La culture de l’Isan : littérature, cuisine, musique, chanson, cinéma, éducation …une culture en train de se transformer…
3/ Littérature
http://www.alainbernardenthailande.com/article-23-notre-isan-la-litterature-thailandaise-1-79537350.html
http://www.alainbernardenthailande.com/article-24-notre-isan-la-litterature-dethailande-2-79537520.html
Nous avions avoué notre méconnaissance de la littérature thaïlandaise et avions proposé, humblement, un chemin, un programme de lecture possible en nous appuyant sur une étude de Jean Marcel, qui alors professeur à l’Université Chulalongkorn (Bangkok), avait écrit en 2006, « L’œuvre de décentrement : le cas de la littérature siamoise ». (Cf. articles 23 et 24). Il nous apprenait, entre autre, que la littérature « siamoise » était très différente de la littérature occidentale. (Cf. le rôle joué par la tradition orale, la place de la « nouvelle », qui est la forme qui se rapproche le plus de leur tradition orale, toujours aussi active, comme le Ramanakien… le likai (théâtre comique) et le khon toujours joués par des troupes ambulantes d’amateurs ou de professionnels…et la chanson populaire, héritière directe de la tradition poétique séculaire. Le modèle du ranat thum, à savoir l’improvisation. Les écrivains thaïs ne revendiquent pas une littérature « nationale »... )
« Ajarn Chetana a montré de façon irréfutable que même les écrivains que l’on pourrait qualifier d’engagés, le plus souvent sous l’effet d’influences occidentales (surtout après les événements sanglants des années 70-73), ont peu à peu, non pas renoncé à l’engagement, mais tempéré leur pensée au profit d’une conception plus ample du monde et de son mystérieux destin. »
Toutefois, comme pour le contredire, les écrivains d’Isan comme Pira Sudham et Khamsing Srinawk tenaient à témoigner, à écrire la vie de leur Isan.
Nous avions lu alors Enfances thaïlandaises et Terre de mousson de Pira Sudham
http://www.alainbernardenthailande.com/article-25-pira-suddham-un-ecrivain-de-l-isan-79537662.html
Le prologue d’ Enfances thaïlandaises donnait le ton et nous plongeait dans les dures réalités des villages de l’Isan, avec ses attentes inquiètes de la mousson, ses périodes de chaleur intense, de disette, de combat pour survivre, de pauvreté, auxquels s’ajoutent l’ignorance et la corruption. Le narrateur regrettait amèrement que cette vie misérable, ce cercle vicieux, soit acceptée comme le prix du karma. Mais malheureusement le changement qu’il voyait à l’œuvre : les jeans, le plastique, l’électricité avec les télévisions, les réfrigérateurs, la société changée avec l’entre- aide qu’il faut désormais payer, les migrants du Moyen Orient qui reviennent au village avec leur argent , des idées et des visions nouvelles, le style dit « moderne », ne semble pas inaugurer une période plus heureuse.
Au fil des pages, effectivement, il montrait comment la vie était difficile dans le village d’Isan avec sa pauvreté, sa disette périodique, auxquelles s’ajoutent la corruption venue de l’extérieur (les grands projets de développement détournés par les autorités de la ville) et l’exploitation de son ignorance (avec les marchands passant au village, le Chinois achetant la récolte).
Mais cette vie était aimée, était sujet de fierté, d’héritage « culturel » qu’il fallait transmettre, mais qu’il faudrait aussi changer, même si, disait-il, la croyance bouddhiste au Karma empêche toute prise de conscience, toute révolte, tout moyen de bouleverser cette misère. Il montre que les moyens individuels choisis pour s’en sortir, le départ à l’étranger, les filles « tarifées » n’apportent que désillusions ou malheur aux intéressés. Il estime que les migrants au Moyen-Orient qui reviennent au village n’apportent pas le changement souhaitable avec la monétarisation des relations, et leurs idées dites nouvelles (les maisons en dur « modernes » n’ont pas le charme des maisons d’autrefois).
Et pourtant il constate, (il regrette ?) qu’au fil du temps, le changement, les transformations sont à l’œuvre et modifient la vie traditionnelle des villages d’Isan.
