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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

(suite cliquez)   POURQUOI CE BLOG ?

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Merci d’être venu consulter ce blog. Si vous avez besoin de renseignements ou des informations à nous communiquer vous pouvez nous joindre sur alainbenardenthailande@gmail.com

10 janvier 2025 5 10 /01 /janvier /2025 07:54

 

Ban Non Wat (บ้านโนนวัด) est un village du nord-est de la Thaïlande, dans le district de Non Sung (อำเภอโนนสูง), sous-district de Phon Songkhram (ตำบลพลสงคราม) province de Nakhon Ratchasima (จังหวัดนครราชสีมา) situé non loin du site historique khmer de Phimai (พิมาย) et de la rivière Mun (แม่น้ำมูล). Ses coordonnées sont 15° 26’ 28’’ et 102° 16’ 08’’. Il est situé, probablement dans un but de protection, sur une butte comme son nom l’indique (Non) et fut tardivement entouré de douves. Des puits pratiqués dans le sol permettaient de trouver l’eau salée donc le sel. Le site fait l’objet de fouilles depuis 2002. Elles ont démontré une présence de la population depuis le néolithique marquée par la découverte de 640 tombes, marquant une occupation constante depuis probablement 200 générations sous une profondeur d’environ 5 mètres du niveau actuel du sol pour les plus anciennes. Le site est évidemment beaucoup moins spectaculaire que celui de Phimai...

 

 

...ce qui lui a évité de devenir une « tourist attraction » et sa découverte tardive lui a évité le pillage dont fut victime le site proto historique de Ban Chiang (บ้านเชียง). Son importance pour la compréhension de notre histoire est néanmoins essentielle. Il est permis de se poser à son sujet la question que nous avons posée à propos de Ban Chiang : « la civilisation est-elle née dans le nord-est de la Thaïlande ? » (1)

 

 


 

Les archéologues ont effectué des datations par la méthode du carbone 14 traitées par des analyses bayésiennes. Cette méthode repose sur le théorème de Bayes, un anglais qui vivait au XVIIIe siècle alors utilisée en statistiques pour déterminer la probabilité qu’un événement survienne à partir d'un autre événement qui s'est réalisé, notamment quand ces deux événements sont interdépendants.

 

 

Ne nous en demandez pas plus, hors la formule du théorème appliqué à la datation au carbone 14 alors appliquée à une époque où les scientifiques qui étudiaient les statistiques le faisaient essentiellement pour déterminer leurs chances de gagner aux dés. Cette méthode a permis aux archéologues, œuvrant sous l’égide de l’américain Earthwatch Institute de déterminer dans le temps trois périodes d’occupation successives même s’il y a entre eux les éternelles querelles d’experts, le néolithique au XVIIe siècle avant Jésus-Christ, l’âge du bronze au XIe siècle avant Jésus-Christ suivi de l’âge du fer, 420 ans avant Jésus Christ. Ces fouilles sont considérées comme les plus importantes jamais réalisées en Thaïlande.

 

 

Le néolithique (Entre 1650 et 1250 avant Jésus

Christ.

 

Les premières traces d’occupation humaine sont caractérisées par l’absence de métallurgie. Dans la phase la plus ancienne, les défunts sont repliés, la période est caractérisée par la culture du riz, l’élevage du porc, la chasse, la pèche et le ramassage des coquillages et la domestication du poulet. Dans une période suivante, les tombes contiennent souvent de la vaisselle, des outils en pierre, des coquillages et des restes d’animaux.

 


 

L’âge du bronze


 

L’avènement de la métallurgie du cuivre a conduit à de grands changements.

Les sépultures sont devenues d’une plus grande richesse,

Toutefois, nos spécialistes du théorème de Bayes qui leur permet des datations précisent divisent cette époque en cinq étapes.

 

Jusqu’à 1000 avant Jésus Christ

On trouve dans les tombes des bracelets et des colliers en coquillages et au moins une hache en cuivre. La quantité des objets funéraires s’est augmentée de façon spectaculaire depuis l’époque précédente, l’ornementation des dépouilles mortelles est systématique.et les corps sont enveloppés et placés dans des cercueils en bois.

 

 

Jusqu’à 850 avant Jésus-Christ

Les objets funéraires sont plus nombreux : Haches à base de cuivre, bracelets de cheville, bagues, ainsi que colliers de perles de coquillage, ceintures et boucles d'oreilles.

 

 

Jusqu’à 800 avant Jésus Christ

Le contenu des tombes est similaire à celui des deux époques précédentes mais elles sont orientées vers le nord-est ou le sud-ouest alors que dans les époques précédentes, elles l’étaient vers le nord ou vers le sud.

 

usqu’à 700 avant Jésus-Christ

Les habitants sont enterrés par groupes dont on ne sait à quoi ils correspondaient. Le nombre d’objets funéraires contenus dans les tombes diminue de façon caractéristique et spectaculaire.

 

Jusqu’à 420 avant Jésus-Christ

Il n’y a évidemment pas de date précise pour le passage à l’âge du fer. Le nombre des objets funéraires continue à diminuer mais sont en bronze. Chose singulière, on a trouvé la sépulture d’un chien accompagnée de deux bols.

 

 

L’âge du fer

 

Avec l'âge du fer, une nouvelle gamme d'ornements exotiques accompagnait les morts, notamment la cornaline, l'agate et le verre, mais les ornements funéraires sont beaucoup moins nombreux que pour les époques précédentes.

 

 

L’on y trouve des objets en fer et des poteries du style de celles de Phimai.

 

 

De cette époque encore datent les douves qui servent à la fois de protection et de réserve d’eau pour les habitants, les animaux et l’agriculture.

 

 

De nombreux artefacts récupérés ont suggéré un lien continu avec la culture khmère, ce qui n'est pas surprenant étant donné la proximité du site avec l'une des extrémités de l'ancienne route khmère, au parc historique de Phimai.

Ne peut-on aussi voir une similitude étonnante entre certaines poteries ...

 

 

...et celles de Ban Chiang dont le site est situé à environ 300 kilomètres au nord ?

 

 

 

Après cela, les objets anciens ont été retirés et conservés au Musée national de Phimai

 

 

et certains d’entre eux sont exposés sur place dans un bâtiment d'exposition construit sur la zone fouillée.

 


 

Remercions la lectrice qui vis loin d'ici au milieu des lavandes et nous a signal quelques lignes écrites en français sur le site, accompagné d'une belle photographie

https://www.facebook.com/story.php?story_fbid=1312214903548594&id=100042802901164&post_id=100042802901164_1312214903548594&rdid=1BWdcn3dGJUkKmEz#

 

 

Quelques références pour ceux qui connaissent le calcul intégral

 

« The Bronze Age of Southeast Asia: New Insight on Social Change from Ban Non Wat » Publié en ligne par Cambridge University Press :  20 Septembre 2011

 

« Re-examining the chemical evaluation of diagenesis in human bone apatite » Journal of Archaeological Science : Volume 38 - 9, Septembre 2011, Pages 2222-2230

 

« Burial containers – A hidden aspect of mortuary practices: Archaeothanatology at Ban Non Wat, Thailand » in Journal of Anthropological Archaeology - Volume 31- 2, Juin 2012, Pages 227-239

 

« Spatial and social variables in the Bronze Age Phase 4 cemetery of Ban Non Wat, Northeast Thailand » Journal of Archaeological Science »: Volume 4, Decembre 2015, Pages 362-370

 

« The Bronze Age of Southeast Asia: New Insight on Social Change from Ban Non Wat » Publié en ligne par Cambridge University Press :  20 Septembre 2011

« Bayesian Statistics in Archaeology » par Erik Otárola-Castillo et Melissa G. Torquato in Annual review of qntrhropology, volume 47 de 2018

« Re-examining the chemical evaluation of diagenesis in human bone apatite » Journal of Archaeological Science : Volume 38 - 9, Septembre 2011, Pages 2222-2230
« THE ORIGINS OF THE CIVILIZATION OF ANGKOR VOLUME V THE EXCAVATION OF BAN NON WAT: THE BRONZE AGE » par C.F.W. HIGHAM, R. THOSARAT, J. CAMERON, C. HAUMAN, T.F.G. HIGHAM, B. MANLY, C. SARGEANT, H. CAWTE & T.O. PRY
Publié par The Thai Fine Arts Department Bangkok 2016 https://www.finearts.go.th/storage/contents/detail_file/wmYRycwyrXQPhTywGeRCRvmxKB9AxMOjWbLi9BsT.pdf

 

Références hors calcul intégral (en thaï)

Matichon on line :

เปิดหลุมขุดค้น ‘บ้านโนนวัด’ จากผลวิจัยหลักฐาน ‘เลี้ยงไก่เก่าสุดในโลก’ แถมมีปลาช่อน 3 พันปี in วันที่ 10 มิถุนายน 2565 –

 

Musée de Kotat :

 

 

 

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13 décembre 2024 5 13 /12 /décembre /2024 08:35

 

Le plus prestigieux des rois khmers reste le roi Vajrayana VII (1128 ?-1219) qui régna de 1178 à 1219 et étendra considérablement l’Empire khmer.

 

Il couvrait alors le Cambodge, le Siam, le Sud-Vietnam (Champa), le Laos, la Birmanie et certaines régions de la Malaisie. Il établit cet empire entre 1178 et 1191. Il bascula son pays dans les bouddhisme et fit des préceptes de cette religion une religion d’État tout en conservant les apports de hindouisme toujours omni présents.

 

 

Pieux bouddhiste, il se fait représenter non en chef de guerre mais en méditation. Empreint de compassion bouddhiste, il considérait que lorqu'un de ses sujets souffrait de maladie, c'est lui qui souffrait Bâtisseur comme tous les roi khmers, il est un aspect moins connu de son œuvre architecturale

 

 

Ainsi fit-il construire dans son empire 102 hôpitaux dont 32 subsistent encore Thaïlande, essentiellement dans la région du Nord-est (dans 8 provinces du nord-est, comprenant Khon Kaen, Maha Sarakham, Chaiyaphum, Roi Et, Buriram, Nakhon Ratchasima, Surin, Sisaket et 1 province de l'est, Prachinburi, totalisant 9 provinces.. Le plan est unique, seul change le matériaux, latérite en Thaïlande et grès au Cambodge. De ce qui en subsiste, il est certain qu'à visiter ces vestiges, il est difficile de comprendre qu'ils aient pu être des hôpitaux. Ils n'ont rien de spectaculaire susceptible d'attirer le tourisme. Il est invraisemblable qu'on ait logé les malades dans des constructions en pierre ou en briques, alors que partout ailleurs celles-ci étaient réservées aux dieux, et que les hauts dignitaires et le roi lui-même habitaient dans des demeures en bois depuis longtemps disparues au bout de 800 ans de climat tropical

 

Lieu de traitement des maladies physiques et mentales de la population, on appelle ces bâtiments « Arokayasan » (อโรคยศาล) ce qui signifie « sala sans maladies » . Leur liste et enregistrée dans une stèle du temple de Ta phrom a (ปราสาทตาพรหม) à Siam raep, construit par le grnd roi.

 

 

Elle donne les chiffres et les fonctions, compris les médecins, les statisticiens et les administrateurs immobiliers, le ramasseur de riz, le ramasseur de bois de chauffage, le pilonneur de riz, le cuiseur, le distributeur de médicaments, le broyeur de médicaments, l'astrologue et la personne qui accomplit les cérémonies. Il y a un effectif allant de 50 à 98 personnes par hôpital selon son importance.

 

 

Lieu de traitement des maladies physiques et mentales de la population, on appelle ces bâtiments « Arokayasan » (อโรคยศาล) ce qui signifie « sala sans maladies » . Leur liste et enregistrée dans une stèle du temple de Ta phrom a (ปราสาทตาพรหม) à Siam raep, construit par le grnd roi. Elle donne les chiffres et les fonctions, compris les médecins, les statisticiens et les administrateurs immobiliers, le ramasseur de riz, le ramasseur de bois de chauffage, le pilonneur de riz, le cuiseur, le distributeur de médicaments, le broyeur de médicaments, l'astrologue et la personne qui accomplit les cérémonies. Il y a un effectif allant de 50 à 98 personnes par hôpital selon son importance.

 

Elle donne également des détails sur les herbes utilisées dans le traitement des maladies telles que le miel, le poivre blanc, la muscade, la cardamome, le camphre, le bois de fer, le gingembre, etc., qui sont encore utilisées comme ingrédients dans la médecine traditionnelle de nos jours.

 

 

L'Arokayasan est au centre d'une enceinte en pierrres de taille, qui ouvre sur un porche monumental à l'est – d'ou vient la lumière - le Gopura (โคปุระ) et comporte deux paties, les bâtiments en bois destinés à abriter les malades et le personnel du temple depuis longtems disparus, et les bâtiments en pierre de taille, la chapelle ou le temple et une bibliothèque abritant les manuscits médicaux et religieux. Un bassin sacré est situé à l'extérieur de l'enceinte au nord-est. C'est le style architectural du bayon et le plan est le même que celui d'un temple khmer. Il y a parfois une porte secondaire aux côtés du gopura

 

 

Certains ont utlisé des fragments de pierre provenant de temples abandonnés ou détruits ainsi que des linteaux sculplées conne les spécialistes l'ont relevé sur le Prasat Sa Kamphaeng Noi (ปราสาทสระกำแพงน้อย) dans la province de Si saket où ont été utilisés des linteaux sculptées provenant d'autres temples probablement dans un soucis de rapidité.

 

Ces hôpitaux sont des lieux religieux, ne l'oublions pas, et doivent abriter une représentation du Bouddha Bhaisajyakuru Vaiduryaprabhu qui est le Boudha de la médecine (พระพุทธเจ้าไภษัชยคุรุไวฑูรยประภา) et ses deux subordonnés, le Bodhisattva Suryavairojana Chandraroji (พระโพธิสัตว์สุริยไวโรจนจันทโร) et le Bodhisattva Chandravairojana Rohinisa (พระโพธิสัตว์จันทรไวโรจนโรหิณีษะ) . Ces sculptures étaient en principe conservées dans la bibliothèque.

