Piotr Kowalczyk, (correspondant à Bangkok du Journal international, 26 Septembre 2013) estime effectivement que « Dès son accession au poste de premier ministre en 2001, Thaksin supprime les institutions de dialogue entre thaïs et musulmans. Il accroît le rôle de la police au détriment de celui de l'armée, dont il remplace les dirigeants. Le nationalisme agressif qui accompagne son discours rompt avec les tentatives de dialogue mises en place depuis les années 1990. L'effet de ces politiques est immédiat. La déstructuration des réseaux d'influence de l'armée permet un retour incontrôlé des groupes séparatistes, muselés jusqu'alors. La multiplication des arrestations aveugles et l'utilisation d'une rhétorique agressive à l'encontre des minorités brise la confiance qui avait pu naître entre thaïs bouddhistes et musulmans malais. »
Mais en 2004 c’est l’escalade.
Le 4 janvier 2004, des bandes armées non identifiées (Mais les autorités pensent que les auteurs sont issus des mouvements séparatistes musulmans connus (PULO, PULO Mai, BRN) attaquent 93 endroits (Des postes de police, des installations de l’armée, des écoles ) dans près de 20 districts des provinces de Yala, Narathiwat et de Pattani (proches de la frontière avec la Malaisie), faisant près de 40 morts (musulmans et bouddhistes), mais l’attaque la plus spectaculaire est celle opérée par une trentaine de « rebelles » contre le camp de Ratchanakarin, dans la province méridionale de Narathiwat, qui tue 4 soldats ainsi qu’un moine bouddhiste (égorgé devant témoins), avant de vider le dépôt d’armes de la base et de s’enfuir avec plus de 350 fusils d’assaut et des roquettes. Au même moment, 21 écoles sont incendiées.
La loi martiale est proclamée le 6 janvier et Thaksin va répondre par la force, en renforçant l’armée qui pense étouffer le conflit en utilisant des méthodes expéditives, qui ne feront qu’intensifier les assassinats, les enlèvements et les attentats.
Le 11 février, le petit poste de police d’Ayer Weng est attaqué. Le 23 mars, une bombe explosait à Narathiwat ; Le 27 mars, une autre bombe posée sur une motocyclette explosait, détruisant un club nocturne blessant 30 personnes. Le 30 mars, des hommes armés volaient de la dynamite, des détonateurs ainsi que 1,4 tonne de nitrate d’ammonium dans une carrière à Yala. Le 14 avril, des cheminots de la province de Pattani découvraient une tentative visant à faire dérailler un train. (Source Philippe Raggi, http://www.checkpointonline.ch/CheckPoint/Monde/Mon0090 ThailandeViolencesSud.html
Le 28 avril 2004 se produisent les attaques simultanées les plus spectaculaires menées contre quinze postes de police, des postes de défense des villages, des bureaux de districts. L’armée réagit violemment. Elle n’hésite pas à attaquer la mosquée de Krue-Sae, non loin de Pattani, où 32 insurgés s’étaient réfugiés, pour les anéantir. Le bilan est lourd avec au final 113 tués dont 108 civils.
Les explications du regain de violences dans ces provinces sont multiples, mais Philippe Raggi estime que « l’hypothèse la plus probante et la plus inquiétante – c’est une convergence d’intérêts conduisant les mouvements musulmans séparatistes thaïs d’une part et les puissants réseaux locaux du syndicat de la drogue d’autre part à s’allier et à mener des actions communes, effaçant la ligne de démarcation entre les bandes criminelles liées au trafic de drogue et les séparatistes terroristes. Depuis la « guerre contre la drogue » déclarée par le Premier Ministre thaï au début de l’année, des relations se sont forgées entre les gangs criminels, les militants islamistes et les séparatistes. Ces mouvements ont en effet un ennemi commun : le gouvernement central. »
Un autre drame aura lieu le 25 octobre 2004. 1000 personnes manifestent devant le poste de police de Tak Bai. Elles sont arrêtées, et empilées dans des camions afin d'être transférées dans un camp militaire voisin. 84 personnes, dont des femmes et des enfants, meurent étouffés dans des circonstances jugées suspectes par de nombreux observateurs. De même l’enlèvement ensuite par la police, disent des témoins, de l’avocat musulman Somchai Neelapaijit, puis sa disparition ne pouvait qu’augmenter la tension.
Thaksin nommera bien en mars 2005 une Commission nationale de Réconciliation dirigée par le vice-1er ministre Anan Panyarachun, mais le rapport final ne sortira qu’en juin 2006. Il proposait bien d’introduire quelques lois islamiques et de reconnaître la langue Yawi comme langue officielle auprès du thaï, mais il restera dans les tiroirs. Par contre, la population put voir arriver des renforts militaires et policiers transformant la région en un camp militaire et apprendre que Thaksin le 15 juillet 2005 promulguait un décret d’Etat d’urgence pour les trois provinces de Yala, Pattani et Narathiwat donnant de fait tout pouvoir à l’armée et à la police pour étouffer « l’insurrection ». De nombreuses associations de droits de l’homme s’élèveront contre ce décret non seulement pour dénoncer une grave atteinte aux libertés civiles, mais pour le pouvoir ainsi donné à l’armée et à la police pour agir en toute impunité. Une lettre déjà du 25 juin de Brad Adams, directeur exécutif Asie d’Human Rights Watch par exemple, adressée au 1er ministre, rappellera que sous son gouvernement, il était fait un usage abusif de la force s’exerçant avec violence et impunité, comme par exemple lors de « la guerre contre la drogue ». https://www.hrw.org/news/2005/06/25/letter-prime-minister-thaksin-shinawatra-re-emergency-decree-public-administration
L’Etat d’urgence proclamée montrait une fois de plus l’autoritarisme de Thaksin, usant et abusant des forces policières et armées pour régler les conflits.
La politique étrangère.
Après la disparition de la menace communiste à la fin des années 80, les différents gouvernements ont été plus préoccupés par les questions économiques sans négliger les questions de sécurité, si l’on en juge par les nouveaux accords de 2003 avec les Etats-Unis qui plaçaient la Thaïlande comme « partenaire majeur hors OTAN » et lui permettait « d’avoir ainsi un accès privilégié à l’aide américaine et des crédits bonifiés pour les achats d’armements ». Mais s’il ne pouvait se passer du principal débouché pour le commerce Thaïlandais, l’interventionnisme américain au niveau politique (Et économique à propos de la propriété intellectuelle), ne pouvait qu’encourager Thaksin, à multiplier les accords bilatéraux, et à se rapprocher de Pékin. (Cf. Arnaud Dubus
http://www.centreasia.eu/sites/default/files/publications_pdf/note_thailande_entre_influences_americaines_et_chinoises_avril_2013.pdf
De fait, la politique étrangère de Thaksin sera guidée par les intérêts économiques de la Thaïlande et il agira -nous l’avons déjà dit- comme le chef d’entreprise de la Thailand Company.
Thaksin va donc se concentrer sur les relations commerciales bilatérales, d’autant plus justifié, que les chefs d’Etat lors du sommet annuel de l’Asean à Bali avaient décidé de repousser à 2020 le marché commun de l’Asean. (Contre l’avis de Thaksin qui avait plaidé pour 2012.)
