée au rang d’ambassade, avec M. Marchal nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française à Bangkok. (Décret du 11 mai 1949).

 

Cela pour l’aspect formel, en se rappelant qu’après 1856, les relations franco-thaïes furent plutôt conflictuelles pendant la période coloniale et lors de la 2ème guerre mondiale et  fort ténues ensuite. (Cf. « Notre » histoire et nos relations franco-thaïes en racontent les principaux événements.*******)

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L’interview se poursuit  avec cette question : « Vous étiez en poste à Bangkok entre 1999 et 2003 en tant que deuxième conseiller, comment retrouvez-vous aujourd’hui cette Thaïlande que vous avez connue il y a 15 ans ? »

 

Si vous comptiez sur une réponse objective et profiter d’une bonne observation de la situation du pays, passez votre chemin, car pour S. E. :

 

« Politiquement, la situation n’est pas la même, mais je retrouve des constantes : la gentillesse des Thaïlandais et la beauté du pays, l’amitié franco-thaïlandaise. Le formidable patrimoine de sympathie dont je parlais au début de notre entretien s’est même développé. » (sic)

 

 « La gentillesse ! La beauté ! L’amitié ! La sympathie réciproque accrue ! ». Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, comme aurait dit Pangloss. Mais nous ne sommes pas tous candides.

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Après tout chacun a sa vision de la Thaïlande et des Thaïlandais, mais «  il n'y a point de pires fléaux pour l'amitié que les molles caresses, l'adulation, et la flatterie. » (Ambroise Rendu, « Traité de morale »,1834)    

 

Nous apprécions la Thaïlande et les Thaïlandais, mais en citant Jean François Laharpe, il faut se rappeler qu’ « on affaiblit toujours ce qu’on exagère ».

 

Maintenant, il n’appartient qu’à vous, de lire l’interview et d’exprimer votre opinion, et de nous blâmer, si vous le jugez bon, sachant que « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ; et qu’il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. » (Beaumarchais)

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*Propos recueillis par Pierre QUEFFELEC

(http://www.lepetitjournal.com/bangkok) vendredi 18 novembre 2016.

 

« Arrivé en poste il y a un an après un premier passage entre 1999 et 2003, l’ambassadeur de France à Bangkok, Gilles Garachon, revient sur cette première année riche en événements historiques qui marque un tournant dans l’histoire de la Thaïlande et ouvre de nouvelles perspectives dans les relations bilatérales. »

 

**21. Les relations franco-thaïes : Une lecture  critique de la présentation historique « officielle » de l’ambassade de France de Bangkok des relations franco-thaïes. http://www.alainbernardenthailande.com/article-21-les-relations-franco-thaies-une-lecture-critique-65161247.html

 

***    http://www.ambafrance-th.org/-Relations-franco-thailandaises-

 

**** II – LE PROCÉS : JUSTICE DES VAINQUEURS OU JUSTICE  DE CONCUSSIONAIRES ?

 http://www.alainbernardenthailande.com/2016/10/h-2-l-incident-de-paknam-du-13-juillet-1893.html

 

 24. Les relations franco-thaïes : Le traité de 1893

http://www.alainbernardenthailande.com/article-24-les-relations-franco-thaies-le-traite-de-1893-66280285.html

 

***** http://www.alainbernardenthailande.com/article-151-introduction-aux-lettres-du-roi-chulalongkorn-envoyees-d-europe-en-1907-in-klai-ban-loin-du-f-124500150.html

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****** Nous aurions aimé aussi que S.E ait un mot, un seul, pour les Thaïs massacrés en 1941 au prétexte de leur religion catholique qui les ont fait considérer comme des espions français, les « martyrs du Siam » et peut-être aussi pour les  ravages causés à la même époque par des nervis irrédentistes plus ou moins manipulés par Phibun dans les locaux du consulat de France à Chiangmaï et au domicile du consul, Camille Notton qui avait eu le courage malgré la guerre de ne pas quitter le pays, quelques dizaines d’années d’un immense travail d’érudition parties en fumée.

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Nous aurions aimé que S.E. ait un mot, un seul, sur les trois bataillons de volontaires thaïs de la légion étrangère dont la conduite héroïque lors de la bataille de Dien-Bien-Phu a suscité l’admiration de leurs frères d’armes, tous morts au combat ou disparus dans les camps viets.

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Nous aurions aimé aussi et enfin que S.E. prononce quelques mots sur les litiges frontaliers issues directement de la colonisation occulte, du traité de 1893 et de celui de 1907 qui, quoiqu’on en pense ne sont pas définitivement éteints :

 

– La question de la limite frontalière avec le Laos, 1754 kilomètres de long, fluviale dans sa plus grande partie, a donné lieu à « la guerre des collines » et, après que le  sang eut coulé en 1987-1988, à la constitution d’une « commission mixte » dont les travaux ne sont pas, à notre connaissance, terminés…Il resterait encore 10 % du travail à faire.

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- La question de la limite frontalière avec le Cambodge sur la chaine des Dangreks, celle du temple de Preah Vihar dont nous avons longuement parlé. Le sang a également coulé. En 1962 devant la Cour de Justice  internationale de la Haye un procès ouvertement manipulé opposant la Thaïlande au Cambodge ayant en réalité chaussé les bottes de la France coloniale attribue au second la propriété d’un temple qui n’était alors accessible que depuis la Thaïlande. La question n’est pas à ce jour définitivement réglée.

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Ces deux flous non artistiques sont la conséquence directe des travaux des géographes français (des officiers de la  Légion étrangère) ayant conduit les opérations de délimitation de façon non-contradictoire en application des traités de 1893 et de 1907. Ils ont travaillé « à la godille », sans arrière-pensées évidement mais sans s’inquiéter des conséquences futures. Les nationalistes thaïs continuent encore à nous le reprocher.

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Nous n’avons enfin pas non plus droit à un seul mot sur l’irritante question (pour les Thaïs) des  « protégés français » dont nous avons parlé à diverses reprises, véritable colonisation de l’intérieur, dont le Siam ne réussit à se débarrasser malgré sa participation plus ou moins symbolique à la guerre de 1914-1918 que guère avant la guerre suivante : Des dizaines de milliers de Siamois originaires des territoires dorénavant soumis à la domination française, Khmers, Laos et Indochinois, Indous de nos comptoirs, puis ensuite les Chinois, placés de façon souvent fallacieuse sous la  « protection » française avec la complicité active des agents  consulaires échappaient totalement à la juridiction civile, commerciale, fiscale et militaire de leur pays. Ceci répondait au vœu du très puissant « parti colonial » qui a toujours souhaité la colonisation effective du pays. Même les Anglais dont la colonisation a généralement et partout été immonde ne sont pas allés jusque-là.

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lI ne s’agit pas  pour nous de faire de l’ « auto flagellation » ni de solliciter le moindre « acte de repentance ». Les populations du Laos et du Cambodge furent initialement satisfaites de ne plus subir la tutelle siamoise avant de s’apercevoir que celle de la France ne leur avait apporté ni liberté, ni égalité ni fraternité. L’affirmer n’est pas justifier ce qui s’est déroulé par la suite, pas plus en Asie qu’en Afrique.

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Pour une vision critique sur les droits de l’homme en Thaïlande depuis 2015, on peut lire le rapport « du bureau de la démocratie de l’U.S. Department of State :

http://www.state.gov/j/drl/rls/hrrpt/humanrightsreport/index.htm?year=2015&dlid=252803#wrapper

Bureau of Democracy, Human Rights and Labor Country Reports on Human Rights Practices for 2015
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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 04:01

vignetteglamottepicquet-croiseur7732Alors que « Le petit Journal » du 16 janvier publie une interview de Éric Miné, l’auteur du livre "Koh Chang la victoire perdue", il nous a semblé intéressant de republier notre article sur cette bataille navale en cette 72 ème année d’anniversaire : 

 

Le 17 janvier 1941 au cours de la  2 ème guerre mondiale a lieu la "Bataille Navale de Ko Chang". Il est écrit dans les livres d’ histoire thaïe que « Les Thaïs remportèrent la victoire . Le 17 janvier est fêté chaque année pour commémorer les héros navals qui sacrifièrent leurs vies pour protéger leur pays. » .

 

monument


Nous vous proposons une version française :


En 1938 le futur maréchal Phibun Songgram, ancien élève des écoles militaires françaises, devint Premier ministre et instaura un régime autoritaire caractérisé par un nationalisme ouvertement impérialiste. Une doctrine «panthaïe» incarnée par l’idéologue Luang Vichiter Vadhakarn inspirait l’action du nouveau gouvernement qui revendiquait le rattachement à la couronne de tous les territoires habités par des peuples de race ou de langue thaïe, ainsi que les terres sur lesquelles le roi de Siam avait ou aurait jadis exercé des droits de suzeraineté.


Pibul


La cuisante défaite française due aux carences du personnel politique de la IIIe République paraissant alors irrémédiable, avait donné des ailes aux revendications du gouvernement thaï.  Le vieux monde est en train de s’écrouler sous les coups de butoir du nouvel ordre européen, le prédateur japonais est en embuscade. L’imitation des fascismes européens donne des ailes au feld-maréchal. Le cabinet de Bangkok s’était jusque-là montré très prudent dans ses relations avec les puissances coloniales anglaise et française qui exerçaient leur souveraineté aux frontières du royaume mais la montée en puissance de Tokyo et l’effondrement des Occidentaux sous les coups allemands, allaient donner du carburant à l’arrogance des généraux siamois. C’est ainsi que le pacte d’amitié et de non-agression, conclu le 12 juin 1940 entre Paris et Bangkok, fut dénoncé par les Siamois au prétexte que la France n’acceptait pas de reconnaître à la Thaïlande (nouveau nom adopté par le pays) «des frontières naturelles indispensables au peuple thaï en cas d’attaque». La France devait «restituer» à la Thaïlande ses deux protectorats du Laos et du Cambodge. Pas moins ! Le pouvoir pan-thaïe s’efforçait de mobiliser son opinion publique et publiait un «livre blanc» récapitulant les actes hostiles commis par la France et énumérait les territoires que cette dernière avait arrachés à la mère-patrie. Pour appuyer ses revendications, le pouvoir en place à Bangkok se livra à quelques gesticulations militaires : incursions terrestres et aériennes, incidents sur les incidents sur le Mékong, fleuve frontière avec le Laos. Des gesticulations que Pierre Boulle (voir les références bibliographiques) décrit avec humour.

 

La presse franco-indochinoise de l’époque raille Phibun, ce « maréchal d’opérette » qui n’a pas, comme le nôtre, gagné son bâton face à l’ennemi. Mais ce maréchal a une armée équipée par le Japon et l’Italie, peut-être aussi des mercenaires belges, habiles pilotes de chasse dans une aviation moderne, et ouvertement affiché un désir de revanche face aux « traités inégaux » conclus avec les puissances coloniales.


Face à lui, un vieux maréchal qui, aux dires de son médecin, le docteur Ménétrel, n’est « lucide que le matin ». Le destin de l’Indochine française est entre les mains de l’Amiral Decoux. Il a gagné ses étoiles pendant la première guerre et entre les deux. Il remplace comme Gouverneur le général Catroux, favorable à ce qu’on appelait alors « la dissidence ».


Une guerre franco-thaïe a-t-elle un sens sous ces tropiques  Une colonie où la France n’est pas chez elle dit-on à Bangkok, L’Indochine est française dit-on à Saigon. Cette guerre incongrue offre pourtant à la France la seule victoire navale des deux guerres, flotte contre flotte, dont les artisans resteront toujours des pestiférés, aucun navire français ne portant fièrement sur ses flancs le nom de Koh Chang.

 

Les sources thaïes et les sources françaises se renvoient la responsabilité des affrontements ayant conduit au déclenchement des hostilités ?

Fabienne MERCIER-BERNADET  (article paru dans la très savante Revue historique des armées, n°223, 2001) insiste sur la responsabilité des Thaïs dans cette guerre d’escarmouche. « Le conflit franco-thaïlandais (juin 1940-mai 1941), une manipulation japonaise ? » titre-t-elle, pour conclure in fine que le point d’interrogation était de trop.
La radio de Bangkok multiplie en tous cas les invectives sur les ondes.
Pierre Boulle se retrouve à Savannakhet et ne fut pas impressionné par les  « gesticulations », petites bombes thaïes qui ne font aucun dégâts pas plus que n’en font les Potez français qui bombardent l’autre rive du Mékong. Les Thaïs invoquent de leur côté un bombardement ravageur de Nakhon Phanom ?

Le site officiel du Ministère de la marine français décrit d’abondance la bataille navale. Je le présume impartial. Celui du Ministère de la marine thaïe aussi, je le présume également impartial ! Chacun accuse l’autre.