 

 

Même après la fin du règne du roi Jayavarman VII, les Arokayasan continuèrent à exercer leur mission mais durent les cesser faute de soutien du pourvoir central siamois.;

 

La mission principale des soins prit fin et les lieux n'eurent d'autres fonctions que religieuses. Certains fonctionnent encore comme lieux de culte communautaires, devenus temples ou chapelles du bouddhisme Theravada, ils sont qlors pqrfqite;ent entretenus. mais beaucoup d’autres se sont effondrés. Il ne reste que des ruines et les pierres, surtout celles des enceintes, furent utilisées à des fins prsaïques

 

De nombreux ont été restaurés par le Département des Beaux-Arts. Beaucoup des trente deux inventoriés à ce jour en Thaïlande sont en ruines

ls ne sont par ailleurs pas toujours faciles à trouver. Pas ou mal signalés, beaucoup sont à l'intérieur d'un temple boudhiste contemporain mieux signalé

 

Les trente-deux Arogayasala inventoriés en Thaïlande et quelques photographies

 

Province de Buriram

Kuti Ruesi Ban Khok Mueang, district de Prakhon Chai (กุฏิฤๅษีบ้กุฏิฤๅษีบ้านโคกเมือง)

Kuti Ruesi Nong Bua Rai , district de Prakhon (กุฎิฤษีบ้านหนองบัวราย)

Prasat Khok Ngiu, district de Pakham (ปราสาทโคกงิ้ว)

Kuti Ruesi, district de Ban Mai Chaiyaphot (กุฏิฤๅษีบ้)

 

 

Province de Chaiyaphum

Prang Ku ou Wat Ku, district de Mueang (ปรางค์กู่)

Prang Ku, district de Ban Thaen (ปรางค์กู่)

 

Province de Khonkaen

Ku Kaeo, district de Mueang (กู่แก้ว)

 

 

Ku Praphachai, district de Nam Phong (กู่ประภาชัย)

 

 

Province de Mahasarakham

Ku Ban Khewa, district de Muang (กู่บ้านเขวา)

Ku Santarat, district de Na Dun district (ถกู่สันตรัตน์)

 

Province de Nakhon Rachasima

Prasat Hin Mueang Kao (ปราสาทหินเมืองเก่า) ou Prasat Mueang Kao (ปราสาทเมืองเก่า), district de Sung Noen.

Prasat Ban Prasat, district de Non Sung (ปราสาทบ้านปราสาท )

 

Prang Phon Songkhram, district de Non Sung (ปรางค์พลสงคราม )

Prasat Khon Buri, district de Khon Buri (ปรางค์ครบุรี)

Prasat Sa Phleng, district de Chok Chai (ปราสาทสระเพลง)

Prang Ban Prang, district de Huai Thalaeng (ปรางค์บ้านปรางค์)

Kuti Ruesi Noi, district de Phimai (กุฏิฤาษีน้อย)

 

 

 Prasat Nang Ram, district de Prathai (ปราสาทนางรำ)

 

Province de Prachin Buri

Prasat Sa Morakot, district de Si Mahosot district (ปราสาทสระมรกต)

 

Province de Roi Et

Prang Ku, district de Thawat Buri (ปรางค์กู่)

Ku Phon Rakhang, district de Kaset Wisai (กู่โพนระฆัง)

Ku Ban Dan, district de Phon Sai (กู่บ้านด่าน)

 

 

Province de Sa Kaeo

 Prasat Ban Noi, district de Watthana Nakhon (ปราสาทบ้านน้อย)

 

Province de Sakon Nakhon

Prasat Ku Phanna, district de Sawang Daen Din (ปราสาทกู่พันนา)

 

Province de Si Sa Ket

Prasat Sa Kamphaeng Noi, district de Muang (ปราสาท สระกำแพงน้อย)

Prasat Hin Ban Samo, district de Prang Ku (ปราสาทหินบ้านสมอ)

 

 

Province de Surin

Prasat Ban Prasat or Prasat Kangaen, district de Sangkha (ปราสาทบ้านปราสาท)

Prasat Ta Muean Tot, district de Phanom Dong Rak (ปราสาทตาเหมือนธม )

Prasat Hin Chom Phra, district de Chom Phra (ปราสาทหินจอมพระ)

Prasat Ban Chaniang, district de Muang (ปราสาทบ้านจะเนียง)

Prasat Ban Chang Pi, district de Sikhoraphum (ปราสาทบ้านช่างปี่)

 

Province d'Udonthani

Prasat Ku Kaeo ou Ku Kaeo Ban Chit, district de Ku Kaeo district (ปราสาทกู่แก้ว - กู่แก้วบ้านจิตร)

 

 

 

 

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6 décembre 2024 5 06 /12 /décembre /2024 08:27

 

Je ne m'étais jamais posé la question :

 

Par exemple « National géographic » a consacré en 2023 une page en thaï au voyageur sous le titre «  Nombreux sont ceux qui considèrent Marco Polo comme l’un des grands voyageurs du monde. Il fut un sujet d'inspiration pour Christophe Colomb dans son projet de naviguer vers les Amériques. Mais avec le temps, il apparaît que ce n’est peut-être pas toute la vérité » (1) Pas un mot en tous cas dans de bel article sur un passage, ou la connaissance, qu'aurait eu Marco Polo du Siam.

 

 

ET LE SIAM ?

 

J'ai trouvé par pur hasard ce début de réponse :

« Les premières références européennes directes au Siam ont été faites par Marco Polo dans le cadre de ce cadre cognitif pré-moderne. Bien qu’il ait voyagé dans les eaux de l’Asie du Sud-Est et dans l’océan Indien, Polo n’avait aucun contact direct avec le Siam, mais il semble en avoir entendu parler par d’autres voyageurs. Dans Le Livre des voyages (ou Il Millione), Polo mentionne « Locac », un riche royaume d’idolâtres avec sa propre langue, de nombreux éléphants, du bois de brésil (semblable au bois de sappan), peu de visiteurs étrangers et une utilisation répandue de cauris et d’or pour le paiement. » (3)

 

 

Or, beaucoup de royaumes ou principautés dans la péninsule pouvaient répondre à cette définition mais l'auteur ne va pas pas au delà de cette brève définition car le Siam n'était pas l'objet de son article que j'ai consulté pour toute autre raison, une seule précision de taille, Marco Polo n'a pas visité le Siam mais en a entendu parler (« on dit que.... »)

 

OÙ DONC ÉTAIT CE « ROYAUME DE LOCAC » ?

 

La curiosité me conduit à consulter une fort érudite version anglaise du récit des voyages de Marco Polo : L'auteur siitue le royaume de Locac au sud du Siam, il l'avait atteint ou longé par voie de mer en descendant du Champa vers le sud. C'est donc une de ces principautés maritimes du sud du Siam. (4)

 

 

Nous devons une localisation plus précuise et plus ancienne à un érudit français, Paul Pelliot. Il situe le royaume de Locac à Ligor, aujourd'hui Nakhon Sithammarat, un royaume ou une principauté maritime depuis toujours en rapports étroits avec la Chine et les Chinois (5)

 

Marco Polo serait né vers 1254 à Venise mais d'une famille qui serait originaire de Dalmatie.Les Européens ne connaissaient pas encore la région orientale au-delà du monde arabe. Certains y situaient le jardin d’Éden. Il exista bien un commerce le long de la Route de la Soie. Mais Les histoires de l’Asie à cette époque ressemblaient à des histoires racontées de bouche à oreille. I

 

 

 

 

MYTHES OU RÉALITÉS ?

 

Depuis des siècles, les érudits, les historiens, les linguistes se disputent pour savoir ce qui dans cette belle et longue histoire relève de la réalité, de la fantaisie, de l’exagération et de la fanfaronnade. Ce n'est pas le récit d'un explorateur attentif, la famille Polo est partie chercher fortune et non en voyage d'études. Au demeurant, le récit repose sur des souvenirs dictés après un quart de siècle

 

Dès 1269, le père et les oncles de Marco, Nicolo et Maffeo, voyageaient pour faire du commerce vers l'est. En passant le long de la Route de la Soie, ils rencontrèrent des représentants de l'empereur Kublai Khan qui invitèrent les deux frères à les accompagner pour rencontrer l'empereur mongol, dont ils n'avaient jamais entendu parler auparavant. Nicolo et Maffeo acceptèrent l'invitation allant jusqu'en Chine. et y rencontrèrent l'empereur Kublai Khan.

 


 

Kublai Khan fut satisfait des compétences des frères Polo Marco et leur a demanda de présenter un message au Pape demandant l'envoi de chercheurs dans plusieurs domaines pour aider au développement de son pays. Mais de retour à Venise neuf ans plus tard, le Pape venait de mourir et n'avais pas encore de successeur. Les projets de voyage du couple furent donc interrompus dans l 'immédiat..

 

En 1271, les frères Polo décidèrent de retourner à la cour de Kublai Khan. Ils emmenèrent avec eux Marco, le fils de Nicolo, âgé de 17 ans. Au cours du voyage, le groupe rencontra le pape nouvellement élu à Jérusalem. Le pape ne chargea que deux moines dominicains de les accompagner, mais tous deux disparurent pendant le voyage. La famille poursuivit son voyage vers la Route de la Soie. Ils traversèrent les villes d'Acre, d'Amanir et d'Azerbaïdjan avant de se diriger vers le sud : Golfe Persique, Afghanistan, à travers la vaste mer de Gobi. A bout de quatre ans, ils atteignirent la cour de Kublai Khan. Le jeune Marco fut nommé médiateur pour le sud de l'empire ; notamment été gouverneur de Yangzhou pendant 3 ans, puis fut nommé ambassadeur à l'étranger. Il fut envoyé dans de nombreuses missions diplomatiques dans tout l'empire et en Asie du Sud-Est, Birmanie, Inde, Indonésie, Ceylan et Annam. La famille servit Ku Lai Khan pendant 17 ans. Ils prirent la décision de retourner en Europe en 1291-92 par voie de mer. Ils atteignirent en 1293 qu'ils atteignirent le port perse d'Ormuz et passèrent encore,. Quand il eut dit au revoir à la princesse Ils passèrent encore deux années à voyager par voie terrestre jusqu'à Constantinople et arrivèrent à Venise en 1295.


 

Venise entra alors en guerre contre le république de Venise qui perdit la guerre. Les richesses ramenées par la famille furent confisquées et Marco fut fait prisonnier.


 

Dans une prison de Gênes, Marco Polo fut emprisonné avec Rustichello da Pisa, écrivain réputé pour avoir été sa « plume »auquel il dicta ses souvenirs.

 

 

Ils circulèrent d'abord sous forme manuscrite après leur libération en 1299. Marco Polo mourut en 1324. De nombreux manuscrits circulèrent et vint l'invention de l’imprimerie. L'ouvrage fit l'objet de multiples traductions et éditions dont aucune ne porte évidemment l'imprimatur de l'auteur.

 

La carte de ces périples telle qu'on la retrouve à peu près partout laisse à penser que Marco Polo a coutoyé le Siam sans s'y arrêter. Navigant dans le golfe au large de Ligor, les marins probablement chinois qui le guidaient lui donnèrent le nom chinois de cette terre et lui en firent une brève description.

 

La plupart des érudits considèrent que Locac était Ligor. Mais le débat n'est pas clos puisque pour d'autres, Locac serait Lowek, ancienne capitale du Cambodge et pour quelques uns, ce serait Lopburi ? Je ne participe évidemment pas à ces doctes discussions puisque je n'ai aucune compétence en la matière

 

Une seule certitude, Marco Polo a vu de mer un bout de Siam et une grande partie de ses pérégrinations se vérifie dans les Annales chinoises

 

 

 

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22 novembre 2024 5 22 /11 /novembre /2024 09:57

 

Il est un trophée de la victoire des Siamois sur la dissidence de Pattani, placé au milieu d'autres canons devant l’ancien ministère de la guerre, désormais transformé en musée. Il est au centre du drapeau de la province (ci-dessus) porteur d'une signification différente

 

 

 

Les canons placés sur l’esplanade sont trois douzaines et ont fait l’objet d’une étude circonstanciée de C. A. SEYMOUR SEWELL, M. A. « NOTES ON SOME OLD SIAMESE GUNS » publié dans le numéro 15-1 du Journal of the Siam society. Une longue notice lui est consacrée car il est le plus grand de ces canons Le numéro suivant du journal contient d’ailleurs un article sur sa fonte, puisqu’il provient incontestablement de Pattani (Pattani Guns and Foundry Site.) Un article plus récent de Pierre Leroux, spécialiste incontesté de la région du sud musulman de la Thaïlande, a été publié dans le Bulletin de l’École française d’extrême orient de 1998 « Bédé kaba' ou les derniers canons de Patani ». Il évoque toutes les hypothèses relatives à l'origine du canon géant. J’ai par ailleurs trouvé de précieuses précisions sur la page Facebook de notre ami Mina qui nous narre l’histoire de ce canon géant. Il en est d’autres versions. La sienne repose sur l'analyse des chroniques ou des annales malaises et siamoises.