Ainsi, il initiera un rapprochement avec les Etats-Unis qui est le premier débouché commercial de la Thaïlande. (A absorbé en 2002 pas moins de 22,1 % de ses exportations (14,8 milliards de dollars) (La Thaïlande enverra en septembre 2003 un contingent de 450 militaires en Irak affectés à des opérations humanitaires jusqu’en septembre 2004); signera des accords de libre-échange avec la Chine en octobre 2003 portant sur les produits agricoles, avec l’Australie le 5 juillet 2004 (qui sera en application le 1er janvier 2005) qui supprimera à terme la quasi-totalité des droits douaniers entre les deux pays, sauf notamment pour les produits laitiers en poudre ; une coopération économique avec l’Inde en 2004 (Thaksin avait visité l’Inde en novembre 2001) portant surtout sur des réductions tarifaires sur 200 produits, avec le Bahreïn …
Sophie Boisseau du Rocher dans son article « La Thaïlande au sein de l’Asean : une diplomatie en perte de vitesse » (In « Thaïlande contemporaine ») confirmera la volonté de Thaksin d’utiliser l’Asean comme un espace économique à conquérir, privilégiant les relations interpersonnelles et en ne dérogeant pas au principe de non-ingérence. Il se positionnera contre les propositions de Surin Pitsuwan qui voulait faire évoluer les Institutions de l’Asean et remettre en cause le sacro-saint principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats. (Ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement précédent et « Chairman du Forum régional de l’Asean en 1999-2000. Il sera secrétaire général de l’Asean en 2008-2012)
Sophie Boisseau du Rocher évoquera les diatribes et coups de colère de Thaksin « lors du sommet de Vientiane (décembre 2004) où il n’a pas hésité à menacer la Malaisie et l’Indonésie de quitter le sommet si ces deux pays évoquaient le sort des musulmans au sud du royaume. » Thaksin n’a que faire des considérations politiques et des « droits de l’homme » et ne voit que les intérêts économiques qu’il peut obtenir pour son pays. Ainsi en est-il avec le rapport privilégié qu’il va entretenir avec les généraux de la junte birmane, afin d’obtenir des marchés surtout dans le secteur énergétique ; La banque thaïlandaise Export-Import accordera même un prêt de 4 milliards de baths au gouvernement birman. (La Birmanie sera le premier partenaire officiel de la Thaïlande et verra entre 2007 et 2008 le volume de ses échanges doubler pour atteindre 3,205 milliards de dollars, dont 2,823 milliards de dollars relèvent de l’exportation birmane vers la Thaïlande et 382 millions de dollars de l’importation birmane depuis la Thaïlande. Statistiques à prendre avec précaution nous dit Sophie Boisseau du Rocher.)
Mais il ne peut négliger l’Asean qui est son premier partenaire commercial et représente 22 % de ses exportations, même si, nous apprend Sophie Boisseau du Rocher, Thaksin sera plus actif au sein de l’Asean + 3 (Chine, Japon, Corée du Sud), comme le montre l’accord « de récolte précoce » signé avec la Chine en 2003, initiant avant ses partenaires, la réduction et l’abolition des droits douane pour 188 variétés de fruits et légumes.
Thaksin est de toutes façons très actif et multiplie les initiatives tout azimut. On pense en 2002, au projet de coopération économique d’avril 2003 Ayeyawady-Chao Phraya-Mékong ( ACMECS) avec la Birmanie et le Cambodge (Qui favorisera la Shin Corp, disent ses adversaires), ou bien encore au « Dialogue de coopération de coopération asiatique » (DCA) avec les autres pays d’Asie orientale visant à promouvoir un marché obligataire asiatique. On pourrait aussi signaler d’autres coopérations comme celle de novembre 2013 à Pagan, où Thaksin avec les autres 1er ministres Khin Nyunt (Birmanie), Hun Sen (Cambodge) et Boungnang Vorachit (Laos) ont adopté une Déclaration de Pagan dans laquelle ils s'engagent à augmenter les échanges commerciaux et les investissements, à développer l'agriculture, l'industrie, le tourisme et à favoriser l'emploi ; et à tenir une fois tous les deux ans un sommet de Stratégie de coopération économique. (ECS) Thaksin y signera quatre accords dans l'énergie, deux avec la Birmanie - sur l'exploration gazière -, un avec le Laos et un avec le Cambodge. Il s’engagera également à accorder annuellement une aide d'environ 10 millions de baht (environ 2,5 millions de dollars) au développement économique de ces trois pays.
On pouvait observer dans ses déclarations un homme sûr de lui, quelque peu présomptueux, prêt à régler les problèmes des autres : « Nous pourrions les aider en créant des emplois et en les encourageant à régler leur problèmes internes », « la drogue, les émigrés clandestins et la criminalité sont véritablement de gros problèmes ». Il est vrai qu’il savait régler ces fléaux ! Mais il savait ménager la susceptibilité de la junte birmane, et il avait clairement indiqué que la question de l'assignation à résidence de l'opposante Aung San Suu Kyi - dont l'ONU et les pays occidentaux réclamaient la libération - ne serait pas évoquée à Pagan. Mais on lui reprochera de faire souvent cavalier seul, au risque d’échouer comme ce fut le cas le 15 décembre 2003, lors du premier forum international pour la réconciliation nationale en Birmanie.
Bref, on pourrait multiplier les exemples de cet activisme, de son ambition de développer son pays, les pays voisins et … ses propres affaires. Thaksin ne doute pas, ne craint pas les obstacles, tant il est convaincu de parvenir à ses fins. Ainsi, il n’hésitera pas à soutenir la campagne de son ministre des affaires étrangères, le Dr Suriakat, pour devenir le secrétaire général des Nations-Unis, qui verra la victoire de Ban Ki-Moon le 3 octobre 2006. (Thaksin était à l’Assemblée générale de l’ONU à New York lors du coup d’Etat du 19 septembre 2016. Cf. Ci-dessous) Il est vrai que les élections du 6 février 2005 n’avaient pu que renforcer sa confiance en lui, son pouvoir et le sentiment d’être suivi par l’énorme majorité de la population.
Le deuxième gouvernement Thaksin (11 mars 2005 - Coup d’Etat du 19 septembre 2006)
Nous avions dit dans l’article précédent.
« Conformément à la Constitution de 1997, qui accorde un mandat de 4 ans aux élus, le roi dissout le Parlement ; et de nouvelles élections générales auront lieu le 6 février 2005. C’est un triomphe pour Thaksin. Son parti, le Thai Rak Thai obtient une large majorité absolue avec 375 sièges sur 500 parlementaires ; son partenaire dans la coalition, le Parti National Thaï obtient 27 sièges. Le parti de l’opposition, le Parti Démocrate perd encore des sièges et n’a plus que 96 sièges ; Et le Great People's Party (Phak Machacon) nouvellement formé pour ces élections n’aura que 2 sièges.***
Le 11 mars 2005 un décret royal officialise le deuxième gouvernement Thaksin. »
Le gouvernement est composé de 35 ministres dont 7 vice-premiers ministres (Somkid Jatusripitak, Pol. Gen. Chidchai Vanasatidya, Suriya Jungrungreangkit, Surakiart Sathirathai, Suchai Yongarnukul, Wissanu Krea-ngam, et Suwat Liptapanlop) et deux ministres à l’Office du 1er ministre (Newin Chidchob et Suranand Vejjajiva) . Trois vice –premiers ministres ont aussi des rôles clés, comme Somkid Jatusripitak, ministre des finances ; Pol. Gen. Chidchai Vanasatidya, ministre de l’intérieur ; Suriya Jungrungreangkit, ministre de l’Industrie. Le ministre de la Défense est le Gen. Thammarak Israngura Na Ayutaya. Curieusement on voit un ministre et deux vice-ministres des finances, en plus du vice-1er ministre Somkid Jatusripitak qui a aussi cette responsabilité. ( ?)
