L’année dernière en ce jour du Nouvel An, nous avions exprimé notre étonnement et -il faut le dire- notre fierté d’avoir écrit 148 articles sur les relations franco-thaïes, « notre Isan », et le début de « Notre » Histoire de la Thaïlande, avec une cinquantaine d’articles sur des sujets divers, jouant de différentes tonalités. * Nous avions même tenté de relever ce qui nous avait paru essentiel pour comprendre ce pays dans lequel nous vivons.**
Nous avions donc commencé « notre» Histoire de la Thaïlande, 4 articles alors et depuis, 54 autres articles pour arriver à la fin 2012, à l’annexion du royaume d’Ayutthaya par les Birmans d’Hongsawadi en 1569.
Nous avons de plus proposé 38 articles divers qui allaient de la présentation de films, de livres, de blog, de livre d’histoire scolaire, de dictionnaire insolite, de légende, d’articles d’actualités, de grammaire thaïe … aux réflexions diverses sur notre vie dans un village d’Isan, les Chinois, les militaires, la croissance, la justice, la contestation politique, la drogue, la corruption … et même sur le sponsoring sexuel.
Après deux ans, notre volonté et notre curiosité restent intacts et nous n’avons pas fini d’être étonnés par cette histoire du Siam et de la Thaïlande.
1/Qu’avons-nous vu ?
- Nous avons consacrés 9 articles pour tenter de savoir ce qu’était le territoire de la Thaïlande avant l’arrivée des Thaïs, depuis la Chine du X ème au XIII ème siècle.
- Nous avons ensuite montré en notre article 18 comment les Thaïs entraient dans l’Histoire avec la fondation du royaume de Sukhotai en 1238 (1239 ?) et suivi son histoire en 18 articles, jusqu’à son annexion en 1438 par le royaume d’Ayutthaya.
- Ensuite nous avons écrit 22 articles de l’origine du royaume d’Ayutthaya en 1351 pour arriver en 1569 à son annexion par les Birmans, après avoir évoqué 20 rois. Voilà pour la chronologie.
2/ Les surprises furent nombreuses.
En voici quelques-unes :
2.1 Pour la Thaïlande avant les Thaïs :
- nous avons de suite été confrontés à l’insuffisance des sources, aux hypothèses contradictoires, aux reconstitutions hasardeuses… pour la préhistoire, la civilisation Môn/khmer élaborée bien avant l’arrivée des Indiens (et de l’hindouisme) et la naissance du Founan … ensuite du Champa, du Tchen La, du Sri Ksetra, et du Dvaravati, avec ce peuple étonnant des Môns.
- On n’était même pas en mesure de dire si le Dvaravati était un royaume, une cité-Etat, de citer le nom d’un roi, mais c’était en évidence une civilisation, une culture. Une civilisation qui se développa du VI ème au XI ème siècle, et qui eut une grande influence sur la civilisation thaie, jusqu’au XVème siècle. Elle amenait après des siècles d’ « indianisation », le bouddhisme, des éléments du brahmanisme, une conception du pouvoir royal, les langues pâli et sanscrit, et un art élaboré.
- De fait, de nombreuses sources évoquaient des annales des ambassadeurs chinois du milieu du IIIe siècle que nous ne pouvions vérifier, quand ce n’était pas le plus souvent des mythes et des légendes « interprétés », incapables bien souvent de distinguer l’historique du légendaire. On apprenait même par Gabaude qu’une autorité bouddhiste reconnue, affirmait l’existence d’un royaume thaï en Thaïlande 1000 ans avant leur arrivée. C’est vous dire.
2.2 Pour la civilisation khmère :
Au XIème siècle avec le déclin de la civilisation du Dvâravatî et l’apparition d’un monde nouveau avec le royaume de Pagan en Birmanie et l’expansion de l’empire Khmer dans la Thaïlande actuelle
- Si nous avons cherché à saisir ce que pouvait représenter l’Empire khmer d’Angkor qu’allaient affronter les Thaïs, nous n’avons pas vu dans cette Histoire « reconstituée » une référence aux expéditions des Khmers dans le Siam actuel, ni comment l’empire Khmer exerçait effectivement son pouvoir. Nous ne savons rien des conquêtes khmères au Siam avant l’indépendance de Sukhotai (aucune date, aucun nom de batailles, de généraux, de gouverneurs khmers). Nous ne savons pas sous quelle forme s’exerçait la vassalité.