 

 

Le responsable principal de la construction (ou plutôt de la fonte) de le canon serait Khun Lim Toh Khiam (ท่านลิ่มโต๊ะเคี่ยม)

 

 

et accessoirement Khun Lim Ko Niao (ท่านลิ้มก่อเหนี่ยว). Le premier était un pirate chinois qui - après avoir ravagé toutes les côtes de la région et avoir fait une immense fortune - s’installa à Pattani. Il y épousa la fille du sultan, se convertit à l’Islam. Il aurait construit un canon pour la reine et serait mort dans les années 1580. Ç’aurait été sous le règne de Racha Biru (ราชาบีรู)

 

 

(1566 - 1624), l’une des cinq grandes reines de Pattani. Confrontée à une hypothétique menace siamoise, elle aurait sollicité ou lui aurait de fondre trois énormes canons dont celui de notre histoire. Il est l'orgueil de la province actuelle dont il rappelle un passé glorieux et figure sur son sceau officiel depuis les années 1930. On associe au nom de Khun Lim Toh Khiam celui de Khun Lim Ko Niao. Elle était sa sœur cadette Lim Ko Niao (เจ้าแม่ลิ้มก่อเหนี่ยว). Elle s'est suicidée après avoir été incapable de convaincre son frère de rentrer dans leur pays natal. Elle est dans la communauté chinoise de Pattani vénérée comme une déesse. Elle y a son sanctuaire appelé Sala Chaomae Lim Ko Niao (ศาลเจ้าแม่ลิ้มก่อเหนี่ยว)

 

 

Le sort de ces cannons pendant près de deux siècles, reste inconnu.

 

Survint ce que les Thaïs appellent la » guerre des neufs armées » (สงครามเก้าทัพ) sous le règne du roi siamois Bouddha Yodfa Chulalok (สมเด็จพระพุทธยอดฟ้าจุฬาโลก), le premier de l’actuelle dynastie.

 

 

En 1785, le roi birman Padung (พระเจ้าปดุง) partit à la conquête du Siam et envoya une gigantesque armée attaquer le pays dans cinq directions.

 

 

La première armée attaqua les villes de la côte ouest, en particulier Thalang (ถลาง) au nord de l’île de Phuket (ภูเก็ต). Les Siamois ne pouvaient faire face sur ce front devant affronter les Birmans à Kanchanaburi (กาญจนบุรีป et au nord à Nakhon Sawan (นครสวรรค์) ; Toutes les villes furent investies depuis Chumphon (ชุมพร) jusqu'à Nakhon Si Thammarat (นครศรีธรรมราช). Ils échouèrent toutefois à Thalang devant la résistance animée par les deux sœurs Thao Thep Satri et Thao Sri Sunthon (ท้าวเทพสตรี et ท้าวศรีสุนทร), les deux héroïnes de Phuket qui sont à la Thaïlande ce que Jeanne d’Arc est aux Français.

 

 

L’armée siamoise était sous la direction du Krom Phra Rajawang Bowon (กรมพระราชวังบวรฯ), frère du roi.

 

 

Celui-ci, arrivé à Songkla (สงขลา) envoya une lettre au gouverneur de Pattani (พระยาตานี) pour lui demander son soutien, ce que celui- ci refusa alors que les autres gouverneurs des cités tributaires (Phraya Sai Buri – พระยาไทรบุรี, Phraya Kelantan - พระยากลันตัน, Phraya Terengganu - พระยาตรังกานู) avaient accepté. Il fallut donc attaquer Pattani. La ville tomba aux mains des Siamois malgré ses canons. L’armée birmane était par ailleurs vaincue non peut-être par la force des armes, mais elle dut rebrousser son chemin faute de ravitaillement. Quel que soit le génie de celui qui commande une armée d’invasion, la question de son ravitaillement loin de ses bases reste sa faiblesse, Napoléon en fit l’amère constatation lorsqu’il prétendit envahir la Russie.

 

 

 

Une fois disparues les armées birmanes, Krom Phra Rajawang Bowon depuis Songla se souvient que les états malais frontaliers étaient tributaires du Siam – volens nolens peut–être – depuis des siècles et ne manqua pas de rappeler aux princes malais leurs obligations.

 

 

Les deux canons géants ne canonnèrent probablement pas. Avec le troisième, ils furent prise de guerre au profit des Siamois. Le premier canon géant est celui qui se trouve à Bangkok, le second tomba au fond de la mer à son chargement, il y est toujours, dans la vase. Des recherches entreprises pour le localiser furent vaines. On ignore ce que devint le troisième.

 

 

Le nom du premier « Phaya Tani » que l’on peut traduire par « la reine Tani » tient à l’une des légendes attachées à sa fonte. Pattani était alors dirigée par un gouverneur (เจ้าเมือง),

 

À l'origine, la ville avait un gouverneur qui dirigeait la ville. Plus tard, le gouverneur est décédé. L'épouse du gouverneur qui dirigeait la ville s'appelait Nang Phaya Pattani . A sa mort Nang Phaya Pattani (นางพญาปัตตานี) prit la décision de faire fondre trois canons en laiton dans un sous-district près de Ban Ka se (บ้านกะเสะ) actuellement Kru Se (กรือเซะ).

 

 

Le premier fut baptisé du nom de son initiatrice, Nang Pattani (นัง ปัตตานี) ou encore Si Pattani (ศรีปัตตานี).

 

Le second s'appela Si Nagri ou Si Nakara (ศรีนัครี - ศรีนัครา) est enfoui dans la la vase au fond de l'eau. Des tentatives pour le récupérer sont restées vaines .

 

Le troisième fut Maha La Lo (มหาหล่าหลอ). On ignore ce qu'il devint et il n'apparaît pas dans l'inventaire de C. A. SEYMOUR SEWELL, M. A

 

 

LE CANON, DEVENU SYMBOLE DE LA PROVINCE

 

 

Son image est brandie par les irrédentistes de la province. Il ne semble toutefois pas que celui qui subsiste ait jamais envoyé ni mitraille ni boulet contre les ennemis, il n'est donc pas contrairement à ce qu'on pourrait pense, un symbole martial ou sanguinaire.

 

 

Par contre, il semble acquis que Pattani ait un solide passé, ville spécialisée dans le fonte des canons qui auraient été exportés en particulier au Japon. La question des artisans responsables de cette réputation reste posée. Pattani accueillait de par sa position privilégiée, des visiteurs de tous les pays du monde, Japonais et Chinois, mais aussi Turcs, arabes et Européens, Portugais et Hollandais.

 

 

De quelle communauté étaient issus ces artisans ? Les Chinois furent les premiers inventeurs des « bouches à feu », il est donc normal d'en faire les premiers artilleurs de Pattani, installés et convertis à l'Islam et totalement intégrés mais l'hypothèse de fondeurs Turcs ou arabes a également été évoquée ?

 

Quoiqu'il en soit, les irrédentistes de Pattani revendiquent haut et fort le retour de cette arme symbolique dans la province. Les autorités ont toujours refusé . Mais une satisfaction partielle leur fut donnée et le 2 juin 2013 une réplique construite sous la direction du Dépotement des beau malgré la colère de nombreux habitants. Elle fut détruite par une bombe quelques jours plus tard, considérée comme un « faux ridicule »

 

 

 

et symbole de honte et d’assujettissement. Si j'en crois les articles publiés dans le Bangkok Post et The nation dans des articles du 11, cela ne surprit personne.

 

Mais fut-il vraiment un canon qui servit à canonner et à distribuer des obus et de la mitraille aux ennemis ?

 

Ses dimensions sont impressionantes, long de 22 pieds 7 pouces soit 6,88 mètres, son calibre à la bouche est de 9,5 pouces, soit 24 centimètres et il est épais de 4 pouces soit 10 centimètres . Il devait donc peser aux environs d'une tonne. Il est monté sur un affût en bois avec quatre roulettes. Il ne pouvait donc pas servir de canon de campagne, impossible à déplacer avec ses minuscules roulettes compte tenu de la voirie de l'époque.Je note d'ailleurs que l’affût actuel photographié par Leroux en 1998

 

 

est différente de celui photographié en 1921 par C. A. SEYMOUR SEWELL, M. A. Ce n'est donc pas l’affût d'origine ?

 

 

Cette arme correspond peu ou prou aux canons de Louis XIV de calibre 36, les plus gros de son artillerie qui sur mer armaient les plus gros de ses navires de guerre, ce qui n'était pas le cas à Pattani dépourvue de flotte de guerre et sur terre étaient utilisé comme canons de siège ce qui ne tut pas le cas en l'espèce, et de façon statique comme canons de batteries protectrices mais rien ne permet de dire qu'ils aient eu quelle utilité dans la bataille contre les Siamois ? Tout au plus les roulettes servent à amortir le recul au moment du tir. L'effet utile des canons géants de ce temps n'était et ne pouvait être aucunement en rapport avec les dépenses considérables de leur fabrication ; l'art de travailler le bois et le fer avait fait à cette époque bien peu de progrès ; on se trouvait dans l'impossibilité la plus complète de donner à ces canons des affûts proportionnés à leur taille, assez résistants et n'ayant cependant pas un poids exagéré, puis d'installer le mécanisme nécessaire à leur service et à leur transport. Il va sans dire que, dans ces circonstances, il ne pouvait être question de changer ni la direction, ni l'inclinaison primitive de la pièce ; si l'ennemi ne se trouvait pas exactement dans le plan de tir, on était réduit à attendre cet heureux hasard ou bien encore à tirer en l'air en priant sainte Barbe, patronne des artilleurs, de vouloir bien intervenir et diriger le projectile vers le but qu'on désirait atteindre.

 

 

La poudre était mauvaise, et l'âme non rayée et les boulets étaient d'une forme passablement irrégulière; de sorte que la précision du tir n'entrait guère en considération. Aussi chaque coup tiré mettait toute la contrée en éveil, et laissa ainsi une large part aux suppositions sur l'intervention de sainte Barbe malheureusement inconnue des musulmans de Pattani.

 

 

Si on ne trouve trace d'utilisations guerrières du ou des canons géants, l'hypothèse d'une utilisation toute pacifique est évoquée par Leroux. Au travers de ces armes de parade et de prestige, les rajas les faisaient gronder, par des tirs à blanc, pour annoncer les événements majeurs du sultanat, jours fériés, début et la fin du jeûne du Ramadan, fête des pèlerins de La Mecque...

 

 

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8 novembre 2024 5 08 /11 /novembre /2024 02:59

 

Je ne pensais pas apporter une suite à cet article publié il y a quatre ans (déjà) mais deux commentaires que je viens de valider me l’imposent en quelque sorte (1)

 

 

Le premier est signé Rainer Nyberg : « Ce sont des histoires intéressantes. Je crois qu'Henri Déricourt était également impliqué dans ces opérations clandestines en Indochine » (These are interesting stories. I believe Henri Dericourt was also involved in these clandestine operations in Indochina).

Il reçoit une réponse sous la signature de Paul Simpson : « Oui, Henri Déricourt pilotait un Beechcraft et je soupçonne que cela était lié à ces pilotes... Il a une histoire très intéressante et j'ai sérieusement des doutes quant à sa mort dans un accident au Laos... »

(Yes Henri Dericourt flew a beechcraft and i suspect it was linked to these pilots...He has a very interesting story and i seriously have my doubts that he died in a crash in laos....)

 

 

Notre article rappelait la genèse de ce qu’on a appelé « Air Opium » dont la néfaste activité dans ce trafic s’est déroulé de 1955 à 1965 en Indochine avant que le relais ne soit repris par la C.i.a. avec « Air America ».

 

 

Rappelons brièvement que ces opérations nauséabondes étaient liées au retrait militaire de la France en Indochine et que l’ambiance n’était pas à la francophilie dans le Vietnam indépendant depuis 1954. De nombreux anciens combattants, colons, commerçants honnêtes ou pas, restaurateur, tenanciers d’établissements plus ou moins louche, se retrouvèrent par centaine au Laos. Par ailleurs, le monopole d’Air France avait été sinon brisé du moins assoupli.  Beaucoup créèrent de petites compagnies aériennes charters, collectivement appelées « Air Opium ». Fondées officiellement pour fournir des transports pour les hommes d'affaires civils et les diplomates, elles ont progressivement établi le lien du Laos avec les marchés de la drogue du Sud-Vietnam qui avait disparu avec le départ de l'armée de l'air française. Il fallait des pilotes chevronnés, les conditions sont difficiles, les pistes d’atterrissage de fortune ne sont le plus souvent que des chemins de terre. Ainsi était Déricourt.

 

 

Qui était-il ? J’ai essayé de le découvrir en faisant abstraction de tous les renseignements fantaisistes ou romanesques que l’on trouve sur lui, notamment par les articles de presse le concernant, surabondants lors de son retentissant procès.

 

 

Henri Eugène Alfred né le 2 septembre 1909 à Coulonges dans l'Aisne.

 

Il suivit une formation de pilote civil avant de rejoindre l'armée de l'air française comme pilote d'essai en 1939. Lors de la défaite française, il retourna à l'aviation civile, il ne craint pas d'avouer qu’il fit alors du marché noir avec l’occupant car il était incontestablement cupide…

.

 

...mais patriote aussi puisqu’il rejoint la Grande-Bretagne en août 1942 et se retrouve au sein du « Special Operations Executive (SOE) ». Parachuté en France, sa mission est de trouver des terrains d'atterrissage adaptés et d'organiser l'accueil des agents amenés par avion.

 

 

Sa mission fut certainement efficace. Toutefois, il apparaît que son réseau fut infiltré par la Gestapo qui y a introduit un agent double. Il fut soupçonné par certains de ses compagnons. Les enquêtes auxquelles se livrèrent les britanniques n’eurent aucun résultat.

Ses mérites de résistant furent récompensés par la Légion d’honneur le 27 juillet 1946.

Il réintègre Air France comme pilote de ligne et héros de la résistance.
 

 

Le 15 avril 1946 toutefois, il fut arrêté par Scotland Yard alors qu'il allait décoller de l'aérodrome de Croydon en emportant 14 kilos de platine, des lingots d'or et des devises. Il sut trouver la somme de 500 livres nécessaire à payer l'amende dont il avait été frappé et fut relâché en quelques heures mais à la suite de cette affaire, il fut expulsé d’Angleterre et radié du personnel d'Air-France.
 