Il est apparu en tous cas évident à Decoux que la Marine siamoise allait entrer en action. Pour mettre fin aux « agressions » siamoises, il décide de frapper la Thaïlande au moyen d'une offensive et charge l'amiral Jules Terraux et le capitaine de vaisseau Régis Bérenger de cette mission. Ses ordres étaient simples et brutaux « rechercher et détruire les forces navales des siamois ».



Cette opération contre la marine siamoise aboutira au combat de Koh Chang. L’armée du Laos a reçu ordre de faire diversion en engageant en même temps un fantastique tir d’artillerie sur plus de 100 kilomètres le long du Mékong, et faire le plus de bruit possible avec de vieilles automitrailleuses pour donner aux Siamois l’impression que quatre divisions de panzer vont fondre sur leur pays. Pierre Boulle s’en donna à cœur joie !

Les parties sont au moins d’accord sur les forces en présence.

 

CARTE 001


Côté Siamois


Toute la marine thaïe est là :

Deux garde-côtes cuirassés (un seul disent les thaïs), dix torpilleurs, deux avisos, quatre sous-marins et deux mouilleurs de mine. Ce ne sera pas un jeu d’enfants.

 

Côté français


Les forces navales d’Indochine. Le croiseur Lamotte-Picquet de 8000 t, deux Avisos coloniaux, le Dumont d'Urville et l'Amiral Charner de 1970 t chacun, et deux avisos, le Tahure et le Marne respectivement  650 et 700 tonnes.


la motte piquet


La Marine siamoise à Koh Chang possède une supériorité écrasante sur la division navale française d'Indochine, en tonnage (16.600 tonnes contre 12.500 pour la France) et en hommes (2.300 contre 950).

Ses bâtiments ou tout au moins certains d’entre eux sont récents, japonais ou italiens. La flotte française est âgée, nos marins ne connaissent pas les côtes siamoises mais ils savent que les fonds sont dangereux. L'issue du combat est aléatoire.


L'engagement

Bérenger décide de concentrer ses forces sur Koh Chang.

Le 17 janvier à 5 h 45, l'ordre d'attaque est donné, l'action commencera à 6h15.  Le temps est magnifique, nos bateaux se profilent sur un horizon dégagé, l'ennemi se fond dans la grisaille du petit matin.

 

 

a la passerelle 01


Les Siamois ouvrent le feu à 6 h 14 avec des pièces de 203. Les deux sections d'avisos ripostent immédiatement. Les premiers coups, tirés à 12500 m. par les avisos coloniaux sont longs mais essentiels : Ils détruisirent un poste d'observation situé à terre et relié téléphoniquement à Chantaboun.

Le croiseur Lamotte ouvre le feu avec des pièces de 155 à 6h19, à 10000 m des bâtiments siamois, à 6 h 20, il lance ses torpilles, il ouvre le feu avec des 75 à tir rapide. Quelques minutes plus tard, il concentre tout son feu sur un second torpilleur, le premier ayant été détruit aux premiers coups de 155.


Quelques minutes plus tard encore nos avisos se rapprochent de l’ennemi, concentrent leur feu sur les torpilleurs. Deux se retrouvent la quille en l'air, le troisième explose. Nos marins voient une colonne de fumée de trois ou quatre cents mètres. Il ne reste plus rien sur rade. La première phase de l'engagement est terminée. Le croiseur Lamotte reprend la direction du mouillage. Béranger demande aux avisos de porter le coup de grâce aux torpilleurs,

A 6 h 38, il aperçoit à 4000 m un garde-côtes faisant route au nord-est et l’attaque engage immédiatement au 155. C'est le fameux Dombhuri. Il navigue en zigzag entre les îles pour tenter de dérégler le tir des français. Ses tirs sont lents mais précis.

 

Le croiseur Lamotte évolue difficilement, ses hélices brassent la vase. Il ne peut plus se hasarder sur des fonds inconnus. Bérenger décide donc de revenir à l'ouest. Le Dombhuri est en flammes, il cherche à se cacher derrière les îlots mais à chaque apparition, le croiseur reprend le feu.

 

agonie du Dom

A 7 h 50, le CV Bérenger ordonne le repli ne pouvant poursuivre le Dombhuri dans les eaux peu profondes où il s'est réfugié et on craint une riposte aérienne qui n'aura pourtant pas lieu

A 8 h 58, toutefois un biplan Vought Corsair lâche deux bombes sur le croiseur. A 9 h, une bombe manque l'Amiral Charner. Jusqu'à 9 h 40, quelques avions apparaissent, cherchent à profiter du soleil mais sont accueillis par la défense anti aérienne et les oblige à prendre la fuite.


Bilan


Le bilan en trois heures de combat est dramatique du côté siamois.

 

Deux torpilleurs coulés, l'un d'eux, légèrement atteint, a pu prendre la fuite. Le Dombhuri a coulé en feu. 40 % du tonnage de leur flotte de combat. Les pertes en hommes sont effroyables, 82 survivants seulement sur les quatre bâtiments ; un tiers de la flotte de guerre siamoise hors de combat pour longtemps.

Côté français, on ne déplore aucune perte, ni en hommes ni en matériel. Pour les Thaïs, les pertes en hommes ont été minimes, 36 morts, les Français cachent à la fois la mort de leurs hommes et les très importants dégâts que leur artillerie aurait porté à au moins deux bâtiments français. C’est en tous cas ce que martèle Radio Bangkok face à radio Saigon.


Trois raisons ont contribué à la victoire de Koh-Chang :


• Un stratège de génie, le CV Bérenger : Lorsque les spécialistes (dont je ne suis pas) examinent les choix du commandant, ils admirent sa lucidité et son bon sens dans la simplicité, difficile dans le feu du combat.

• Nos équipages sont enthousiastes et surentraînés. La marine n'a pas subi comme nos troupes de terre et d'air, la déroute du printemps 1940. Leur esprit de combativité est intact.

• Un hasard bénéfique les premiers obus détruisent le poste de guet terrestre relié téléphoniquement à la base ennemie, retardant de ce fait l'intervention de l'aviation siamoise qui eut été gênante en plein combat naval. Par ailleurs, autre coup du sort heureux du croiseur Lamotte qui tua le Commandant du Dombhuri et ses seconds dés les débuts de l'engagement.


Le retour à Saigon-Cholon est triomphal.


L’hebdomadaire « Indochine » tire le 1er février un numéro spécial. Question posée à un marin, « succès facile ? » « Succès total mais non pas succès facile, les Siamois se sont bien battus, ils ont bien manœuvrés, ils se sont bien servi de leur matériel. Ajoutez que leurs torpilleurs étaient modernes et rapides ». Le journal y ajoute de multiples photographies des bâtiments en flamme et ironise sur les « mensonges de Radio Bangkok »

Ne retenons de cette bataille gagnée mais inutile que l’ordre du jour de Béranger à ses troupes le lendemain pour les féliciter et louer aussi le courage des marins siamois.

 

koh chang 008 copy


Les Siamois font de même. Des deux côtés on distribue les médailles à la pelle. On reste chevaleresque d’un côté comme de l’autre.

 

DECORATIONS 004


La situation politique ne permettra pas au Gouvernement de l'État français de tirer le moindre profit de ce brillant fait d'armes, mais c'est une toute autre histoire de gagner une bataille et de perdre une paix. C’est terminé, un armistice est signé, le Japon tire les ficelles, nous cédons aux Siamois à peu près tout ce qu’ils voulaient. Des croix de guerre sont aussi distribuées à la pelle à l’armée du Laos.

On peut voir à Trat le monument « aux mort siamois du 17 janvier 1941 pour la défense de la Patrie ».

 

trat information02

 

Une pensée pour ces marins thaïs morts courageusement pour rien. Le 19 janvier 1941, radio Saigon salue le courage de ces marins au cours d’une bataille épuisante... Une cérémonie à leur mémoire a lieu tous les 17 janvier à Trat.

On pouvait voir à Saigon cette plaque actuellement au musée du fort Montbarrey à Brest.

 

Plaque Koh Chang


Vous pouvez, si cela vous amuse, trouver un « wargaming » appelé Wargaming Koh Chang, je ne vous dit pas où, car je trouve cela du dernier mauvais goût. Origine américaine évidemment.

 

 

_______________________________________________________________

 

Sources françaises


http://www.netmarine.net/bat/croiseur/lamotte/kohchang/, (site officieux du Ministère de la marine)

http://patrianostra.forum-actif.eu/t1909-le-comment-de-la-guerre-franco-thailandaise#23390 (site officieux de la légion étrangère)

Pierre Boulle, « Aux sources de la rivière Kwaï », Julliard, 1966, ISBN 2 266 00968 0.  

Fabienne MERCIER-BERNADET Revue historique des armées, n°223, 2001) « Le conflit franco-thaïlandais (juin 1940-mai 1941), une manipulation japonaise ? »
« Maréchal » numéro 201, 2001, « une guerre oubliée : le conflit franco-thaïlandais », une revue « maréchaliste » contenant des articles de fond souvent fort sérieux.
Sources thaïes

http://www.navy.mi.th/navalmuseum/002_history/html/his_b23_gauchang_thai.htm (site apparemment officiel de la marine thaïe)

th.wikipedia.org/wikiการรบที่เกาะช้าง

http://www.btinternet.com/~david.manley/naval/genquar/kohchang.htm

http://www.bloggang.com/mainblog.php?id=skyman&month=26-01-2007&group=2&blog=1 

 

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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 03:09

 

colonisation-gauche-droite1La Thaïlande n'a jamais été colonisée ?

Vous en êtes sûr ?

Relisons donc le traité franco-siamois de 1907 

Nous avions déjà évoqué dans le cadre de notre « histoire » des « relations franco-thaïes » le traité du 23 mars 1907 :

http://www.alainbernardenthailande.com/article-27-les-relations-franco-thaies-1907-67452375.html Nous avons pensé qu’il méritait une lecture plus attentive pour nous interroger sur cette conviction siamoise souvent brandie « Nous n’avons jamais été colonisé » ! 

J’en ai sous les yeux le texte officiel en sa version française. Ce n’est pas innocent,  c’était une obligation (qui m’évite en outre de douloureux efforts de traduction). Ce traité prévoit en effet (tout comme celui de 1893) en son article XV qu’en cas de difficultés d’interprétation, seule la version française fera foi ! (ce qui m’évitera de douloureuses exégèses sur  le texte thaï).

 

Disposition anodine ? Je suis loin d’en être convaincu. Dans des discussions annexes au traité de 1893, un protocole passé entre le Ministre siamois des affaires étrangères, le prince Devawongsee et notre plénipotentiaire le Myre de Vilers (« fils spirituel » de Pavie) relatif à la création de « commissions mixtes », « son Altesse royale demande ce que veut dire le mot mixte ». Parfaitement francophone certes, mais peut-être cependant pas au point de comprendre toutes les subtilités sinon les vices de notre langage diplomatique !

calvin langage

 

Le Myre lui fit une réponse de jésuite mais là n’est pas notre propos. C’est tout simplement – à mon humble avis – la preuve formelle que les traités frontaliers, déjà rédigés sous la menace des canonnières, ont été rédigés sinon imposés par des Français qui parlaient français face à des Siamois qui ne le comprenaient pas aussi bien qu’ils auraient dû le comprendre !

 

Revenons sur quelques dispositions intéressantes de ce traité :

 

1) Les rectifications frontalières 

 DANSAI 2

En vertu du traité de 1893, le Siam avait renoncé à toute revendication sur la rive gauche du Mékong mais les Français s’étaient attribués sur la rive droite le district de Dan- Saï au motif fallacieux que – quoique situé sur la rive droite – il dépendait ou avait dépendu de la principauté de Luang Prabang. Il est rendu au Siam.

Vertu des mots, la France ne « restitue » pas, elle « cède » comme si ce district avait été peuplé de gaulois depuis la nuit des temps, nuance que le Prince Devawongsee a bien dû comprendre mais il lui a fallu avaler la couleuvre.

Quel intérêt les Français pouvaient  trouver à Dan-Saï ?

Dansai

Cet amphoe de la province de Loei a aujourd’hui une superficie de 1700 kilomètres carrés, une population de 50.000 habitants, 10 tambons et 98 villages. A l’époque, probablement 5.000 habitants et aucun intérêt autre que touristique (aujourd’hui, mais évidemment pas en 1893) et certainement pas stratégique ? C’était un trou à rats.

La retrocession au Siam du district de Trat (mais nous ne sommes plus en Isan) curieusement baptisé « Kratt » dans le traité (je suppose que le Prince Devawongsee avait tout de même compris ?) tout comme son appréhension par la France en 1893 reposait par contre sur des motifs stratégiques. Là aussi, la France ne « restitue » pas, elle « cède » comme si Trat avait été « provincia gallica » depuis Jules César.