On remarque un vaste remaniement les 2 août 2005 (15 et 17 changements) ; Et le 4 août 2015, les ministres de l’Office du 1er ministre Suranand Vejjajiva et Newin Chidchob prennent temporairement (Pourquoi ? A quelle occasion, combien de temps ?) la responsabilité de 11 ministères ! Egalement le 7 février 2006, les mêmes Suranand Vejjajiva et Newin Chidchob prendront temporairement ( ?) la responsabilité du ministère de l’information et des Affaires étrangères. (Thaksin a prévu des élections anticipées pour le 2 avril 2006 )
L’opposition et la chute de Thaksin.
Paradoxalement, cette large victoire électorale du 6 février 2005 va sonner le glas du système Thaksin, qui avait pourtant placé la police sous ses ordres directs, nommé des proches et des « fidèles » à des postes importants dans l’armée et dans l’administration, favorisé les entreprises « amies », sans oublier ses propres affaires, mais qui avait aussi exacerbé les opposants politiques comme le Parti Démocrate qui voyaient leur avenir réduit à la portion congrue, les groupes et les entreprises extérieurs au système et donc ne profitant plus des contrats juteux, les officiers militaires qui se voyaient refuser des promotions et/ou voyaient passer devant eux les proches de « Thaksin », les familles proches du Palais …
Pire, beaucoup se sentirent menacer : l'establishment traditionnel, certaines factions de l’armée, et le Conseil privé du roi, se voyant par exemple privé du rôle majeur qui était le sien dans les promotions dans l'armée (source de pouvoir). Le roi lui-même, dit-on, se sentait menacé par l‘énorme pouvoir acquis par Thaksin, remettant en cause le système traditionnel, bousculant les rentes de situation. Bref, Thaksin s’était fait beaucoup d’ennemis.
Un mouvement de contestation anti-Thaksin initié en 2005 par Sondhi Limthongkun va permettre de « fédérer » tous ses opposants.
Sondhi est un journaliste à l’origine qui fonda Manager Daily puis lança sa chaîne de télévision, ASTV. Il fit faillite lors de la crise de 1997, mais après 2001, Thaksin le nouveau 1er ministre le sauve de la débâcle financière. A cette époque M. Sondhi déclarera que M. Thaksin était «le meilleur premier ministre que nous ayons jamais eu». Mais leur relation va s’envenimer et en 2005, après la chute de son banquier et ami Virot Nualkhair, M. Sondhi se mettra alors à attaquer violemment M. Thaksin.
Autour de lui et de son groupe The Manager, comprenant un journal et son site Internet, ainsi qu'une télévision par satellite, ASTV, basée à Hongkong, vont se fédérer de nombreuses luttes du moment contre la privatisation de l'entreprise publique d'électricité EGAT, contre les accords de libre-échange avec les USA, contre la décentralisation dans l'éducation ... qui vont se retrouver en février 2006 au sein d’un nouveau parti l’Alliance du Peuple pour la Démocratie (le PAD). D’autres forces vont le rejoindre, comme l’élite proche du Palais royal, la secte bouddhiste Santi Asoke, dirigée par un général de police à la retraite, Chamlong Simuang, ancien gouverneur de Bangkok, des militaires, des généraux de réserve liés au Conseil privé du roi ; et même des membres du Parti démocrate (opposition parlementaire) liés aux intérêts thaïlandais du sud musulman, des syndicalistes du secteur public tel Somsak Kosaisuuk ; quelques anciens militants de gauche des années 1970 et des universitaires en rupture avec la hiérarchie. Bref, un parti hétéroclite composé de groupes divers qui ont en commun la haine de Thaksin et le projet de le renverser.
Une opportunité est offerte en janvier 2006, lorsque Thaksin décide de vendre sa société Shin Corp à Temasek, une entreprise détenue par l'État de Singapour, pour un montant de 1,5 milliards d’euros sans payer d’impôts, ni de taxes. Cette vente qui s’ajoute aux scandales de corruption dont celui lié à la construction de l’aéroport Suvanabhurmi vont scandaliser l'opinion et relancer le mouvement de contestation anti-Thaksin.
Des manifestations ont lieu organisées par le PAD, qui voient apparaître dans les rues de Bangkok ceux qu’on appellera les « jaunes » (couleur de leur Tshirt et couleur royale) réclamant la démission de Thaksin ; Les opposants politiques réclament une enquête indépendante sur la vente de la Shin Corp à Singapour ; les critiques se font désormais entendre. Abhisit du Parti démocrate se dit prêt à être premier ministre … La crise est ouverte.
Thaksin espère reprendre la main en provoquant des élections générales anticipées qui auront lieu le 2 avril 2006. En raison de l'appel au boycott lancé par l'opposition, Thaksin a transformé ce scrutin en référendum, promettant de démissionner si son parti, Thai Rak Thai (TRT, « Les Thaïlandais aiment les Thaïlandais »), remporte moins de 50% des suffrages.
Le TRT remporte les élections avec 61,1% des voix et obtient 460 sièges (Sur 500), avec 37,9 de non-votants. Mais dès le 3 avril le PAD dénonce les fraudes et déclare ne pas reconnaître ces élections. La Cour constitutionnelle invalide les élections. Le gouvernement appelle à de nouvelles élections le 15 octobre 2006.
Mais Thaksin ne parvient pas à reprendre la main. Après un entretien avec le roi, il annonce même qu’il se met en retrait et va prendre des vacances. Il désigne son bras droit, Chiddai Vanasathidya, vice-Premier ministre et ministre de la Justice, pour assurer l’intérim.
Arnaud Dubus dans un article du 25 juin 2006 évoque « Une ambiance de fin de règne flotte dans les bâtiments de style colonial de la Maison du gouvernement, le siège du pouvoir thaïlandais. Deux des conseillers juridiques clefs du Premier ministre Thaksin Shinawatra sont déjà partis. Il s’agit du secrétaire général du gouvernement Bovornsak Uvano et du vice-Premier ministre Vissanou Krua-ngam. Ils ont préféré abandonner les importants bénéfices matériels de leur fonction auprès de l’homme le plus riche du pays pour conserver un semblant de crédibilité afin de pouvoir poursuivre leur carrière. (…) Et les rumeurs abondent sur la possible démission de plusieurs autres ministres de poids. On parle de celui de l’Education, Chaturon Chaisaeng et de celui du Commerce, Somkid Jatusripitak. (…) Le Premier ministre Thaksin semble démoralisé. Ses interventions sont truffées d’allusions à ce qu’il veut laisser en héritage «au prochain Premier ministre», laissant à penser qu’il pourrait démissionner.»