Mais les valeurs bien que menacées demeurent. Elles donnent encore sens au travail des rizières, qui relient les familles, qui constituent la « richesse » de ces déshérités comme la fierté exprimée du travail du paysan, son devoir d’aider les parents vieillissants, et de s’entre-aider, sa relation privilégiée avec la nature, son attention aux autres vivants, aux buffles qui l’aident dans son travail, à sa dignité et son honneur qu’il faut défendre, sa « richesse spirituelle » comme disait la mère de Prem, une culture « authentique » que le « changement » venu de l’extérieur commençait à miner.
4/ La cuisine isan ?
Certes elle existe et est bien présente,
Les gens de la région sont connus pour manger une grande variété de bestioles, comme les lézards, les grenouilles et les insectes frits comme les sauterelle, les vers à soie et les bousiers. mais plutôt que d’évoquer les sempiternels articles sur le riz gluant, les piments redoutable, le somtam, le larb, le gai yang, et le vin de riz sato, nous avions proposé une interrogation « humoristique » dans notre article 27 sur la : « Gastronomie » en Isan ?
http://www.alainbernardenthailande.com/article-27-notre-isan-gastronomie-en-isan-80673180.html
tant disions- nous, il existe une foule de sites Internet « flagorneurs » sur les mérites et les vertus de la cuisine Isan. On disait plus simplement :Dans un pays pauvre comme l’Isan, on mange ce que l’on trouve que ce soient des tétards, des chauves-souris, du chien (encore en vente sur les marchés de la province de Sakhon, mais un peu cher), des oeufs de fourmis, toutes sortes d’insectes et naturellement les produits de la terre et de l’élevage.Quand on est pauvre, il faut s’en contenter comme le faisaient nos ancêtres, il y a seulement deux siècles.
Et on rappelait cette simple vérité : N’oubliez jamais que ce qui fait le charme de notre cuisine vient essentiellement d’ailleurs, les tomates des Amériques, ail, aubergines, concombres, pommes de terre d’Amérique encore, oignons d’Asie, abricots ou agrumes d’Asie. Sans parler des épices pour lesquelles de hardis navigateurs sont partis à la conquête du monde.
On se permettait une petite critique sur l’utilisation abusive des épices, essentiellement du piment. « Alors, quand je lis (souvent) que le sommet de la gastronomie Isan est le fameux « somtam », je m’interroge. Le piment utilisé à la façon locale ne parfume pas les mets, il en fait disparaître tout simplement la saveur. Poulet au piment, soit, piment au poulet, ça ne va plus. Et que chacun avait une idée différente de ce qui pue : « Ça pue » lui dis-je quand elle ouvre son pot de kapi, (espèce de pâte de crevettes faisandées), « ça pue » me répond-elle lorsque je confectionne une anchoïade. On recommandait le blog de notre ami Titi
http://www.titiudon.com/article-thailande-la-cuisine-de-l-isan-65564135.html qui nous avait permis de découvrir un site passionnant sur la cuisine :http://bottu.org/recettes_ndx.htm
5/ Musique, chanson, et cinéma
Nous avions montré dans l’article : La musique traditionnelle vue par les voyageurs des siècles précédents,
http://www.alainbernardenthailande.com/article-is-30-la-musique-traditionnelle-thailandaise-vue-par-les-voyageurs-85320934.html
comment beaucoup présentaient surtout leur préjugé et leur difficulté à appréhender une musique différente.
Par contre, tous les informateurs consultés s’accordaient pour donner le mor lam comme la principale musique traditionnelle d’Isan .( Il a en commun avec le luk thung(la musique traditionnelle du Centre), son intérêt pour la vie des pauvres des régions rurales, les problèmes sentimentaux, la tristesse de quitter le village, les difficultés de vivre en ville, mais aussi ses « lumières » inaccessibles … et le kantrum chez les Kmers isan .
Nous avons pu constater que les multiples manifestations culturelles et concerts donnaient aussi à entendre d’autres formes de musique (Cf. les blogs amis de Patrick et d’Alain d’Udon Thani et de Jeff) que l’on pouvait reconnaître par exemple comme le groupe Carabao
ou le pleng luuk thung (musique country thaïe). De plus, il fallait être aveugle pour ne pas voir à la télévision, dans les écoles ou sur les places publiques, que les ados des villes adoraient se produire dansant en groupe et en tenue souvent « sexy » sur les airs « à la mode » de leurs vedettes favorites : le string !
