Le Bouddha d’émeraude, lit-on partout, est le Palladium du Siam. Ce vocable rappelle la statue de la déesse Pallas tombée du ciel et gage de la conservation de la ville de Troie (1).
La statue est pour les Thaïs Phra kaeomorakot ce qui signifie tout simplement Bouddha d’émeraude (พระแก้วมรกต) ou plus cérémonieusement Phuta Mahamanirattanapatimakon (พุทธมหามณีรัตนปฏิมากร), la « grande sculpture précieuse de Bouddha ». Son nom entre dans celui, officiel, de la capitale comme « précieux joyau » (2). Nous l’avons probablement tous admiré de loin mais sans pouvoir la photographier, vêtue de ses atours de saison dans la chapelle du temple du palais royal qui porte son nom, Wat phrakaeo.
Citons quelques descriptions anciennes de voyageurs curieux :
En 1894, Lucien Fournerau, géographe, archéologue et explorateur nous donne une description un peu cavalière de ce « bibelot » qu’il a visité en 1891 :
« …Enfin, comme point extrême de l’autel, la célèbre figurine de Bouddha, taillé dans un émeraude, préside à l’olympe siamois. Cet objet fut pris en l’an 1777 de notre ère par le roi Phaya Tack dans la capitale du Laos, Vieng-Chan et rapporté dans cette pagode à laquelle il donna le nom de Phra Khéo. Cette petite merveille dont tous les voyageurs ont parlé a pour principal défaut de n’être pas en émeraude ; elle est en jade ce qui n’en fait pas moins un assez joli bibelot » (3).
Nous avons rencontré Isabelle Massieu, un « bas bleu » dont il est de bon ton de dire qu’elle fut une intrépide voyageuse (4). En 1901, elle nous décrit le Bouddha d’émeraude comme suit :
« Le Wat Phrakéo renferme des trésors infinis. Un grand nombre de bouddhas assis ou debout sont en or massif, resplendissants de pierres précieuses. Ils proviennent, paraît-il, de l'ancienne capitale du Laos, la superbe Vien-Chan ou Vien-Tian, sur le Mékong. Les Siamois la détruisirent de fond en comble en 1829, après lui avoir dérobé ses richesses, parmi lesquelles se trouvait le fameux palladium, le Bouddha en émeraude, le Phra-Kéo, qui, en réalité, est en jade. L'idole est juchée sur un amoncellement d'autels superposés et mesure 0m25 de hauteur ».
Ceci établit à tout le moins que notre « aventurière » n’a pas vu ce qu’elle décrit et que ses notions de l’histoire du Siam sont balbutiantes. Mais elle lance une réflexion qui a son importance :
« Depuis que les événements de 1893 ont donné Vien-Tian à la France, les Siamois craignent de voir cette effigie déserter leur capitale pour retourner au Laos. Ils y font bonne garde, car sa disparition serait la fin de la domination siamoise » (5).
L’idée d’attribuer ce monument au patrimoine colonial de la France est reprise par Claudius Madrolle en 1902 « Ce fétiche, que la France serait en droit de réclamer puisqu'il provient de pillages sur la rive gauche du Mé-kong, est un précieux talisman pour les asiatiques : sa possession assure, d'après eux, la puissance et l'opulence » (6). Ne lui reprochons pas ces délires du parti colonial, ils sont de son temps, mais il a l’immense mérite d’avoir rédigé le premier guide touristique de la région qui, les prix mis à part, a toujours sa valeur !
En 1904, une autre voyageuse, Cäcilie von Rodt (Cécile de Rodt) nous en parle aussi de façon plus enthousiaste (7) :
« Le centre de ce parc auquel de beaux arbres, des fleurs des tropiques, des étangs couverts de lotus prêtent un charme tout poétique est occupé par le grand wat où trône un Bouddha d'émeraude. C'est celui que le souverain vient implorer. Le toit revêtu de mosaïques brillant comme de l'or aux rayons du soleil dresse ses trois faîtes superposés garnis de flammes au-dessus d'une cella de style grec entourée de colonnades. De hautes marches conduisent aux deux portes noires incrustées d'or entre lesquelles siège le maître du lieu. Des fresques trop chargées décorent les murailles; les chasses, les processions, les batailles, les fêtes se succèdent sans perspective, mais frappent par leurs couleurs vives et harmonieuses. Très haut, au-dessus d'un autel, on entrevoit vaguement dans la pénombre, une figure de jade vert dont la tête est formée d'une seule pierre précieuse; c'est le Bouddha d'émeraude. Un demi-jour mystérieux flotte autour du dieu à peine visible sous l'amoncellement de ses vêtements d'or. Soulevées par la main d'un prêtre, les lourdes draperies qui interceptaient la lumière s'écartent, et le sanctuaire est inondé d'un flot de rayons dorés. Il en tombe un sur l'image du dieu qui se détache, lumineuse; Bouddha, serein et majestueux, sort de l'ombre et semble s'avancer pour bénir les fidèles groupés à ses pieds ».
Paul Le Boulanger en 1930 nous dit peu de choses de « cet insigne de la puissance et du commandement » qu’il nous le décrit comme « taillé dans un bloc de jaspe verte » (8).