Thaksin ne contrôle plus désormais toutes les commissions de contre-pouvoir.
Après de longues tergiversations, la commission électorale a établi un rapport d’enquête estimant que le Thai Rak Thai était coupable de fraude électorale «mettant en cause le système démocratique et la sécurité nationale». Le bureau du procureur général est en train d’étudier le rapport avant de le remettre à la Cour constitutionnelle. Si elle est saisie, elle devrait se prononcer sur les sanctions à prendre au début du mois de juillet. Une dissolution du parti de Thaksin est possible si la culpabilité est retenue.
Mais un coup d’Etat (sans effusion de sang) a lieu le 19 septembre 2016 – pendant que Thaksin est à New-York pour l’Assemblée générale de l’ONU - dirigé par le chef de l’armée de terre, le général Sonthi, qui mettra fin à l’ère Thaksin.
Le coup d’Etat sera légitimé dès le lendemain par un décret royal ( Un décret royal légitimant le renversement d'un gouvernement légitime !), « qui le nommera « chef du Conseil pour la réforme démocratique sous la monarchie constitutionnelle »(sic)
On connait la suite : La loi martiale, le parlement est dissous, la constitution et le conseil constitutionnel sont invalidés, les rassemblements politiques sont interdits, et les médias sont mis sous le contrôle de la censure militaire …
Le 2 octobre 2006, l’ancien commandant en chef le général Surayud Chulanond, « conseiller privé du Roi », est nommé 1er ministre …
Le général Surayud Chulanont ?
Vous vous souvenez (Cf. supra) que Thaksin l’avait démis de ses fonctions de commandant en chef de l’armée un an avant le terme de son mandat le 1er octobre 2002 en le nommant commandant suprême des forces armées à titre honorifique. L’année suivante, le roi l’avait nommé au sein de son Conseil privé. Il allait y retrouver un proche, le général Prem, Chef du Conseil privé du roi. Ils seront tous deux très actif pour que le général Sonthi soit nommé commandant en chef de l’armée le 1er octobre 2005. Le général qui dit-on, proposera au roi de nommer le général Surayud Chulanond, comme 1er ministre. La boucle était bouclée. Evidemment, il y aurait beaucoup à dire sur le rôle de ces trois généraux dans leur opposition à Thaksin et leurs rôles respectifs dans la préparation de ce coup d’Etat, sans évoquer celui du roi, bien-entendu, lèse-majesté oblige.
Un nouveau chapitre de l ‘Histoire de la Thaïlande s’ouvrait.
Mais cet article consacré aux deux gouvernements de Thaksin (17/02/2001-19/09/2016) sera le dernier chapitre de « Notre Histoire chronologique de la Thaïlande », à laquelle nous avons consacré 245 articles et plus de 2500 pages ! Nous avons jugé qu’à partir du gouvernement du général Surayud Chulanond, nous n’étions plus dans l’Histoire, mais dans un jeu politique dont les acteurs sont toujours en activité et dans un combat dont nul ne connait l’issue. La menace du « lèse-majesté » a aussi contribué à prendre cette décision. Mais nous n’en avons pas fini avec l’Histoire de la Thaïlande …
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Sources et notes.
* Ainsi le 5 mars 2002, remaniement de 4 ministres ; Le 3 octobre 2002, profond remaniement touchant 35 ministres ; Le 8 février 2003, 5 changements de poste ; Le 8 novembre 2003, 16 ministres sont touchés ; le 10 mars 2004, 12 (10 changements de poste et 2 démissions) ; Le 30 juin 2004, 2 démissions et 2 changements ; Le 5 octobre 2004, 3 démissions importantes, les vice- 1er ministres Gen. Thammarak Isarangura Na Ayutaya et Capt. Suchart Chaovisit, et le ministre de la Défense Gen. Chetta Thanajaro ; le 6 octobre 2004, 6 changent de poste et 3 nominations dont le Gen Sumpan Boonyanun à la Défense.
** Notre source principale est l’excellent article de Nicolas Revise « Le système Thaksin : coup de frein au processus de démocratisation ou « voie thaïlandaise » vers la démocratie ? (Les Etudes du CERI, N° 115- juin 2005.
D’autres sources : wikipédia anglais ; Arnaud Leveau et Thongchai Winichakul, dans leur article « Tout doit changer pour que rien ne change » et Sophie Boisseau du Rocher dans son article « La Thaïlande au sein de l’Asean : une diplomatie en perte de vitesse », in Thaïlande contemporaine, IRASEC.
*** Résultats des élections du 6 février 2005.
**** Résultats des élections du 6 février 2005.
These results were invalidated by the Supreme Court
|
Parties
|
Votes
|
%
|
Seats
|
Thais Love Thais Party (Phak Thai Rak Thai)
|
15.866.031
|
61,1
|
460
|
Others
|
267.196
|
1,1
|
-
|
No Vote
|
9.842.197
|
37,9
|
-
|
Vacant
|
|
|
40
|
Democrat Party (Phak Prachatipat)
|
boycott
|
Thai Nation Party (Phak Chart Thai)
|
boycott
|
Great People's Party (Phak Mahachon)
|
boycott
|
Total valid votes (87,2 % of votes cast)
|
25.975.424
|
100
|
500
|
Invalid votes
|
3.815.870
|
|
Votes cast (turnout 65,2 %)
|
29.791.294
|
|
Registered voters
|
45.663.089
|
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Source : Adam Carr using MCOT website and other media websites. The TRT won 34,7 % of the registered voters.
|
Il va pour ce faire montrer un volontarisme et un interventionnisme hors du commun, dans un style autoritaire parfois brutal mû, nous dit Nicolas Revise**, avec « une ambition unique : s’emparer de l’Etat pour assurer une croissance économique favorable aux milieux d’affaires et au marché domestique » ; sans oublier … ses propres affaires, et une certaine conception de la démocratie qu’il explicite : « J’ai pris la décision d’entrer en politique […] conformément à la théorie du contrat social que j’ai étudiée. Lorsque les individus vivent ensemble dans un Etat, ils doivent accepter de sacrifier une partie de leur liberté afin que l’Etat établisse des règles pour que tous puissent vivre ensemble dans une société juste. C’est le vrai noyau du système de représentation politique ». Cela va se traduire effectivement pour Thaksin par sa volonté de diriger et de contrôler toutes les institutions du royaume et de « vider de sa substance les garde-fous institutionnels » (commission électorale et anti-corruption, Cour constitutionnelle…), et d’éliminer toute forme d’opposition (parlementaire, militaire, médiatique, syndicale et associative).
L’article de Nicolas Revise (plus bas appelé RC ) « Le système Thaksin : coup de frein au processus de démocratisation ou « voie thaïlandaise » vers la démocratie ? » sera notre principale source.
Le bilan économique du 1er gouvernement.
Nul doute que Thaksin a redonné à la Thaïlande son dynamisme et assaini son économie. Là - bien sûr - la présentation sera différente ou nuancée selon le sort que l’on veut faire jouer à Thaksin et selon les indicateurs choisis.
