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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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Merci d’être venu consulter ce blog. Si vous avez besoin de renseignements ou des informations à nous communiquer vous pouvez nous joindre sur alainbenardenthailande@gmail.com

28 août 2022 7 28 /08 /août /2022 06:17

 

J’ai la semaine dernière parlé de la présence des eunuques dans le Siam ancien. Ils furent peut-être présents avant le règne du roi Naraï, sous l’influence probable des Perses et des Chinois, omni présents à Ayutthaya sous le règne de Naraï et à la cour de sa fille Yothathep et disparurent par la suite. Il ne fallait pas les confondre – disais-je – avec les travestis qui, eux, ne manquaient pas. Il faut encore savoir ce que parler veut dire, le terme « travesti » n’a aucune connotation sexuelle, c’est tout simplement l’acte d’une personne qui se déguise pour quelque raison que ce soit. Le terme de kathoei (กะเทย) qui leur est consacré est traduit par Monseigneur Pallegoix dans son premier dictionnaire thaï-français-latin-anglais de 1854 par le terme hermaphrodite qui me paraît parfaitement adapté à ce que sont ces « garçons-filles ». Le vocabulaire a d’autres mots pour ces déviances sexuelles. Le terme de bando (ou บันเฑาะก์) est plus parlant puisqu’il s’agit du tambour des brahmanes sur lequel on tambourine des deux côtés.

 

Constatons que les déviances masculines portent le nom de « lensawat » (เล่นสวาท) pour les hommes, « jouer à se faire plaisir » et « lenphuean » (เล่นเพื่อน) pour les femmes « jouer entre amies ». La seule utilisation du préfixe « len » (jouer) démontre que tous les termes n’ont aucun caractère négatif, un jeu n’est pas une déviance !

 

 

Mais nous sommes en pays bouddhiste theravada. Le bouddhisme ne s’intéresse pas à la sexualité en tant que telle mais bien seulement comme à un aspect du désir, il n'y a donc pas de discours bouddhiste particulier sur la sexualité : seul importerait le fait de ne faire souffrir ni soi-même ni autrui.

La réalité est beaucoup plus nuancée en ce qui concerne par contre le clergé. La casuistique des bouddhistes vaut bien celle des jésuites. Je ne vais pas vous faire un cours de droit canonique bouddhiste, je n’en ai ni l’envie ni les compétences mais j’ai découverte avec amusement une distinction entre ces diverses déviances et leur incidence sur la possibilité de porter la robe safran :

 

Asittabando (อาสิตตบัณเฑาะก์ข) est un homme qui lèche les organes génitaux d’un autre homme. Il n’a pas accès à la prêtrise à moins de renoncer à ses goûts.

 

Usuiyabando (อุสุยยบัณเฑาะก์) est un homme qui aime regarder les activités sexuelles entre hommes et hommes. Il n’a pas non plus accès à la prêtrise à moins de renoncer à ses goûts.

 

Opakkamiyabando (โอปักกมิยบัณเฑาะก์) est un eunuque 1ui ne peut pas recevoir la robe. Restons-en là même s’il y a d’autres distinctions subtiles.

 

De nombreuses décorations dans les temples illustrent ces comportements depuis les époques les plus anciennes mais il n’est pas facile de deviner s’il s’agit d’eunuques, d’homosexuels ou d’hermaphrodites, avouons-le. Les hommes et les femmes ne sont vétus qu'à parrtir de la ceinture d'habillements similaires et les siamoises n'ont pas la réputation n'ont pas des mamelles de vaches à lait

 

 

Nous avons trace de quelques événements historiques significatifs.

 

En l'an 1634, un ancien directeur du comptoir hollandais à Ayutthaya Joosts Schouten fut condamné à mort par le gouvernement néerlandais de Batavia. Il plaida coupable et affirma avoir été initié à ces comportement par des habitants d'Ayutthaya. Dénoncé par un hallebardier français qu’il poursuivit de ses assiduités, il avoua son crime, bien qu’il ait toujours eu, dit-il, « le rôle passif », adepte de la sodomie passive » comme aurait dit le Marquis de Sade ce qui laisse à penser qu’il avait volontiers à faire avec des hermaphrodites. Condamné à être brûlé vif, ses juges, compte tenu des grands services rendus à la Compagnie lui accordèrent la grâce insigne d’être étranglé avant d’être grillé. Trois de  ses complices furent condamnés à être enfermé dans des sacs et jetés dans les flots. La société calviniste néerlandaise n’était pas réputée pour son goût de la gaudriole et l’intolérance y était totale. La république de Calvin à Genève fut éclairée par des dizaines de bûchers (1).


 

 

Sous le premier règne de la dynastie présente, l’histoire a retenu le nom du prince Krom Luang Raksanaresorn (กรมหลวงรักษรณเรศร) qui eut des liens avec des acteurs du théâtre royal, probablement comme Joost Schouten, adepte de la sodomie passive ? Il fut déchu de son titre de Krom Luang, rebaptisé du titre inférieur de « mom kraison » (หม่อม ไกรสร), un titre réservé aux femmes de sang royal ce qui indique ses préférences. Il fut condamné à mouroir sous les coups du bâton de santal au Wat Pathumkhongkha (วัดปทุมคงคา) mercredi, le troisième mois lunaire, l'année du singe, le 13 décembre 1848 à 56 ans. Il fut le dernier membre de la dernière famille royale à avoir été exécuté de cette manière. Ce ne sont pas ses déviances sexuelles qui furent à l’origine de sa mort et il est loin de mériter le titre de martyr de la cause pédérastique ! Il semble qu’ait pesé sur lui une double accusation de corruption et de complot concocté avec l’aide de ses gitons pour conquérir le trône ?

 

 

Dans la Chronique de Rattanakosin, deuxième règne (พระราชพงศาวดารกรุงรัตนโกสินทร์ ร.2- référence est faite à un moine du Wat Mahathat qui eut un comportement déplacé avec un jeune novice dont il caressait les organes génitaux. Il fut défroqué et chassé du temple.
 

 

 

Passèrent les années. Faut-il voir dans le code pénal de l’année Rathanakosin 127 (1908) une répression pénale de l’homosexualité ? C’est aller un peu vite en besogne et plus encore. N’oublions pas que ce code fut l’œuvre de juristes français. Ce sont les articles 240 et suivants qui sont les bons essentiellement le 242. 

 

Je donne la version française de Georges Padoux qui en fut le rédacteur principal :

 

 

Encore faudrait-il savoir si ce texte effectivement répressif a entraîné des condamnations sur le terrain ? Ce me semble peu probable compte tenu de la montée sur le trône de son fils Rama VI en 1910. Aucun exemple n'en est jamais cité en tous cas.

 

Ce texte suscite deux réflexions :

 

Il réprime la bestialité ce qui est singulier même à cette époque.

 

Les peines sont en définitive légères, nous sommes loin de la peine de mort ! On peut penser sans trop de risque d’erreurs qu’avant la promulgation de ce code, et pour autant que les sodomites, les tribades et les travestis aient été sanctionnés, les tribunaux infligeaient la bastonnade sur le dos avec un rotin. Il en est d’ailleurs toujours ainsi en Malaisie voisine.

 

Voilà bien un domaine où les occidentaux n’ont pas de leçons à donner puisque par exemple l’homosexualité est restée jusqu’en 1967 un délit en Grande Bretagne.

 

Rama VI a été élevé en Angleterre, pays où, derrière l’hypocrisie victorienne, l’homosexualité semble avoir été élevée au rang d’une institution dans la haute société. Il a en la matière les idées plus larges que son père. Dans son journal « Dusit samit » (หนังสือพิมพ์ ดุสิตสมิต) on lui prête la paternité d’un article intitulé « Kathoei » (กะเทย) ou il écrit « Pourquoi les bisexuels en savent-ils autant sur les maris et les femmes ? » (หนังสือพิมพ์ ดุสิตสมิต), tout un programme ! Ceci dit, même s’il est indulgent à leur égard, il ne semble pas que le monarque n’ait jamais appartenu à la « confrérie » même si elle le revendique.

 

 

Quoiqu’il en soit, le code de 1908 est resté en application jusqu'au 13 novembre 1956 même s'il ne fut probablement jamais appliqué, devenu obsolète tout autant que les dispositions celles qui interdisent la prostitution.

 

En définitive, la morale bouddhiste n'a rien à voir avec la notre, imprégnée de judéo-chistianisme et, en dehors du clergé, l'existence des travestis n'a guère posé de difficultés dans la société.

 

 


 

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10 février 2022 4 10 /02 /février /2022 06:34

 

 

 

Ce  monument, impressionnant par sa taille, 21,50 mètres de hauteur sur un socle circulaire de 10,50 mètres auquel on accède par deux marches, Devenu monument historique en 1949, il a été entièrement refait en 2006. Il est magnifiquement sculpté et peint de couleur vermillon. La balançoire se compose de deux grands mats en teck légèrement inclinés vers intérieur et réunis au somme par une traverse sculptée.

 

Il est situé au cœur de la vieille ville de Bangkok, n'apparait guère dans les guides touristiques au titre de la foultitude de monuments « qu'il faut avoir vus ». Le guide vert de Michelin, le meilleure guide en français sur le pays se contente de nous dire qu'il était autrefois au cœur d'une cérémonie brahmanique et qu'il porte – ce qui est exact – le nom de « grande balançoire ». Le Guide Lonely Planet donne tout aussi brièvement les mêmes observations. Le Guide du Routard n'y voit aucun caractère religieux ce qui démontre – si besoin était - l'incommensurable inculture de se rédacteurs !

 

 

 

Une version plus plausible et surtout plus sérieuse – en fait l'une de ces portes sacrées que l'on trouve en Asie bouddhiste, notamment au Japon et qui signifie qu'elles marquent le passage vers le spirituel et l'entrée dans un lieu sacré (1). Il existe effectivement une ressemblance étonnante entre cette porte dite « balançoire » et ces portes sacré du Japon bouddhiste mais l'explication n'est pas là comme nous allons le voir.

 

 

 

 

 

 

 

Ce monument était au cœur d'une cérémonie singulière d’ailleurs bien antérieure à sa construction. Elle porte le nom de cérémonie royale de Triyamphawaitripawai (พระราชพิธีตรียัมพวาย ตรีปวาย), des mots tirés du sanskrit. Le monument porte le nom officiel de Sao chingcha (เสาชิงช้า) ce que l'on peut traduite par « les piliers de la balançoire » ou sous le nom populaire de Lo chingcha (โล้ชิงช้า) ce qui signifie à peu près « pousser la balançoire ». Les cérémonies actuelles se déroulent entre la place Isuan (สถานพระอิศวร) - Isuan est tout simplement le nom local de Shiva

 

 

– et la place phra maha wikhanesuan (สถานพระมหาวิฆเนศวร). Wikhanesuan est le nom thaï du dieu Ganesh à tête d'éléphant.