Nous ne savons ce qu’il fit jusqu’à son arrestation en novembre 1946, les enquêtes effectuées sereinement après la libération en France puis en Allemagne révélèrent son activité d’agent de la Gestapo. L’histoire de son activité de résistant et d’arpète de la Gestapo excède évidemment le cadre de ce blog. Je ne cite que le témoignage de l’un des responsables allemand de la Gestapo interrogé lors d’une méticuleuse instruction « Le capitaine Gilbert (son nom de code à la Gestapo) nous a permis de réussir nos plus belles affaires de contre-espionnage de toute la guerre. Il a d'ailleurs fréquemment reçu des primes de plusieurs millions… »
 

 

L’instruction fut longue, les archives allemandes devaient livrer leurs secrets, il comparaît devant le Tribunal militaire qu’en juin 1948. Il a loué les services de Vincent de Moro-Giafferri, alors maître incontesté du barreau, il a la réputation de demander des honoraires pharaoniques, mais Déricourt est riche. Il est acquitté, contrairement, il faut bien le dire, à toute attente.
 

 

L’argumentation de son conseil, telle du moins que relatée dans la presse, est singulière : même si l'accusation pouvait apporter de nombreuses preuves indirectes suspectes contre Déricourt, elle ne pouvait en réalité lui imputer aucun acte de trahison précis. C’est clair, vous ne pouvez pas donner le nom de ceux que la trahison de Déricourt a envoyé en camps de concentration, cruelle imprécision. J’y vois, mais je peux me tromper, un acquittement au bénéfice du doute, il est certes préférable d’être acquitté au bénéfice du doute que d’être condamné au poteau mais être acquitté au bénéfice du doute en l’occurrence, c’est dire « on vous acquitte mais nous ne sommes pas dupes ». Il est un autre élément qui me paraît d'évidence : les tribunaux militaires à cette époque n'avaient pas d'états d'âme à prononcer des condamnations à mort dans des circonstances douteuses mais pouvait-on alors laisser l'opinion publique croire qu'au sein des chevaliers blancs héros de la résistance, il pouvait y avoir des agents de la Gestapo ?
 

 

 
 
Blanchi certes, mais mal blanchi, il ne peut trouver du travail puisqu'il a été licencié d'Aix France qui a le monopole en France mais un bon pilote peut trouver du travail partout. Il disparaît pour aller on ne sait trop oů ? Nous le trouvons au Laos se livrant à des observations aériennes au Laos en 1952-1953 et 1958 pour rectifier la carte routière du nord du Cambodge et à des observations archéologiques du le site de Champassac qui n'a pas alors été dégagé. Mais cette information n'apparaît pas dans la presse à grande diffusion Je ne l'ai trouvée que dans le Bulletin de l'école française d’Extrême orient dans son numéro 50-2 de 1962 (Observations archéologiques aériennes sous la signature M. Déricourt, pilote au Cambodge et au Laos) et dans nul autre organe de presse alors que l'affaire fit la « Une » tout au long du procès de 1946. J'ai consulté pourtant de nombreues revues (3) :La ;modique redevance annuelle que,lui verse la Légion d'honneur est payée par un virement bancaise ce qui n'est pasnune adresse/ Déricourt fut oublié et bien oublié pendant près de 14 ans, sa mort étant enregistrée au 20 novembre 1962
 
.
Participa-t-il aux opérations lucratives de Air Opium comme on l'a beaucoup dit et écrit ? Il n'y en a aucune preuve formelle mais, d'une part,  connaissant la cupidité du personnage, ce n'est pas une accusation gratuite, loin de là, d'autre part ; le rapport était évidemment bien supérieur à celui de l'archéologie aérienne. Marché noir avec les Allemands, collusion avec la Gestapo, trafic de metaux précieux, le trafic d'opium ne ferait qu'ajouter à la liste de ses turpitudes
Déricourt ne va pas claironner ses illicites activités sur les toits. La pratique de la clandestinité lui a appris qu'en la matière, le silence est d'or. Beaucoup de héros de la résistance payèrent de leur vie de n'avoir pas suivi cette règle.
Il est un autre élément dont il est nécessaire de tenir compte : Dans un très bel article publié avec toute la sérénité du recul, en 2001, Maurice Braun, qui fut un authentique résistant et chef d'un important réseau consacre de longs développements au cas Déricourt Nous y apprenons que tous ses compagnons de combat étaient convaincu de la culpabilité de Déricourt et avaient fort mal ressenti son acquittement et auraient volontiers rendu leur propre justice, Braun ne l'écrit pas mais le pense tout fort.
 

 

Maurice Braun estime que l'anéantissement du réseau "Prosper", dont Déricourt est responsable, fut pour le résistance l'un de ses plus retentissants echecs, du niveau de la capture de Jean Moulin.
 

 

Coïncidence ? Hasard ? Alors que la présence de Déricourt au Cambodge et au Laos est révélée dans une revue publiée fin 1962, celui-ci meurt victime d'un accident d'avion dans la région de Sayaburi, au Laos. Son corps n'a jamais été retrouvé et beaucoup pensent, notamment dans l'entourragvee d'ancien résistants de Braun que cette mort avait été simulée afin de lui permettre de commencer une nouvelle vie sous un autre nom. Restons en là des hypothèses et reprenons la conclusion de Braun «  Ici se présente un cas si complexe, si ambigu, si controversé, qu’il constitue un de ces trois ou quatre mystères de la guerre 1939/1945 qui ne seront probablement jamais éclaircis ».
 

 

Il serait toutefois dommage de ne pas conclure ce bref article sur une conclusion plus plaisante. Nous savons que les légionaires perçoivent un bien modeste traitement. Ainsi pour Déricourt mais son compte bancaire bénéficia après sa mort du virement de deux échéances, 1963 et 1964.
 

 

Il s'agissait d'un total de 35 francs pour les deux échéances. Il s'agissait certes de nouveaux francs. La Trésorerie générale de la Seine s'en apperçut en 1966 et invita la Grande Chancellerie à emettre un titre de recouvement contre les héritiers. Si j'en crois le convertisseur en ligne de l'INSEE, cette somme correspond à environ 50 euros de l'heure à laquelle j'écris. Courteline est toujours présent ;
 

 

 
.
 
 
 
NOTES
 
(1) https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2020/10/a-394-bangkok-luang-prabang-saigon-des-francais-au-coeur-du-trafic-de-l-opium-avec-air-opium.html
 
(2) LA RÉSISTANCE FRANCO-ANGLAISE EN TOURAINE, EN FRANCE in . Mémoires de l Académie des sciences, arts et belles lettres de Touraine. 2001.

 

(3) Revues consultées : Combat - Franc Tireur - France Libre - La vigie marocaine - Le Figaro – L'Humanité - Le populaire du centre – L'époque - L'Est republicain - Maroc Matin -La vigie marocaine - Pégase - La petite Gironde – L'aurore – Les ailes – Libération – Navigation – L'écho du Centre .

 

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28 septembre 2024 6 28 /09 /septembre /2024 08:19

 

Phrakhru Wisutthiwongsajarn Yanmuni (พระครูวิสุทธิวงศาจารย์ญาณมุนี) ou Luang Pho Chaem (หลวงพ่อแช่ม), ancien abbé du Wat Chaithararam (วัดไชยธาราราม) ou Wat Chalong (วัดฉลอง) est un personage majeur dans l’histoire de de la province de Phuket et son  culte y est toujours vivace et s’étend bien au-delà de l’ile.

 

 

Il est né l'année du cochon, 1827, sous le règne du roi Nang Klao (พระบาทสมเด็จพระนั่งเกล้าเจ้าอยู่หัว)

 

 

... dans le sous-district de Bo Saen (ตำบลบ่อแสน), district de Thap Put (อำเภอทับปุด) , province de Phang Nga (จังหวัดพังงา). On ignore quels furent ses ascendants. Il fréquenta l’école du temple Chalong (วัดฉลอง). Sous district de Chalong (ตำบลฉลอง), district de Thung Kha (อำเภอทุ่งคา) aujourd'hui district de Mueang Phuket  (อำเภเมืองภูเก็ต) dans la province de Phuket.

 

 

Il devient le disciple préféré de l’abbé du temple, l’abbé Chaem (หลวงพ่อแช่ม). D’abord novice, il est ordonné moine. Il étudie le Vipatsana (วิปัสสนาธุระอยู่), pratique de méditation intérieure, et devient maître en la matière tout en ayant la maitrise de pouvoirs magiques ou surnaturels.

 

 

L’abbé est strict observateur du Dharma, la doctrine (พระธรรม)

 

 

... et du Vinaya, les règles de vie (วินัย) et jouit d’un grand prestige au sein de la population. À sa mort en 1850, Phrakhru devint l’abbé du temple et prit le nom de Luang Pho Chaem, celui de son maitre comme il était d’usage.

 

 

En 1876, une véritable insurrection éclata dans la ville de Phuket provoquée par une société secrète des Chinois employés dans les mines d’étain. Cet événement fut totalement passé sous silence par la presse occidentale.

 

 

 Le gouvernement n'avait pas les moyens de la  réprimer et ne pouvait protéger la ville. Les Chinois tuent et pillent et nul ne s’oppose à eux. La population doit fuir et se réfugier dans les montagnes. Plusieurs des habitants qui avaient été ses disciples vinrent l’inciter à prendre la fuite avec eux.  Il leur répondit malgré leurs supplications «Je vis dans ce temple  depuis que je suis enfant et j’en devins moine et abbé.  Comment pourrais-je l’abandonner ? Ceux qui veulent fuir, fuyez mais sans moi.  Si je dois mourir, je mourrai dans ce temple. Ne vous inquiétez pas pour moi ».  Il prit des morceaux de tissus blanc qu’il recouvrit de talismans et les leur remit pour les protéger. Ces écharpes Phaprachiat  (ผ้าประเจียด)  confèrent en effet l’invincibilité.

 

 

Ils les mirent sur la tête en signe de ralliement.  Quelques-uns toutefois se dirent  « si notre abbé reste,  pourquoi ne restons-nous pas ? ». Ils se mirent alors à la recherche d’armes.  Les Chinois les appelèrent alors « les gens à la tête blanche » (อ้ายพวกหัวขาว).  Ils organisèrent la résistance armée depuis le temple sous la direction spirituelle  de l’abbé dont les Chinois mirent la tête à prix. Une bataille rangée eut alors lieu, des coups de feu furent échangés mais à midi les Chinois cessèrent le feu pour aller manger leur soupe de riz bouilli (ข้าวต้ม). Les Siamois les attaquèrent alors qu’ils étaient en train de manger leur bol de soupe et les massacrèrent

 

 

L’abbé en conclut « Les Chinois ne peuvent pas lutter contre les Thaïs car ils doivent avaler leur bol de riz. Les Thaïs n’ont pas eu besoin de manger pour les vaincre ». La rébellion chinoise fut matée et l’opinion générale, y compris dans le gouvernement, fut que l’abbé avait joué un rôle majeur et le mérite de cette victoire lui fut attribué en particulier en raison des talismans magiques. La charge de chef religieux (พระครูสังฆปาโมกข์) de la province de Phuket devint disponible et lui fut alors attribué par le roi Rama V. Il mourut le 18 avril 1908 et bénéficia des honneurs d’une crémation royale.

 

 

Ses vertus charismatiques et ses pouvoirs magiques permirent la réalisation de nombreux miracles. A l’occasion d’une violente tempête qui faisait craindre le naufrage à un bateau de pêcheurs, l’un des marins fit le vœu que s’il survivait, il ferait dorer sa statue au temple. Le Prince Damrong cite de nombreux exemples de miracles qui lui sont attribué. Ce fut le premier exemple où l’on vit dorer la statue d’une personne vivante tout comme une statue de Bouddha.

 

 

Ce ne sont peut-être pas les talismans de l’abbé qui ont directement été cause de cette victoire contre les révoltés, certes.

 

 

Mais l’abbé a galvanisé ses ouailles, les a fait entrer en résistance armée, le temps nécessaires aux troupes du gouvernement – prévenu par télégramme – de rejoindre l’île avec leurs canons, leurs fusils mauser et d’anéantir les insurgés.

 

 

En effet, dans un autre de ses souvenirs « archéologiques », le Prince va revenir sur cette sanglante révolte des Chinois de Phuket. Il le fait à l’occasion de l’histoire de sa lutte permanente contre les sociétés secrètes chinoises connus sous le terme générique de « Ang-Yi » (อั้งยี่).

 

 

Il commença la lutte comme attaché de 1887 à 1889 au département du renseignement militaire (กรมยุทธนาธิการ) alors à Bangkok, il y apprit à les connaître, et ensuite dans tout le pays lorsqu'il fut ministre de l’intérieur de 1892 à 1915. Il apprit leur histoire, nous dit-il, de l’un de leurs anciens chefs, un « repenti » Phra Anuwat Rajaniyom (พระอนุวัติราชนิยม) dont le nom de guerre ou plutôt de clandestinité était « Yi Kohong »(ยี่กอฮง). 

 

 

Il a approfondi ses connaissances par un article très synthétique de Mr. W.A. Pickering, premier gouverneur de Singapour, 

 

 

.... dans le Journal of the Royal Asiatic Society de 1878.

 

 

Parlant tous les dialectes chinois, ses efforts ont largement contribué à contrôler les problèmes posés par les sociétés secrètes. Ne revenons qu’en coup de vent sur l’histoire de ces sociétés, elles naquirent en Chine probablement au XVII siècle dans le cadre d’une histoire chaotique, luttes ethniques, luttes religieuses et luttes dynastiques. Ce ne sont que des histoires de massacres

 

 

Ces sociétés se répondirent dans la péninsule, en Malaisie d’abord puis au Siam sous le nom chinois de « Tian Di Huai » (เทียน ตี้ หวย) c’est à dire «Ciel, Terre, Humanité » où elles se divisèrent en trois cartels, chacun portant un nom spécifique dont je vous fais grâce mais l’un d’entre eux était Ang-YI qui en Chinois signifierait « livre rouge ».