Pour Nicolas Revise, cela est clair :
La croissance du PIB est passée de 4,9 milliards en 2001 à 7,1 milliards de baths en 2006 « en s’appuyant sur une demande intérieure [qui] s’est rapidement traduite dans les faits : l’économie s’est assainie ; les entreprises ont renoué avec les bénéfices, l’industrie a poursuivi son désendettement, de nombreux emplois ont été créés ; le pouvoir d’achat a augmenté, le taux de mauvaises créances des banques est tombé à 11,4 % fin 2004, celui d’utilisation des capacités industrielles est remonté à plus de 75 %, et des milliards de bahts de prêts, notamment dans le secteur rural, ont été distribués. Enfin, le FMI, qui avait débloqué quelque 17 milliards de dollars en 1997, a été remboursé intégralement en juillet 2003 avec deux années d’avance. Malgré une année 2004 troublée par la grippe aviaire, les tensions dans le Sud musulman et le tsunami meurtrier du 26 décembre 2004 (…) En quatre ans, la richesse nationale du royaume a augmenté de 35 % pour atteindre 171 milliards de dollars, les réserves de change ont progressé de 50 % et s’élèvent à 49 milliards de dollars. Mieux, la dette publique a chuté à 47 % du PIB contre près de 62 % en 2001. L'inflation a été maîtrisée avec un taux de 2 % à 3 %, le compte des transactions courantes est bénéficiaire et le budget 2005 est équilibré pour la première fois depuis 1997. »
Pour la première fois, l’économie a été basée sur l’économie locale plutôt que sur la demande extérieure et la consommation privée est passée à 56 % du PIB du pays pour constituer le principal moteur de la croissance du pays.
Thaksin a encouragé les ménages à consommer à outrance plutôt qu’à épargner, remettant en cause l’un des piliers de l’économie du pays : le taux d’épargne, déjà traditionnellement élevé en Asie, y est l’un des plus forts du monde, atteignant entre 30 % et 40 %.
Pour la première fois aussi, on a pu constater un 1er ministre tenir ses promesses de campagne en faveur des masses rurales.
Il a bien effectué un moratoire sur les dettes ; il a bien alloué à chacun des 77 000 villages un prêt d’un million de baths, même si nous dit Revise, il a plutôt servi à acheter des téléphones portables ou des motocyclettes ; et donner un accès aux soins hospitaliers aux plus pauvres moyennant un forfait de 30 baths. (Ce qu’il lui vaut encore aujourd’hui la reconnaissance des paysans du Nord et du Nord-Est).
Les gouverneurs dans leur province reçurent l’ordre d’initier et de soutenir des projets économiques, en ville et dans les campagnes comme ceux initiés par le gouvernement comme par exemple le dispositif OTOP (One tambon, one Product) (Une commune (un sous-district), un produit). Les villageois furent encouragés à générer des revenus en développant des produits de bonne qualité en utilisant les ressources et les compétences locales. Les produits OTOP seront (et sont encore) très populaires ; des salons et des foires seront organisées ; donnant à beaucoup reconnaissance et fierté.
Réforme de l’administration.
Arnaud Leveau et Thongchai Winichakun, dans leur article « Tout doit changer pour que rien ne change »*** (In Thaïlande contemporaine) estimeront qu’ « Il s’agit sans doute de la réforme administrative la plus importante depuis celle du roi Chulalongkorn. Cette restructuration avait pour objectif de simplifier l’appareil administratif et d’encourager la performance et les résultats. De nouveaux ministères ont été créés (ministère des Affaires sociales et du Développement humain, ministère du Tourisme et des Sports, ministère des ressources naturelles et de l’Environnement, ministère de la Communication et de l’Information, ministère de la Culture). Alors que leur rôle était auparavant essentiellement protocolaire les gouverneurs de province sont devenus des gestionnaires aux côtés des fonctionnaires nommés par l’Etat. Dès 2003, les gouverneurs - PDG ont été en charge de la planification et du développement dans leurs provinces respectives assistés par des directeurs financiers nommés par le ministre des Finances. Ces mesures ont été annulées après le coup d’Etat de 2006. » (Note 12, p.524)
Certes les critiques n’ont pas manqué contre la gestion de Thaksin, surtout celles dénonçant la forte collusion entre le monde des affaires et le sommet de l'Etat.
Les proches du TRT seront largement favorisés, ses détracteurs oubliés des largesses gouvernementales. Une étude comparative mondiale des liens entre monde des affaires et politique révèlera que 20 % des sociétés cotées à Bangkok ont de très fortes connections gouvernementales. « A titre d’exemple, l’empire Shin Corp. (contrôlé à 39,3 % par la famille Shinawatra) a vu son titre en Bourse progresser de 11 % en 2004, alors que l’indice de Bangkok a chuté de 13,5 % sur la même période. De 2002 à 2006 les actions de Shin Corp augmenteront de 173 %. » (In N. R.)
Mais Thaksin ne va pas se contenter d’une réussite économique pour son pays et pour lui ; mais voudra aussi tout contrôler : le jeu politique, l’administration, l’armée, les médias. Ce qui va lui valoir de nombreux ennemis.
Le contrôle de l’armée et de la bureaucratie et civile.
Si au début en 2001, Thaksin laisse en place le général Surayut, le commandant en chef de l’armée, il ne peut supporter son autonomie et sa politique de sécurité aux frontières à l’égard de la Birmanie, qui va à l’encontre de sa volonté de normaliser ses relations avec l’« ennemi héréditaire ». Thaksin le démet de ses fonctions un an avant le terme de son mandat le 1er octobre 2002 et le nomme commandant suprême des forces armées à titre honorifique. Il désigne le général Somdhat Attanant, qui n’est pas dans la ligne de succession directe, mais qui assure que, sous son commandement, « l’armée de terre suivra strictement la politique gouvernementale et ne fera rien qui puisse altérer les relations entre la Thaïlande et la Birmanie »
De plus, Thaksin commence à infiltrer l’armée et faire des passe-droits. Il place sa famille et ses amis, accélère l’avancement d’anciens camarades de sa promotion au sein de l’académie militaire, intervient dans les nominations de l’état-major. Ainsi, il nomme deux de ses cousins germains à des postes de haut commandement, et le général Chaisit Shinawatra devient en août 2003, commandant en chef de l’armée, puis sautant plusieurs échelons hiérarchiques, commandant suprême le 1er octobre 2003. Les nouveaux promus ont désormais les moyens « de surveiller les activités politiques ». Auparavant Thaksin avait pris soin de diriger directement la police.
Thaksin va aussi chercher à contrôler l’imposante bureaucratie thaïlandaise.
Certes au départ, Thaksin comme tout chef d’entreprise veut une administration efficace et réduire les coûts jugés inutiles. Mais très vite, il va court-circuiter les institutions administratives de contre-pouvoir créées par la Constitution de 1997, comme les commissions indépendantes d’anti-corruption, électorale, des droits de l’homme, etc, en nommant « des amis » et des hommes d’affaires proches du TRT aux postes de responsabilité.
Contrôle des médias.