Signalons enfin sur un point précis une monographie récente (1996) d’un érudit laotien « La statue du Bouddha fut finalement taillée en émeraude. Parfaitement fabriquée, elle ne laissait voir aucun défaut » (9).
Mais notre Bouddha eut au siècle précédent deux observateurs privilégiés, Monseigneur Pallegoix et Sir John Bowring, tous deux ayant vécu, le premier beaucoup plus que le second, dans l’intimité du roi Mongkut. Pour Monseigneur Pallegoix qui écrit en 1854, il ne s’agit évidemment que d’une « idole » mais « faite d’une seule émeraude d’une coudée de haut, évaluée par les Anglais à 200.000 piastres (plus d’un million) » (10). On ne sait quelle coudée utilise Monseigneur Pallegoix, celle-ci variant selon les régions, admettons 60 centimètres environ. La statuette, bien que nul ne soit jamais allé prendre ses mesures, est de 66 centimètres (26 pouces) sur environ 48 centimètres (19 pouces) bien que certains (Wikipédia) parlent de 76,20 centimètres et d’autres de 75. Nous sommes toutefois loin des 25 centimètres de Madame Massieu !
Le prélat ne nous donne malheureusement aucune autre précision. Quand il parle d’émeraude (มรกต morakot),
on peut penser, rédacteur de la première grammaire siamoise et du premier dictionnaire significatif, qu’il fait la différence entre cette pierre, le jade (yok หยก)
et le jaspe (anmani อัญมณี) (11).
Sir John Bowring n’a pas eu avec le roi Mongkut les rapports privilégiés et amicaux de l’Evêque. Il excipe toutefois en 1857 d’une correspondance que lui a ou lui aurait adressée le roi en 1854 selon laquelle la statuette serait en jaspe venu de Chine, dressée sur un piédestal de 34 pieds 23 quarts de pouce (un peu plus de 10 mètres ce qui correspond à la réalité) faisant bon marché en outre de l’histoire légendaire de la statuette. (12).
Nous devons la description des vêtements à Robert Lingat dans sa remarquable étude sur laquelle nous reviendrons (13). Ce vêtement est changé au début de chaque saison, le premier jour de la lune décroissante, les 4ème, 8ème et 12ème mois c’est-à-dire mars, juillet et novembre au cours de cérémonies que nous décrit longuement Robert Lingat.
C’est au roi seul qu’il appartient de dévêtir, dépoussiérer puis revêtir la statue.
Ces dernières années, c’est le prince héritier qui en fut chargé, ce qui lui confère, soit dit en passant, une incontestable légitimité.
Cette pratique des « Bouddhas parés » serait d’ailleurs d’origine spécifiquement indienne ce qui nous conduit à nous pencher sur les origines de la statuette (14).
Les origines légendaires
Nous n’en dirons que quelques mots. La statuette a fait l’objet de trois communications remarquables de notre ami du site « Merveilleuse Chaing-maï » (15), c’est assurément à ce jour la meilleure analyse sur le sujet, même si l’auteur est parfois (à notre goût) quelque peu iconoclaste.
Les textes anciens ont été étudiés par Lingat (13).
Le Rattanaphimphuang ou Ratanabimbavangsa (รัตนพิมพวงศ์) qui a été édité en 1913 par les soins de la Bibliothèque Vajirana (วชิรญาณ).
Elle est l’œuvre d’un moine nommé Phromratpanya (พรหมราชปัญญา) et daterait de la seconde moitié du XVème siècle. Une autre chronique appelée Jinakalamalini (ชิกาลมาลินี) écrite en Pali au début du XVIème par un moine nommé Ratana Panyayana รัตนปัญญาณ a été publiée à Bangkok en 1908 et traduite par Coédès (16).
Un troisième récit, Amarakata buddharupanidana (พระพุทธรูปพมรกตนิทาน) est un manuscrit birman du XVème écrite en pali et en langue du Lanna (yuôn) traduit par Camille Notton, le remarquable érudit consul de France à Chiangmaï a publié en 1932 « The chronicle of the Emerald Buddha » (17).
C’est un manuscrit sur feuilles de palmier trouvé à Chiangmaï qui ne renferme aucune indication sur le nom de l'auteur ni sur la date à laquelle il a été composé. Toutes ces sources ont été fort doctement analysées par Coédès selon qui les auteurs auraient en réalité reproduit une source « en langue indigène unique » (18).
Nous nous garderons, faute de compétences, d’entrer dans ces querelles érudites tout en relevant que trois sources différentes peuvent relater de mêmes événements relevant d’un lointain passé, transmis par une longue tradition orale (19). Faut-il nier la valeur du texte qui demeurera le meilleur panorama d'une expérience religieuse vécue dans un passé lointain, même s’il subsiste des zones d'ombre ou des mystères ?
Cinq siècles après le passage du Bouddha dans le Nirvana, vivait en Inde un ascète nommé phra Nakhasena (พระนาคเสน) profondément dévoué aux enseignements du Bouddha. Il devint moine dans la ville de Patalibutra dans la région de Bénarès, ville dont les habitants avaient oublié les enseignements de Bouddha.