2.3 Pour l’origine des Thaïs :
- Nous avions alors « en toute innocence » abordé cette question de « l’origine des Thaïs » pour constater que de nombreuses théories s’affrontaient et que de nombreux « experts’es Thaïlande » préféraient déclarer « cette question insoluble ». Nous ne pouvions aussi qu’avouer notre impuissance à raconter les premières migrations, surtout au vu de la diversité des populations de langues tai. Le roi Mongkut, lui, croyait venir du Bengale.
- Nous avons même cru les voir surgir d’une courge de Dien-Bien-Phu (Cf.articles 11,12,13)
2.4 Pour l’Histoire des Thaïs :
- A la courge, à l’histoire, les Thaïs (Cf. Rama IV et RamaV) préférèrent inventer d’autres mythes : les héros nationaux, une idéologie : la Thaïness. Nous y avons consacré de nombreux articles.
- Il fallut imposer la langue thaïe, changer même le nom du Pays, instaurer un hymne national, un drapeau, des symboles, des emblèmes. Le mythe du concombre ne pouvait plus suffire pour légitimer le pouvoir thaï. L’histoire de la Thaïness raconte cette formidable machine « idéologique » pour imposer cette vision de l’Histoire.
- Par contre nous avons vu que d’autres marqueurs existaient, comme le marqueur politique : des identités taï se sont forgées à travers la constitution de royaumes. Le marqueur géographique est fondamental, entre montagnards et habitant des plaines (entre agriculture sur brûlis et riziculture inondée), renforcé par le marqueur religieux. Opposition entre les populations des plaines majoritairement bouddhiste et les populations montagnardes majoritairement non bouddhistes (comme les Taï-Blancs, les Taï-Noirs et les Taï-Rouges). Et les marqueurs socio-économiques avec la culture matérielle.
- Nous avons appris qu’ils ont en commun une même organisation sociale, les muang.
Pour la première fois, nous rencontrions une clé essentielle, reconnue par tous, pertinente depuis l’origine jusqu’ à nos jours, couvrant tous les Territoires des Taï, pour comprendre leur identité, leur organisation territoriale, politique et religieuse. (Cf. 16. Notre Histoire : La conquête du « Siam » par les muang.)
2.5 Pour Sukhotai : en 1238 (1239 ?) tout change.
Nous savions, que l’Empire khmer d’Angkor exerçait son pouvoir sur de vastes territoires de la Thaïlande actuelle, et par des Chroniques thaïes que le gouverneur thaï de Sukhothai se rebella en 1238 contre les Khmers de « Lavo » qui « régnaient » sur les Môns et proclama la naissance d’un nouveau royaume, de même au Nord en 1292, se créait le royaume thaï du Lanna sur les Môns d’ Haripunchai.
Mais nous constations qu’il y avait pour le moins deux Histoires de Sukhotai.
- Une Histoire écrite par des historiens, des « spécialistes » qui avouent leurs ignorances et leurs hypothèses, avec ce mot terrible de Mgr Pallegoix : « leur histoire jusqu'à la fondation d’Ayutthaya, était « pleine de fables et présente peu de faits historiques ». Ou d’autres, plus légers, qui racontent leurs histoires, sans émettre le moindre doute.
- Une Histoire officielle thaïe qui raconte une légende, une mythologie « nationale » qu’on ne peut discuter, puisqu’elle n’a pas besoin de faits concrets et vérifiables. Toutefois, le roi Mongkut et « ses » historiens vont se fonder sur une stèle, la stèle de Ramkhamhaeng de 1292, que le roi aurait trouvé lui-même en 1833 et qui est considérée comme preuve, comme l'acte fondateur de la nation thaïe.
Nous ne pensions pas en voulant raconter comment les Thaïs étaient entrés dans l’Histoire, avec la fondation du royaume de Sukkhotaï, nous arrêter sur la stèle de Ramkhamhaeng de 1292, censée être la preuve (la seule ?) du premier grand royaume thaï indépendant. (Cf. nos articles 19 et 20).
Mais nous avons vu que cette « discussion » était essentielle, qu’il y avait là, la confirmation d’une Histoire officielle dont le principal objectif n’ était pas de connaître le passé , mais de montrer que la Thaïlande était et est une grande Nation, avec un grand Roi , un grand peuple, capable de résister à toutes les invasions …
Nous n’avons pas une Histoire, mais un refrain idéologique, qui pouvait se justifier au XIX ème siècle pour le roi Mongkut face aux puissances coloniales anglaise et française, mais qui aujourd’hui peut être vu comme un nationalisme étroit et « obscurantiste » qui ne peut se maintenir que par la « terreur intellectuelle » et la menace bien réelle du lèse- majesté.