 

 

Cette céréonie longtemps spectaculaire n'avait guère été étudiée de façon sérieuse avant que ne le fasse H. G. QUARITCH WALES en 1931 (2) qui annonçait d'ailleurs le fin de son aspect le plus spectaculaire, la fameuse balançoire géante.

 

Elle fut en tous cas inconnue des visiteurs européens des XVII et XVIIIe siècles. Notre anglais a pu assister aux cérémonies et a puisé par ailleurs à des sources sûres, notamment l'ouvrage du Roi Chulalongkorn, « Les cérémonies des douze mois » (3)

 

 

et une source plus ancienne remontant à l'époque de Sukhothai, « L'histoire de la princesse Nabamasa » (4).

 

 

Le monument proprement a été construit en 1784 par le roi Rama Ier alors que la cérémonie proprement dite, purement brahmanique, existait déjà à l'époque de Sukhothai et Ayuthaya. Il voulait en faire le symbole de sa nouvelle capitale au centre de la ville en utilisant la balançoire au cœur d'une cérémonie pratiquée par les brahmanes depuis l'Antiquité

 

 

 

 

 La cérémonie se déroulait au cours du deuxième mois lunaire (เดือนยี่), le mois Yi mais initialememt au cours du premier, le mois Ay (เดือนอ้าย). Les raisons et la date de ce changement sont inconnues.

 

 

Ce n'était pas seulement une importante cérémonie d'État à Bangkok et dans les anciennes capitales, Ayuthaya et Sukhothai mais elle était autrefois pratiquée dans les autres grandes villes du royaume. À Nakhon Sri Thammarat (นครศรีธรรมรา) dans le su, la balançoire est toujours en place, mais il n'y a actuellement plus de cérémonie d'État.

 

 

La cérémonie n'a rien de bouddhiste, elle est brahmanique. Une fois par an en effet, le Dieu Shiva (ou Isuan – พระอิศวร) descend sur terre visiter le monde et il y reste 10 jours le septième jour de la lune croissante et le quitte le premier jour de la lune décroissante. Le Dieu doit attendre que les gardiens des clefs du ciel lui en ouvrent la porte. Or, traditionnellement, Shiva est un Dieu jovial qui aime s'amuser. Ainsi le le balancement et les acrobaties qui accompagnent la cérémonie religieuse sont conçus pour son divertissement. Au contraire, Vishnou (พระวิษณุ), qui arrive sur le jour Shiva part et ne reste que cinq jours, est d'une disposition plus placide. tranquille et retirée. En conséquence, il n'est honoré que par les rites accomplis chaque nuit par les brahmanes dans le temple qui lui est dédié.

 

 

Shiva est reçu avec éclat, attendus par d’autres créatures célestes, le Soleil, la Lune, la Terre et le Gange représentés par les panneaux sculptés que les brahmanes fixent devant les pavillons d'où Shiva jouira du balancement. Pour cette cérémonie, le roi nomme un noble pour représenter Shiva, et pendant que dure la fête, il bénéficie de droits presque illimités sur certains revenus de l'État. Il était, en fait, un roi temporaire ou un Dieu temporaire !

 

Selon la version du roi Chulalongkorn, la cérémonie se serait développée sous le règne du roi Naraï (พระนารายณ์) qui aurait été plus brahmanisme que bouddhiste. 

 

 

Le septième jour de la lune décroissante, le matin, la procession de Shiva part du temple bouddhiste de Vat Rajapurana (วัดราชบูรณะ) en longeant les remparts de la ville, jusqu'à la balançoire. Le Dieu venait d'arriver au monde.

 

 

Selon QUARITCH WALES, le sens d'un rituel compliqué échappait déjà aux siamois modernes qui n'y voyaient qu'une occasion d'assister au spectacle du balancement. À l'occasion de la fête en effet, une immense planche était suspendue sur la traverse au moyen de cordes. Avant l'arrivée du cortège, les brahmanes effectuaient le balancement proprement dit, nous lui devons l'une des très rares photographies où apparaissent quatre joueurs (?) ce balancement aurait pour but de conjurer le sort ? Sur un bambou accroché sur l'un des mats était suspendu des sacs contenant des pièces d'or qu'il s’agissait de décrocher au passage, tout cela pour amuser Shiva. Les accidents mortels étaient fréquents ce qui conduira à l'interdiction de partie de cette cérémonie en 1935 !

 

 

La coutume ancienne voulait que le roi reste dans son palais pendant la cérémonie mais c'est le roi Rama IV qui y rajouté des modifications purement bouddhiste et assista aux cérémonies. Il ajouta des prières purement bouddhistes en préalable aux rites purement brahmanistes. N’oublions pas que pour certains, Bouddha aurait été l'un des multiples avatars de Vishnou ?

 

 

QUARITCH WALES, voyait dans cet ensemble de cérémonies des rites d'origine solaire en référence à des cérémonies purement indiennes et védiques de balancement qui seraient également d'origine solaire ? Son explication est plausible, puisqu'en effet la cérémonie a lieu approximativement à l'époque du solstice d'hiver, la période où le soleil, ayant terminé sa course vers le l'hémisphère sud, tourne à nouveau vers le nord. Par ailleurs le balancement est effectué d'est en ouest, la direction de la course du soleil .Les danses enfin qui accompagnent le balancement symboliseraient la révolution du soleil à l'occasion de son retour dans l'hémisphère nord.

 

QUARITCH WALES décrit sur plusieurs dizaines de pages la partie ludique de la cérémonie, destinée à amuser le Dieu  mais aussi la partie purement religieuse et brahmanique.

 

Je n'en ai trouvé que deux vieux films, l'un daté de 1904

https://www.youtube.com/watch??v=HTDYbAfIyGs&ab_channel=ไร้ตัวตน๒๕๐๐

et l'autre du règne de Rama VII sans autre précisionet l'autre du règne de Rama VII sans autre précision

 

 

 

 

Une autre explication nous est donnée sur une page Wikipédia en thaï : https://th.wikipedia.org/wiki/พระราชพิธีตรียัมพวาย_ตรีปวาย

Selon la tradition indienne, après que le Dieu Brahma (พระพรหม), maître de l'univers ait créé le monde terrestre, il envoya Shiva pour contrôler son œuvres.

 

 

Des nagas s'enroulèrent autour des montagnes pour maintenir la terre en place. Lorsque Shiva eut estimé que la construction était inébranlable, il renvoya les Nagas dans leur monde souterrain. La cérémonie en aurait été une reconstitution, les piliers représentant les montagnes et la base circulaire, la terre et les mers ? Nous avons déjà rencontré Shiva et Vishnou, Voilà la troisième divinité de la sainte trinité hindouiste (trimurati - ตรีมูรติ), les trois Dieux créateur . protecteur et destructeur.

 

 

Je me garderai bien à titre tout à fait personnel de me lancer sur le terrain dangereux et semé d’embûches d'une interprétation différente de celles-ci.

 

QUARITCH WALES remarque sans aller plus avant que la cérémonie se déroule aux environs du solstice d'hiver. C'est aléatoire s'il s'agit de la cérémonie du deuxième mois lunaire, l'écart avec le solstice est à mon avis trop important (5). J'ai ainsi relevé pour le deuxième mois les écarts suivants : du 20 décembre au 18 janvier - du 27 décembre au 25 janvier – du 31 décembre au 29 janvier – du 8 janvier au 6 février - du 10 janvier au 8 février.

 

Par contre pour le premier mois lunaire au cours duquel se déroulait initialement la cérémonie, j'ai relevé les dates suivantes : du 21 novembre au 19 décembre - du 28 novembre au 26 décembre - du 2 décembre au 30 décembre - du 10 décembre au - 7 janvier - du 12 décembre au 9 janvier – du 31 décembre au 29 janvier.

 

Or, le solstice d'hiver survient selon les années le 20, 21, 22 ou 23 décembre donc au cours du premier mois lunaire. C'est le moment où le soleil, vu de la Terre, atteint sa position la plus septentrionale. Il a survécu à ses jours les plus noirs, les plus courts et il va continuer à nous éclairer, chaque jour un peu plus. Cet événement, car c’en est un, se déroule autour du 21 décembre et il est fêté depuis la nuit des temps dans toutes les civilisations. De nos jours, on appelle cette fête Noël.

 

Chez les Celtes, les Vikings, chez les Perses et les Hindous, le solstice d’hiver (comme celui d’été qui marque le jour le plus long de l’année) est fêté comme il se doit : durant des semaines ! Mais c’est à Rome que nous allons nous arrêter. Là-bas, durant l’Antiquité, la fête se nomme Les Saturnales et célèbrent le dieu Saturne.

 

 

Jésus est-il né un 25 décembre ? Personne n’en saura jamais rien. Ce qui est certain, c’est que la fête chrétienne s’installe sur les cendres des célébrations liées au solstice d’hiver.

 

Il y a trois divinité suprêmes chez les hindouistes et un Dieu mais en trois personnes chez les chrétiens, faut-il n'y voir qu'un hasard ?

 

 

L'un des Dieux indouhiste descend sur terre à l'époque du solstice d'hiver et l'une des divinitésd chrétienne naquit sur terre à la même époque, faut-il n'y voir qu'un hasard ? Ou ces hasards proviennent-ils d'une tradition primordiale ?

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.

 

NOTES

 

 

  • 1 - Voir l'article de Katalin Puskas Khetani «  The Sacred Asian Gate Tradition in Europe (Symbolic Crossings from the Mundane to the Sacred) » in Academia Letters, juin 2021, Article 1335 numérisé : https://doi.org/10.20935/AL1335.

  • 2 - SIAMESESTATE CEREMONIES THEIR HISTORY AND FUNCTION par Horace Geoffrey Quaritch Wales, publié à Londres en 1831.

Quaritch Wales a fait ses études à Cambridge. Il fut conseiller de Rama VI et Rama VII 1924 à 1928. Son ouvrage est une toujours une référence fondamentale y compris pour les Thaïs.

  • 3 - พระราชร้อย จุฬาลงกรณ์ : พิธีกรรมของ สิบสองเดือน écrit en 1838.