Sa tristesse devant cette impiété atteint les pentes du mont Meru, le domaine des dieux, et le puissant dieu Indra. Indra et Vishnu descendirent de la montagne pour rejoindre le temple de Nakhasena. En voyant les deux divinités, Nakhasena tomba à genoux. Indra lui demanda de lui expliquer ses soucis. Il lui expliqua que les enseignements de Bouddha devraient être suivis par tous et qu'une image du Bouddha devait être créée afin que tous puissent lui manifester leur respect. L'image de Bouddha pour durer éternellement devait être ciselée dans une pierre précieuse.
« Si je fais une statue du Buddha en or ou en argent, les hommes des temps futurs, qui seront cupides et animés des pires intentions, détruiront cette image ; aussi vais-je employer pour faire la statue une pierre précieuse douée de pouvoirs surnaturels » (20).
Indra chargea Vishnu d'aller rechercher la plus précieuse de toutes les pierres précieuses pour l'image de Bouddha. Indra calma les craintes de Vishnu et l'accompagna dans une montagne peuplée de démons malfaisants gardant leurs trésors avec autant de soin que les rois de Siam gardent leurs éléphants blancs. Il fallait récupérer une pierre assez grande pour y sculpter l’image. Reconnaissant Indra, les démons abandonnèrent leurs armes et Indra et Vishnu furent autorisés à emporter une pierre à la lueur verte lumineuse.
Ils revinrent au temple avec elle. Indra retourna au mont Meru ...
... et Vishnu resta avec Nakhasena, prenant l’apparence d'un sculpteur pour créer l'image du Bouddha, l'image brillante du Bouddha d'émeraude. Il fut placé dans un temple au toit d'or somptueux et attira des milliers de personnes de tous les coins de la terre. Mais suite à une guerre civile dans la ville de Padalibutra et pour la sécurité de la statue, le souverain l’envoya au roi de Lankadvipa (Ceylan) avec l'intention de le faire revenir dans son royaume une fois que les troubles auraient cessé mais l'image resta en Lankadvipa pendant deux siècles pour les uns, quatre pour les autres y assurant la prospérité du bouddhisme.
Commencèrent alors les pérégrinations de la statue,
Pagan, Angkor, Ligor (Nakhonsrithammarat) ou il se retrouvait au Wat Phra Mahathat (วัดพระมหาธาตุวรมหาวิหาร), construit il y a 1700 ans pour l’accueillir à son retour du Cambodge...
...Khampengphet, puis à Chiangraï. C’est la fin de la période légendaire ou pseudo historique (21). Suivra ensuite la période laotienne qui durera jusqu’à la fin de son séjour à Vientiane et la période siamoise qui va de la prise de Vientiane par les siamois jusqu’à nos jours.
C’est à Chiangrai qu’il est redécouvert en 1434 ou 1436 nous passons du mythe à la réalité. Il s’y trouvait à l’intérieur d'un grand stupa qui s’écroule frappé par la foudre.
Un moine remarqua une image de Bouddha recouvert de feuilles d'or sous le stuc émietté. Estimant que l'image était composée de pierre ordinaire, les moines du temple placèrent la statue dans le wihan (sanctuaire) en compagnie de nombreuses autres statues.
Deux ou trois mois plus tard, le plâtre qui recouvrait la statue recouvert de feuilles d'or fut ébréché à la pointe du nez. L’abbé du temple s’aperçut que l'intérieur était fait d'un beau cristal vert et l’ébrécha sur toute sa surface. La statue était faite d'une pierre sans marques ni imperfection. C’était celle de la tradition que l’on croyait perdue à tout jamais. La population de Chiangraï et des environs affluèrent bientôt pour vénérer le Bouddha d'Emeraude. Nous allons le retrouver à Lampang où il resta 30 ans dans un temple toujours appelé wat Phra kaeo ; Puis à Chaigmaï en 1468 pendant 84 ans, puis enfin à Luangpranbang et enfin à Vientiane jusqu’à la prise et au sac de la ville par les siamois de Taksin en 1778.
Celui-ci, de retour dans son pays le plaça dans un bâtiment près de Wat Arun où il resta jusqu’à la mort de Taksin, mis à mort par Chao Phra Chakri, qui à son tour monta sur le trône et prit le titre de Rama Ier. Il déplaça la capitale à travers le Maenam Chao Phra à son emplacement actuel et construisit pour l’accueillir le Wat Phra Keo après sa montée sur le trône en 1782.
En ce qui concerne son passage au Laos, Louis Finot nous donne la traduction d’une chronique laotienne qui doit être citée : « Le Pra Kaeo fut taillé par Viçvakarman, à la demande du thera Nâgasena, de Pâtaliputta, dans une émeraude cédée par les yaksa du mont Vemullapabbata.
Cette statue miraculeuse eut une existence errante : elle passa de Pâtaliputta à Lanka, puis successivement à Indapattha (Cambodge), Ayuthia, Kamphêng Phêt, Lavo, de nouveau à Kamphêng Phêt, Xieng Rai, Xieng Mai, d'où elle fut transportée à Luang Prabang par le roi Jaya Jettha, fils de PôMisarat (1547) ».
Le récit s'arrête à cette date et les destinées ultérieures du Phra Kaeo sont connues, Finot continue : Á peine était-il arrivé à Luang Prabang qu'il fut transporté à Vientiane où il resta jusqu'à la prise de cette ville par les Siamois en 1827 : il fut emporté à Bangkok où il est encore, dans le wat Phra Khaeo (22).
