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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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Pourquoi ce blog ?

  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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Merci d’être venu consulter ce blog. Si vous avez besoin de renseignements ou des informations à nous communiquer vous pouvez nous joindre sur alainbenardenthailande@gmail.com

20 avril 2024 6 20 /04 /avril /2024 11:44

 

Nous avons consacré plusieurs articles aux maquis communistes dans le nord-est de la Thaïlande ; C’est là qu’ils y naquirent et furent actifs pendant plusieurs années. D’obédience essentiellement vietnamienne, les souvenirs des participants sont nombreux et souvent émouvants. Nous avons peu d’éléments sur les maquis des jungles du sud de la Thaïlande à la frontière avec la Malaisie,, probablement d’obédience chinoise et surtout divisés en factions rivales en liaisons avec la guérilla communiste du nord de la Malaisie. Nous n’avons guère que les souvenirs de Jean Michel Krivine, militant maoïste trotskyste, frère d’Alain, médecin, qui fit un séjour de quelques semaines dans un maquis du sud à la fin de l’année 78 alors que la rébellion communiste thaï était d’ores et déjà en voie d’éradication. Ces souvenirs, publiés très tardivement en 2005, sont à lire avec circonspection et plus encore, nous leur avons consacré un article.

 

 

Nous avons par ailleurs rencontré notre ami Mina Chalermkiat, professeur de français à la faculté des sciences humaines de Khonkaen et passionné des légendes et histoires locales de son pays, nous avons consacré plusieurs articles aux légendes qu’il nous raconte. Il nous conduit aujourd’hui faire du « tourisme historique » dans l’extrême sud du pays. Cet article trilingue accompagné de nombreuses photographies a été publié sur sa page Facebook le 21 mars 2022. Nous ne sommes pas un guide touristique mais il s’agit là aussi et surtout d’histoire et partager la visite de ce qui est probablement le dernier vestige des maquis communistes malais réfugiés dans l’extrême sud de la Thaïlande appelé le « tunnel de Piyamit » (Umong piyamit - อุโมงค์ปิยะมิตร) mais, nous allons le voir, il s’agit beaucoup plus qu’un tunnel..

 

 

La localisation

 

 

 

Il est situé dans le village Ban Piyamit  (บ้านปิยะมิตร) dans le sous district de Tano Maero (tambon Tano maero - ตำบลตะเนาะแมเราะ) lui-même dans le district de Betong (amphoe Betong  - อำเภอเบตง), débaptisé de son nom malais de Yarom (ยะรม) qui signifie « bambou » en langue locale, le Jawi. Nous sommes à l’extrême sud de la province de Yala (จังหวัดยะลา), limitrophe du sultanat malais de Perak (รัฐเปรัค). Il en est séparé par la chaîne de montagnes Titiwangsa (ทิวเขาตีตีวังซา), une barrière naturelle avec des sommets de plus de 2000 mètres d’altitude. Plutôt que ce nom malais, les thaïs utilisent plus volontiers celui de chaîne de montagnes de Sankalakhiri (ทิวเขาสันกาลาคีรี).

 

 

Pour les habitants, c’est « le pays dans la brume,

 

 

celui des belles fleurs,

 

 

une belle région frontalière et le point le plus méridional du Siam » (เมืองในหมอก ดอกไม้งาม ใต้สุดสยาม เมืองงามชายแดน).

 

 

Le tourisme n’y est actuellement pas conseillé en raison des risques dus à l’activité des activistes musulmans en liaison avec ceux de Perak, ceux que la presse locale appelle systématiquement « les bandits du sud » (โจรใต้ - chontai). C’est ce que signale toujours le site Internet de l’Ambassade de Bangkok : « Les provinces de l’extrême sud de la Thaïlande, Pattani, Narathiwat, Yala, sont en proie à des attaques à l’explosif ponctuelles, du fait d’une insurrection séparatiste. La province de Songkhla subit également des attaques de moindre ampleur. Bien que n’étant pas spécifiquement visés, les étrangers peuvent être les victimes collatérales d’une action violente. Il convient donc de rester vigilant sur tout le territoire, y compris dans la capitale, laquelle a été la cible de plusieurs explosions le 2 août 2019 ».

 

 

Il est toutefois, en dehors du tunnel devenu attraction touristique, d’autres sites dignes d’intérêt, au moins pour le tourisme local,  la source d’eau chaude de Betong (บ่อน้ำร้อนเบตง), une source sulfureuse où les visiteurs font cuire les œufs

 

 

et la cascade d'Inthason (น้ำตกอินทสร).

 

 

Je les cite car leur porche d’entrée et également celui de la route qui conduit au tunnel.

 

 

Avant de suivre Mina dans sa visite, une précision terminologique s’impose. Mina parle dans sa version thaïe mais pas dans sa version française ni dans la version anglaise,  de « bandits communistes malais » (โจรคอมมิวนิสต์มลายา). Je ne vois pas de raison de changer cette traduction dans la mesure où tous les sites Internet qui concernent le tunnel utilisent systématiqument  la même expression.Peut-être y a-t-il une raison commenous le verrons en conclusions ? Si elle vous indispose, vous pouvez toujours l’interpréter comme guérilleros communistes malais.

