Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
  • Contact

Compteur de visite

Rechercher Dans Ce Blog

Pourquoi ce blog ?

  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

(suite cliquez)   POURQUOI CE BLOG ?

Pour nous contacter . alainbernardenthailande@gmail.com

Merci d’être venu consulter ce blog. Si vous avez besoin de renseignements ou des informations à nous communiquer vous pouvez nous joindre sur alainbenardenthailande@gmail.com

9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 03:09

 

Le bouddhisme Theravada, assorti, il est vrai d'autres pratiques spirituelles brahmaniques et animistes antérieures au bouddhisme, est pratiqué par environ 95 % des quelque 71 millions de thaïs. Les musulmans constituent la plus grande minorité religieuse en Thaïlande, Ils appartiennent pour la plupart et se confondent avec l’ethnie des Thaïs-Malais reconnue comme telle au sein des 62 officiellement reconnues.

 

 

Plus de 6 % de la population, c’est dire que plus de 4 millions de thaïs qui professent la foi islamique, la maintiennent et la pratiquent dans environ 4000 mosquées.

 

 

Ils se répartissent en deux catégories que ne relient entre elles que leur foi en la parole du prophète  et peu ou prou des origines ethniques similaires.

 

 

Les « musulmans malais » ou, en termes ethnique, « les Malais de Thaïlande » (ชาวมาลายูภิ่นไทน) parlent une langue malaise austro-asiatique et utilisent un alphabet issu de l’alphabet arabe, le « jawi ».

 

 

lls résident principalement dans le sud du pays surtout dans les provinces frontalières de la Malaisie,   

 

 

Les « musulmans thaïs » (ชาวไทยมุสลิม) résident dans le centre, l’ouest, te nord et le nord-est du pays. Ils y sont infiniment minoritaires et si la plupart sont aussi des Malais, quelques-uns n’en sont pas. Nous leur consacreront toutefois quelques lignes.


 

 

Les Malais du sud représentent environ 70 % de l’ensemble de la population musulmane. Il est aléatoire de chiffrer leur population dans chaque province mais il en est un signe extérieur visible, celui de la présence des mosquées. En partant du nord vers le sud musulman,  à  partir de  la province de Suratthani, on entre en terre d’Islam. Si cette province n’est pas majoritairement musulmane, elle abrite déjà plus de 50 mosquées face à 390 temples bouddhistes avec, par exemple un sous district (tambon), celui de Phumriang (ตำบลพุมเรียง) abrite  7500  habitants dans une demi-douzaine de villages dans le district de Chaya (ไชยา). Ils s’y consacrent au tissage de la soie et y ont leur mosquée

 

 

, ou le village de Hua Thanon sur l’île de Samui (หัวถนน) village de pécheurs malais qui a également sa mosquée.

 

 

Les chiffres sont plus significatifs lorsqu’on atteint le cœur de la Thaïlande musulmane : Il y a plus de 4000 mosquées dans le pays dont  la majorité, 3 340, sont situées dans le sud ;  Dans  la province de Patani 707 mosquées font face à 82 temples bouddhistes. Dans la province Narathiwat, 666 mosquées sont à comparer aux 73 temples bouddhistes.  La balance est la même à Yala, 509 mosquées contre 46 temples bouddhistes et à Satun, 34  temples bouddhistes face à 236 mosquées

 

 

Ceux du sud résident dans une région imprégnée d'un environnement culturel et politique islamique malais.

 

 

Tous sont sunnites comme en Malaisie, une branche de l’Islam que l’on retrouve en Afrique du Nord, dans la Péninsule arabique, en Turquie, en Syrie, en Afghanistan, au Pakistan, au Bangladesh, en Indonésie, en Afrique subsaharienne et en Asie centrale. On trouve aussi quelques communautés chiites (comme on trouve des communautés sunnites dans des pays majoritairement chiites comme l'Iran, l'Irak ou le Liban). Des implantations de très mystiques soufistes sont également présentes. Toutes font plus ou moins bon ménage et l’on ne signale pas des conflits parfois sanglants comme en Afghanistan ou en Irak ni des pratiques discriminatoires comme celles qui frappent les chiites en Malaisie.

