Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
Nous avons déjà évoqué les « révoltes des Saints » suscitées par les réformes du Roi Chulalongkorn lorsqu’il prit la décision de bouleverser le système traditionnel du Siam, pour conduire son pays à la « modernité » (1). Dans un précédent article (2) nous avons rapidement fait la connaissance de l’un de ces « saints » (littéralement « personne ayant gagné des mérites » - phu mi bun – ผู้มีบุญ), Sopa Phontri qui fut à l’origine de l’une de ces « révoltes des Saints » (Kabot Phumibun - กบฏผู้มีบุญ) lesquelles ne furent pas spécifiques au règne de Rama V puisque certaines en Isan l’ont précédé et d’autres l’ont suivi comme nous le verrons en conclusion. Leur histoire reste à écrire, les historiens occidentaux de profession ou de passion comme nous l’ignorent car, nous le verrons aussi, les seules sources disponibles sont en thaï.
L’HISTOIRE DE « MOLAM » SOPHA PHONTRI
« Molam » Sopha Phontri (หมอลำโสภา พลตรี) est né en 1882, sous le règne de Rama V, dans un petit village de la province de Khonkaen, Ban Nonrang (บ้านโนนรัง) situé à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest du chef-lieu (sous-district de Sawathi, district de Mueang, province de Khon Kaen (ตำบลสาวะถี - อำเภอเมือง – จังหวัดขอนแก่น). Le terme de « Molam » sous lequel il est connu, n’est qu’un qualificatif, le molam est à la fois la musique traditionnelle de l’Isan et du Laos mais aussi celui dont on qualifie une personne qui le pratique. Nous pouvons donc l’appeler Sopha Phontri « le musicien ».
Il est d’une famille d’agriculteurs.
Il fit ses études à l’école du temple. Peut-être était celle du Wat Chai si (วัดชัยศรี) situé dans le village de Sawathi que nous connaissons pour les peintures murales de sa chapelle d’ordination construite et décorée au début du siècle dernier et que notre musicien a pu connaître ? (3) Ce n’est qu’une supposition car le sous-district comprend 20 villages dont chacun a son temple.
Servi par une excellente mémoire, il y apprend à lire l’alphabet traditionnel (tham – ธรรม)
et l’ancien alphabet khmer (khom – ขอม)
qui donne accès aux écrits sacrés (voir nos deux articles) enseignés par les moines les plus savants ainsi que des rites et des rituels traditionnels (Phithikam Buangsuang – พิธีกรรมบวงสรวง) ainsi que la musique. Le molam du sous-district de Sawathi et des districts voisins est particulièrement réputé.
C’est un homme riche : il a trois épouses et trois propriétés agricoles dans trois villages, Ban Pawai, Ban Nongtakai et Ban Sawathi (บ้านป่าหวาย, บ้านหนองตะไก้ et บ้านสาวะถี). Dans le seul village de Ban Pawai, il possédait environ 70 à 100 rai (entre 11 et 16 hectares). Il est d’une personnalité agréable. C’est un bel homme qui doit aux travaux des champs un teint basané. Ses dents sont colorées par le bétel. Intrépide, il n’a pas peur de parler, il n’a pas peur d’agir, il n’a pas peur des autres. D’humeur toujours égale, il est apprécié de tous.
L’ENTRÉE EN RÉBELLION
La première raison de son entrée en rébellion
fut la conséquence de la politique de domination culturelle de l’État central, avec la loi sur l’enseignement primaire de 1921, et les créations d’écoles dans les villages pour que tous les petits enfants de la région puissent apprendre le thaï avec les livres d’enseignement en thaï. Sopha Phontri y fut opposé estimant que ses enfants sont Isan avec d’être Thaïs. Il estima qu’ils doivent être élevés au temple comme il le fut et y apprendre l’écriture traditionnelle comme lui. Il répète volontiers « la langue thaïe mange nos enfants » (ภาษาไทยกินเด็ก).
L’écriture traditionnelle apprend aux enfants à être bons et à connaître les règles du Dharma. Il refusera donc d’envoyer ses enfants à l’école locale qui est installée dans le village de Ban Sawathi (โรงเรียน บ้านสาวะถี). Suivi par beaucoup alors de ses futurs disciples, ils le laisseront assurer l’éducation de leurs enfants lui-même avec l’assistance des moines. Cela va naturellement susciter la colère du directeur de l’école auquel il s’opposera parfois physiquement. Mais il s’opposa aussi aux enseignants leur déniant le titre de « professeur » (khru - ครู). Il considère que ce vocable, signe d’une position sociale élevée, doit être réservé aux moines les plus anciens et les plus respectés des villageois. Ils n’ont droit à ce titre que lorsqu’il leur a été attribué au cours de la cérémonie du hotsong (พิธีฮดสรง), le mot est spécifiquement isan, encore appelée theraphisek (เถราภิเษก) ; une cérémonie traditionnelle locale probablement venue du Laos au cours de laquelle l’ensemble des habitants du village reconnaissaient que les moines avaient terminé leurs études et étaient dignes à leur tour de diffuser l’enseignement. Nous devons situer le début de ces événements en 1932, date de la création de l’école si l’on en croit son site Internet.