 

 

Suivons maintenant Mina dans sa visite guidée illustrée.. Je n’ai ajouté que deux observations en italiques.

Le Tunnel de Piyamit

 

Aujourd'hui, j'aimerais vous emmener voir les tunnels de Piyamit. Il s'agit d'une attraction touristique historique située à la frontière de la province thaïe de Yala et du sultanat de Perak en Malaisie.

 

 

Le tunnel de Piyamit est situé à Ban Piyamit, sous-district de Tano Maera, district de Betong dans la province de Yala. Il a été construit en 1977. C’est un tunnel en terre battue que l'ancien Mouvement des bandits communistes malais a construit comme bunker et utilisé comme base d’opérations.

 

Le tunnel fait 1 kilomètre de long, avec 9 entrées et sorties. Actuellement, il n'en reste que 6.

 

Il existait probablement des issues sur le versant malais

 

 

Le trajet dans le tunnel est étroit, en zigzag Il est  divisés en différentes salles.  Les occupants peuvent y passer longtemps de leur vie en restant cachés.

 

 

Il se trouve sur une colline couverte de grands arbres qui constituent un bon camouflage.

 

 

Avant de visiter le tunnel proprement dit, nous visitons une salle présentant des armes, des équipements militaires et  des photographies ainsi que la narration d’anecdotes importantes sur les batailles passées.

 

 

À l'entrée du tunnel, se trouve une grande statue de la déesse Kuan Yin  (เจ้าแม่กวนอิม) que nous pouvons vénérer et solliciter sa bénédiction.

 

 

Présence incongrue, certes mais il ne faut pas oublier que ces maquisards malais étaient essentiellement des Chinois au moins d’origine. Plusieurs sites Internet parlent de « bandits chinois communistes de Malaisie ». Beaucoup de légendes ne sont pas en thaï mais en idéogrammes chinois.

 

Pour accéder au tunnel, il faut gravir la montagne ce qui prend environ une demi-heure.

 

 

Tout dépend de vos articulations ! Un sentier d’accès  pédestre en forme d'escalier a été créé à l'ombre des arbres qui nous  abritent du soleil.

 

 

On n’y voir ni le ciel ni le soleil et l’air est constamment frais et humide.

 

Merci Mina pour ton texte et tes photographies.

Que conclure ?

 

Si Krivine reste discret sur l’emplacement du maquis où il a séjourné, il est permis de penser qu’il se situait dans les montagnes de Khaonamkhang (เขาน้ำค้าง) sous district de Khlong Kwang (คลองท กวาง), district de Natawi (นาทวี) dans la province de Songkhla (สงขลา). Il y a également son bunker souterrain devenu une sorte de « musée du souvenir ». Il était un maquis de communistes chinois de Malaisie ou, pour parler comme les Thaïs de « bandits chinois communistes de Malaisie » (โจรจีนคอมมิวนิสต์มาลายา).

 

 

Ses affinités avec la faction la plus dure des maoïstes, l’y conduisirent irrémédiablement. Le maquis de Piyamit était également un maquis de communistes chinois de Malaisie, bandits ou pas.

 

On peut se poser une première question sans pouvoir y apporter une réponse précise. Ces régions sont peuplées de Thaïs en grande partie musulmans qui revendiquent peu ou prou leur rattachement à la Malaisie ce qui ne signifie pas qu’ils aient des sympathies particulières pour le communisme en général. Les maquisards du nord-est vivaient au milieu de la population « comme des poissons dans l’eau » selon l'ordre de Mao.

 

 

Nous savons par exemple qu’Ho Chi Minh a passé plusieurs années dans la région du nord-est dans une région ou la population est au moins partiellement d’origine vietnamienne. Ces maquisards vivaient-ils réellement au sein de la population locale comme des poissons dans l’eau ?

 

 

Les ponctions financières évidemment illégales effectuées au détriment des populations locales – dont ils sont accusés à tort ou à raison - n’ont pas jouée en faveur de leur popularité !

 

Est-ce la raison de l'utilisation systématique du terme de "bandits" que l'on ne trouve jamais lorsqu'on parle des maquis du nord-est

 

