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Le site
La ville est située sur le territoire du village actuel de Ban Sema (บ้านเสมา), sous-district de Nong Paen (ตำบลหนองแปน), district de Kamalasai (อำเภอกมลา), province de Kalasin (จังหวัดกาฬสินธุ์). Elle est située dans le bassin de la rivière Lam Pao (แม่น้ำลำปาว)
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...qui alimente l’immense lac artificiel qui porte son nom.
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C’est une alternance de plaines et de collines parsemée d’étendues d’eau naturelles alimentées par de nombreuses sources naturelles. La région est riche en sel de terre (เกลือสินเธาว์) dont les habitants connaissent l’utilité, pour la santé d’abord, la cuisine et la conservation des aliments ensuite et lui attribuent en outre des vertus thérapeutiques. Il existe en forêt des espèces végétales appelées Teng Rang (เต็งรัง) ou Tabak (ตะแบก) et dans la langue locale plueai (เปลือย) qui sont de la famille des hévéas (ต้นไม้ตระกูลยาง).
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Ces forêts ont plus ou moins disparu mais elles apparaissent dans la toponymie, yang c’est le latex et song c’est une rangée d’arbres en continu. Ainsi Fa Daet Song Yang devient la ville au ciel resplendissant et aux rangées d’hévéas. Je ne site que Ban Songplueai (บ้านสงเปลือย) ou Ban Songyang (บ้านสงยาง), le village aux rangées d’hévéas qui ne sont pas loin de notre site.
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La région est fertile car la rivière Lam Pao transporte les alluvions. C'est donc une zone propice à l'installation de communautés et d'habitations humaines depuis l'Antiquité et également de passage depuis la région de transport pratique car la rivière traverse les provinces d’Udonthani (อุดรธานี) à Kumphawapi (กุมภวาปี) ou elle alimente le grand lac situé sur le district de Nonghan (หนองหาน), un haut lieu du tourisme thaï ou il est connu sous le nom de thale buadaeng (ทะเลบัวแดง), la mer aux lotus rouges,
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La ville de Fa Daet Song Yang est située à une altitude d'environ 120 mètres au-dessus du niveau de la mer. La ville est de forme rectangulaire, d'environ 1 075 sur 2 000 mètres, avec un mur d'enceinte et deux fossés, un remblai de 25 à 30 mètres de large,
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...entourée de douves de 20 mètres de large.
Nous trouvons un étang rectangulaire à l'extérieur de la ville au nord-est, de 400 mètres de large, 650 mètres de long,
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et un étang rectangulaire à Nong nok phuet (หนองนกผืด) au sud, de 480 mètres de large et 995 mètres de long.
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On trouve trois collines dans Don Muang ou Don Karma (ดอนเมืองเก่า – ดอนกรรม), Non Wat Sung (โนนวัดสูง) au sud et Don Mueang kao (ดอนเมืองเก่า) au centre de la ville. La partie orientale est le village de Ban Sema (หมู่บ้านเสมา) incluant le Temple
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... et l’école de Phothichai Semaram (วัดโพธิชัยเสมาราม – โรงเรียนโพธิชัยเสมาราม) tout au plus quelques centaines d’habitants
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Le site fait l’objet de culte depuis des siècles par les populations locales. Sa découverte par le monde savant a un siècle seulement. Le premier à en avoir signalé l’existence sans la visiter est Erik Seidenfaden en 1922, responsable de la réorganisation de la gendarmerie siamoise et érudit de haut niveau dans son article « Complément à l'Inventaire descriptif des monuments du Cambodge pour les quatre provinces du Siam Oriental ». In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 22, 1922. pp. 55-99. Il baptisa alors la cité du nom légendaire de Kanok nakhon (กนกนคร) la légendaire cité de l’or.