L'ouvrage est numérisé sur le site de la Bibliothèque Vajirayana :

https://vajirayana.org/พระราชพิธีสิบสองเดือน/พระราชพิธีเดือนอ้าย

  • 4 - เรื่องของนางนพมาศ : Le texte original a été reconstitué en 1914.

    L'ouvrage est également numérisé :

    https://board.postjung.com/998755

  •  

 

 

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21 octobre 2021 4 21 /10 /octobre /2021 09:33

 

Il n'y a pas de « Génèse » bouddhiste. La traduction thaïe des textes chrétiens traduit le mot par Phatomkan (ปฐมกาล), le début des temps. Pathom utilisé ut singuli, c'est l'origine, les débuts.

 

 

 

Pour les bouddhistes « orthodoxes », le fait de croire en la création du monde par un être suprême conduit à un manque d'effort dans la pratique et à l'inaction. Plusieurs textes affirment que le monde est sans dieu créateur. En l'absence de transcendance divine s’exprimant à travers un dieu monothéiste, le bouddhisme est mieux placé pour ne pas imposer aux autres une vérité absolue et, partant, moins enclin à utiliser lau nom de « Dieu » comme « Vérité unique ». Par ailleurs historiquement, les églises bouddhistes ne détiennent pas de pouvoir temporel et un  Vatican bouddhiste n’a jamais existé pas plus qu'une « sainte inquisition bouddhiste ». 

 

 

Le bouddhisme, ne posant pas de dieu suprême par-delà le monde, n’a pas non plus senti le besoin de se doter d’un ou de récits mettant en rapport le dieu suprême et l’univers qu’il aurait créé. On pourrait donc dire qu’il n’y a pas à proprement parler de mythe de création dans le bouddhisme. Les bouddhistes ont pourtant développé à une époque ancienne un discours portant sur la formation et la transformation des univers.

 

 

Ayant hérité de croyances et de concepts uniques des cultures de la vallée du Mékong et du Lan Chang, la région de l'Isan au nord-est de la Thaïlande reste encore distincte des autres régions de la Thaïlande. Bien que les Isan partagent un héritage religieux bouddhiste avec d'autres parties du pays, un certain nombre de leurs croyances et coutumes traditionnelles pré-bouddhiques les rendent uniques par rapport au reste de la Thaïlande. Les Isan adhèrent à une religion populaire qui comprend des éléments religieux rudimentaires comme des croyances animistes primitives, le culte des ancêtres, des croyances, aux pouvoirs surnaturels, à la magie, aux amulettes, au temps propice, et enfin un mélange de brahmanisme et de bouddhisme. Incluse dans l'empire khmer pendant des siècles, dans celui Mon-Dvaravati, dans celui du Lan Chang, la région a absorbé des croyances antérieures à l'arrivée du bouddhisme. Le mérite, pour autant que cen soit un, est que par rapport aux religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme, Islam), le boudhisme ne répudie pas l'inclusion de ces croyances non-bouddhistes sans les considérer comme hérétiques, mais le bouddhisme n'est pas une religion et encore moins une religion monthéiste !

 

 

Naturellement, les habitants de l'Isan affirment sans hésiter qu'ils sont bouddhistes (phuttasatsanikason-พุทธศาสนิกชน)

 

 

...ou qu'ils respectent le bouddhisme (napthu phutthasatsana-นับถือพุทธศาสนา).

 

 

Ils ne sont pas gênés et ne voient aucun conflit entre prétendre être bouddhiste et suivre d'autres croyances et pratiques qui n'ont aucun lien avec les Trois pierre précieuses, Bouddha, le Dhamma et le Sangha. Leurs croyances spécifiques ne posent aucun défi au bouddhisme qui appartient presque entièrement à des considérations d'un autre monde.

 

 

Nous voyons dans leurs traditions (charit prapayni – จารีตประเพณี) ....

 

 

...apparaître en particulier les esprits (phi-ผี)...

 

 

...et les créatures célestes, mâles ou femelles (thevada-). Ne revenons ps sur ses sujets que nous avons abordés d'abondance.

 

 

La création du monde fut l'oeuvre de Phi-Tan (ผีแถน)...

 

 

... appelé aussi phaya tan (พญาแถน)ou tan fa luang (แถนฟ้าหลวง) que certains assmilent à Indra, le dieu créateur des hindouistes.

 

 

Cette histoire ou cette légende s'est transmise pendant des siècle par tradition orale avant de l'être sur les manuscrits en feuille de latanier en écriture Thainoi (ไทน้อย)...

 

 

...et serait toujours vivaces dans la région du Mékong sur ses deux rives. L'univers était alors composé de trois mondes : le ciel, la terre et l'enfer. La terre, composée d'eau, de terre et de ciel, a été créée par la Parole. Vinrent ensuite les formes de vie humaine et animale. Les premiers humains n'auraient ni religion ni croyance religieuse ni conscience de l'enfer. Est-ce dire qu'ils ne connaissaien alors encore pas le mal ? Ce chaos initial antérieur à l'apparition de la vie sur terre rappelle en tous cas de façon singulière celui que nous narre la Génèse ?

 

 

Cette lente évoltuon fut le fruit des mots, de la Parole, du Dharma (พระธรรม) c'est à dire du souffle divin. La Parole serait donc la vraie force à l'origine de toutes les formes de vie et de la nature elle-même ? Le souffle divin a fait naître l'eau et la terre, puis d'autres formes, les humains, les plantes et les animaux.

 

 

Ainsi virent sur terre le premier homme et la première femme, Pu Sangkasa (ปู่สังกะสา) et Ya Sangkasee (ย่าสังกะสี). Les similitdes avec le récit biblique sont troublantes puisque l'homme a été créé par l'action du verbe qui fit souffler le vent sur l'eau et la terre afin qu'ils naissent du chaos.

 

 

Il est impossible de ne pas faire le lien avec l'Evangile de Saint Jean «  Au commencement était le verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui »,

 

 

Il en est de même avec les Védas hindous. Elles rendent hommage au souffle autant que la génèse qui du chaos intial a fait naître le monde et l'homme. Les Védas et la Bible, séparés par plus de mille ans d’âge et plusieurs milliers de kilomètres, – l’antériorité et l’orientalité revenant aux Védas – partagent le même souffle,

 

 

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14 octobre 2021 4 14 /10 /octobre /2021 12:26

 

Le mot pagode est victime d'une utilisation confuse.

 

Cette confusion a suscité le très érudit et aussi très amusant agacement de Didier Treutenaere, diplômé en philosophie de l'Université Paris-Sorbonne. Spécialiste des textes bouddhistes en langue pâli, il vit en Thaïlande où il poursuit ses travaux d'écriture et de traduction d'ouvrages consacrés à la tradition Theravada (1)

 

 

Nous lui devions déjà une très fine analyse du mot « Bonze » qui ne doit s'appliquer ni aux religieux des temples bouddhistes thaïs et encore moins au féminin aux religieuse sous le terme affreux de « bonzesses » (2)

 

 

«Je vis de bonne soupe et non de beau langage  – Vaugelas n’apprend pas à bien faire un potage » s’écrit Chrysale dans « Les femmes savantes ».  C’est une évidence mais pour penser correctement, il faut utiliser les bons mots. Notre langue est assez riche pour nous permettre d’éliminer, lorsque nous parlerons des édifices religieux du bouddhisme Theravada, le terme de « bonze  et pour éradiquer celui de « pagode ».

 

 

Les publications courantes, notamment les guides touristiques ou les brochures de voyagistes, mais également les articles de journaux sous la plume, pourtant, de spécialistes de l'Asie, utilisent le terme « pagode » pour étiqueter des choses très diverses : le mot est ainsi utilisé pour désigner des monastères, des temples, des fractions de temples (tours, pavillons), des monuments reliquaires, des monuments commémoratifs, parfois hindous ou jaïns, parfois bouddhistes de toutes les traditions.

 

 

Les dictionnaires ne nous éclairent guère :

 

Le Dictionnaire de Furetières en 1690 n'est pas d'une grande précision mais il nous donne l'origine du mot ; C'est un nom que les Portugais ont donné à tous les temples des Indiens et idolâtres d'Orient. C'est également le nom de l'idole qui est adorée dans le temple. Il parle tout autant de la richesse de celles des Chinois que de celles des Siamois et ajoute que c'est également le nom d'une monnaie des Indes françaises

 

 

En 1730, l'Encyclopédie de d'Alembert nous précise que c'est le nom général qu'on donne aux temples des indiens et des idolâtres. Elle en parle au masculin, nous précise que les plus beaux sont ceux de Chine et du Siam. C'est également aussi le nom de l'idole qui est à l'intérieur du temple.

 

 

Pour le Grand Larousse du XIXe en 1874 l'étymologie en est persane, but (idole) et khoda (maison) donc elle est la maison de l'idole. Il précise ce sont des temples d'idoles chez les Chinois, les Indiens et les Siamois. Il ajoute sans plus parler du Siam par extension, c'est l’idole adorée dans le temple chinois ou indien. Il précise que c'est également le nom d'une monnaie à Pondichéry et à Madras.

 

 

Pour Littré la même année c'est une sorte de pavillon consacré au culte des idoles en Asie et par extension l'idole adorée dans les pagodes. Il donne la même étymologie persane.

 

 

Après des divergences sur le genre, masculin ou féminin, le genre féminin a prévalu.

 

La version contemporaine du Dictionnaire du bouddhisme de l'Encyclopédia Universalis (1999) ne parle que de monuments bouddhiques de Chine et de là répandus en Corée et au Japon.

 

 

Pour Wikipedia, la définition est nébuleuse, elle l'applique à des réalités architecturales totalement différentes : il désigne un lieu où se trouve une relique et un lieu de culte pour les adeptes du bouddhisme, prenant l'aspect d'une tour de plusieurs étages, circulaire, octogonale ou carrée, caractérisée par un toit évasé ou en épi. C'est la forme qu'a prise le stûpa d'Inde, ou zedi, dans le monde chinois, en Asie de l'Est.

 

 

Didier Treutenaere nous apprend que les voyageurs Européens en Asie, français, flamands et italiens au Moyen-âge parlent d'idoles, d'idolâtres et de temples mais pas de pagodes. Le mot serait apparu beaucoup plus tard lors des expéditions successives des Portugais au XVe et au XVIe siècle. Il est incontestablement lié aux Grandes découvertes marquées en particulier par les contacts établis par les Portugais avec l'Inde du sud ; Faut-il voir dans le mot une étymologie indienne ?