La seconde raison de la rébellion
est postérieure : Elle est la suite de la première loi sur la protection de la forêt (ฎหมายป่าไม้) du 4 août 1937 :
Dorénavant, pour couper du bois dans une forêt, les habitants doivent solliciter l’autorisation du Département des forêts (thangkrompa – ทางกรมป่า). Mais cette autorisation est soumise au payement d’une taxe au mètre cube qui frappe les villageois qui vont couper du bois dans la forêt tant pour construire leur habitation et pour la confection du charbon de bois pour la cuisine. Or, pour eux, c’est d’une logique implacable, ce n’est pas le gouvernement qui a planté les arbres, il n’y a donc pas d’autorisation à demander, il n’y a pas de redevance à payer. La seule autorisation à demander est celle de l’esprit des forêts (Donputa – ดอนปู่ตา littéralement l’esprit du grand-père paternel – pu – et celui de la grand-mère maternelle – ta).
Depuis des millénaires les habitants de l’Isan vivaient en contact étroit avec la nature en dépit du rôle croissant joué par les progrès technologiques et les ressources forestières y avaient grande valeur. En Isan les villageois construisaient un petit sanctuaire en bois destiné à ces esprits au milieu des arbres et des animaux de la forêt, les seuls responsables de la conservation de ce patrimoine naturel. C’est à eux seuls qu’ils s’adressent lorsqu’ils vont pratiquer des coupes en forêt (4). Sopha Phontri va donc exhorter ses compatriotes à continuer à couper le bois de la forêt en particulier pour construire leur habitation en respectant seulement le rituel auprès des esprits.
La troisième raison
intervient deux ans plus tard. Il s’agit de la création d’une taxe foncière sur les mutations des terres (phasi thidin – ภาษีที่ดิน) le 1er avril 1939 et appelée « taxe de maintenance locale » (phasibamrungthongthi – ภาษีบำรุงท้องที่).
Elle suscite la colère des villageois. Ce n’est pas le gouvernement qui a créé la terre, elle l’a été naturellement. Pour y vivre, il faut la travailler ce qui est difficile. Tout comme le bois de coupe, elle nous appartient (« La terre nous appartient » : Thidin penkhongrao – ที่ดินเป็นของเรา).
Cette taxe était initialement de 5 satang mais fut rapidement portée à 10 puis à 20. Sopha Phontri et ses partisans vont se refuser de la payer. Cette grève de l’impôt va susciter la fureur de district Khun Wanwutthiwichan (ขุนวรรณวุฒิวิจารณ์) le chef de district (Naiamphoe Mueang Khonkaen – นายอำเภอเมืองขอนแก่น). Il va falloir faire un exemple. Il va ordonner la saisie de terres appartenant à deux partisans de Sopha Phontri, Nai Sing et Nai Saem (นายสิงห์ – นายเสริม). Il leur était demandé d’abandonner leur propriété pour 40 rai ou payer une taxe de 125 bahts qui, à l’époque, ne correspondait pas au prix de deux bouteilles de bière mais à celui de 30 vaches. Sopha Phontri fit alors le tour des villages pour protester contre la domination culturelle du gouvernement central et la tyrannie des fonctionnaires de Bangkok. Il obtint un grand succès.
Il ne faut pas perdre de vue ces raisons purement fiscales qui ont en réalité une importance énorme. Les paysans des villages de l’Isan vivaient en économie de subsistance : ils ont leur champ de riz, leurs poulets et leurs cochons, le poisson des étangs et le gibier de la forêt, les champignons, les insectes et toutes sortes de fruits ou plantes sauvages comestibles. Le bois des forêts leur permet de construire leur habitation. Le peu de monnaie dont ils disposent provient de petits travaux d’artisanat vendus sur les marchés et leur permet surtout et tout au plus d’acheter ce qu’ils ne peuvent pas ou ne savent produire, les vêtements par exemple.
