Les populations primitives, souvent errantes, à la recherche de terrains de chasse vite épuisés et de cueillettes aléatoires, sont montées d’une échelle dans le degré de la civilisation en pratiquant il y a plusieurs milliers d’années, la culture et l’élevage (1). Ainsi connaissons-nous la civilisation née à Ban Chiang, actuellement dans la province d’Udonthani, qui date probablement d’au moins 5000 ans, avec la culture du riz et l'élevage, une métallurgie élémentaire, des formes d’art et des rites religieux encore mystérieux (2).
L’importance des rites est essentielle dans la mesure où, quel que soit le progrès apporté par la culture face à la cueillette, elle reste soumise aux aléas des éléments, pluies, sécheresse, dérèglements du climat, qui vont conduire les paysans à chercher un remède dans le recours à des puissances surnaturelles. Les céréales, base de l’alimentation, y sont particulièrement sensibles, blé et céréales voisines en Europe, en Afrique et au Proche – Orient, riz dans toute l’Asie et maïs en Amérique. Notre histoire est pleine de récits avec ces années d’abondance suivies par celles de famine et de disette. Les Grecs invoquaient Déméter, fille de Jupiter et déesse de la fertilité devenus Cérès chez les Romains.
Les Gaulois avaient le leur, Cernunos.
Les Amérindiens, Aztèques, Mayas, Incas, avaient également les leurs dont nous reparlerons
...comme la Thaïlande a sa déesse.
Elle connaît depuis une époque lointaine et indéterminée la Mère du Riz qui préside à la destinée de ces récoltes. Elle est généralement connue comme Mae Phosop (แม่โพสพ), la « mère du riz » (mae khao – แม่ข้าว) ou encore maekhwankhao (แม่ขวัญข้าว). En Isan, elle est appelée khosok (โคสก) ou encore sueana (เสื้อนา) ou suearai (เสื้อไร่). Nous en avons déjà dit quelques mots en parlant des « Génies protecteurs » (3).
N’épiloguons par sur ces diverses qualifications. Est-ce une déesse, un génie tutélaire, une créature céleste ou un esprit ? Considérons-là comme la déesse du riz, et nous l’appellerons Mae Phosop dans cet article, ce qui nous évitera d’entrer dans des discussions théologiques byzantines. On ignore totalement l’origine du nom phosop, peut-être était-ce celui de l’une des femmes d’Indra ?
Vous ne pouvez pas vous tromper dans ses représentations qui sont surabondantes : C’est une belle jeune femme aux cheveux longs sertis d’un diadème, en position accroupie, tenant une gerbe de riz dans la main droite et parfois un sac de riz dans la main gauche. Elle porte une robe thaïe à l'ancienne, avec un foulard enroulé dans le style traditionnel autour de la poitrine, une extrémité chevauchant l’épaule gauche jusque sous l’épaule droite. Elle est assise sur une estrade dont les côtés comportent généralement des représentations de fleurs de lotus et de poissons. Lors des cérémonies lui rendant hommage, c’est ainsi que se vêtent les jeunes filles qui la représentent.
Anuman Rajadhon que nous avons rencontré à de nombreuses reprises comme infatigable collecteur des vieilles traditions folkloriques de son pays a consacré à notre « mère du riz » en 1955 un très bel article (4). Il a certes les qualités d’un immense chercheur mais aussi d’un chercheur qui reste depuis Bangkok un « rat des villes » qui oublie souvent qu’à l’époque où il écrit la population de son pays est essentiellement composée de « rats des champs » dont il parle toujours avec une certaine condescendance. Quand il annonce la disparition programmée de ce rite et des cultes et cérémonies qui lui sont associés, il n’a pas pu constater qu’ils perdurent encore ce siècle même sous une forme peut-être simplifiée, au moins dans le pays profond.
Il nous rappelle qu’à une époque alors récente (n’oublions pas qu’il écrit en 1955), les Thaïs se devaient de rappeler à leurs enfants qu’en prenant leur repas, composé pour l’essentiel de riz et de condiments, ils devaient manifester leur respect envers cette nourriture. Il était alors indécent de ramasser un grain de riz tombé sur le sol. Le riz non consommé à la fin du repas ne devait pas être jeté mais replacé dans la marmite au-dessus du riz en train de cuire ou être mis à sécher au soleil pour ensuite être éventuellement utilisé comme chapelure. Ainsi séché, il pouvait aussi être utilisé comme un aliment que les Thaïs consommaient lorsqu’ils partaient en voyage, l’emportant avec eux dans ce panier que nous connaissons bien !