Il ne suffit pas à l’Etat de contrôler cinq chaînes de télévision nationales, directement ou via des concessions à des groupes privés, à l’armée d’en contrôler deux : (l’une gérée en direct (Channel 5), l’autre (Channel 7), qui capte 60 % de l’audience nationale, par la société privée Bangkok Television and Radio Company), avec 202 fréquences radio et 2 700 fréquences téléphoniques, il a fallu aussi faire taire et licencier éditorialistes et commentateurs qui parlent trop librement sur les problématiques politiques ou sociales (libertés publiques, corruption, environnement…). Des émissions ont été interdites, les journaux raccourcis pour laisser place aux jeux et aux séries B. Déjà en 2000. ITV créée en 1996, réputée pour son impertinence et la qualité de ses enquêtes, avait été rachetée en 2000 par le groupe Shin Corp. de Thaksin ; elle fut mise au pas après la nomination de Thaksin.
Contrôle de la presse.
Pour la presse, ce fut plus difficile, mais à partir de 2002, les pressions sur les journalistes et les rédacteurs furent légions, et on vit se multiplier des visites impromptues de policiers aux sièges des publications. Mais le plus efficace, fut le chantage à la publicité, opéré par les grands groupes thaïlandais liés au gouvernement ou à des agences publiques, qui contraignit les médias à s’imposer une autocensure de peur de perdre leurs précieux budgets publicitaires. (In R. C.)
Même les organisations non gouvernementales (ONG), favorables à Thaksin au début de son mandat, furent mises au pas et subirent une répression sévère, quand elles devenaient contestataires de projets gouvernementaux, comme par exemple lorsque des villageois et des pêcheurs appuyés par des mouvements écologistes s’opposèrent à la construction d’un barrage dans le Nord-Est (barrage de Pak Mun) ou contre un projet de pipeline entre la Malaisie et le sud de la Thaïlande. D’ailleurs, note Revise, même « Les enquêtes accablantes de la Commission des droits de l’homme ou du Sénat n’arriveront jamais jusqu'au bureau de la Chambre des représentants. »
On a là un début d’explication du système Thaksin, qui lui vaut admiration ou haine. Il veut vraiment que la Thaïlande soit reconnue internationalement comme un pays émergent, à l’instar de Singapour et de la Malaisie (Ce sont ses modèles), mais pour cela il faut faire vite, transformer le pays, réformer tout azimut, et donc placer ses hommes ou ceux qui sont compétents et proche du régime aux différents rouages et neutraliser ceux qui ne pensent pas comme lui. Mais ses méthodes sont souvent brutales voire expéditives, convaincu qu’il est de sa toute puissance et du soutien de l’opinion. Mais il est vrai qu’il n’a pas peur d’affronter les conservatismes, les acquis, les mauvaises habitudes, s’il juge qu’ils sont un frein pour le développement de son pays.
Ainsi pour l’éducation.
La constitution de 1997 annonçait la décentralisation de l’Education nationale, mais encore fallait-il avoir le courage de la mener. Thaksin l’a mis donc en œuvre en confiant l’éducation aux Tambons avec le TAO (Tambon Administrative Organization’s), mais il rencontra une vive opposition des 700 000 instituteurs de Thaïlande qui ne voulaient pas perdre leur statut de fonctionnaire. Il sut cette fois-ci accepter un compromis en accordant un délai de deux ans.
Mais Thaksin fit bouger les lignes en créant un fond pour les étudiants (le SLF) et un programme d’aide (le ICL) et en incitant les banques – pour la 1ère fois - à accorder des prêts à 1 % pour que les étudiants modestes puissent suivre des études universitaires avec l’assurance de ne commencer à rembourser qu’une fois que leurs salaires mensuels seraient à 16 000 baths. Ce programme fut supprimé après le coup d’Etat de 2006.
Thaksin sera aussi partisan du projet Nicholas Negroponte « un ordinateur par élève » (One Laptop Per Child (OLPC)) en commençant avec 600 000 ordinateurs. La junte en 2006 annulera aussi ce projet. (On se doute qui aurait vendu ces ordinateurs) Thaksin initiera aussi le projet controversé « Un district, une école d’excellence », critiqué par ceux qui n’étaient pas dupes que ce projet bénéficierait aussi aux compagnies de Thaksin.
Mais si Thaksin multipliait les réformes et les projets, il voulait aussi marquer les esprits, montrer encore sa puissance avec un défi inédit : éradiquer la drogue du pays en 3 mois. Jugez plutôt.
Devant l’explosion de la consommation du yaba (amphétamine) en 2002 dans les lieux de plaisirs mais aussi dans les usines et les écoles, (On évoque 800 millions de pilules par an et des centaines de milliers de dépendants) Thaksin décide de frapper fort et d’éradiquer la drogue de Thaïlande en 3 mois.
Le 14 janvier 2003 Thaksin détaille le plan de sa campagne anti-drogue. Les gouverneurs doivent établir des listes noires des trafiquants et les policiers ont tout pouvoir. A partir du 1er février 2003 les morts s’accumulent et au bout des trois mois on recense officiellement 2 637 tués (Human Rights Watch en dénombrera 2 275). La police déclare que la majorité des victimes a été tuée au cours de règlements de comptes entre trafiquants, même si elle reconnaît avoir tiré dans 68 cas en légitime défense. Evidemment la Commission des droits de l’homme et du siège régional des Nations unies à Bangkok contesteront ces chiffres et évoqueront des exécutions sommaires. Le roi lui-même lors de son discours à la Nation à l’occasion de son anniversaire le 5 décembre demandera que la police fournisse des informations fiables, mais nulle enquête ne sera menée par les polices locales. Revise toutefois estime « que la méthode rappelle à bien des égards les escadrons de la mort de militaires qui abattaient des paysans acquis à la cause communiste dans le Nord-Est durant les années 1970, la guerre anti-drogue est un message très clair adressé à tous ceux qui seraient tentés par la contestation. »
Quant à Thaksin, il se félicitera en décembre 2003, d’avoir fait arrêter 52.374 personnes, envoyé 327.224 toxicomanes en cure et saisi 3,7 milliards de bahts d’argent sale, et cela avec l’approbation populaire. (Cf. Notre article A68. Pouvoir, drogue (yaa baa), justice à Kalasin (Thaïlande).
http://www.alainbernardenthailande.com/article-a74-pouvoir-drogue-yaa-baa-justice-a-kalasin-thailande-109649171.html)
Insurrection dans les provinces du Sud dont la majorité est d’ethnie malaise et musulmane en 2004.
Il faut se rappeler que les provinces de Pattani, Yala, Narathiwat et Songkla constituent jusqu'au début du XXe siècle une entité unique et autonome, le Royaume de Pattani ; qu’en 1909, le Siam et la Grande-Bretagne signait un traité qui partageait les Etats malais non-fédérés, sous influence britannique, Le Siam renonçait à ses prétentions sur les États de Kedah, Kelantan, Perlis, et Trangkanu, et gardait en revanche la souveraineté sur une région qui consiste dans les provinces actuelles de Narathiwat (Manara en malais), Pattani, Satun, Songkla (l’ancienne Singore), et Yala. La région de Satun, de population à majorité thaïe avait été séparée de l’Etat malais de Kedah.