Elle montre le royaume de Sukhotai comme un royaume dominant en Asie du Sud-Est avec un roi exemplaire, le roi Ramkhamhaeng, créateur de l’écriture thaie, vivant dans une société idéale, prospère où le roi est aimé de ses sujets, respecté par ses « ennemis », et où les habitants se plaisent à observer les préceptes bouddhistes. Elle prouverait à la fois l'antiquité de la nation thaïe et celle des frontières du royaume et le haut degré d'organisation de la société thaï du XIIIe siècle. Elle exalte le rôle de la monarchie et du bouddhisme en harmonie pour le bien des sujets.
« L'histoire de Sukhothaï fut donc intégrée pour la première fois à l'histoire « nationale » thaï par le roi Mongkut (Rama IV) (1804-1868). Une décision royale avait décidé que la fondation du royaume de Sukhotai en 1238 comme le début de la Nation, la fondation de la Thaïlande actuelle, le berceau de la civilisation thaie. Cette Histoire était enseignée comme telle à l’école, relayée par les médias voire les films « historiques » et n’avait comme fonction que de montrer la grandeur du royaume thaï, de ses rois et de la Nation. L’Histoire officielle thaïlandaise s’est donc écrite en 4 tomes :
- La période du royaume de Sukhotai (1238-1438)
- La période du royaume d’Ayutthaya (1351-1767) (avec la dynastie Sukkhotai ( (1569-1630) et la période Ayutthaya tardive (1629-1767) )
- La dynastie Thonburi (1767-1782)
- et la dynastie Chakri (1782 – à ce jour).
On avait ainsi les premiers noms, les premières dates, une chronologie.
3/ Après Sukhotai, nous avons donc commencé notre Histoire du royaume d’Ayutthaya,fondé en 1351 par le roi Ramadhibodi 1er (dynastie U Thong, 1351-1369), un royaume qui va voir se succéder 33 rois ( plus un usurpateur et un roi birman), cinq dynasties, sur une période de 416 ans jusqu’à sa destruction par les Birmans en 1767.
Nous pensions raconter une Histoire classique, en choisissant une intrigue, des personnages, des dates, des événements, selon une chronologie admise. Mais très vite, nous avons rencontré le problème de la fiabilité des sources et aussi les multiples versions de son origine.
3.1 En commençant notre « Introduction au royaume d’Ayutthaya (1351-1767) » (article 36), nous ne pouvions prévoir que nous allions découvrir les multiples versions de son origine, et y consacrer 7 articles révélant une dizaine de versions (Cf. nos articles de 36 à 42) ; versions bien souvent contradictoires, qui faisait venir le fondateur U Thong, d’Uthong (située à 25 km de Suphanburi), du Cambodge, de Chieng-Raï, de Khampëng-Phet, de Cha Liang, de Suphan Buri, du Nord, du Sud , de l’Est, de Deva Mahanagara ( !) …
Nous avions été fourvoyés par les histoires que nous avions lues auparavant ne racontant qu’une version sous l’autorité des Annales (les Annales disent ceci, cela), oubliant ( ?) de dire que ces Annales existaient et qu’elles avaient été traduites par Cushman,
3.2 Les « Chroniques royales d’Ayutthaya » traduites par Cushman furent notre « découverte » la plus stupéfiante.
Avions-nous trouvé là NOTRE REFERENCE pour écrire l’Histoire du royaume d’Ayutthaya ?
David K. Wyatt expliquait dans sa préface en quoi consistait le travail ambitieux et énorme accompli par Cushman.
Il n’a ni plus ni moins traduit en 20 ans, jusqu’ à sa mort en 1991, toutes les chroniques connues concernant le royaume d’Ayutthaya (1351-1767), à savoir les 7 versions et des fragments édités en thaï dans les années 60. Mais il a de plus -d’où le titre- présenté ces versions de façon synoptique, afin que nous puissions comparer les divergences et les variations entre les versions quand elles existent. Mais Wyatt nous apprend, qu’il a reçu le manuscrit de la famille, et qu’il a effectué lui-même la mise en chapitres et sections.
Nous avons ainsi onze chapitres - ou livres- et chaque chapitre contient un nombre variable de sections, chacune d'elles ayant un titre selon le contenu du passage. Nous avons 554 sections qui ont été délimitées et nommées.
Allions-nous ENFIN découvrir la vraie version de la fondation d’Ayutthaya ?