Ainsi faisaient les militaires lorsqu’ils partaient en expédition. Ces restes de riz pouvaient aussi, être pulvérisés et mélangés à de la chair de noix de coco grillée et devenir une friandise appelée khao tu (ข้าว ตู)…toujours présente sur les marchés.
Avant de commencer le repas, le chef de famille devait fabriquer une boule de riz et la déposer sur le sol pour nourrir les oiseaux et les fourmis en signe du respect que nous devons à tous les êtres vivants. C’est pour cette raison que l’on ne devait pas ramasser un grain de riz tombé à terre par mégarde.
Rajadhon y voit une survivance du vieux rite indouiste du Shraddha passé au bouddhisme, qui consiste à donner de la nourriture aux dieux et aux ancêtres.
Le repas terminé, les assistants se devaient de faire le salut traditionnel du waï (ไหว้) pour remercier Mae Phosop de leur avoir procuré ce repas.
Rajadhon nous dit que ces coutumes étaient alors oubliées à Bangkok mais toujours présentes dans le pays profond.
L’étonnement de Rajadhon nous interpelle un peu. Nous sommes encore nombreux (des survivants ?) à avoir appris que l’on ne laissait rien dans son assiette et surtout que l’on ne jetait jamais un morceau de pain, compte tenu du prix payé par ceux qui avaient cuisiné en pensant à tous ceux qui n’avaient rien à mettre sinon dans leur assiette ou dans leur bol. Quant aux miettes de pain qui restaient sur la nappe, elles devaient être secouées dans le jardin pour nourrir non pas les fourmis mais les oiseaux. Quant à l’usage du bénédicité avant les repas, l’usage ne s’en est peut-être encore pas perdu (5).
Il en est de même pour les Grâces à la fin du repas (6). Nous retrouvons ces usages chez les chrétiens, catholiques romains, catholiques orthodoxes et protestants, chez les juifs et les musulmans, elles consistent tout simplement à remercier le ciel de ses bienfaits et lui demandeur d’intervenir auprès de ceux qui n’en profitent pas, fussent-ils les oiseaux du ciel.
En dehors de ces considérations qui ne sont que de bon sens, Rajadhon a relevé sur le terrain, mais il ne s’est soucié que ce qu’il a constaté en direct dans le district de Chaya (ไชยา) au nord de la province sudiste de Suratthani (สุราษฎร์ธานี), ce qui est significatif bien que le district soit largement occupé par des mahométans.
Les habitants y pensent qu’il y a une divinité du riz nommée Mae Phosop, qui veille à la survie de l’humanité. Tous ceux qui vivent de la terre doivent l’adorer car elle leur donnera santé et richesse. Celui qui ne l’adore pas en souffrira. Il subira la faim et la maladie et sera harcelé par la pauvreté. Celui qui la respecte doit être attentif, soit en récoltant, soit en battant, à ce qu’aucun grain ne se répande sur le sol. Il sera alors heureux et riche. S’il n’est pas attentif, s’il laisse ses rizières piétinées par les bêtes ou envahir par l’eau, Mae Phosop se mettra en colère et lui refusera son soutien. Si son riz est de qualité médiocre, il doit en demander pardon à Mae Phosop.
Il est encore d’autres précautions qui sont signe du respect dû à la déesse :
Si l’on nourrit des animaux avec du riz cru ou bouilli, il ne doit pas être versé sur le sol mais placé par respect dans un récipient. Ne pas le faire et l’éparpiller sur le sol est un manque de respect envers Mae Phosop. Elle en tiendra rigueur au responsable.
Le vol de riz est considéré comme un acte gravissime et nul ne s’y risque.
Chaque fois qu'une quantité de riz est sortie de la grange, pardon doit être demandé à Mae Phosop.
Après avoir pilé le riz, le pilon ne doit pas être placé à l'embouchure du mortier. Si en effet, il tombe dans le mortier, Mae Phosop sera effrayée et se vengera.