Le retour de ces territoires à la mère patrie siamoise a évidemment une contrepartie, la reconnaissance par le Siam de la souveraineté de la France sur les territoires cambodgiens de Battambang, Siamrep et Sisophon.

 

Pourquoi ces palynodies diplomatiques alors que tout aurait pu et dû être règlé après la « guerre » de 1893 ? « A cause de notre ignorance d’abord, de notre insouciance ensuite.. » (Annales de géographie, 1907, tome 16 n° 87). Il a donc fallu 15 ans aux diplomates français pour savoir que Dan-Saï, peuplé exclusivement de Siamois, était bien siamois et non lao, que Tratt était bien terre siamoise peuplée exclusivement de Siamois et que les provinces à nous cédées étaient bien khmères et non siamoises ?

 

Bigre, voilà qui éclaire d’un jour nouveau l’actuel litige frontalier entre la Thaïlande (qui chausse les bottes du Siam) et le Cambodge (qui chausse celles de la France). Le traité frontalier de 1893 a été conclu en français entre des Français « ignorants et insouciants » et des Siamois qui ne comprenaient pas parfaitement le français ?

Le Prince Devawongsee a obtenu, en sacrifiant les provinces cambodgiennes sur lesquelles les droits historiques du Siam étaient fuligineux, la disparition de ces deux épines plantées dans la chair du Siam. Ce fut  pour lui un énorme succès diplomatique :

 

2) Le « privilège de juridiction ».

 

Depuis le traité de 1856, revu en 1893 et « amélioré » en 1904, Français (bien sûr) mais aussi Annamites, Laos,  Cambodgiens et Chinois installés au Siam et venant se faire inscrire dans nos consulats comme « protégés » bénéficiaient d’un « privilège de juridiction » c’est à dire en clair qu’ils échappaient (tout simplement) aux tribunaux siamois, que ce soit pour un meurtre ou une faillite, pour tomber sous la juridiction « consulaire » (des consuls de France) ou sous celle de « commissions mixtes » (le mot mal compris du Prince), plus clairement paritaires, moitié siamois, moitié français mais avec prépondérance du Consul de France qui a droit d’ « évocation », donc « mixtes » mais non « paritaires » ! En outre, les Siamois n’ont aucun droit de contrôle sur l’établissement de la liste des Siamois qui viennent se placer sous notre « protection ». C’était le fruit de la pression conquérante de la France. C’est peu de chose me direz-vous ? Il y a, en 1907, 30 Français inscrits consulaires, il y en avait 6 en 1906, il y en aura 200 en 1910. Les « protégés » inscrits consulaires de nos protectorats (annamites, laos et khmers) sont environ 15.000.

C’est déjà beaucoup, nous ne sommes en 2010 que 10.000 français inscrits consulaires (qui ne bénéficient en réalité d’aucun privilège et d’une protection inexistante). Le Siam a, à cette époque, environ 6 millions d’habitants, il y en a ou en aurait 600.000 à Bangkok dont « presque » la moitié sont ou seraient des Chinois. Et bien 200.000 chinois (je dis bien...) s’en sont donné à coeur joie et se sont placés en toute connaissance de cause sous notre « protection consulaire ». Ce ne sont que 3 % de la population peut-être mais (probablement sinon plus ?)  ceux qui contrôlait 90 % du commerce siamois, qui échappait ainsi totalement à la juridiction siamoise.


La juridiction des consuls de France valait-elle mieux que celle des tribunaux siamois ?

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Imaginons, par simple comparaison, que 3 % de la population française d’origine allogène (il y en a en réalité probablement 10 %) échappe à nos tribunaux pour se faire rendre justice par le Consul d’Algérie ou celui du Mali ou celui d’Italie ou celui d’Arménie ? Imaginons que le Consul d’Algérie considère que l’un de ses ressortissants a été mal jugé par nos tribunaux et « évoque » l’affaire devant sa propre juridiction ? Mieux vaut en rester là.  

 

Ce n’est là que l’aspect visible de l’iceberg, mais lorsque je lis ou entend en permanence que la Thaïlande, a sa « spécificité » parce qu’elle n’a jamais été « colonisé » et bla bla bla, et bla bla bla, et bla bla bla, je reste songeur..... Ce ne fut pas la colonisation des Espagnols aux amériques (heureusement pour les Siamois) ni celle des Anglais aux mêmes amériques (pas de peaux- rouges à fusiller ici puisque les Siamois sont jaunes) mais combien plus sournoise et plus insidieuse.

 

Il est patent que ces traités sont des traités inégalitaires au sens que le droit international donne à ce concept, et ont été conclu sous la menace :


En 1893 le Roi du Siam dispose d’une armée de 12.000 hommes et le corps de sa garde personnelle, 600 hommes à pied et 300 à cheval.

cavalerie

Les effectifs d’une division, alors qu’à la même époque la France a un demi-million d’hommes sous les drapeaux, incorporés dans 20 corps d’armée comprenant chacun plusieurs divisions. La marine thaie comprend 2 corvettes de 2000 tonnes et 8 canons, 3 canonières de premère classe  (1250 tonnes et 17 canons), 4 canonières de deuxième classe (780 tonnes, 8 canons), 2 yachts de 875 tonnes et 2 canons, 2 vapeurs à aubes (500 tonnes et 2 canons) et « 1 croiseur ».

 

Balincourt

Le « grand amiral de la flotte siamoise », à l’époque un aventurier danois qui se fait appeler «  de Richelieu », pas moins, est en réalité un amiral de bateau lavoir. Nous reparlerons de lui bientôt.


richelieu 04

 

Quelques années plus tôt, en 1869, un autre aventurier français, un voyou originaire de la Butte-Monmartre, Ganier, qui se fait appeler « Ganier d’Albin » (nous en reparlerons aussi) revient en France se mettre au service de Gambetta comme Colonel

Ganier    

puis de la commune comme Général, lors de la guerre prusienne. Il se parait de son titre bien réel de « Général en chef des armées de sa Majesté, le Roi du Siam ». Il commandait en réalité les quelques centaines de soldats de la garde personnelle du monarque  qui constitutait alors l’armée siamoise, c’est à dire un bataillon  !

 

Les Allemands tenaient le système postal, les Anglais le système portuaire, les Danois, la gendarmerie et la marine de guerre, les Français ont tenu plus de 50 ans le système judiciaire commercial c’est à dire le poumon du pays.

Abandonner des pans entiers de souveraineté pour conserver une parcelle de souveraineté ? et bla bla bla, et bla bla bla, je continue à rester songeur.....

 

Dans une monarchie absolue, le souverain exerce souverainement le pouvoir judiciaire, même s’il le délègue à ses tribunaux. Les rois de France le considéraient comme le plus beau fleuron de leur couronne au point de parfois l’exercer immédiatement, tel Saint Louis sous le chêne ! L’abandon par le Siam d’une partie du pouvoir judiciaire, déjà inscrit dans le traité de 1856 et celui de 1893 est achevé par le traité du 13 février 1904.

 

Sa récupération en 1907 est énorme.

Elle marque le réveil de l’esprit national. A l’exemple des Japonais qui viennent de triompher militairement des Russes,

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un ébranlement et un réveil d’activités incontestablement causés par les victoires japonaises qui prend toute sa signification si l’on considère ce qui se passe à la même époque en Chine, victime elle aussi des « traités inégaux » où des vélléités analogues se manifestent avec une singulière intensité.


traités inégaux chine


C’est un épisode de la rénovation de l’Asie, «  Plus d’immixion, plus d’expansion, plus d’humiliations » dit R. de Caix.  Mais voilà bien une substilité linguistique ! « plu » ou « plusse » ? Comment l’interprétez-vous ?

 

Dire et redire que la Thaïlande n’a jamais été colonisée revient à dire que Tunisie et Maroc, placés sous notre « protectorat » tout en conservant leur sultan ou leur roi ne l’ont jamais été.

 loi-colonisation

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Le texte officiel des traités : « Directory for Bangkok and Siam » (année 1914)

Les statistiques administratives : « Almanache de Gotha », diverses années.

Sur la marine de guerre : Commandant de Balincourt, « les flottes de combat », diverses années

Vicomte Robert de Caix « le nouveau traité franco-siamois » 1907

«  Questions diplomatiques et  coloniales » années diverses

 

Nota

Sans entrer dans le détail de traités qui ne concernant plus notre sujet, je relève – ejusdem farinae - dans le « traité d’amitié et de commerce entre la Grande-Bretagne et le Siam » du 18 avril 1855 l’existence d’un privilège de juridiction pour les sujets britanniques en litige avec un siamois et – au passage parmi des privilèges commerciaux exorbitants - la liberté du négoce de l’opium ! Il y est précisé, l’aveu est ahurissant, que les plénipotentiaires anglais, ignorant la langue siamoise, la version anglaise est la seule bonne. «  Her Britannic Majesty’s plenipotentiary having no knowledge of the Siams language… ».

Une autre convention du 29 novembre 1889 précise au cas où les Siamois l’auraient oublié que la protection consulaire britannique couvre les sujets britanniques évidemment et tous ceux originaires des dominions (sauf erreur, Birmanie, Malaisie et Indes). Combien y avait-il d’indiens (i.e. aujourd’hui, indiens et pakistanais) au Siam à cette époque ?

Le traité conclu avec l’Allemagne le 7 février 1862 crée lui aussi un privilège de juridiction  mais curieusement, c’est la version anglaise qui l’emporte ?

Voilà une bien simple explication à la pléthore de bureaux consulaires à cette époque : Pour l’année 1907, la France, en sus du Consulat général de Bangkok, entretient un consulat à Chantaboun, Korat, Nan, Oubon et Chiangmaï.

L’Angleterre en sus du Consulat de Bangkok, entretient un consulat à Pukhet, un autre à Chiangmaï et un troisième à Kédah (le sultanat n’est pas encore passé sous la suzeraineté anglaise).

 

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 03:03

HP006777-6af4bNous arrivons à la fin de notre première étape, de cette relation qui est partie des deux ambassades dites de Louis XIV pour arriver aujourd’hui, 321 années plus tard, à la 1ère visite historique d’un chef d’Etat français en Thaïlande,  M. le Président Jacques Chirac, en février 2006.

 

Rappelons la fin des « relations franco-thaïes » « racontées » par le site officiel de l’Ambassade de France :

 

chirac-et-le-roi« La visite d’Etat du Président de la République française en Thaïlande, le 18 février 2006, à l’invitation de Sa Majesté le Roi Bhumipol Adulyadej (Rama IX) a constitué un temps très fort de la relance des relations entre Paris et Bangkok. M. Chirac y a annoncé la proposition de ratification par la France du Traité d’amitié et de coopération en Asie du sud-est (TAC). Les deux pays, dans une déclaration commune, se sont engagés à intensifier leurs consultations politiques, à mettre en œuvre une coopération dans les domaines de la sécurité et de la défense, à mettre en œuvre des programmes de coopération franco-thaïlandais dans les pays tiers, notamment pour le développement du Laos et du Cambodge, à poursuivre activement leur coopération dans le domaine culturel et celui de l’enseignement supérieur et de la recherche, et à accélérer le développement des échanges économique bilatéraux, avec la mobilisation sur le marché thaïlandais de 400 nouvelles entreprises françaises en 3 ans et le lancement d’un partenariat économique franco-thaïlandais (objectif du doublement des flux commerciaux dans un délai de 3 à 5 ans). Ce partenariat a été confirmé et précisé lors d’une rencontre des ministres de l’économie, à Paris le 19 septembre 2006.

 
A la suite du Coup d’Etat qui est intervenu à Bangkok le 19 septembre 2006, la France a estimé, avec ses partenaires européens, qu’un retour rapide à la démocratie en Thaïlande était de la plus haute importance. Les élections du 23 décembre 2007 organisées après l’adoption par référendum d’une nouvelle constitution ont permis le retour à l’ordre constitutionnel, dont l’UE s’est félicitée et dont elle a marqué depuis lors toute l’importance.

La France souhaite entretenir des relations étroites et fructueuses avec les autorités, dans l’esprit de l’amitié qui unit de longue date la Thaïlande et la France. Afin de poursuivre et de consolider les relations franco-thaïlandaises, le « plan d’action conjoint » entre nos deux pays signé en 2004 doit être renouvelé en 2008. »

 

Même une rapide lecture confirme que désormais les relations franco-thaïlandaises passent par des plans signés sur 4 ans, des programmes régionaux (notamment avec le Laos et le Cambodge), des appuis à l’implantation et au développement d’entreprises, à l’introduction de valeurs (la démocratie, la lutte contre le terrorisme …),  et s’inscrivent aussi  dans des ensembles plus vastes, multilatérales, comme l’Europe, l’ASEAN, et les diverses institutions des Nations Unies.