 

 

Cette diversité se situe dans l’environnement spécifique au pays, la promotion d’une identité collective basée sur ses trois piliers, la nation « Chat » (ชาติ), la religion « Satsana » (ศาสนา) et le roi « Phramahaksat » (พระมหากษัตริย์) symbolisé dans le drapeau tricolore, la nation en rouge, la religion en blanc et le roi en bleu. Si historiquement, le deuxième pilier, Satsana, la religion, signifiait le bouddhisme Theravada, plus récemment le terme a du s’élargir pour inclure des traditions religieuses non bouddhistes comme le christianisme et l'islam.

 

 

Cette triple conception de nationalité, de royauté et de religion, a eu des conséquences majeures pour les minorités ethniques et religieuses telles que les musulmans et les chrétiens.

 

LES MUSULMANS DU SUD

 

Leur implantation est consécutive à l'expansion de l'État siamois dans cette région. Les quatre provinces méridionales de Patani, Narathiwat, Satun et Yala, limitrophes de la Malaisie actuelle ainsi que les sultanats du nord de la même Malaisie, ont été progressivement intégrées au Siam depuis au moins le XVIe siècle. La date de l’introduction de l’Islam y est sujet à discussions  bien qu’introduit probablement et initialement à Patani. Les populations locales se seraient  convertis à l'islam au cours du XIIIe ou du XIVe siècle de notre ère en coexistence plus ou moins pacifique avec les autres croyances. Ils sont historiquement et culturellement liés au monde insulaire malaiso-indonésien. Ils s’identifient comme « le peuple malais » face aux bouddhistes qu’ils appellent  « peuple siamois ». Pour les bouddhistes, les musulmans malais de leur pays sont des  « khaek Musalayam » (แขก มูซาลายัม) avec une connotation pas toujours positive.

 

 

Historiquement avant le XIXe siècle, ces régions islamiques étaient des États tributaires liés de façon informelle  aux autorités de Bangkok.  Ainsi les sultanats de Kedah, Perak, Kelantan, Terenggan, Saiburi et Perlis payaient tribu au roi de Siam. Depuis le 17e siècle, les sultans envoyaient les « Bunga mas » (fleurs d'argent et d'or - ต้นไม้เงินต้นไม้ทอง - tonmai ngoen tonmai thong) au Siam en reconnaissance de la souveraineté du roi du Siam, ce qui correspond à la moitié nord de l’actuelle Malaisie.

 

 

 

Mais après le XIXe siècle et l’introduction du colonialisme dans cette région, l’État siamois commença à rivaliser avec les Britanniques en Malaisie et  y lança une politique d’expansion que l’on peut dire coloniale.

 

 

Après 1902, l'État siamois a tenté de dépouiller les dirigeants indigènes de leur autorité traditionnelle tout comme ne le faisaient pas les Anglais en Malaisie voisine, construction de routes, de bureaux de poste et développements d’infrastructures. Mais alors que les Anglais souhaitaient plus subtilement conserver la base d'autorité de l'élite malaise pratiquant une politique coloniale indirecte, les autorités siamoises se méfiaient de l'élite malaise traditionnelle et cherchaient à renverser leur base de pouvoir en nommant des bouddhistes siamois comme dévoués bureaucrates.

 

Le résultat de cette politique siamoise a créé un ressentiment immédiat. L'élite malaise ressentait un sentiment de privation par rapport à ses voisins de Malaisie britannique. L'élite malaise de la région de Patani entretenait des liens sociaux et politiques étroits avec les nobles malais de Malaisie par le biais d'alliances matrimoniales.

 

 

Cette élite était unie par le destin et l’histoire qui alimentaient leur désir d’autonomie. Cette solidarité, combinée à une politique thaïlandaise insensible, a conduit à un soutien accru à la résistance malaise à la colonisation anglaise et à une distance politique entre les autorités centrales siamoises et elles. En outre, les autorités siamoises ont commencé à interférer directement dans les pratiques religieuses des musulmans du sud. Elles ont tenté de prendre en charge toutes les questions juridiques en vertu de la loi siamoise. En effet, cela signifiait que le code juridique musulman, structuré par la coutume malaise et administré par le juge musulman local, devait être contrôlé par des responsables bouddhistes siamois. Ces politiques ont provoqué des conflits entre l'élite malaise et les autorités siamoises, mais aussi avec les chefs religieux, les « ulémas » qui bénéficiaient du soutien de la population rurale et avaient servi de force de légitimation à l'autorité malaise tout au long de l'histoire de Patani, centre spirituel du monde islamique dans la région.  Elles ont conduit aux premières rébellions à grande échelle dans ces régions en 1903 et 1922, déclenchant le recours à la force militaire, ouvrant la voie à un irrédentisme qui sévit encore jusqu’à présent de façon mois visible qu'il y a 10 ans