Ces traditions, a appris Rajadhon, se retrouvent dans tout le pays mais elles ne sont pas, quoiqu’il en pense, en voie de disparition. Loin de s’affaiblir, il est possible qu’elles se renforcent.
Il a aussi relevé d’autres croyances singulières :
Quand les plants de riz commencent à sortir de terre, on dit que Mae Posop est enceinte. C’est alors qu’il faut pratiquer dans le champ la cérémonie du tham khwan khao (ทำขวัญข้าว). Il s’agit alors de renforcer le khwam, l’esprit vital que tout être vivant, homme, animal ou arbre, a intrinsèquement dans son corps (3).
Nous savons en effet les effets d’une frayeur ou d’une maladie sur le khwan d’un être humain (3).
Dans chaque époque de la vie, naissance, puberté, mariage, une cérémonie de tham khwan est effectuée pour renforcer le khwan. C'est en fait une sorte de confirmation mystique. Il en est ainsi pour le riz.
Ainsi, lorsque le riz commence à sortir de terre, c'est un moment difficile dans la vie de la plante. La cérémonie de tham khwan khao va lui redonner force ; elle est donc nécessaire. Un jour propice est choisi pour son exécution.
Ce jour est généralement un vendredi, en thaï est wan suk (วันศุกร์) mais ce jour-là c’est un autre wan suk, même prononciation mais orthographe différente (วันสุข) : Vendredi du calendrier c’est « le jour de Vénus » comme chez nous, celui-là, c’est « le jour du bonheur ». Le vendredi est d’ailleurs en général le jour choisi pour toutes ces cérémonies de bon augure. L'heure de l'exécution du tham khwan est généralement de trois à cinq heures de l'après-midi.
Une banane mûre coupée en petits morceaux, une orange ou tout autre agrume, quelques petits morceaux de canne à sucre sont placés dans une tasse composée de feuilles de bananier appelée krathong (กระทง). Ce sont les mêmes paniers qui sont utilisés pour les fêtes de Loi Krathong (7).
Cette coupe est placée dans un chaleo ou chalio (เฉลว ou ฉลิว). C’est une sorte de panier en bambou à mailles ouvertes souvent attaché au cou, tout comme ceux que l'on voit si souvent portés par ceux qui vendent quelque denrées sur les quais de nos gares.
Dans ce chaleo seront posés un peigne, de la poudre de toilette et une pommade parfumée pour les cheveux. N’oublions pas en effet que Mae Phosop est une femme !
Tout cela va être accroché au sommet d'un petit poteau planté dans le champ en offrande à Mae Phosop. Le rituel n’est toutefois pas terminé : Le paysan prélève ensuite une petite quantité de poudre de toilette et de pommade parfumée et les étale ensuite sur la feuille d’un plant de riz, puis la peigne comme s'il coiffait les cheveux de Mae Phosop.
Il demande alors à Mae Phosop enceinte que ses offrandes soient gage de prospérité et le mette à l’abri du danger.
Cette installation, en dehors de son but rituel, a pour but pratique d’avertir que le riz va sortir de terre et que les passants doivent prendre soin de ne pas laisser leurs buffles, vaches ou autres animaux domestiques entrer dans le champ.
Pourquoi utiliser des agrumes comme offrande à Mae Phosop enceinte ? Chacun sait, vérité d’expérience, qu’une femme en début de grossesse a des « envies » et que les agrumes sont particulièrement recherchés pour lui éviter les nausées matinales.
Ce chaleo est fait de petites bandes de bambou entrelacées de manière à former un certain motif, généralement une figure à six pointes ou huit pontes avec des espaces ouverts entre les lattes. Nous connaissons bien ces objets de bambou tressés auxquels nous avons consacré un article car ils avaient également suscité la curiosité toute citadine de Rajadhon (8).
Le chaleo contient une petite marmite renfermant une décoction médicale dans chaleo sur le couvercle du pot.
Après la récolte, il pouvait rester quelques épis dans le champ. Ils étaient alors soigneusement rassemblés en hommage à l’esprit de Mae Phosop. Celui qui les rassemblait s’écriait « Oh Mae Phosop, s'il vous plaît venez et restez dans ma grange. Ne restez pas dans le champ pour que vos épis soient rongés par les souris ou picorés par les oiseaux. Venez donc dans un endroit paisible nourrir vos enfants ».