Cette introduction fut longue mais ceux qui souhaitent approfondir ce sujet trouveront tous les textes que nous citons accessibles sans difficultés soit sur le site de la bibliothèque nationale (gallica.bnf.fr) soit, pour les articles du BEFO sur le site www.persée.fr. Notre souci est purement ponctuel et porte sur une triple question, n’ayant pas à notre connaissance pour les deux premières, fait l’objet d’une étude systématique : Quelle est en réalité la date à laquelle la statue a été ciselée, quelle est la pierre dans laquelle elle l’a été et quels sont les pouvoirs charismatiques que lui prêtent toujours les thaïs ?
La date de la statuette ?
Les représentations anthropomorphes de Bouddha ont commencé à apparaître vers le Ier siècle au nord et au nord-ouest de l'Inde. Les deux principaux centres de création étaient Gandhara au Penjab actuel (Pakistan) et Mathura au nord de l'Inde.
La position de la statuette, position de méditation, a existé de tous temps. Nous en avons deux exemples, une statuette de Bouddha ascète en méditation de style Gandhara datée du IIème ou IIème siècle après N.S.J.C au musée de Lahore
et une autre du même style qui se trouve ou se trouvait au musée de Kaboul (23).
Emeraude, jade, jaspe ou jadéite ?
Nous avons relevé que nul n’est jamais allé examiner la statue de façon attentive et scientifique.
Nous en ignorons même les dimensions exactes qui varient selon les sources entre 25 centimètres ou 75 centimètres, la réalité étant probablement d’environ 60. Toute approche, toute photographie sont interdites. La seule photographie que nous avons sans les vêtements d’apparat est celle de l’article de Lingat datée de 1935 en noir et blanc. N’ayant ni l’un ni l’autre de compétences en matière de géologie et encore moins de gemmologie, nous avons posé à deux spécialistes la question suivante : « Peut-on à l’œil différencier un bibelot en émeraude d’un bibelot en jade vert, surtout quand le bibelot est éloigné de plusieurs mètres en éclairage défavorable comme le Bouddha d’émeraude ».
Le premier, bijoutier issu d’une école de gemmologie réputée, nous répond « faribole … Le spécialiste à barbe blanche qui simplement en l’observant à la loupe au grossissement 10 x, va diagnostiquer une gemme sans faiblir ni sourciller, est un charlatan ».
Le second, notre ami géologue et paléontologue Romain Liard ajoute « faribole, of course, ai-je envie de dire. Déjà en l'ayant en main ce n’est pas forcément évident alors à l'œil … ».
Pour Robert Lingat au contraire, bon juriste et bon linguiste assurément mais pas forcément bon gemmologue, il suffit de le regarder pour s’apercevoir qu’il s’agit de jade et non d’émeraude ! Selon lui, on trouve à 80 kilomètres au nord-est de Nan alors en plein pays laotien des pierres très semblables à celle dans laquelle le Bouddha a été taillé dont les habitants font des bagues. Il s’en fit ramener un spécimen par un érudit de ses amis, auteur d’un ouvrage sur la littérature siamoise, Paul Schweisguth dont il déduisit qu’il s’agit d’une variété de quartz plus claire que le Bouddha (25) ?
Il existe des blocs de jade gigantesques il est vrai. Les Chinois auraient découvert dans les années 60 un bloc de Jaspe de 260 tonnes dans lequel aurait été taillé un bouddha géant.
Et pour les émeraudes ? La plus grosse émeraude au monde (381 kilos) a été découverte au Brésil en 2001, 180.000 carats (26) dont la valeur est estimée à plus de 350 millions d’euros ...
Le trésor de la cathédrale Saint-Laurent de Gênes encore contient le Sacro Catino (« la bassine sacrée »), une coupe réputée pour être en émeraude, et avoir été offert par la Reine de Saba à Salomon et avoir servi lors de la Cène, le Saint Graal, présent et connu depuis le XIIème ou le XIIIème siècle. Pendant des siècles, ce précieux objet servit aux autorités de Gênes de garantie pour obtenir des usuriers juifs ou lombards dans les moments de crise des sommes immenses.
Les hordes de Bonaparte s’en emparèrent durant la campagne d'Italie, il fut dérobé à la cathédrale et emmené à Paris en 1809, où il fut étudié par une commission de l'Académie des sciences de l'Institut de France qui conclut qu'il était fait en verre coloré et non pas en émeraude. Il fut alors conservé au cabinet des antiques et restitué en 1815. Il est retourné dans le trésor de la cathédrale et ne paraît pas avoir depuis lors fait l’objet d’analyses serrées. Il plane évidemment un doute, mais entre les savants de Bonaparte dont on ne sait trop bien quels critères ils ont conclu à l’existence d’un cul de bouteille et non d’émeraude et les usuriers levantins qui ont prêté à la république de Gênes des sommes énormes, où situer les compétences sinon chez les joaillers ?