 

 

Le mot prit rapidement plusieurs sens :

 

Un temple

 

Le mot va suivre les déplacements des navigateurs vers l'est, initialement les temples de l'Inde du Sud, puis ceux du golfe du Bengale, temples de la religion hindouiste et ensuite aux temples de Ceylan dont la majorité sont bouddhistes puis au fur et à mesure de l'avancement des explorations vers l'est, aux temples de l'Extrême-Orient : Japon, Corée, Formose, Chine, tantôt de tradition bouddhiste tantôt de cultes locaux Ensuite, les explorations de l'Asie du sud-est vont voir le terme utilisé pour les temples du Cambodge, du Siam, de la Birmanie, du Tonkin, de l'Annam et de la Cochinchine.

 

 

Ce terme recouvre donc les temples de religions de traditions toutes différentes mais cette simplification repose sur une évidence, la vision religieuse de nos voyageurs est tout simplement binaire, d'un côté le christianisme c'est à dire la vraie religion, de l'autre les païens et autres idolâtres, éventuellement la vision est ternaire en fonction de la place des mahométans. La pagode est donc un bâtiment religieux qui n'est ni chrétien

 

 

.....ni musulman.

 

 

Une « idole »

 

Le mot désigne aussi les idoles c'est à dire les images païennes contenues dans les temples Initialement, c'était les divinités hindouistes puis des représentations de Bouddha souvent considéré comme l'un des multiples dieux hindous.

 

 

Les statuettes et les monnaies

 

Voilà une autre utilisation moins religieuse : Les explorations et la présence de occidentaux en Chine et plus généralement en Asie va faire naître un engouement pour les « curiosités » en provenant, « chinoiseries» essentiellement d'ailleurs des représentations féminines de déesses, des statuettes chinoises qui deviennent les « pagodes ».

 

 

« Pagodes » est également le nom donné par les Européens aux pièces de monnaie d'or utilisées dans de multiples royaumes de l'Inde du sud ; l'usage comme le symbolisme de ces pièces fut conservé par les trois grandes compagnies des « Indes orientales », anglaise (1600-1874), française (1664-1793) et hollandaise (1602-1799) au motif probable que sur ces pièces de monnaies figurait l'image d'une pagode-idole.

 

 

Origine persane du mot ?

 

Didier Treutenaere, s'attarde sur cette hypothèse souvent admise ainsi que nous l'avons vu, par Larousse, Littré et bien d'autres avant eux. Je ne m'y attarderai pas Comment le mot pourrait-il venir de Perse où dominait massivement l'Islam depuis le VIIe siècle et où les seuls édifices religieux étaient des mosquées ne contenant aucune représentation humaine et surtout pas d'idoles  après que les lieux des cultes locaux, zoroastrisme notamment, aient été transformés en mosquées?

 

بتکده

 

D'autres origines ?

 

Didier Treutenaere envisage d'autres origines du mot, sources pâli ou sinhala, sources sanskrite ou dravidienne, sources chinoises, langue dans laquelle on trouve ces bâtiments décrits comme Poh-Ku-Ta, Pa-Ko-Ta ou Pa-Zhou-Ta.

 

寶塔

 

Je ne m'attarde pas sur cette question de l'étymologie vous renvoyant à l'article de Didier Treutenaere qui manie avec brio des langues anciennes que je ne connais pas.

 

Le flou qui pèse lourdement sur la définition du mot provient selon lui, ce qui est plausible de l'absence totale d'intérêt et de curiosité manifestés par les premiers voyageurs qui se souciaient de créer des comptoirs ou de trafiquer les épices. Pour les missionnaires, c'était encore plus simple : Extra Ecclesiam nulla salusHors de l'Église il n'y a pas de salut ») selon Cyprien de Carthage. Il y a d'un côté les chrétiens et de l'autre les païens qu’ils soient bouddhistes de quelque école que ce soit, hindouistes, mahométans ou animistes.

 

 

Ces quelques observations préliminaires nous conduisent à penser que le mot n'a rien à faire dans le vocabulaire du bouddhisme thaï. Il a ses propres mots qui suffisent.

 

Nous avons consacré plusieurs articles à l'architecture religieuse du bouddhisme Theravada (3)

 

Un temple (Vat - วัด) est un ensemble complexe clos par un mur à l’intérieur et le long duquel sont alignés les cénotaphes contenant l’urne ayant recueilli les cendres des défunts. Chaque partie d'un temple a une fonction et un nom.

 

 

Il suffit d'être précis lorsque nous parlons de tout ou partie d'un temple. Il est regrettable que le terme de pagode soit souvent utilisé pour désigner l'ensemble des terrains incluant les bâtiments du temple ou encore le vihan ou vihara (วิหาร), le bâtiment accessible aux fidèles et aux fonctions multiples ou enfin les reliquaires proprement dits, stupas (สถูป) qui semble être devenu en thaï that (ธาตุ) toujours précédé du préfixe phra (พระ – พระธาตู) qui signifie la sainteté et le cetiya (เชติยา) devenu chédi (เจดีย์). Il est au milieu de beaucoup d'autres un exemple de cette utilisation systématiquement abusive du terme avec le très célèbre col des trois pagodes par où les hordes birmanes envahirent le Siam et qui est en thaï le col des trois chédis (ด่านเจดีย์สามองค์).

 

 

Notons toutefois que les panneaux de signalisation thaï-anglais me semblent utiliser systématique le terme phrathat et jamais le mot anglais pagoda ?

 

 

Ces tour-reliquaires ont donc une fonction fondamentalement différente des pagodes chinoises à l'architecture caractéristique, probablement utilisées non pas comme reliquaires comme tour de guet ou phare de repère pour les voyageurs ?

 

Ceci dit, la langue thaïe est précise et fait des distinctions subtiles entre les stupa (ou phra that) et les chédis quoiqu'ils sont tous censés recouvrir des reliques (4)

 

Rendons donc à la Chine ce qui appartient à la Chine et laissons donc, pour conclure, le terme spécifique de pagode aux tour octogonales chinoises dont le modèle s'est répandu vers la Corée, le Japon et le Vietnam, et dont la fonction n'a rien à voir avec nos tours-reliquaires, que nous les appelions Phrathat ou Chédi.

 

N'en excluons toutefois pas l'utilisation ponctuelle puisque les temples bouddhistes chinois sont nombreux en Thaïlande et par exemple le Tamnak Chao Mae Kuan-Im (ตำหนักเจ้าแม่กวนอิม) de Bangkok abrite dans son enceinte une pagode de 50 mètres de haut mais elles ont leur nom en thaï, ce sont des Tha (ถะ)

 

 

NOTES

 

 

(1) «Pour en finir avec le mot « pagode » - Étymologies, définitions et utilisation raisonnée du mot « pagode » in Theravada Publications

www.theravadapublications.com

 

(2) Voir notre article A 370 En finir avec le mont « bonze » en Thaïlande :

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2020/05/a-370-en-finir.avec-le-mot-bonze-en-thailande.html

 

(3) Voir nos articles

A 213- LES ORIGINES MYSTÉRIEUSES DES BORNES SACRÉES (BAÏ SÉMA) DES TEMPLES DE L’ISAN EN THAILANDE

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2016/05/a-213-les-origines-mysterieuses-des-bornes-sacrees-bai-sema-des-temples-de-l-isan-en-thailande.html

 

A 214.1 - L’ARCHITECTURE RELIGIEUSE SIAMOISE ET SON HISTOIRE. I - LES « SAINTS CHÉDIS »

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2016/05/a-214-1-l-architecture-religieuse-siamoise-et-son-histoire-i-les-saints-chedis.html

 

A 214.2 - L’ARCHITECTURE RELIGIEUSE SIAMOISE ET SON HISTOIRE. II - LES CHAPELLES D’ORDINATION.

 

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2016/05/a-214-2-l-architecture-religieuse-siamoise-et-son-histoire-ii-les-chapelles-d-ordination.html

 

A 214.3 - L’ARCHITECTURE RELIGIEUSE SIAMOISE ET SON HISTOIRE. III - LES AUTRES BÂTIMENTS.

 

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2016/05/a-214-3-l-architecture-religieuse-siamoise-et-son-histoire-iii-les-autres-batiments.html

 

(4) Une thèse publiée en 1990, (สถาปัตยกรรมพุทธศาสนา -- ไทย - ภาคตะวันออกเฉียงเหนือ - l'architecture bouddhiste en Thaïlande dans la région du Nord-Est)) sous la signature de เชดเกียพ กุลบุตร (Cherdkiat Kumabut) inventorie dans la seule région du Nord-est, six catégories de stupas à l'architecture différente ; les chédis n'en sont qu'une catégorie mais tous sont des reliquaires.

 

 

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21 septembre 2021 2 21 /09 /septembre /2021 13:09

 

Les principales caractéristiques de l’éléphant sont sa force et sa constance. Il devient un symbole de force physique et mentale, ainsi que de responsabilité et de terreur. Il est actuellement le plus grand des animaux terrestres.

 

 

La mythologie indienne connait des éléphants volants et Airavata (Erawan pour les Thaïs)

 

 

l'éléphant blanc devenu le véhicule d’Indra et qui est né dans le barattage de l’océan lacté.

 

 

De là est né le culte dont bénéficient les éléphants blancs (en réalité albinos) qui ont en particulier le pouvoir de produire la pluie puisqu'ils sont identifiés comme étant des nuages contenant de la pluie. De là vient la croyance en l’éléphant volant. Dans la société indienne, les éléphants étaient considérés comme porteurs de chance et de prospérité. Ils appartenaient aux rois et étaient en particulier utilisés dans les guerres.

 

 

Dans le bouddhisme, l’éléphant est un symbole de force mentale. L'esprit incontrôlé est symbolisé par un éléphant gris qui peut se déchaîner à tout moment et tout détruire sur son passage. Après avoir pratiqué le dharma et apprivoisé son esprit, l’esprit qui est maintenant maîtrisé est symbolisé par un éléphant blanc fort et puissant, qui peut être dirigé où on veut et détruire tous les obstacles sur son chemin.

 

Dans l’iconographie bouddhiste, nous trouvons souvent la divinité à visage d’éléphant, Ganesh, émanation du bodhisattva Avalokitesvara.