 

 

Le 10 mars 1908, le Siam avait dû abandonner aux Anglais ses derniers territoires de la péninsule malaise, Kelantan, Terenggan, Saiburi et Péris mais les Britanniques n’avaient pas poussé jusqu’à s’emparer des sultanats du sud siamois, toujours sources de « problèmes ».

 

 

Suite au déclenchement de ces rébellions massives, le gouvernement siamois fut contraint de reconsidérer sa politique en établissant de nouvelles lignes directrices pour le traitement des Malais. Les politiques fiscales devaient être égales à celles instituées par les Britanniques en Malaisie britannique En outre, un minimum de pluralisme était introduit en accordant une reconnaissance officielle à la tradition religieuse islamique.

L'enseignement obligatoire siamois s'étendit et les mosquées furent «  encouragées » à modifier le programme islamique pour mettre l’accent sur les trois piliers sacrés de l’État : la nation, la religion et le roi. Et le gouvernement continua à nommer comme fonctionnaires des bouddhistes du centre qui ne parlaient pas le malais.

 

Dans la période qui a suivi l'établissement d'un régime plus ou moins démocratique au Siam dans les années 1930, le gouvernement a promu l'éducation comme moyen d'inculquer de nouvelles valeurs démocratiques dans toute la région. Cela a créé un dilemme pour les musulmans malais, car le système d'enseignement obligatoire siamois était basé sur des valeurs bouddhistes, intimement associées à un programme développé par la Sangha bouddhiste, et la langue d'enseignement était le thaï

 

Dès lors, les élites en arrivèrent a la nécessité du rejet de la langue et de la religion siamoises. Les  chefs religieux locaux et source de légitimité politique, jouèrent rôle de premier plan en mobilisant un soutien politique autour des dirigeants malais dans la politique démocratique afin de renforcer leur autonomie. Les symboles religieux et culturels islamiques ont été mis en avant lors de l'élection des dirigeants malais.

 

 

 

 

À la fin des années 1930, avec le déclin de la politique « démocratique » et l'imposition de la « race » et de la culture centrale aux dépens des autres groupes minoritaires, les musulmans malais ne furent pas autorisés à porter leurs vêtements traditionnels, les éléments subsistants de la loi islamique qui s'appliquaient au mariage et à l'héritage furent interdits, les non-bouddhistes furent délibérément discriminés au sein du gouvernement et des tentatives de prosélytisme bouddhiste furent menées dans le cadre du système éducatif parrainé par le gouvernement. Ainsi, toutes les tentatives de réforme furent émasculées par les politiques agressives d'assimilation imposées par le régime du Maréchal Phibun qui adopta un concept de nation raciste basé sur la race thaïe et se règles culturelles.

 

 

Après la Seconde Guerre mondiale, l'État devenu « thaï » et non plus « siamois » a recommencé à libéralisé sa politique à l'égard de ses provinces du sud en établissant un organe  gouvernemental chargé de gérer les dirigeants malais et d'attirer les Ulémas dans le réseau bureaucratique officiel. Par la législation connue sous le nom de « loi sur le mécénat » de 1945, (พระราชบัญญัติอุ)

 

 

.... les Ulémas ou conseils des mosquées furent centralisés sous l'autorité d’un  « Cheikh al-Islam » ou Chularatchamontri (จุฬาราชมนตรี) dépendant du  ministère de l'Intérieur et ayant compétence pour émettre des fatwas (règles religieuses), de réglementer l'administration des mosquées, leur distribuer des subventions, soutenir les publications islamiques, organiser les festivals, , superviser la certification halal (abattage rituel) dans la fabrication et production d'aliments et d'autres biens de consommation pour les musulmans.

 

 

L’institution existait d’ailleurs déjà sous le royaume d’Ayutthaya (1350-1767) entre les mains des Persans. Son rôle est parallèle à celui des Muphtis dans divers pays islamiques.