Le rapport de l’Académie des sciences est consternant de légèreté dans la mesure où les auteurs se contentent d’affirmer sans aller plus loin dans l’examen, ni pesée ni examen de densité ni de dureté (« nous croyons devoir borner là notre examen ») que l’existence d’une gemme de cette taille est impossible (le diamètre est de 39,15 centimètres et le périmètre de l’hexagone de 1,21 mètres pour une profondeur intérieure de 12,35 centimètres) alors que le contraire est démontré par les photographies ci-dessus (30). Les plus grosses émeraudes connues d’eux à cette époque, considérées comme énormes, n'excédaient pas 10 à 12 centimètres de longueur sur 3 ou 4 de largeur.
Citons pour le seul plaisir de nos souvenirs d’adolescents l’énorme émeraude taillée en forme de bonbonnière fermée d’un écrou d’or qui servait au Comte de Monte-Cristo à y conserver ses pilules d’opium (31).
Existe-t-il un moyen de déterminer la nature de ce joyau, émeraude, jade ou jaspe, ce sont des pierres précieuses pour la première, semi précieuse pour les autres de nature et de composition chimique fondamentalement différente.
Il existe plusieurs critères, le premier étant la densité de la pierre (32).
Le deuxième critère est l’indice de réfraction (33).
Le troisième est l’indice de dureté de la pierre calculée actuellement sur l’échelle de Mohs (34).
Il existe encore d’autres procédés ou d’autres procédures utilisées par les gemmologues, microscope bien sûr, polariscope, dichroscope, spectroscope, spectrographe de masse, nous entrons dans un domaine qui nous dépasse. Ces examens se dérouleront-ils un jour (35) ?
Il est important de noter qu'aucun chercheur à ce jour n'a jamais pu procéder à un examen attentif de l'image.
Nous avons au moins une certitude, c’est qu’il est impossible d’affirmer péremptoirement que la statuette a été taillée dans une émeraude (venue des mines de Golconde ?) ou dans un bloc de Jade venu des carrières de Birmanie ou de Chine ? Rien non plus ne permet d’affirmer qu’elle a ou qu’elle n’a pas été ciselée bien avant sa découverte ou sa redécouverte sinon miraculeuse du moins accidentelle à Chiangraï au XVème siècle après un oubli de quelques siècles, un grand saut dans le temps sous un camouflage de stuc probablement destiné à lui éviter les pillages ?
La palladium du Siam
Il existe en Thaïlande probablement des dizaines de millions de statues de Bouddha, beaucoup en matériaux précieux dont la valeur vénale peut dépasser celle du Bouddha fut-il en émeraude. Pour quelles raisons tous les monarques de la région ont-ils souhaité le détenir dans leur capitale ? Pour quelles raisons devint-il le symbole du pays indépendamment de son origine divine ? Il tient dans le culte officiel et dans la vénération populaire une place dont nulle autre statue n’a jamais bénéficié.
Il veille sur la nation thaïlandaise et il est plus qu'un butin de bataille, il est censé apporter la légitimité et la prospérité à tous ceux qui la possèdent.
Selon Lingat les raisons en sont purement personnelles : Le Roi Yot Fa de la seconde dynastie lui vouait un culte spécial persuadé de ses pouvoirs surnaturels. Son arrivée à Bangkok a marqué le début et la montée de la dynastie Chakri : Le fondateur de la dynastie considérait comme miraculeux que la statue soit entrée en sa possession si peu de temps avant sa montée sur le trône. L’importance exceptionnelle qu’il y attachait se manifesta dans la place d’honneur qu’il lui attribua dans la chapelle royale et dans le nom qu’il donné à la nouvelle capitale. Il plaça son royaume sous sa protection, elle servait de témoin à la prestation de serment des vassaux et fonctionnaires. Le couronnement doit avoir lieu en sa présence. Elle était transportée dans la salle du palais où il se déroulait. Le roi Mongkut mit fin à cet usage de crainte de dégradations pendant le transport mais elle est alors fictivement reliée au palais par un cordon de coton.
Son parcours fut marqué par plusieurs miracles, ils nous sont contés par Lingat : Le bruit de sa découverte à Chiangraï parvint aux oreilles du roi de Chiangmaï. Celui-ci ordonna de la transférer dans sa capitale. La statue fut placée sur le dos d’un éléphant blanc qui quitta la ville en grand cortège. Tout au long de la route, elle reçut l’hommage des fidèles. Arrivée dans une ville nommée Jayasaka (?) l’éléphant refusa d’aller plus loin et la statue se fit si lourde qu’il s’écroula sur son poids en poussant d’effroyables barrissements. Le roi comprit que la statue refusait de se rendre dans sa capitale et décida d’un tirage au sort qui fut alors favorable à Lampang. Elle ne put rejoindre Chiangmaï qu’en 1481.
Lors de la grande épidémie de choléra de 1820, la statue fut promenée solennellement dans la ville pour conjurer le mal ce à quoi ne parvenaient pas les cérémonies propitiatoires et ce à quoi parvint la procession.
Au début de la seconde guerre mondiale, Phibun le 14 Décembre 1942, signa un accord secret avec les Japonais, promettant d'engager des troupes thaïes en Birmanie. Le traité formel d'alliance entre les deux pays fut signé par Phibun et Tsubokami en face du Bouddha d'émeraude, considéré comme l'objet le plus sacré de la Thaïlande.