Ces provinces dont la majorité est donc « d’ethnie » malaise et musulmane, ne s’est jamais considérée comme thaïe, et a toujours été en conflit avec le gouvernement central de Bangkok, qui n’a jamais voulu leur accorder une autonomie, ni reconnaître leurs spécificités. Un mouvement séparatiste en surgira.
(Pour en savoir un peu plus sur l’histoire de cette région malaise, cf. notre article 12 : Terrorisme ou insurrection séparatiste dans le Sud de la Thaïlande ? http://www.alainbernardenthailande.com/article-article-12-terrorisme-ou-insurrection-separatiste-dans-le-sud-68166091.html)
Dès son accession au poste de premier ministre en 2001, Thaksin veut prendre en main – via ses policiers - le contrôle de la situation dans les provinces du Sud, déstructurant ainsi les réseaux d’influence mis en place par l’armée. Une nouvelle politique est engagée avec un discours nationaliste qui laisse peu de place au dialogue. De fait, en 2001, on va constater une recrudescence de la violence.
Piotr Kowalczyk, (correspondant à Bangkok du Journal international, 26 Septembre 2013) estime effectivement que « Dès son accession au poste de premier ministre en 2001, Thaksin supprime les institutions de dialogue entre thaïs et musulmans. Il accroît le rôle de la police au détriment de celui de l'armée, dont il remplace les dirigeants. Le nationalisme agressif qui accompagne son discours rompt avec les tentatives de dialogue mises en place depuis les années 1990. L'effet de ces politiques est immédiat. La déstructuration des réseaux d'influence de l'armée permet un retour incontrôlé des groupes séparatistes, muselés jusqu'alors. La multiplication des arrestations aveugles et l'utilisation d'une rhétorique agressive à l'encontre des minorités brise la confiance qui avait pu naître entre thaïs bouddhistes et musulmans malais. »
Mais en 2004 c’est l’escalade.
Le 4 janvier 2004, des bandes armées non identifiées (Mais les autorités pensent que les auteurs sont issus des mouvements séparatistes musulmans connus (PULO, PULO Mai, BRN) attaquent 93 endroits (Des postes de police, des installations de l’armée, des écoles ) dans près de 20 districts des provinces de Yala, Narathiwat et de Pattani (proches de la frontière avec la Malaisie), faisant près de 40 morts (musulmans et bouddhistes), mais l’attaque la plus spectaculaire est celle opérée par une trentaine de « rebelles » contre le camp de Ratchanakarin, dans la province méridionale de Narathiwat, qui tue 4 soldats ainsi qu’un moine bouddhiste (égorgé devant témoins), avant de vider le dépôt d’armes de la base et de s’enfuir avec plus de 350 fusils d’assaut et des roquettes. Au même moment, 21 écoles sont incendiées.
La loi martiale est proclamée le 6 janvier et Thaksin va répondre par la force, en renforçant l’armée qui pense étouffer le conflit en utilisant des méthodes expéditives, qui ne feront qu’intensifier les assassinats, les enlèvements et les attentats.
Le 11 février, le petit poste de police d’Ayer Weng est attaqué. Le 23 mars, une bombe explosait à Narathiwat ; Le 27 mars, une autre bombe posée sur une motocyclette explosait, détruisant un club nocturne blessant 30 personnes. Le 30 mars, des hommes armés volaient de la dynamite, des détonateurs ainsi que 1,4 tonne de nitrate d’ammonium dans une carrière à Yala. Le 14 avril, des cheminots de la province de Pattani découvraient une tentative visant à faire dérailler un train. (Source Philippe Raggi, http://www.checkpointonline.ch/CheckPoint/Monde/Mon0090 ThailandeViolencesSud.html
Le 28 avril 2004 se produisent les attaques simultanées les plus spectaculaires menées contre quinze postes de police, des postes de défense des villages, des bureaux de districts. L’armée réagit violemment. Elle n’hésite pas à attaquer la mosquée de Krue-Sae, non loin de Pattani, où 32 insurgés s’étaient réfugiés, pour les anéantir. Le bilan est lourd avec au final 113 tués dont 108 civils.
Les explications du regain de violences dans ces provinces sont multiples, mais Philippe Raggi estime que « l’hypothèse la plus probante et la plus inquiétante – c’est une convergence d’intérêts conduisant les mouvements musulmans séparatistes thaïs d’une part et les puissants réseaux locaux du syndicat de la drogue d’autre part à s’allier et à mener des actions communes, effaçant la ligne de démarcation entre les bandes criminelles liées au trafic de drogue et les séparatistes terroristes. Depuis la « guerre contre la drogue » déclarée par le Premier Ministre thaï au début de l’année, des relations se sont forgées entre les gangs criminels, les militants islamistes et les séparatistes. Ces mouvements ont en effet un ennemi commun : le gouvernement central. »
Un autre drame aura lieu le 25 octobre 2004. 1000 personnes manifestent devant le poste de police de Tak Bai. Elles sont arrêtées, et empilées dans des camions afin d'être transférées dans un camp militaire voisin. 84 personnes, dont des femmes et des enfants, meurent étouffés dans des circonstances jugées suspectes par de nombreux observateurs. De même l’enlèvement ensuite par la police, disent des témoins, de l’avocat musulman Somchai Neelapaijit, puis sa disparition ne pouvait qu’augmenter la tension.
Thaksin nommera bien en mars 2005 une Commission nationale de Réconciliation dirigée par le vice-1er ministre Anan Panyarachun, mais le rapport final ne sortira qu’en juin 2006. Il proposait bien d’introduire quelques lois islamiques et de reconnaître la langue Yawi comme langue officielle auprès du thaï, mais il restera dans les tiroirs. Par contre, la population put voir arriver des renforts militaires et policiers transformant la région en un camp militaire et apprendre que Thaksin le 15 juillet 2005 promulguait un décret d’Etat d’urgence pour les trois provinces de Yala, Pattani et Narathiwat donnant de fait tout pouvoir à l’armée et à la police pour étouffer « l’insurrection ». De nombreuses associations de droits de l’homme s’élèveront contre ce décret non seulement pour dénoncer une grave atteinte aux libertés civiles, mais pour le pouvoir ainsi donné à l’armée et à la police pour agir en toute impunité. Une lettre déjà du 25 juin de Brad Adams, directeur exécutif Asie d’Human Rights Watch par exemple, adressée au 1er ministre, rappellera que sous son gouvernement, il était fait un usage abusif de la force s’exerçant avec violence et impunité, comme par exemple lors de « la guerre contre la drogue ». https://www.hrw.org/news/2005/06/25/letter-prime-minister-thaksin-shinawatra-re-emergency-decree-public-administration
L’Etat d’urgence proclamée montrait une fois de plus l’autoritarisme de Thaksin, usant et abusant des forces policières et armées pour régler les conflits.
La politique étrangère.