 

 

Il est présent dans de nombreux templs thaïs, dieu de la sagesse, de l’intelligence, de l’éducation et de la prudence, le patron des écoles et des travailleurs du savoir. Il est descendu de la terre pure de Tushita (les royaumes de Katmandu)

 

La mythologie indienne connait des éléphants volants et Airavata (Erawan pour les Thaïs)

 

 

La mythologie indienne connait des éléphants volants et Airavata (Erawan pour les Thaïs) l'éléphant blanc devenu le véhicule d’Indra et qui est né dans le barattage de l’océan lacté. De là est né le culte dont bénéficient les éléphants blancs (en réalité albinos) qui ont en particulier le pouvoir de produire la pluie puisqu'ils sont identifiés comme étant des nuages contenant de la pluie. De là vient la croyance en l’éléphant volant. Dans la société indienne, les éléphants étaient considérés comme porteurs de chance et de prospérité. Ils appartenaient aux rois et étaient en particulier utilisés dans les guerres.

 

 

Dans l’iconographie bouddhiste, nous trouvons souvent la divinité à visage d’éléphant, en dehors de Ganesh. Il est présent dans de nombreux templs thaïs, dieu de la sagesse, de l’intelligence, de l’éducation et de la prudence, le patron des écoles et des travailleurs du savoir. Il est descendu de la terre pure de Tushita (les royaumes de Katmandu), sorti du ventre de sa mère sous la forme d’un éléphant blanc.

 

L’éléphant est le véhicule du Tathagata Aksobhya

 

 

et de la divinité Balabadra.

 

 

Il apparait aussi comme gardien des temples et de Bouddha lui-même.

 

 

 

Il fut longtemps, avant qu'il ne devienne tricolore, au centre du drapeau siamois.


 

 

Bouddha Shakyamuni se devait de naître comme éléphant dans certaines de ses incarnations précédentes.

SILAVANAGA JATAKA : La punition de la cupidité et de l'ingratitude

 

Ce jataka porte le numéro 72

 

Nous l'avons rencontré dans un article précédent (A 438 – DEUX PIEUX BOUDDHISTES S'IMMOLENT PAR LE FEU À BANGKOK EN 1790 ET 1816). Rappelons-le brièvement, il est un symbole du don de soi et du mépris qui s'attache à l'ingratitude et à la cupidité.

 

Le Bodhisattva était autrefois un éléphant. Il était tout blanc et magnifique. Il régnait sur un troupeau de quatre-vingt mille éléphants. Il découvrit un jour que certains d'entre eux étaient des malfaisants, il partit vivre seul. Un jour, un bucheron s'était perdu et le Bodhisattva l'entendit pleurer de désespoir et de peur de la mort. Il l'invita chez lui et le nourrit pendant plusieurs jours. Puis il l'emmena après l'avoir juché sur son dos jusqu'au chemin conduisant à la ville. À son retour, l'homme demanda aux artisans qui travaillaient l'ivoire s'ils lui achèteraient des défenses d'éléphant, ils répondirent évidemment par l'affirmative. Il prit alors une scie et retourna au repaire du Bodhisattva où il se plaignit de devoir vivre dans la pauvreté, et demanda donc au Bodhisattva l'autorisation de scier une partie de l'une de ses défenses pour la vendre. Bodhisattva accepta. Plus tard, l'homme revint affirmant que l'argent provenant de la vente de l'ivoire avait seulement permis de payer des dettes anciennes. Il supplia le Bodhisattva de lui donner le reste de ses défenses. Encore une fois, le Bodhisattva accepta. Saisi par l'avidité et la cupidité, l'homme revint une troisième fois et feint encore la pauvreté en disant qu'il avait besoin de s'emparer des racines des défenses. Le Bodhisattva le laissa faire. Mais alors qu'il rentrait chez lui, la terre s'ouvrit et les flammes de l'enfer l' entraînèrent dans les entrailles du monde. Un esprit des arbres qui le vit fit savoir à tous les esprits de la forêt qu'il n'y a rien au monde qui puisse satisfaire les êtres ingrats et cupides et qu'ils doivent être punis.

 

 

 

DUMMEDHA-JATAKA : L'irresistible ascension de l'empeureur Ashoka

 

Ce jataka porte le numéro 122.

 

Le Bodhisatta était né éléphant. Il était blanc et de toute beauté. En raison de cette beauté, le roi en fit sa monture royale. Un jour de fête, le roi orna la ville comme pour une cité de créatures célestes et, monté sur l'éléphant orné de tous ses atours, il fit une procession solennelle autour de la ville en compagnie d'un immense cortège. Tout au long de la route, les gens étaient émerveillés à la vue de cet éléphant sans pareil et s'exclamaient : « Oh quelle allure majestueuse ! quelles proportions ! quelle beauté ! quelle grâce ! » Tous ces éloges éveillèrent la jalousie du roi qui résolut de le tuer en le faisant jeter dans un précipice. Il convoqua alors le cornac et lui demanda si l'animal était suffisament dressé. « Il est bien dressé, Sire », dit le cornac. « Non, il n'est pas assez entraîné » dit le roi. Le cornac retorqua « Sire, il est bien entraîné ». Le roi dit alors « S'il est si bien entraîné, pouvez-vous le faire grimper au sommet du mont Vepulla ? ». « Oui, Sire » répondit le cornac. Le roi descendit alors du dos de l'éléphant et fit monter le cornac à sa place. Ils se rendirent au sommet de la montagne suivis par les courtisans. Le roi fit arrêter l'éléphant au bord d'un précipice. « Maintenant » dit le roi au cornac « s'il est aussi bien dressé que vous le dites, faites-le se tenir sur trois pattes ». Le cornac sur le dos de l'éléphant toucha juste l'animal avec son aiguillon en guise de signe et lui dit : « Salut ! Ma beauté, tiens-toi sur trois pattes ». « Maintenant, faites-le se tenir sur ses deux pattes de devant », dit le roi. Le Grand Être leva ses pattes postérieures et se tint seul sur ses pattes antérieures. « Maintenant sur les pattes arrière », dit le roi, et l'éléphant obéissant leva ses pattes antérieures jusqu'à ce qu'il se tienne sur ses seules pattes postérieures. « Maintenant sur une patte » dit le roi, et l'éléphant se tint sur une seule patte.

 

Voyant que l'éléphant ne tombait pas dans le précipice, le roi s'écria: « Maintenant, si vous le pouvez, faites-le se tenir en l'air ». Le cornac pensa alors « Le roi doit sûrement vouloir le faire tomber dans le précipice et lui faire rencontrer la mort ». Alors il murmura à l'oreille de l'éléphant : « Mon fils, le roi veut que tu tombes et que tu te tues. Il n'est pas digne de toi. Si tu as le pouvoir de voyager dans les airs, monte avec moi sur ton dos et vole dans les airs jusqu'à Bénarès ».

 

Le Grand Être, doté comme il l'était des pouvoirs merveilleux qui découlent des mérites qu'il avait acquis, s'éleva aussitôt dans les airs. Alors le cornac dit au roi : « Sire, cet éléphant, possède des pouvoirs merveilleux qui découlent de ses mérites, il est trop bon pour un être aussi insensé que vous : seul un roi sage et bon serait digne d'être son maître ».

 

Ainsi disant, le cornac assis sur le cou de l'éléphant, mit fin à cette réprimande et s'élevant dans les airs. Ils volèrent jusqu'à Bénarès et s'arrêtèrent en plein air au-dessus de la cour royale. « Regardez l'éléphant d'état qui est venu par les airs pour notre roi et plane au-dessus de la cour royale ». La nouvelle fut immédiatement transmise au roi qui sortit et dit: « Si vous êtes venus pour me voir, descendez sur terre » Le Bodhisattva descendit alors pour la plus grande joie du roi qui fit décorer la ville et installa l'éléphant dans une somptueuse écurie. Puis il divisa son royaume en trois parties, l'une pour le Bodhisattva, l'une pour le cornac et l'une pour lui. Sa puissance se développa par les vertus du Bodhisattva jusqu'à ce que toute l'Inde soit réunie sous son empire souverain. En tant qu'empereur des Indes, il fut charitable et ne fit que des bonnes œuvres jusqu'à sa mort.

 

Il est facile de voir dans ce jataka un écrit légendaire de l'ascension de l'empereur Ashoka et sa conquête de tous les royaumes indiens après sa conversion au bouddhisme.

 

 


 

KASAVA-JATAKA : L'habit ne fait pas le moins.

 

Ce jataka porte le numéro 221

 

Le Bodhisattva était venu au monde comme éléphant dans la région de l'Himalaya. Il était à la tête d'un troupeau de quatre-vingt mille éléphants sauvages et habitaient dans la forêt.

 

Un pauvre homme de Bénarès, voyant les artisans qui travaillaient l'ivoire leur demanda s'ils achèteraient des défenses d'éléphant s'il leur en menait et ils répondirent par l'affirmative.

 

Alors il prit une arme, et s'habillant d'une robe jaune, il prit l'apparence d'un Pacceka-Bouddha. Le Pacceka-Bouddha est celui qui a atteint la connaissance nécessaire pour atteindre le Nirvana, mais ne la prêche pas aux hommes.

 

 

Prenant position sur le trajet habituel des éléphants, il les tuait et en vendait les défenses à Bénarès et de cette manière gagnait sa vie.

 

Il arriva un moment qui approchait où il devrait tuer les derniers éléphants de la troupe du Bodhisattva. En effet, de jour en jour, les éléphants devenaient de moins en moins nombreux. Ils allèrent alors demander au Bodhisattva quelle était la raison de ces disparitions. Il l'avait compris. « Un homme », pensa-t-il, « se tient sur le passage habituel des éléphants en s'étant donné l'apparence d'un Pacceka-Bouddha ». Un jour, il décida de suivre ses congénères. L'homme vit le Bodhisattva, et se précipita sur lui avec son arme. Le Bodhisattva lui fit face et se disposait à le tuer mais vit la robe jaune qu'il portait. Il lui dit alors « Je devrais rendre hommage à cette robe sacrée, homme, elle est le drapeau de la sainteté, ne vous convient-elle pas ? Pourquoi la portez-vous ? ». Sans réponse, il se contenta de le réprimander et ne le tua pas par respect pour la robe qu'il portait. Il l'invita à ne plus jamais revenir car alors, il devrait le tuer.

 

 

 

UPAHANA-JATAKA : Le respect dû à nos maitres

 

Ce jataka porte le numéro 231.

 

Bien que le bodhisattva ne soit pas directement né comme éléphant, sa naissance comme cornac d'un éléphant porteur de pouvoirs magiques méritait que nous l'inscrivions dans cette liste. Si le bodhisattva était cornac, son éléphant ne devait pas être loin de l’état de bodhisattva.