 

 

Il devait être le conseiller de la monarchie et être considéré comme le chef spirituel des musulmans de Thaïlande. Cette fonction devait être le pendant du Sangharacha (สังฆราชา), le patriarche suprême de la hiérarchie religieuse bouddhiste. La loi a également ordonné au gouvernement de développer des établissements d'enseignement islamique pour les enfants musulmans avec un programme islamique approprié. Parallèlement, un collège islamique devait être créé en Thaïlande, doté de bourses royales pour les pèlerinages à La Mecque. Les Ulémas devaient être intégrés dans la bureaucratie de l'État par le biais de comités provinciaux islamiques mis en place par le ministre de l'Intérieur. Un article de la loi autorisait le ministre de l'Intérieur à nommer et à révoquer les Ulémas afin de garantir leur loyauté et de combattre l'irrédentisme. En raison des profondes suspicions des musulmans malais à l'égard des autorités thaïes, la loi sur le patronage est devenue une question de discorde dans le, divisant les musulmans malais entre « loyalistes » et « séparatistes ».

 

 

La politique thaïe visait à promouvoir le développement socio-économique comme un moyen de réduire les conflits sociaux et la rébellion dans le sud et renforcer la légitimité politique …et bouddhiste. Comme prévu, beaucoup de dirigeants musulmans considéraient cette nouvelle idéologie comme un colonialisme de l’intérieur. Le gouvernement a tenté de promouvoir  cette nouvelle idéologie du développement à travers les institutions éducatives au sud, les pondoks  (ปนโดะก์) traditionnels ou écoles religieuses.

 

 

Ce que l’État thaïlandais n’a pas reconnu, c’est la réalité que les pondoks étaient le symbole des idéaux musulmans malais et de la résistance culturelle aux autorités bouddhistes du nord. Comme les autorités thaïes les considéraient comme une institution clé dans la transmission de la religion malaise et de  l'idéologie politique au Sud, leur objectif était de transformer cette institution en un instrument laïc destiné à cultiver les valeurs thaïes. Dès 1970, il y en eut 463 dans le au sud officiellement incorporés au réseau officiel. Ne pouvaient pas légalement exploiter leurs propres pondoks privés, les Ulémas choisirent de collaborer dans l’espoir d’éviter trop d’ingérence bouddhiste dans leurs affaires religieuses. Pourtant, comme sous les régimes précédents, cette sécularisation équivalait à l'adoption de la culture thaïe incluant le bouddhisme. Le résultat fut que beaucoup de musulmans malais envoyèrent leurs enfants à l'étranger dans des pays islamiques ce qui ne fit que renforcer les sentiments  irrédentistes. C’est alors que surgirent dans les années  1960 et 1970 des groupes activistes comme le Front de libération nationale de Patani, dirigé par le descendant d’un Sultan, qui souhaitait ouverte,ent le rétablissement de l’ancienne gloire de Patani dans le cadre d’une autonomie au sein de la fédération de Malaisie mais il se compromit avec les mouvements communistes. Notre propos n’est pas de revenir sur l’histoire de ces mouvements insurrectionnels ouvertement terroristes.

 

 

Bien qu'il y ait encore et toujours des escarmouches sporadiques, les communautés musulmanes malaises de Patani se sont largement éloignées des mouvements séparatistes extrémistes et ont modifié leurs stratégies politiques, mobilisant leurs électeurs pour chercher  une voix dans la politique thaïe. Un certain nombre de dirigeants musulmans du sud ont organisé une groupe politique connu sous le nom de Groupe Al Wahda (อัล วาห์ดา « Unité » en langue malaise), et ont été, déterminant pour influencer la politique gouvernementale issue de Bangkok en faisant pression pacifiquement sur les responsables du gouvernement central pour que soient nommés plus de musulmans dans les hauts postes de la fonction publique ou les ministères.  

 

 

Une intégration au moins partielle ? Un rêve. Une assimilation, on peut en douter ?

 

 

LES MUSULMANS DES PROVINCES DE L’OUEST, DU CENTRE, DU NORD ET DU  NORD-EST

 

En revanche, les musulmans thaïs du reste du pays résident, en tant que minorités partiellement ethniques mais totalement religieuses, au cœur de ces régions où ils ont été influencés par un environnement politico-religieux brahmanique, animiste et Theravada.