Le ciel ou Bouddha ont évité à l’Isan profond la présence des usuriers chinois qui n’ont rien à y gratter et restent cantonnés dans les grandes métropoles (5).
Sopha Phontri affirmait toutefois porter un grand respect au royaume de Thaïlande telle qu’il était avant le coup d’État mais aucun aux personnes qui gouvernaient le pays à cette époque. Le premier texte du 4 août 1937 provient du gouvernement de Phot Phahonyothin et celui du 1er avril 1939 du gouvernement de Plaek Phibunsongkhram même s’ils sont pris au nom du roi Ananda qui n’est venu dans son pays qu’en 1938, qui vit toujours à Lausanne ce qu’ignore son bon peuple qui ne le connaît que par les portraits qui sont affichés dans les bâtiments officiels et son effigie sur les timbres-poste et les pièces de monnaie.
Sopha Phontri, fort de ses convictions dans les pouvoirs charismatiques du monarque, va se rendre à Bangkok pour le rencontrer. Pouvait-il savoir qu’il était en Suisse ? Il n’a évidemment pas pu le rencontrer. L’aurait-il pu si le jeune roi avait été dans son pays ?
Le gouvernement local va alors s’attaquer à cette sédition fiscale. Sopha Phontri et onze de ses amis sont arrêtés et conduits à Khonkaen. Ils sont libérés au bout de 15 jours. Sitôt revenu à la liberté, notre musicien va continuer à faire le tour des villages pour protester contre l’oppression intellectuelle et fiscale du gouvernement central. Il est une nouvelle fois arrêté et emprisonné à Khonkaen en compagnie de vingt de ses amis. Combien de temps resta-t-il dans la prison de Khonkaen, nous l’ignorons. Toujours est-il qu’il en sortit et continua de plus fort son appel à la sédition fiscale.
Il a de plus en plus de succès. Le gouvernement décida alors une attaque frontale. Sopha Phontri avait organisé le soir du 16 décembre 1940 dans le village de Ban Sawathi et un terrain appartenant à Nai Saem ce que l’on a appelé « le grand discours ». La population était venue de tous les villages environnant du sous-district, Ban Ngio, Ban Nonku, Ban Pawai, Ban Khoksawang, Ban Buengkae (บ้านงิ้ว, บ้านโนนกู่, บ้านป่าหวาย, บ้านโคกสว่าง, บ้านบึงแก). D’autres étaient venus du village de Ban Nongsiangsui (บ้านหนองเซียงซุย) actuellement dans le district de Phu Wiang (ภูเวียง) qui est situé à 40 kilomètres à l’ouest. N’oublions pas que ces « rebelles » n’avaient pas d’autre moyen de locomotion que leurs deux jambes. 2 ou 300 auditeurs étaient présents ce soir-là. Le discours de Sopha Phontri tourna autour des critiques contre un gouvernement qui ne respecte pas les traditions et opprime les paysans en créant une fiscalité qu’ils ne peuvent supporter. C’est à nouveau un appel au refus de payer les taxes. Il prédit un sombre avenir pour l’Isan. Vers 21 heures, l’officier de police locale assisté d’un chef de village intervient et procède à l’arrestation de 116 personnes, hommes et femmes. Ils sont d’abord enfermés dans les locaux de l’école de Ban Sawathi. On constate qu’aucune des personnes arrêtées ne portait d’arme. Le lendemain ils sont tous conduits à Khonkaen pour qu’il soit procédé à une enquête du chef de « rébellion dans le royaume » (kabotphai nai ratchaanachak - กบฏภายในราชอาณาจักร). L’enquêté va durer deux mois. Parmi les accusées, il y a plusieurs femmes enceintes qui durent accoucher en prison. Sopha Phontri et trois autres dirigeants (dont un dénommé khui daengnoi - นายคุย แดงน้อย) seront condamnés à 16 ans de prison. Les autres sont libérés mais un quart était mort au cours de cette détention. Les condamnés vont être envoyés à la prison de Bang Khwang à Bangkok (เรือนจำบางขวาง) qui a depuis acquis une triste réputation sous le surnom de Bangkok Hilton et qui ressemble de très près à l'image que l'on peut avoir de l'enfer.
Khui Daengnoi sera retrouvé noyé (accidentellement ?) dans le canal de Bang Sue (คลองบางซื่อ) à la suite d’un débordement. Les deux autres y ont échappé miraculeusement diront leurs partisans et vont alors être renvoyés à la prison de Khonkaen. Sopha Phontri y sera victime d’une rage de dents et le surveillant en chef lui aurait injecté une drogue à laquelle il était allergique et qui causa sa mort. Accident médical ou assassinat ? Ce décès intervient à la fin de l’année 1942 ou au début de l’année 1943.