 

 

Leur implantation au Siam remonte au règne de Rama III (1824-1851) essentiellement pour monopoliser le marché de l’opium dont la consommation – quoi qu’interdite – nuisait grandement à la santé publique et y adjoindre le monde des bordels et des tripots.

 

 

Le négoce officiel étant interdit devint dès lors clandestin par l’intermédiaire de sociétés secrètes qui importaient l’opium de Chine. Une première révolte chinoise serait apparu en 1842 dans les provinces de Nakhon Chai Si (จังหวัดนครชัยศรี) et de Samut Sakhon (จังหวัดสมุทรสาคร) et furent éradiquées sans difficultés. L’opération se renouvelle en 1844 dans la province de Samut Prakan (จังหวัดสมุทรปราการ) et se termina par la mise à mort de tous les membres de la société. Nouvelle opération en 1847 dans la région de Samut Sakhon qui se traduisit par l’exécution de 400 « bandits ». En 1848, les sociétés secrètes lancent une véritable opération militaire à Chachoengsao (ฉะเชิงเทรา), elle fut réprimée dans le sang, 3000 morts.

 

Sous le règne suivant Le phénomène n’était toujours pas éradiqué et le gouvernement pensa pouvoir le maitriser en instituant une taxe lourdissime sur l’opium, le gouvernement se réservant le monopole de son négoce.

 

Le roi Mongkut obtint une paix relative en désignant un secrétaire permanent pour la Chine (ตำแหน่งปลัดจีน) au sein du Département de l'administration locale dans les villes à forte population chinoise.

 

 

Dès la fin du règne de Rama IV, une nouvelle forme de malversation de ces sociétés sécrète vit le jour. De plus nombreux les Chinois fuyaient leur pays où régnait l’anarchie et vinrent chercher fortune au Siam qu’ils appelaient « la novelle Chine » (จีนใหม่). Ces migrants étaient tous des misérable qui n’avaient pas les moyens de payer le voyage cers la terre promise. Le trafic était organisé  par les sociétés secrètes et les arrivants, pour payer le voyage, devenaient de véritables esclaves, en particulier devant travailler un an sans salaire autre qu’un bol de riz pour payer le voyage et tenu à payer des intérêts à des taux exorbitants.

 

 

A l’époque de la révolte, l’île est riche de ses mines d’étain, Phuket est la deuxième ville la plus importante du pays après Bangkok.  Les mines d'étain étaient aux mains des Chinois et l’île est dominée par deux cartels des sociétés secrètes, les Ngi hin (งี่หิน) qui comptaient 3500 personnes et les Pun thao kong (ปูนเถ้าก๋ง) qui en comptaient 4000. Ces deux gangs se disputaient les lieux d’extraction de l’étain. De véritables batailles rangées se déroulaient en ville et le  gouverneur n’avait pas les moyens matériels de s’y opposer.

 

 

Lors de la révolte, l’exploitation des mines était florissante. À Phuket, il y avait des dizaines de milliers de travailleurs chinois, plus que le nombre de Thaïs vivant sur l’île.  Au cours de l’année du rat, 1876, le prix de l’étain a chuté. Les sociétés d’exploitation ne gagnaient pas assez d’argent pour payer les ouvriers. Des incidents éclatent d’abord à Rangoon (ระนอง) où les mines d'étain étaient nombreuses.

 

 

Les ouvriers n’étaient pas payés, se rebellèrent et 500 ou 600 d’entre eux mirent la ville à feu et à sang sans que les autorités aient les moyens de réagir.  Ils sont ensuite allés se réfugier à Phuket. A Phuket, les Chinois étaient au moins dix fois plus nombreux qu’à Ranong  Sur l’île, les Chinois furent également victimes de la chute du cours du métal mais aussi des exactions que le gouverneur commettait à leur encontre. La révolte éclata alors dirigée par les sociétés secrètes qui avaient les moyens d’armer leurs membres. Bangkok fut avisée par télégramme et envoya un navire de guerre et des troupes provenant des provinces voisines. L’intervention de l’abbé fut de toute évidence bénéfique, elle avait laissé à la capitale le temps de réagir  Les canons et les troupes bien aguerries eurent raison de la révolte et les responsables qui avaient échappé au massacre se réfugièrent en Malaisie. Les responsables civils et militaires qui avaient triomphé de la révolte furent également couvertes d’or et d’honneur.

 

Il est toutefois une question que le Prince Damrong ne pose pas probablement parce qu’il ne veut pas la poser :

 

Doit-on pour des questions de salaire, probablement justifiée, piller une ville et la mettre à feu et à sang ? Pour une question qui n’était pas de salaire mais de taxation et de capitation, les Chinois du Siam sont entré en grève en 1910 pour paralyser le pays mais sans massacres et sans pillages. Il est acquis que ce mouvement avait son chef d’orchestre clandestin, essentiellement la triade révolutionnaire qu’animait Sun Yat Sen qui avait été expulsé du Siam après l’avoir été de Singapour, de Malaisie et de l’Indochine française où il prêchait la révolution (1).

 

 

Y-a-t-il eu dans l’insurrection de Phuket un chef d’orchestre clandestin ? Sans faire de « complotisme » il est permis de le penser. Qui aurait-il été ?  Il est difficile de concevoir qu’un mouvement d’une telle ampleur ait pu surgir sans  aide extérieure ?

 

 

Il n’y a qu’une réponse possible, les riches mines d’étain de l’île ont pu susciter la cupidité des Anglais, population mercantile dans l’âme. Ce n’est qu’une hypothèse et le nord de la Malaisie et le port militaire de Penang ne sont pas loin, rendant l’accès à Phuket beaucoup plus facile que depuis Bangkok.

 

 

NOTES

 

Les articles du Prince sont numérisés sur https://vajirayana.org/นิทานโบราณคดี

 

Voir notre article

167. La grève générale des Chinois de 1910 au Siam.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-167-la-greve-generale-des-chinois-de-1910-au-siam-125257905.html

L’évènement fut totalement ignoré de la presse occidentale

 

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7 septembre 2024 6 07 /09 /septembre /2024 03:19

 

On sait peu de chose sur l'histoire de l'île. Les découvertes archéologiques, (vestiges d'un habitat très ancien, actuellement au Musée de Chaïya, petite ville à 60 kilomètres au nord de Suratthani,) - de magnifiques tambours de bronze et quelques inscriptions lapidaires difficiles à déchiffrer - attestent d'un peuplement au début du dernier millénaire.

 

 

En ce qui concerne le peuplement stable, les historiens émettent deux hypothèses :

 

- un établissement fixe à l'époque de l'empire de Srivijaya (entre le 7ème et le 13ème siècle). Les provinces du sud étaient alors sous domination de puissances maritimes de Java et Sumatra, et le peuplement se serait effectué à partir de Chaiya ou de Songklla; Chaiya était peut-être alors capitale de ce qui fut peut-être capitale de l'empire du même nom. Cette hypothèse est la plus probable. Cet empire a dominé toute la Thaïlande du sud pendant 7 siècles et contrôlait les routes commerciales maritimes. La position de Samui était évidemment stratégique.

 

- un peuplement à l'époque d'Ayuthaya, à la fin du 13ème par des populations venues du nord- est ?

 

Les chinois, venus de la Province de Haïnan (les thaïs disent "Haïlam») s'installent (il y aurait 6 ou 700 ans ?) pour exploiter les cocotiers et les nids d'hirondelle. le Temple chinois de Nathon serait l'un des plus anciens de l'île et porte encore le nom de ศาล เจ้า ไหหลำ San djao haïlam, la maison du maître du Haïlam. Il comporte d'ailleurs une carte de cette île chinoise, probablement du XVIII ème

 

 

Il ne fait guère de doute que l'île était située sur la route maritime conduisant de la Chine aux Indes. Marco Polo quitte la Chine en 1288 pour explorer le golf de Siam. Il aborde sur une île, Koh Samui, probablement à Bandong ou Lipanoï, mais il doit réembarquer précipitamment en raison de vents défavorables. Il navigue entre les deux îles, Samui et Pangan, qu'il décrit comme baignées par une mer peu profonde. Des vents favorables lui permettent ensuite de regagner Langka (Ceylan). Il est le premier à avoir donné une description de l'île.

 

 

Dans la relation de son voyage au Siam, le chevalier de la Loubière écrit

" 7 septembre (1685)

" »a nuit a été admirable. Nous avons dépassé Polcornon. (Samui) Nous sommes par le travers de Polcori, (Pangan) et nous voyons en perspective Polbardi (Tao). Nous pourrions bien être mercredi à la barre de Siam

 

Il faut encore attendre 1744 pour voir Samui apparaître sur une carte, celle de Herman Moll.

 

 

Il ne s'agit que de l'une des îles de l'archipel de Chumpon qui en comporte des dizaines, peut-être cent, au large de la province ce Chmpon et de celle de Surathani. Elle est la plus vaste, Toutes des îles vivaient de leurs noix de coco qui passent pour être les meilleurs du pays, de la pèche bien sûr et du ramassage des nids d'hirondelles spécifiques à certains îlots et apanage des Chinois. Les visiteurs ne s'y arrêtaient pas mais elles n'étaient pas inconnues.

 

On peut signaler le passage des naturalistes de la Mission Pavie qui s'est intéressée à une espèce particulière de gastéropode mais nous n'avons malheureusement pas la description de leur incursion sur l'île. « RECHERCHES SUR L'HISTOIRE NATURELLE DE L'INDO-CHINE ORIENTALE » publié en 1904.

 

La passage accidentel d'un bâtiment de la marine américaine en 1966 a lassé quelques souvenirs dans la population de l'île.

 


 

L'île fut visitée par le roi Rama V qui fit le tour de ses temples et monuments bouddhistes. Elle le fut ensuite en 1962 par le regretté roi Rama IX qui donna à ses habitants quelques leçons aujourd'hui oubliées comme nous le verrons.

 

Les premiers « touristes » arrivés sur l'île furent les « sacs à dos » au tout début des années 70. Pourquoi Samui ? Virent-ils jouer les Robinsons sous les tropiques ?

 

 

Il est surtout permis de penser qu'il courut à Woodstock dans ce monde particulier...

 

, le bruit que la Ganja poussait sur l'île comme du chiendent et surtout qu'on y trouvait sans difficultés le Psilocybe cubensis – il avait été déniché par un Américain, était-ce un hasard - un champignon hallucinogène puissant. Ils vivaient dans des cabanes louées à des prix dérisoires sans que la rareté de l'eau les gêne outre mesure. Ils n’embattaient personne, achetant aux habitants leur bol de riz, la ganja qui y poussait comme du chiendent

 

 

et surtout les champignons.

 

 

Ils ne firent toutefois par la fortune de l'île qui vint rapidement avec les touristes avides de paradis tropicaux. Les habitants de l'île, ayant le spectacle de la richesse apportée par le tourisme dans les stations balnéaires déjà « lancées » de Phuket ou Pattaya, se mirent au pli. Ils ouvrirent leur île au tourisme. A la desserte par plusieurs services de ferries, l'accès en fut facilité par la création du premier aéroport en 1989 et ainsi l'île devint-elle ce paradis tropical que vantent les guides touristiques, les sites Internet et les agences de voyage. S'il n'y a plus de paradis sur terre, il est des lieux où il fait meilleur vivre que d'autres, Samui en fait partie et je de regrette pas la dizaine d'années que j'y ai passé.

 

 

Les projets à court et moyen terme

 

Les édiles de l'île qui sont évidemment soucieux d 'accroire le potentiel économique donc touristique ont lancé plusieurs projets grandioses dont on ne sait s'ils verrons le jour ?

 

L'arrivée par les airs

 

Le premier qui sentait bon les tropiques fut rapidement doublé d'un autre qui sentait plutôt le béton. La Bangkok Fairways qui a le quasi monopole de la gestion de l’aéroport, prévoit d’augmenter ses vols de 50 à 73 par jour. Il devra accueillir 16000 passagers par jour .

 

 

L'arrivée par mer

 

La construction d'un terminal de croisières est destiné à stimuler considérablement le tourisme . Le terminal devrait gérer 120 appontages de paquebots par an et attirer au moins 180 000 croisiéristes sur l’île chaque année.

 

 

L'arrivée par terre

 

Plusieurs projets de construction de pont sont à l'étude pour résoudre les difficultés des files d'attente à l'embarquement du ferry, parfois plusieurs heures. Il n'y a pas de difficultés techniques puisque les trajets envisagés sont de l'ordre de 20 kilomètres et que la profondeur des eaux ne dépasse jamais 40 mètres.

 

 

 Les chiffres avancés sont évidement pharaoniques, des dizaines de milliards de bahts, des centaines de millions d’euros. Au coût de ces infrastructures, il faut ajouter d'autres chiffres dont l'on ne parle pas. Quid des infrastructure à venir sur l'île ? Circulation routière, alimentation en électricité, alimentation en eau publique, évacuation des déchets et ordures. Les terrains accessibles en bord ou proches de la mer sont devenus indisponibles, les constructions à venir vont donc devoir être édifiées sur les hauteurs au milieu de cocoteraies qui subsistent encore

 

Il y eut pourtant un visionnaire, S.M. le Roi, venu en visite officielle à Samui avec S.M. la Reine et le Prince héritier leur fils aîné, alors un adorable bambin, le 24 avril 1962. L'île n'était pas facile d'accès, il fallut construire un débarcadère provisoire à Nathon pour recevoir le navire du Monarque.