 

D’ailleurs dans une interview donnée au quotidien « The Nation », au Palais de l'Elysée, à Paris le jeudi 16 février 2006, M. le Président Chirac rappelait  « les liens anciens »: « Nous célébrons cette année le 320ème anniversaire de la célèbre ambassade du Siam à la Cour de Versailles et le 150ème anniversaire du premier traité d'amitié franco-thaïlandais voulu par Sa Majesté le Roi Rama IV et par Napoléon III. », que  la sécurité  était toujours à l’ordre du jour (« D'ailleurs, ces liens sont anciens : le Roi Rama VII n'était-il pas l'un des compagnons du général de Gaulle à l'Ecole de guerre ? »), et que désormais le Président se déplaçait avec les chefs d’entreprises  (« Vous savez que j'emmène avec moi un certain nombre de chefs d'entreprise […]Nous voulons mobiliser quatre cents entreprises supplémentaires dans les prochains mois)… »

 

La DECLARATION COMMUNE faite à l’occasion de la visite d’Etat à Bangkok de son Excellence M. Jacques CHIRAC, Président de la République française, invité de Sa Majesté le ROI Bhumibol ADULYADEJ de Thaïlande, confirmait ces nouvelles grandes orientations, à savoir : coopération par PLAN sur 4 ans,  stratégie de partenariat au sein de leur institutions régionales respectives, participation la sécurité régionale, sous l’égide des Nations unies, coopération trilatérale (ADMECS), et surtout action et investissement économique (“plan d’action commercial” français visant à mobiliser 400 nouvelles entreprises françaises en direction du marché thaïlandais au cours des trois prochaines années (2006-2008).

 

Toutefois, on  pouvait constater :

 

Malgré une importante présence française (environ 350 entreprises françaises, dont 60 grands groupes et près de 300 PME, employant plus de 70 000 personnes, dans un nombre très varié de secteurs), «  la Thaïlande n’occupe qu’une place relativement réduite dans le commerce extérieur français. En 2007, elle n’était en effet que le 47ème client de la France et ne représentait que 0,3% des exportations et 0,4% des importations françaises. La part de marché de la France en Thaïlande, avec 1,1% en 2007, se situe à un niveau légèrement inférieur à la moyenne des performances de la France en Asie ». 

 

                                   -----------------------------------------

 

En guise de conclusion :

 

Le  bateau de la 1ère Ambassade avait mis 6 mois pour arriver en Thaïlande et aujourd’hui nous sommes dans le temps d’internet, des vidéo conférences et des téléphones mobiles…dans l’instantané et la « globalisation ».

 

La 1ère ambassade espérait convertir le Roi du Siam et donc les Siamois au christianisme, on avance maintenant  « l’ordre constitutionnel » et la « religion » des droits de l’homme. La France autrefois ne pouvait concevoir que des accords bilatéraux avec le Siam, elle est désormais dans l’Europe et la Thaïlande dans l’ASEAN et tous les deux à l’ ONU. On craignait autrefois les rapports de force armés, la colonisation, on signe désormais des plans d’action sur 4 ans et les relations  se mesurent plus en termes de parts de marché à l’exportation et à  l’importation, voire en nombres d’entreprises présentes et en nombre de touristes… Eh oui, le monde a changé.

 

Et nous, les 2 blogueurs, vivons désormais en Thaïlande, en pays Isan, avec des Thaïes Isan, et avions décidé d’en savoir un peu plus sur les relations franco-thaïlandaises. Nous reviendrons sur cette histoire, mais dans les semaines à venir, nous vous invitons à partager notre prochain « voyage »  en Isan et de découvrir NOTRE ISAN

 

 Nous comptons encore sur votre aide et votre lecture « bienveillante ».

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 03:04

 610x1946 à 2004. Pourquoi le choix de ces dates ?

 

On se doit d’être étonné de choisir une période aussi longue pour traiter des relations franco-thaïes, mais on se souvient que nous sommes dans le cadre de notre  lecture critique du site de l’Ambassade de France :

 

Rappel donc :

 « 8/ Après la deuxième guerre mondiale,

Aucune référence aux « indépendances » en 1953 du Cambodge et du Laos et de la conférence de Genève de 1954 pour celle du Vietnam, qui pourtant, de fait, changeaient aussi la donne dans toute la région du Sud –Est et pour la Thaïlande.

 

« Les relations bilatérales demeurent ténues, même si, en 1960, Sa Majesté le Roi Rama IX et la Reine Sirikit se rendent en visite d’Etat en France ».

Rien sur cette visite d’Etat et aucune « relation » entre 1960 et 2000 ???

 

deux escrocs9/ « Au début des années 2000,

Les relations franco-thaïlandaises connaissent un nouvel essor »

 

« à l’occasion de la visite officielle en France du Premier ministre Thaksin Shinawatra en mai 2003, la France et la Thaïlande s’engagent à ouvrir une ère nouvelle de partenariat et de coopération » dans les domaines politique, économique, culturel et scientifique. M. Thaksin désigne la France comme « le partenaire stratégique de la Thaïlande en Europe » et M. Chirac qualifie la Thaïlande de « pays-clé »en Asie.

 

10/ Ces engagements ont ensuite été précisés dans un « plan d’action conjoint » signé à Paris le 25 mai 2004 par les deux ministres des Affaires étrangères, M. Michel Barnier et M. Surakiart Sathirathai. »

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On peut remarquer l’ironie involontaire qui rapproche ainsi Rama IX et le 1er ministre Thaksin, pour qualifier de ténues (Petit Robert : très mince, très fin, de très petites dimensions), les relations franco-thaïes d’avant Thaksin et « d’ère nouvelle »  avec lui. Il est vrai que le site tend à accroire qu’il n’y a eu aucune relation franco-thaïe en presque 60 ans.

   
 La réception présidentielle au palais de l’Elysée en l’honneur de Sa Majesté Bhumibol Adulyadej, Roi de Thailande, le 11 Octobre 1960, est plus une marque d’honneur qu’une véritable relation entre deux pays. Le discours du Président de la République française peut en faire foi :  
 « Sire,  
  C’est avec joie que la France reçoit Votre Majesté et Sa Majesté la Reine. 
 Votre visite en France est comme la marque d’un renouveau. Sans doute, entre nos deux pays, les relations ne datent-elles pas d’hier. Il y a trois siècles, le roi Narai et le roi Louis XIV échangèrent des Ambassades. Il y a 63 ans, votre auguste Grand-Père, le roi Chulalong-korn, faisait visite à Paris ... ».  
   
 Il semble que l’Histoire ait été évacuée. On relatait dans nos précédents articles la « guerre » franco-thaïe, la bataille de Ko Chang, le traité du 9 mai 1941 où la France, restituait à la Thaïlande, le Laos et au Cambodge, le nouveau traité du 27 novembre 1947 qui restituait ces mêmes territoires à la France. 
   

Mais la guerre était loin et le monde avait changé. Nous n’étions plus dans la conquête de Territoires, mais dans des accords bilatéraux et régionaux. Le monde avec la création de l’ONU tentait de créer des règles de conduite et des valeurs universelles. Les pays, ennemis d’hier, se regroupaient au sein de l’Union Européenne par exemple, et pour l’Asie du Sud Est au sein de l’ASEAN.

 

L’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE ou ASEAN) qui  est une organisation politique, économique et culturelle regroupant dix pays d' Asie du Sud-Est avait été fondée en 1967 à Bangkok par cinq pays dans le contexte de la guerre froide pour faire notamment barrage aux mouvements communistes.

Aujourd'hui, l'association  offre un espace pour régler les problèmes régionaux et peser en commun dans les négociations internationales. La France et  la Thaïlande doivent désormais penser leurs « relations » dans ce nouveau contexte d’institutions internationales et régionales (avec  ce nouveau concept : « la coopération franco-thaïlandaise en pays tiers »).

 

 

Toutefois, pour rester dans notre sujet, les relations entre la France  et la Thaïlande demeuraient minces. Ainsi le service public « Légifrance » du gouvernement français ne recense que 3 décrets de 1946 à 1961, dont deux pour les transports aériens (14 décrets et lois de 1946 à 2007).

On préférait passer de 1960 à la visite officielle en France du Premier ministre Thaksin Shinawatra en mai 2003 qui débouchera sur « Le plan d’action conjoint », signé en mai 2004 : « relations avec la Thaïlande dans les domaines culturel et scientifique [sont] fondées sur un accord de coopération bilatérale signé en septembre 1977 ». 

 

 Ces priorités prennent notamment en compte :

 

- le développement des échanges économiques et commerciaux (en particulier dans les secteurs du tourisme de l’agro-industrie, de l’énergie, de l’aéronautique et de l’espace)

- le nouveau statut de donneur émergent de la Thaïlande qui au travers de l’ASEAN du GMS (sous-région du Grand Mékong) et de l’ACMES (« Ayeyawade, Chao Phraya, Mekong, Economic Cooperation Strategy ») s’articule en amont ou en aval avec les activités de la Mission économique et se propose de contribuer directement au développement des pays voisins et à leur intégration régionale.

- l’action et la politique de l’Agence Française de Développement.

- la  collaboration des entreprises françaises, des organismes de recherche français et de l’Alliance Française. » (in Ambassade de France, « La coopération culturelle et technique ).

 

 

Mais de simples chiffres donnés ailleurs dans ce même site in « La France en Thaïlande  : présence économique» limitent quelque peu ces louables « intentions » : « Au total, l’engagement financier de la France est d’environ 8 millions d’euros pour la période 2002-2003… ».

 

Les relations franco-thaïes de la fin de la deuxième guerre mondiale à 2004 n’avaient évidemment plus rien à voir, les enjeux avaient changés. Le colonialisme avait vécu. Nous étions passés de la conquête des territoires et des pays, à la conquête  des « marchés », des transports de troupe au transport des touristes, des petites rencontres d’ « ambassadeurs » et de ministres  aux 400 000 touristes français qui viennent chaque  année visiter la Thaïlande, des petits comptoirs à des centaines d’ entreprises françaises. De même, les Thaïlandais venaient visiter la France,   plus de 800 étudiants thaïs venaient suivre annuellement des études en France.

 Nous étions vraiment dans une ère nouvelle.

 

 

 

 

 

 

 

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 03:07

volontaires RTAVF 4  30.Les relations franco-thaïes : La deuxième guerre mondiale

« Pendant la deuxième guerre mondiale, entre septembre 1940 et mai 1941, les forces armées de nos deux pays s’affrontent en Indochine française et en Thaïlande. L’armée thaïlandaise envahit les provinces de Siem Reap et de Battambang à l’ouest du Cambodge et du Laos. La France réplique en coulant une partie de la flotte thaïlandaise à Koh Chang. Les hostilités cesseront avec la conclusion, à Tokyo le 9 mai 1941, d’une convention de paix. » (site officiel de l’ambassade de France).

 Cette vision de l’Histoire passe sous silence le traité du 9 mai 1941 où la France, il est vrai sous « l’injonction  » du Japon « triomphant », doit restituer à la Thaïlande, les territoires situés au Laos et au Cambodge,  qui lui furent ravis en 1867, 1893, 1902, 1904, 1907.

(Le 27 novembre 1947 un nouveau traité restituait ces mêmes territoires à la France.)

Nous avions vu que le gouvernement Phibun avait engagé, à la fin de 1939,  des négociations avec la France de Daladier concernant les frontières entre l’Indochine et le Siam, qui avaient abouti à un pacte d’amitié et de non agression  le 12 juin 1940. Mais après  la défaite française face à l’Allemagne, Phibun, encouragé en sous-main par le gouvernement japonais, avec lequel un traité d’amitié a été signé le 12 juin, « exigea » la rétrocession des territoires laotiens de la rive droite du Mékong et des provinces cambodgiennes ayant appartenus au Siam.  En septembre 1940 Vichy refuse. Il s’ installe alors un état de guerre.

Le ministre de la propagande Luang Wichitwathakan mène une campagne anti-française par radio et par voix de presse qui a pour but de soulever la population locale. On affirme que les Khmers du Cambodge appartiennent à la race thaïe, on rappelle que les territoires du Laos et du Cambodge ont été extorqués à la Thaïlande par l’Empire colonial français. Les relations se dégradent et la tension monte. Chaque incident est vite monté en épingle par Bangkok. L’aviation thaïlandaise n’hésite plus à faire des incursions dans l’espace aérien indochinois et les troupes thaïlandaises se concentrent aux frontières du Cambodge et du Laos

arrivée à Pradjuap 03Attaque de l'Indochine française

En cette fin septembre 1940, le gouvernement de Phibun constate, après les événements de Lang Son (du 22 au 26 septembre 1940),  que les Japonais ont pu sans grande difficulté envahir l’Indochine au Nord et vaincre l’Armée française. Même si sur ordre  de l’Empereur du Japon, la division est évacuée par mer et la souveraineté française est rétablie le 30 novembre.