 

Le Boddhisattva était donc autrefois cornac. Il enseignait à un jeune villageois comment dresser les éléphants, ne cachant aucune de ses connaissances, ce que font toujours tous les Bodhisattvas lorsqu'ils enseignent. Quand ses études ont été finies, l'étudiant souhaita travailler pour le roi, et le Boddhisattva alla au palais pour le faire embaucher. Le roi lui dit qu'il le paierait la moitié de ce que gagnait le Boddhisattva. L'étudiant répondit alors qu'il ne prendrait le travail que s'il gagnait la même chose que le Boddhisattva puisque celui-ci lui avait transmis l'intégralité de ses connaissances. Le roi lui répondait que s'il démontrait des compétences égales à celles du bodhisattva, il aurait un salaire égal. Une démonstration fut prévue pour le lendemain.

 

L'étudiant crut bien faire mais le bodhisattva avait passé la nuit précédente à enseigner de nouvelles instructions à l'éléphant en sorte que toutes les actions soient inversées par rapport aux mots. L'éléphant se coucha lorsqu'il entendit « Debout ! », ramassa quelque chose quand il entendit « Laissez tomber ! ». Quand il entendit « Allez ! » il recula. Quand il entendit « Reculez ! », il avança.

 

La foule fut impressionnée par le bodhisattva et en colère contre l'étudiant qui avait manqué de respect à son maître en prétendant être devenu son égal. Ils lui donnèrent des coups de bâton et lui jetèrent des pierres. Le bodhisattva s'adressa alors au roi, lui disant que si la plupart des hommes bénéficient de son apprentissage, celui-là avait apporté le mal. Pour lui, la connaissance était comme une chaussure mal faite qui faisait mal parce qu'elle ne lui allait pas. Quand le bodhisattva termina son discours, le roi le combla d'honneurs.

 

 

 

LAṬUKIKA-JĀTAKA : Nous avons la mort que nous avons mérité ou nous avons souvent besoin d'un plus petit que soi.

 

Ce jataka porte le numéro 357.

 

Le Bodhisattva était né jeune éléphant et en grandissant une bête de toute beauté. Il devint le chef d'un troupeau de quatre-vingt mille éléphants et habitait dans l'Himalaya. A cette époque, une caille pondait ses œufs dans l'aire des éléphants. Lorsque les œufs étaient prêts à éclore, les jeunes oiseaux cassaient les coquilles et sortaient. Avant que leurs ailes n'aient poussé, et quand ils étaient encore incapables de voler, le Grand Être avec sa suite de quatre-vingt mille éléphants, en allant chercher de la nourriture, vint à cet endroit. En le voyant, la caille pensa : « Cet éléphant royal va piétiner mes petits et les tuer. Je vais implorer sa clémence pour la défense de ma progéniture ». Alors elle leva ses deux ailes et, debout devant lui dit «  Seigneur de la forêt, je ne suis qu'un chétif oiseau, je te rends hommage de mes ?


 

Le Grand Être lui répondit « Caille, ne t'inquiètes pas. Je protégerai ta progéniture ». Et se tenant au-dessus des jeunes oiseaux, tandis que les quatre-vingt mille éléphants passaient, il s'adressa ainsi à la caille : « Derrière nous vient un éléphant solitaire et malfaisant prends garde à la sécurité de ta progéniture » et sur ses mots il la quitta. La caille alla à la rencontre de l'autre éléphant et avec les deux ailes levées faisant un salut respectueux, elle lui dit : «  Toi, ô roi de la forêt, je te salue et te rends hommages mes ailes levées, je ne suis qu'une misérable caille, épargnes ma tendre progéniture ». L'éléphant lui répondit «  je tuerai tes petits, caille; ma patte gauche à elle seule peut en écraser facilement des milliers ». En disant cela, le misérable, de sa patte écrasa les jeunes oiseaux qui venaient d'éclore et s'éloigna en fanfaronnant.

 

La caille assise sur une branche d'arbre dit : « Alors, partez et claironnez, vous verrez très bientôt ce que je vais faire. Vous ne savez pas quelle différence il y a entre la force du corps et la force de l'esprit. Eh bien, je vais vous donner cette leçon. Vous avez tué mes petits mais je peux vous faire du mal ».


Elle était liée d'amitié avec un corbeau qui lui demanda après qu'elle lui eut tendu quelques services. « Que puis-je faire pour vous ? ». Elle lui répondit «  Je n'attends qu'une chose, c'est que vous alliez de votre bec crever les yeux de cet éléphant malfaisant ». Ainsi fit le corbeau. La caille était également liée d'amitié avec une mouche bleue qui lui demanda/ « Que puis-je faire pour vous ? »

 

Elle lui répondit «  Les yeux de cet éléphant malfaisant sont crevés, allez y pondre vos œufs ». C'est ce que fit la mouche.

 

La caille avait également une grenouille pour amie qui lui demanda quel service elle pouvait lui rendre. Elle lui répondit « Cet éléphant voyou est devenu aveugle et va chercher à boire. Poussez un coassement au sommet d'une montagne, et quand il sera monté, redescendez et croassez au fond du précipice ». Ainsi fit la mouche. L'éléphant était devenu aveugle, ses yeux étaient mangés par les asticots et il était fou de douleur. La grenouille poussa son coassement au sommet de la montagne. L'éléphant pensa : « Il doit y avoir de l'eau là-bas » et il gravit la montagne. Puis la grenouille descendit et, au fond du précipice, coassa à nouveau. L'éléphant pensa : « Il y aura de l'eau là-bas » et s'avança vers le précipice, et y tomba et fut tué. Quand la caille apprit sa mort, elle se contenta de dire «  Ses actes lui ont valu de mériter la mort ».

 

Le thème «On a souvent besoin d'un plus petit que soi » et été largement exploité par le bon La Fontaine, par exemple « Le lion et le rat », «La Colombe et la Fourmi. « Le Lion et la Souris reconnaissante », « La Fourmi et la Colombe ». Le sujet provient de fables d'Esope. Il est dommage qu'il n'ait pas connu ce conte qui a beaucoup plus de force et dépit de sa cruauté.


 

 

 


 

MATI-POSAKA-JATAKA : Les vertus de l'amour filial,


 

Ce jataka porte le numéro 455,

Le Bodhisattva était né éléphant dans une région de l'Himalaya. Tout blanc il était, une bête magnifique, et un troupeau de quatre-vingt mille éléphants l'entourait. Malheureusement, sa mère était aveugle. Il demandait à ses éléphants de ramasser des fruits à son intention mais ils n'en faisaient rien se contentant de les manger. Lorsqu'il s'en aperçut, il décida de quitter le troupeau pour s'occuper de sa mère. Ainsi une nuit à l'insu des autres, il partir avec elle vers le mont Caṇḍoraṇa et il l'installa dans une grotte dans les collines et au bord d'un lac. Or, un bucheron qui habitait Bénarès, se perdit dans cette région et ne pouvait se repérer. Il se lamentait à grand bruit. En l'entendant, le Bodhisattva se dit : « Il y a un homme en détresse et il ne pourra pas nous nuire pendant que je suis ici ». Alors il s'approcha de l'homme qui s'enfuit effrayé. Voyant cela, l'Éléphant lui dit : « Homme ! Tu n'as rien à craindre de moi, ne t'enfuis pas, mais dis pourquoi tu te promènes en pleurant ? ».

« Monseigneur » déclara l'homme, « Je me suis égaré depuis sept jours. »L'éléphant lui dit : « Ne crains rien, homme, car je te mettrai sur le chemin qui conduit vers les hommes ». Puis il le fit asseoir sur son dos, le transporta hors de la forêt, puis revint chez lui.

Ce méchant résolut d'aller dans la ville et d'en parler au roi. Il marqua alors les arbres, repéra les collines puis se dirigea vers Bénarès. À cette époque, l'éléphant blanc du roi venait de mourir. Le roi fit proclamer à coups de tambour : « Si quelqu'un a vu quelque part un éléphant convenable et propre à la chevauchée du roi, qu'il le déclare ! ». Alors cet homme se présenta devant le roi et dit : « Moi, seigneur, j'ai vu un éléphant magnifique, tout blanc, digne d'être monté par le roi ».

Le roi envoya avec l'homme pour servir de guide avec une grande troupe de fidèles.

Quand le Bodhisattva les vit guidés par le bucheron, il pensa, « Ce danger est sans doute venu de nul autre que cet homme mauvais. Mais je suis très fort ; je peux disperser même mille éléphants ; dans la colère je peux détruire toutes les bêtes qui portent l'armée de tout un royaume. Mais si je cède à la colère, ma vertu sera entachée. Ainsi, aujourd'hui, je ne serai pas en colère ». Après avoir pris cette résolution avec résignation, il courba la tête et resta immobile.

Il fut alors conduit en sept jours jusqu'à Bénarès.

La mère du Bodhisattva voyant que son fils ne venait pas pensa qu'il devait avoir été capturé par les troupes du roi, et qu'elle ne pourrait se nourrir des fruits qui continuaient à pousser sur les arbres.Un courrier prévient le roi de l'arrivée de l'éléphant blanc. Le roi fit décorer la ville et installa une écurie ornée de festons et de guirlandes. Il fit encore préparer toutes sortes de nourritures fines et délicieuses pour le Bodhisattva qui les refusa. Il répétait « Sans ma mère, je ne mangerai rien ». Le roi le pria et le Bodhisattva lui dit « Ma mère est misérable et aveugle près du Caṇḍoraṇ et incapable de se nourrir ». En entendant cela, le roi lui rendit la liberté. Le roi, émerveillé de la puissance de cet amour filial fit construire une ville non loin du lac et fit entourer le Bodhisattva et sa mère d'une foule d'esclaves pour les servir. Par la suite, lorsque sa mère mourut et que le bodhisattva eut célébré ses obsèques, il s'en alla dans un monastère appelé Karaṇḍaka. En ce lieu, cinq cents sages vinrent s'y réfugier. Le roi fit sculpter en pierre une reproduction du boddhisattva.

 

 

Depuis lors, les habitants de toute l'Inde se réunissent chaque année pour exécuter ce qu'on appelle le festival des éléphants.Depuis lors, les habitants de toute l'Inde se réunissent chaque année pour exécuter ce qu'on appelle le festival des éléphants.