 

Il lança un appel solennel aux habitants de l'île :

 

พระองค์ขอให้ทุกคนช่วยกันรักษาป่าอย่าได้ตัดไม้ทำลายป่าอันเป็นแห่ลงต้นน้ำที่สำคัญ

Nous vous demandons à tous de vous entraider pour préserver la forêt, ne pas massacrer les arbres, ne pas dévaster la végétation, ils sont la source de l'eau qui est vitale.

 

Il y a de cela plus de soixante ans ! Pouvait-on être plus clair et plus lucide ? Il ne suffit pas d'adorer un Souverain, aujourd'hui défunt  encore eut-il fallu l'écouter.

 

 

Source

 

J'ai utilisé le très bel ouvrage en thaï (« Samui thirak ») à Bangkok,  2003, ISBN 2546ISBN 974 9112717. Tout est dit sur l'histoire de l'île, sa géographie, ses lieux de culte, sa cuisine, son langage.

Nous avons consacré un article sur l'arrirvée d'un navire américain A170 - «  Les Américains débarquent à Koh Samui en 1966. (Thaïlande)».

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-a169-les-americains-debarquent-a-koh-samui-thailande-124908014.html

 

 


 


 

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29 juin 2024 6 29 /06 /juin /2024 12:41

 

La Loi du 3 mai 1948 qui a organisé le statut des anciens combattants (พระราชบัญญัติองค์การสงเคราะห์ทหารผ่านศึกa), promulguée dans la Gazette royale (ราชกิจจานุเบกษาเมื่อ) a fait du 3 février  de chaque année la Journée nationale des anciens combattants (วันทหารผ่านศึก), elle n’a pas créé de subtiles distinctions entre les combats auxquels ils avaient participé:  operations extérieures, combats frontaliers ou guerres internes. Il fut un temps, les plus anciens d’entre nous s’en souviennent, où l’on parlait de nos guerres coloniales comme opérations de maintien de l’ordre  pour qualifier une véritable guerre/ Fi de ces subtilités sémantiques, si je parle de cet épisode de l’histoire locale, c’est bien parce que les Thaïs parlent bien ici de « guerre ».

 

 

Nous sommes dans la Province de Nan (จังหวัดน่าน) et le district de Thung Chang (อำเภอทุ่งช้าง) qui a connu une « agitation » communiste dès !963, intensifiée entre !971 et !975 jusqu’au règlement définitif en 1982. 600 Thaïs y laissèrent la vie, combattants militaires ou policiers. La population locale est composée de Thaïs du Nord (ไทยเหนือ),  de Tai Lue (ไทลื้อ), de Hmong (ม้ง), de Khmu (ขมุ), de Lua (ลัวะ), de Yao (เย้า) et de Tin (ถิ่น). Les combats les plus violents se déroulèrent dans le village de Huai Kon (ห้วยโก๋น) près de la frontière du Laos, dans le district de Thung Chang qui a donné son nom à cet épisode.

 

 

Un incident plus sanglant marque le début de cette guerre : Le 9 avril 1971 vers 5 h 20, un groupe d'environ 200 communistes venus du Laos organisèrent attaquèrent la base militaire thaïe de Huaykon, composée de 64 soldats, trop faible pour protéger la base. Ils obtinrent alors un soutient d’artillerie lourde  qui fit de nombreuses victimes parmi les assaillants.

 

 

Dix-sept soldats thaïlandais y laissèrent la vie, 31 autres soldats furent  blessés. Les assaillants perdirent au moins 30 morts et un nombre indéterminé de blessés. Le centre névralgique du parti communiste thaï (พรรคคอมมิวนิสต์แห่งประเทศไทย (พคท), le bureau 708  (สำนัก 708) était caché dans la vallée de  Phu Phayak (ภูพยัคฆ์) qui abritait de nombreux dirigeants du parti.

 

 

C’était depuis 1965 une forteresse naturelle, entouré sur trois côtés par les hautes montagnes du Laos.  La zone était proche de Mueang Ngoen (เมืองเงิน) dans la province de Xayaburi (ไซยะบุลี) au Laos mais située sur la rive droite du Mékong. Elle était alors difficile d’accès

 

 

En 1982,  la politique du « 66/2523 » (โยบาย 66/2523)  du général Prem Tinsulanonda (พลเอกเปรม  ติณสูลานนท์) entraîna un dépôt progressif des armes.et un retour à la paix civile. Dans la province de Nan, les guerriers dont la plupart étaient des Hmong et des Lua,  retournèrent à leurs outils, cultiver du riz pour gagner la vie de leurs familles.

 

 

Une route fut ouverture en 1994 permettant de rejoindre le Laos. Chaque samedi, il y a un marché frontalier au poste de contrôle de Huai Kon. Nous sommes bien loin de la situation de l’époque, lorsque seuls les éléphants permettaient de passer la frontière. Les supérettes et autres 7/11 représentent aujourd’hui la modernité. Qu’en penseraient les combattants et leurs camarades d’adversaires s’ils étaient encore en vie ? Actuellement, les habitants mènent une autre guerre plus pacifique, la lutte contre les autorités et les empiétements nécessités par la création des routes et les expropriations et les expulsions qui en découlent. Des villageois qui avaient construit leur maison en bordure de l’emprise de la future autoroute, située en zone forestière, vont devoir les quitter.

 

 

C’est une guerre larvée tout au long de l’autoroute 101 (ทางหลวง 101) qui relie Nan à Huaykon avec le projet de rejoindre la Chine et le Vietnam : La borne signale que la Chine est à 339 kilomètres et le Vietnam, à 397.

 

 

Pour eux, c’est la nouvelle guerre pour la vie (สงครามชีวิตครั้งใหม่). En effet, en sus des expropriations, la loi sur les forêts communautaires (ป่าชุมชน) du 24 mai 2019 (พระราชบัญญัติ ป่าชุมชน)

 

 

..... menace de  déplacer les populations rurales des zones boisées destinées à la conservation des forêts. Elle institutionnalise, après des années de discussions acharnées, une institution coutumière multiséculaire mais avec un risque majeur pour les autochtones lors de la création de nouvelles zones, des déplacements obligés de villages entiers.

 

 

Le monument et le musée du souvenir

 

Le monument des héros civils, policiers et militaires (อนุสรณีย์วีรกรรม พลเรือน ตำรวจ ทหาร) a été édifié pour honorer l'héroïsme des civils, de la police et des militaires qui ont sacrifié leur vie ensemble pour lutter contre le communisme dans le district de Thung Chang. Sa Majesté le Roi et Sa Majesté la Reine ont présidé la cérémonie d'inauguration en 1976. Le monument est situé sur une colline, visible de loin. Il représente une statue de civils, de policiers et de soldats aidant à planter le drapeau thaïlandais.

 

 

Non loin du monument se trouvrve le musée militaire (พิพิธภัณฑ์ทหาร)

 

 

On y exhibe les armes et l'équipement des combattants communistes.

 

 

Une peinture murale évoque la fin de la guerre, un hommage à la réconciliation ?

 

 

Quelques mots sur les anciens combattants

 

 

Sur le théâtre des opérations extérieures, la Thaïlande a participé officiellement  à deux conflits, la guerre de Corée et celle du Vietnam.  Nous savons par un interview du mois de mai 2023 qu’il ne subsistait plus qu’un ancien du bataillon thaï encore en vie, alors âgé de 97 ans, le lieutenant-colonel Phanchop Tonuan, (พันโทบรรจบ โตนวล) qui avait gagné ses galons en Corée, au Vietnam et à Thungchang.   Que Dieu ou Bouddha lui prêtent longue vie.

 

(https://www.matichonweekly.com/column/article_670252)

 

Les vétérans du Vietnam sont encore nombreux. Ils étaient, en Corée et en Indochine, appelée « petits tigres » par les Américains, petits par la taille ….

 

 

Les volontaires thaïs qui ont participé à la guerre secrète des américains au Laos ne sont pas des anciens combattants pour la loi locale, le sont-ils pour la CIA ?

 

 

Citons une autre « vraie » guerre , la « guerre des collines entre la Thaïlande et le Laos en 1987-1988 mais eut son lot de victimes.

 

 

Nous connaissons aussi de ce siècle des conflits frontaliers sporadiques, avec la Birmanie et le Cambodge.

 

 

Sur le plan intérieur, la guerre contre l’insurrection communiste essentiellement dans le nord-est et le sud a été meurtrière.

 

 

Les opérations de maintien de l’ordre enfin, épisodiques à l’intérieur du pays et surtout dans le sud face aux irrédentistes musulmans, sont également des opérations de guerre.

 

 

La patrie leur est-elle reconnaissante ?  Leur statut est actuellement réglé par une loi du 26 décembre 1967. Ils bénéficient d’une allocation mensuelle qui est de 9000 baths au maximum, les héritiers d’un pécule de l’ordre de 15.000 baths à leur décès ? Ceux qui ont été décorés pour leur bravoure  ont droit à 6000 baths par mois. Je n’entre pas dans le détail, c’est complexe, j’ai seulement consulté en diagonale le site internet

 https://thaiveterans.mod.go.th/role/พระราชบัญญัติองค์การสง/

Certains sont acerbes mais le sont-ils tous ? Un ancien combattant du front lors des combats contre le Cambodge, Athit Siangsano (อาทิตย์ เสียงเสนาะ), dans une interview du 29 mars 2024, est dans une situation difficile ainsi que nombre de ses amis compte tenu des restrictions dues aux difficultés budgétaires du Ministère des anciens combattants

https://theisaanrecord.co/2024/03/29/nongkhai-veteran/

 

 

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20 avril 2024 6 20 /04 /avril /2024 11:44

 

Nous avons consacré plusieurs articles aux maquis communistes dans le nord-est de la Thaïlande ; C’est là qu’ils y naquirent et furent actifs pendant plusieurs années. D’obédience essentiellement vietnamienne, les souvenirs des participants sont nombreux et souvent émouvants. Nous avons peu d’éléments sur les maquis des jungles du sud de la Thaïlande à la frontière avec la Malaisie,, probablement d’obédience chinoise et surtout divisés en factions rivales en liaisons avec la guérilla communiste du nord de la Malaisie. Nous n’avons guère que les souvenirs de Jean Michel Krivine, militant maoïste trotskyste, frère d’Alain, médecin, qui fit un séjour de quelques semaines dans un maquis du sud à la fin de l’année 78 alors que la rébellion communiste thaï était d’ores et déjà en voie d’éradication. Ces souvenirs, publiés très tardivement en 2005, sont à lire avec circonspection et plus encore, nous leur avons consacré un article.

 

 

Nous avons par ailleurs rencontré notre ami Mina Chalermkiat, professeur de français à la faculté des sciences humaines de Khonkaen et passionné des légendes et histoires locales de son pays, nous avons consacré plusieurs articles aux légendes qu’il nous raconte. Il nous conduit aujourd’hui faire du « tourisme historique » dans l’extrême sud du pays. Cet article trilingue accompagné de nombreuses photographies a été publié sur sa page Facebook le 21 mars 2022. Nous ne sommes pas un guide touristique mais il s’agit là aussi et surtout d’histoire et partager la visite de ce qui est probablement le dernier vestige des maquis communistes malais réfugiés dans l’extrême sud de la Thaïlande appelé le « tunnel de Piyamit » (Umong piyamit - อุโมงค์ปิยะมิตร) mais, nous allons le voir, il s’agit beaucoup plus qu’un tunnel..

 

 

La localisation

 

 

 

Il est situé dans le village Ban Piyamit  (บ้านปิยะมิตร) dans le sous district de Tano Maero (tambon Tano maero - ตำบลตะเนาะแมเราะ) lui-même dans le district de Betong (amphoe Betong  - อำเภอเบตง), débaptisé de son nom malais de Yarom (ยะรม) qui signifie « bambou » en langue locale, le Jawi. Nous sommes à l’extrême sud de la province de Yala (จังหวัดยะลา), limitrophe du sultanat malais de Perak (รัฐเปรัค). Il en est séparé par la chaîne de montagnes Titiwangsa (ทิวเขาตีตีวังซา), une barrière naturelle avec des sommets de plus de 2000 mètres d’altitude. Plutôt que ce nom malais, les thaïs utilisent plus volontiers celui de chaîne de montagnes de Sankalakhiri (ทิวเขาสันกาลาคีรี).

 

 

Pour les habitants, c’est « le pays dans la brume,

 

 

celui des belles fleurs,

 

 

une belle région frontalière et le point le plus méridional du Siam » (เมืองในหมอก ดอกไม้งาม ใต้สุดสยาม เมืองงามชายแดน).

 

 

Le tourisme n’y est actuellement pas conseillé en raison des risques dus à l’activité des activistes musulmans en liaison avec ceux de Perak, ceux que la presse locale appelle systématiquement « les bandits du sud » (โจรใต้ - chontai). C’est ce que signale toujours le site Internet de l’Ambassade de Bangkok : « Les provinces de l’extrême sud de la Thaïlande, Pattani, Narathiwat, Yala, sont en proie à des attaques à l’explosif ponctuelles, du fait d’une insurrection séparatiste. La province de Songkhla subit également des attaques de moindre ampleur. Bien que n’étant pas spécifiquement visés, les étrangers peuvent être les victimes collatérales d’une action violente. Il convient donc de rester vigilant sur tout le territoire, y compris dans la capitale, laquelle a été la cible de plusieurs explosions le 2 août 2019 ».

 

 

Il est toutefois, en dehors du tunnel devenu attraction touristique, d’autres sites dignes d’intérêt, au moins pour le tourisme local,  la source d’eau chaude de Betong (บ่อน้ำร้อนเบตง), une source sulfureuse où les visiteurs font cuire les œufs

 

 

et la cascade d'Inthason (น้ำตกอินทสร).

 

 

Je les cite car leur porche d’entrée et également celui de la route qui conduit au tunnel.