 

Les forces en présence

Les forces françaises en Indochine se compose d'une armée de 50 000 hommes, (dont 12 000 Français), organisée en 41 bataillons d'infanterie, deux régiments d'artillerie, et d'un bataillon d’ ingénieurs. L’Armée de l’air comprend 100 avions dont 60 peuvent être envoyés en 1ère ligne La faiblesse la plus évidente de l'armée française est son nombre de chars : 20 contre 134 pour l’Armée thaïlandaise.

L’Armée thaïlandaise est bien  équipée et se compose de soixante mille hommes, de 140 avions et de 18 navires

Déclenchement des opérations

En novembre 1940, les Thaïlandais, profitant que l’Armée française est occupée à mater une révolte paysanne animée par Tran Van Giau, multiplient leurs incursions en territoire cambodgien. L’aviation thaïlandaise mène aussi  des raids de représailles sur les villes de Thakhek et Savannakhet au Laos. Le Gouverneur Decoux est autorisé à répondre aux provocations thaïlandaises.

Le 1er décembre, la Thaïlande bombarde une nouvelle fois Takhek, une barge est attaquée près de Nongkaï tuant deux soldats français. Les accrochages sont multiples aux alentours de Vientiane. Les Thaïs bombardent l’artillerie française le long  du Mékong. Et dans ce mois de décembre la liste des accrochages est longue, avec  des embuscades de patrouilles, des bombardements de jour de l’aviation  thaïe au Laos de Takhek, Packsé et Vientiane puis les villes cambodgiennes de Sisophon, Battambang, Stung Treng, Mongkol Borey et Siemréap. L’aviation française , quant à elle, effectue  des raids de nuit en représailles sur les centres thaïlandais de Oudorn, Sakol Nakorn, Aranya, Lakhon, Prachinburi, Makhorn Phanom, Waddhana et Sisaket, avec peu de résultats. Les Français perdent officiellement 2 chasseurs. Les Siamois reconnaissent  la perte de 5 appareils, 13 aviateurs tués et 5 blessés. La Thaïlande occupe Pak-Lay et Bassac

Pendant ce temps, la propagande nationaliste prend la forme de l’intolérance religieuse et les missionnaires et  religieux français du Nord-Est sont expulsés au Laos, le 28 et 29 novembre 1940 et les religieux catholiques siamois sont persécutés. Deux religieuses et cinq catholiques siamois de la Province de Song Khorn sont fusillés pour avoir refusé de renier leur religion.relics-of-Thai-martyrs

Début  janvier 1941, les Thaïlandais, délaissent le Laos bien protégé par le Mékong,  et déclenchent leur attaque principale contre le Cambodge, en progressant sur deux axes vers Battambang et Samrong dans le but de repousser les Français dans la région de Sisophon. Le fort de Polpet tombe. Les forces thaïlandaises s’emparent aussi  de Yang Dang Khum et de Phum Preav. Leur aviation bombarde Samrong. L’Armée Issan prend le poste de Vang Tao après de violents combats. Les Français se replient sur Ban Dou et  sur le Fleuve Pasqué.

L’Amiral Decoux contre attaque le 16 janvier avec le 5 ème régiment d’ infanterie, les villages thaïlandais de Yang dang Kum et de Phum Preav. Des combats très meurtriers ont lieu, mais les légionnaires doivent décrocher à Phum Preav. L’appui des canons antichars arrivent à stopper l’avance thaïlandaise. Les pertes des deux cotés sont lourdes et les deux armées se retirent sur un échec français (Le 17 janvier, le 3°RTT a été mis en déroute à Yang Dang Khum).

A Bangkok,  on publie des communiqués de victoire

decoux 2Bataille de Kho Chang

Alors que la situation à terre est critique pour la France,  la bataille Navale de Kho Chang va changer cet avantage terrestre thaïlandais.

L’amiral Jean Decoux donne l'autorisation à l'amiral Terraux, commandant la Marine en Indochine, d'exécuter une opération contre la Marine thaïlandaise.

Le 16 janvier 1941, une petite escadre française composée du croiseur Lamotte-Picquet et des avisos Dumont-d’Urville, Amiral Charner, Tahure et Marne, commandée par le Capitaine de Vaisseau Bérenger croise au large des côtes siamoises. Le 17, un avion de reconnaissance découvre la flotte thaïlandaise au mouillage dans la baie de Kho Chang.

L’escadre française, malgré son infériorité numérique  entame le combat. En moins de deux heures le bilan est lourd pour la flotte thaïlandaise qui perd 40 % de sa puissance. Trois torpilleurs (Songkla, Cholburi et trat) sont coulés et le Lamotte Piquet endommage irrémédiablement le garde-côtes Dombury puis le Sri Ayuddaya.

Le bilan des pertes humaines diverge selon les sources. La marine française déclare que  plus de 300 hommes sont morts du côté thaïlandais avec 80 survivants.La marine thaïlandaise ne reconnait que 36 hommes.

Le gouvernement thaïlandais n’en annonce pas moins sa victoire et radio Bangkok, la destruction de cinq navires. Pendant ce temps  l'Escadre du Lamotte-Picquet arrive intacte  à Saigon, fière d’avoir remporté une grande victoire navale.

La fin du conflit avec  la « médiation » du Japon.

Le 19 janvier 1941, les avants gardes terrestres thaïlandaises arrivent sur Mung Cao, dans le Sud Laos. Le 24 un raid de bombardiers thaïlandais touche l’aéroport français d’Angkor. Dès le 20 janvier, le gouvernement japonais présente une offre de «médiation » dans le conflit qui oppose la France de Vichy à la Thaïlande en Indochine, « dont les termes comminatoires ne laissaient aucun doute sur son caractère d’ultimatum". Il envoie une note aux belligérants le 22 janvier 1941 pour imposer des négociations.

Le 30 janvier, l’accord d'armistice définitif entre la France et la Thaïlande, est signé à Saigon à 20 heures, sur le cuirassé Natori. Il prévoit l'arrêt des combats, en attendant la signature d'un traité de paix, qui doit être négocié dans quelques jours à Tokyo. Le 31 janvier, une trêve de deux semaines avec un retrait des troupes terrestres de 10 km est signée.

Le 7 février, une conférence s'ouvre à Tokyo pour régler le problème de façon définitive. La délégation française est dirigée par le gouverneur général René Robin, les Thaïlandais par le prince Varanarn. Le ministre japonais des affaires étrangères Matsuoka préside les débats. Les Français rejettent les revendications siamoises jusqu'au 2 mars, malgré la pression japonaise, mais l'arrivée de Darlan à la tête du gouvernement de Vichy (25 février) entraîne  une attitude plus conciliante.

Le 11 mars, sous la contrainte japonaise, un accord est signé. Le 9 mai 1941, un traité stipule que  la Thaïlande obtient les territoires, qu’elle avait dû cédés à la France « coloniale » en 1867 : les provinces cambodgiennes de Battambang (en totalité), de Siem Réap, de Kompong-Thom  et de Stung Treng(en grande partie) soit plus de 50 000 km2 (le quart de son territoire, et plus de 420 000 personnes). Le Laos cède les territoires de la rive droite du Mékong (provinces de Sayabouri et Champassak). Le roi du Laos, et du Cambodge n'ont pas  été consultés.

 Ce traité est suivi d’un autre entre la France et le Laos le 21 aoüt. Cette annexion provoque, en juillet 1941, un embargo des Etats-Unis sur les livraisons de pétrole vers le Japon et la création, avec l'aide des services secrets anglo-saxons, du Thaï Séri (les Thaïs libres), organisation clandestine anti-japonaise.

Les pertes

Les sources sont très divergentes. L'armée française aurait eu un total de 321 tués, et capturé 21 Thaïlandais .L'armée thaïlandaise aurait  eu 54 tués et 307 blessés et capturé 222 hommes. Certaines sources donnent même  3600 morts .

La guerre franco-thaïe était terminée. Chacun se trouvait  dans une autre configuration géopolitique, au sein des enjeux de la 2 ème guerre mondiale et de l’expansion japonaise. La Thaïlande avait pris sa revanche historique sur la France et pouvait être « fière » d’avoir, une  fois de plus, préserver son indépendance.

 

La Thaïlande et l’alliance avec le Japon ?de mauvais goût

Mais à la fin de juillet 1941, l’armée impériale japonaise fait son entrée dans la capitale cambodgienne et se prépare pour sa prochaine étape « expansioniste » contre la Grande Bretagne en Malaisie et en Birmanie. Elle a besoin des ports, des terrains d’aviation et des voies ferroviaires thaïes. Elle avait obtenu l’accord verbal du gouvernement thaï. Mais celui-ci tout fier de ses reconquêtes et de sa « victoire » sur la France a pu croire un temps pouvoir préserver son « indépendance » territoriale. Phibun tente même d’obtenir l’aide et l’appui des Américains et des Britanniques qui ne sont pas en mesure de lui donner.

Le 8 décembre 1941, la Thaïlande n'ayant toujours pas répondu aux demandes japonaises, le Japon décide de passer outre et envahit le Territoire de la Thaïlande.

guerreCette invasion donnera lieu à de véritables combats (les Thaïlandais déclarent 116 tués), du 8 décembre au 23 décembre 1941. Si l’Armée impériale ne rencontre aucune résistance à Battambang, elle doit faire face à des actes de résistance à Nakkon Si Thammarat, Pattani... jusqu’à la bataille de Prachuab Khirikhan. Le 21 décembre, un traité d’alliance est signé avec le Japon. Pibulsonggram chasse du gouvernement les ministres opposés à l'alliance. Les troupes japonaises sont autorisées à stationner en Thaïlande, et à y créer des camps pour leurs prisonniers.

Devant l'avance fulgurante des troupes japonaises en Malaisie, le gouvernement thaïlandais décide de s'allier avec le Japon. Dès le 22 janvier 1942, les troupes thaïlandaises affrontent les Britanniques en Birmanie. Ils sont désormais aux côtés des Japonais et le 25 janvier, le Siam se trouve dans l’obligation de déclarer la guerre aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne.

La Résistance ?

Une opposition se manifeste face à la politique de Phibun, et il se voit contraint de chasser du gouvernement ceux qui s’opposaient à sa nouvelle politique aux côtés du Japon.

Dès l’invasion de la Thaïlande par les Japonais le 8 décembre 1941, Seni Pramot, ambassadeur de Thaïlande aux Etats-Unis de 1940 à 1945, s’oppose à la politique de collaboration menée par Phibun. Il refuse le 25 janvier 1942 de remettre la déclaration de guerre de son pays. Il crée alors puis dirige le Mouvement de la Thaïlande Libre. Le régent Pridi Banomyong anime secrètement des mouvements anti-japonais.

Les Forces Thaïlandaises Libres voient leurs officiers principalement formés aux États-Unis par l'OSS. De fait la résistance armée thaïlandaise souffrira de la rivalité politique entre Américains et Britanniques, ces derniers ayant intégré des Thaïlandais dans leur Force 136. Le Docteur Puey Ungpakorn (1916-1999, MBE) est le chef du courant pro-britannique des étudiants Thaïs libres. Le Prince Subha "Chin" Svasti Svastivat (OBE) appartient aussi au courant pro-britannique.

.En août 1944, alors que la situation militaire du Japon s'aggravait de jour en jour, Pibulsonggram se trouva mis en minorité par l'assemblée nationale, qui rejeta notamment son projet ruineux de déplacer la capitale de Bangkok vers Phetchabun. Ayant également perdu le soutien d'une partie de l'armée, Pibulsonggram dut démissionner et fut remplacé comme premier ministre par Khuang Abhaiwongse qui maintint en apparence l'alliance avec le Japon, tout en liant contact avec les mouvements anti-japonais.

À la fin de la guerre, Pibulsonggram fut arrêté par les Alliés et inculpé de crimes de guerre. Il fut finalement acquitté sous la pression populaire, une majorité de Thaïlandais considérant qu'il n'avait fait que servir les intérêts du pays et son indépendance.

                                  DSC01096

Bibliographie et sources

·                     Principale source Wikipédia

·                     (fr) Fabienne Mercier-Bernadet, « Le conflit franco-thaïlandais (juin 1940-mai 1941), une manipulation japonaise ? », Revue historique des armées, no 223, 2001.

·                     (fr) Dossier sur la Guerre franco-thaïlandaise et l'invasion japonaise, dans Le Franc-Tireur N°1 de 1996

·                     (fr) Yann Mahé et Étienne Le Baube, Les opérations terrestres de la guerre franco-thaïlandaise. 1940-1941, article illustré par Guillaume Le Baube, dans Champs de bataille no 19. Cet article analyse et détaille le déroulement des opérations.

·                     Cf. J. Billiottet (ancien médecin major de l'Amiral Charner), Le combat de Koh Chang.