Sept versions présentent la fondation d’Ayutthaya dans le chapitre 1, en 23 pages, pour une période de 197 ans (1351-1548) avec 29 sections, dont 6 pour des légendes et 1 seulement pour le prince U Thong et la fondation d’Ayutthaya et 1 en tant que roi Ramathibodi 1 (1351-1369) et ensuite 15 sections pour 15 rois. (dont certaines font moins d’une demi-page pour un roi).
Oui, vous avez bien lu : moins de 2 pages pour le fondateur du royaume d’Ayutthaya !
Et voilà, c’est tout.
Pensez-vous avec ces 39 lignes censées évoquer la fondation d’Ayutthaya, (« Le Prince Uthong et la fondation d’Ayutthaya »), pouvoir proposer un récit sur le fondateur d’Ayutthaya ???
Carles chroniques royales d’Ayutthaya ne proposent aucun récit de la fondation du royaume d’Ayutthaya. C’est aussi une autre DECOUVERTE.
3.3 Et ensuite ?
- 18 rois traités en 16 pages ! (d’où notre histoire de deux siècles expédiés en 6 articles). Il faut arriver en 1548 avec le roi Chakkraphat (1548-1569) pour commencer un récit un peu plus substantiel, et encore avec combien d’incohérences, d’oublis, de contradictions …
Alors pourquoi les récits récents sur Ayutthaya que vous pouvez lire continuent-ils de dire « selon les Annales siamoises … », alors que les « Chroniques » ne proposent pas de récit, mais des « informations » parfois divergentes, présentées dans leur incohérence, leur discontinuité, et dans leur indétermination
Alors pourquoi de nombreux auteurs ont osé écrire l’Histoire d’Ayutthaya en « assurant » leur interprétation, de L’AUTORITE de ces Chroniques ?
Pourquoi ont-ils éprouvé la nécessité d’inventer leur version sans mentionner qu’il s’agissait d’une interprétation, d’une fiction …? Pourquoi ?
3.5 Il faut avouer que nous n’arrêtons pas d’être étonnés.
Ainsi par exemple : on nous annonce le code de Ramathibodi 1er, fondateur du royaume d’Ayutthaya.
Nous constatons déjà que les fameuses « Annales d’Ayutthaya » ne font pas la moindre allusion à cette oeuvre de codification de Ramathibodi, et notre enquête nous révèlera qu’il n’existe pas. « Ramathibodi fut un grand roi, lui dénier la qualité de grand législateur n’est pas le dénigrer. C’est l’oeuvre législative immense de Phra Buddha Yodfa Chulalok qui mérite le nom de « code de Rama Ier». (Cf. notre article 44)
Il y eut d’autres surprises :
- Les Chroniques royales d’Ayutthaya ne disent rien par exemple sur la fin du royaume de Sukhotai en 1438 !!!
- Pire ? Elles ne disent pas qu’en 1431 les armées thaïes détruisirent la capitale d’Angkor après un siège de sept mois, qu’ils occupèrent le pays jusqu’en 1445, et furent chassés par le roi khmer Paramaraja1er, installé depuis à Chaktomuk sur le site de Phnom Penh.
- Ou bien elles peuvent être en contradiction avec celles de Chiengmaï, si vous choisissez par exemple d’ évoquer un autre royaume thaï comme le royaume du Lanna, qui a sa propre Histoire et poursuit sa propre stratégie. (Cf. 51. Un autre royaume thaï au Nord : Le Lanna (1260- 1564 …))
4. Mais avec le roi Chakkraphat, le seigneur des éléphants blancs (1548-1568) et le roi Mahin (1568-1569), les « Chroniques royales » changent de nature.
On observe beaucoup plus d’évènements en 47 pages (et 59 chapitres), et un style différent, une multiplication des points de vue, nous faisant accéder « par miracle » à ce qui se dit chez l’ « Ennemi » le Birman, aux paroles des rois de Hongsawadi et d’Ayutthaya et de leurs Conseils.
Et pourtant, nous avons à faire aux mêmes sources, aux mêmes chroniqueurs. Que s’est-il passé ?
Les chroniqueurs ont-ils eu accès aux sources birmanes ou commencent-ils avec ce roi, l’Histoire officielle du Siam ?
Nous avons consacré 7 articles à cette période, pour arriver en ce début d’année à l’avènement d’une autre dynastie avec les rois Thammaracha (1569-1590) et son fils Naseruan, un héros national, qui reconquiert l’indépendance d’Ayutthaya en 1584.
Serons-nous encore surpris ?