 

 

Avant de suivre Mina dans sa visite, une précision terminologique s’impose. Mina parle dans sa version thaïe mais pas dans sa version française ni dans la version anglaise,  de « bandits communistes malais » (โจรคอมมิวนิสต์มลายา). Je ne vois pas de raison de changer cette traduction dans la mesure où tous les sites Internet qui concernent le tunnel utilisent systématiqument  la même expression.Peut-être y a-t-il une raison commenous le verrons en conclusions ? Si elle vous indispose, vous pouvez toujours l’interpréter comme guérilleros communistes malais.

 

 

Suivons maintenant Mina dans sa visite guidée illustrée.. Je n’ai ajouté que deux observations en italiques.

Le Tunnel de Piyamit

 

Aujourd'hui, j'aimerais vous emmener voir les tunnels de Piyamit. Il s'agit d'une attraction touristique historique située à la frontière de la province thaïe de Yala et du sultanat de Perak en Malaisie.

 

 

Le tunnel de Piyamit est situé à Ban Piyamit, sous-district de Tano Maera, district de Betong dans la province de Yala. Il a été construit en 1977. C’est un tunnel en terre battue que l'ancien Mouvement des bandits communistes malais a construit comme bunker et utilisé comme base d’opérations.

 

Le tunnel fait 1 kilomètre de long, avec 9 entrées et sorties. Actuellement, il n'en reste que 6.

 

Il existait probablement des issues sur le versant malais

 

 

Le trajet dans le tunnel est étroit, en zigzag Il est  divisés en différentes salles.  Les occupants peuvent y passer longtemps de leur vie en restant cachés.

 

 

Il se trouve sur une colline couverte de grands arbres qui constituent un bon camouflage.

 

 

Avant de visiter le tunnel proprement dit, nous visitons une salle présentant des armes, des équipements militaires et  des photographies ainsi que la narration d’anecdotes importantes sur les batailles passées.

 

 

À l'entrée du tunnel, se trouve une grande statue de la déesse Kuan Yin  (เจ้าแม่กวนอิม) que nous pouvons vénérer et solliciter sa bénédiction.

 

 

Présence incongrue, certes mais il ne faut pas oublier que ces maquisards malais étaient essentiellement des Chinois au moins d’origine. Plusieurs sites Internet parlent de « bandits chinois communistes de Malaisie ». Beaucoup de légendes ne sont pas en thaï mais en idéogrammes chinois.

 

Pour accéder au tunnel, il faut gravir la montagne ce qui prend environ une demi-heure.

 

 

Tout dépend de vos articulations ! Un sentier d’accès  pédestre en forme d'escalier a été créé à l'ombre des arbres qui nous  abritent du soleil.

 

 

On n’y voir ni le ciel ni le soleil et l’air est constamment frais et humide.

 

Merci Mina pour ton texte et tes photographies.

Que conclure ?

 

Si Krivine reste discret sur l’emplacement du maquis où il a séjourné, il est permis de penser qu’il se situait dans les montagnes de Khaonamkhang (เขาน้ำค้าง) sous district de Khlong Kwang (คลองท กวาง), district de Natawi (นาทวี) dans la province de Songkhla (สงขลา). Il y a également son bunker souterrain devenu une sorte de « musée du souvenir ». Il était un maquis de communistes chinois de Malaisie ou, pour parler comme les Thaïs de « bandits chinois communistes de Malaisie » (โจรจีนคอมมิวนิสต์มาลายา).

 

 

Ses affinités avec la faction la plus dure des maoïstes, l’y conduisirent irrémédiablement. Le maquis de Piyamit était également un maquis de communistes chinois de Malaisie, bandits ou pas.

 

On peut se poser une première question sans pouvoir y apporter une réponse précise. Ces régions sont peuplées de Thaïs en grande partie musulmans qui revendiquent peu ou prou leur rattachement à la Malaisie ce qui ne signifie pas qu’ils aient des sympathies particulières pour le communisme en général. Les maquisards du nord-est vivaient au milieu de la population « comme des poissons dans l’eau » selon l'ordre de Mao.

 

 

Nous savons par exemple qu’Ho Chi Minh a passé plusieurs années dans la région du nord-est dans une région ou la population est au moins partiellement d’origine vietnamienne. Ces maquisards vivaient-ils réellement au sein de la population locale comme des poissons dans l’eau ?

 

 

Les ponctions financières évidemment illégales effectuées au détriment des populations locales – dont ils sont accusés à tort ou à raison - n’ont pas jouée en faveur de leur popularité !

 

Est-ce la raison de l'utilisation systématique du terme de "bandits" que l'on ne trouve jamais lorsqu'on parle des maquis du nord-est

 

Nous n’avons pas l’intention d’écrire l’histoire de l'insurrection communiste en Malaisie ; Rappelons simplement  qu’elle  eut lieu de 1968 à 1989, entre le Parti communiste malais d’obédience chinoise et le gouvernement fédéral malais.  Les rescapés, pourchassés, se retirèrent dans les jungles frontalières difficiles d’accès entre la Malaisie et la Thaïlande. Ils perdirent le soutient de la Chine lorsque les gouvernements de Malaisie et de Chine établirent des relations diplomatiques en juin 1974 et plus encore 1989 lorsque le parti communiste signa un accord de paix avec le gouvernement malais à Hat Yai. Ne citons que pour mémoire les querelles internes terminées par des « procès » et des exécutions entre diverses factions communistes ou trotsko-communistes, prochinois et provietnamiens. Lorsque fut creusé l’abri de Piyamit à partir de 1977, il s’agissait bien plus surement  de la construction d’un reuge que celle d’une base de combat. Lorsque Krivine visite son camp dans la province de Songkhla, n’oublions pas qu’il est médecin, il assiste à une opération d’ l’appendicite et aux soins donnés aux maladies tropicales endémiques dans la jungle, ce ne sont pas des maladies de combattants. Référence doit être faire à une longue étude universitaire de Phonchai et Nakarin Mektrairat (พรชัย และ นครินทร์ เมฆไตรรัตน์) de l’Université de Songkhla, numérisée sous le titre « les bandits chinois communistes de Malaisie (โจรจีนคอมมิวนิสต์มาลายา) numérisée

http://wiki.kpi.ac.th/index.php?title=โจรจีนคอมมิวนิสต์มาลายา

 

Malgré son titre, elle n’en aucun aspect partisan et assortie d’une montagne de références. La consultation du rapport déclassifié de la CIA « Communiste insurgency in Thailande » daté de 1991 est intéressante car il n’oublie pas de citer Betong comme lieu de refuge. Il est numérisé sur le site de la CIA

https://www.cia.gov/readingroom/docs/DOC_0000012498.pdf

 

 

Références

 

Sur le séjour de Krivine

 

A175. Jean-Michel Krivine : « Carnets De Mission Dans Les Maquis Thaïlandais (1978)».

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2015/02/a175-jean-michel-krivine-carnets-de-mission-dans-les-maquis-thailandais-1978.html

 

Sur le séjour d’Ho Chi Minh

 

H 10 - LA « MAISON D’HO-CHI-MINH » PRÈS DE NAKHON PHANOM, MYTHE OU RÉALITÉ ? DU CULTE DE LA PERSONNALITE À LA DÉIFICATION.

 

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2017/06/h-10-la-maison-d-ho-chi-minh-pres-de-nakhon-phanom-mythe-ou-realite-du-culte-de-la-personnalite-a-la-deification.html

 

Sur la guérilla dans le nord-est

 

H 28- LA GUÉRILLA COMMUNISTE DANS LE NORD-EST DE LA THAÏLANDE (ISAN) DU 7 AOÛT 1965 AU 23 AVRIL 1980 - PREMIÈRE PARTIE.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/12/h-28-la-guerilla-communiste-dans-le-nord-est-de-la-thailande-isan-du-7-aout-1965-au-23-avril-1980-premiere-partie-4.html

 

H 29 - LA GUÉRILLA COMMUNISTE DANS LE NORD-EST DE LA THAÏLANDE (ISAN) DU 7 AOÛT 1965 AU 23 AVRIL 198https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/01/h-29-la-guerilla-communiste-dans-le-nord-est-de-la-thailande-isan-du-7-aout-1965-au-23-avril-1980.la-fin.html0. LA FIN.

 

INSOLITE 45 - À LA RECHERCHE DE L’« ILLUMINATION » : LA VIE DES COMMUNISTES DANS LA FORÊT SACRÉE DE DONG PHRA CHAO. คอมมิวนิสต์ป่าดงพระเจ้า แดนสนธยา หรือ « แหล่งแสวงหา »

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Les contributions de Mina à notre blog

 

INVITÉ - MINA - PHRA RUANG ROTCHANARIT (พระร่วงโรจนฤทธิ์) : STATUE SACRÉE DU BOUDHA DE NAKHON PHATOM (นครปฐม)

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INVITÉ – LA LÉGENDE DE LIMKONIAO QUI S’EST PENDUE POUR NE PAS DEVENIR MUSULMANE - ตำนาน ลิ้มกอเห่นี่ยว

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INVITÉ - LE FESTIVAL DES FUSÉES (บุญบั้งไฟ - BUN BANGFAI) OU LA LÉGENDE DE PHAYA THAEN (พญาแถน) ET PRAYA KHANKHAK (พญาคันคาก)

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H12 Bis - LA PRINCESSE YOTHATHIP (1638–1715), SŒUR DE LA PRINCESSE YOTHATEP (1656-1735), FILLES ET EPOUSES DE ROI;

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22 mars 2024 5 22 /03 /mars /2024 03:13

 

Si la politique « de stratégie hygiénique » du roi Rama V dont nous avons parlé la semaine passée, n’eut pas en ce qui concerne « la défécation » un  résultat tangible immédiat,  son projet d’installer l’eau potable à Bangkok, s’il n’en vit pas la fin, fut en tous cas un inconstatable succès.

 

 

L’administration des eaux de Bangkok (การประปากรุงเทพฯ) a été créée le 13 juillet 1909. 

 

 

L’inauguration officielle fut effectuée sous le règne de Rama VI le 19 novembre 1914.

 

 

Selon les Occidentaux présents, l’eau était aussi propre que n’importe quelle ville du monde ! De l'eau à la fontaine pour les habitants de Bangkok ! Nous ne savons si le roi Chulalongkorn y a goûté puisqu’il est mort avant a fin des travaux, Pour sa part, ses palais étaient alimentés en eau provenant de Phtechaburi à 125 kilomètres de là, qu’il préférait à toute autre !

 

 

Au début du siècle dernier, la population n’avait pas d’autre sources que les klongs et le fleuve ; Mais pendant une période de trois à six mois, les klongs étaient à sec dans une partie au moins de la ville ne contenaient  dans l'autre partie que de l'eau salée ou saumâtre imbuvable. L'eau des puits elle-même était est aigre et amère, à cause de la quantité de magnésie que renfermait le sol. Les habitants et les bestiaux en étaient  donc réduits à boire de l'eau impure, qui était la cause principale des nombreuses maladies entériques aussi bien chez les gens que parmi les animaux.

 

 

Lorsque l'eau est trop mauvaise pour être bue, on allait en chercher, soit par bateaux, soit par  charrettes à bœufs, dans des rivières souvent éloignées de plusieurs jours et les gens qui n'en avaient pas les moyens devaient doivent payer cette eau depuis un jusqu'à dix ticals (bahts) le mètre cube.

 

Du temps de Monseigneur Pallegoix qui nous décrit les longues années passée au Siam en 1854, quelle eau buvait-on à Bangkok ? On ne peut le lire sans frémir : « La provision d’eau est très facile à faire puisque l’eau du fleuve (i.e. La maenam Chaophraya) est excellente ». Toutefois, continue le prélat, « il existe un moyen fort  simple pour purifier l’eau des rivières, méthode qui est généralement utilisée au Siam  » c’est tout simplement la purification par l’alun, faisant référence à « tous ceux qui ont des notions de chimie » …

 

 

Bon théologien certes, bon chimiste, peut-être moins. La purification par l’alun est un procédé vieux comme le monde, il clarifie incontestablement l’eau mais ne la débarrasse pas de tous les miasmes, virus ou bactéries qu’elle contient  de par le simple fait qu’il s’agit tout simplement d’une eau d’égouts. Ce procédé permettait une purification au moins partielle : Dans cent litres d'eau, il suffit d’une cuillerée à café d'alun en poudre, d’agiter avec un bâton pendant une ou deux minutes, et de laisser reposer. Dans une heure ou deux l'eau devient très-limpide, et il se forme au fond du vase un dépôt abondant. Cette méthode est bien préférable à une simple filtration, parce que l'alun décompose les sels d'urine et autres sels insalubres, tandis que le filtre ne peut en dépouiller l'eau qui retient toutes les matières salines en dissolution.

 

 

Le procédé était connu en Chine depuis des temps immémoriaux ainsi qu’en Égypte au temps des Pharaons, mais si l’alun existe à l’état natif en Chine et en Égypte, il n’existe pas au Siam. Il était donc certainement importé à grand prix depuis la Chine par les Chinois et utilisé par eux et par les riches.

 

 

Les malheureux devaient donc se contenter de l’eau du ciel quand elle tombait et quand elle ne tombait pas ? Celle du fleuve probablement après filtrage, bénéficiant évidemment d’une mithridatisation héréditaire et de l’effet partiellement antiseptique et prophylactique de la surabondance d’épices !

 

 

La visite de Rama V au puits artésien de Grenelle (foré vers 1830) lors de son séjour parisien de 1897 ne fut évidemment pas innocente.

 

 

La distribution d’eau potable à Bangkok est le fruit de la volonté du Roi et l’œuvre d’un ingénieur français, Louis Robert de la Mahotière, hélas bien oublié des Thaïs eux-mêmes qui lui doivent pourtant une statue et que la presse française en dehors de quelques références dans la presse coloniale et de revues spécialisées a totalement ignoré ces travaux proprement pharaoniques. Nous ne savons que peu de choses sur lui, pas même une photographie. Sa famille était peut-être une famille de coloniaux de Saint Domingue où se trouve un lieu-dit « la Mahotière » qu’elle rajouta à son patronyme ?