·                     Colonel David Smiley Au coeur de l’action clandestine. Des Commandos au MI6, L’Esprit du Livre Éditions, 2008

°    La guerre franco-thaïlandaise par Fabrice Thery

°Journal officiel britannique, London Gazette du 27 août 1946 

 ° E. Bruce Reynolds Thailand’s Secret War. The Free Thai, OSS, and SOE during World War II, Cambridge University Press, 2004

 

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 03:05

PridiEntre les deux guerres (1918-1940)

 « Le Siam et la France intensifient leurs relations : aux liens politiques et diplomatiques classiques, s’ajoutent la coopération militaire (le futur Roi Rama VII fut condisciple du Général de Gaulle à l’Ecole de guerre) et des relations culturelles étroites, dont témoigne le séjour à Paris de nombreux étudiants siamois. Certains d’entre eux, comme Pridi Banomyang, joueront ensuite un rôle très important dans le développement de la Thaïlande moderne.» (site officiel de l’Ambassade de France)

 Effectivement,  Pridi Banomyang et Phibun Songkhram  furent les principaux  acteurs du « coup d’état pacifique » qui allaient mettre fin en 1932 à la monarchie absolue. Et Phibun déclarera la guerre à la France en 1940. La « modernité » prend parfois des formes extrêmes. Ils fondent, à Paris,  en février 1927,  un nouveau Parti « révolutionnaire ». 

Il faut se rappeler que les élites colonisées ont suivi avec espoir et ont été déçues par les négociations du Traité de Versailles qui visaient à remodeler le monde sur de nouveaux principes et à revoir « la question coloniale ». La Révolution russe d’octobre 1917,  la création du premier pays communiste et le léninisme ont  constitué un pouvoir d’attraction parmi les nationalistes asiatiques, donné un cadre de pensée et un projet de modernisation et de libération nationale. Certains (on pense à Ho Chi Minh) rejoignirent  des filières « révolutionnaires » soutenues par le Komintern. D’autres, comme les Siamois, vont créer le Ratsadon Khana.

Le Ratsadon Khana

Pibun jeuneEn effet, le 17 février 1927, dans un hôtel parisien,  sept étudiants siamois   (le Lt Prayoon Pamornmontrise, le Lt Plaek Khittasangkla (alias Phibul), étudiant de l’Ecole de l Artillerie de Paris, le Lt Thatsanai Mitphakdi, étudiant à l’ Académie de Cavalerie française, Tua Lophanukrom, étudie les  sciences en Suisse, Luang Siriratchamaitri, diplomate à l’ Ambassade du Siam à Paris, Nauep Phahonyotin , étudie en Angleterre, Pridi Panomyong, étudiant en droit à l’ Institut Politiques de Paris) fondent, en cinq jours,  ce qui va devenir le Ratsadon Khana.

Le groupe « révolutionnaire »  se donne 6 objectifs (Le pouvoir au Peuple, la sécurité nationale, le bien-être pour tous, l’égalité, des droits de liberté  pour le peuple, et l’enseignement public pour tous),  et se dit prêt, si nécessaire, à renverser le gouvernement et le système de la Monarchie absolue.

De retour au Siam, une centaine de nouveaux adhérents les rejoignent. Ils viennent de l’Armée, de la Marine, des fonctionnaires, et de la société civile, et s’organisent en quatre branches (civile dirigée par Pridi, Armée dirigée par Luang Phanomyong, Marine dirigée par Luang Sinthisongkhamchai et officiers supérieurs par le colonel Phahonyothin ). Ils réussiront leur coup d’Etat en 1932 et mettront fin à la Monarchie absolue. Le Parti se divisera en de nombreuses factions tant les intérêts, les convictions politiques étaient divergentes. Finalement s’affronteront le chef des « civils » Pridi et le chef des « militaires »le futur Maréchal Phibun.  Six premiers ministres sortiront néanmoins de ses rangs et les  principaux leaders domineront la vie politique thaïlandaise pendant deux décennies.

 

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 Nous avons vu que le roi Varjiravudh (Rama VI), en déclarant la guerre à l’Allemagne le 22 juillet 1917 avait bénéficié du droit des vainqueurs. Le traité de Versailles du 28 juin 1919 lui avait donné le droit de confisquer tous les avoirs allemands au Siam, de renégocier et d’obtenir l’abrogation du droit d’exterritorialité par les super puissances franco-anglo-américaines. Le Siam devenait membre fondateur de la Société des Nations en 1920.

 

Rama 7Rama VI meurt en 1925. Le Prince Prajadhipok Sakdidej (Rama VII)  est couronné le 26 novembre 1925  à l’âge de 32 ans. (8 novembre 1893 - 30 mai 1941).

 

Il est le dernier fils du roi Chulalongkorn (Rama V) et de la Reine Sri Patcharindra. Ce prince timide opta pour une carrière militaire. Il fut instruit à l'Université d'Eton et à l'académie militaire de Woolwich en Angleterre, et plus tard à l’École Supérieure de Guerre en France (condisciple du Général de Gaulle à l’Ecole de guerre). Quand il  revient au Siam en 1924, il ne peut se douter qu’il sera  le dernier roi absolu et le premier de la monarchie constitutionnelle de Thaïlande.

A peine couronné, il peut avoir le sentiment, que  le traité d’amitié de commerce et de navigation  du 12 janvier 1926 signé avec la France inaugure des relations pacifiques avec les grandes puissances 

La crise économique 

Le Siam, bien que sorti « vainqueur «  de la 1ère guerre mondiale, va rencontrer assez rapidement la récession économique, car dès1920 le revenu national est inférieur aux dépenses. Rama VII va tenter de mener une politique économique courageuse, bien que mal vue  parmi la bureaucratie et l’Armée, qui vise à réduire les dépenses publiques. Il exprime lui-même sa compassion pour les victimes tout en déclarant qu’il « n’a pas d’autres alternatives »  En 1928 , il promeut les coopératives d’agriculteurs , conscient qu’elles  peuvent atténuer le choc économique, une loi sur les terres , continue le programme de routes , de chemins de fer…

Mais la crise de 1929 frappe de plein fouet le royaume, entraînant l'effondrement des prix du riz. Ce contexte favorise l'opposition libérale, menée par des étudiants formés à Paris

Son règne devint impopulaire. De plus, le Siam décide de ne pas abandonner l'étalon-or en 1931, ce qui entraîne  la baisse de compétitivité de ses exportations qui se traduisent par des restrictions budgétaires dans la fonction publique et l'armée.

 

Il pense alors que la modernisation de son  pays, poussé par l’aile libérale doit passer par une profonde  réforme politique.  Il tente de promulguer une nouvelle constitution en avril 1932.

monument constitutionLe coup d’Etat du 24 juin 1932
Le 24 juin 1932 un coup d'état met  fin à plus de 7 siècles de monarchie absolue parfois éclairée (Rama Kamheng, Mongkut, Chulalongkorn).
Le coup d’Etat, a été préparé par le Parti populaire, animé surtout par des militaires et  des civils  formés en France et en Allemagne, comme Pridi Phanomyong (alias luang Pradit) (l’idéologue du Parti) et le capitaine Phibun Sonkhram et le colonel Phahnyothin .Le coup d’ Etat « pacifique » , se fit pendant l’absence du Roi,  avec une poignée d’insurgés, quelques chars et la prise en otage des principaux Princes.
Phibun est un ancien élève des écoles militaires françaises. Il mit sur pied en 1938 un régime inspiré du fascisme européen, basé sur une propagande ultranationaliste Il exercera un pouvoir dictatorial de 1938 à 1944 et de 1948 à 1957.

 

Pridi, avait reçu une bourse du gouvernement pour étudier le droit et l'économie politique à la Sorbonne, et est retourné au Siam en 1927 pour travailler  au ministère de la Justice.  Il fut ministre de l’ Intérieur (1935), des Affaires étrangères (1935-1937), des Finances (1938), 1er ministre (1946).

 

PhahonyothinPhahonyothin (Phraya Phahon), après avoir étudié à l’Académie militaire royale de Chulachomkla ,  reçoit une bourse royale et va étudier en 1903 à l’ Académie militaire prussienne de Lichterfelde près de Berlin, où il aurait été condisciple de Hermann Goering. Il part ensuite étudier dans une école d’ingénieur au Danemark. Faute de ressources , il retourne au Siam en 1912. En 1931, il est élevé au rang de Phraya Phahon et devient colonel .En 1932, il devient inspecteur de l’Armée Royale du Siam. Il est le leader du contre-coup d’Etat de 1933 et sera le second 1er ministre de 1933 à 1938.  

Le nouveau régime installa une dictature de Parti, estimant que les Thaïs n’avaient pas  un niveau suffisant et devaient passer par une période d’essai d’apprentissage de la démocratie.

Le 10 décembre 1932, le roi signa une Constitution de type parlementaire qui promettait le suffrage universel et des élections générales tous les quatre ans. Phraya Manopakorn fut nommé Premier ministre (il était le 1er président du Comité du peuple, émanation du Parti du Peuple .

 

Le contre-coup d'état du 20 juin 1933

En Mars 1933, une crise constitutionnelle est créée par le projet de Plan d'action économique de Pridi, qui contenait de nombreux éléments « révolutionnaires ». Il organise un Etat providence,  nationalise les terres agricoles, distribue les terres aux ruraux pauvres, intervient dans le secteur privé et l’organisation du  travail…Le Roi lui- même juge ce plan de « communiste » . 

 

  Le 1er ministre Phraya Mano n’approuve pas ce Plan et   le 1 avril 1933, ordonne la dissolution de l'Assemblée Nationale et suspend  certains articles de la constitution, promeut des décrets d’urgence (tel que la loi « anticommuniste »). Pridi est contraint à l’exil. De nombreux membres du Parti du Peuple se regroupent alors sous la direction du colonel Phraya Pahol.

 

rebellion2Le 15 Juin, Phraya Phahol démissionne du Cabinet en invoquant des «raisons de santé». Le 20 juin 1933, il organise et réussit un contre coup d’Etat, rétablit l’Assemblée Nationale, se nomme 1er ministre.


Prince BoworadetRébellion royaliste du Prince Boworadet d’octobre 1933

 En réaction contre le nouveau coup d’Etat du nouveau Premier ministre, et  outré par le droit donné à quiconque de pouvoir poursuivre le Roi, le Général Bovoradej, Ministre de la Défense du précédent gouvernement (et ancien Ambassadeur du Siam en France) soutenu par les Royalistes « constitutionnels »  tente de renverser le pouvoir.  Des combats eurent lieu de 11 au 17 octobre 1933 pour se terminer par la victoire de l'armée conduite par Phibun.


Rama 7 (timbre)Le roi Prajadhipok (Rama VII), bien que n'ayant pas de lien avec la rébellion, se trouve politiquement en « porte-à-faux », et ne peut plus accepter une politique qui se fait toujours en son nom. Il se rend alors en Europe sous le prétexte d'y faire soigner sa vue. Durant son séjour européen, de nouvelles querelles éclatent avec le gouvernement, et particulièrement au début de1935. Il décide d’abdiquer le 2 mars 1935 dans une lettre envoyée d’Angleterre. Dans son discours d'adieu à la nation, il déclare qu'il a abandonné son pouvoir absolu au profit du peuple thaï tout entier et non d'un groupe particulier. Il demeura en Angleterre jusqu'à sa mort, en 1941 à l'âge de 48 ans, avec le titre de Prince Sukhothaï.

 

Deux versions sont véhiculées pour sa succession. L’une précise que dans  sa lettre de démission il abdiqua en faveur de son neveu Amanda Mahidol. L autre, prétend que n’ayant pas désigné de successeur, l'Assemblée Nationale proclama Ananda Mahidon roi, sous le nom de Rama VIII. Cet enfant de dix ans, étudiant en Suisse était le fils aîné du Prince Mahidol de Songkla et neveu du roi défunt. Un Conseil de régence de trois membres fut désigné pour agir durant sa minorité.


Le 16 décembre 1938
, le Conseil de Régence nommait le colonel Luang Phibul comme Premier Ministre en remplacement du Colonel Phraya Pahol. Il consolida sa position en nommant plusieurs membres de sa faction militaire à des postes gouvernementaux influents.

Pibulsonggram commença par accélérer la modernisation de la Thaïlande et mit sur pied un régime inspiré du fascisme européen, basé sur une propagande ultranationaliste. WichitwathakanAvec l'aide de son ministre de la propagande Luang Wichitwathakan, la presse et la radio diffusaient continuellement propos et slogans du premier ministre, instaurant un véritable culte de la personnalité. Ses portraits  étaient présents partout, tandis que ceux de l'ancien roi Rama VII étaient interdits.En 1939, il fit arrêter 40 opposants politiques, monarchistes comme démocrates. Après une parodie de procès, 18 d'entre eux furent exécutés.