L’invitation, faite après le battage, était accompagnée d’offrandes de riz bouilli, d'œufs de canard bouillis, de bonbons et de fruits, ni viande ni poisson, nourriture d'une personne sacrée ou ordonnée, pas nécessairement un moine bouddhiste. Il s’agissait probablement de l’écho d’un végétarisme hindou ?
Après cette offrande, tout ce qui restait dans la rizière et sur l'aire de battage était ramassé et conservé dans un sac ou un panier. On l’appelait le riz de Mae Phosop.
On confectionnait alors une poupée faite de paille de riz mélangée avec les épis de riz récoltés sur le terrain comme déjà mentionné. Elle n’était pas vêtue. Elle représentait Mae Phosop, elle-même et était conservée dans la grange familiale. On lui offrait souvent aussi deux pièces de tissu, l'une utilisée comme vêtement inférieur pour la partie inférieure du corps et l'autre comme écharpe pour envelopper la partie supérieure. Ces deux pièces de tissus étaient étalées sur l'aire de battage et la poupée est placée au-dessus pour signifier que Mae Phosop avait revêtu de nouveau vêtements.
Lorsque le riz était entreposé dans la grange, rien ne devait en être sorti ni pour la vente ni pour la consommation, sauf les jours propices et avec l'observation de cérémonies appropriées. En général, le fermier réservait une certaine quantité de riz pour sa propre consommation avant qu’il ne soit stocké dans la grange. Si le riz devait en être retiré, quelques tasses étaient d'abord mesurées avant qu’il ne soit consommé ou vendu. La personne qui mesurait le riz ne devait pas être un homme né l'année du rat ou l'année d'autres animaux qui mangent du riz comme le cheval, le porc ou la vache.
Lorsque vient l’époque des semailles, la poupée de Mae Phosop et son riz sont sortis de la grange.
La poupée est cérémonieusement détruite, le riz des épis dans la poupée et le riz de Mae Phosop sont mélangés avec les autres graines à semer. C’est le gage d’une future bonne récolte. La destruction de la poupée, l’esprit des grains, semble bien être le rappel des anciennes coutumes des sacrifices humains dont le sang répandu sur le sol devaient assurer sa fertilité avant les semailles. Ces sacrifices humains ont-ils existé dans le Siam ancien, rien ne nous le dit. N’oublions pas qu’ils ont existé chez nos ancêtres Celtes ou Gaulois, Srabon en atteste ainsi que Jules César qui a réussi à les éradiquer.
Pus proches dans le temps, nous les retrouvons chez les Amérindiens. Ils ont à juste titre indigné les Espagnols de Cortés qui ont répondu en faisant pire (9).
Rajadhon donne une version de l’histoire de la déesse :
Les dieux reçurent l'ordre du Dieu Très-Haut (c’est-à-dire Indra) d'aller prier Mae Posop de revenir. Où était-elle partie et pour quelle raisons avait-elle quitté les rizières ? L'histoire ne le dit pas.
Les dieux la cherchèrent à l'aide de poissons, traversèrent les sept mers et les sept chaînes de montagnes jusqu'à ce qu'ils arrivent à la montagne de diamant où les dieux la retrouvèrent avec ses serviteurs.
Après beaucoup de palabres, elle consentit à retourner dans ce qui était sans doute le pays des rizières. Les sept mers et les sept chaînes de montagnes étaient les mers et les montagnes mythologiques entourant le mont Meru, la demeure des dieux de la cosmologie bouddhiste.
Quand elle revint, elle fut suivie par un grand nombre de poissons. Le riz et le poisson sont, bien sûr, les aliments de base des Thaïs, « préparer le riz et le poisson » et «prendre du riz et du poisson» sont des expressions idiomatiques parlantes qui signifient « préparer la nourriture » et « prendre un repas ».
Cette légende explique que l’estrade sur laquelle elle est assise est souvent entourée de représentations de poissons et des fleurs de lotus dans l’eau.
Faut-il en trouver l’origine dans l’hindouisme qui a également sa déesse du riz, Dewi Sri ?
Contrairement à ce que pense Rajadhon dans sa vision citadine, ce culte à la déesse du riz n’a pas disparu avons nous dit, même si le rituel a pu se simplifier, les Thaïs allaient-ils perdre une occasion de faire la fête ?