De plus, on remarquait que dans les années 1990, il y a eu de nombreuses interactions entre le luk thung, le string et le mor lam… voire la pop. Le mor lam produisit un nouveau genre appelé luk thung Isan ou luk thung Prayuk, qui incorpore les rythmes les plus rapides du mor lam. Il faudrait aussi aller du côté des minorités ethniques comme les Hmongs, Akha, Mien, Lisu, Karens, Lahu …qui ont aussi leur musique traditionnelle.
La musique populaire thaïlandaise actuelle est donc le fruit d’un important métissage des styles traditionnels et occidentaux. Outre les versions électroniques modernes du morlam (le morlam sing), du kantrum et du lukthung (le luktung électronique), il existe un important mouvement rock inspiré directement de la scène américaine des années 1960 : le wong shadow (en référence à The Shadows) qui évoluera rapidement en ce que l’on appelle la musique string. C'est la musique des adolescents thaïlandais.
Mais nous avions exprimé notre intérêt pour le pleng phua cheewit (l’Art pour la vie, l’Art pour le peuple). « La période de libéralisation politique, entre octobre 1973 et octobre 1976, a vu l’éclosion de plusieurs groupes dont les chansons avaient un contenu ouvertement politique et social » (Arnaud Dubus). On s’ inspire alors de la protest song américaine comme Joan Baez, Bob Dylan.
Nous avons présenté les deux groupes les plus connus, Caravan
et Carabao,qui s’engagèrent alors, non sans courage, dans le mouvement pour la démocratie. (Cf. Notre Isan 32. Carabao, un groupe de rock (« identitaire ? ») thaï et 33. Musique d’ Isan : un groupe incontournable : Caravan !)
6/. Le cinéma thaïlandais et d’Isan ?
Nous avons essayé de présenter le cinéma de Thaïlande : http://www.alainbernardenthailande.com/article-a-44-le-cinema-thailandais-84843680.html et découvert qu’il y avait pas de cinéma d’Isan proprement dit, même si certains réalisateurs y étaient nés. Vichit Kounavudhi était l’un des rares à avoir évoqué la vie des « tribus montagnardes avec Les gens des montagnes (Khon Phukao) (1979), et les difficultés de vie d’une famille d'agriculteurs d’Isan dans les années 1930 avec Look Isan (Fils du Nord-Est)
Toutefois, les campagnes connaîtront le folklore des films itinérants organisés en plein air dans les villages tantôt par les vendeurs de médicaments ou par différents sponsors à l’occasion des fêtes des temples, de village ou autre ordinations et crémations (Fouquet). Ils étaient doublés en direct ( jusqu’aux années 1970). Deux films contemporains rendent compte de cette épopée : Transistor Monrak ( 2000 ) et Bangkok Loco ( 2004).
On recommandait le site d’Obeo :
http://moncineasie.blogspot.com/search/label/THAILANDE
7/ Et la boxe thaîe ?
les combats de coq ? …
eh oui la culture s’exprime dans de nombreux autres domaines. Nous n’en avons certes pas fini avec notre « environnement » isan dans lequel nous vivons et que nous « découvrons » chaque jour.
Le roman nous avait bien plongé dans les « réalités » de l’Isan qui sont en action dans les villages, montré la diversité des acteurs, la culture traditionnelle et les changements, les idéaux contradictoires à l’œuvre, l’Histoire en train de s’écrire, comme nous l’avions vu précédemment, avec le nationalisme et la thaïness, la présence américaine, le capitalisme triomphant et ses valeurs consuméristes, la crise du bouddhisme, les flux migratoires, les combats « politiques », l’urbanisation … et l’ éducation des enfants d’Isan.