 

Le nationalisme thaïlandais

Le gouvernement impose la langue parlée à Bangkok comme langue nationale. La population doit adopter le vêtement occidental. Phibun veut intégrer les populations non-Thaïes du Nord et du Nord-Est du pays afin d’affirmer un peu plus la souveraineté du territoire national aux frontières et  rapatrier les tribus Thaïes établies à l’extérieur du pays. Une idéologie de la  nation thaïe avec son slogan la "Thaïlande aux Thaïs"  se met en place censée rappeler un passé historique commun, une unité de tous les peuples de langue thaï, qui inclue les Lao du Laos et les Shan de Birmanie. Elle sera symbolisée, en 1939, par un nouveau nom donné au Pays : le Prathet Thaï, "pays des Thaïs" (ou Thaïlande). (Le nom de Prathet Thaï ne sera officiel que le 11 mai 1949). Le régime adopta également une politique nationaliste en matière économique, en menant une politique de quotas visant à réduire la place des produits chinois en Thaïlande, et à favoriser les produits locaux ( Dans un discours de 1938, Luang Wichitwathakan compara les Chinois du Siam aux Juifs d'Allemagne).

En politique étrangère, le gouvernement constitutionnel promulgue un ensemble de codes juridiques, ouvrant la voie à de nouveaux traités signés entre 1937 et 1938 qui annulent les droits extraterritoriaux de 12 pays. De même le gouvernement revendique le rattachement à la couronne de tous les territoires habités par des peuples de race ou de langue thaïe, et remet en cause les Traités signés avec la France la Grande-Bretagne  en 1904, 1907 et 1909. On évoque le rattachement des anciennes  suzerainetés « historiques » exercées sur le royaume Khmer et les principautés ou sultanats du nord de la Malaisie sous contrôle britannique, le Laos  rattaché en 1904 à l’Indochine française, les territoires du Cambodge abandonnés durant le règne du roi Chulalongkorn (provinces de Melou Prei et de Tonlé Repou en 1904, et provinces de Battambang, de Sisophon et de Siem Reap en 1907).

 

Les  revendications territoriales avec la France


Juste avant la seconde guerre mondiale, des négociations « cordiales » entre Phibun et la France sont entamées au sujet des frontières séparant l’Indochine et le Siam. Mais le gouvernement Daladier n’est pas disposé à céder sur tous les points revendiqués. Il s’engage tout de même à procéder rapidement à quelques modifications mineures des frontières séparant la Thaïlande et l'Indochine française en échange d’un pacte d’amitié et de non agression qui est signé le 12 juin 1940. Mais, l'armistice signé par la France avec l'Allemagne conduit le gouvernement de Bangkok à n'accepter la ratification du traité que si la France accepte de céder le Cambodge et une partie du Laos.

En septembre 1940, des échanges de notes à ce sujet entre Bangkok et Vichy se terminent par une rupture des discussions et la propagande siamoise se déchaîne contre la France.

En 1940, profitant de l’affaiblissement de la France après la défaite de juin la Thaïlande attaque l’Indochine française.

Principales sources : wikipédia, et article de Fabrice Thery, « La guerre franco-thaïlandaise »

 

 

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 03:06

 28. Les relations franco-thaïes : aviateurs 1915La première guerre mondiale

 

« A deux reprises, en 1897 et en 1907, le Roi Rama V effectue une visite d’Etat en France et, pendant la première guerre mondiale, Siamois et Français connaissent la fraternité des armes : le Siam envoie en Europe un corps expéditionnaire, qui vaut aux troupes siamoises de défiler sur les Champs Elysées en 1919 »

 (site officiel de l’ambassade de France).

 

On aurait pu aussi  dire : «  pendant la première guerre mondiale, Siamois et Français connaissent la fraternité des armes : le Siam envoie en Europe un corps expéditionnaire, qui vaut : par le traité de Versailles de saisir les bateaux et toutes les propriétés allemandes au Siam et d’annuler les traités qui accordaient à la France (et à la Grande –Bretagne et aux USA) la Protection consulaire de ses sujets et ressortissants et la franchise douanière pour toutes les marchandises importées et exportées à bord de navires français et d’être membre fondateur de la Société des Nations (SDN) en 1920.

 

                                     ------------------------------------------

 

Nous avons vu que que «L’ Entente Cordiale» franco-anglaise de 1904  avec le Traité franco-thaï du 23 mars 1907 assuraient l’indépendance du Siam.

Le roi Chulalongkorn, bien que meurtri par la perte des  suzerainetés « historiques » sur le Laos et le Cambodge et de quatre territoires malais frontaliers, pouvait estimer qu’il avait sauvé son Pays de la mainmise étrangère. Il conserve encore aujourd’hui un grand prestige pour avoir fait entrer son pays dans la modernité et l’ère des réformes (centralisé l’administration, organisé les services postaux, les chemins de fer, la première université, introduit les billets de banque, imposé le système décimal, aboli l’esclavage en 1905…). Il meurt le 23 octobre 1910, après 42 ans de règne. Son second fils, Vajiravudh, Rama VI, lui succède (1910-1925).

-PortraitRama6Il est connu alors pour avoir fait des études en Angleterre à la Sandhurst Military Academy (1891) et à Oxford University (1899). Il revient au Siam en 1902 adaptant des traditions anglaises à la culture thaïe. Son premier acte après son accession au trône  est de construire un Collège royal  dans la même tradition que les écoles publiques anglophones comme Eton et Harrow.  Il devient l’initiateur d’un mouvement nationaliste que certains qualifient de xénophobe  qui prendra pour cible l’immigration chinoise. Les grands travaux (canaux et voies ferrées) avaient, en effet, favorisés l’immigration de coolies chinois, tandis que les besoins de l’Etat et l’ouverture du système d’enseignement avaient permis à des Chinois de rentrer dans l’administration, et surtout la  richesse économique de leurs commerçants leur était  reprochée (le roi écrira qu’ « ils  sont les Juifs de l’Est »).  Il introduit dès 1909 le scoutisme « nationaliste » au cursus scolaire, il crée l’université de Chulalongkorn, impose le calendrier grégorien, adopte deux fêtes nationales, crée l’école obligatoire pour les garçons, interdit la polygamie et impose une  nouvelle tenue pour les femmes (cheveux longs et jupes). Il dicte des lois sur l’état civil qui rendent obligatoires les noms de famille (et un prénom). Elles obligent également les Chinois, à adopter, pour conserver la nationalité thaïe, un nom thaï (choisi sur une liste choisie par le Roi). Il dote ainsi l’  Etat d’un instrument indispensable au recensement et, nécessaire pour une fiscalité plus « rationnelle ». 

Cette modernisation continuait l’œuvre initiée par son père et suivait ainsi le modèle des grandes puissances.

 

Mais Rama VI a un style de vie qui peut choquer. Il se veut amoureux des arts,  compose de nombreuses œuvres de prose, de poésie et de théâtre, ainsi que trois traductions de pièces de Shakespeare en thaï. Les putschistes de 1912  (la 1ère tentative avortée  pour installer une République) reprocheront au Roi de consacrer trop de temps à la littérature avec ses « favoris » et de vivre « luxueusement à « l’occidental » tout en invitant ses sujets à être « austères » et « nationalistes ».

Lorsque la 1ère guerre mondiale  éclate en 1914, le Roi est apte à comprendre les nouveaux enjeux, même si la Cour est divisée et les élites plutôt favorables à l’Allemagne (et hostiles à la France). On peut penser que la décision du Président des États-Unis Woodrow  Wilson de déclarer la guerre à l'Allemagne en avril 1917, au côté de l’Entente, sera déterminante.

 Le roi Vajiravudh, le 22 juillet 1917, malgré les réticences de certains membres du gouvernement royal, déclare la guerre à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie. Il est convaincu que la participation du Siam serait “une excellente occasion pour nous d'obtenir l'égalité avec les autres nations” Le roi, en cette décision historique, ne pouvait que se souvenir de la cession de quatre provinces du sud et la perte du Laos et du Cambodge et espérer la révision des traités inégaux qui accordaient des droits d’extraterritorialité pour les citoyens de pays comme la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

On a reproché à Rama VI son entrée tardive dans le conflit, mais on oublie que chaque Pays a ses propres « intérêts », sa propre histoire.  Les traités « coloniaux »  signés sous la menace  avec la France et la Grande-Bretagne étaient récents et avaient  « blessés » l’amour propre siamois et une grande partie de l’élite était devenue pro-allemande. Une quinzaine de pays ne prendront leur décision qu’en 1917 (et même l’Arménie et la Tchécoslovaquie en 1918).

Le Siam envoya une petite force expéditionnaire de 1284 volontaires, sous le commandement du général Phya Pijaijarnrit. Les Siamois arrivèrent en 1918. Certains furent envoyés à l'École de bombardement du Crotoy, à l'école de reconnaissance de Chapelle-la-Reine, à l'école de tir de Biscarosse, et à l’école de chasse de Poix et le personnel de l’armée  de l’Air commença à se former dans les écoles françaises de pilotage d’Avord et d’Istres. Plus de 95 hommes furent brevetés pilotes. Les sources divergent sur leur participation ou non aux combats. Par contre, une unité médicale d’infirmières siamoises est signalée sur le front occidental.


Firstworldwar

 

Le 11 novembre 1918, l’armistice est signé, déclarant la fin de la première guerre mondiale.

Le contingent siamois participa au défilé de la Victoire à Paris le 14 juillet 1919 et fut de retour au Siam le 21 septembre 1919.

"Qui a vu ce jour a vécu" dit Clémenceau au maréchal Pétain, le soir du 14 juillet 1919.
Ils avaient vu l'armée française défiler, Joffre et Foch, les détachements des armées alliées....

Serrés contre les Italiens, d’un pas rapide et sautillant, voici les Japonais aux figures de lémurs. Ils sont peu nombreux. Leur général, sphinx sans âge au teint grisâtre, monte un cheval de race orientale, superbe dans sa vigueur maîtrisée, d’une finesse de lignes admirable. Les Siamois ont un physique moins ingrat que les Japonais, se rapprochant davantage des Hindous. Mais leur attirail de guerriers occidentaux (casques français, bandes molletières…) est ridicule et risible, disproportionné en tout cas quand on songe que la guerre s’est bornée pour eux à une déclaration ! Il n’empêche, la foule jubile et s’extasie : la terre entière n’est-elle pas convoquée à la gloire de la France après avoir été à son chevet ? L’exotisme est contagieux. Les hurlements n’ont pas cessé. Une clameur enthousiaste continue de couvrir les musiques, mouchoirs et couvre-chefs s’agitent sans interruption tandis que défilent les délégations des petits Etats, anciens ou nouveaux (Blog Michel Bellin)

GUERRE 14

 

Un mémorial fut érigé en l'honneur du corps expéditionnaire siamois (à Bangkok, à Sanam Luang, près du musée national). Les noms des 19 soldats tués sur le front occidental sont ainsi honorés. (La France avait perdu 1 350 000 hommes, la Grande-Bretagne 1 150 000 hommes. )

Le Traité de Versailles du 28 juin 1919 met fin à la Première guerre mondiale, détermine les frontières de plusieurs pays, et crée la Société des Nations.

Ce traité est entré en vigueur le 10 janvier 1920. Le traité de Versailles comporte quatre-cent-quarante articles, certains accompagnés d'annexes et est accompagné d'un protocole, et d'un arrangement concernant l'occupation militaire des territoires rhénans, auxquels adhèrent certains signataires. Les signataires du Traité de Versailles sont : pour le traité de paix, le protocole et l'arrangement : l’Allemagne, les Etats-Unis d’Amérique, la France, l’Empire britannique, la Belgique. Pour le traité de paix et le protocole : la Bolivie, le Brésil, le Guatémala, l’Italie, le Japon, le Pérou, la Pologne, le Siam , la Tchécoslovaquie, l’Uruguay.  

La Section III, consacré au Siam comporte trois articles :

Article 135

L'Allemagne reconnaît comme caducs, depuis le 22 juillet 1917, tous traités, conventions ou accords passés par elle avec le Siam, ensemble les droits, titres ou privilèges pouvant en résulter, ainsi que tout droit de juridiction consulaire au Siam.

Article 136.

Tous biens et propriétés de l'Empire ou des États allemands au Siam, à l'exception des bâtiments employés comme résidences ou bureaux diplomatiques ou consulaires, seront acquis de plein droit au Gouvernement siamois, sans indemnité.

Les biens, propriétés et droits privés des ressortissants allemands au Siam seront traités conformément aux stipulations de la partie X (Clauses économiques) du présent traité.

 

 

Article 137.