 

 

CHADDANTA JATAKA : Les méfaits de la jalousie


Il porte le numéro 514

 

Nous l'avons rencontré dans un article précédent (A 438 – DEUX PIEUX BOUDDHISTES S'IMMOLENT PAR LE FEU À BANGKOK EN 1790 ET 1816). Il est certainement l'un des plus connus des jataka, a fait l'objet de multiples versions dont bon nombre à l'usage des enfants,

 

 

Rappelons-le brièvement :

 

Le Bodhisattva était né en tant que roi des éléphants porteur de six défenses de couleur différentes. Son corps était d'un blanc éclatant et son visage et ses pieds de couleur rouge. Il vivait dans une grotte dorée et avait deux reines. Un jour, alors qu'il se tenait entre les deux, il frappa un arbre en fleurs. Les fleurs tombèrent sur sa reine préférée et des brindilles mélangées à des fourmis rouges tombèrent sur l'autre ce qui la mit en colère et la rendit folle de jalousie. Une autre fois, en se baignant dans le lac, lI donna une fleur de lotus à sa reine préférée mettant l'autre en rage. Elle décida de mourir volontairement de faim et de renaître en tant que reine chez les hommes ce qui lui permettrait d'envoyer un chasseur pour tuer le Bodhisattva. Devenue princesse, elle épousa un roi et devint reine consort. Elle se souvenait de sa vie antérieure et après un odieux stratagème, elle put à grands renforts de récompenses et de promesses, envoyer un chasseur pour tuer le Bodhisattva. Au terme d'un long voyage, vêtu d'une robe de moine, il atteignit le repaire du Bodhisattva et lui envoya une flèche empoisonnée. Ne pouvant tacher son karma d'une colère, il raconta l'histore au chasseur et se laissa mourir après avoir lui-même coupé ses défenses pour qu'il les ramène à la reine. Le chasseur revint au palais, donna les défenses à la reine mais lui reprocha avec véhémence sa haine du Bodhisattva. Elle fut alors remplie de remords et de chagrin et mourut ce jour-là.

 

 

 

 

 

 

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7 septembre 2021 2 07 /09 /septembre /2021 13:06

 

Bouddha, comme tous les êtres d’une grande sainteté, avait la capacité de se remémorer l’ensemble de ses vies passées et n’a pas manqué d’y faire appel pour appuyer certains points de son enseignement. Une toute petite partie du canon pali du bouddhisme theravada contient ainsi, dans la dernière section des sermons, 547 jatakas – les naissances - qui narrent par le menu les vies antérieures de Bouddha, le plus souvent sous forme des naissances du Boddhisattva c'est à dire Bouddha avant son éveil. C'est un corpus hétérogène où l'on trouve des récits brefs, sons forme de fables ou de paraboles dans lesquelles on trouve tantôt de courtes fables, adaptées aux besoins du bouddhisme, et des récits beaucoup plus longs et complexes. La forme même de cet enseignement en dehors de récits qui sont difficiles à comprendre, est la raison de son immense diffusion et de ses débordements probables chez nos fabulistes par l'intermédiaire d'Esope et dans la religion chrétienne à l'occasion des missions de l'empereur Asoka en direction de la méditerranée (1).

 

Ils sont toujours pour les moines un magnifique sujet pour leurs homélies et, d'une simplicité naïve, parfaitement adaptés à un auditoire qui ne se targue pas de métaphysique et plus efficace qu'un complexe discours théologique (2).

 

Les animaux tiennent une place importante dans le bouddhisme, considérés comme égal à l'homme. Tout être vivant et sensible a une attention particulière dans le bouddhisme et chacun se doit d'être respectueux envers la vie, quelle qu’elle soit.

 

Ainsi au cours de ses 547 existences antérieures à sa venue sur terre, Bouddha a connu 75 expériences de vie animale. Il naquit 25 fois sous forme d'une déité ou esprit, esprit de la forêt, esprit des arbres, esprit de l'air, esprit de l'eau ou sous la forme du Dieu Sakka, le roi des Dieux (Indra) qui est par ailleurs omniprésent dans les jataka.

 

 

Lorsqu'il naquit sous forme humaine, le Bodhisattva connut tous les statuts, paria, ouvrier, paysan, artisan, membre d’une famille royale, parfois, ascètes Brahmine souvent.

 

Que ce soit sous forme humaine, divine ou animale, le futur Bouddha a expérimenté à de multiples reprises, sous les formes les plus diverses, la stupidité et à la cruauté de ses semblables et du genre humain.

 

En feuilletant ces récits, en diagonale, je l'avoue, j'ai été étonné de voir que l'animal sous la forme duquel le futur Bouddha renaissait le plus souvent n'était ni l'éléphant (7 récits) ni le lion (7 récits) mais le singe sous la forme duquel le Bodhisattva naquit 10 fois  (3). Ces 10 récits sont d'ailleurs parmi les plus populaires des jataka. Pourquoi le singe ? Il n'est pas pour les bouddhistes un animal de cirque fantasque et capricieux mais symbole de sagesse par rapport aux humains. Il est aussi Hanuman.

 

 

 

Fils de Pavana, le dieu du vent, et de la déesse Anjana, il a l'apparence d'un singe  assez fort pour soulever des montagnes, tuer des démons et rivaliser de vitesse avec Garuda, l'oiseau véhicule de Vishnu. Grand admirateur de Rama, un avatar de Vishnu...

 

 

... Hanuman le rencontre à la recherche de sa femme Sita, perdu dans la forêt de Kishkindha et l'aide à vaincre le roi des démons Ravana, qui avait enlevé Sîta.

 

 

Á la force, il joint la sagesse, ainsi Thot, le dieu singe de l'Égypte antique, le dieu Thot.  

 

 

A Lopburi, à Prachuapkirikan, à Songkla, à Kumpawapi, dans la forêt de Phupan, tous les singes sont des incarnations d'Hanuman. Ils jouissent donc d'une liberté totale malgré les nombreuses nuisances qu'ils créent, il est formellement interdit de les chasser ou de les blesser.

 

 

Toutes ces fables sont le récit de Bouddha à ses disciples en leur rappelant les leçons qu'il avait reçues dans l'une de ses précédentes vies de singe   Dans la plupart des jataka on trouve la phrase « Bouddha disait alors à ses disciples, dans une vie ancienne, j'étais né sous forme de …. »

 

 

....un peu comme nous trouvons dans les Évangiles « Jésus disait un jour à ses disciples… » .

 

 

Les singes et le démon  - La prudence et l’imagination.

 

Il s'agit du Nalapana Jataka, le 20e de la série.

 

A cette époque le bienheureux était né singe de la taille d'un cerf et chef d'une troupe de singes au nombre de 80.000. Il leur avait donné l'ordre de ne manger ni de boire dans un endroit qu'ils ne connaissaient pas sans son consentement. Un jour, les singes étaient altérés et arrivèrent à un lac dans la forêt en un lieu inconnu, mais attendirent l'arrivée de leur chef avant de boire. Lorsque celui-ci arriva, il examina le lac et fixant son attention sur des traces de pas près des rives de l'étang, il vit qu'elles descendaient, mais ne remontaient jamais. Alors il sut qu'il était hanté par un démon quiconque. Il  descendit dans l'eau et dit : « Vous avez bien fait, mes enfants, de ne pas avoir bu l'eau. Cet étang est hanté ! » Quand le démon de l'eau vit qu'ils n'y descendaient pas, il prit la forme horrible d'une créature au ventre bleu, au visage pâle, aux mains rouges et aux pieds rouges, et sortit en pataugeant dans l'eau, et s'écria : « Pourquoi restez-vous assis ici ? Descendez et buvez ! ». Le roi lui demanda « Êtes-vous le démon de l'eau qui hante cet endroit ? ». « Oui ! Je le suis et j'ai pouvoir sur tous ceux qui descendent dans le lac, j'emporte même un oiseau et je ne lâche personne. Vous tous aussi, je vous dévorerai ». - « Nous ne vous permettrons pas de nous manger » - « Eh bien venez »- « Oui, nous boirons mais nous ne tomberons pas entre vos mains » - « Comment y parviendrez-vous ? ».

 

Il fournit alors à tous ses disciples de longs roseaux qui, par la puissance de sa vertu, devinrent immédiatement creux sur toute leur longueur et tous les roseaux autour de ce lac devinrent creux et ainsi ils purent boire sans descendre dans le lac.

 

 

Le singe et le crocodile – La connaissance.

 

Il s'agit du  Vānarinda-jātaka, le 57e de la série.

 

Le Boddhisattva était revenu à la vie sous la forme d'un singe. À l'âge adulte, il était aussi gros qu'un poulain et extrêmement fort. Il vivait seul au bord d'une rivière, au milieu de laquelle était une île où poussaient des manguiers et d'autres arbres fruitiers. A mi-chemin entre l'île et la berge, un rocher solitaire surgissait de l'eau. Étant aussi fort qu'un éléphant, le Boddhisattva avait l'habitude de sauter depuis la berge sur cette roche puis de là, sur l'île. Il y  mangeait à satiété les fruits qui poussaient sur l'île et revenait le soir par le même chemin. Et telle était sa vie au jour le jour.

Or, à cette époque, vivaient dans cette rivière un crocodile et sa compagne. Elle avait été alléchée à la vue du Bodhisattva et conçut le désir de manger son cœur. Elle supplia son seigneur d'attraper le singe. Le crocodile  prit alors position sur le rocher avec l'intention d'attraper le singe lors de son retour le soir.

Après avoir musardé autour de l'île toute la journée, le Boddhisattva  regarda le soir  la roche et se demanda pourquoi elle lui semblait plus élevée que d'habitude. Il soupçonna alors la présence d'un crocodile qui s'y était embusqué. Pour vérifier, il cria comme s'il s'adressait au rocher «  Salut, rocher ! ». Sans réponse, il répéta son cri trois fois. Il s'étonna car le roche répondait toujours lorsqu'il l'appelait. Le crocodile pensa alors que si le rocher avait  l'habitude de répondre au singe, il devait répondre à son tour. Il cria alors « Oui, singe, qu'est-ce que c'est ? » « Qui es-tu ? » dit le Boddhisattva « Je suis un crocodile ». « Pourquoi êtes-vous assis sur ce rocher ? » « Pour vous attraper et manger votre cœur ».  Il n'y avait pas d'autre moyen de revenir sur la berge. Il cria alors au crocodile «  Ouvre ta bouche et attrape-moi quand je saute ». Le Boddhisattva savait que lorsque les crocodiles ouvrent leur gueule, leurs yeux se ferment. Lorsque le crocodile ouvrit sa gueule sans méfiance, ses yeux se fermèrent et il attendit ainsi les yeux fermés et la gueule ouverte.  Voyant cela, le singe  fit un saut sur la tête du crocodile, et de là, avec son ressort vif comme l'éclair, il gagna la rive.