Ses partisans furent convaincus que sa carrière fut marquée par deux miracles. Le premier est d’avoir échappé à l’inondation consécutive au débordement du canal. Le second est plus étrange : Après son décès, les autorités pénitentiaires enveloppèrent son corps dans un linceul et le mirent en terre provisoirement avant que sa famille ou ses proches ne viennent récupérer sa dépouille pour procéder au rituel funéraire. Il resta trois jours en terre. Le quatrième, ses proches ne trouvèrent plus en terre que le pagne qu’il portait lors de son décès. Le corps avait disparu. Ils furent convaincus qu’il était revenu sur terre.
LES RÉVOLTES DES SAINTS EN ISAN
Il y en eu d’autres avant et il y en eut au moins une autre après celle-ci (6). L’histoire de chacune d’entre elles mériterait d’être écrite.
Carte des rébellions des saints en Isan établie par Suwit Thirasawat :
Elles se différencient fondamentalement des autres mouvements de révolte, que ce soit l’insurrection communiste qui fut puissante en Isan, téléguidée depuis Pékin et Hanoï ou le mouvement des « chemises rouges » également puissant en Isan qui avait un « chef d’orchestre » sur le plan national.
Elles sont toutes initiées par un personnage charismatique, un phu mi bun, un « saint » qui bénéficie ou auquel ses fidèles attribuent des pouvoirs magiques. N’oublions pas que l’Isan est imprégné de croyances animistes qui sont difficilement compatibles avec le matérialisme marxiste !
Elles sont géographiquement localisées ce qui explique que les autorités centrales n’ont pas de peine à les juguler.
Elles sont toutes, surtout, c’est leur seul aspect « politique » axées sur la protestation contre les envahissements du pouvoir central, fruits de sa politique de modernisation de « thaïsation ». La révolte de Sopha Pontri en est un bel exemple, que ce soit au niveau de la lutte contre « colonisation intellectuelle par l’écriture ou contre une fiscalité qui bouleverse les traditions séculaires. Cet attachement à leur petit microcosme géographique n’est pas incompatible avec leur amour du pays bien au contraire (7). Ne disons pas qu’elles sont « réactionnaires », le terme peut être interprété de façon négative, elles sont « traditionalistes ».
SOURCES
Les sources anglaises et à fortiori françaises sont inexistantes, elles sont toutes en thaï.
Citons :
https://www.baanjomyut.com/library_2/proletarian_revolt/02.html
http://www.phusing.com/?name=knowledge&file=readknowledge&id=528
L’article est d’un universitaire de l’Université de Khonkaen Suwit Thirasawat (สุวิทย์ ธีรศาสวัต) et extrait du premier volume d’une Encyclopédie de la culture thaï dans le nord-est qui en compte trois (แหนังสือสารานุกรมวัฒนธรรมไทย ภาคอีสาน เล่ม) qui date de 2011 et que nous n’avons pu consulter.
https://www.silpa-mag.com/history/article_8986
La page : https://isaanrecord.com/2017/08/29/sila-wongsin-subaltern-phibun/
est consacrée à la dernière rébellion de Sila Wongsin en Isan
NOTES
(1) Voir notre article 140 « La Résistance à la réforme administrative du Roi Chulalongkorn. La révolte des "Saints" » :
(2) Voir notre article A 304 « VERS UNE RENAISSANCE DE L’ANCIENNE ECRITURE ISAN ? »
(3) Voir notre article A 196 – « LES PEINTURES MURALES, L’ÂME DES TEMPLES DU COEUR DE L’ISAN » :
(4) Voir l’article de Boonyong Kettate « The Ancestral Spirit Forest (Don Pu Ta) and the Role Behavior of Elders (Thao Cham) in Northeastern Thailand » in Journal of the Siam Society, n° 88.1 & 2 (2000) pp.96-110).
La croyance en l’existence d’une âme dans les arbres appartient à toutes les civilisations traditionnelles. Le paganisme antique connaissait l'hamadryade, sorte d'incarnation semi-humaine, semi-divine, attachée à l'existence de chaque arbre. On ne pouvait abattre un arbre sans respecter un rituel. L’un d’entre nous a connu au début des années 50, ce n’est pas si loin, des bûcherons piémontais qui venaient dans les Alpes procéder à des coupes et qui, avant de frapper de leur cognée, demandaient pardon à l’arbre.