 

 

Le Journal officiel du 13 novembre 1871 nous apprend toutefois qu’il fut reçu au concours de l’École Centrale des arts et Manufactures, « Centrale » qui n’est dépassée en prestige que par l’École polytechnique et l’École normale supérieure. Il est le 36e sur 122 admis. Cela le fait naître aux environ de 1850 ? Nous perdons sa trace jusqu’à son arrivée au Siam ;

 

 

En 1900, il est chargé du service  d'assainissement et spécialement des égouts, service concédé par le Siam pour 10 ans à la compagnie anglaise Clean Work.  Nous le trouvons ensuite ingénieur en chef du département sanitaire local.  Il est alors domicilié à Bangkok Surawong Road (ถนน สุรวงศ์). Construit sous le règne du roi Rama V, Surawong Road est l'un des quartiers d'affaires les plus dynamiques et historiques de Bangkok. Cette route historique relie la première route jamais construite à Bangkok, la Charoen Krung Road (ถนนเจริญกรุง), ainsi qu'aux rives de la rivière Chao Phraya.

 

 

Appelé, en 1902, par le Gouvernement siamois, pour organiser le Service technique sanitaire de la ville de Bangkok, il eut à étudier l'installation d'un service d’eau potable dont l’absence se faisait vivement sentir; mais des considérations financières et surtout politiques firent différer l’exécution des travaux jusqu’en 1909, époque à laquelle. le roi Chulalongkorn donna enfin les ordres nécessaires. Le projet définitif fut aussitôt mis à l’étude et, dès l’année suivante, les travaux purent commencer. 

 

La description de ces travaux ainsi que les photographies et les croquis, sont de la main de l’ingénieur mais nous fîmes abstraction des considérations et calculs purement scientifiques souvent complexes : voir nos sources

 

 

Leur achèvement a marqué pour Bangkok une date mémorable, car ces travaux ont été les premiers de ce genre exécutés au Siam, et Bangkok était encore la seule ville de ce pays qui soit dotée d'une distribution d’eau potable.

 

 

Le budget du Siam à cette époque représente environ 60 millions de baths, sur lesquels les dépenses de travaux publics sont de l’ordre de 5. Les travaux d’adductions d’eau potable représentent sur le budget 1911-1912,  1 185 899 baths, sur le budget 1912-1913,   1 569 624 baths, sur le budget 1913-1914,  1 004 979 baths et sur la dernière année, celle de la fin des travaux, 417 145 baths soit au total moins que le chiffre de 5 millions de baths qui avaient fait reculer le roi en 1902.

 

 

 

Faut-il rappeler que les 600 000 habitants de la ville étaient – sauf les riches – totalement privés d’eau potable et que cette privation finit par apparaître comme la cause la plus certaine du choléra, qui exerçait tous les ans de grands ravages. Faute de découvertes satisfaisantes dans le sol malgré de forages de 95 mètres de profondeur et une eau de mauvaise qualité et insuffisante en qualité, il fut décidé de prendre l’eau dans la Chaopraya à Chiengrak (เชียงราก), à 30 kilomètres en amont,

 

c'est-à-dire un peu au-delà du point où l'influence de la marée qui rend l’eau saumâtre ne se fait plus sentir, 20.000 m3 d'eau par jour, soit 230 litres par seconde, au moyen d'une pompe puissante et les amènerait à la capitale par une série de tuyaux en fonte, après les avoir fait passer dans des bassins d'épuration. Jusqu'en 1914, avons-nous dit, la population s'alimentait d'eau de pluie recueillie par les tuyaux de descente des gouttières dans des réservoirs en tôle, et surtout d'eau de fleuve et des canaux que l'on versait dans des jarres, en la brassant avec un peu d'alun et laissant décanter. Notre ingénieur écarta le système des filtres à sable lents, qui exige d'énormes emplacements et de fréquents nettoyages avec risque de contamination, en faveur du système Jewell, américain plus simple el plus efficace (1).

 

 

L'usine occupe environ 4 hectares au bord du canal Samsen (คลองสามเสน)   à 2.800 mètres du fleuve. Les eaux brutes sont amenées par un canal de 26 kilomètres de long et de 10 mètres de largeur. Elles sont prises dans un ancien bras du fleuve d'une vingtaine de kilomètres, qui a élé transformé en un réservoir par construction d'un barrage en son milieu et d'une écluse à 1 km.de son embouchure. Dans ce réservoir de 8 km de long sur 80 mètres en moyenne de large, les eaux boueuses du fleuve éprouvent un  commencement de clarification et sont soustraites aux changements de niveau. Le canal d'amenée prend l'eau à 2 kilomètres de l'écluse ; il franchit en siphon trois autres canaux. Une conduite en béton armé amène les eaux du canal dans le puisard des pompes nourricières; une autre est établie entre l'usine et le fleure pour amener directement l'eau du fleuve à la saison des pluies, lorsque l'effet de la marée ne se fait plus sentir, en cas de réparation du canal.  Le bâtiment des pompes, de 40 m. sur 10 comprend deux groupes : celui des pompes nourricières amenant l'eau du canal ou du fleuve dans les bassins de décantation et celui des pompes élévatoires qui refoulent l'eau filtrée dans les tuyaux de distribution et les réservoirs de la ville. Il y a deux pompes nourricières centrifuges, tournant à 730 tours, actionnées directement par des moteurs de 60 chevaux.

 

Elles élèvent 320 litres par seconde à 9 mètres de haut. Les pompes élévatoires, du même système, mais à moteurs de 160 chevaux tournant à 960 tours élèvent 225 litres à la seconde à 33 mètres de haut. Tout a été prévu en vue du doublement éventuel de l'usine. Le courant est fourni par la Centrale électrique du gouvernement. Le filtrage et l’épuration se font par le système Jewel. Ces filtres Jewell donnent un excellent rendement. Chaque appareil est muni d’un régulateur de vitesse qui permet d'obtenir une vitesse absolument constante, quel que soit l'état d'engorgement du filtre. En raison de la vitesse de filtration 40 fois plus rapide, tes filtres occupent 40 fois moins de place que les filtres lents, ce qui permet de les loger dans des bâtiments couverts et dont toutes les ouvertures sont garnies de grillages pour empêcher les chauves-souris et les petits oiseaux de pénétrer.

 

Avant d'arriver aux filtres, l'eau est traitée au sulfate d'alumine que I’on mélange en très légère quantité à l'eau brute avant de l'amener dans les bassins de décantation. II y a quatre bassins de décantation, chacun de 22 mètres  de long sur 5 de large et 5,70 de profondeur. Des cloisons en chicane, augmentent le parcours de l’eau et facilitent ainsi le dépôt des matières en suspension. L'eau est déjà très clarifiée lorsqu'elle arrive au couloir où les tuyaux des filtres viennent la prendre. Deux bassins sont en service à la fois, on profite de l'arrêt des deux autres pour en enlever les dépôts boueux. Le bâtiment des-filtres contient deux rangées de six filtres en tôle de 5 mètres. de diamètre et 2 mètres 30 de hauteur. Ils contiennent une couche de sable de 0,90 d'épaisseur reposant sur une couche de gravier fin: L'eau arrive par un espace annulaire qui entoure la partie supérieure du filtre et se déverse sur tout te pourtour à-la surface du sable. Après avoir traversé le sable, l'eau est recueillie au fond du filtre par 900 petits cribles en bronze qui lui donnent accès dans des tubes de fer; ceux-ci aboutissant au tuyau qui emmène l'eau filtrée au réservoir souterrain. On ferme les vannes d'arrivée d'eau décantée et celles de sortie d'eau filtrée ; la vanne de lavage admet par le fond du filtre de l'eau pure sous pression ; celle-ci traverse les cribles et la masse de sable et s'écoute par le tuyau d'évacuation en emportant les impuretés, tandis qu'un râteau mécanique agite la superficie du sable. En 5 à 6 minutes, le sable est parfaitement lavé. On arrête alors le râteau, on ferme la vanne de lavage et l'on admet à nouveau l'eau décantée : mais pendant  la première demi-heure de remise en marche, on laisse encore par surcroît de précaution l'eau filtrée s'écouter par le tuyau d'évacuation. On ferme alors Ce dernier et l'on admet enfin l'eau dans le caniveau collecteur. L'eau de lavage  provient d'un réservoir spécial de 150 mètres cube et de 17 mètres de haut.

 

Du réservoir souterrain dé 6000 m3, l’eau est aspirée par les pompes élévatoires. Le Système Jewell a donné d'excellents résultats bactériologiques. L'eau est envoyée en ville par une conduite maîtresse de 0m70 de diamètre et distribuée par 92 kilomètres de tuyaux de fonte de 0,70 à 0,80- Dans le terrain de Bangkok, sujet à affaissements, le système adopté et qui a donné la plus entière satisfaction a été celui du joint précis à bague de caoutchouc, des usines de Pont à Mousson, qui ont fourni toute la tuyauterie.

 

Le service de la voie publique est assuré par 420 bornes fontaines dont 230 munies de prises d'incendie. Les installations privées, au compteur, sont au nombre de 1700 et consomment 3,000 mètres cube  Ce furent évidement des privilégiés ?  La consommation journalière moyenne est de 9.000 mètres cube  et l'installation pourrait  fournir '26.000 mètres cube. Il faudra attendre plus de 50 ans pour que l’eau au compteur parvienne à toute les habitations de la ville.

Notre ingénieur ne nous décrit pas les bornes fontaines auxquelles la population a enfin accès à l’eau.

 

Une photographie (en tête de cet article) nous a apporté la réponse ; il s’agit incontestablement des bornes-fontaines Bayard à volant qui alimentèrent Lyon et Grenoble d’abord puis Paris, en eau (2).

 

 

Elles ont l’avantage d’éviter le gaspillage. Elles sont toujours utilisées dans les espaces publics, cimetières, jardins publics, cours d’écoles, et vendues environ 4000 euros HT, prix 2024.

 

 

Les analyses poussées effectuées par l'ingénieur établir que l'reau était potable. C'était en 1914. Qu'en est-il 110 ans plus tard ?

 

 

NOTES

 

(1) Le système des filtres Jewel est basé sur l’emploi du sulfate d’alumine, qu’on mélange en très légère quantité dans l’eau brute avant de l’envoyer dans les bassins de décantation. Ce sel réagit sur le carbonate de chaux ou de magnésie contenu dans l’eau brute, avec production d’alumine hydratée et d’acide carbonique. .L’acide carbonique se dissout dans l’eau, et l’alumine hydratée se précipite à l’état floconneux, entraînant avec elle les matières en suspension ainsi qu’une grande partie des bactéries. Les carbonates calcaires sont transformés en sulfates sans que la dureté de l’eau en soit modifiée. L’eau ainsi traitée est envoyée dans les bassins de décantation où la majeure partie des matières en suspension se dépose rapidement ; elle en sort dans un état très avancé de clarification, puis se rend dans les filtres qui terminent la clarification et l’épuration. Le procédé comprend donc trois opérations distinctes : traitement préalable des eaux brutes par le sulfate d’alumine, décantation et filtration, ces deux dernières opérations étant rendues très rapides, par l’agglutination des matières en suspension à l’état floconneux  Le système est toujours utilisé aujourd’hui pour les aquariums.

(2) La borne fontaine Bayard

 

Les plus anciens se souviennent probablement d’en avoir du fonctionner dans leur enfance dans nos villes ? Elles ne sont plus que l’un des joyaux du mobilier urbain

Les bornes fontaines Bayard sont principalement fabriquées en fonte, ce qui leur confère à la fois solidité et esthétisme. On distingue deux grands modèles à volant ou à bouton.

Elles étaient conçues, disait la publicité, pour permettre aux passants de se désaltérer en toute simplicité. Elles étaient mises hors service  durant les périodes hivernales pour éviter le gel, problème qui ne se pose pas à Bangkok.

Le mécanisme de fonctionnement est simple, il suffit d’actionner le volant.

Le mécanisme est composé de deux masselottes qui sont mises en mouvement par la force centrifuge du volant. Grâce à cette force, les masselottes soulèvent le clapet situé dans le réseau d’eau potable. Ce mécanisme ingénieux permet de contrôler l’écoulement de l’eau de manière efficace et de prévenir tout gaspillage inutile. Une fois terminé, en relâchant le volant, les masselottes reprennent leur position initiale et le clapet se referme, stoppant l’écoulement de l’eau.

 

 

SOURCES

 

Le génie civil, revue générale des industries françaises et étrangères ; numéro du 10 novembre 1917 les installations du service d’eau potable de la ville de Bangkok  par L. Robert de la Mahotière.

Bulletin économique de l'Indochine.  Numéro du 1r mai 1904

Bulletin de la société industrielle de l’Est, numéro 43 de 1905, article sur la filtration industrielle des eaux ;

Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne numéro du 1er juin 1903.

La Technique sanitaire et municipale : hygiène, services techniques, travaux publics : journal de l'Association générale des ingénieurs, architectes et hygiénistes municipaux de France, Algérie-Tunisie, Belgique, Suisse et Grand-Duché de Luxembourg. Numéro du 19 janvier 1901.

L'Éveil économique de l'Indochine numéro du 17 juin 1923.

 

พระราชดำรัสการเปิดการประปากรุงเทพฯ ของพระบาทสมเด็จพระมงกุฏเกล้าเจ้าอยู่หัว และเรื่องราวเกี่ยวกับน้ำ  Discours royal à l’occasion de  l'ouverture de l'usine des eaux de Bangkok de Sa Majesté le Roi Mongkut Klao  Publication de 1972.

 

 

 

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