Les sites Internet qui lui sont consacrés sont pour l’essentiel en thaï. Nous vous donnons toutefois une vidéo de reportage sur la cérémonie, à Phichit en 2016. Il y en a beaucoup d’autres. Elles ne bénéficient évidemment pas du battage médiatique qui entoure les fêtes les plus spectaculaires, comme celles de la nouvelle année et de Loi Krathong, et les guides touristiques ne vous en parlent pas.
Une bande dessinée récente :
Cet ouvrage réédité en 2020 sur les traditions de l'Isan consacre un chapitre à la Déesse
NOTES
- 1 - Ce n’est pas dire que les populations nomades n’aient pas connu une certaine forme de civilisation bien que les exploits des hordes d’Attila et de Gengis khan surtout adeptes du pillage permettent de relativiser cette affirmation.
- 2 - Voir notre article 9. La Civilisation Est-Elle Née En Isan ? :
http://www.alainbernardenthailande.com/article-la-civilisation-est-elle-nee-en-isan-71522720.html
- 3 – Voir notre article A 401 - LES « GÉNIES PROTECTEURS » (ขวัญ) : UNE SURVIVANCE ANIMISTE DANS LA THAÏLANDE PROFONDE
- 4 – « Me Posop – the rice mother » in Journal de la Siam society, n° 43-I de 1955.
- 5 – La formule la plus courante est « Bénissez-nous, Seigneur, bénissez ce repas, ceux qui l'ont préparé, et procurez du pain à ceux qui n'en ont pas ».
- 6 - Une formule comme une autre, chaque famille ayant ou avait sa formule « Merci Seigneur pour tous vos bienfaits ».
- 7 – Voir notre article R9. UNE DES PLUS BELLES FÊTE DE THAÏLANDE : LE LOIKRATONG (22 NOVEMBRE 2018)
- 8 – Voir notre article A 216- LES « YEUX DU BONHEUR » EN BAMBOU TRESSÉ.
http://www.alainbernardenthailande.com/2016/06/a-216-les-yeux-du-bonheur-en-bambou-tresse.html
Ils sont utilisés de façon rituelle comme un charme pour éloigner les esprits du mal, des sortes de yantra, schéma mystique. Ils sont aussi utilisés de façon plus terre à terre, manière pratique de marquer des frontières ou comme signe tabou toujours utilisé par les tribus montagnardes le plus souvent illettrées.
Dans le passé, ils indiquaient pour ces illettrés, par exemple posés sur un bateau ou une charrette que l’objet était à vendre. Ils étaient également un signal sur les chemins prévenant d’une inspection douanière ou policière.
L’article de Rajadhon ; « Notes on the thread-square in Thailand » in journal de la Siam Society volume 55-2 de 1967
Ils font l’objet d’une remarquable étude : « เครื่องจักสานไทย 6 (ความเชื่อ) มีผสมผสานกันไปทุกภาค » (en thaï) numérisée sur le site de la faculté des beaux-arts de l’Université de Chiangmaï :
http://www.finearts.cmu.ac.th/e_doc/52/kreakjaksan%206.pdf
- 9 - Des cœurs arrachés pour les dieux du soleil ou de la pluie. Un enfant noyé pour la déesse de la nature. Pour Xipe Topec, le dieu du printemps et des semailles, on écorche un homme et le prêtre s’habille de sa peau. Il arrive aussi parfois qu’on mange les restes du sacrifié. Les Aztèques ne sont d’ailleurs pas les seuls à le faire. C’est le cas dans quasi toute l’Amérique du sud. Les Incas font la même chose, un peu moins souvent. Les Mayas également, qui jettent les victimes dans des puits naturels pour faire tomber la pluie. Tout cela cessera avec la victoire de Cortès quand, vaincus, les Aztèques seront convertis de force à la religion catholique. Leurs temples seront rasés ou recouverts par des églises. Assimilés à ces sacrifices humains par les Espagnols, leurs monuments, leurs livres, jusqu’à leur langue seront détruits. Toute leur culture sera effacée de la surface de la terre. Ces pratiques expliquent la férocité de la colonisation espagnole même si elles ne l’excusent qu’en partie.
Les murs de crânes des Aztèques que les archéologues découvrent en permanance
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