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Le site est devenu lieu historique national depuis 1936. La protection couvre environ 50 hectares ce qui ne couvre pas la totalité de la superficie de l’enceinte qui est d’environ 200 hectares. Il a immédiatement été identifié comme un site majeur de l’empire du Dvaravati. L’écroulement de cet empire – sur lequel on ne sait que peu de choses a partiellement au moins un lien avec cette légende. Lors de son classement, le site comportait 2000 monolithes, ces bai sema qui ont donné leur nom au village. Un grand nombre comportait des motifs religieux et se trouvent dans de nombreux temples de la région utilisé comme bornes sacrées pour marquer les huit points cardinaux des chapelles d’ordination. On peut penser que les pierres qui ne comportaient pas de motifs religieux ont été utilisés par les habitants à des fins profanes, bornes de délimitation de territoires ou de propriétés, soubassements de constructions voire même piège à tigres ? Le temple
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...et le musée du temple dans son enceinte en conservent 172 dont 20 seulement ont des motifs religieux
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La superficie de la ville ancienne abritée derrière ses remparts permet de penser qu’elle abritait au moins 8000 habitants sur 2 hectares autant que tout le sous district actuel qui regroupe 11 villages sur 65 kilomètres carrés c’est-à-dire 6500 hectares en regroupe autant.
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Les douves entourant la cité ont été remarquablement conservées ainsi que l’enceinte en terre même si elle a été arasée par les siècles, ni urbanisation sauvage ni envahissement par la jungle.
Le chedi principal, Phrathatyaku (พระธาตูยากุ), est l’objet principal de la vénération les fidèles et des cérémonies au mois de mai. La base est incontestablement daté de l’époque du Dvaravati mais il a fait l’objet d’améliorations ultérieures. Il est censé abriter les cendres du fondateur de la cité à moins que ce ne soit celles des deux amoureux ?
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Nous trouvons encore les soubassements du chedi abritant les cendres de la princesse Fa Yat (ฟ้าหยาด), celle par qui le scandale est arrivé, goutte de rosée,
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...d’un autre abritant les cendres du seigneur de la ville Phaya Fa Daet (พญาฟ้าแดด) c’est-à-dire Phaya Chan. (พญาจันทร์)
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et un autre celles de Nang Khiao khom (นางเขียวค่อม).
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Le gendarme danois, inventeur du site, écrivait en 1951 : « Il est à désirer que le Service archéologique du Département des Beaux-Arts de Bangkok prenne les mesures nécessaires pour que cet ancien site soit correctement et soigneusement exploré le plus tôt possible. Un plan exact de la vieille ville devrait être établi et de bonnes et claires photographies prises de toutes les pierres sculptées. Dans le cas où les photographier ne soit pas possible, un artiste familier avec l'iconographie bouddhique (ce qui ne doit pas être difficile à trouver parmi les artistes siamois) pourrait les copier à l'encre et au crayon. Espérons que cela sera réalisé dans un avenir proche ! » (« Kanôk Nakhon, an ancient Mon Settlement in Northeast Siam (Thailand) and its treasures of art ». In : Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 44 N°2, 1951. pp. 643-648).
A l’extérieur de l’enceinte près du lac au sud de la ville, se trouve une colline historique dont nous parlerons plus bas se trouve un sanctuaire en forme de Chedi Non Sao-E (เจดีย์โนนสาวเอ้) abritant une statue de Bouddha. Il a été construit en 1956.
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La Légende (ou l'histoire ?) de Mueang Fa Daet Song Yang
Elle marque probablement une étape de l’écroulement de l’empire du Dvaravati au XIe siècle. On ignore le nom originaire de la cité, celui de Mueang Fa Daet Song Yang est donné par les diverses variantes de la légende. On connait l’une sous le nom de légende Chanarat (ตำนาน จันทราช) et l’autre de légende Chantha Devi (ตำนานจันทาเทวี) :
La souveraine de Fa Daet Song Yang s’appelait Nang Khiao khom (นางเขียวค่อม). Dans une autre version, elle est dirigée par Phaya Chan. (พญาจันทร์) son époux. Ils avaient une très belle fille appelée Fa Yat (ฟ้าหยาด), Il y avait trois cités aux environs, Chiang Som (เมืองเชียงโสม), Chiang Sa (เมืองเชียงสา) et Muang Soi (เมืองสร้อย). Elles étaient dirigées par trois frères, le Phraya Chiang Som (พระยาเชียงโสม), l’aîné, le Phaya Chiang Sa (พญาเชียงสา) et le Phaya Chiang Soi (พญาเชียงสร้อย). Toutes ces cités étaient paisibles et prospères.