Mais le Bouddha sait aussi se venger de ceux qui osent porter la main sur lui. Lingat cite l’anecdote d’un commerçant qui avait eu l’idée saugrenue de mettre en vente des flacons de parfum ayant la forme de la statue, le bouchon étant constitué de la tête de Bouddha qu’il fallait donc décapiter pour déboucher le dit flacon. Peu de temps après, il fut victime d’un accident significatif devant la chapelle du palais royal, une automobile le renversa et il fut décapité.
Pour les chroniqueurs, les pouvoirs surnaturels de la statue y furent incorporés lors de sa fabrication, des « Phi » bénéfiques faisant UN avec la pierre. Nous ne devons pas non plus négliger les pouvoirs surnaturels attachés à la matière elle-même bien qu’elle n’explique pas tout : La littérature relative aux pouvoirs magiques que les Asiatiques (et pas seulement eux) attachent à certaines pierres, émeraude en particulier, est surabondante.
Les origines de la statuette restent légendaires et incertaines tout au moins avant sa découverte au début du XVème siècle, soigneusement camouflée pour éviter les pillages. L’immense renommée de cette découverte laisse à penser que son existence restait présente dans la mémoire des hommes transmise par une longue tradition orale plus que millénaire. Tout le reste n’est que suppositions.
En ce qui concerne la pierre dans laquelle elle a été ciselée par un artiste à l’immense talent nous ne pouvons évidemment pas nous satisfaire d’affirmations péremptoires… de vérités ou de contre-vérités qui ne sont pas un moyen de preuve. Qu’elle ait été taillée dans une énorme émeraude est une possibilité sans être une certitude. Les trésors des grands royaumes d’Asie que l’on admire dans les musées d’Istambul, de Téhéran, des Indes bien sûr, contiennent de somptueuses émeraudes pour la plupart venues des Indes qui en regorgeait dans des mines dont on a perdu jusqu’à la trace, ce qui est d’ailleurs un argument en faveur d’une origine indienne. L’interdiction faite à tout profane autre que le roi de s’en approcher, fut-ce pour les ablutions, qui interdit évidemment une analyse scientifique, ne nous étonne guère : Seul l’archevêque de Laon, duc et pair avait le droit de porter la saint-ampoule et celui de Reims le jour du sacre laquelle fut pendant 1000 ans le palladium de la France.
La question de ses pouvoirs surnaturels est intimement liée en la croyance des Thaïs dans toutes les couches de la population dans des êtres surnaturels, y compris les plus cultivées, dont nous avons longuement parlé (32). La foi peut déplacer des montagnes ! Pendant près de 1000 ans notre palladium fut la Sainte ampoule : seule l’onction de l’huile sacrée qu’elle contenait conférait au roi sa légitimité et le pouvoir miraculeux de guérir les écrouelles le jour du sacre.
Jamais les rois d’Angleterre ne purent s’en emparer.
NOTES
(1) Elle fut enlevée par Ulysse et Diomède qui s’emparèrent de la citadelle qui l’abritait. Tombée du ciel près la tente d’Ilius lorsqu’il bâtissait la cité d’Ilion (Troie), un oracle lui ordonna de lui consacrer un temple déclarant que la ville serait imprenable tant que la statue ne tomberait pas en des mains ennemies. Voilà qui explique l’acharnement des Grecs à s‘emparer du palladium dès qu’ils mirent le siège devant Troie. Les Athéniens conservèrent à leur tour cette statue qui devint le palladium de leur ville.
(2) Ce nom n’est pas, comme on le lit trop souvent, le nom de ville le plus long du monde, mais une périphrase de 32 mots comme Paris est « la ville lumière » ou la Corse « l’île de beauté », l’écriture thaïe ne sépare pas les mots dans la phrase ce qui rends son apprentissage difficile :กรุงเทพมหานคร อมรรัตนโกสินทร์ มหินทรายุธยามหาดิลกภพนพรัตน์ ราชธานีบุรีรมย์ อุดมราชนิเวศน์ มหาสถาน อมรพิมาน อวตารสถิต สักกะทัตติยะ วิษณุกรรมประสิทธิ์ soit en transcription officielle : Krung Thep Maha Nakhon Amon Rattanakosin Mahin Thra Yut Yam Ha Dilok Phop Noppharat Ratchathani Buri Rom Udom Rat Niwet Maha Sathan Amon Phiman Awatan Sathit Sakka That Ti Ya Witsanukam Prasit. Ce nom signifie : « La ville des anges, grande ville, résidence du précieux joyau, ville imprenable du Dieu Indra, grande capitale du monde ciselée de neuf pierres précieuses, ville heureuse, riche dans l’énorme Palais royal pareil à la demeure céleste, règne du dieu réincarné, ville offerte à Indra et construite par Vishnukarn ».
(3) « Le tour du monde » volume LXVIII, 2ème semestre 1894, article « Bangkok ».
(5) Isabelle Massieu « Comment j'ai parcouru l'Indo-Chine : Birmanie, États shans, Siam, Tonkin, Laos » 1901.
(6) Claudius Madrolle « De Marseille à Canton, guide du voyageur, par Cl. Madrolle, publié par le Comité de l'Asie française : Indo-Chine, canal de Suez, Djibouti et Harar, Indes, Ceylan, Siam, Chine méridionale » 1902.