8. L’éducation
Nous avons vu que l’éducation en Isan
http://www.alainbernardenthailande.com/article-19-notre-isan-l-education-en-thailande-et-en-isan-78269465.html
avait subi les effets de l’Histoire, à travers surtout la thaïfication de son enseignement, le rejet de sa langue et de sa culture, le faible niveau et le conformisme des enseignants, la « mercantilisation » de l’école, et son système universitaire à plusieurs vitesses : public, autonome, privé (avec le système Rajabhat et rajamangala). Nous avons vu le lien qui existait entre la pauvreté et le bas niveau d’éducation, surtout pour 45 % de cette population vivant en-dessous du seuil de pauvreté.
Nous précisions toutefois que malgré les « faiblesses de ce système scolaire, la Thaïlande possédait l'un des meilleurs taux d'alphabétisation d'Asie du Sud-Est avec 98 % de la population adulte sachant lire et écrire.
Mais si 98 % de la population rurale est alphabétisée, et 64% ont réussi le système d’éducation obligatoire, seuls 6 % en Isan suivent le niveau secondaire et 1,13 % vont jusqu’ à l’ équivalent du bac . Une relation étroite s’établit bien entre la zone rurale, la production agricole et le bas niveau d’éducation . En effet, la pauvreté et la spécificité du travail agricole obligent les élèves ayant terminé l’école obligatoire à aider la famille aux travaux des champs ou à rechercher un petit pécule dans le secteur informel. De nombreuses filles ont de plus une grossesse prématurée.
Le niveau insuffisant des enseignants (en 2011, un article du Bangkok Post révélait que 80% des enseignants de niveau secondaire supérieur, avaient échoué aux tests proposés à leurs élèves), auquel s’ajoute le surpeuplement des classes (avec souvent jusqu'à une soixantaine d'élèves dans une classe), relativise les effets de la loi de 2001 de décentralisation qui donne à chaque établissement d'enseignement la liberté de donner l’un ou les trois types d’enseignement (formel, non-formel et informel) et qui autorise de consacrer 1/3 du temps scolaire aux réalités locales.
Mais la pression de la « mondialisation », les mouvements migratoires vers les villes, la prise de conscience politique des masses rurales, la révolution internet et la fréquentation quotidienne de la télévision, est en train de bousculer ce que l’on peut considérer comme le monde d’hier.
9/ La culture de l’Isan est en train de changer. Des « systèmes de valeurs » opposés s’affrontent.
La religion.
Nous avons montré que l'Église bouddhique perd progressivement son emprise sur la population laïque. Dans la Thaïlande traditionnelle et agraire, la pagode abritait l'école communale et le marché. Nous avons suivi l’analyse de Gabaude qui montre comment la mise ne œuvre du système scolaire public et centralisé de l’Etat a évidemment vidé la voie traditionnelle de la scolarisation qui s’effectuait dans les pagodes et enlever au noviciat le vivier naturel du recrutement. Les pagodes « renommées » étaient alors pour les plus pauvres un moyen d’ascension sociale et de prestige …ainsi que pour les plus aisés.
Les diplômes « prestigieux », la course à l’argent, la société de consommation, les publicités, les médias… bref, les modèles proposés dans la société moderne sont à l’opposé du renoncement proposé par le bouddhisme, et ne peuvent que provoquer sinon une crise ,du moins des fortes tensions entre des systèmes de valeurs opposées. Louis Gabaude dans « la triple crise du bouddhisme en Thaïlande (1990-1996» nous propose une analyse qui nous montre que le bouddhisme thaï est « en proie à une crise profonde » , qu’il envisage sous la forme d’une crise morale et d’autorité , « signes d’une plus profonde crise du sens ».
La crise de la morale est visible dans la presse, qui évoque régulièrement « La déliquescence du bouddhisme thaïlandais » avec certaines affaires (drogue, viols, vols, scandales financiers et … meurtres) (On pense à l'« affaire Yantra Ammarobikkhu », un des plus célèbres prédicateurs du bouddhisme thaï et à Pawana Phuttho, vénérable d'une soixantaine d'années, qui s'est retrouvé récemment sous les verrous pour le viol de fillettes). En 1996, le chef de la police nationale, le général Pochana Boonyachinda déclarait même publiquement : « Les pagodes sont devenues des refuges pour les criminels. Beaucoup de bonzes ont un mandat d'arrêt qui les attend ».