Un jour, Phaya Chiang Soi partit à la chasse à la poule sauvage. Son chemin le conduisit au bord d’un lac ou se baignait Fa Yat. Quand elle sortit du bain, elle s’assit, ils tombèrent amoureux et se promirent de se marier. Ce dialogue amoureux eut lieu sur une petite colline situé près du lac au sud de l’enceinte. Elle porte le nom de Non Sao-E (โนนสาวเอ้), เอ้ est un terme de la langue locale signifiant « magnifiquement habillé », traduisons simplement par colline de la belle jeune fille. Le chédi qui y est édifié est également un lieu de pélérinage.
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Phaya Chiang Soi envoya son frère aîné demander la main de la belle Fa Yat. Phaya Chan, considérant que sa fille était trop jeune, refusa. Phaya Chiang Soi, de rage, leva une armée pour combattre Phaya Chan et la ville de Fa Daet Song Yang. Il y perdit la vie.
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Lorsqu’elle l’apprit, Fay Yat mit fin à ses jours.
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Lorsque Phraya Chiang Som et Phaya Chiang Sa apprirent la mort de leur frère dans la bataille avec Phaya Chan, ils menèrent tous deux une armée pour attaquer Mueang Fa det, rasèrent la ville et tuèrent Phaya Chan et son épouse Nang Khiao khom. Les cités disparurent au fil des siècles mais non dans la mémoire des habitants et il ne subsista plus que cette légende pieusement transmise pendant des siècles et la persistance d’un culte à tel point que la Ville de Kalasin a depuis 2016 organisé un spectacle son et lumière.
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Le Centre de services universitaires de l'Université de Chulalongkorn (จุฬาลงกรณ์มหาวิทยาลัย) en 2010 a tenté de faire la synthèse sur les légendes sur la ville de Fa Daet en ironisant sur la réalité des faits qu’elles narrent. C’est peut-être forfanterie de distingués universitaires. Cette lutte fratricide entre des cités voisines et les destructions qui s’ensuivirent ont pu marquer les esprits et se transmettre pendant des siècles en les embellissant évidemment.
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Lorsqu’on est en présence de ces légendes sur fond historique, il ne faut jamais perdre de vue un exemple remarquable dans notre monde gréco-latin. Homère aurait vécu du VIIIe siècle avant Jésus-Christ. L’épopée qui chantait ou psalmodiait et les aèdes après lui n’a initialement pas laissé de traces écrites. Ils furent ensuite écrits sur papyrus, les fragments les plus anciens sont datés du IIIe siècle avant Jésus – Christ. 500 ans ont passé. Les premiers manuscrits écrits datent du moyen-âge, IXe siècle après Jésus-Christ. 1700 ans ont passé. La légende de cette guerre de 10 ans entre les cités grecques et la ville de Troie entra dans la littérature comme légende. Et puis au XIXe siècle, un archéologue amateur, Henrich Schliemann, une espèce d’Indiana Jones avant la lettre, crut en la véracité de ces légendes et s’attacha à découvrir l’antique cité en Turquie.et il la découvrit. Les fouilles seront reprises et poursuivies selon des méthodes plus rigoureuses par des savants américains sous la direction de Carl Blegen, de 1932 à 1938. Elles démontrèrent que la septième installation humaine sur le site de Troie, avait été incendiée vers 1250-1240 av. J.-C. précisément à l'époque de la guerre de Troie7 selon la datation fournie par Hérodote qui écrivit aux alentours de 450 avant Jésus-Christ, quelques siècles après Homère
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Sources
Nos précédents articles
INSOLITE 6 - AU CŒUR DE LA PROVINCE DE KALASIN, LA CITÉ MYSTÉRIEUSE DE KANOK NAKHON (กนกนคร) « LA VILLE D’OR », CITÉ MAJEURE DU DVARAVATI.
A 213- LES ORIGINES MYSTÉRIEUSES DES BORNES SACRÉES (BAÏ SÉMA) DES TEMPLES DE L’ISAN EN THAILANDE
Le site de la ville de Kalasin
ตำนานเมืองฟ้าแดดสงยาง sur le site de la ville de Kalasin
http://www.kalasin-mu.go.th/sj/images/pdf/Presentation1.pdf
Le spectacle son et lumières organisé par la ville
https://kalasin.prd.go.th/th/content/category/detail/id/33/iid/95404
La brochure
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