(7) « Voyage d'une Suissesse autour du monde » 1904.
(8) « Histoire du Laos français ».
(9) Duangsay Luangphasy « Histoire du Phra Keo Morakot » Vientiane 1996.
(10) Equivalent probable et approximatif de 3 millions d’euros 2016.
(11) « Description du royaume thaï ou Siam » volume I, 1854.
(12) « The Kingdom and people of Siam », Londres 1857. Ce qui nous fait douter de l’authenticité de la correspondance du roi, c’est tout simplement que celle-ci ne fait aucune référence aux origines quasi miraculeuses de la figurine et que le roi, observateur privilégié, ne fasse pas la différence entre le jade, le jaspe et l’émeraude ? Lorsque Bowring écrit à Londres en 1857, il n’est plus au Siam et ne risque pas d’encourir la colère du monarque qui tient justement tout ou partie de ses pouvoirs charismatiques de la possession de cette statuette. Le mérite toutefois de l’ouvrage de Bowring, qu’il ait ou non « arrangé » la correspondance royale à sa façon, est d’avoir publié une photographie datée de 1857, assurément la première, de la statuette parée de tous ses atours et coloriée par ses soins. La qualité n’est malheureusement pas au rendez-vous.
On peut aussi supposer que le monarque, connaissant la légendaire cupidité des Britanniques qui pillaient systématiquement les trésors des potentats indous, célèbres pour l’énormité de leurs joyaux, a délibérément induit l’anglais en erreur pour éviter que ce pillage n’atteigne son royaume alors qu’il avait probablement une grande confiance en l’évêque qui était son ami ? Les Indiens sont conscients de ces pillages « Rapatrier le fabuleux et légendaire Koh-i-Noor, diamant de 105 carats... qui orne une couronne fabriquée pour la mère de la reine Elizabeth II d'Angleterre: tel est le projet de personnalités du spectacle et des affaires en Inde qui entendent porter l'affaire devant la justice. Stars de Bollywood et hommes d'affaires se sont regroupés pour demander à des avocats de lancer une action en justice devant la Haute Cour de Londres », Voir Le Figaro du 9 novembre 2015 et The Independent de la veille.
(13) « Le culte du Bouddha d’émeraude » in journal de la Siam society, volume XXVII de 1935, pages 8-38.
Celui de la saison chaude et celui de la saison des pluies sont antérieurs à la présente dynastie et ont été offerts par Phra Phuttha Yot Fa qui régna de 1546 à 1548. Celui de la saison froide, est beaucoup plus récent, offert par Phra Nang Klao (Rama III) qui régna de 1824 à 1851. Le vêtement de la saison chaude est une parure, collier, pendentif, sautoir, bracelet, ceinture, épaulières, genouillères, bijoux d’or, diamants et pierres précieuses, la tête recouverte d’une couronne pointue semblable à la couronne royale en or, sertie de pierres précieuses à la pointe ornée d’un gros diamant. C’est le costume d’apparat. Pendant la saison des pluies, la statue est habillée plus sobrement, à la manière des bonzes. Le vêtement consiste en une plaque d’or portant des dessins en relief ornée de rubis, le tout laissant l’épaule et le bras droit découverts. La tête est coiffée d’une perruque d’or émaillée de couleur bleue. Chacune des spirales figurant les boucles des cheveux est sertie d’un saphir. La flamme qui pointe sur le somme de la tête est faite d’or recouverts de divers émaux colorés. Le vêtement de la saison froide est un « simple » filet de perles d’or posée sur les épaules avec la même coiffure que pour la saison des pluies.
(14) Voir l’article de Paul Mus « Etudes indiennes et indochinoises » In : Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 28 N°1, 1928. pp. 153 s. « LE BUDDHA PARÉ : SON ORIGINE INDIENNE. ÇÂKTAMUNI DANS LE MAHÀYÀNISME MOYEN ».
(15) http://www.merveilleusechiang-mai.com/bouddha-daemeraude-le-13 http://www.merveilleusechiang-mai.com/bouddha-daemeraude-le-23 http://www.merveilleusechiang-mai.com/bouddha-daemeraude-le-33
(16) Georges Coedès « Documents sur l'histoire politique et religieuse du Laos occidental ». In : Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient, tome 25, 1925. pp. 1-201.
(17) « The Chronicle of the Emerald Buddha » Bangkok Times Press, 1932 et un article de Linat « Notton : The Chronicle of the Emerald Buddha » In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient, Tome 32, 1932. pp. 526-530;
(18) « Note sur les ouvrages palis composés en pays thaï » In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient, tome 15, 1915. pp. 39-46.
(19) Trois évangiles évènementiels, Saints Marc, Mathieu et Luc, écrivent sous une forme et dans un style différents, les mêmes événements, nul ne songe à parler d’une source unique ?
(20) Traduction de Coedès « Documents sur l'histoire politique et religieuse du Laos occidental » In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 25, 1925. pp. 1-201;
(21) Sur ces pérégrinations voir en particulier François Lagirarde « Un pèlerinage bouddhique au Lanna entre le XVIe et le XVIIe siècle d'après le Khlong Nirat Hariphunchai »in Aséanie 14, 2004. pp. 69-107.