(5) On constate non sans intérêt que dans les motifs qui ont conduit les habitants de l’Isan à entrer beaucoup plus tard en révolte armée sous la bannière communiste, les exactions des usuriers chinois actifs à Bangkok est totalement absente ici. Voir nos deux articles :
H 28 – « LA GUÉRILLA COMMUNISTE DANS LE NORD-EST DE LA THAÏLANDE (ISAN) DU 7 AOÛT 1965 AU 23 AVRIL 1980 - PREMIÈRE PARTIE ».
http://Mecklembourg-Poméranie-Occidentale/2018/12/h-28-la-guerilla-communiste-dans-le-nord-est-de-la-thailande-isan-du-7-aout-1965-au-23-avril-1980-premiere-partie-4.html
H 29 – « LA GUÉRILLA COMMUNISTE DANS LE NORD-EST DE LA THAÏLANDE (ISAN) DU 7 AOÛT 1965 AU 23 AVRIL 1980. LA FIN ».
http://www.alainbernardenthailande.com/2019/01/h-29-la-guerilla-communiste-dans-le-nord-est-de-la-thailande-isan-du-7-aout-1965-au-23-avril-1980.la-fin.html
(6) Nous en connaissons plusieurs dont la première est antérieure à l’avènement de la présente dynastie.
La première date du règne de Phetracha (พระเพทราชา) connue sous le nom de kabot bunkwang (กบฏบุญกว้าง) sous la direction du dit Kwang en 1699. Elle éclata à Nakhonrachasima (นครราชสีมา) et semble avoir été noyée dans le sang ? Nous en savons peu de choses et en ignorons les motifs, probablement réaction d’une province excentrée contre le pouvoir central alors à Ayuthaya (ศรีอยุธยา).
Elle est suivie en 1791, sous le premier règne de la dynastie, de la révolte de Ai Chiangkaew (กบฏเชียงแก้ว) et se déroule dans le Champassak (จำปาศักดิ์) qui n’est plus présentement province thaïe. Ce fut probablement un mouvement de dissidence noyé dans le sang.
La troisième intervient sous le second règne, en 1817, Kabot Sakiatngong (กบฏสาเกียดโง้ง) et se produisit également dans le Champassak sous la direction du saint Sakiatngong.
La suivante frappe le règne de Rama V, Kabot Sambok (กบฏสามโบก) en 1901 -1902. Nous n’en savons rien.
La suivante, la cinquième, la révolte des saints de l’Isan, Kabot Phumibun Isan (กบฏผู้มีบุญอีสาน) se déroule à la même époque. Elle est probablement à rattacher avec la précédente aux rébellions suscitées par les réformes de Rama V (1).
Sous le sixième règne intervient en 1925 la sixième révolte connue sous le nom de Kabot nongmakkaeo (กบฏหนองหมากแก้ว) dans le village de Nongmakkaeo (บ้านหนองหมากแก้ว) dans le sous district de Puan Phu, le district de Phukradueng dans la province de Loei (ตำบลปวนพุ - อำเภอภูกระดึง – จังหวัดเลย).Ce fut là une révolte paysanne armée qui déborda sur les provinces voisines de Phetchabun, Lomsak, Phitsanulok et Chaiyaphum (เพชรบูรณ์ - หล่มสัก - พิษณุโลก – ชัยภูมิ) et probablement noyée dans le sang ?
La septième, Kabot Molam Noichada (กบฏหมอลำน้อยชาดา) date de 1936 et éclate à Mahasarakham. Son initiateur, le musicien Noichada agite les mêmes arguments que Sopa Phontri, rejet de l’école et de la fiscalité. Ses animateurs finirent en prison eux-aussi.
La huitième, Kabot Molam Sophaphontri (กบฏหมอลำโสภา พลตรี) est la nôtre.
En 1959 enfin intervint celle de Sila Wingsing sous le neuvième règne dans le district de Chokchai, province de Nakhonrachasima (อำเภอโชคชัย จังหวัด -นครราชสีมา) qui se termina par l’exécution du « saint » son meneur.
(7) C’est assez singulièrement une position du Félibrige provençal en rébellion purement intellectuelle contre le pouvoir central jacobin dont l’un des animateurs disait « Ame moun vilage mai que toun vilage, ame ma Prouvènço mai que ta prouvinço, ame la Franço mai que tout » (« j'aime mon village plus que ton village, j'aime ma Provence plus que ta province, j'aime la France plus que tout »). Il faut aimer son petit pays pour aimer le grand ! C’est une position que le gouvernement de Vichy répandit dans les années 40 sans succès il est vrai dans les territoires et colonies de l’Indochine française !
Tract diffusé au Laos, au Cambodge et en Indochine dans les années 40 :