Nous n’avons pas l’intention d’écrire l’histoire de l'insurrection communiste en Malaisie ; Rappelons simplement  qu’elle  eut lieu de 1968 à 1989, entre le Parti communiste malais d’obédience chinoise et le gouvernement fédéral malais.  Les rescapés, pourchassés, se retirèrent dans les jungles frontalières difficiles d’accès entre la Malaisie et la Thaïlande. Ils perdirent le soutient de la Chine lorsque les gouvernements de Malaisie et de Chine établirent des relations diplomatiques en juin 1974 et plus encore 1989 lorsque le parti communiste signa un accord de paix avec le gouvernement malais à Hat Yai. Ne citons que pour mémoire les querelles internes terminées par des « procès » et des exécutions entre diverses factions communistes ou trotsko-communistes, prochinois et provietnamiens. Lorsque fut creusé l’abri de Piyamit à partir de 1977, il s’agissait bien plus surement  de la construction d’un reuge que celle d’une base de combat. Lorsque Krivine visite son camp dans la province de Songkhla, n’oublions pas qu’il est médecin, il assiste à une opération d’ l’appendicite et aux soins donnés aux maladies tropicales endémiques dans la jungle, ce ne sont pas des maladies de combattants. Référence doit être faire à une longue étude universitaire de Phonchai et Nakarin Mektrairat (พรชัย และ นครินทร์ เมฆไตรรัตน์) de l’Université de Songkhla, numérisée sous le titre « les bandits chinois communistes de Malaisie (โจรจีนคอมมิวนิสต์มาลายา) numérisée

http://wiki.kpi.ac.th/index.php?title=โจรจีนคอมมิวนิสต์มาลายา

 

Malgré son titre, elle n’en aucun aspect partisan et assortie d’une montagne de références. La consultation du rapport déclassifié de la CIA « Communiste insurgency in Thailande » daté de 1991 est intéressante car il n’oublie pas de citer Betong comme lieu de refuge. Il est numérisé sur le site de la CIA

https://www.cia.gov/readingroom/docs/DOC_0000012498.pdf

 

 

Références

 

Sur le séjour de Krivine

 

A175. Jean-Michel Krivine : « Carnets De Mission Dans Les Maquis Thaïlandais (1978)».

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2015/02/a175-jean-michel-krivine-carnets-de-mission-dans-les-maquis-thailandais-1978.html

 

Sur le séjour d’Ho Chi Minh

 

H 10 - LA « MAISON D’HO-CHI-MINH » PRÈS DE NAKHON PHANOM, MYTHE OU RÉALITÉ ? DU CULTE DE LA PERSONNALITE À LA DÉIFICATION.

 

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2017/06/h-10-la-maison-d-ho-chi-minh-pres-de-nakhon-phanom-mythe-ou-realite-du-culte-de-la-personnalite-a-la-deification.html

 

Sur la guérilla dans le nord-est

 

H 28- LA GUÉRILLA COMMUNISTE DANS LE NORD-EST DE LA THAÏLANDE (ISAN) DU 7 AOÛT 1965 AU 23 AVRIL 1980 - PREMIÈRE PARTIE.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/12/h-28-la-guerilla-communiste-dans-le-nord-est-de-la-thailande-isan-du-7-aout-1965-au-23-avril-1980-premiere-partie-4.html

 

H 29 - LA GUÉRILLA COMMUNISTE DANS LE NORD-EST DE LA THAÏLANDE (ISAN) DU 7 AOÛT 1965 AU 23 AVRIL 198https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/01/h-29-la-guerilla-communiste-dans-le-nord-est-de-la-thailande-isan-du-7-aout-1965-au-23-avril-1980.la-fin.html0. LA FIN.

 

INSOLITE 45 - À LA RECHERCHE DE L’« ILLUMINATION » : LA VIE DES COMMUNISTES DANS LA FORÊT SACRÉE DE DONG PHRA CHAO. คอมมิวนิสต์ป่าดงพระเจ้า แดนสนธยา หรือ « แหล่งแสวงหา »

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2023/03/insolite-45-a-la-recherche-de-l-illumination-la-vie-des-communistes-dans-la-foret-sacree-de-dong-phra-chao.html

Les contributions de Mina à notre blog

 

INVITÉ - MINA - PHRA RUANG ROTCHANARIT (พระร่วงโรจนฤทธิ์) : STATUE SACRÉE DU BOUDHA DE NAKHON PHATOM (นครปฐม)

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2023/05/invite-mina-phra-ruang-rotchanarit-statue-sacree-du-boudha-de-nakhon-phatom.html

INVITÉ – LA LÉGENDE DE LIMKONIAO QUI S’EST PENDUE POUR NE PAS DEVENIR MUSULMANE - ตำนาน ลิ้มกอเห่นี่ยว

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2023/04/invite-la-legende-de-limkoniao-qui-s-est-pendue-pour-ne-pas-devenir-musulmane.html

INVITÉ - LE FESTIVAL DES FUSÉES (บุญบั้งไฟ - BUN BANGFAI) OU LA LÉGENDE DE PHAYA THAEN (พญาแถน) ET PRAYA KHANKHAK (พญาคันคาก)

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2023/04/invite-le-festival-des-fusees-bun-bangfai-ou-la-legende-de-phaya-thaen-et-praya-khankhak.html

H12 Bis - LA PRINCESSE YOTHATHIP (1638–1715), SŒUR DE LA PRINCESSE YOTHATEP (1656-1735), FILLES ET EPOUSES DE ROI;

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2023/12/h12-bis-la-princesse-yothathip-1638-1715-soeur-de-la-princesse-yothatep-1656-1735.html

 

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