 

En dehors des 183 mosquées de Bangkok dans une ville qui comporte probablement 650 temples bouddhistes, la présence musulmane en dehors du grand sud n’est pas inexistante même si elle est très marginale. Nous avons pu relever l’existence de 27 mosquées dans notre région du nord-est, en particulier :

 

Khonkaen

 

 

Roiet

 

 

Buriram

 

 

Bungkan

 

 

Kalasin

 

 

31 dans la région nord, 42 à l’ouest et enfin 350 dans la région centre (y compris celles de Bangkok). Il faut évidemment comparer ces chiffres à ceux des temples bouddhistes qui sont des centaines dans chacune de ces provinces.

En raison des conditions historiques et culturelles, la présence des musulmans dans le centre et les provinces de nord est  très différente de celle de leurs coreligionnaires du sud. Ils ont migré soit volontairement soir de force y apportant leurs particularités ethniques, sociales et religieuses. Mais ces communautés sont beaucoup plus hétérogènes que celles du sud en raison de leur environnement presque exclusivement bouddhiste.

 

 

Lorsque l’état siamois a investi les provinces du sud, il y eut une politique d’immigration forcée probablement à partir du XIIIe siècle pour affaiblir les forces antagonistes du sud, en transférant les populations vers le nord. Il en aurait été de même entre le XIIIe et le XVIIIe alors que le pays faiblement peuplé manquait de main d’œuvre. On ne pratiquait alors pas le génocide systématique à l’égard des vaincus, on se contentait de déporter les habitants qui, d’esclaves dans leurs pays d’origine se retrouvaient esclaves dans le pays d’accueil. Lorsque les Siamois ont attaqué victorieusement Patani au XVIIe de nombreux habitants du sud ont été « transférés » vers le nord. Lors de l’émergence de la dynastie Chakri en 1782 et l’invasion de Patani par Rama Ier, les familles de Patani qui avait combattu contre les troupes siamoises, furent transportées à Bangkok. Rama II suivit la même politique, enlevant des populations d’otages dans le sud.  En 1828, Bangkok aurait abrité 3 000 résidents malais Peu de de temps après, cette population a triplé suite à l’écrasement d’une nouvelle rébellion à Patani ; 4 000 à 5 000 captifs auraient été emmenés en masse à Bangkok. La majorité de ces musulmans furent réinstallés dans les districts suburbains allant du sud au nord en la partie extrême est de la métropole de Bangkok. Beaucoup de leurs descendants y résident toujours. On leur doit en particulier le creusement et la construction de canaux dont le Klong (canal) Saen Saeb (คลองแสนแสบ),

 

 

... qui part du centre de Bangkok vers l'est, construit par des corvées, la plupart des membres ayant été « recrutés » parmi les musulmans malais et leurs descendants résidant dans les communautés musulmanes environnantes. Lorsqu’on voyage sur ce canal, on trouve ses berges ponctués de mosquées qui ont été érigées sur les deux rives. Plus de 70 % des mosquées de Bangkok ont été construits par des musulmans malais et leurs descendants.

 

 

Il n’y a pas de statistiques précises pour évaluer le nombre exact de ces descendants, compte tenu de facteurs démographiques tels que la fécondité, la mortalité, la migration et les mariages mixtes, cette population serait d‘environ 280 000 ou 300 00 personnes dont la majorité vit à Bangkok et entre 15 ou 20 000 dans les autres provinces ou tous ne sont pas des Malais.Une place particulière doit être réservée à la communauté musulman  Cham de Bangkok, n’y revenons pas, nous lui avons consacré un article (1)

 

 

Des communautés musulmanes se sont également établies dans le nord et le nord-est dont beaucoup ne venaient ni du sud ni des états malais. Beaucoup venaient de la partie islamisée de la Chine. Les autorités les appellent « Chinois Ho (จีนฮ่อ). Ils sont originaires du sud-ouest du Yunnan. Historiquement, ils se sont progressivement installés dans les provinces du nord et du nord-est en tant que résidents permanents et après la révolution chinoise de 1950, une nouvelle vague a fui vers la Thaïlande, après avoir reçu mauvais accueil au Laos et en Birmanie et moins mauvais en Thaïlande.