L'Allemagne renonce à toute réclamation, pour elle ou ses nationaux, contre le Gouvernement siamois relativement à la saisie des navires allemands, à la liquidation des biens allemands ou à l'internement des ressortissants allemands au Siam. Cette disposition ne doit pas affecter les droits des parties intéressées dans le produit d'aucune de ces liquidations, ces droits étant réglés par les dispositions de la partie X (Clauses économiques) du présent traité.

Il permettait ainsi au Siam de conserver à titre de dommages de guerre pas moins de 11 navires appartenant à la compagnie “North German Lloyd” (LGN). (Bangkapong, construit en 1903, saisi par le Siam en 1917 rebaptisé Han Thale (455 tonneaux) — Chantaboon, construit en 1908,saisi par le Siam en 1917 (421 tonneaux) — Chiengmai, construit en 1907,saisi par le Siam en 1917 rebaptisé Doen Samudi (1815 tonneaux) — Deli, construit en 1900,saisi par le Siam en 1917 rebaptisé Den Samud (1394 tonneaux) — Kohsichang, construit en 1894,saisi par le Siam en 1917 rebaptisé Sri Samud (2043 tonneaux) — Menam, construit en 1906,saisi par le Siam en 1917 rebaptisé Thon Thale (464 tonneaux) —Patani, construit en 1907,saisi par le Siam en 1917 rebaptisé Thong Samudi (1819 tonneaux) — Patriu, construit en 1903,saisi par le Siam en 1917 rebaptisé Leu Thale (445 tonneaux) — Petchaburi, construit en 1906,saisi par le Siam en 1917 rebaptisé Kaeo Samud (2191 tonneaux) — Samsen, construit en 1902,saisi par le Siam en 1917 rebaptisé Pin Samud(1632 tonneaux) — Pitsanulok, construit en 1901,saisi par le Siam en 1917 rebaptisé Phan Samudh (2019 tonneaux).

 

En janvier 1920, le Siam devenait un des membres fondateurs de la Société des Nations.

« La Société des Nations (S.D.N.) est la première tentative pour faire fonctionner une organisation universelle des États, principalement créée pour régler les problèmes de sécurité collective. Il s'agissait en quelque sorte de prolonger le gouvernement de fait des Alliés durant la Première guerre mondiale dans une organisation permanente. À l'origine de la S.D.N., il y a les conditions de la paix telles qu'exposées par le président Wilson en janvier 1918 à travers les 14 points. Le quatorzième point précisait qu'une « association générale des nations devra être formée sur la base de pactes spécifiques afin d'assurer les garanties mutuelles d'indépendance politique et d'intégrité territoriale, aussi bien aux petits États qu'aux grands […] Ce pacte est inclus dans le texte du traité de Versailles, le 28 juin 1919, ainsi que dans ceux de Saint-Germain, de Trianon et de Neuilly ; il en forme en fait les 26 premiers articles. La S.D.N. entre en application le 10 janvier 1920 après la ratification du traité de Versailles par l'Allemagne et trois des principaux associés. C'est à Paris qu'a lieu, le 16 janvier 1920, sur convocation du président Wilson, la première réunion du Conseil de la Société des Nations » (Encyclopédie Larousse).

Le 1er septembre 1920, les États-Unis abandonnèrent leurs droits d’extraterritorialité. Après cinq années de négociation , la France  (février1925) et la Grande-Bretagne (juillet 1925) renonçaient aussi à leurs droits d’extraterritorialité, aux traités inégaux  leur accordant le « Droit de Protection consulaire » qui donnaient (par exemple l’article 7 du traité de 1893) aux Français mais aussi  à ceux qui dépendaient du « Protectorat français »comme les Annamites, les Laotiens, les  Cambodgiens (Cf.. les Chinois et Japonais inscrits), la liberté de circuler et de commercer librement sans payer de droits de douanes. Le 12 janvier 1926, la France et le Siam signaient un traité d’amitié, de commerce et de navigation.

 

Le Siam obtenait satisfaction et retrouvait sa souveraineté pleine et entière.

Le roi Varjiravudh (Rama VI) avait été bien « inspiré » le 22 juillet 1917 en déclarant la guerre à l’Allemagne. Le traité de Versailles lui avait donné le droit de confisquer tous les avoirs allemands au Siam, de renégocier et d’obtenir l’abrogation du droit d’exterritorialité « extorqué » par les super puissances franco-anglo-américaines et de retrouver la mainmise sur ses douanes, dénonçant ainsi (indirectement) les traités inégaux qui avaient été arrachées à son père sous la menace coloniale. De plus, en devenant membre fondateur de la Société des Nations en 1920, Rama VI assurait à son pays une garantie internationale pour l’indépendance et  l’intégrité du Siam.

 

On était loin du laconique : « le Siam envoie en Europe un corps expéditionnaire, qui vaut aux troupes siamoises de défiler sur les Champs Elysées en 1918 (sic). » (site officiel de l’ambassade de France). »

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 04:24

 

Le Traité du 23 mars 1907

 

Art of Paknam incident« Dans le contexte de l’expansion coloniale française dans la région, plusieurs incidents opposent le Siam et la France, notamment celui de « PAK NAM » en 1893. Mais les relations s’apaisent. A deux reprises, en 1897 et en 1907, le Roi Rama V effectue une visite d’Etat en France » (Site officiel de l’ambassade de France).

 

« Mais les relations s’apaisent » ???

 Nous allons voir que les relations franco-thaïes entre le traité du 3 octobre 1893 et celui du 23 mars 1907 furent tout sauf  « apaisantes ».

 

La signature du traité de 1893 avait plongé la Cour du Siam dans une « véritable crise intérieure » (Duke, op. cité). Le refus de l’Angleterre d’aider la ligne soutenue par les pro-anglais, les attaques ouvertes du parti nationaliste contre les « conseillers » européens du Roi, l‘ultimatum français, le blocus, la signature du Traité avec pour la première fois une menace sur l’indépendance du Pays, les visées coloniales des deux superpuissances, ne pouvaient déboucher que sur une période incertaine, troublée, très « active »au niveau diplomatique.

 

Il faudra en fait dix ans pour régler les problèmes et les différends issus de  ce traité et de la convention de 1893.

Pendant cette période, le « combat diplomatique » fut incessant, implacable, acharné, quotidien ; chacun défendant son point de vue avec opiniâtreté… La convention stipulait de régler les « affaires » de Kammon, de Tong Xieng Kham par exemple, les « problèmes »  territoriaux demeuraient, comme ceux de Luang Prabang. L’abandon de la rive gauche du Mékong par les Thaïs ne leur donnaient pas de droit pour la rive droite. L’article 3 pouvait aussi être lu par les Thaïs comme une menace d’annexion de Battambung et de Siem Reap.

 

De nombreux incidents comme Paklay en mars1895 et Nong Khaï, Oubon,  envenimèrent durablement les « négociations ». Les accords douaniers et commerciaux débouchaient souvent sur des conflits à régler au « plus haut niveau », et il y avait les problèmes épineux des populations.

 

Le traité donnait un droit de protection consulaire aux Français mais aussi  à ceux qui dépendaient du « Protectorat français » comme les Annamites, les Laotiens, les  Cambodgiens. De plus, le Consulat français proposait aussi aux Chinois et aux Japonais de s’inscrire. La France voulait aussi  « obtenir le rapatriement des populations autrefois transplantées » (Duke, op. cité) (« transplantés » comprendre captifs et esclaves ramenés lors des guerres).Les discussions ne pouvaient être que très vives, l’entente impossible ; les Thaïs considérant  comme Siamois ceux qui étaient sur leur sol depuis 10 ans.

 

Le Roi décide alors, en 1897, de régler lui-même ces questions, et part en Europe pour consulter et évaluer ses soutiens et fait un tour des capitales : Russie, Allemagne, Angleterre. Il est reçu en France en septembre 1897 par le Président Félix Faure et le ministre des Affaires étrangères.

Paul DoumerLes négociations se poursuivent à Paris en novembre 1898 entre Phya Surya (ministre thaï à Paris) et Defrance (Consul à Bangkok), et le 13 mars 1899 entre l’envoyé spécial du roi de Siam Phya Sri Sahadeb à Saïgon avec le gouverneur général d’Indochine Paul Doumer. Celui-ci est reçu à Bangkok, le 21 avril 1899 par le Roi qui, satisfait, peut écrire « le seul gentilhomme français qu’il ait jamais vu » (Duke, op. cité). Mais aucun accord n’est encore en vue puisque Defrance est envoyé à la Cour pour négocier avec  le Prince Dévawongse sur ces mêmes  questions du droit de Protection française, de Luang Prabang, et de la zone des 25 km.

 

Le 28 février 1900 le Prince reconnait qu’il n’y a pas d’entente. Une rupture des négociations s’ensuivit de 1900 à 1902.

L’échec était patent après sept ans de négociations avec la France.

 

Rama V 1900Le Roi, aurait pu être rassuré pour l’indépendance de son pays  par la Déclaration anglo-française du 15 janvier 1896, établissant leur zone d’influence au Siam et garantissant une zone tampon, dans le bassin de la Ménam, par ses nouvelles alliances avec les Japonais ((traité du 25 février 1898), son rapprochement avec les Allemands…  Mais il était informé que même au sein du Parlement français  le ministre des affaires étrangères était attaqué, le parti colonialiste très influent, une partie de la presse virulente. Les pourparlers reprennent à Paris en 1902. Le ministre français des affaires étrangères Delcassé  propose le 7 octobre 1902 la signature d’une convention  destinée à régler les difficultés d’interprétation du traité de 1893. Mais il n’est pas soutenu au Parlement. Le parti colonial à la Chambre, le Comité Asie française, la presse de gauche, L’Echo de Paris, L’Intransigeant se font entendre…

Il propose alors  à Phya Surya dans un mémorandum du 13 mai 1903, une nouvelle base de discussion qui devait aboutir à la signature de la Convention du 13 février 1904 (ratifiée en décembre 1904).

 

Le Siam, selon des sources diplomatiques françaises, avait fait toutes les concessions possibles (lettre de Boissonnas à Delcassé, in Duke). Le Bangkok Times indiquait bien comment la France et l’Angleterre s’étaient « appropriés de vastes territoires,  arrachés morceaux par morceaux au patrimoine thaï » (Duke). Mais le rapprochement franco-anglais qui devait aboutir, le 8 avril 1904,  à « L’entente cordiale » ne laissait plus de choix au Siam. Les zones d’influence avaient été nettement précisées, des cartes établies, des engagements pris.

 

La Convention de 13 articles établissait un nouveau cadre de « travail » très important, comme la délimitation des frontières entre le Siam et le Cambodge (article1), de Luang Prabang (article 2), entre le Siam et l’Indochine française (article 3). Le Siam renonçait à sa suzeraineté sur Luang Prabang et la rive droite du Mékong (article 4), Les troupes françaises devaient quitter Chantaboun (article 5). Elle comportait des dispositions « commerciales » sur les futurs ports, canaux, chemins de fer et  précisait, une fois de plus, la juridiction et la protection des Français.

 

Le travail de délimitation de frontières fiables débouchait sur des questions vitales d’échanges de territoire (comme par exemple : la question de Trat, les limites entre Pursat et Battambang, le territoire de Dan Saï…). On peut se douter que chaque parcelle fut de part et d’autre âprement débattue, négociée entre les différents acteurs nationaux, partisans coloniaux, idéologiques… En novembre 1906, le nouveau Président du Conseil Clémenceau autorisait les nouvelles négociations, qui pouvaient reprendre et aboutiraient par le Traité du 23 mars 1907.

 

Le gouvernement siamois cédait à la France les Territoires de Battambang, Siemréap et Sisophon (article 1). Le Gouvernement français cédait au Siam les Territoires de  Dan-Sai et de Trat (article 2).Des délais, une commission étaient établis (articles 3 et 4). Les articles 5 et 6 établissaient les statuts juridiques des Asiatiques sujets et protégés des Français.

 

Le Siam entrait dans une nouvelle période de son Histoire. Certes il avait perdu sa suzeraineté sur le Laos et le Cambodge, quatre territoires « malais » (Kedah, Perlis, Kelantan, et Trengganu) (1909), mais avait conservé son indépendance, grâce à « L’Entente Cordiale » franco-anglaise du 8 avril 1904, définissant leurs zones d’influence.

 

Le départ du Roi Chulalongkorn pour l’Europe en mars 1907 est peut-être le signe de l’acceptation de ce nouveau monde. Sa visite à Versailles, la réalisation de sa statue équestre, qui devait être exposée le 11 novembre 1908 à Bangkok, pour les 40 ans de son règne (CF. Eléonore Fosse, « Le Petit journal », 22/10/2007) la fierté de l’Oeuvre accomplie.

 

La France, le Royaume Uni et la Russie créaient la triple entente en 1907 pour contrer la Triplice (l’Empire allemand, l’Empire austro-hongrois, et l’Italie). Leur confrontation allait déboucher sur la 1ère guerre mondiale. 

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