(22) Louis Finot « Recherches sur la littérature laotienne » In : Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 17, 1917. pp. 1-218; Un article du site « MerveilleuseChiangmaï » (15) évoque l’hypothétique possibilité d’un retour de la statue à Vientiane entre 1787 et 1828 ?
(23) Voir le site des amis du Musée Cernuschi « le Musée des arts de la ville de Paris » qui ne le cède qu’au musée Guimet :
(24) http://www.buddha-images.com/chiangsaen.asp
(25) Relevons simplement que lorsqu’un vénérable moine en 1987, Phra Wiriya décida après une vision céleste de faire tailler un Bouddha dans l’un des matériaux les plus précieux, le jade, il dut faire venir le bloc d’une mine du Canada et les artistes de Carrare. La statue se trouve au wat Thammamongkon (วัด ธรรมมงคล) à Bangkok.Source : http://pierres-cristaux-mineraux.over-blog.org/article-le-bouddha-de-jade-de-wat-dhammamongkol-bangkok-thailande-56683574.html
(26) http://www.natgeotv.com/fr/emeraude-plus-grande-monde/description
(28) http://www.geoforum.fr/topic/22540-la-plus-grosse-emeraude-au-monde/
(29) « Description de l'Egypte ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Egypte pendant l'expédition de l’armée française », tome IV à Paris en 1821.
(30) G. Hagemans « Notices archéologiques et description raisonnée de quelques monuments de haute antiquité : un cabinet d'amateur », Paris 1865 – Bossi « Observations sur le vase que l’on conservait à Gênes sous le nom de sacro catino », Turin 1807 – « Procès-verbaux des séances de l‘académie des sciences », tome III, Paris 1804-1807.
(31) Alexandre Dumas « le Comte de Monte-cristo », chapitre XL.
(32) La densité varie de 2,67 à 2,78 pour l’émeraude, de 3,30 à 3,38 pour le jade et de 2,58 à 2,91 pour le jaspe. La densité, c’est le poids d’un centimètre cube par rapport à un volume d’eau équivalent. Elle est facile à déterminer, il suffit de peser la pierre, c’est l’affaire d’une balance de précision, ensuite de la plonger dans un récipient gradué d’eau pure dont la densité est de 1 à 4 degrés et de trouver le volume d’eau déplacé. C’est de la physique élémentaire mais on conçoit difficilement une pesée de la statue (passe encore) et surtout sa plongée dans une quelconque lessiveuse graduée. Comme il peut y avoir coïncidence entre la densité de l’émeraude et celle du jaspe, ce ne sera qu’une première étape.
(33) Lorsque le rayon lumineux quitte le milieu naturel (l’air) pour pénétrer dans un autre (eau, diamant, émeraude) il subit une légère déviation, le rayon lumineux entre sous un angle et sort sous un angle différent. Il joue un rôle décisif dans le processus d’identification des pierres gemmes. Il permet d’en mesurer la brillance. Il y a une échelle d’identification, celui de l‘émeraude varie de 1,565 à 1,602, le jade de 1,652 à 1,688 et celui du jaspe est de 1,54. Il n’y a plus de confusion possible. Comme nous ne sommes plus au temps de l’optique de Descartes, cet indice se mesure facilement à l’aide d’un appareil appelé réfractomètre.
(34) Mohs est un minéralogiste viennois du 19ème siècle. L’indice qui porte son nom indique la capacité d’une pierre gemme à résister aux rayures sur sa surface. La dureté s’évalue sur une échelle de 1 à 10, 10 correspond à la dureté la plus forte (diamant) et 1 à la dureté la plus faible (talc). Les degrés de dureté dépendent du minéral choisi. Il ne s’agit donc pas d’une échelle relative, mais bien d’une échelle comparative. Le matériau naturel le plus dur est le diamant, suivi du corindon (rubis et saphir) et de la topaze. Celle de l‘émeraude varie de 7,5 à 8, celle du jade et du jaspe de 6,5 à 7. Pour mesurer la dureté, il faudrait, en principe, disposer d'au moins un échantillon de chacun des dix minéraux de l'échelle de Mohs, ce qui n'est pas forcément très pratique, et, surtout, pas très facile, puisque tout le monde ne peut pas se procurer facilement un échantillon de diamant. Mais le corindon, le numéro neuf sur cette échelle, est le deuxième minéral le plus dur sur terre : il n'existe aucun minéral dont la dureté soit comprise entre 9 et 10, c'est-à-dire un minéral capable de rayer le corindon, et d'être rayé par le diamant : si un minéral raye le corindon, c'est forcément un diamant, et cela ne peut rien être d'autre. Le diamant n'est donc pas absolument nécessaire pour mesurer la dureté d'un minéral. Il existe aussi des pointes de métal numérotées créées spécialement pour cela : chacune a une dureté égale à l’un des minéraux de l'échelle de Mohs. Elles sont très pratiques pour mesurer la dureté, surtout quand le scientifique travaille sur le terrain.
(35) Voir parmi d’autres sites : http://www.juwelo.fr/guide-des-pierres/faits-et-chiffres/
(32) Voir notre article 151 « En Thaïlande, nous vivons au milieu des « Phi ».
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