 

 

Plus ou moins intégrés sans être assimilés, ils se désignent aux mêmes sous le nom de « Thaïs musulmans » (ชาวไทยมุสลิม). Ils ont probablement tous oublié leur langue d’origine, qu’ils descendent de Malais ou de Chinois et ne l’enseignent pas à leurs enfants. La scolarité obligatoire pour les enfants de 7 à 14 ans signifie que les enfants musulmans fréquents les écoles thaïes et y apprennent la langue et l’écriture.

 

 

Les mariages mixtes sont fréquents où l’on voit des migrants marié à des femmes thaïes qui se sont ensuite converties à l'islam. On dit volontiers dans la communauté musulmane que  les enfants de ces mariages mixtes respecteraient la tenue vestimentaire, les manières et le langage des leurs mères thaïes, mais à la religion de leurs pères musulmans.

 

 

UN « AGGIORNAMENTO » SERA-IL UN PAS VERS L’ASSIMILATION ?

 

Sans le moins du monde entrer dans des discussions théologiques, il faut noter une forte implantation du mouvement Da'wa (ดะวะห์), une sorte d’ « Islam intérieur » : les musulmans sont appelés à consacrer leur vie à l'amélioration du bien-être social de leurs semblables. Le mouvement appelle à un dialogue et à une coopération entre musulmans et bouddhistes

Un autre mouvement islamique a eu une certaine influence marginale. Créé en 1968, le mouvement Darul Arqam (ดาร์ อัล-อัรกัม) est de tradition soufiste.

Ils luttent à leur façon contre un islamisme extrême qui n’est certainement pas mort chez mes musulmans du sud :

Le mouvement le « dépoussiérage » lancé par le Pape Jean XXIII chez les catholiques a-t-il un équivalent chez les musulmans en lutte contre l’intégrisme islamiste qui fait actuellement des ravages et alimente d’abondance des sentiments islamophobes qui ne sont pas absents en Thaïlande ?

Certains penseurs mahométans, je pense au poète syrien Mohamed Al Maghut disparu en 2006 ; ont décrit avec un certain humour ce qui repose sur des constatations d’évidence, aussi tristes soient-elle :

Lors de la naissance de l’Islam il y a 1400 ans, les musulmans vivaient dans le désert, et dormaient dans des tentes.  Tout ce qu’ils savaient faire était de monter des raids pour capturer des esclaves et élever du bétail. Ils guerroyaient et se mariaient. Ils ont laissé des histoires, des textes et des hadiths qu’ils considéraient comme sacrés. 1400 ans plus tard, on ne peut penser, comme eux, porter les mêmes vêtements, mener la même vie et livrer des batailles comme eux et se marier comme eux On ne peut après 1400 ans être censés croire tout ce qui a été transmis : 1400 ans de malédictions contre les juifs, les chrétiens et les infidèles dans les prières et d’appel à Allah à les disperser.  Les musulmans versent la dime pour les pauvres depuis 1400 ans mais le nombre d’affamés et de démunis ne cesse de croitre dans les pays musulmans. Ceux qu’ils maudissent dans leurs prières sont allé dans l’espace et marché sur la lune, divisé l’atome et inventé la révolution numérique. S’occuper de ses organes génitaux et étudier encore comment savoir entrer dans la salle de bains ou ce qui annule les ablutions à part les femmes et les chats noirs  a-t-il encore un sens aujourd’hui ? Après avoir étudié en profondeur leurs érudits se sont penchés pour disserter sur le djihad sexuel, l’inceste, l’allaitement de l’homme et rapports sexuels d’adieu avec sa femme décédée.  Ils ont écrit des livres expliquant comment avoir des rapports sexuels avec les femmes et les animaux. Leurs esprits n’ont-ils pas eu le droit d’être influencés par la connaissance, la science et la technologie qui nous entourent ? Ces esprits sont restés captifs après 1400 ans, ils ont fait de l’Islam une religion assoupie.

Un autre mouvement islamique a eu une certaine influence marginale. Créé en 1968, le mouvement Darul Arqam (ดาร์ อัล-อัรกัม) est de tradition soufiste.

 

 

Ils luttent à leur façon contre un islamisme extrême qui n’est certainement pas mort chez les musulmans du sud :Le mouvement le « dépoussiérage » lancé par le Pape Jean XXIII chez les catholiques a-t-il un équivalent chez les musulmans en lutte contre l’intégrisme islamiste qui fait actuellement des ravages et alimente d’abondance des sentiments islamophobes qui ne sont pas absents en Thaïlande ?

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires