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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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Pourquoi ce blog ?

  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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Merci d’être venu consulter ce blog. Si vous avez besoin de renseignements ou des informations à nous communiquer vous pouvez nous joindre sur alainbenardenthailande@gmail.com

18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 03:02

sakdina1La sakdina ?  

 

Vous pouvez lire chez différents auteurs qui traitent cette période, que le roi Boromtrailok (1448- 1488) avait  commencé son règne en introduisant d’importantes réformes dans l’organisation de son « royaume », notamment en établissant des titres correspondant à un niveau hiérarchique et à une fonction et en attribuant à chacun un nombre correspondant de sakdina. Mais en fait, les Chroniques royales d’Ayutthaya n’ évoquent qu’une promotion effectuée par le roi Boromtrailok : « Le chef des armées est nommé « Chief minister Prah Kalahom », le chef de l’Administration devient « chief minister Nayok, Khun Muang devient Phra Nakhon Banmuang, Khun Wang devient Phra Thammathikon , Khun Na devient Prah Kaset, Khun Klang Phrah Kosathibodi. Chacun se voit attribué 10 000 sakdina. »

 

Par contre, les chroniques n’expliquent pas du tout ce que pouvait représenter une sakdina.

 

  • Un excellent article* de NGUYỄN THẾ ANH, intitulé « La féodalité en Asie du Sud –Est » répond à beaucoup de nos questions.

 

« Au Siam, la sakdina, octroi de lots de terre aux XIVe-XVIIe siècles selon la fonction assumée par une personne, semble incarner si parfaitement les principes du système de répartition que les auteurs thaïlandais contemporains trouvent ce terme commode pour rendre la notion de « féodalisme »**. Il s’agit d’un système de grades (le terme peut se décomposer en sakdi « pouvoir » et na « rizières »), d’après lequel chaque homme peut détenir une quantité de terre variable suivant son statut.

Le chiffre indiqué comme sakdina recouvrait, d’après H.G. Quaritch Wales***, la superficie en rai – mesure de surface équivalente à 1 600 m² –


rai

 

qu’un vassal tenait de son seigneur. Cela permettait de déterminer le nombre de clients qu’un patron pouvait mettre à la disposition du service gouvernemental régi par tout un système de corvées civiles et militaires. En supposant que chacun de ses clients possédait 25 rai, un patron du grade 400 en sakdina contrôlait 16 hommes, tandis qu’un ministre du grade 10 000 en sakdina contrôlait 400 clients. »

 

  • Olivier Ferrari et Narumon Hinshiranan Arunotai, in Thaïlande contemporaine****expliquent le système des sakdina 

 

thaicontemp g

 

"comme un système « qui régulait le droit foncier et les relations hiérarchiques en conférant à chacun un grade et une place dans la société. Les sakdina étaient des grades basés sur la surface de terrain sur laquelle une personne exerçait théoriquement son contrôle. Elles variaient entre cinq raï (1600 m2) pour les « dépendants » (that) et un nombre potentiellement infini pour le roi, lequel était censé détenir les droits sur tout le territoire contrôlé par lui et ses vassaux. En réalité, il est plus probable que ces grades correspondaient plus au nombre de personnes sous la dépendance d’un noble qu’à la surface de terrain qu’il contrôlait, une personne correspondant à 25 rai. Les personnes de sakdina 400 rai constituaient la classe officielle, dont les membres ne devaient pas tirer leur subsistance du labeur direct ».

 

La sakdina est donc :

 

  • un système qui régule le système foncier
  • un système hiérarchique qui attribue un rang, un grade donnant droit à une surface donnée et un nombre de paysans (Phraï ou hommes libres et That ou esclaves) correspondant.


esclaves

 

  •  un système « politique » qui permet de s’attacher les guerriers valeureux, méritants ou de « punir » les hommes ayant failli ou « dangereux » …………

 

 La sakdina est un des moyens qui permet au chef du muang d’assurer son pouvoir en gérant : son territoire (son foncier), son « pouvoir économique », « ses subordonnées », de répondre aux « exigences « impôts et corvées) du muang supérieur. Elle constitue l’un des moyens d’organisation et d’exercice du pouvoir, avec les mariages les alliances, les « vassalisations » et les guerres …

 

  • Le roi à  Ayutthaya, est  en sa qualité de devarâja, le dieu-roi hérité de la tradition khmère, le « Seigneur de la Vie » (Chao Chiwit), 


djao chiwit


  • et commande en principe à tous les êtres, humains et autres, du royaume. Il est  aussi Chao Phendin, « le Maître de la Terre ». Autrement dit,  la terre du royaume appartient au souverain, et ses sujets qui l’exploitent n’en ont que l’usufruit. Le souverain  dispose donc  en maître absolu des biens fonciers, de son droit d’octroyer ou de confisquer les terres, de son droit de percevoir l’impôt sur toutes les terres. Il incarne l’Etat. 

 

  • L'aristocratie (des Chao et Naï) ne tirent leur pouvoir que par délégation.  

La fonction primordiale de l’administration provinciale est de percevoir les redevances dues par les paysans et de les mobiliser pour les corvées et pour la guerre.

Deux qualifications sont essentielles pour pouvoir occuper les charges de gouverneur de province ou de chef de district. D’abord, parce que leurs pères ou d’autres parents ont déjà rempli les mêmes fonctions avant eux, et parce que leurs oncles et cousins occupent aussi des postes mineurs dans la province, ces administrateurs régionaux possèdent un réseau de relations familiales et un ensemble de protégés ou de clients dont ils ont hérité en tant que patrons; le gouvernement central ne peut donc ignorer leur position à l’intérieur de la hiérarchie locale. (NGUYỄN THẾ ANH)

  • Les paysans. 

Ceux-ci se divisent en Phraï ou hommes libres soumis à la corvée et attachés à un patron (Naï ou Chao) auquel ils doivent cadeaux et prestations en échange de sa protection, et en That ou esclaves,

 

sakdina2

 

à la disposition de leur maître (Naï ou Chao) mais pouvant avoir leurs propres terres et même racheter leur liberté. Les Phrai, soumis à une sorte de servage, ont la liberté de changer de patron. Il n'y a pas de propriété privée de la terre mais seulement une possession toujours révocable. (Cf. Michel Bruneau  ***** http://www.alainbernardenthailande.com/article-15-le-muang-selon-michel-bruneau-99865623.html   )

Il possède de plein droit le produit de la récolte qu’il a obtenue par son travail. En échange, il doit s’acquitter des « taxes royales » et des « services dus au roi ».

En pratique, les paysans travaillent trois ou quatre mois par an pour le roi et/ou pour le gouverneur, et/ou le seigneur local (creuser des canaux, construire des bâtiments ou des routes, ou accompagner une expédition militaire sur une longue période.)

« Au Siam, c’est de façon générale un personnage local (nai), auquel le contrôle sur un certain nombre d’hommes a été accordé en rémunération de sa charge, qui profite du travail de ces corvéables. » (NGUYỄN THẾ ANH citant  Jeremias van Vliet, The short history of the kings of Siam, trad. Leonard Andaya. Bangkok, 1975. ) 

 

  • Mais le plus souvent les unités politiques majeures, müang, sont quasi autonomes, et gouvernées par des familles princières héréditaires

L’indépendance des müang s’accroît naturellement avec la distance par rapport au centre : bien qu’un édit (1468 ou 1469) ait proclamé que vingt « rois » rendent hommage à Ayutthaya, l’emprise du souverain n’est que relative sur les Etats tributaires éloignés dans la péninsule malaise, tels que Pahang, Kelantan, Trengganu et Pattani. Ceux-ci se conduisent pratiquement en Etats indépendants; aussi longtemps qu’ils envoient régulièrement des présents appropriés à Ayutthaya, le souverain n’interfère pas dans leurs affaires. Les identités régionales prennent forme et s’animent ainsi au niveau du müang.  (NGUYỄN THẾ ANH)

 

                                               --------------------------------------

Autrement dit, il est plus aisé de donner une hiérarchie théorique, un modèle, que de rendre-compte réellement de l’histoire de ces muang, surtout que dans les Chroniques royales d’Ayutthaya le roi Boromtrailok ne distribue que 60 000 sakdina (pour  6 personnes).

 

Si l’on en juge par les mesures données par H.G. Quaritch Wales,


quaritch wales

 

le roi accordant 6 fois 10  000 sakdina, n’aurait de fait octroyé que 6 fois 10 000 raïs. Ce qui fait peu pour le royaume d’Ayutthaya, non ?

Ne connaissant pas le nombre de sakdina, on ne peut dire le nombre de sujets. Or, on sait, que contrairement à l’Occident, le Pouvoir ne se mesure pas à la surface du Territoire mais au nombre d’hommes que l’on a sous son Autorité . Le Pouvoir a besoin de bras, de travailleurs pour défricher, augmenter le nombre de rizières. Le but des guerres n’est pas de conquérir des nouveaux territoires mais de faire des prisonniers pour mettre en valeur de nouvelles terres............. afin de créer des nouvelles sakdina.

 

 

 __________________________________________________________________________________

 

*

In Les féodalités, editors Jean-Pierre Poly, and Éric Bournazel (Paris: Presses Universitaires de France, 1998). Part of the series Histoire générale des systèmes politiques

Cérémonie-de-lhommage-2 

 

** Cf. Craig J. Reynolds, Thai Radical Discourse: The Real Face of Thai Feudalism Today. Ithaca, Southeast Asia Program, Cornell Univ., 1987, 186 p., qui est la traduction d’une étude du radical thai Cit Phumisak, « Chomna khong sakdina Thai nai patcuban ».

 

*** Ancient Siamese Government and Administration. Londres, 1934, p. 49-50.

 

 

Féodalité. Encyclopædia Universalis. Paris, 1984, t. 7, p.874.

Dans l'histoire de la civilisation de l'Europe occidentale, la féodalité représente un moment particulier qui se caractérise par la dissolution de l'autorité publique ; elle répond à un état de la société et de l'économie fondé sur l'exploitation de la paysannerie par l'aristocratie dans le cadre de la seigneurie. À partir du ixe siècle, les relations de patronage et de dévouement personnel, qui s'étaient développées dans le privé, se sont introduites progressivement dans les structures de l'État. L'affaiblissement de la royauté en fit peu à peu la seule armature des rapports politiques. Le pouvoir de commander, de punir et de taxer les gens du commun se répartit entre de petites cellules autonomes construites autour des châteaux. Parmi les membres de l'aristocratie, l'engagement vassalique et la concession du fief servirent de cadre aux liens de subordination.

L'hommage et le serment de fidélité instituent entre le vassal et son seigneur des devoirs honorables et réciproques de non-agression et d'assistance, peu différents de ceux que déterminent entre parents les liens du sang. Le lien réunit les deux hommes leur vie durant, sauf manquement de la part de l'un ou de l'autre à ses obligations. Pour mériter le fief dont il a reçu la jouissance lors de la prestation de l'hommage, le vassal est astreint à des services, plus nettement positifs, d'aide et de conseil. Mais le réseau des clientèles demeura longtemps discontinu, et la place prépondérante qu'occupa le fief à partir du xie siècle dans la relation féodo-vassalique contribua à l'affaiblissement du lien affectif. Aussi, les institutions féodales ne parvinrent-elles pas à dégager de la violence et de l'anarchie la société aristocratique, malgré les efforts déployés par l'Église, qui s'était elle-même féodalisée, pour établir la « paix de Dieu ».Georges Duby in Encyclopédie Universalis. Paris, 1984, t. 7, p.874.


duby


**** p. 127 in, article  ” Kwanpenthaï “ in “Thaïlande contemporaine “(op. cit.)

 

 

****in Michel Bruneau  « Évolution de la formation sociale et transformation de l’organisation de l’espace dans le Nord de la Thaïlande (1850-1977) » Cahiers de géographie du Québec, vol. 22, n° 56, 1978, p. 217-263. Pour citer cet article, utiliser l'adresse suivante :

http://id.erudit.org/iderudit/021394ar

 

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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 03:01

titreLe premier siècle du royaume d’Ayutthaya (suite et fin).


5/  Ramaracha 1395-1409.


Nous avions dit (article 31) « A la mort de Boromorachathirat 1er en 1388, Ramesuan 1er revient au pouvoir (1388 à 1395), après avoir renversé son fils Chao Thong Lan, qui régnait depuis 7 jours. Il sera plus intéressé, comme son fils Ramaracha (1395- 1406) à la prise du Cambodge que par Sukhotai ».

Or ici dans les chroniques royales nous n’avons qu’un court paragraphe qui ne dit absolument rien sur son règne (alors que les annales cambodgiennes prétendent qu’il a pris et occupé Angkor, on le rappelle), mais évoque seulement comment il a été chassé du pouvoir.

On apprend seulement qu’il était « enragé » contre Chaophraya Maha Senabodi (qui est-ce ?) et qu’il voulait le faire exécuter. Celui-ci s’enfuit de l’autre côté de la rivière à Pathakhucam. Chaophraya Maha Senabodi, menacé, envoya des messagers pour inviter le Prince Intharacha, le petit fils du roi Boromracha 1, qui était sur le trône de Suphanburi,

Suphanburi

 

à le rejoindre. Ils attaquèrent et  prirent Ayutthaya.

 

6/ Le roi Inthararacha (1409-1424). (3 courts §)(2ème règne de la dynastie de Suphannaphum)

Dans le 1er §, la 1ère phrase donne en même temps  la date de la cérémonie de l’intronisation royale et  l’invitation faite au roi Ram de vivre en dehors de Pathakhucham.(?) Ensuite il est dit que  Chaophraya Maha Senabodifut récompensé  (la fille d’une concubine royale, et divers présents sont nommés).

Dans le 2ème § (deux dates différentes sont données), un message annonce que le roi de Phitsalunok (rappel : notez qu’on ne le présente jamais comme le roi du royaume de Sukhotai)


sceau de sukhotai

 

est décédé et les cités du Nord sont en effervescence. Le roi alla à Prabang où les princes Phraya Ban Muang et Phraya Ram vinrent lui faire allégeance.

 

Le roi Inthraracha retourna à sa capitale et décida que le Prince Phraya Ai irait à Suphanburi et le Prince Yi Phraya à Phraek Siracha, et le Prince Sam Phraya à Chainat 


sceau de chainat

 

(un peu sec, non ? Il n’est même pas précisé que ce sont ses fils, même si on peut le deviner)).

 

Nous avions dit (dans l’article 31)

 

  • Il sera arbitré par le roi d’Ayutthaya, Nakharinthrarachathirat, qui divisera le royaume en deux en devant accepter sa suzeraineté.
  • Il s’empare de la ville de Chaynat où il met son fils Chao Sam Phraya comme gouverneur. Chao Sam Phraya épouse une sœur du nouveau roi de Sukhotai,  Maha Thammaracha IV, dont il a un fils Ramesuan.
  • En 1424 Inthraracha Ier meurt.  

  

Commentaire. 

 

La 1ére phrase est plutôt curieuse !!! On peut être quelque peu suspicieux à propos de l’offre « royale » proposée au roi Ramaracha d’aller où bon lui semble ! Il semble étonnant que Chaophraya Maha Senabodi menacé d’être exécuté par ce dernier ait pu le laisser partir !

Par contre, nous avions dit dans notre article 31 consacré à la fin de Sukhotai : « En 1419 le roi de Sukhotai Maha Thammaracha III (1400-1419) meurt,


maha thammaracha 3

 

et comme souvent un conflit éclate entre princes de la dynastie de Sukhotai. Il sera arbitré par le roi d’Ayutthaya, Intharacha1er (Nakharinthrarachathirat) (1409-1424), désormais maitre du jeu. » On avait ajouté « On évoque une division dont nous n’avons pas vu les termes  .


Du rififi dans les successions ? 

 

rififi


  • Le roi Ramesuan, fils du fondateur Ramathobi Ier, a « cédé » ( ?) son trône à son oncle de Boromaracha I, 
  • Le roi Ramesuan (1388-1395).  revient au trône d’Ayutthya en exécutant le fils de Boromaracha (1370-1388), Chao Thong Lan,  âgé de 15 ans qui régnait depuis 7 jours.
  • le Prince Inthracha, le petit fils du roi Boromracha 1, 

boromaratcha


  • qui était sur le trône de Suphanburi, avec l’aide de Chaophraya Maha Senabodi, chasse Ramaracha(1395-1409), pour devenir le nouveau roi d’Ayutthaya ((1409-1424).
  • A sa mort deux de ses fils, Prince Ai Phraya et le Prince Yi Praya désirant le trône s’affrontent en un combat singulier à dos d’éléphant et s’entretuent. Leur 3ème frère, le Prince Sam devient ainsi le roi Boromaracha II (1424-1448)

 

7/  Le roi Boromaracha II, 1424-1448. (8 sections, 28 l) 

La 1ère section commence donc en  1424 ? (il est écrit « 780, l’année du chien, 10ème décade ») avec la mort annoncée d’Intracha qui aura régné 15 ans (18 ans pour la version E). Deux de ses trois fils, le Prince Ai Phraya et le Prince Yi Phraya s’affrontent pour le trône en un combat singulier à dos d’éléphants à Maphrao. Ils s ‘entretuent et laissent ainsi leur frère, le Prince Sam,  accéder au trône sous le nom de Boromracha II. Il procède à la crémation de ses frères et fait ériger deux monuments.


2ème§. En 783, le roi prend NakhonLuang et  place son fils, le Prince Nakhon sur le trône. Il revient à Ayutthaya avec les prisonniers Phraya Kaeo et  Phraya Thai, et leurs familles ainsi que des images sacrées qui sont offertes aux temples Ratana Maha et Phra Si Samphet.


3ème§. En 786, Le roi construit le temple Maheyong. Le Prince Ramesuan, qui était son jeune fils, est allé à Phitsalunok ( ?). A cette occasion, une statue de Bouddha connue (« the holy King of Victory ») pleure des larmes de sang.

 

Bouddha de Phitsanulok


Ensuite 2 § d’une ligne et demie. En 788, un feu détruit le palais royal (4ème §),  et en 789, un feu détruit le Trimuk Hall. (5ème §)


6ème §. En 790, le roi tente de prendre Chiang Mai, mais malade, il doit renoncer et retourne à Ayutthaya avec son armée.


7ème §. En 792, le roi attaque Chiang Mai de nouveau pour mâter une rébellion. Son armée prend position à PathaiKhasem. A cette occasion, il fait 120 000 ( sic) prisonniers et son armée revient à la capitale.


8ème§. En 796, 1448 ?,  le roi Boromaracha meurt après 16 ans de règne (BCDE). Son jeune fils Ramesuan accède au trône sous le nom de Boromatrailok.  (1448-1488).*


                                   -----------------------------------------------------


Commentaire.


Là encore, les Chroniques évoquent essentiellement

  • une succession d’Intracha sanglante avec deux de ses fils qui s’entretuent pour le trône.
  • 3 « guerres » : Une victoire à NakhonLuang, deux fois pour Chiang Mai (avec une victoire et un échec) avec ses conséquences stratégiques et tactiques : placer l’un de ses fils sur le trône de Nakhon, amener de nombreux prisonniers et emmener en captivité des familles de dignitaires en sa capitale.
  • Le roi place son  jeune fils, le Prince Ramesuan, sur le trône de Phitsalunok.

 

  • Des cérémonies religieuses : la crémation des 2 frères du roi,

Cremation Ubud 2008 2


  • des offrandes aux temples lors de la victoire de NakhonLuang, la construction d’un temple.
  • Deux faits divers : 2 incendies : le palais royal et le Trimuk Hall.

 

Mais ce sont plutôt les silences et les contradictions qui intriguent.


contradictions


-          Pour Chiang Mai, par exemple.


Il est dit par exemple que le roi Boromracha II attaque de nouveau Chiang Mai  pour mâter une rébellion et qu’il revint à sa capitale avec 120 000 prisonniers (sic). Une victoire donc ! Mais quelle rébellion ? Cela fait un peu court.

Or l’histoire du Lanna indique que « le roi Tilokaraj (1441-1487) monta sur le trône en renversant son père Samfangkaen. Son frère Thau Choi se révolta contre lui au nom de leur père. Il demanda l'aide du royaume d'Ayutthaya. Le roi Boromaracha II envoya ses troupes contre le Lanna en 1442. Elles furent repoussées et la rébellion écrasée. Tilokaraj conquit le petit royaume voisin de Phayao en 1456 ». (d’après wikipédia).

Assurément les Chroniques royales d’Ayutthaya et « les Annales du Nord » n’ont pas  la même vision de cet événement.


-          Pour le Prince Ramesuan, sur le trône de Phitsalunok ?

 

Pithsanulok

Il est dit sans explication (3ème §) : « Le prince Ramesuan, qui était son jeune fils, est allé  à Phisalunok » !!!

Or en fait, le roi vient de désigner son fils pour être le nouveau roi de Phisalunok.

Il s’agit ici d’un événement majeur de l’Histoire thaïe. Il s’agit tout simplement de la fin du royaume de Sukhotai en 1438.

 

sceau de sukhotai 2

Nous avions dit (art. 31) :

  • Le dernier roi de Sukhotai Maha Thammaracha IV meurt en 1438.

Le roi d’Ayutthaya Boromarachathirat II (1424-1448), voulant garder le contrôle sur Sukhotai envoie son fils Ramesuan mais en tant que gouverneur de Phitsalunok.

(Le prince Ramesuan, gouverneur de Phitsalunok. Il y reste jusqu’en 1450 et y revient en 1463 jusqu’ à sa mort en 1488, choix stratégique par rapport au Lanna).

 Et en note un extrait d’un article de Gilles Delouche :

 

Delouche


« Boromorachathirat II envoie donc son fils Ramesuan faire valoir ses droits au trône de Sukhotai,  mais il succède à Maha Thammaracha IV en tant que gouverneur, avec la dignité de Phra Maha Uparat (soit l’ héritier du royaume d’ Ayutthaya).

(Le frère cadet Phraya ram de  Maha Thammaracha IV, installé à Sukhotai ne pouvait réagir). »

  

Vous avez bien lu : 

 

-         Les Chroniques royales d’Ayutthaya ne disent donc  rien sur la fin du royaume de Sukhotai  en 1438 ??? 

 

-         Pire ? Elles ne disent pas qu’en 1431 les armées thaies  détruisirent la capitale d’Angkor après un siège de sept mois, qu’ ils occupèrent le pays jusqu’en 1445, et furent chassés par le roi khmer Paramaraja1er, installé depuis à Chaktomuk sur le site de Phnom Penh.**

 

« Si vous trouvez des récits historiques sur cette période, vous savez désormais qu’ils appartiennent au domaine de la fiction, du roman. », disions-nous dans l’article précédent.


Que pouvons-nous dire maintenant de ces « Chroniques royales d’Ayutthaya », sans être désagréables ?

 

Heureusement qu’elles sont LA référence pour Ayutthaya !


 

____________________________________________________

 


*Nota. J’avoue être perdu avec les dates. Wyatt met la mort d’Intracha et le début de règne de Boromracha II en 1424. Ensuite si je suis les écarts de dates données par les Chroniques, j’arrive en 1440 pour la mort de Boromracha II, et non 1448 !

**Cf. La chronologie de « Thaïlande contemporaine » qui  dit « 1431. Prise d’Angkor par le roi du Siam Paramaratcha II.(sic).

Cf. Wikipédia et « L'Asie aux XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles », de Jean-Pierre Duteil.

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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 03:09

Sans titre-2La Thaïlande a eu  le privilège de recevoir la visite de quatre pélerins, sénateurs français (on se demande bien pourquoi nous avons élu des députés représentants les français de l’étranger ?) venus s’entretenir – paraît-il – des relations bilatérales entre la France et la Thaïlande (1). Les départements qu’ils représentent sont en effet étroitement concernés par les relations avec le Siam, le Lot (ils sont venus à deux, au complet), l’Isère et l’Eure. Ils auraient émis quelques considérations pertinentes sur l’évolution de la démocratie en Thaïlande qui ont assurément passionné les électeurs de Cahors et d’Echirolles. Nous voilà donc munis de quatre experts es-Thaïlande fort d’une expérience de quatre jours. Nous pensions toutefois, erreur funeste, qu’ils venaient tout simplement se soucier du sort de leurs compatriotes installés en Thaïlande, vous savez tous ce dont je parle.


Voilà qui me rappelle que j’avais, en son temps transmis à deux députés-maire amis (pour ne pas faire de jaloux, l’un très rose et l’autre à son opposé) une requête circonstanciée pour qu’ils veuillent déposer une question écrite demandant au gouvernement d’agir avec énergie pour que soient rétablis les droits des Français expatriés au Siam dont nous avons été scandaleusement privés il y a un peu moins d’un siècle. J’ai au moins eu le mérite de les faire rire.

 

Souvenons-nous.

Nous avions (notre article A 38) évoqué un sujet sacro-saint « la Thaïlande n’a jamais été colonisée...».

http://www.alainbernardenthailande.com/article-a38-la-thailande-n-a-jamais-ete-colonisee-vous-en-etes-sur-81581652.html 

 

Il flatte certes l’orgueil des Thaïs. Mais comme nous l’avons souligné, des trésors de diplomatie royale, des abandons de pans entiers de territoire à la France (les royaumes tributaires du Laos et du Cambodge), la signature de traités « inégaux » et humiliants, le prix du sang aussi (les 19 morts de la guerre de 14-18) ont évité au royaume une colonisation « à la Jules Ferry » et lui ont ensuite permis d’entrer avec sa totale souveraineté dans le « concert des nations » mais non sans avoir évité cette forme insidieuse de colonisation qu’est la création de « pays de juridiction » (sous-entendu « de juridiction consulaire »).


Quel était donc le statut des Français au Siam il y a seulement 100 ans ?

 

Il est permis de rêver.

colon


L’article 6 du traité de 1856 couvre déjà de son aile protectrice « les Français et les Siamois au service des Français » et plus encore nos missionnaires.


Un simple décret du 29 décembre 1901 classe le Siam dans la catégorie des « pays de juridiction ». Qu’est-ce à dire en bon français ?


Tout simplement que nos nationaux (et leurs domestiques siamois)


domestique

 

y bénéficient de privilèges exorbitants. Et, au diable l’avarice, on y inclut les Suisses originaires des cantons francophones. Ceux issus des cantons germanophones auront – mutatis mutandis – la même protection de l’Empire allemand mais ce n’est pas notre propos.


La convention franco-siamoise du 13 février 1904 va étendre cette protection à toutes « les personnes d’origine asiatique nées sous un territoire soumis à la domination directe de la France », c’est à dire les Indochinois, les Cambodgiens, les Indous venant de nos « Comptoirs français des Indes ». Il va naître (il fallait s’y attendre) un lourd contentieux sur l’obtention frauduleuse de la qualité de « sujet » ou sur celle de « domestique » et d’interminables discussions d’ordre juridique sur son extension aux épouses, enfants et petits-enfants. Les Indiens (ceux que les anglais ont envoyé paître car les godons bénéficiaient des mêmes privilèges) vont volontiers prétendre être originaires de nos « comptoirs » (les plus anciens se souviennent encore de nos leçons de géographie : PondichéryKarikalYanaonMahé, et Chandernagor). Quant aux Chinois, ils vont avoir une irrésistible propension à prétendre être nés dans nos quatre territoires « concédés », encore des souvenirs de nos leçons de géographie : Shangaï, Tientsin, Hankéou et Kouang-Tchéou-Wan.


Comment bénéficier de cette protection ?


Elle nécessite seulement une inscription sur les registres tenus par les autorités consulaires qui délivre alors un « certificat de protection » et ce depuis le traité de 1856. Nous savons qu’en 1886 sont ainsi inscrits au Consulat de Bangkok 29 français, 21 annamites ou Indiens et 86 Chinois. En 1904, ce sera l’inflation galopante : Nos consuls vont enregistrer 8.000 « protégés » à Bangkok et un « grand nombre dans les autres circonscriptions, Nan en particulier », nous n’avons pu en trouver le nombre.


Combien de Français de France ?


Quelques chiffres épars : En 1907, il y a 300 français inscrits au Siam, 8.000 « protégés » pour la seule capitale et « un nombre indéterminé pour les autres provinces ». En 1914, il y au Siam un peu plus de 1.500 nationaux inscrits consulaires dont environ 200 allemands, 325 anglais et un peu plus de 200 français, moins que quelques années auparavant mais beaucoup ont dû répondre à l’ordre de mobilisation générale et prendre le bateau pour rejoindre les tranchées (mais évidemment pas les « protégés »).

Ceci explique évidemment qu’en sus du Consulat général de Bangkok, la France entretenait ce qui n’était pas des « consulats honoraires » comme aujourd’hui mais des « vice-consulats ». En 1900, Udonthani, Khorat, Nan et Ubon, en 1908 Nan, Ubon, Khorat  et Chiangmaï, en 1910, Nan, Ubon et Chiangmaï et en 1914, Chiangmaï, Ubon, Khorat et Chantaboun. 


Mais quel était donc ce statut qui fait un peu rêver ?


Le traité du 15 août 1856 stipule en termes dépourvus de toute équivoque au profit de nos consuls une juridiction complète sur nos nationaux avec exclusion de toute intervention de la part des autorités locales.


La république chaussant volontiers les bottes de la monarchie, ces dispositions imposées par les traités inégaux, reprennent mot pour mot celles d’un édit de juin 1778 concernant ce qu’on appelait alors « les échelles du Levant » (les immenses territoires alors soumis à l’autorité du Sultan de Constantinople), tout droit venu de la protection que la France accordait à tous les chrétiens dans ces pays depuis François Ier.


La compétence judiciaire appartient au Consul de Bangkok, compétent sur l’ensemble du territoire mais il peut déléguer à ses vice-consuls.


Nos Consuls ne sont pas des Consuls au sens où nous l’entendons aujourd’hui mais de véritables proconsuls au sens romain du terme.


proco,nsul


Ils sont juges de première instance dans les affaires civiles ou commerciales avec faculté d’appel devant la Cour d’appel de Pondichery (pas facile pour un Siamois d’aller plaider à Pondichery !)


04-07 - Pondichery - cour d'appel - vue vers le nord-ouest

 

puis de Saïgon (tout de même) depuis une Loi du 28 avril 1869.


Rapports des Français avec les Siamois.


Les contestations entre nos nationaux et les sujets locaux sont soumises à nos consuls et, faute de règlement amiable, et avec l’assistance de deux fonctionnaires locaux, le consul doit statuer « en équité » (c’est à dire sans avoir à sa préoccuper du droit applicable) mais "au seul vu" de la Loi française. Si la contestation concerne un autre étranger, elle doit être jugée après tentative de conciliation, par le consul du pays du défendeur. Les jugements des consuls seront donc revêtus, sans rire, de la « formule exécutoire » toujours en vigueur « République française, au nom du Peuple français ... la république française mande et ordonne .... ».


formule exécutoire


Rapports des Français entre eux.


Ils sont exclusivement soumis à la souveraineté de la France. « L’autorité siamoise n’aura à s’en mêler en aucune manière ».

Si une exception est faite pour les provinces de Chiangmaï, Nan, Lakhon et Lampun au profit des juridictions siamoises, ce n’est qu’un voeu pieux dans la mesure où le Consul peut tout simplement  s’emparer du dossier, « évoquer » et dessaisir les juridictions siamoises.

Voilà pour les affaires civiles ou commerciales.


En matière pénale.


Les Siamois ont abandonné la totalité de leurs pouvoirs judiciaires à l’égard des nationaux et de leurs protégés.


Ce sont les dispositions de la Loi Louis-Philpparde du 28 mai 1836 relative encore aux « Echelles du Levant » que Napoléon III d’abord, la république ensuite ont ressuscitées.

Défense expresse à l’autorité siamoise de se mêler des matières pénales ... sauf si l’ordre public est troublé par une rixe à mains armées... mais seule l’autorité française est apte à se livrer à cette constatation.

Les autorités policières siamoise agissent au nom des autorités française, c’est à dire « au nom du Peuple français » selon la formule consacrée !


Les peines de prison seront exécutées à Saigon sauf désir contraire du condamné. Compte tenu de ce que nous connaissons du système carcéral thaï actuel, on s’imagine que Français ou protégés ne choisissaient pas les geôles siamoises. Il nous a par contre été impossible de savoir si des peines de mort ont été prononcées et exécutées à Saïgon à la façon indochinoise ?


la dec11


Ainsi, en matière d’inviolabilité du domicile, seuls les Consuls peuvent exercer les pouvoirs d’un juge d’instruction et d’un procureur de la république.


Ce système judiciaire spécifique s’est allégrement assis sur deux principes fondamentaux du droit français aussi vieux que l’entrée de notre pays dans un état de droit :


- Nous sommes (mais pas au Siam) dans un état de droit et le juge doit statuer en droit et non en équité.

- La séparation des pouvoirs (mais pas au Siam) implique comme conséquence une séparation entre le Juge d’instruction, émanation du pouvoir judiciaire et le Parquet émanation du pouvoir exécutif !

 


esprit des lois


En dehors des situations contentieuses (donc pathologiques).

La France est en pleine guerre religieuse, on y « bouffe allégrement du curé », mais au Siam, notre liberté religieuse est totale.


La  liberté d’établissement est également totale avec la seule obligation de s’immatriculer au consulat. Elle est formellement exclue dans les environs de Bangkok (c’est à dire, dit le texte, « dans un rayon d’une étendue égale à un espace parcouru en 24 heures par les bateaux du pays » mais cette disposition contraignante n’a jamais été appliquée et de toute façon ne joue pas pour les missionnaires, sujets particulièrement protégés par la république anticléricale.

 

missionaire


La liberté d’exercer le commerce est également totale.


Le Droit de propriété foncière connait toutefois  quelques restrictions :


Il est possible dans une zone de six kilomètres autour de Bangkok seulement avec autorisation du gouvernement siamois. La capitale est préservée mais cette autorisation n’aurait jamais été refusée ?


Au-delà et dans une zone égale à « l’ espace parcouru en 24 heures par les bateaux du pays », la liberté est totale. Notons que nous n’avons trouvé aucune jurisprudence définissant de façon plus précise la distance que parcourait un bateau local en 24 heures ?


Au-delà encore, l’interdiction est générale comme aujourd’hui. Mais nous connaissons par le très précieux « The directory for Bangkok and Siam » (nous nous référons à l’édition de 1914) la liste des nationaux inscrits dans leurs consulats. La quasi-totalité des Français est inscrite à Bangkok, ceux qui ne le sont pas sont des missionnaires et nos vice-consuls. Il n’y a guère que des Anglais plus aventureux qui constituent une petite colonie aux alentours de Chiang-Maï. L’interdiction ne devait donc guère peser sur nos nationaux.


N’oublions tout de même pas qu’à cette époque pour se rendre de Bangkok à Nan, il fallait, partie par chemin de terre et charrette à boeufs et partie par eau, un bon mois !

Serez-vous étonnés d’apprendre que l’immunité fiscale à l’égard du fisc siamois est totale ?

 

immunité


N’oublions pas l’aspect « sentimental », une Loi du 29 décembre 1901 confère aux autorités consulaires le droit de procéder au mariage d’un(e) national(e)  avec un(e) étranger(ère) en épargnant aux amoureux les formalités un peu lourde que nous connaissons aujourd’hui !


Mais rejoignons l’actualité avec un dernier mot sur cette fameuse accession à la propriété immobilière qui nous reste interdite.

 

La presse locale s’est fait l’écho de la position de certaines autorités thaïes qui déplorent, le mot est faible, que par le biais de montages juridiques plus ou moins scabreux (souvent plus que moins), une partie du patrimoine immobilier du pays (on parle de 90 % à Phuket et probablement autant à Samui) passe en des mains étrangères.

Passons rapidement sur un mouvement qui voit le jour en France pour protester contre le passage systématique des plus beaux fleurons immobiliers de la Côte d’Azur entre des mains qataris.


Essayons de comparer ce qui est comparable. La Tunisie a signé en 1856 sous la menace des canonnières le « pacte fondamental ». Deux articles du pacte (10 et 11) ouvrent aux étrangers une liberté totale d’établissement et d’accès à la propriété immobilière. Le  « protectorat » est instauré en 1881 et la France impose en 1885 une réforme foncière qui devait « tirer le pays de sa détresse ».


Que se passa-t-il alors ? Telle est du moins la position des économistes et des historiens de « Ennahdha » (le « mouvement islamiste de la renaissance »). La décision imposée d'octroyer aux étrangers le droit d’accès à la propriété immobilière (essentiellement sinon uniquement les colons français et italiens) a abouti plus surement que le traité de protectorat à l'abolition de la souveraineté de ce qui restait de l'état tunisien. Du temps du peu regretté Général Ben Ali, ce droit était soumis à « autorisation préalable » laquelle s’achetait mais avait le mérite d’exister. La troïka en place l’a supprimée ce que d’aucuns considèrent comme un pas vers l'abolition de la souveraineté de l'état tunisien... Si les Emirs du Qatar rachètent la côte d’Azur, ce sont ceux de Dubaï qui rachètent la Tunisie. La conséquence est inéluctable et n’a probablement pas échappé aux esprits thaïs éclairés s’il en est et il en est.


L’installation d'un grand nombre d'étrangers ayant des moyens financiers bien supérieurs à la moyenne augmente la demande sur les produits de consommation ce qui crée une bulle spéculative sur ces produits, et vient le moment où la demande excèdera l'offre, l'état serait obligé d'en importer toujours plus en s'endettant toujours plus en créant ou en augmentant le déséquilibre commercial : les prix augmenteront donc d'une façon phénoménale, ce qui aura ne peut avoir que de déplorables répercussions sur le pouvoir d'achat des autochtones et conduit irrémédiablement à un éclatement de la bulle.


C’est revivre le dernier épisode d’une période précoloniale à laquelle la Thaïlande a eu la chance d’échapper. S’il est permis de tirer des leçons de l’histoire, l’interdiction d’accéder à la propriété immobilière n’est peut-être pas, vue du côté thaï, sans fondements ?


 propriété

__________________________________________________________________________________ 

 

(1) ) lire « Le grand journal du SIam», numéros des 1 et 7 septembre 2012

 

Sources 

  • Julien de Clercq « Guide pratique des consulats », deux volumes chez Soufflot 1898
  • Clément Niel, « Condition des asiatiques, sujets et protégés français au Siam » chez Sirey, 1907
  • Dauge « De la condition juridique des étrangers et de l’organisation judiciaire au Siam » in « Journal du droit international privé » 1900, tome 27 pages 462 s.
  • « Rapport au Président de la république française concernant le pouvoir de juridiction concernant les consuls français établis dans le royaume de Siam » in « Journal du droit international privé » 1909, numéros I-II page 325.s
  • « The directory for Bangkok and Siam » édition de 1914.
  • Le site http://www.ennahdha.tn/ est bilingue (français-arabe)


 

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 03:05

titreLes Chroniques royales d’Ayutthaya*, nous l’avons dit, consacrent seulement treize pages aux 15 premiers rois et à l’usurpateur «Warawongsa » de 1351 à 1548. Autant dire que les informations concernant ces différents rois sont minces et parcellaires. Cela ne nous empêche pas, pour commencer, de dégager quelques caractéristiques qui sont relatées pour le premier siècle du royaume d’Ayutthaya pour sept rois et, qui va donc de la mort du  fondateur Ramathibodi 1er au roi Boromracha II, de 1369 à  1448. (Cf. pour les dates**)


ramathibodi 1


Que disent les Chroniques royales ? 

1/ Le roi Ramesuan (1369-1370), qui avait été nommé par son père Ramathibodi 1er au trône de Lopburi, lui succède donc à Ayutthaya en 1369.


Son oncle, qui était roi de Suphanburi, lui « confisque » le pouvoir en 1370, sous le nom de Boromracha I (1370-1388). Il est dit que le roi Ramesuan l’a invité à rentrer dans sa capitale, et qu’il lui a laissé le trône, lui « a rendu hommage » et est retourné à son ancienne principauté de Lopburi.


2/ Le roi Boromracha 1er (1370-1388). (8 informations en 34l)


boromaratchathirat


Dès la première ligne, il est dit que le roi en 1372  part  pour conquérir et s’emparer de toutes  les cités du Nord.

  • En 1373, NakhonPhankha et Sangcharao.
  • En 1374 Chakangrao, après avoir invité les deux chefs Phraya Sai Kaeo  et PhrayaKhamhaeng à combattre. Il tua Phraya Sai Kaeo et autorisa PhrayaKhamhaeng et ses soldats à retourner dans leur cité.
  • En 1375, Le roi et le vénérable Thammakanlayan érigèrent un grand temple.
  • En 1376, le roi s’empare de Phisalunok et capture le chef de la cité Khun Sam Kaeo et revient à Ayutthaya avec un grand nombre de familles « captives ».
  • En 1377, le roi part pour s’emparer de nouveau de Chakangrao. Les chefs de la cité PhrayaKhamhaeng et Thao PhaKong(certainement son chef d’armée) (les versions  divergent sur le fait qu’ils se sont battus ou non )  durent s’enfuir. Le roi poursuivit les troupes de Thao Pha Kong et les dispersa. Beaucoup furent capturés avec les dignitaires ( thao, phraya, khun, mün, est-il précisé)) et « emmenés » à la capitale.
  • En 1379, le roi repart en guerre contre Chakangrao. A cette occasion le PrahMaha Thammaracha de Phitsalunok s’allie à cette cité, mais il se rend à l’évidence et constate qu’il n’est pas capable de s’opposer à l’armée royale d’Ayutthaya. Il se voit contraint de reconnaître sa vassalité.

thamma iv

  • En 1381, le roi prend Chiang Mai et attaque Nakhon Lampang sans succès. Le roi alors envoya un message au chef de Nakhon Lampang pour qu’il reconnaisse sa vassalité. C’est ce qu’il fit. La royale armée retourna  alors à la capitale.

Nous apprenons dans la section suivante consacrée au roi Thong Lan (1388) qu’il décède en 1783 ? ( BCDEF).( La version A donne 1389) ???et que Boromracha I  a régné 13 ans. (effectivement  1370 + 13 = 1383.). Ah ces dates !


3/ Le roi Thong Lan, 1388. (un court §)


A la mort de Boromracha I, son fils monte sur le trône (à l’âge de15 ans) et règne 7 jours. Le roi Ramesuan venu de Lopburi vient l’arrêter et le fait exécuter au monastère du KhokPhrya.  Et Ramesuan redevient le roi d’Ayutthaya.

 

Ramesuna

Et c’est tout.


4/ Le second règne du roi Ramesuan (1388-1395). (1p. et ½, 7 §).


Sans transition, les chroniques relatent en trois paragraphes la prise de Chiang Mai en 1390 ( ?), (« en 746, année du rat, 6ème décade » en tout cas disent les Chroniques). La mise en place des armées de Ramesuan autour de Chiang Mai. Le drapeau blanc du roi de Chiang Mai demandant une trêve de 7 jours afin d’offrir des cadeaux d’amitié. Le roi Ramesuan réunissant son conseil des ministres afin de connaître leur avis et qui décide d’accepter la trêve  malgré le désir des militaires d’attaquer,  étant sûr d’une ruse. Constatant que le roi de Chiang Mai n’a pas tenu sa promesse, et que le prix du riz augmente, pire qu’il soit difficile d’en trouver,  les officiers demandent la permission d’attaquer. Le roi acquiesce et dirige l’attaque en abandonnant l’un des côtés de la cité. Enfin au 3ème § “ On Monday, the fourth day of the waxing moon of the fourth month, at three thum and two bat in the evening, after the moon had set.“ (remarquez la précision), les canons et fusils tirent pendant que les trois côtés sont attaqués. Le roi de Chiang Mai ne peut résister et fuit avec les habitants. Seul Nak Sang,  le fils du roi, est capturé et est amené devant le roi qui lui déclare que son père n’est pas honnête. Nak Sang fit allégeance et est autorisé à gouverner Chiang Mai. Le roi choisit alors les familles qui durent le suivre.

Au 4ème §, Le roi  sur le chemin du retour s’arrête à Phitsalunok et fêta sa glorieuse victoire en offrant les vivres royales pour 7 jours d’offrandes. Ensuite, il revint à sa capitale et partagea les captifs entre les cités de Phatthalung, Songkla, Nakhon Si Thammarat et Canthabun. Le roi observa les préceptes au Mangkhalaphisek Hall. Le temple du Maha That fut construit. Après avoir pratiqué les rites le roi put participer aux festivités dans sa royale résidence.

Au 5ème §, il est dit que « pendant ce temps-là » (quelle précision !),le roi du Cambodge avait marché sur Chonburi et Chanthabun et captura entre 6 et 7000 prisonniers (hommes, femmes et familles) et était retourné dans son pays. Ramesuan décida d’attaquer la capitale du Cambodge et envoya en avant-garde Phraya Chainawong.au pont du Yaek. (On n’a pas la date d’attaque, mais le nom du pont !). Les troupes du Cambodge attaquèrent Phraya Chainawongmais le roi du Cambodge fut mis en déroute. Mais il avait des réserves et le combat dura 3 jours. Ramesuan entra dans la bataille, mis en déroute les forces ennemies et put entrer dans la capitale. Le roi du Cambodge put s’enfuir par bateau et son fils, « l’Upparat » capturé PhrayaChainawong fut mis sur le trône et Ramesuan revint sur Ayutthaya avec 5000 captifs.

Au 6ème § on évoque, sans date donnée, ni lieu, une invasion des Viets au Cambodge. Une petite force cambodgienne combattu bravement mais fut balayée. Phraya Chainawong envoya un rapport à Ramesuan, qui leur ordonna de revenir. Ils furent récompensés à leur retour.

Enfin au 7 ème §, (6l et demie).On évoque la mort du roi Ramesuan et l’avènement de son jeune fils  au trône qui régna 15 ans.

                                   ---------------------------------------------

 

Notre 1ère lecture des Chroniques royales d’Ayutthaya (traduites par Cushman).


Les informations tirées des chroniques royales sont donc très limitées. Vient ensuite les interprétations, les commentaires que l’on peut faire avec l’aide d’autres sources ( souvent de sources étrangères comme les annales chinoises, les chroniques birmanes, cambodgiennes, les rapports d’ambassade, les correspondances commerciales, religieuses,  les relations de voyage, les livres et articles des « chercheurs et experts », wikipédia...). Mais nous avons montré que celles-ci, pour notre sujet, sont  souvent contradictoires, erronées voire même inventées.

Toutefois, une première lecture permet de dégager quelques caractéristiques :

  • Le problème des successions
  • La politique du muang central : les guerres, les « allégeances », le placement des fils à la tête des petits royaumes, des familles de dignitaires prises en otage, et de nombreux prisonniers. 
  • La présence du religieux. 

En notant que les Chroniques royales  ne disent rien sur les qualités des rois, la hiérarchie sociale, sur la place du bouddhisme, la vie du royaume, le rôle des « esclaves », l’étendue du territoire, le nombre de muangs vassalisés, le type de relations entre les muangs, entre le roi et ses fils « gouverneurs » …  En notant que la cohérence n’existe pas, que les versions divergent parfois, que le « style » est absent.

On peut regretter qu’un roi de la dynastie Chakri n’ait pas découvert une stèle explicative comme la stèle de 1292 ! (Cf. 20. Notre Histoire : Le roi  de Sukkhotaï Ramkhamhaeng, selon la stèle de 1292).


Qu’apprenons-nous ? 

  • Les successions difficiles et sanglantes.

Nous ne croyons pas un seul instant à la version des Chroniques qui indique que le roi Ramesuan, fils du fondateur Ramathobi Ier, ait cédé son trône à son oncle de Boromracha I, par pure gentillesse. Il y a eu forcément, pour le moins, démonstration de force. Nous le verrons d’ailleurs ultérieurement quand il n’hésitera pas à exécuter le fils de Boromracha, Chao Thong Lan,  âgé de 15 ans monté sur le trône. « Jeremias Van Vliet, dans sa « Short History of Thailand » indique que l'ascension de Boromma Ratchathirat n'a eu lieu qu'après un conflit sanglant, presque une guerre civile » (in wikipédia. Quelles sont les sources de Jeremias Van Vliet ? )


Nous verrons dans l’article suivant que son fils Ramaracha (1395- 1409) sera chassé du pouvoir par le Prince Intharacha,


intharachat IER

 

le petit fils du roi Boromracha 1, pour devenir le nouveau roi d’Ayutthaya ((1409-1424).A sa mort deux de ses fils, Prince Ai Phraya et le Prince Yi Praya vont s’entretuer en un combat singulier à dos d’éléphant. Ce qui profitera à leur  frère, le Prince Sam qui deviendra  ainsi le roi Boromracha II (1424-1448).

le dernier

Pour  7 rois de 1369 à 1448, nous avons quand même, un roi (Ramesuan) chassé du pouvoir par son oncle, une exécution d’un jeune roi (Thong Lan) par son cousin, un autre roi (Ramaracha) chassé du pouvoir et envoyé en exil ( ?), deux frères prétendants au trône de leur père Intracha qui s’entretuent !!!

On peut comprendre la note de Dovert,  constatant qu’ « aucun principe définitif ne règle au Siam les questions de succession. (…) Ces conflits s’achèvent généralement dans le sang ».(in Thaïlande contemporaine, p. 207)

 

  • La politique du muang central : les guerres, les « allégeances », le placement des fils à la tête des petits royaumes. 

Les Chroniques royales relatent essentiellement les « guerres », mais différents types de guerres.

 Le royaume d’Ayutthaya émergeant en 1351 n’est pas seul. Il se fonde parmi d’autres royaumes et cités thaïes qui se sont constituées depuis le XII ème siècle. Nous avons  déjà évoqué comment les Thaïs des montagnes sont descendus dans les plaines, ont « rencontré » les « civilisations » khmères (et les Môns de Lavo) et  birmanes  du royaume de Pagan, qui dominaient l’essentiel de l’Asie du Sud-Est ». Comment « au fil des migrations, conquêtes, alliances, occupations,  « greffage culturel » et «  mélange » se sont constitués les muangs, se  sont créés, avant Ayutthaya, le Lanna, le Phayao, et Sukkhotai … et d’autres cités. (Cf. notre article 18)

Le roi Boromracha I,  arrive après le fondateur qui a déjà constitué son réseau de muangs vassalisés sous sa coupe. Les chroniques citent 16 muangs.(même si on a émis des doutes sur la liste proposée).

  • Il va  (re ?) conquérir NakhonPhankha et Sangcharao, et puis Phitsalunok (1376). Il combattra  Chakangrao 3 fois (1374, 77, 79) ainsi  que le PhrahMaha Thammaracha de Phitsalunok en 1379 (ou 1378 ?) venu aider Chakangrao, qui défait, devra reconnaître sa vassalité.Il échouera face à Nakhon Lampang(1381 ?) bien qu’il est dit que celui-ci reconnaîtra sa vassalité.

 

Mais ce qu’il faut noter et qui est étonnant, le Phrah  Maha Thammaracha n’est pas présenté comme le roi Thammaracha II (1368-1399), du royaume de Sukhotai ! Un oubli ? Le nom même de Sukhotai n’apparaît nulle part. La vassalisation du royaume de Sukhotai est pourtant un événement majeur.

 

 Chiang Mai ? 

Après la prise de Chiang Mai par Boromracha I en 1381 ( ?), les Chroniques relatent avec plus de détails (4 §. Ce qui est rare) la prise de Chiang Mai par le roi Ramesuanen 1390 ( ?), avec ces péripéties (la trêve demandée par le roi de Chang Mai, le roi demandant l’avis de ses généraux, la tactique de l’attaque, la fuite du roi de Chiang Mai en bateau, la décision de mettre son fils Nak Sang sur le trône, après avoir fait allégeance. Le retour avec la halte à Phisalunok  pour le remerciement religieux, la répartition des prisonniers dans 4 cités, la fête à Ayutthaya …).


Le problème commence quand on veut vérifier.


Vous cliquez wikipédia et vous avez « le Lanna fut en paix sous le roi Saenmuengma (1385-1401) (dont le nom signifie « cent mille villes arrivent » — pour payer tribut). Son seul souci fut une rébellion avortée de son oncle le prince Maha Prommatat, qui appela à l'aide le tout nouveau royaume d'Ayutthaya. Son roi Borommaracha I envoya ses troupes contre le Lanna, mais elles furent repoussées. Sous Samfangkaen (1402-1441), le Lanna dut faire face à des invasions chinoises de la jeune dynastie Ming. »


Il n’y là aucune référence à Ramesuan. Il y a pour le moins un imbroglio ou embrouillamini, non ?

  • Le Cambodge ?

Au 5ème § consacré au roi Ramesuan, on est en présence d’un événement important :  

l’attaque du roi du Cambodge de Chonburi et Canthabun, suivi par la conquête d’Angkor par Ramesuan. 

Quand ?

« pendant ce temps-là » nous disent les Chroniques, ce qui permet une interprétation effectivement plus large. Et pourtant il s’agit rien que moins qu’une  attaque et une victoire  du roi de Cambodge sur Chonburi et Canthabun avec la capture « entre  6000 ou 7000 prisonniers » et Ramesuan d’aller ensuite attaquer le roi du Cambodge, le vaincre et  installer PhrayaChainawong (son commandant en chef ?) sur le trône du Cambodge  et de revenir sur Ayutthaya avec 5000 captifs.


Le problème commence quand on veut vérifier.

Vous cliquez wikipédia sur les monarques du Cambodge et vous avez : « 1394-1401 : 2 ème prise d'Angkor et seconde occupation par le Royaume d'Ayutthaya. 1394-1401 : Chau Indraburi Radjadhiraja fils de Preah Chau Parmaraja Ramaratcha roi du Royaume d'Ayutthaya ».


Nous avons bien une prise d’Angkor, mais pas par les mêmes rois. Nous avons bien une occupation, mais pas gouverné par le même roi !!! Autre embrouillamini.

  • Les Viets et l’abandon de l’occupation d’Angkor. 

Au 6ème § on évoque de façon très laconique, sans date donnée, ni lieu, une invasion des Viets au Cambodge, une maigre résistance héroïque des Cambodgiens et  le retour du roi thaï Phraya Chainawong ordonné par Ramesuan à Ayutthaya.

Le problème commence quand on vérifie les dates. Ramesuan meurt en 1395 et au  Cambodge, on annonce la fin de l’occupation en 1401 ! Embrouillamini toujours.

Mais de toute façon, nous nous demandons la pertinence de ces vérifications, car ces guerres ne sont jamais « expliquées » ; on n’en apprend ni le motif, ni les forces en présence, ni la date le plus souvent, à peine les conséquences géopolitiques, si ce n’est le placement des fils aux postes stratégiques (Ramesuan qui avait été nommé par son père Ramathibodi 1er au trône de Lopburi ), et le nombre de captifs emmenés, voire exceptionnellement leur distribution (comme en 1390, après Chiang Mai et un passage à Phisalunok, Ramesuan partagea les captifs entre les cités de Phatthalung, Songkla, Nakhon Si Thammarat et Canthabun). Les Chroniques ne mentionnent même pas le royaume de Sukhotai et ne disent rien sur l’Occupation d’une capitale comme Angkor. C’est vous dire.

  • Même le religieux est peu évoqué. 

La construction d’un grand temple en 1375, par le roi Boromracha 1er et le vénérable Thammakanlayan,et en 1390 ( ?) il est dit que Ramesuan fait 7 jours d’offrandes à Phisalunok et de retour en sa capitale, le roi observa les préceptes au MangkhalaphisekHall,et pratiqua les rites,  et un grand reliquaire fut construit, le temple du Maha That. Cela fait peu.


Ayutthaya-temple-Wat-Maha-That-6


Si vous trouvez des récits historiques sur cette période, vous savez désormais qu’ils appartiennent au domaine de la fiction, du roman.


Cf. la suite dans le  prochain article avec les rois Ramaracha (1395-1409), Intharacha (1409-1424), et le roi Boromracha II, 1424-1448.

 

 

 fin

____________________________________________________________

 

Notes et références

 

*A Synoptic Translation by Richard D. Cushman, The Royal Chronicles of Ayutthaya, Edited by David K. Wyatt, The Siam Society, Under Royal Patronage, 2006


**Les dates retenues peuvent constituer pour certaines un problème.Une version donnant des dates différentes Nous avons prises celles des Chroniques, mises par David K. Wyatt., in A Synoptic Translation by Richard D. Cushman, The Royal Chronicles of Ayutthaya, Edited by David K. Wyatt, The Siam Society, Under Royal Patronage, 2006.

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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 03:04

titreLe code de Ramathibodi 1er ?


Un des éléments du bonheur des peuples et du génie de ses dirigeants consisterait en la possession d’un « code », recueillant l’ensemble des règles de droit à suivre dans les rapports des citoyens entre eux et avec leur gouvernement. Lycurgue et Solon en Grèce, loi des douze tables à Rome, Moïse dans le désert, Manou aux Indes, Orphée en Thrace, Minos en Crête, et voilà donc Ramathibodi qui serait le grand législateur du Siam ?


1/ Nous avions lu sur Internet :


« Ramathibodi a essayé d'unifier son royaume. En 1360, il a déclaré le Bouddhisme theravāda religion officielle d'Ayutthaya et invité des membres d'une sangha (communauté monastique bouddhiste) de Ceylan à établir un nouvel ordre religieux et à propager la foi parmi ses sujets. Il a également compilé un code légal, basé sur le Dharmaśāstra


damasatra2

 

(un texte légal hindou) et la coutume thaïe, qui sont devenus la base de la législation royale. Composée en pâli, langue indo-aryenne des textes du Theravada, elle avait force d’injonction divine. Complété par des arrêtés royaux, le code légal de Ramathibodi est demeuré généralement en vigueur jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle. »

Ou encore, faisant cette fois-ci référence « aux anciennes lois cambodgiennes » :

« Ce roi a enfin posé les fondements de ce qui allait devenir l’organisation socio-politique du Siam durant des siècles, en reprenant à son compte la tradition de la monarchie angkorienne : le roi devient une sorte de Bouddha vivant qui n’apparaît que rarement, un cérémonial complexe est adopté, les textes édictés puisent largement dans les anciennes lois khmères. »


Diable ! Il y a donc un « code de Ramathibodi » tout comme il existe un « code Napoléon ».

code 3


Mais où est donc ce « code » ?


Voilà bien qui a suscité la curiosité de notre juriste-retraité de service.


2/ Il n’en existe en tous cas aucune trace épigraphique, bien que les législateurs usent volontiers de cette procédure pour marquer la pérennité de leurs exploits et la force de leurs lois (« le code d’Hammurabi » au Musée du Louvres,

hammurabi med

la « Loi des douze tables » à Rome

12 tables

qui fut gravée sur l’ivoire après que les tablettes de bois originaires eussent été brûlées par les Gaulois lors de l’expédition de Brennus, la « stèle de Ramakhamhaeng » elle-même qui contient en sus des louanges d’usage quelques préceptes de nature juridique ...). Peut-être un archéologue découvrira-t-il un jour ce fameux code gravé dans le granit ? Ce n’est qu’une supputation.


3/ Qu’en ont dit nos premiers visiteurs du Siam qui furent des observateurs attentifs et scrupuleux ?


La Loubère dans le premier volume de « Du royaume de Siam » nous dit, sans donner (hélas !)  la source de ses renseignements, « les Siamois assurent que leurs lois sont étrangères et qu’elles leur viennent du pays de Laos ». Ce ne sont plus les Indes ni le Cambodge, mais le Laos ! Il nous détaillera quelques dispositions légales au fil de sa description du pays, mais ne nous éclaire guère plus sur l’origine de ce droit.

Une petite incursion dans l’ « Encyclopédie » de Diderot et d’Alembert nous a amusé : Le texte de La Loubère est tout simplement et allégrement plagié mais nous avons vu qu’en ce qui concerne le Siam, les scribes de d’Alembert ne constituent pas, et de loin, une source fiable.


En 1748, dans « L’esprit des lois », Montesquieu s’était répandu en louanges sur la législation siamoise sur le seul argument qu’elle assurait la liberté religieuse mais sans se soucier de noter qu’elle était bien singulière la liberté religieuse d’une population composée de 90 % d’esclaves et bien singulier le paradoxe selon lequel cette population d’esclaves se qualifiait de « thaïs » c’est à dire d’ « hommes libres ».


Monseigneur Pallegoix est allé plus au fond, fort de sa connaissance profonde de la langue et de ses royales amitiés. Il a eu connaissance du fameux « code des lois » en 41 volumes sur l’histoire duquel nous reviendrons.  Il nous dit « J’ai lu tout le code des lois, elles m’ont paru en général très sages, conformes à la loi naturelle et bien appropriées au caractère et aux moeurs de la nation pour laquelle elles ont été faites. On prétend que ce code de lois, pour le fond, est à peu près le même que celui du fameux Manu, législateur indien. Il a été réformé et amplifié à plusieurs reprises, et surtout dans les temps modernes ». Inutile d’épiloguer sur ce qu’il nous raconte ensuite des lenteurs de la Justice et de la corruption des juges, nous ne sommes plus dans le sujet !


Nous retrouvons donc de façon plus sérieuse le fameux « code de Manou ».


manu2004

 

Le site « thailandlawforum » qui nous a semblé refléter l’opinion des avocats thaïs (orfèvres en la matière) nous indique lui aussi que la législation thaïlandaise d’avant Sukhothaï aurait trouvé ses sources dans le code de Manou et au cours de la période d’Ayutthaya (1350 – 1767) – quelle précisions, chers maîtres – avait été modifié pour constituer le système juridique thaï ?


Deux références sérieuses, mais toujours pas de « code de Ramathibodi ».


Quelques mots sur le « code de Manou ».


La découverte du sanscrit par les érudits occidentaux à la fin du XVIIIème siècle a donné lieu à une surabondante littérature. Sa datation est incertaine (quelques centaines d’années avant ou après Jésus-Christ selon les érudits). Il ne ressemble en rien à un « code » au sens où nous l’entendons, il s’agit d’un traité complet du monde visible ou invisible, de l’art de gouverner et de la classification des différentes classes de la société.


Il n’existe pas de système de droit écrit dans l’histoire du monde qui ne soit un enchevêtrement de rites et de prescriptions religieuses. Nous connaissons des fragments (par le grand Cicéron) de la loi romaine des douze tables, un exemple qui n’a rien de juridique : « vous ne mettrez pas d’or sur un cadavre ». Dans les pays bouddhistes, la notion indienne d’une loi liée à l’ordre cosmique est source et modèle constant du droit positif. Les préceptes de Manou ne sont pas l’expression de la volonté du prince mais l’expression de règles entrées dans les usages et exprimant surtout des lois fondamentales existant de tous temps qui s’imposent au roi s’il veut faire régner la justice parmi ses sujets.

Monseigneur Pallegoix parle de « Loi naturelle » car elle est un fonds immuable depuis la nuit des temps de règles fondamentales de la vie en société que l’on retrouve tout aussi bien dans la Loi mosaïque que Dieu grava dans le marbre pour Moïse que dans les 5 préceptes du bouddhisme (« tu ne tueras pas .... »).


4/ Une autre piste : Robert Lingat.


lingat

L’histoire de l’ancien droit siamois a un spécialiste qui fait toujours autorité à ce jour : Robert Lingat.

Il a occupé dans le droit comparé et dans l’étude de l’histoire du droit siamois une place immense.

De 1923 à 1940, il fut conseiller auprès des tribunaux siamois et soutint à Paris en 1931 une thèse fondamentale « L’esclavage privé dans l’ancien droit siamois ». Professeur enseignant l’histoire du droit siamois à l’Université des sciences morales et politiques de Bangkok puis professeur de siamois à l’école des langues orientales à partir de 1955, il mourut en 1972. Il est toujours le plus grand spécialiste de l’ancien droit siamois, de ce que nous pourrions appeler l’ « archéologie juridique du Siam ».


Que nous apprend-il sur les anciennes lois siamoises ?


Nous les connaissons uniquement par leur recension opérée en 1805 sur ordre du fondateur de la dynastie des Chakri.

L’histoire de cette « codification » de 1805 vaut d’être contée.

Il le fit magistralement. C’est une banale affaire judiciaire qui a conduit le roi à engager cette oeuvre considérable.

La dame Phom mariée au sieur Bun Sri présente une demande en divorce. Interrogé par un juge enquêteur, le mari s’oppose au divorce en indiquant que son épouse entretenait des relations adultères avec un certain Raja Artha. Le juge prend note de cette déclaration, mais, se plaint l’infortuné mari, ne donne pas suite, prend parti pour l’épouse et envoie un dossier tronqué à la juridiction chargée de rendre la décision. La dite juridiction refuse de prendre en compte les déclarations du mari, la conviction d’adultère constituant pourtant ce que les juristes nomment dans leur jargon une « question préjudicielle » et se fonde sur une disposition légale conférant à la femme le droit absolu de divorcer pour faire droit à sa demande. C’était un peu fort de café, vous en conviendrez, cocu, bafoué mais néanmoins perdant.

L’infortuné mari porte alors plainte contre le juge enquêteur et le complice de l’adultère et à la suite de divers chemins procéduraux, l’affaire se trouve entre les mains du roi.

Celui-ci considère comme inique une décision fondée sur des dispositions légales qui admettent la femme coupable au bénéfice du divorce entrainant séparation des biens, alors même que l’adultère est puni d’amende et confiscation des biens de la femme au profit du mari. Il soupçonna que le manuscrit sur lequel la juridiction avait fondé sa décision était fautif et confia à un haut fonctionnaire le soin de collationner le passage invoqué dans les motifs sur le passage correspondant de deux autres manuscrits, l’un conservé à la bibliothèque royale, l’autre dans ses appartements. Cette collation donna raison à la juridiction, en ce sens que les trois textes contenaient une disposition identique : « alors même que le mari n’aurait commis aucune faute, si la femme veut divorcer, le divorce étant demandé par la femme devra être accordée ».

Pour faire triompher l’équité, le monarque ne vit pas d’autre solution qu’une réforme législative. Mais au lieu de se borner comme ses prédécesseurs à un replâtrage ponctuel, il décida de faire procéder à une révision générale du corpus législatif. La plainte du mari bafoué ne fut que le prétexte invoqué dans le préambule qui rappelle sans transition qu’une quinzaine d’années auparavant,  en 1788, le monarque avait déjà convoqué une assemblée (un « concile ») pour procéder à la révision des manuscrits existants et restaurer les textes canoniques. Or, les manuscrits contenant les textes législatifs étaient remplis de fautes et de contradictions en sorte que l’administration de la justice était devenue difficile. Le préambule attribue expressément ces défauts à la mauvaise foi des hommes qui « égarés par la passion et n’ayant plus honte de leurs péchés » ne craignirent pas d’altérer les textes dont ils étaient dépositaires pour faire triompher leurs intérêts.

En clair, ce sont des manuscrits falsifiés qui étaient utilisés par des magistrats peu scrupuleux. Il importait donc de procéder à une totale révision des collections législatives. Le roi était persuadé que les textes en usage (avec l’exemple de l’affaire du mari trompé) étaient dus à des manipulations frauduleuses et la concordance des trois manuscrits susvisés ne l’incitait nullement à penser que la disposition incriminée était originale.

Cette oeuvre de révision est donc présentée comme le « rétablissement des lois anciennes dans leur teneur primitive » alors même que le roi, manquant de tout indice matériel s’inspira de sa propre notion de l’équité.


Ces manuscrits de 1805 se présentent donc comme une édition fidèle des anciennes lois, le droit ainsi rétabli correspondrait dans l’ensemble et à l’identique au droit en vigueur avant la chute d’Ayutthaya, mais il fut procédé à de multiples retouches, modifications ou additions qui ne reposent sur aucune critique des manuscrits existants. Ces retouches sont indécelables au milieu des dispositions admises comme authentiques.

Selon l’opinion éclairée de Lingat, on peut considérer cette oeuvre comme l’expression du droit coutumier applicable à cette époque et rien d’autre et surtout pas y trouver les fondements d’une étude du droit à l’époque d’Ayutthaya. Tout au plus y retrouve-t-on la tradition d’équité léguée au roi Rama Ier par ses prédécesseurs d’Ayutthaya.


Désormais, il est interdit aux juridictions de faire référence à tout autre manuscrit que les manuscrits officiels. Tout autre en effet, fut-il authentique, de la période d’Ayutthaya, n’a plus la moindre valeur juridique.


La conséquence inéluctable fut que les possesseurs d’anciens manuscrits ne prirent aucun intérêt à leur conservation et qu’il n’existe plus aucun manuscrit législatif antérieur dans le fonds de la bibliothèque nationale ! Les manuscrits qui ont servi de base au travail de la commission ont disparu. La diffusion des textes ou édits royaux se faisait par l’intermédiaire des temples, la conservation des manuscrits anciens ne fut plus assurée, peut-être ont-ils tout simplement été détruits.


Invraisemblable ? Que non pas ! Lorsque l’un d’entre nous changeait annuellement son code civil « Dalloz » il mettait le plus souvent et sans hésiter l’exemplaire obsolète au feu. L’essentiel du droit français est recueilli et collationné dans les encyclopédies « Jurisclasseur », ouvrages à fascicules mobiles comprenant actuellement 77 séries de 400 volumes environ chacun de la taille d’un grand Larousse. 37 volumes pour le seul droit civil, 9 pour le seul code de commerce et encore une trentaine pour les lois commerciales annexes et encore 9 pour la procédure civile, restons-en là si vous le voulez bien. Les mises à jour sont trimestrielles et effectuées le plus souvent (c’est une tâche absconde) par un collaborateur de la maison, il s’agit d’extraire les pages obsolètes pour les remplacer une à une par les pages de mises à jour. Les pages périmées (des montagnes de papier) sont détruites. C’est dire que si nous voulons ce jour connaître les méandres de la procédure de saisie-brandon en 1926, nous éprouverons déjà de très sérieuses difficultés.


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Peut-on dans ces conditions reprocher aux scribes de 1805 ou aux temples dépositaires de s’être débarrassé de manuscrits dorénavant dépourvus de la moindre valeur juridique ?


Le prétexte officiel d’ « un retour aux règles traditionnelles » n’a pas empêché les scribes d’être guidés par la nécessité de mettre la législation héritée d’Ayutthaya en accord avec les changements survenus dans les coutumes et dans les moeurs.

 

6/ Que restait-il dès lors de ce qui aurait été le « code de Ramathibodi » ?

Leur travail a commencé le 31 janvier 1805 et se termina le 16 décembre. Moins d’une année pour une oeuvre de titan ? On ignore combien de scribes le concile avait à sa disposition. Le monarque avait-il peut-être aussi à l’esprit l’exemple français : «  il sera fait un code de lois civiles commun à tout le royaume » décrète l’assemblée constituante en 1791, suivant une idée lancée par Louis XIV en .... 1665. Ce fut sous la « vive pression » du premier Consul que notre code civil put enfin voir le jour en 1804. Si Bonaparte n’avait pas prémédité son divorce le dossier serait peut-être toujours « en commission ».


Le résultat ?


 Ce sont les 41 volumes manuscrits étudiés par Monseigneur Pallegoix, copiés en trois exemplaires par les scribes royaux initialement dispersés entre divers ministères puis rassemblés par le Prince Damrong à la bibliothèque Vajiranana.


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Ces manuscrits rassemblent avec certitude des textes ayant été en vigueur à Ayutthaya depuis la date de sa fondation jusqu’à sa chute, ils comprennent tous un préambule daté. Ils sont la source à peu près unique d’information sur l’ancien droit siamois. Aucun document législatif original que l’on puisse rattacher avec certitude à cette époque ne nous est parvenu.

Robert Lingat qui les a étudiés, traduits et publiés y voit une survivance de la conception indienne du droit. Nous retrouvons Manou mais pas le roi Ramathibodi. Il ne faut évidemment pas passer sous silence la destruction d’Ayutthaya par les Birmans et la destruction de toutes ses archives.

La première partie comprend essentiellement les édits royaux, les instructions données par le roi à ses fonctionnaires au fil des siècles et touchant pour l’essentiel à des questions de procédure.

La deuxième partie constitue un arrangement méthodique et exhaustif des règles légales.

Elle commence comme le « code de Manou » par un prologue racontant l’histoire de la création du monde et suivie des dispositions légales « codifiées » divisées en chapitres (la procédure, les témoignages, les époux...) commençant par l’énoncé de principes généraux suivi des édits royaux successifs concernant ces sujets, toujours précédé d’un préambule expliquant la date et les conditions de leur promulgation.

Robert Lingat en analysant la complexité de la technique juridique les considère comme « relativement récents ». Cette législation a-t-elle été introduite dans la seconde moitié du XVIème siècle (hypothèse avancée par le Prince Damrong, sans référence aucune au monarque fondateur d’Ayutthaya, rapportée par W.A.R. Wood « A history of Siam » Bangkok 1933), les Siamois ont-ils utilisé une législation mône lorsque le royaume d’Ayutthaya s’est formé à l’emplacement d’un ancien royaume môn ?

Toujours selon Lingat, ces aménagements successifs recensés en 1805, l’avaient probablement été auparavant, présentation que l’on peut considérer comme un « code » et non comme une accumulation de textes en désordre comme le sont souvent les législations anciennes. Et toujours selon lui, ses recherches sur les sources aboutissent à une conclusion précise « C’est par l’intermédiaire du droit môn qu’a pénétré dans la législation siamoise l’influence indoue, la seule en somme qui ait été mise en lumière jusqu’ici ... ».

 

7/ Existe-t-il enfin, en dehors de l’introuvable code, un texte dont l’on puisse attribuer avec certitude l’origine au roi Ramathibodi ?


Peut-être mais il est de peu d’intérêt. Eugène Gibert (sur lequel nous n’avons trouvé aucun renseignements biographiques) publie à Paris en 1884 un petit opuscule d’une vingtaine de pages «  La famille royale de Siam » fondé sur des « documents siamois inédits » mais il ne nous dit pas lesquels. Il s’agit tout simplement de l’étiquette à la Cour royale selon un « édit de Ramathibodi de 1359 », le règlement intérieur du palais. Amusante description de l’étiquette, qui semblerait provenir d’une copie (mal référencée) d’un manuscrit de la bibliothèque nationale français du XVIIIème siècle, une fois encore sans garantie d’origine !

Notons qu’il existe, ce sont probablement sur de tels documents qu’ont travaillé les scribes de Rama Ier (les derniers ?) à la Bibliothèque nationale de France deux manuscrits siamois strictement juridiques, du XVIIIème,

« Lois qui régissent l’esclavage chez les siamois », côté  265 et « Lois qui règlent les dettes, le prêt et l’intérêt » côté XVIII 266.

Les inventaires des divers dépôts d’archives (voir dans nos « sources » « les manuscrits ») ne laissent apparaître que des textes d’ordre religieux dont le plus ancien serait du XVIème siècle ?


La codification de 1805 restera donc en vigueur jusqu’à la codification « à l’européenne » entreprise un siècle plus tard.

 

Avant elle, les juges statuaient en fonction d’un magma législatif (la diarrhée législative n’est pas une maladie seulement française) provenant à la fois des édits de Ramathibodi mais aussi de tous ses successeurs dont en fait il ne reste que la collation de 1805 dont rien n’indique qu’elle corresponde aux textes originaux. Curieusement, nous n’avons trouvé sur les sites thaïs aucune référence à un « code de Ramathibodi ».


Les fameuses « Annales d’Ayutthaya » dont nous avons parlé d’abondance dans les 7 versions complètes que nous connaissons, datées d’entre 1680 pour la plus ancienne et 1855 pour la plus récente, ne font pas la moindre allusion à une oeuvre de codification de Ramathibodi.

 

Singulier, dans la mesure où tous les monarques ayant marqué l’histoire ont eu à coeur de laisser le souvenir de grands légistes : l’histoire se souvient plus volontiers de Justinien comme rédacteur du « code justinien » (dont traînent quelques vestiges dans notre code civil de 1804)


justinien

 

que comme restaurateur de la puissance impériale de Rome. Napoléon prétendit être plus fier du code portant son nom (dont il n’avait pas rédigé une ligne) que de ses conquêtes.


napoleon

 

Jusqu’à, orgueil national oblige, l’invention opportune par les légistes de Philippe le Bel de la « lex salica » qui eut le seul mérite d’éviter à la France un roi anglais en inventant de toutes pièces un corpus législatif cohérent aux envahisseurs francs.

 

Ramathibodi fut un grand roi, lui dénier la qualité de grand législateur n’est pas le dénigrer. C’est l’oeuvre législative immense de  Phra Buddha Yodfa Chulalok qui mérite le nom de « code de Rama Ier ». 

 

 ____________Buddha Yodfa Chulaloke portrait______________________________________________________________ 

 

Sources


« The royal chronicles of Ayutthaya » par R.D. Cushman, Siam society, 2006

« Lois de Manou » exposées par Bhrigou, traduites du Sanscrit, à Paris 1833

« Nouveau droit international public » par Fiore Pasqual, chapitre I « les lois de Manou » à Paris, 1855

« L’évolution de la morale » par Charles Letourneau, Paris 1887

« De la codification d’après les idées antiques » par Henri Sumner Maine, Paris 1880

« Etudes sur l’ancien droit et la coutume primitive » par Henri Sumner Maine, Paris 1884

« Essai sur la condition de la femme au Siam » par Louis Duplatre, Paris 1922.

« Du royaume de Siam » par Simon de La Loubère, 1691.

« Description du royaume thaï ou Siam » par Monseigneur Pallegoix, Chapitre 8 du premier volume

« Défense de l’esprit des lois » par Montesquieu, 1748 (livre XIV chapitres 5 en 8 en particulier)

 « Encyclopédie » de Diderot et d’Alembert (première édition de 1751, tome 15 page 149 V° « Siam ») 

« L’évolution religieuse dans les diverses races humaines » par Charles Letourneau, à Paris 1898, chapitre IX

« Le droit des nations aux Indes orientales » par Charles Alexandrowicz in « Annales. Economies, sociétés, civilisations » 1964.

« Documents sur la dynastie de Sukhodaya » par Georges Coédés, in « Bulletin de l’école française d’extrême orient » 1917

« Les sources du droit et du pouvoir politique au travers des anciens textes thaïlandais » Thapanan Nipithakul ISBN : 978-2-915699-37-2 – 2007

« Encyclopédie théologique » par l’Abbé Migne, tome 34

« Remarques historiques sur la codification » par P.A.F. Malapert, à Paris 1861


Les manuscrits


« La famille royale de Siam » par Eugène Gibert in «  Bulletin de la société académique Indochinoise », octobre 1883.

« Catalogue sommaire des manuscrits indiens, indochinois et malayo-polynésiens de la bibliothèque nationale » par A. Cabaton, 1912.

« Les manuscrits siamois de la bibliothèque du roi – la première bibliothèque du monde sous Louis XIV et Louis XV » publié par l’Ecole française d’Extrême-Orient, 2008.

« Catalogue des manuscrits en pâli, laotien et siamois provenant de la Thaïlande » pat Georges Coédès in « Revue de l’histoire des religions, 1973.

« Notice des manuscrits siamois de la bibliothèque nationale » par le Marquis Edme de Croizier, Paris, 1887.

« Les manuscrits en thaï du nord de la Siam society » par François Lagirarde, in « journal of the Siam society » 1996.


De Robert Lingat 

« Vinaya et droit laïque.  Etude sur les conflits de la loi religieuse et de la loi laïque dans l’Indochine hinayaniste » in « Bulletin de l’école française d’extrême orient, » 1937.

« Lois siamoises, code de 1805 » (avec Jean Burnay) in «  bulletin de l’école française d’extrême orient » 1930.

« La conception du droit dans l’Indochine Hinayaniste » in «  Bulletin de l’école française d’extrême orient » 1951.

 « Note sur la révision des lois siamoises » Journal de la Siam society 1929

« In memoriam -  Robert Lingat -1892 – 1972 » in « Revue internationale de droit comparé » juillet-septembre 1972.

 

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13 septembre 2012 4 13 /09 /septembre /2012 03:01

titreMonseigneur Pallegoix nous apprend que U-Thong devenu Ramathibodi, a fondé « Juthia » en 1350 et ajoute avec un grand sens de la formule : « il ne se passa rien sous son règne, si ce n’est qu’il porta la guerre dans le Cambodge d’où il ramené une grande quantité de captifs » (1).

Richard Cushman, infatigable traducteur des huit versions connues des "Annales d'Ayuthaya" (voir notre précédent article), nous donne à quelques variantes près une version exactement similaire, et tout aussi lapidaire, celle probablement qui a inspiré Monseigneur Pallegoix.

Rochedragon est muet sur cette guerre de conquête mais le texte qu’il nous a traduit ressemble plus à la généalogie davidique du Christ qu’à une chronique historique (2).

L’auteur-traducteur de la Chronique publiée dans « the Chinese repository » nous parle dans son premier article de la fondation d’Ayuthaya et d’une attaque d’une armée siamoise de 5.000 hommes contre le Cambodge dont le roi revint vainqueur avec « a great many Kamboyan prisoners » (3).


prisonniers


Quelle fut cette guerre de conquête et a-t-elle seulement eu lieu vers le milieu du XIVème siècle ?


Nous nous sommes longuement penchés sur l’existence même de ces fameuses annales et sur leur contenu tel que nous le connaissons indirectement, lues par Monseigneur Pallegoix, par Browring et par Aymonier, traduites partiellement par Rochedragon et le correspondant anonyme du « the chinese repository », décortiquées encore par Aymonnier qui en a longuement souligné les incohérences et les contradictions y comprenant les Annales « modernes », « mosaïques brisées en mille morceaux et reconstituées sans intelligence » sans tirer plus de profit de ses études des annales chinoises également étudiées par Léon de Rosny (auquel il nous renvoit en permanence) qui parlait à peu près toutes les langues asiatiques mortes et vivantes de la création (4). (Cf. nos articles précédents et notes 5, 6, 7).


Il est une certitude toutefois, c’est que Ramathibodi fut à la fois un législateur (nous y reviendrons) et un conquérant et qu’il envahit triomphalement le Cambodge en ? (1461 affirme Aymonier non sans arguments !) d’où il ramena une foule de prisonniers après avoir saccagé la capitale, Angkor. (« Une dernière fois peut-être » ajoute-t-il, ignorant évidemment qu’en 1975 les khmers rouges feraient mieux, incluant aussi les archives et le martelage des inscriptions dans leur rage dévastatrice). Pour celui-ci, il est constant que la prise d’Angkor n’a pas eu lieu en (ou vers 1353) mais un siècle plus tard et qu’il n’y a eu qu’une invasion d’Angkor.


N’épiloguons pas sur ces (in)certitudes et imaginons qu’il nous faille disserter, en faisant soigneusement abstraction de tout ce que nous avons appris et sans la moindre archive crédible, sur la France de 1610, année de l’assassinat du « bon roi Henry » ?


Y a-t-il mieux à tirer des sources Cambodgiennes ?

Que non pas. La plus ancienne chronique connue date de 1796 (8) et se trouve présentement à la Bibliothèque nationale de France (9) (9 bis).

Celle-ci et d’autres, rédigées tardivement, donnent tout autant que les siamoises une chronologie flottante dans un langage souvent très ésotérique (10).


Pour les Cambodgiens (ce qui est plausible) les archives d’Angkor ont été pillées par les Siamois lors des invasions successives (ou pas) d’Angkor, emportées à Ayutthaya, et de là, retour de flamme, détruites par les Birmans en 1767 (11).


Les Khmers rouges ont fait le reste.


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Le patrimoine angkorien ne sortit pas indemne de leur régime, de nombreuses statues en pierre furent volées, détruites à l'explosif ou martelées et plusieurs statues en bois servirent de combustible, les infrastructures hydrauliques de l'époque d'Angkor ravagées, tous les plans du site d’Angkor incendiés. Et pourtant, dans un site Internet favorable aux Khmers rouges, ne le nommons pas, nous lisons  « Relativement peu de dégâts ont eu lieu au cours de cette période » !


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Un exemple est significatif, le fonds de ce qui subsiste des archives nationales du Cambodge représente 1800 mètres d’étagères dans une grande villa (coloniale évidemment) dont l’essentiel provient de la donation des énormes archives personnelles de Sihanouk, « le roi – père » (12), à comparer à celui de la Bibliothèque nationale de France, plus de 400 kilomètres sur 20 hectares !


archives


Il plane sur le sérieux de ces chroniques les mêmes doutes pesants que sur les siamoises, « des légendes par lesquelles les chroniques remplacent l’histoire ». (13)

Un texte chinois de 1296 traduit pour la première fois en français en 1951 ne donne malheureusement aucun élément historique (14).


Il y a une certitude, c’est que le chercheur de l’époque d’Aymonnier qui s’intéressait au Cambodge avait accès à plus de sources que celui du XXIème siècle et que la restauration d’Angkor peut se poursuivre essentiellement grâce à l’immense patrimoine photographique recueilli par les Français et à l’estampage systématique des inscriptions aujourd’hui martelées.

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Ce que l'on croit savoir de la première prise d’Angkor tient en peu de lignes.


A partir du règne de Ramathibodi, qu’il soit fils d’un épicier chinois ou de sang princier, le royaume d' Ayutthaya monte en puissance militaire et se lance dans une politique d’annexion des territoires voisins. La nouvelle capitale, Ayutthaya est désormais à moins de 400 kilomètres d’Angkor. De centrale, la position géopolitique d'Angkor était devenue frontalière, position difficile pour une capitale résidence royale.

La conquête siamoise menée par le fondateur du Royaume d’Ayutthaya aurait eu lieu « vers » 1353. 

 

Pour la suite, contentons-nous d’une version cambodgienne qui a le mérite du pittoresque : 

 

Ramathibodi nomme en charge des opérations son fils, gouverneur de Lopburi. Rochedragon nous le décrit comme « un prince plein de bravoure » (loc.cit. Introduction) qui dirige une troupe de 15.000 hommes bien entrainés divisée en deux corps d’armée, le premier de 10.000 hommes confié à son fils Ramaso et une troupe de choc, 5.000 hommes confiée à son petit-fils Sisobath. Sur le chemin, il ne rencontre aucune résistance. Arrivé aux alentours de la capitale, défendue par 50.000 hommes, il l’investit en construisant des remparts de la hauteur des murailles de la ville mais les Khmers résistent aux assauts malgré les canons siamois auxquels ripostent les leurs (15). Sisobath est tué en un combat singulier avec un prince khmer rappelant singulièrement celui d’Achille avec Hector.


 

suriyothai

 

 

Le sort d’une guerre de siège est toujours incertain.


Seule la ruse permettra la prise de la ville.


ruse de guerre militaire humour


Il faut trouver des volontaires, on va les trouver. Ce seront des « déserteurs » qui joueront le rôle du cheval de Troie. On crée donc une cour martiale fictive pour juger six « traitres » pour « lâcheté devant l’ennemi ». Le verdict tombe, 50 coups de fouet. Le supplice a lieu sous l’oeil réjoui des Khmers.


17

 

Et pour écarter tout soupçon, comble de la ruse, on condamne également à mort six « traitres » volontaires (?) qui sont décapités sous les yeux des Khmers.

 

-execution

 

Mais une fois la nuit tombée, les six traitres fouettés s’évadent avec la complicité de leurs gardiens et se réfugient dans les lignes khmères pour demander protection du monarque. Celui-ci leur accorde l’asile, les fait soigner par ses médecins et ils se battent courageusement du côté khmer. Deux d’entre eux meurent même au combat. Les survivants, considérés comme des amis, ont alors toute liberté pour circuler à l’intérieur de la cité ce qui leur permettra une nuit, après avoir massacré les sentinelles et envoyé un signal aux assiégeants, d’ouvrir l’une des portes et de faire entrer les troupes siamoises.

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Une belle légende qui peut flatter l’orgueil national cambodgien, la capitale a été prise par traitrise. (16)

On n’aime toujours pas, du côté cambodgien se souvenir de ces événements, période de « colonisation » siamoise qu'il faut cacher. 

 

Il y a probablement une explication plus réaliste à la chute brutale du royaume d’Angkor, analysée en particulier par Louis Finot (17).


La société khmère est hétérogène : « Une aristocratie cultivée d’origine étrangère, recouvrait d’un brillant mais très mince vernis la masse brute de la population khmère. Or, s’il est vrai que quelques invasions ne frappent pas mortellement un peuple, elles peuvent très bien anéantir une élite et, par suite, la civilisation qui se concentre en elle, surtout quand elles s’accompagnent, comme c’est l’usage constant en Extrême-Orient, de razzias immenses de captifs. C’est sans doute à cette disparition de la partie pensante de la société qu’il faut attribuer l’arrêt brusque des constructions, l’interruption des documents épigraphiques, l’oublie du sanscrit. » Rien n’établit que le peuple, peuple d’esclaves soumis aux perpétuelles corvées (le seul temple d’Angkor Vat représenté 3000 tonnes de pierre transportées à dos d’homme), eut envie de soutenir ses monarques. Le vainqueur a eu le mérite aussi d’apporter une religion moins farouche.


Pour des raisons difficiles à déterminer, le premier souverain d’Ayuthaya, couronné sous l’égide des brahmanes fait du bouddhiste théravada la religion officielle. Sous l’influence de culture indienne, Angkor était divisé en castes, le pouvoir du roi, représentant des dieux sur terre, était absolu. C'était la monarchie de droit divin dans tous ses excès au point que, après la prise d'Angkor, la royauté siamoise dont le comportement était proche de celle d'Angkor, changea radicalement, pour un temps seulement, son approche du peuple. Il lui fallait éviter de se retrouver comme les rois d'Angkor complètement dissociés et abandonnés de sa base.

 

Les moeurs de cette époque se résument en une seule formule « vae victis » « malheur aux vaincus »,


Alix VaeVictis WEB

 

pillage, déportation (90 000 personnes dont 10 000 pour transporter le butin), on massacre le Roi, sa famille et sa cour.

Cette pratique de la transplantation de masses entières de populations sur le sol étranger, hommes, femmes et enfants était monnaie courant à cette époque (Siamois, Cambodgiens, Chinois, Laos, Birmans l’exerçaient tour à tour en fonction des circonstances) pour avoir l’avantage (si l’on peut dire) d’affaiblir le pays vaincu en le dépeuplant, les populations déplacées, population d’esclaves ne devant guère y voir qu’un changement de maître. C’est ainsi plus de 10 % de la population khmère qui aurait été déportée au Siam ? (18)

Il est évident aussi que le rapport de force n’était pas en faveur des Khmers, six millions d’habitants « environ » au Siam à son époque, nous apprend Monseigneur Pallegoix (loc.cit.), à la même date, notre protectorat du Cambodge comprend « environ » un million d’habitants (19), un rapport de un à six qui est le même de nos jours et était très probablement le même au XIVème siècle ? Si, nous apprend Gervaise (loc.cit.) le roi de Siam pouvait mobiliser « sans difficultés » 50.000 guerriers et 100.000 en faisant appel aux provinces voisines, on peut toutefois émettre des doutes sur la réalité de ce chiffre tout autant que sur celui des 50.000 guerriers défendant la capitale khmère ? Sir Browring pour sa part estime à 40.000 le nombre des habitants de la capitale ?

Nous n’avons malheureusement aucun élément objectif pour connaître la population siamoise ou khmère à cette époque. Mais on oublie par exemple trop souvent dans la narration de la geste napoléonienne que si les victoires de l’Empereur étaient dues à son génie stratégique, elles l’étaient aussi (et surtout ?) au fait que la France était alors (et de loin) le pays le plus peuplé d’Europe et qu’il a pu envoyer au feu un million et demi d’hommes alors que l’Angleterre, l’Autriche-Hongrie ou la Prusse étaient peuplée de 5 ou 6 millions d’habitants et la Russie d’une grosse dizaine face à la France qui en comptait 30.


De 1353 à 1357, les troupes siamoises occupent tout le Cambodge et Ramathibodi Ier nomma successivement trois de ses fils comme rois « subordonnés » du pays conquis sur le règne desquels nous ne savons pratiquement rien d’ autre que leurs noms que nous donnent les chroniques khmères, à savoir : de 1353 à 1354 : Jao Bassat ; de 1354 à 1355 : Jao Baat ; et de 1355 à 1357 : Jao Kampang.

 

Les Khmers reprendront  Angkor en 1357 et repousseront  les Siamois jusqu'à Korat.


 Mais Ayutthayia reprit bientôt la lutte, et la nouvelle guerre, qui dura près d'un demi-siècle, devait aboutir à la prise et au nouveau sac d'Angkor, en 1431.


Ce sera une autre histoire.


 

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Notes et références.


(1) « Description du royaume thai ou Siam » deuxième volume, p.75.

(2) « Bulletin de la société de géographie de Rochefort » 1890 p. 81 s.

(3) « The chinese repository » 1836 p.55.

(4) « le Cambodge III - le groupe d’Angkor et l’histoire ».

(5) « The kingdom and the people of Siam » Hong-Kong 1856.

(6)  Dixit Mademoiselle Thunyaporn Benjawan : « La mission du chevalier de Chaumont – la première ambassade française au Siam – 1685 » Univers « ประชุมพงศาวการ ศึกษาภัณฑ์พาณิชย์ »

(7) « Histoire naturelle et politique du royaume de Siam » Paris 1688.

(8) Mak Phoeun « l’introduction de la chronique royale du Cambodge du lettré Nong » in Bulletin de l’école française d’extrême orient, 1980 volume 67.

(9) « Etude du fonds Cambodge de la bibliothèque nationale de Cambodge » Pascal Lefèvre 2006.

(9 bis) « Catalogue sommaire des manuscrits indiens, indochinois et malayo-polynésiens de la bibliothèque nationale » publié par Cabaton à Paris en 1902. Ce fonds provient d’une donation en 1877 d’Ernest Doudart de Lagrée qui fut ambassadeur près le roi du Cambodge. Indépendamment d’une Chronique royale et de sa traduction, il contient une collection complète d’estampage des inscriptions d’Angkor et une copie de tous les plans, probablement à ce jour les derniers qui subsistent. Il semble n’avoir fait l’objet que d’études partielles ?

(10) Jan R. Dressler « Plotting History – The interdependant development of Siamese and Cambodian chronicle » Hamburg 2005)

(11) « Mon Khmer studies VI » « les chroniques royales khmères » par Khin Sok.

(12) site officiel http://www.nac.gov.kh/fr/

(13) « Quelques réflexions sur la valeur historique des chroniques royales du Cambodge » par Khin Sok in « Bulletin de l’école française d’extrême orient » 1975 p. 197 s.

(14) « Mémoires sur les coutumes du Cambodge » « récit de Séou Ta Chouan (1296) » traduit en français par Paul Pelliot en 1951.

(15) « Légendes sur le Siam et le Cambodge » C. Lazauzelle 1939

(16) Un évident anachronisme d’une chronique tardive, l’armement des guerriers khmers nous est connu par les bas-reliefs d’Angkor. Il n’y avait certainement pas d’armes à feu au Siam et au Cambodge au XIVème siècle.

 

armes 2


(17) « Sur quelques traditions indochinoises », « Bulletin de la Commission archéologique de l’Indochine ».

(18) « Histoire sommaire du royaume du Cambodge, des origines à nos jours » par Henri Russier, Saïgon en 1914.

(19) Partie administrative de l’ « Almanach de Gotha », 1858.

(20) Lanza del Vasto « Le pèlerinage aux sources » Denoël 1943.

                                   ___________________________________

Ces incertitudes permanentes, chronologiques ou généalogiques (il plane des doutes sur le nombre même de rois Ramathibodi : Y a-t-il eu un Ramathibodi II après Ramothibodi I ou est-ce le même personnage ?), ont initialement choqué nos esprits « cartésiens ».

Nous avons appris, par exemple, qu’en 481 (ou 482), à la mort de son père Childéric, un jeune chef franc de 15 ans, nommé Clovis, a été hissé sur le pavois. Au bout de plus de 1.500 ans, l’incertitude est minime et n’intéresse plus que les « experts » (qui sont toutefois incapables de nous dire le jour et l’heure). Nous naviguons ici avec des marges d’erreur de 100 sinon 200 ans ? Le hasard vient de nous faire relire Lanza del Vasto. A 35 ans, en 1936, cet aristocrate né dans les Pouilles est parti à pied à la rencontre de Gandhi, son « pèlerinage aux sources ». Il fut à ses premiers contacts avec les brahmanes et les bouddhistes de Ceylan (d’où est venu le bouddhisme siamois) stupéfait de leur inexactitude à propos des dates, « la stupeur du nouveau venu » : « Leur inexactitude à ce propos n’est due ni à une confusion mentale ni au vague à l’âme mais à une volonté délibérée de se détourner de ce qu’ils tiennent pour vain ... Allons-nous perdre notre temps, ou pour mieux dire notre éternité, à conserver dans la mémoire ce qui se passe dans le temps ? ... Constituer une science des souvenirs de ce qui s’est passé une fois dans le temps, c’est verser dans l’absurdité. Cette absurdité, c’est l’Histoire, un savoir qui ne sait rien de vrai ... Et de leur Histoire, nous n’en savons rien, du moins par eux. »

       le-pelerinage-aux-sources-lanza-del-vasto

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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 03:01

titreNous venons de voir dans l’article précédent que Richard D. Cushman a traduit toutes les chroniques thaïes connues concernant le royaume d’Ayutthaya (1351-1767), à savoir les 7 versions et des fragments édités en thaï dans les années 60-70, en les présentant de manière synoptique  afin que nous puissions comparer les divergences et les variations  entre les versions  quand elles existent. Il n’est donc pas étonnant que sa traduction en anglais soit considérée comme LA REFERENCE.*

 

1/ Mais alors pourquoi personne n'a exposé la VRAIE version des chroniques royales  thaïes?


Pourquoi nous avons identifié (et présenté) 10 versions bien souvent contradictoires, qui faisait venir le fondateur U Thong, d’Uthong (située à 25 km de Suphanburi),  du Cambodge, de Chieng-Raï, de Khampëng-Phet, de Cha Liang, de Suphan Buri, du Nord, du Sud , de l’Est,  de Deva Mahanagara ( !) …


Et pour cause. Ils ne le pouvaient pas.


Tous proposent un récit, certes différent, de bric et de broc, mais un récit, « une histoire », implique une  vraisemblance des faits racontés, une relation cohérente entre les événements rapportés,  alors que les « Chroniques » ne proposent pas de récit, mais des phrases et des paragraphes  qui se suivent sans lien entre elles bien souvent et parfois divergentes, présentées dans leur incohérence, leur discontinuité, et dans leur indétermination.(Cf. définition du mot « histoire », en note**). Bref, elles sont « illisibles».

Nos experts donc eu à coeur de combler les trous, de mettre des relations là où elles n’existaient pas, de les inventer même, afin de proposer un récit, qui n’est pas dans les Chroniques.


Oui, les différents « experts » ont cru bon de rajouter, qui un texte pâli, qui un extrait des Annales chinoises, qui des Annales cambodgiennes (Cf. le prochain article pour leur fiabilité !), qui, ce qu’aurait dit le roi Mongkut à un confident, qui ce qu’aurait présumé l’érudit thaï Charnvit Kasetsiri (grand historien thaï, ancien recteur de l’Université de Thammasat) (Cf. Wikipédia), qui une chronique royale (qu’on aura soin de ne pas nommer), qui une élucubration  …

Kasetsiri


Nous étions au milieu de pratiques douteuses, malhonnêtes.....  d’ « abuseurs » de vérité.


En fait, PERSONNE n’a osé dire que les « Chroniques d’Ayutthaya », du moins en ce qui concerne la fondation du royaume (qui nous (pré)occupe ici), étaient NULLES***. (Nous verrons le reste par la suite, mais sans conviction).


Pourquoi ont-ils osé écrire l’Histoire d’Ayutthaya en « assurant » leur interprétation, de L’AUTORITE de ces Chroniques ? Pourquoi ont-ils éprouvé la nécessité d’inventer leur version ?


Pourquoi ?


Peur du lèse-majesté ?

lèse majesté

 

corpus considéré comme sacré ? honte de l’expert qui ne peut avouer qu’il travaille sur un objet sans valeur ?  sans  intérêt ? incohérent ? manque de courage ? instinct d’imitation ! conformisme ? désir de montrer sa compétence comme par exemple « l’expert » Lagirarde François****, s’excitant sur tel ou tel mot ou expression, qui auraient été mal traduites par Cushman !!!   Oui pourquoi ?


Nous exagérons ? Nous devenons imbus de nous-même, vaniteux, présomptueux, infatué, arrogant ?


2/ Juger plutôt.


Sept versions présentent la fondation d’Ayutthaya dans le chapitre 1,  en 23 pages, pour  une période de 197 ans (1351-1548) avec 29 sections, dont 6 pour des légendes et 1 seulement pour le prince U Thong et la fondation d’Ayutthaya et 1 en tant que roi Ramathibodi 1 (1351-1369) et ensuite 15 sections pour 15 rois. (dont certaines font moins d’une  demi-page pour un roi).

prince


Oui, vous avez bien lu : moins de 2 pages pour le fondateur du royaume d’Ayutthaya ! 

Mais avant ces 2 pages, vous avez les légendes et prophéties concernant le roi Thammarat, le roi Ruang, le prince Sutthikuman qui informe le roi Rü de Chiang Mai, que Sacchanalai  a pris son indépendance, la fondation de Phitsalunok, une ou deux histoires des rois Suthat et Khotthewarat, et puis comment le Prince Chaithatsakuman accompagné de son jeune frère moine Chaisanekuman,( les deux fils du roi Sukhanthakhiri de Chiang Maï !)  a couché avec la fille du roi de Sachanalai, comment il fut découvert et exécuté et son frère moine  put retourner à Chiang Mai sain et sauf.


On évoque donc des prophéties légendaires, l’indépendance de Sachanalai, la fondation de Phitsalunok, et une exécution d’un fils du roi de Chiang Mai qui a couché avec la fille du roi de Sachanalai ! Croyez-vous que nous sommes vraiment dans l’Histoire d’Ayutthaya ???


Tout ceci avant d’arriver à la section consacrée au Prince U Thong, sans transition. Si vous voyez le rapport, la cohérence, vous  êtes très fort.

 Le 1er te le 2 ème § ne sont  évoqués que dans une version. La version C dite du British Museum (1807) Kao Na (1964).*****


1er § (5 phrases, 10 lignes)

1ère phrase. 

Ensuite sans aucune date, il est dit dans la première phrase (nous donnons le contenu et non la traduction) :  


que le roi du Kampuchéa est décédé et que faute de pouvoir trouvé un successeur dans la famille royale,  tout le peuple a souhaité que le Prince U Thong, qui est le fils de Chodükserthi (précise-t-on), puisse devenir roi et gouverner le royaume. 

Quelles précisions et vraisemblances ! :

  • Le prince  U Thong ? d’où vient-il ? On précise qu’il est le fils de Chodükserthi , comme une référence? Qui est-il ?Vous avez bien lu. Les « Chroniques «  ne disent rien sur l’origine de U Thong.
  • Le roi du Kampuchea meurt. Quel roi ? quelle date ?
  • « Le peuple a souhaité ». Dans une monarchie absolue, la famille royale demande au peuple de choisir le prochain roi ! Une première !
  • Il n’aurait donc pas accepté et en 1353 il serait parti conquérir Angkor !!! (Cf. plus loin). C’est évidemment logique !

Bref, on ne sait rien.Sauf  pour nos « experts » : 

  • sauf pour Charnvit Kasetsiri l’ancien recteur de Thammasat, qui rajoute « chef présumé de la communauté marchande chinoise » 
  • ou Dovert qui reprend « fils d’un commerçant prospère, qui a pu épouser une princesse locale (laquelle ?)
  • ou Xavier Galland qui sait que U Thong  était gouverneur d’ UThong (située à 25 km de Suphanburi) et qui s’est marié à une princesse de la maison de Suphan Buri
  • ou Pallegoix, « Les grands du royaume, ayant tenu conseil, élurent pour roi le fils d'un richard appelé Xôdok, et lui firent épouser la princesse cambodgienne. Le nouveau roi, nommé Phra-Chao-Uthong, régna sept ans à Inthapat- Nakon;
  • ou L. B. Rochedragon qui est sûr que Rama-Thibodi 1er était auparavant  le fondateur du royaume et de la dynastie de Chieng-Raï ! 
  • ou Sir Bowring nous confiant que le roi Mongkut relatait qu’U Thong venait effectivement d’une dynastie qui aurait régné à Cha-Liang.
  • ou Aymonier qui doute de tout et même de la ville de Chia-Lang (« peut-être confondue avec la ville bien connue de  Kamphêng Péch ») et place la fondationd’Ayutthaya le siècle suivant.
  • Ou un inconnu qui le fait jeune Prince Thaï Bodi, gouverneur du district de Supanburi.
  • Ou …

Où ont-ils trouvé l’information ? Nul ne le sait. En tout cas, les Chroniques n’en disent rien.


2ème phrase.

On apprend que « le roi » ( il manque un épisode. Il était prince dans la 1ère phrase !) « en charge de sa capitale » (laquelle ?) est allé au sud avec la population pour fuir une épidémie de variole

 

variole

(on précise « ils partirent de nuit » ! ).

3 ème phrase. Il est dit que son frère ainé s’est installé provisoirement avec ses troupes à Suphanburi. (pourquoi ?)


 4ème phrase.

 Le roi U Thong, après plusieurs jours de marche avec ses troupes, voit une large rivière et une ïle « apparemment saine ». 5ème phrase. Il traverse la rivière et s’installe sur l’île de Dong Sano, 


Le 2ème § (15 lignes).

Une seule version (dite du Bristish museum (1807) KaoNa 1964) 

british museum

      raconte la rencontre du roi avec un saint moine qui lui rappelle une prophétie qui lui confirme que cette région déserte deviendrait la royale cité d’d’Ayutthaya, qu’il était le grand souverain attendu et lui fit d’autres révélations qui confortaient U Thong dans son choix. Le moine s’envola pour veiller depuis la montagne au respect des «  Four Divine States of Mind ».


3ème §. (7 lignes)

En synoptique, 2 versions en 2 colonnes (A : Luang Prascet (1680) Khurusapha 1963). B : Phan Canthanumat (1795) Khurusapha 1969).


Là, on sort complètement du sujet.


Colonne A. Il est dit que le roi (lequel ?) en 1042,  année du singe,

 

année du singe

 

le mercredi, le douzième jour de la lune croissante du cinquième mois, a eu le plaisir d’ ordonner de faire enlever les chroniques des événements enregistrés par les astrologues royaux d'autrefois et des chroniques des événements que l'on trouve dans le hall des archives, afin de  sélectionner les événements que l'on trouve dans ces chroniques royales et  les assembler  en un seul lieu dans l'ordre chronologique.


Colonne B. (Encore plus énigmatique). Il est dit qu’en 1157, année du lapin,


année du lapin

septième de la décennie, le roi Boromthammik  [Rama 1] qui gouverne  le royaume depuis Ayutthaya la capitale et qui règne au Palais Dusit, édita la chronique royale.

Laquelle ? On est en plein délire. Rapport avec ce qui précédait ? avec ce qui suit ? on passe de 1042, année du singe, à 1157, année du lapin, pour continuer dans la phrase suivante en 712, l’année du tigre !!!! et ensuite (4ème §) dans une phrase et demie, une version (A) nous annonce qu’en 686, l’année du rat, une statue de Bouddha, Lord Phanaengchoeng,  a été installée. !!!   


Et enfin dans  le 5ème §, on revient au sujet, avec précision.

Jugez plutôt :


6 versions nous donnent (en 2 l et demie) l’année, le mois, le jour, la date, l’heure ! de la fondation de la capitale Ayutthaya.

Que Xavier Galland traduit  « En l’an 712 (une année du Tigre), au sixième jour du premier croissant du cinquième mois, un vendredi, à trois nalika et neuf bat après le lever du soleil »

En rajoutant (donc ce qui n’est pas dans les Chroniques): - soit le vendredi 4 mars 1351, peu avant dix heures du matin -, une cérémonie avait lieu sur une île du Chao Phraya »,  où « devenait roi sous le nom de Ramadhibodi et Krung Thep Dvaravati Sri Ayutthaya devenait officiellement la capitale d’un royaume qui désormais porterait son nom. (op. cité) 

Evidemment, cela ne gêne personne, que cette date arrive, après tant d’imprécisions, d’incohérences  et tout de suite après des remarques  sur des édits royaux concernant les Chroniques, à des périodes très différentes ! enfin avec 471 ans d’écart ! (De 686 à 1157).

On aurait pu au moins émettre l’hypothèse d’une date « favorable » donnée par un moine pour cette cérémonie de fondation de capitale.


Et voilà, c’est tout.


Pensez-vous avec ces 39 lignes censées évoquer la fondation d’Ayutthaya, (« Le Prince Uthong et la fondation d’Ayutthaya »), pouvoir proposer un récit sur le fondateur d’Ayutthaya ???

 

Eh bien, beaucoup l’ont fait. C’est NOTRE DECOUVERTE. Proposer un récit là où il n'existe pas. 

 

3/ Ensuite vient la section intitulée « Le roi Ramathibodi 1er, 1351-1369 ».


Une page, 5 §, 43 lignes pour le fondateur du royaume  d’Ayutthaya !!!et encore heureusement cinq versions sur 7 ****(BCDEF) relatent les mêmes informations.


1er § (13 lignes).


Il est dit (ceci n’est pas une traduction) : qu’après la construction de 3 palais, le roi U Thong-qui avait 37 ans- entra dans la citée et monta sur le trône. Les brahmanes lui conférèrent le titre royal  de Ramathibodi 1er de la capitale d’Ayutthaya. [La version F précise que ce titre était le même que celui du roi Ram Naraï, l’avatar de vishnu, qui avait régné sur Ayutthaya dans  une période précédente. Le roi était heureux d’avoir (avec lui)  le roi Phangua -qui était le frère ainé de la reine- et qu’il traita comme son frère aîné, ; il devint le roi Boromracha et monta sur le trône de Suphanburi.] Le roi confia le trône de Lopburi au Prince Ramesuan. A cette époque son royaume avait 16 États qui étaient alors sous sa domination : Malaka, Chawa, Ténassérim, Nakhon Si Thammarât (Ligor), Tavoy, Martaban, Moulmein, Songkla, Canthabun, Phisalunok, Sukhotai, Phichai, Sawankhalok, Phicit, Khamphengphet, et Nakhon Sawan.


cartes tributaires


Nous avions déjà dans un article antérieur exprimé notre étonnement devant le fait qu’il ait déjà 16 principautés vassalisées et sur une aire aussi  étendue. Vous n’avez pas oublié qu’à cette époque (en 1351) le royaume dominant était Sukhotai. Or, nous pouvons remarquer que Sukhotai est dans la liste des états vassalisés.


Le problème est que Sukhotai fut vassalisé en 1378 et annexé en 1438 par Ayutthaya. Et Ramathibodi 1er  meurt en 1369 !


Non seulement les Chroniques sont incohérentes et de plus nous voyons maintenant qu’elles sont fausses.

 Mais qui a écrit ces Chroniques ? Ayutthaya aurait vassalisé 16 principautés et nous n’avons aucun récit d’une de ses batailles ?


2éme § (16 lignes consacrées à la conquête de la capitale du Cambodge ).


On peut déjà noté qu’Angkor n’est pas dans la liste précédente et que c’est la seule dont on raconte la prise. Curieux !


5 versions (BCDEF) disent donc : « Plus tard » (la date n’est donc pas donnée), le roi envoie un message au Prince Ramesuan le priant de venir en sa capitale afin de pouvoir l’informer que le Khôm (Cambodge) a rompu son alliance. Il lui ordonne alors d’aller les détruire. Sous un augure favorable le Prince Ramesuan atteint la capitale du Cambodge avec une armée de 5000 hommes. (on précise à la nuit venue!). Le Uparat (vice-roi), le fils du roi du Cambodge a demandé au roi l’autorisation de pouvoir attaquer les troupes du Prince fatiguées et pas encore regroupées. L’avant-garde fut mise en déroute et a fui.  Quand les nouvelles parvinrent à Ayutthaya un édit royal invita le plus haut dignitaire (Tamruat) à partir (Qui est ce haut dignitaire ? ce Tamruat ?) et le roi invita le roi Boromracha (il ne l’était pas encore) (on redit « qui était le plus vieux frère du roi et vivait à Suphanburi) ») de venir à Ayutthaya. Le roi lui demanda d’aller aider son neveu. Le roi Boromracha leva une armée et se précipita sur la capitale du Kampuchea pour la combattre et en sortir victorieux. Il prit de force beaucoup de riz et un nombre considérable de familles.


Franchement, comme compte-rendu d’une victoire sur Angkor, on peut mieux faire.(Cf. notre article suivant tentant d’en savoir un peu plus sur cet événement via les annales cambodgiennes).On n’ose même pas critiquer tant cela est pauvre. Qui a pu prendre la responsabilité d’éditer de pareilles mièvreries ?


Voyons le niveau de ce qui suit pour le règne de Ramathibodi 1er de 1354 à sa mort en 1369, 4 petits § (13 lignes) pour évoquer (les 5 versions BCDEF s’accordant) :

  • «  in 715, a year of the serpent, fifth of the decade, on Thursday, the first day of the waxing moon of the fourth month, at two nalika and five bat “, la creation par le roi, à Wiang Lek Royal residence, d’un temple sacré avec une salle de prière et un grand reliquaire, auquel on donna le nom de Phutthaisawan. (Vous avez remarqué la precision).

Et ensuite suit, sans transition, après l’information concernant la décision royale de construire un temple.

  • Un cheval appartenant à khun Suwanphinitcai a donné naissance à un poulain avec une tête, deux corps et 8 pattes. En marchant, les deux corps se battaient pour prendre le dessus.
  • Un poulet appartenant à Phra Si Mahosot a eu un poussin avec un corps et deux têtes.

Et ensuite, encore sans transition, après un temple, un cheval à 8 pattes, un poussin à 2 têtes,

  • En 725 (4 versions) ou en 719 (version F) ??? (avec précision du mois), décisions du roi de procéder à la crémation des Princes Kaeo et Thai, morts du choléra, et de construire un temple du nom de Pa Keo avec un monument sacré et une salle de prières sur le site de la crémation.

 

Voilà c’est tout pour le fondateur du royaume d’Ayutthaya.


On apprendra sa mort que dans la section suivante consacrée au 1er règne du roi Ramesuan. Mais cela est une autre histoire.

Vous comprenez maintenant pourquoi, nous avons prétendu, par « provocation », avoir découvert la vraie version thaïe de la fondation et du fondateur du royaume d’Ayutthaya. Car les chroniques royales d’Ayutthaya ne proposent aucun récit de la fondation du royaume d’Ayutthaya.


C’est cela NOTRE DECOUVERTE.


Alors maintenant, quand vous lirez «  Les chroniques royales d’Ayutthaya disent que … », vous aurez le droit de sourire …………………


 Je me marre

 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

*A Synoptic Translation by Richard D. Cushman, The Royal Chronicles of Ayutthaya, Edited by David K. Wyatt, The Siam Society, Under Royal Patronage, 2006.


**Le mot « histoire » vient du grec ancien historia, signifiant « enquête », « connaissance acquise par l'enquête », qui lui-même vient du terme ἵστωρ, hístōr signifiant « sagesse », « témoin » ou « juge ». Il a pour origine les Enquêtes (Ἱστορίαι / Historíai en grec) d'Hérodote. Littéralement, le mot ionien Historíai signifie « recherches, explorations », et dérive selon toute vraisemblance de la racine indo-européenne *wid- qui signifie voir, ou savoir pour avoir vu1.Le mot est introduit en français au début du XIIe siècle avec le sens de « relation des événements marquants d'une vie, d'un règne » ou de « chronique d'un peuple »2. Il prend aussi le sens général d'histoire (au sens de récit), polysémie qu'il a conservé jusqu'à ce jour en français comme en allemand. C'est à partir du XIIIe siècle, comme peut en témoigner l'usage qu'en fait Brunetto Latini dans son Livre dou Trésor, que le terme commence à recouvrir le sens de « récit historique »3.(wikipédia)

 


Brunetto latini


***nul, adjectif Féminin nulle. 


Sens 1 Qui équivaut à rien. Ex Avec ce brouillard, la visibilité est nulle.

Sens 2 Qui reste sans résultat. Ex Un match nul.

Sens 3 Sans aucune valeur. Ex Ce prof est nul ! Synonyme lamentable

http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/nul/


****Chronicle of the Kingdom of Ayutthaya (Phraratchaphongsawadan Krung Si Ayuthaya). The British Museum Version_ Richard D. Cushman : The Royal Chronicles of Ayutthaya. In: Bulletin de l'Ecole  française d'Extrême-Orient.Tome 88, 2001. pp. 388-394.

 

*****  Les 7 versions et une de fragments

 A : Luanf Praaascet (1680)

               Khurusapha 1963

            B : Phan Canthanumat (1795)

                 Khurusapha 1969

            C : British Museum (1807)

               Kao Na 1964

            D : Révérend Phonnarat (?)

              Khlang Witthaya 1971

            E : Phra Cakkraphatdiphong (?)

              Khurusapha 1961

            F : Royal Autograph (c. 1855)

            Odeon Store 1962

            G : Thonburi Fragment (1779)

              Khurusapha 1963

            K : [ not know]

 

 

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30 août 2012 4 30 /08 /août /2012 03:01

cushman" Les Chroniques royales d’Ayutthaya" dans une traduction synoptique  de Richard D. Cushman.**


Nous comprenons aujourd’hui pourquoi S. Dovert* s’est référé au travail monumental de Richard D. Cushman** The Royal Chronicles of Ayutthaya. Nous avions trouvé là NOTRE REFERENCE pour écrire l’Histoire du royaume d’Ayutthaya. David K. Wyatt*** expliquait dans sa préface en quoi consistait le travail ambitieux et énorme accompli par Cushman.


150px-David K. Wyatt


Il n’a ni plus  ni moins traduit en 20 ans, jusqu’ à sa mort en 1991, toutes les chroniques connues concernant le royaume d’Ayutthaya (1351-1767), à savoir les 7 versions et des fragments édités en thaï dans les années 60. Mais il a de plus -d’où le titre- présenté ces versions de façon synoptique, afin que nous puissions comparer les divergences et les variations  entre les versions  quand elles existent. (précise Wyatt). Mais Wyatt nous apprend, qu’il a reçu le manuscrit de la famille, et qu’il a effectué lui-même la mise en chapitres et sections.

AAmanuscrits


Nous avons ainsi onze chapitres - ou livres- et chaque chapitre contient un nombre variable de sections, chacune d'elles ayant un titre selon le contenu du passage. Nous avons  ainsi 554 sections qui ont été délimitées et nommées. 

 

1. La structure proposée n’est donc pas thaïe, mais elle a le mérite de la lisibilité et permet surtout de distinguer dans les 11 chapitres :

  • Quels sont les rois qui ont droit à un chapitre, et mesurer ainsi leur importance dans l’Histoire thaïe ?
  • A contrario quels sont ceux, parmi les 33 connus,  qui ont laissé peu de traces dans la mémoire  thaïe ?
  • Les périodes relatées et les périodes « silencieuses ».
  • Mais surtout les dates et les événements majeurs retenus de l’histoire d’Ayutthaya.

 

Ch. 1. Au début d’Ayutthaya  (… -1351-1548)

(Une période de 197 ans (1351-1548) pour 15 rois nommés)

23 p.,  29 s/c (s/c : sous-chapitres ou sections).

Légendes (9p.) et 1351- 1548, 15 p.  pour 15 rois nommés (plus l’ « usurpateur » Khun Warawongsa, juin-juillet 1548)  


Ch. 2. Le roi aux éléphants blancs.

Le roi Cakkrapat (1548-1569)

47p., 59 s/c,  11 ans


Ch. 3. Roi Thammaracha, 1569-1590. 

46p., 51s/c, 21 ans 


Thammarachat


Ch. 4. Le roi Naseruan, 1590-1605. 

73p., 47s/c, 25 ans


 

naresuan


Ch. 5. Les rois du début du XVII ème siècle, 1605-1656. 

33p., 11s/c, 8 rois nommés, 51 ans


Ch. 6. Le roi Naraï, 1656-1688, et ch. 7. Le roi Naraï, 1656-1688) (suite). 

95p., ch. 6, 38 s/c et ch. 7, 26s/c soit 64 s/c pour le roi Naraï. 32 ans


Ch. 8. Le roi Phetracha, 1688-1703. 

59p., 75 s/sc, 15 ans


Ch. 9.  Luang Sorasak (le roi Süa) et le roi Thai Sa. 

Le roi Süa, « le roi tigre »1703-1709, et el roi Sa 1709- 1733

35p., 53s/c, 30ans


Ch. 10 Le roi Borommakot, 1733-1758.

59p., 51s/c, 25 ans


Ch11. Les derniers rois d’Ayutthaya, 1758-1767. 

Le roi Uthumphon (13avril-mai 1758), roi Suriyamarin (mai 1758- 7 avril 1767),

 60p., 76s/c, 19 ans

arbre


2. Une première remarque. 

Les 7 versions (plus une, fragmentaire), justifient déjà notre travail présenté préalablement, qui s’étonnait devant les multiples versions. La traduction de Cushman ne prend pas en compte les interprétations et l’épigraphie. La traduction prend pour acquis le corpus thai édité, et ne fait aucune référence aux originaux.  La structure proposée par Wyatt nous parait étonnamment précise par les dates affichées !


Bref, il y a toute une série de questions qui peuvent surgir au préalable.

 

Lagirarde par exemple, s’il reconnaît la traduction de Cushman comme  la seule des  longues chroniques à jamais avoir vu le jour et salue ce travail monumental qui constitue la référence incontournable, regrette qu’il n’ait laissé « apparemment la moindre trace personnelle de la problématique qui fut la sienne ou des questions et des problèmes techniques qui se posèrent à lui. » et qu’il ne pût consulter les documents originaux. Il indique  avec des exemples que « La traduction n'est donc pas seulement faible, elle est parfois totalement inexacte ». (Cf. en note la référence et  quelques extraits. ***)


284320 34644722 savantfou H145123 L


3. Une première observation de la table des matières.


On peut déjà faire quelques observations avant de  de lire les événements retenus pour chaque période.

  • On voit apparaitre les fameux 33 rois du royaume d’Ayutthaya ( (plus celui qui est  toujours nommé l’ « usurpateur » Khun Warawongsa (juin-juillet 1548)
  • Le 1er chapitre, avec 23 pages couvre  15 rois sur une période de 197 ans de 1351 à 1548 (plus les légendes). Curieusement le fondateur du royaume U thong n’a pas droit à un chapitre particulier et est  intégré dans le 1er chapitre avec les autres 14 autres rois.
  • On peut donc avoir le sentiment que ce passé est oublié, et que l’Histoire du royaume commencerait en 1548, avec les rois Cakkrapat, Thammaracha, et Naseruan, un retour dans l’oubli avec « les rois du début du XVII ème siècle » 1605-1656 (8 rois en 33p.), et l’arrivée du roi Naraï en 1656.
  • 8 rois ont droit à un chapitre avec leur nom.

Les rois Cakkrapat (1548-1569) (ch.2), Thammaracha (1569-1590) (ch.3),  Naseruan (1590-1605) (ch. 4), Naraï, (1656-1688) (ch. 6 et 7), Phetracha, (1688-1703) (ch.8), Borommakot 1733-1758 (ch.10), Süa, « le roi tigre » (1703-1709) et Thai Sa (1709- 1733) (tous deux dans le chapitre 9)

  • La période historique la mieux couverte est donc  la deuxième moitié du XVI ème siècle. (1548-1605) (Ch 2, 3, 4. Trois  rois, 119 pages) et la deuxième moitié du 17 ème siècle (154p.), avec une place prépondérante  pour le roi Naraï (95p.). Elle correspond en effet à l’ouverture du royaume d’Ayutthaya avec l’extérieur (Cf. Nos relations franco-thaïes).
  • Une Histoire du royaume qui laisse donc  dans l’ombre de nombreux rois et de nombreuses périodes. Elle implique que nous ne pourrons pas traiter ou si peu de nombreux règnes faute de documents.

 

4. D’où une autre présentation possible (qui tient compte de cette disparité)   :

 

1/ De l’origine au milieu du XVI ème siècle.(23 pages)

Ch 1 : 1351-1548, 23 pages pour 197 ans,  15 rois


2/ La deuxième moitié du XVI ème siècle. (1548-1605) (Ch 2, 3, 4. Trois  rois, 119 pages)

  • Les rois Cakkrapat (1548-1569), Thammaracha (1569-1590), et Naseruan (1590-1605).

 

3/ Le 17 ème siècle. (187 p.)

  • Ch 5 : Volontairement nommés « Les rois du début du XVII ème siècle, 1605-1656. »,  33p., pour 8 rois nommés
  • Le roi Naraï, 1656-1688 (ch. 6 et 7) (95 p.) et le roi Phetracha, 1688-1703.(ch.8) (59p.).  

4/ Le 18 ème siècle.(154 p.)

  • Le roi Süa, « le roi tigre » 1703-1709, et le roi Thai Sa 1709- 1733
  • Le roi Borommakot, 1733-1758.
  • Les derniers rois d’Ayutthaya, 1758-1767. (Le roi Uthumphon (13avril-mai 1758),et le  roi Suriyamarin (mai 1758- 7 avril 1767 (fin d’Ayutthaya) )

 

5. 554 sections « officielles » pour écrire l’Histoire d’Ayutthaya.


Si 11 chapitres structurent donc  l’histoire d’Ayutthaya, nous avons indiqué que chaque chapitre avait un nombre variable de sections, pour arriver à un total de 554 sections. Il faudrait maintenant observer leur titre, les noms, les événements, les dates  qui ont été retenus pour chaque chapitre.


Nous le ferons au fur et à mesure de « notre » Histoire du royaume d’Ayutthaya, et pour commencer, et pour en finir avec la fondation d’Ayutthaya, vérifions ce qui a été écrit sur la fondation d’Ayutthaya. 


Maintenant si nous sommes assurés avec le travail de  Cushman, d’avoir LA REFERENCE, pour connaître l’Histoire du royaume d’Ayutthaya, il n’est pas sûr, que celle-ci soit convaincante.

 

 

______________________________________________________________________

 

*Cf. notre article 39. Dovert, in Thaïlande contemporaine, qui se mettait sous l’autorité de Richard D. Cushman : « Mais on se référera surtout au travail monumental de Richard D. Cushman, The Royal Chronicles of Ayutthaya ». 


**A Synoptic Translation by Richard D. Cushman, The Royal Chronicles of Ayutthaya,  Edited by David K. Wyatt, The Siam Society, Under Royal Patronage, 2006.

 

 

***Quelques extraits de Lagirarde présentant le livre de Cushman,  Chronicle of the Kingdom of Ayutthaya 

 

Citer ce document / Cite this document :

Lagirarde François. Chronicle of the Kingdom of Ayutthaya (Phraratchaphongsawadan Krung Si Ayuthaya). The British Museum

Version__**__ Richard D. Cushman : The Royal Chronicles of Ayutthaya. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient.Tome 88, 2001. pp. 388-394.

 

 

Chronicle of the Kingdom of Ayutthaya (Phraratchaphongsawadan Krung Si Ayuthaya) The British Museum Version [Reproduction photographique du manuscrit de la Chronique ď Ayutthaya copié en 1805 et conservé à la British Library de Londres avec une introduction de David K. WYATT et une préface de Yoneo ISHII], Tokyo,The Centre for East Asian Cultural Studies for Unesco (Bibliotheca Codicum Asiaticorum 14), 1999, ix + xx + 607 p.

 

british museum


Richard D. CUSHMAN, (une traduction synoptique de), The Royal Chronicles of

Ayutthaya, [manuscrit édité et introduit par David K. Wyatt], Bangkok, The Siam Society, 2000, 556 p., index.

 

Voici deux livres indissociables publiés, par le meilleur des hasards, à un très court intervalle : le premier reproduit l'original d'une chronique historique du royaume ď Ayutthaya (le manuscrit dit « du British Museum ») et le second offre la traduction comparée de la quasi-totalité des chroniques d'Ayutthaya, y compris cette version du British Museum (conservée à la British Library). Deux livres qui devraient donc tout naturellement se retrouver sur la table de travail de l'historien de la Thaïlande, ou plutôt du Siam, si l'on entend par Siam le royaume d'Ayutthaya fondé en 1351 et qui s'effondra en 1767.


 papiers

 

 BMV et RCAC sont donc des publications essentiellement documentaires qui présentent des sources brutes, d'accès difficile. Ces sources sont plutôt réservées à l'usage du chercheur qui saura tenter lui-même leur interprétation même si la lecture de RCAC est parfaitement possible pour quiconque s'intéresse aux fresques historiques d'un point de vue, disons, littéraire. Dans ce cas les amateurs d'épopée, voire de fiction historique, ne seront pas déçus. Ceux-ci ont d'ailleurs été comblés cet été 2001 avec la sortie du film Suriyothai, grande fresque hollywoodienne qui retrace les événements tragique de l'an 1549 et le sacrifice de la reine du même nom. De grandes parties du scénario du film – une commande royale - ont été d'ailleurs tirées des chroniques .

 

BMV et RCAC ont sans aucun doute été publiés dans le but de devenir des références incontournables.

 

D'une certaine façon ces deux publications ne peuvent qu'y réussir puisque :

 

1) aucun document de l'importance de BMV n'était directement accessible aux chercheurs

2) la traduction de Cushman est la seule des longues chroniques à jamais avoir vu le jour. Il est seulement regrettable que la présentation de documents historiques de cette importance se fasse sans fournir les outils nécessaires à leur étude car ces lourds ouvrages qui présentent des matériaux scientifiques, des données à l'état brut, exigent une lecture des plus actives. Ce sera donc au lecteur d'organiser autour de lui ses propres outils de soutien (loupe, dictionnaires, collection des textes originaux en thaï ainsi que divers manuels d'histoire) étant donné l'absence quasi totale de tout apparatus critique dans l'un ou l'autre des volumes en question. Car si leur lecture peut être merveilleuse, en particulier du point de vue de l'imaginaire, c'est aussi une laborieuse traversée d'un désert editorial. […]

 

On y apprend (une intro de Wyatt) incidemment l'existence de la traduction de Cushman et le fait que son auteur en avait différé la publication pour pouvoir consulter les manuscrits originaux. Projet qu'il ne réalisa pas puisqu'il mourut en 1991.

[…]

 

Il semble bien que Cushman travailla seul sur cette traduction pendant vingt ans sans laisser apparemment la moindre trace personnelle de la problématique qui fut la sienne ou des questions et des problèmes techniques qui se posèrent à lui. Son travail, élaboré dans ce qui nous apparaît aujourd'hui comme une tour d'ivoire, demeure énigmatique. RCAC n'est donc « rien » qu'une traduction, un monolithe représentant un travail colossal livré sans la moindre ligne d'interprétation. On n'y trouvera aucune introduction, préface, note, commentaire, analyse, planche, tableau, bibliographie, glossaire, index... qui soit de la main du traducteur.

[…]

 

Une table des matières a donc été imaginée par David K. Wyatt. Celui-ci a découpé le texte en onze chapitres - ou livres- et chaque chapitre en sections, donnant à chacune d'elles un titre selon le contenu du passage : ainsi, c'est cinq cents sections qui ont été délimitées et nommées

 

La communauté scientifique est incontestablement redevable à Cushman de cette première traduction jamais réalisée des chroniques longues d'Ayutthaya.

 

Lagirade critique surtout la traduction comme par ex. le « préfixe » phra (brah). Sur quatre lignes Cushman adopte trois solutions différentes ou encore « Un autre point étonnant concerne la traduction des toponymes et des noms des monastères en particulier. » (…) le lecteur, à moins d'être suffisamment visionnaire pour revenir au réel malgré la traduction, se retrouve trop souvent avec des phrases qui ont certes une signification grammaticale - voire littéraire ou poétique -, mais pas de sens apparent pour l'historien …(Ce qui lui fait dire) « La traduction n'est donc pas seulement faible, elle est parfois totalement inexacte » … Bref, le lecteur de RCAC se heurte continuellement à des phrases mystérieuses qui appartiennent à un premier essai de traduction ou à une exégèse inachevée.

 

Mais il reconnait : « Et si cette traduction n'est pas toujours bien bonne, c'est de toute façon la meilleure... » 

 

Cf. la critique plus constructive de Terwiel.


http://www.paragonbook.com/html/browsesubj/fullcitation.cfm?item=17831&CFID=77681249&CFTOKEN=10979029

 

 


The Royal Chronicles of Ayutthaya: A Synoptic Translation
Cushman, Richard D. & Wyatt, David K.
8.2 x 11.4", 556 pp., paper, Bangkok, 2000.
In the sack of Ayutthaya in 1767, most of the historical records were destroyed. The early Bangkok kings collected what little could be found of the old chronicles. But even most of these collections later disappeared from view. Only later were seven major versions and several smaller fragments rediscovered and published in the original Thai.

In the early 1970s, a young American scholar in Texas, Richard D. Cushman, decided to translate all the known versions of the Ayutthaya chronicles into English, creating a master translation showing all variations. He worked on this enormous task for almost 20 years. In 1991, when he had virtually reached the end, he tragically died. His work was painstaking. He photocopied the different versions, laid them side-by-side, and tracked word-by-word differences between eight different versions. The result is an epic of 375,000 words.

Richard D. Cushman was not the only a talented linguist, but an outstanding writer. The translation is meticulous, exceptionally faithful to the original, and often beautifully poetic. David K. Wyatt, the John Stambaugh Professor of History at Cornell University, and translator of several Thai chronicles, edited Cushman's work for publication. Both Professor Wyatt and the Siam Society have ensured that the manuscript is unchanged from Richard Cushman's monumental efforts.

The Royal Chronicles of Ayutthaya is a unique record of 400 years of Thai history. The task of making them available in English has taken quarter of a century. The Cushman translation will undoubtedly become a classic, valued by historians for its extraordinary scholarship.

 

 

 erudits

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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 03:01

titreQui est Thaï ? Qui est Thaïlandais ? 


Nous avons déjà évoqué maintes fois cette question de la nationalité voire de l’identité, quand par exemple nous avons étudié l’Isan*. Nous avions été surpris d’apprendre que les Thaïs siamois étaient minoritaires en Thaïlande (40%), que les Isan représentaient 31% des 68 millions de la population thaïlandaise et qu’ « ils regroupaient en fait des groupes ethniques très divers, aux origines,  traditions, coutumes, langues différentes, dont les 3 principaux étaient les Thaïs Isan, les Thaïs Khmer, et les Thaïs  Kouis » (Cf. tableau en note **). Nous avions également appris avec Ivanoff***  que « les Thaïs siamois avaient imposé leur langue, leurs normes et établit une « hiérarchie » avec ces autres peuples, comme avec les  Muangs, les Pak Tai, les Khmers, les Chinois, les Khaek, les groupes montagnards (Karens, Hmongs, Akhas …) Ils étaient tous Thaïlandais, mais pas tous des vrais Thaïs ».****


1/ Encore récemment, dans notre article  « 10. Origine des Thaïs ? Mais de quels Thaïs  parlons-nous ? » nous nous demandions même s’ils en restaient encore de ces Thaïs venus de Chine,*****et de citer les migrations successives volontaires et souvent forcées (prisonniers, esclaves) avec  les Laos, les Birmans, les Khmers, les Annamites, les Chinois, les Pégouans, les Môns, les Malais, les Hindous et même les Japonais et les Portugais  … Les sources convergent, disions-nous, pour estimer qu’ au début du siècle dernier  sur « environ » 6 millions d’habitants, il n’y avait qu’ 1 million et demi de Thaïs !


Alors pourquoi revenir encore sur cette question ?

  • Parce que la grande majorité des Thaïs siamois se considèrent encore comme les vrais Thaïs ?
  • Parce que les Thaïs siamois n’arrivent pas encore à admettre que la Thaïlande est un pays de mixité, prisonniers qu’ils sont de leur idéologie unitaire de la Thaïness.  
  • Parce que l’on commence seulement à accepter que du sang chinois coule dans les veines de nombreux dirigeants, que du sang birman coule dans de nombreuses grandes familles du Sud … « On le savait, mais on ne le disait pas ».(Ivanoff, p.482 ******)
  • Parce qu’ ils leur faut encore jongler entre la non-reconnaissance ethnique et la nécessité de reconnaître « officiellement » les Thai Isan et les Thai Islam par exemple.
  • Parce que, s’il n’y a pas officiellement en Thaïlande de reconnaissance des « minorités ethniques », comme dans les pays voisins (Laos, Vietnam, Chine), même si les Autorités ont néanmoins  identifié 9 groupes ethniques relevant des chao khao*******  (Lawa, Htin, Khmu, Mlabri, Akha, Lahu, Lisu, Karen, Mien ) et les Moken au Sud, 

 

moken

 

  • et que de nombreux inventaires « officieux » répertorient  30 à 40 groupes ethnolinguistiques et jusqu’ à 74 langues. (Cf. op. cité)

Et pour rester dans notre sujet :

  • Parce que de nombreux articles de Thaïlande contemporaine donne des éléments de réponse à la question : Qui sont les Thaïlandais d’aujourd’hui ?****** et permet à chacun d’en discuter.

 

2/ Stephane Dovert, pour prendre un exemple de sa conclusion, cite l’un des plus brillants anciens premiers  ministres et intellectuel  « Kukrit Pramoj (mars 1975-avril 1976) (qui) concédait ignorer ce qui fondait l’identité thaïlandaise».(p.257).


Et pourtant, on pourrait citer des dizaines d’auteurs, de nombreuses revues

thaïlandaises qui ont tenté et tentent, inlassablement, de répondre à cette interrogation légitime.

  • Nous avons déjà indiqué maintes et maintes fois que les Thaïs siamois avec la Thaïness avaient tenté et réussi en partie (vrai pour l’Isan,  faux pour les provinces islamiques du Sud) d’imposer leur idéologie (une langue, respect absolu de la monarchie et du roi, et des traditions bouddhistes) et UNE vision de l’Histoire inculquée à l’école.
  • Nous venons de raconter dans « NOTRE » Histoire  que les Thaïs sont arrivés tardivement dans ce qui allait devenir le Siam et qu’ils ont dû composer, se mélanger, fusionner, épouser ……….  avec les populations déjà présentes comme les Môns, les Khmers, les « Birmans, les Laos, les Malais et autres « ethnies » …
  • Mais nous avons montré récemment avec notre lecture de deux films très populaires comme La Légende de Suriyothai et La Légende du Roi Naresuan, du Prince  Chatrichalerm Yukol 

 

Chatrichalerm 20071020 Phuket

 

 

  • que les Thaïs à des moments cruciaux, tiennent à rappeler qu’ils sont fiers « d’être un peuple indépendant et libre » et qu’ils sont « prêt à résister à l’invasion étrangère »… et à « imaginer » leur Histoire.
  • Bref, que les contradictions demeurent, qu’il faut distinguer les pratiques et les discours, le passé et le présent, les réponses simplistes et les analyses plus pertinentes qui peuvent par exemple inclure des formes apparemment paradoxales et/ou contradictoires.

3/ Alors qui est Thaï ? qui est Thaïlandais ?

  • Un Thai Isan n’est pas un Thaï, mais se sait Thaïlandais. Et encore faudrait-il préciser un Thai isan Lao. Un Kui (Souay) est certes de l’Isan (entendu comme Nord-Est) mais  se définit encore d’après sa culture.

 

isan

 

  • Un Thai Islam sait qu’il doit être Thaïlandais, mais tous ne le veulent pas. « Il existe autant de marqueurs identitaires unificateurs que de marqueurs différenciant l’unité Sud ». (Yves Goudineau et Bernard Vienne, op.cité)

 

muslim


  • La question peut encore se poser pour les chao khao*******.

« Les chao khao représentent actuellement un faible pourcentage (moins de 3%) de la population thaïlandaise, mais ils sont près de 50% dans une province comme celle de Mae Hong Son ».


 

chao khao

 

Yves Goudineau et Bernard Vienne, dans un excellent article*******, après avoir rappelé la brève histoire  de leur migration et leurs composantes ethniques  (Lawa, Htin, Khmu, Mlabri, Akha, Lahu, Lisu, Karen, Mien ), leur évolution, et leur tradition mythique commune, leur mutation « forcée » par l’intervention gouvernementale, posent la question de leur « pluralisme identitaire ». Ils indiquent qu’ils ne sont pas prêt à s’intégrer au « prix d’une perte totale d’identité » ; « Ils revendiquent leur appartenance de droit à la nation thaïlandaise (…), (mais) ils le font en tant que Karen

 

karen

 

Hong, Lisu, Akha … ». « A leurs yeux, ils n’y a pas de contradiction ».

 

  • La question se pose aux frontières, et pour les nomades marins (Cf. les travaux d’Ivanoff sur ce sujet)

« Cette double nationalité existe dans la pratique et ce n’est pas une loi qui changera les réseaux de voisinages, familiaux, de clans … » (p. 493), les solidarités traditionnelles et tous les trafics, qui se situent à la marge du licite et de l’illicite, du légal et de l’illégal.


 (Cf. notre article 23********   « C’ est vraiment le nouveau quadrangle d’or , qui profite aussi bien aux Etats lao, thaï, chinois et vietnamien , au crime organisé , aux hommes d’affaires thaïs et chinois, aux montagnards , au petit peuple de chaque côté des frontières , et à tous les échelons des « corrompus »» ) 

 

  • Et la question va se poser encore longtemps avec les migrants birmans travaillant au Sud. 

Quand on a une population de presque deux millions de travailleurs dit clandestins, et travaillant « dans l’agriculture, l’industrie du poisson, le bâtiment, les usines de textiles et les emplois domestiques (…) à concurrence de 1,5% du PNB  »********, et les flotilles de pêche, on peut imaginer qu’à moyen terme va se poser la question de leur intégration pour une partie d’entre eux.


ouvriere-birmane


Finalement, on se rend compte que notre question n’a pas fini d’être posée, car elle est au carrefour de l’Histoire, de la politique, de la culture, de l’idéologie, des intérêts économiques (du pouvoir central, régionaux, des « mafias »), de l’actualité souvent…

Et pour notre modeste blog,  « NOTRE »  Histoire de la Thaïlande, nous verrons que le plus souvent ( !) l’Histoire officielle  de la Thaïlande continue de se raconter que du point de vue des Thaïs siamois.

 

 

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*http://www.alainbernardenthailande.com/article-notre-isan-3-les-isan-des-vrais-thais-71449425.html


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**Rappel.


Le tableau ci-dessous est  très explicite et a l’avantage de ne pas être contesté :


GROUPE                                               REGION PRINCIPALE


Groupes de langues thaï                                                                                       83%  

  

  Siamois                                                 Centre                                                       40 %

  

                                                                                       

Isans (ou Lao-Thaïs)                              Nord-Est                                                  31 % 


Muangs (ou Yuans), Nord, 10%,   

Thaïs du Sud (ou Pak Tai), Sud    4 % ;  

 Thaïs musulmans,  Centre et Sud  1 % ;

 Autres groupes thaïs (Shan, etc.) Centre et Ouest montagneux  2 %.


Sino-Thaïs et Chinois                           Régions urbaines (surtout Bangkok)  10 % ;


Groupes austro-asiatiques 2,2 %  

  Khmers, Est frontalier 1,5 %    

  Môns  Centre    0,2 %

 Kuis Nord-Est     0,4 %

Autres (Lahus, Lawas, etc  Nord montagneux)      0,1 %


Austronésiens (Malais)   Sud frontalier  3 % Groupes montagnards     1 %


Karens (tibéto-birman)   Nord et Ouest montagneux  0,6 % Hmongs et Yaos    Nord montagneux  0,2 % Autres (Akhas, etc.)  Nord montagneux  0,2 %


Groupes immigrants     0,3 % 

Vietnamiens,  Régions urbaines et Nord-Est   0,2 % ,

 Indiens et autres   Régions urbaines   0,1 % 

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***Jacques Ivanoff, Construction ethnique et ethnorégionalisme en Thaïlande, Carnet de l’IRASEC n° 13 

 

****Cette hiérarchie a longtemps été acceptée, et cela jusqu’à l’apparition des Rouges qui englobent désormais plus que les simples paysans mécontents. Remarquons que certaines dénominations sont officielles, comme le Thai-islam qui reconnaît la religion comme une variable de l’ethnicité thaïe. Les Thai Isan sont, quant à eux, une catégorie acceptée qui se définie d’abord géographiquement (le Nord-Est), puis linguistiquement (le phasa isan bien qu’il en existe beaucoup de variantes) et enfin ethniquement (les Isan sont des Thaïlandais d’origine laotienne mais aux caractéristiques différentes depuis leur inclusion dans les frontières thaïlandaises.


*****http://www.alainbernardenthailande.com/article-10-origine-des-thais-mais-de-quels-thais-parlons-nous-97697254.html


******Thaïlande contemporaine, sous la direction de Stéphane Dovert et Jacques Ivanoff, IRASEC, Les Indes savantes, 2011.


*******Yves Goudineau et Bernard Vienne, L’Etat et les minorités ethniques. La place des populations montagnardes » (chao khao) dans l’espace national. (Op. cité .)

Danielle Tan : Du Triangle d’or au Quadrangle économique, Acteurs, enjeux et défis des flux illicites transfrontaliers dans le Nord-Laos, Sciences Po/CERI, IRASEC, Note de recherche n° 6


http://www.alainbernardenthailande.com/article-les-trafics-du-triangle-d-or-71317371.html

.  

Thaïlander Lire aussi Thaïlande : le calvaire des travailleurs birmans - thailande-fr.com

D’après les agences de l’ONU les immigrés birmans sont plus d’1,4 million à gagner leur vie en Thaïlande, mais seulement 490000 d’entre eux sont enregistrés avec un permis de travail. La plupart travaillent donc clandestinement dans l’agriculture, l’industrie du poisson, le bâtiment, les usines de textiles et les emplois domestiques.

Ils occupent surtout les emplois généralement délaissées par les Thaïlandais et qualifiés de «3D» : « dangerous » (dangereux), « dirty » (sale) et « difficult » (difficile). Les « petites mains » birmanes sont aujourd’hui devenues indispensables à l’économie du royaume : d’après un rapport de l’Institut de recherche thaïlandais pour le développement, les migrants –parmi lesquels 80% de Birmans- ont permis d’augmenter le PIB thaïlandais d’1,25% en 2007. […] Souvent dénigrés par la population thaïlandaise et ne maîtrisant pas la langue thaïe, ils restent vulnérables aux rackets de la police et à l’exploitation de leurs employeurs. A Mae Sot, un Birman salarié du textile touche environ 70 bahts par jour (moins de 2 euros), soit moins de la moitié du salaire minimum thaïlandais. Marie Normand.

 


-peuple-pluriethnique-ic-ne

 

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 03:01

1640Notre 10 ème version a de quoi surprendre et pourtant, elle provient d’un des meilleurs connaisseurs du Cambodge et du Siam, à savoir Etienne Aymonier (1844-1929)*.

 

Elle tente de démontrer que Ramadhipati (notre U Thong , Ramathibodi 1er) aurait été le sixième successeur de Phya Ruang et le fondateur de la nouvelle capitale, Ayoutbia ; que ce prince aurait régné de 1453 à 1482, et aurait fondé Ayouthia après six ans de règne, soit vers 1459 ou 1460 . 

 

Déconcertant, non ?  

   

1/ Mais Aymonier ne l’ignore pas :

 

  • Il connait les Annales du Nord et d’Ayutthaya.

Nous avons essayé  de les utiliser d’après une traduction manuscrite qui a été faite pour nous. D’après Pallegoix et Bowring entre autres) (…) Notre manuscrit embrasse la période comprise entre le milieu du XIII e siècle et l’an 1403.


 annales du nord

 

Il sait que

 

  • « La partie des Annales siamoises qui commence à 1350, c'est-à-dire les Annales d'Ayouthia, n'a jamais été contestée dans son ensemble, ni par les indigènes, ni par les auteurs européens ». ( Il rappelle le mot de Mgr Pallegoix : « C'est l'histoire bien suivie de la nation thaïe »).

 

  • Ces prétendues anciennes Annales siamoises sont connues et ont été souvent citées.

 

Même s’il estime que :

 

  • « Tout n'est pas faux ou inventé, il est vrai »

 

Il considère que ces documents :

 

  • « n'offrent que des contradictions extraordinaires et presque insolubles, le passé lointain  du Siam ne se laisse deviner qu'au milieu d'un dédale de faits embrouillés, de notions confuses, de fables inadmissibles, de récits légendaires, qui répètent souvent les contes des Cambodgiens ».

 

Il est conscient que sa « découverte » :

 

  • n’est pas une simple note discordante (qu’il apporte) dans ce concert unanime des meilleures autorités.

 

Car, dit-il :

 

  • « Nous avons dû reconnaître, avec une véritable stupéfaction, que  ces Annales (d'Ayouthia) modernes, précises autant que sèches et d'apparence scientifiquement exacte, n'ont aucune valeur, en ce qui concerne leurs débuts du moins. Elles ont trop souvent, quoique à un degré moindre que les Annales du Nord  emprunté leurs éléments aux traditions et légendes populaires ou à des passages de manuscrits peu dignes de créance. »

 

 

2/ Sur quoi se fonde Aymonier pour contester la fondation d’Ayutthaya en 1351 par U Thong ? 

 

2.1

 

  • Les documents connus et étudiés  comportent des contradictions extraordinaires et presque insolubles.
  • On peut y repérer des fables, « de(s) récits légendaires, qui répètent souvent les contes des Cambodgiens. » (que Fr. Garnier a déjà (signalé) en ces termes « Malheureusement, les mêmes traditions religieuses se retrouvent dans tous les royaumes de la péninsule et présentent un trop grand degré d’incertitude pour qu'on puisse les appliquer à tel ou tel point de 1’Indo-Chine).

contes du cambodge

 

  • Et les Annales d’Ayouthia se présentent  avec « des séries de dates chronologiques qui se suivent très rigoureusement », si bien que l’on peut s’empêcher de soupçonner une réécriture plus moderne.

 

Il y a donc d’un côté le peu de fiabilité (c’est un euphémisme) des documents utilisés pour justifier l’Histoire « officielle » d’Ayutthaya  et de l’autre une assurance affichée aussi bien par l’Autorité royale  ((« De 135o à 1767, les Annales siamoises sont plus exactes, leur texte, digne de confiance, étant accompagné de dates données par jours, mois et années », dira à Bowring le roi lettré Maha Mongkut), que par les «experts» reconnus de l’époque  « Les Annales siamoises donnent l'histoire vraie et complète des moindres faits depuis 1350, année de la fondation d'Ayouthia », écrira encore récemment de son côté le P. Schmit) Cf. en note la version du roi Mongkut**)

 

2.2  « Le constat des contradictions flagrantes entre les Annales siamoises et les auteurs chinois » (Déjà relevé par M. de Rosny, dit-il).

 

Annales de chine

 

 « La quatrième année de l'ère king-tai (453), l'empereur King-ti donna l'investiture au fils adoptif du roi Pa-lo-lan-mi-sun-lah et le reconnut comme souverain du Siam.» – II semble, soit dit en passant, que ce nouveau roi dut, vers 1456, faire en Chine, à l'instar des Cambodgiens, des réclamations contre les pirates de la Cochinchine, c'est-à-dire du Champa, qui arrêtaient ses navires, et que les Chames protestèrent qu'ils n'avaient fait que répondre à des actes de même nature. Reprenons les citations de M. de Rosny :

 

 « La sixième année de l'ère tien-chun (1462), le roi de Siam, Plah-Lan—lo-tche—tchih-po-tchi , qui est évidemment Phra Ramathibodi, envoya un ambassadeur apporter le tribut à la cour de Chine… La dix-huitième année de l'ère tching-hoa (1482), le prince héréditaire de Siam notifia à l'empereur de Chine la mort de son père et obtint l'investiture. » On voit qu'il s'agit, en définitive, d'un souverain qui aurait régné, sous le nom de Ramadhipati, pendant trente années, de 1453 à 1482 et qui aurait été le « fils adoptif » de son prédécesseur. C'est ce prince que nous croyons être le sixième successeur de Phya Ruang et le fondateur de la nouvelle capitale, Ayoutbia. »

 

2.3. Ensuite, Aymonier  critique les maigres et contestables données, comme par exemple les deux Ramathibodi (Ramadhipati)*** (Cf. en note), les doutes sur l’existence de la ville de Chia-Lang (« peut-être confondue avec la ville bien connue de  Kamphêng Péch(…) qui semble avoir été quelque temps la capitale du Siam, après Sokotliai et avant Ayouthia »****), le fait que « ce Ramadhipati, alias Pkaya Thong, Uthong, est aux yeux des Siamois eux-mêmes, un personnage semi-légendaire dont il est question dans les Annales fantastiques du Nord, aussi bien que dans les Annales d'Ayouthia », le doute sur les noms de villes (il donne des exemples) … et surtout cette prétention de donner une date précise pour la fondation du royaume d’Ayutthaya.


 3.      La question de la date réelle de la fondation de la nouvelle capitale d’Ayouthia.

(Ce point d’histoire, dit-il,  mérite, en effet, une discussion approfondie, autant que le permet l'état actuel de nos connaissances.)

 

Aymonier sait et dit que la date universellement acceptée aujourd’hui et déjà admise au temps de Louis XIV est bien ,( comme le dit de La Loubère, qui place la fondation de la ville de Siam ou Ayouthia et l’établissement en cette capitale de la cour de Ramathibodi) (Ramadhipati) en l’an 1894 de l’ère boudhique , soit en 1351 A. D.

 

Mais,

 

  • le  hiatus est trop grand entre le caractère invraisemblable et apocryphe des Annales modernes, tant siamoises que cambodgiennes (du moins pour ces périodes, relativement reculées, des XIVe et XVe siècles), et les dates précises données, avec un luxe de détails sur la fondation et les dynasties d’Ayutthaya.

 

  • Il ne peut accepter ce qu'admettent les écrivains européens, ce que rapporte Sir Bowring par exemple, d’après le roi Maha Mongkut, affirmant que la fondation de la «  cité sacré », l'un des plus mémorables événements de l’histoire siamoise, eut lieu en avril 1350, que les devins brahmanes, ayant été consultés, décidèrent que, en cette année , 712 de l’ère siamoise, au sixième jour de la lune croissante du cinquième mois, dix minutes avant quatre heures, les fondations devaient être posées, que trois palais furent érigés en l'honneur du roi enfin, que, à partir cette date, qui est un fait certain, les Annales siamoises sont plus exactes : leur texte, digne de confiance, étant accompagné de dates données par jours, mois et années, de  1350 à 1767 ».

 

(On peut ne pas penser à la fierté de Xavier Galland nous annonçant avec force démonstration la fondation d’Ayutthaya, le vendredi 4 mars 1351, peu avant dix heures du matin !!! (op. cité)). A chaque époque ses « experts » ! 


 expert


Le co-auteur du blog me fait remarquer  qu’i l a appris à l’école  que Rome, a été fondée le 21 avril -753 avant Jésus Christ,  sachant bien que cela était une année convenue, et que l’on pouvait trouver selon les auteurs -728, -748, -751, -753/754, -758, -813 …  En plus dit-il, il faut ajouter ici, l’inextricable correspondance entre les différents calendriers, être sûr que Jésus Christ soit vraiment né en 0 !

Jeter un coup d’œil sur l’explication du calendrier solaire thaïlandais ou calendrier Suriyakati) http://www.louisg.net/C_thailandais.htm

 

 calendrier

 

Aymonier est étonné que

 

 

  • les stèles de Sukhotai (qui  cessent totalement après la stèle de 1427), n’évoquent pas la fondation d’Ayutthya, et pour cause, dit-il,

 

  • il n’y a pas de « textes épigraphiques, burinés à Ayouthia même, attestant, pour cette époque, l'existence de cette cité, son caractère de capitale, la présence des rois il faudrait, en un mot, des témoignages lapidaires de leur ferveur religieuse semblables à ceux qu'ils ont laissés à Sokothai. Où sont donc ces stèles d'Ayouthia ? Rien de ce genre, absolument rien, que nous sachions, n'a été mis au jour. Il faut même atteindre le XVI e siècle, à notre connaissance du moins, pour rencontrer des stèles qui mentionnent enfin Ayouthia. »

 

Aymonier leur reproche donc leur manque de preuves si ce n’est « des manuscrits apocryphes, compilés au bout de quatre siècles, remaniés à plaisir par des princes vaniteux ou des historiographes dénués de scrupules. »

 manuscrits


Et de proposer au lecteur « ces pénibles reconstitutions historiques d’un passé enseveli sous tant de ténèbres accumulées à plaisir ne sont pas d’une absolue certitude, mais nous espérons qu’il les reconnaîtra plausibles et vraisemblables ».

 

« Reconstitutions », qui lui permettent  de dire que Ramadhipoti « aurait régné de 1453 à 1482. Or, parmi les renseignements qui concernent ce roi semi-légendaire, ce Chao Tong, « Roi d'Or », comme l'appelle Gervaise, nous en rencontrons un nous apprenant qu'il fonda Ayouthia après six ans de règne. Ce serait donc en 1459 ou 1460 que devrait se placer cet événement. Cette date correspond assez bien au « guère plus de deux cents ans » de ce même Gervaise. »

 

4.      Alors cette version d’Aymonier est-elle plus crédible ? (notre 10 ème version !)

 

Nous ne le pensons pas. Mais Aymonier aurait pu nous dire que celles qui précèdent sont encore moins crédibles que la sienne et il nous rappellerait la nécessité de donner ses preuves, ses sources, avant de proposer une « reconstitution » crédible.

 

Aymonier écrit son texte en 1900 (publié en 1904). Nous avons évoqué son interprétation car nos « experts » modernes, loin de donner des nouvelles preuves, reprennent les anciennes dans le meilleur des cas, ou se contentent le plus souvent d’affirmer sans aucune référence, comme si la fondation d’Ayutthaya se présentait dans son évidence, comme si, comme le disait le roi Mongkut, « les Annales siamoises sont plus exactes : leur texte, digne de confiance, étant accompagné de dates données par jours, mois et années, de 1350 à 1767 » (sic).


 (Cf. en note la contestation de cette version d’Aymonier à partir de textes palis, dont nous aurions pu tirer une 11 ème version *****)

 

Il nous restait à consulter « le travail monumental de Richard D. Cushman, The Royal Chronicles of Ayutthaya », recommandé par Dovert. 


 

 

 

_________________________________________________________________

 


*in III. Le SIAM ANCIEN (Chapitre 6), in Le groupe d’Angkor et l’histoire, par Etienne Aymonier (Directeur de l’Ecole coloniale), Paris, Ernest Leroux Editeur, 1904.

 

**Bowring relate que, d'après l'ancien roi de Siam, Maha Mongkut,

 

BROWRING-11

 

les gens de Chieng Raï, Chieng Maï, Kamphêng Péch, molestés par leurs ennemis, quittèrent leur pays et formèrent un nouvel établissement à Cha-Liang dans la partie occidentale du Siam proprement dit, où ils construisirent une ville appelée Deva Mahanagara, nom que conservèrent les capitales ultérieures. Cha-Liang  était environ par 16°N. et 99 E. Là auraient régné cinq princes de la première dynastie, jusqu’ au sixième appelé Uthong Rama thibodi, qui monta sur le trône en 1344. Ce roi, dit-on, « gendre » de son prédécesseur qui s'appelait Siri Chai Chieng Sen et qui n'avait pas d'enfant mâle, reçut la couronne du droit de sa femme. Plus puissant que tous ses prédécesseurs, il soumit à son empire le Sud de Siam et la presqu'île de Malacca. Puis il aurait fondé Ayouthia en 1350.

 

(Finalement pas si loin de la version écrite en français par L. B. Rochedragon, « Phongsa-Vadan, les « annales officielles siamoises », « traduction littérale » publié en 1891 dans le très confidentiel « Bulletin de la société de géographie de Rochefort ».)

 

*** « Le premier, ce prétendu fondateur d’Ayouthia en 1350, aurait eu plusieurs successeurs, dont les noms, fait remarquable, se répètent parfois deux par deux ; et enfin un second Ramathibodi en 1470-1509.C’est sans doute ce dernier que les compilateurs des Annales auront dédoublé à tort, transformé en deux personnages du même nom, qu'ils ont fait régner, l'un en 135o et l'autre dans la seconde moitié du xv° siècle et commencement du XVI e. »

 

**** « l'établissement de Cha-Liang, s’il exista réellement, ne fut si important ni de longue durée ; et demander, enfin, si ce Chia-Lang, insuffisamment précisé, dont les ruines sont ignorées, parait-il, ne doit pas être simplement identifié à la ville bien connue de  Kamphêng Péch, qui se trouve dans ces parages et sur la rive du Ménam, qui semble avoir été quelque temps la capitale du Siam, après Sokotliai et avant Ayouthia, et où sont, en tous cas, des ruines importantes de pagodes et même de palais, décrites par M. Fournereau. »

 

                                               --------------------------------------

 

TABLEAU DES ROIS DU SIAM ANCIEN

d’après Aymonier

 

1) Liste A. D’après les Annales.

 

Rois historiques ? ( à Ayouthia ?)

 

  1. ChaoThong, ou Samtac Brah Ramadhipati, fonde Ayouthia en 1350, règne 1344 à 1369 (Voir le n° 11 de cette liste)
  2. Samtac Brah Rames’vara, fils du précédent, abdique en 1370.
  3. Samtac Brah Paramarajadhiraja, 1370-1382
  4. Samtac Chao Thong Lan, assasiné au bout de sept jours.
  5. Samtac Brah Rames’vara, le n°2), qui remonte sur le trône après avoir fait périr le précédent, 1382-1387.
  6. Samtac Brah Râmaraja, fils du précédent, 1387-1401
  7. Samtac Brah Infraraja, parent du précédent, 1401-1416
  8. Samtac  Brah Paramarajadhiraja, fils du précédent, 1416-1434
  9. Samtac Brah Paramatrailokanatha, fils du précédent,  1434-1449

10.  Samtac Brah Indraraja, 1449-1470 (à réunir peut-être au n°7)

11.  Samtac Brah Ramadhipati, deuxième du nom. 1470-1509 ( doit être identifié au n°1 de cette liste et au n° 9 de l’autre liste).

 

2) LISTE B, d’après notre étude.(Aymonier)


Aymonier

 

ROIS HISTORIQUES

 

  1. Sri Indräditya, appelé peut-être aussi Adityaraja (Atoeutaratch),Prathamaraja, Abhayagamuni, règne à Sangkalok, vers 1250-1274.
  2. Bân, fils aîné du précédent, vers 1274
  3. Phya Ruang, ou Ramaraja, Rama Kamheng, frère cadet du précédent, fonde Sokotai, chasse les Cambodgiens des pays du Menam, règne de 1275 environ à 1324.
  4. Phraya Sua Thai (ou Phya Sucharat), fils du précédent, règne à Sokothai, 1324-1340.
  5. Phraya Hridayaraja, fils du précédent, règne à Sukhotai, 1340-1357.
  6. Sri Suryavans’arama Mahadharmarajadhiraja, fils du précédent, règne à Sokotai, 1357-1388.
  7. Mahadharmarajadhiraja, peut être appelé aussi Dharmasokaraja, fils du précédent, règne à Sokotai, 1388-1415.
  8. Samtac Paramaraja, dernier roi de la dynastie, règne à Sokotai, 1415-1453.
  9. Chao-Thong, ou Chao Uthong, ou Samtac Brah Ramadhipati, gendre ou fils du précédent, monte sur le trône en 1453, fonde une nouvelle dynatie, transporte la capitale à Ayouthia vers 1460 et règne jusqu’en 1482. (Doit réunir en sa personne les n°1 et 11 des prétendus rois historiques de l’autre liste).

 

*****

 

Voir dans cet article les textes en pali  comme sources historiques :

 

In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 21, 1921. pp. 313-318.

doi : 10.3406/befeo.1921.2899

 

Les sources pâlies permettent de résoudre un autre problème. Si Sukhodaya a été annexé par le royaume du Sud en 1 349, comment se fait-il qu'on y trouve longtemps encore après cette date des inscriptions royales ? Cette difficulté, qui avait paru assez grande à M. Aymonier pour qu'il essayât de reculer d'un siècle la fondation d'Ayudhyâ, s'évanouit à la lecture des chroniques pâlies :

on y lit que le roi de Sukhodaya, Dhammarâja, fit acte de soumission envers

son vainqueur Râmâdhipati qui lui rendit la ville de Xainat, au Sud de ses Etats,

dont il s'était emparé.

 

Le royaume du Sukhodaya resta donc distinct et, au moins officiellement, indépendant du royaume d'Ayudhyâ, qui ne put l'incorporer que plus tard. On voit par là que les textes pâlis sont loin d'être sans intérêt pour l'histoire.

 

(Cf. ensuite deux articles de M. Coedès)

 

 Sans titre-2

 

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