Nous espérons qu’en cette fin de XVI ème siècle, qu’avec l’arrivée des farangs et des étrangers au Siam, d’autres sources nous seront accessibles et nous permettront de les confronter aux fameuses « Chroniques royales d’Ayutthaya ».
Nous allons en tous cas en 2013 poursuivre « notre » Histoire du Siam et de la Thaïlande et espérons que vous allez la partager avec nous, et nous aider à l’écrire.
Merci et
bonne année 2013.
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Cela pouvait aller, disions-nous, de l’indignation politique avec la censure sur internet à l’étude sérieuse de la philatélie thaïe, de la compréhension « économique » de la prostitution à la crise des valeurs avec la crise du bouddhisme ; de la découverte de la littérature et du cinéma thaïlandais à la « rencontre » de Jean-Jaurès et du roi Chulalongkorn, des élections « sous surveillance militaire » aux différents trafics aux frontières, du choix du prénom à l’insurrection dans le sud, de la vision de l’Isan d’ Arnaud Dubus, à la vision de la justice thailandaise par Colin Martin « Bienvenu en enfer » …. Sans oublier la « découverte » et le portrait de « héros » inconnus ! des personnages haut en couleurs, comme l’ Amiral Dupont, commandant la marine de guerre siamoise en 1860, ou Paul Garnier, le voyou de Montmartre devenu commandant en chef des armées du Roi du Siam en 1869, ou encore le commandant en chef de la marine siamoise en 1893, le commodore du Plessis de Richelieu …
**comme par exemple :
- Mais nous avons bien vu que ce qu’on appelait la Thaïlande était composée de multiples ethnies, que les Thais siamois ne représentaient que 40 %, et que les Isans par exemple composaient 31% de la population thailandaise, qu’ils se regroupaient en fait des groupes ethniques très divers, aux origines, traditions, coutumes, langues différentes, dont les 3 principaux étaient les Thaïs Isan, les Thaïs Kmer, et les Thaïs Kouis. Qu’ils avaient été « colonisés » par les Thaïs siamois qui avaient imposé leur langue, leurs normes et établit une « hiérarchie » avec ces autres peuples, comme avec les Muangs, les Pak Tai, les Khmers, les Chinois, les Khaek, les groupes montagnards (Karens, Hmongs, Akhas …). Ils étaient tous Thaïlandais, mais pas tous des vrais Thaïs.
- Nous avons longuement expliqué qu’une des clés essentielles pour comprendre non seulement l’Histoire thaie, mais les difficultés du présent (que beaucoup appellent la « crise » ou le combat des rouges contre les jaunes …) était ce concept peu évident de la Thainess, qui se décline sous différentes formes, au fil des périodes historiques ( le nationalisme, la thaïfication forcée sous Phibun, le succès de la Thainess à l’école de l’Isan et son échec dans les provinces « mulsumanes » du Sud…).
- Que cette thaïfication impliquait pour les élites dirigeantes une façon curieuse d’écrire leur Histoire (faire croire par exemple à une histoire linéaire de Sukkhotai à Ayutthaya et ensuite à la dynastie Chakri, présenter en victoire ce qui a été une défaite (ex. la bataille de Ko Chang), oublier son passé esclavagiste, sa façon de conquérir des autres peuples, que la période coloniale n’a pas à envier ( Vientiane rasé et sa population déportée en Isan en 1827 par exemple ou comment le Siam a obtenu des Anglais les sultanats malais, si contestés aujourd’hui…) ou même « en inventant » des héroines (Cf. article à paraître sur le film « la légende de Suryiothai »)…
- Une façon particulière de vivre la démocratie avec, depuis l’avènement de la monarchie constitutionnelle de 1932, 18 coups d’Etats et 18 chartes et/ou constitutions, et 50 ans de direction militaire. Un système politique particulier dont il faut comprendre l’unité de base que représentent les klums ( ?) et les mœurs bien souvent « corrompus »…Une politique qui se veut nationaliste, mais qui a choisi de se mettre dans le camp américain pendant la « guerre froide » et de profiter de son aide massive ( guerre de Corée, guerre du Viet Nam, bases US dans son pays …) … Un pays de contradictions et de paradoxes donc.
Mais un pays en plein changement qui voudrait croire encore à « ces liens (traditionnels) qui unissent les Thais », avec la « crise » politique (avec le problème de partage du pouvoir, l’avènement « des rouges », l’opposition Bangkok / provinces), la crise des valeurs (crise du bouddhisme/société de consommation /internet)
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