La crise de l’autorité
avec une hiérarchie dépassée et l'incapacité de l'ensemble du clergé à s'adapter à l'émergence rapide d'une société moderne. « Les patriarches sont nommés à vie, et l'âge moyen dépasse aujourd'hui les 80 ans. Certains seraient devenus peu à peu séniles, incapables de lire ou de comprendre de quoi on leur parle. Mais sans leur accord, rien ne peut se faire... Dans les monastères, le problème se pose autrement. Le bonze supérieur peut ordonner qui bon lui semble et décide seul de la répartition des donations. Bref, il règne en maître absolu sur son temple et ses moines. Et lorsqu'il décide de quitter la Sangha, il peut emporter son pécule, soit une bonne partie des donations. ». « La loi ecclésiastique de 1962 fait du bonze supérieur un dictateur en puissance. Le clientélisme et les affaires de pots-de-vin sont notoires dans les temples, mais personne n'en parle par crainte d'être persécuté», explique le vénérable Jerm Suvaco.
Une nouvelle société basée sur le matérialisme, le consumériste, la révolution informatique, plus que sur les préceptes bouddhistes.
Confrontée aux « valeurs » de la société capitaliste et à l’ « évolution » de la Société, le passage d’une société agraire à une société urbanisée et moderne, les principes du bouddhisme sont sérieusement malmenés par l’expansion économique. Et les mentalités changent.
Nous sommes ici, disions-nous, dans l’évidence d’une société qui ne se distingue plus par son éthique et ses valeurs « bouddhistes », même si l’Eglise bouddhiste joue encore un rôle fondamental dans la vie des Thaïlandais, comme les supermarchés que l’on visite parfois à défaut de pouvoir acheter. Les rêves et les désirs ne vont plus au renoncement, à la recherche d’une vie plus « bouddhiste », mais à l’achat des biens de consommation en suivant la mode, que certains aiment qualifier d’occidentale », venue de « l’extérieur » comme pour se dédouaner.
Les jeunes générations sont plus « branchées internet » que sur l’enseignement de bouddha, utilisent davantage leur dernier téléphone, leur « iphone » (et tablettes bientôt) avec leurs copains et copines, que le réseau religieux. La « révolution informatique » change les comportements, offrent de nouveaux objets « désirables », proposent d’autres façons « d’être ensemble », « d’autres liens qui les unissent » à travers les nouveaux « réseaux sociaux ».
Certes, elles fréquentent encore les pagodes, recherchant plus sa « convivialité », le sentiment d’être ensemble pour « fêter » les moments importants du calendrier « officiel » et de la vie sociale et familiale, que le désir de vivre l’idéal bouddhiste .
Une nouvelle société où la société civile et les masses rurales veulent s’exprimer.
« Désormais, la société « civile », même si elle est souvent manipulée par des politiciens, des hommes d’affaires et l’armée, s’exprime ; des intellectuels, paysans, régionalistes veulent maintenant prendre la parole et présenter leur vision de l’histoire ». (Thongchai Winichakul ).
Les « événements politiques » récents avec l’émergence des « rouges » entre autres, inaugurent de nouvelles analyses, font entendre des voix longtemps étouffées, remettent en cause ce qui semblaient aller de soi quant à l’identité, le partage du pouvoir politique, de l’expansion économique. Les normes (respect au chef, thainess, clientélisme, achat de voix, corruption…) que l’on présentaient comme immuables sont aussi remises en cause. La libéralisation aveugle des marchés, l’exploitation du salariat, la mise à l’écart du Nord et de l’Isan n’est plus acceptée comme une évidence. Le mythe du modèle économique des élites thaïlandaises a montré ses limites. Le nationalisme peine à mobiliser (mais est toujours à l’affût), le roi ne dit plus rien depuis son hôpital, et le message bouddhiste est « brouillé ».
Oui, la société thaïlandaise et l’Isan sont vraiment en train de changer.
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Et quand l’ Isan s’est appelé l’ Isan, vous savez ?
http://www.alainbernardenthailande.com/article-a31-et-quand-l-isan-s-est-appele-l-isan-vous-savez-76594862.html