Après la disparition de la menace communiste à la fin des années 80, les différents gouvernements ont été plus préoccupés par les questions économiques sans négliger les questions de sécurité, si l’on en juge par les nouveaux accords de 2003 avec les Etats-Unis qui plaçaient la Thaïlande comme « partenaire majeur hors OTAN » et lui permettait « d’avoir ainsi un accès privilégié à l’aide américaine et des crédits bonifiés pour les achats d’armements ». Mais s’il ne pouvait se passer du principal débouché pour le commerce Thaïlandais, l’interventionnisme américain au niveau politique (Et économique à propos de la propriété intellectuelle), ne pouvait qu’encourager Thaksin, à multiplier les accords bilatéraux, et à se rapprocher de Pékin. (Cf. Arnaud Dubus
http://www.centreasia.eu/sites/default/files/publications_pdf/note_thailande_entre_influences_americaines_et_chinoises_avril_2013.pdf
De fait, la politique étrangère de Thaksin sera guidée par les intérêts économiques de la Thaïlande et il agira -nous l’avons déjà dit- comme le chef d’entreprise de la Thailand Company.
Thaksin va donc se concentrer sur les relations commerciales bilatérales, d’autant plus justifié, que les chefs d’Etat lors du sommet annuel de l’Asean à Bali avaient décidé de repousser à 2020 le marché commun de l’Asean. (Contre l’avis de Thaksin qui avait plaidé pour 2012.)
Ainsi, il initiera un rapprochement avec les Etats-Unis qui est le premier débouché commercial de la Thaïlande. (A absorbé en 2002 pas moins de 22,1 % de ses exportations (14,8 milliards de dollars) (La Thaïlande enverra en septembre 2003 un contingent de 450 militaires en Irak affectés à des opérations humanitaires jusqu’en septembre 2004); signera des accords de libre-échange avec la Chine en octobre 2003 portant sur les produits agricoles, avec l’Australie le 5 juillet 2004 (qui sera en application le 1er janvier 2005) qui supprimera à terme la quasi-totalité des droits douaniers entre les deux pays, sauf notamment pour les produits laitiers en poudre ; une coopération économique avec l’Inde en 2004 (Thaksin avait visité l’Inde en novembre 2001) portant surtout sur des réductions tarifaires sur 200 produits, avec le Bahreïn …
Sophie Boisseau du Rocher dans son article « La Thaïlande au sein de l’Asean : une diplomatie en perte de vitesse » (In « Thaïlande contemporaine ») confirmera la volonté de Thaksin d’utiliser l’Asean comme un espace économique à conquérir, privilégiant les relations interpersonnelles et en ne dérogeant pas au principe de non-ingérence. Il se positionnera contre les propositions de Surin Pitsuwan qui voulait faire évoluer les Institutions de l’Asean et remettre en cause le sacro-saint principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats. (Ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement précédent et « Chairman du Forum régional de l’Asean en 1999-2000. Il sera secrétaire général de l’Asean en 2008-2012)
Sophie Boisseau du Rocher évoquera les diatribes et coups de colère de Thaksin « lors du sommet de Vientiane (décembre 2004) où il n’a pas hésité à menacer la Malaisie et l’Indonésie de quitter le sommet si ces deux pays évoquaient le sort des musulmans au sud du royaume. » Thaksin n’a que faire des considérations politiques et des « droits de l’homme » et ne voit que les intérêts économiques qu’il peut obtenir pour son pays. Ainsi en est-il avec le rapport privilégié qu’il va entretenir avec les généraux de la junte birmane, afin d’obtenir des marchés surtout dans le secteur énergétique ; La banque thaïlandaise Export-Import accordera même un prêt de 4 milliards de baths au gouvernement birman. (La Birmanie sera le premier partenaire officiel de la Thaïlande et verra entre 2007 et 2008 le volume de ses échanges doubler pour atteindre 3,205 milliards de dollars, dont 2,823 milliards de dollars relèvent de l’exportation birmane vers la Thaïlande et 382 millions de dollars de l’importation birmane depuis la Thaïlande. Statistiques à prendre avec précaution nous dit Sophie Boisseau du Rocher.)
Mais il ne peut négliger l’Asean qui est son premier partenaire commercial et représente 22 % de ses exportations, même si, nous apprend Sophie Boisseau du Rocher, Thaksin sera plus actif au sein de l’Asean + 3 (Chine, Japon, Corée du Sud), comme le montre l’accord « de récolte précoce » signé avec la Chine en 2003, initiant avant ses partenaires, la réduction et l’abolition des droits douane pour 188 variétés de fruits et légumes.
Thaksin est de toutes façons très actif et multiplie les initiatives tout azimut. On pense en 2002, au projet de coopération économique d’avril 2003 Ayeyawady-Chao Phraya-Mékong ( ACMECS) avec la Birmanie et le Cambodge (Qui favorisera la Shin Corp, disent ses adversaires), ou bien encore au « Dialogue de coopération de coopération asiatique » (DCA) avec les autres pays d’Asie orientale visant à promouvoir un marché obligataire asiatique. On pourrait aussi signaler d’autres coopérations comme celle de novembre 2013 à Pagan, où Thaksin avec les autres 1er ministres Khin Nyunt (Birmanie), Hun Sen (Cambodge) et Boungnang Vorachit (Laos) ont adopté une Déclaration de Pagan dans laquelle ils s'engagent à augmenter les échanges commerciaux et les investissements, à développer l'agriculture, l'industrie, le tourisme et à favoriser l'emploi ; et à tenir une fois tous les deux ans un sommet de Stratégie de coopération économique. (ECS) Thaksin y signera quatre accords dans l'énergie, deux avec la Birmanie - sur l'exploration gazière -, un avec le Laos et un avec le Cambodge. Il s’engagera également à accorder annuellement une aide d'environ 10 millions de baht (environ 2,5 millions de dollars) au développement économique de ces trois pays.
On pouvait observer dans ses déclarations un homme sûr de lui, quelque peu présomptueux, prêt à régler les problèmes des autres : « Nous pourrions les aider en créant des emplois et en les encourageant à régler leur problèmes internes », « la drogue, les émigrés clandestins et la criminalité sont véritablement de gros problèmes ». Il est vrai qu’il savait régler ces fléaux ! Mais il savait ménager la susceptibilité de la junte birmane, et il avait clairement indiqué que la question de l'assignation à résidence de l'opposante Aung San Suu Kyi - dont l'ONU et les pays occidentaux réclamaient la libération - ne serait pas évoquée à Pagan. Mais on lui reprochera de faire souvent cavalier seul, au risque d’échouer comme ce fut le cas le 15 décembre 2003, lors du premier forum international pour la réconciliation nationale en Birmanie.
Bref, on pourrait multiplier les exemples de cet activisme, de son ambition de développer son pays, les pays voisins et … ses propres affaires. Thaksin ne doute pas, ne craint pas les obstacles, tant il est convaincu de parvenir à ses fins. Ainsi, il n’hésitera pas à soutenir la campagne de son ministre des affaires étrangères, le Dr Suriakat, pour devenir le secrétaire général des Nations-Unis, qui verra la victoire de Ban Ki-Moon le 3 octobre 2006. (Thaksin était à l’Assemblée générale de l’ONU à New York lors du coup d’Etat du 19 septembre 2016. Cf. Ci-dessous) Il est vrai que les élections du 6 février 2005 n’avaient pu que renforcer sa confiance en lui, son pouvoir et le sentiment d’être suivi par l’énorme majorité de la population.
Le deuxième gouvernement Thaksin (11 mars 2005 -