 

La question de savoir si un crocodile qui a la gueule ouverte a les yeux fermés est-conforme à la nature ? Je l’ignore.

 

 

Le fils du roi des singes et l'ogre – la perspicacité et la dextérité.

 

Il s'agit du Tayodhamma-jataka, le 58e de la série.

 

Le Boddhisattva était né fils du roi des singes. Celui-ci avait l'habitude d'émasculer avec ses dents tous ses enfants mâles, de peur qu'ils ne le remplacent un jour, mais la mère du Boddhisattva avait quitté le troupeau avant la naissance de l'enfant et l'avait élevé ailleurs. Quand il eut grandi il vint voir le singe-roi, et celui-ci tenta de l'étouffer dans une fausse étreinte d'affection mais le Boddhisattva était plus robuste que son père et lui échappa. Celui-ci lui demanda d'aller chercher des fleurs de lotus dans un lac voisin qui était habité par un ogre, lui disant qu'il souhaitait le couronner comme roi. Le Bodhisattva devina toutefois la présence de l'ogre. Il cueillit  les fleurs en sautant plusieurs fois d'une rive à l'autre, les saisissant au vol sur son chemin. L'ogre voyant cela exprima son admiration devant cette dextérité et décida de l'accompagner. Lorsque le roi vit son fils revenir avec l'ogre qui portait les fleurs, il mourut le cœur brisé.

 

 

Les singes contre les hommes : la tactique et la stratégie.

 

Il s'agit du Tiṇḍuka-jātaka, le 177e de la série.

 

Le Boddhisattva était né comme un singe au sein d’une troupe de quatre-vingt mille singes, il vivait dans l'Himalaya. Non loin de là se trouvait un village, tantôt habité, tantôt vide. Et au milieu de ce village se trouvait un arbre aux fruits sucrés délicieux. Quand le village était déserté, tous les singes s'y rendaient et en mangeaient les fruits. A l'époque de la saison des fruits, le  village se repeuplait, il était entouré d'une palissade de bambou et ses portes étaient gardées. L'arbre pliait sous le poids des fruits. Les singes par prudence envoyèrent un singe en éclaireur. Il découvrit qu'il y avait des fruits sur l'arbre mais que le village était rempli de monde. Les singes décidèrent de les manger. Ils allèrent prévenir leur roi qui leur demanda si le village était peuplé ou non. Il leur conseilla de se méfier des hommes. Ils répondirent tous qu'ils y iraient au milieu de la nuit quand tout le monde serait profondément endormi. Le roi leur donna son accord, toute la troupe descendit de la montagne et attendit jusqu'à la nuit que la population s'endorme. Ils grimpèrent sur l'arbre et commencèrent à en manger les fruits. Ils furent toutefois surpris par un villageois qui s'était réveillé et furent effrayés. Ils se tournèrent vers leur chef qui leur dit que les hommes avaient bien d’autres occupations et qu’ils pouvaient donc rester. Une fois leur festin terminé, il les rassembla mais s'aperçut qu'il manquait son neveu appelé Senaka. Il pensa alors que si Senaka ne s’était pas joint à eux, c'est qu'il avait quelque idée en tête. Or, Senaka dormait mais en se réveillant, il vit les villageois s'assembler pour poursuivre ses congénères. Il vit alors dans une hutte du village une vieille femme, profondément endormie devant un feu allumé. Il saisit un tison et se tenant bien au vent, mit le feu au village. Alors tous les poursuivants abandonnèrent la poursuite des singes et se précipitèrent pour éteindre le feu. Ainsi sauvés, les singes remirent chacun un fruit à  Senaka pour le remercier.

 

 

Le singe et le crocodile – Victoire sur la bêtise.

 

Il s'agit du Sumsumara jataka, le 208e de la liste.

 

Le Bodhisattva était venu à la vie au pied de l'Himalaya comme roi des singes. Il était fort et robuste et vivait au bord d'une courbe du Gange dans une petite forêt. A cette époque, un crocodile vivait dans le fleuve. Sa compagne avait vu le singe et conçut le désir de manger son cœur. Alors elle dit à son seigneur : « Mon ami, je désire manger le cœur de ce grand roi des singes ! » « Tendre épouse » dit le crocodile « je vis dans l'eau et il vit sur la terre ferme : comment l'attraper ? » « Par ruse » répondit-elle.  « Si vous ne l'attrapez pas, j'en mourrai ». Le crocodile lui répondit alors « ne t'inquiètes pas. J'ai une idée et je te donnerai son cœur à manger ». Le Bodhisattva était assis sur les rives du fleuve. Le crocodile s'approcha et lui dit : « Seigneur Singe, pourquoi vous contentez-vous des fruits de ces lieux vieux ? Sur l'autre rive du Gange, il y a des manguiers et toutes sortes d'arbres portant des fruits doux comme du miel ! Ne vaut-il pas mieux traverser et en manger ? ». Le singe lui répondit  « Seigneur crocodile, le Gange est profond et large : comment vais-je traverser ? ». Le crocodile lui dit alors « Montez donc sur mon dos, je vous ferai traverser ». Le singe lui fit confiance et accepta. Mais dès que le crocodile eut un peu nagé, il se mit à descendre sous les eaux. « Pourquoi me laissez-vous couler  ?» dit alors le singe. Le crocodile lui répondit «  Ne penses pas que je te porte par bonté d'âme, pas du tout ! Ma femme a envie de manger ton cœur, et je veux le lui donner ». « Ami », répondit le singe « mon cœur n'est pas en moi ». « Eh bien, où le gardez-vous ? » demanda le crocodile. Le Boddhisattva lui montra un figuier portant, au loin sur l'autre rive, des grappes de fruits mûrs. Le singe lui répondit «  Vois, mon cœur est pendu dans ce figuier ». « Alors je ne te tuerai pas » répondit le crocodile. Le singe lui répondit  « Amène-moi jusqu'à l'arbre et je te  montrerai où est accroché mon cœur  ». Le Crocodile l'amena. Le singe sauta de son dos et grimpa sur le figuier, s'assit sur une branche élevée et lui dit. « Ô idiot de crocodile ! Si tu croyais qu'il y avait des créatures qui gardaient leur cœur dans la cime d'un arbre, tu es un imbécile, et je t'ai joué ! »  Le Crocodile, se sentant aussi triste et misérable que s'il avait perdu mille pièces d'argent, retourna, affligé à l'endroit où il habitait. Si le bon La Fontaine en avait fait une fable, il aurait conclu « Le crocodile honteux et confus jura mais un peu tard qu'on ne l'y  prendrait plus ».

 

 

Un singe chez les hommes – Ce sont des insensés.

 

Il s'agit su Garahita Jataka, le 219e sur la liste.

 

Le Boddhisattva était autrefois né singe. Un chasseur l'avait capturé dans la forêt où il vivait et donné comme animal de compagnie au roi. Il vécut longtemps dans le palais, faisant consciencieusement des tours, des pirouettes et des grimaces pour le roi et sa cour chaque fois qu'on le lui demandait. Il y apprit beaucoup sur les mœurs des hommes. Satisfait de son service, le roi  demanda plus tard au chasseur de le ramener où il avait été capturé. À son retour, le Boddhisattva raconta à tous les singes d'où il venait et quelle avait été sa vie dans le royaume des humains. Le Bodhisattva ne voulait pas en discuter mais ils insistèrent. Il leur expliqua alors que les humains sont des imbéciles aveugles qui ne saisissent pas l'impermanence des choses et ne s'intéressent qu'à eux. Ils tiennent l'or comme le bien le plus précieux, mais ignorent la religion. Le maître de toutes les maisons se couvre de vêtements magnifiques, se coiffe de coiffures somptueuses mais mènent une vie affligeante pour tous les siens. Les singes demandèrent alors au Boddhisattva de s'arrêter car ils avaient compris, horrifiés de connaître la vie des humains. Les hommes sont des insensés qui ne jettent jamais un regard sur la voie vers la sainteté.

 

 

Les deux singes et le chasseur parjure – les vertus du don de soi.

 

Il s'agit du Cula nadiya Jataka, le 222e de la liste.

 

Nous avons raconté dans un précédent article l'histoire de ces deux singes, Bouddha et son disciple préféré, Ananda, dans une de leurs précédentes existences, qui ont sacrifié en vain leur vie pour sauver celle de leur mère. S'il n'est pas une illustration pour une fable de La Fontaine, il en est une pour la  phrase de Saint Jean dans son évangile (XV-13) Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Bouddha interdit de prendre la vie mais n'interdit pas de l'offrir (4).

 

 

Le singe et le crocodile – Victoire sur la bêtise (bis repetita).

 

Il s'agit du Vanara Jataka qui porte le numéro 342.

 

Il reprend pratiquement mot pour mot la parabole que nous venons de conter du Sumsumara jataka sous le numéro 208.

Le roi des singes et le manguier – les vertus du sacrifice.

 

Il s'agit du Mahakapi Jataka, le 407e de la liste. Il est l’un des plus populaires.

 

Le Boddhisattva était autrefois né singe, roi d'une troupe de quatre-vingt mille singes. Dans le bois où ils vivaient, il y avait un manguier au bord d'une rivière qui portait des fruits au goût divin. Les singes faisaient toujours attention à ne laisser aucun fruit tomber dans la rivière. Ces fruits étaient dignes d’un roi. Le Boddhisattva le savait et craignait que malencontreusement l’un de ses singes en fit tomber un  dans la rivière et l'emportât jusqu’au palais royal. Un jour un fruit, caché par un nid de fourmis, tomba à l'eau et se retrouva à Bénarès où se baignait le roi. Il y goûta et, lui prit  l'envie d'en manger davantage. Il fit fabriquer des radeaux et remonta le fleuve avec une compagnie de soldats. Ils trouvèrent l'arbre et le roi, ayant mangé à satiété,  couché au pied de l'arbre. À minuit, le Boddhisattva vint avec sa suite et ils commencèrent à manger les mangues. Quelle ne fut pas l'irritation du  roi quand il apprit que des singes se délectaient impunément des fruits qu’il estimait devoir lui être réservés ! Il ordonna à ses archers de cerner le bois et de tirer sur tous les singes dès le lever du jour point du jour. Mais le Bodhisattva était un véritable chef. Il tentait désespérément de trouver une solution, avisa soudain sur l’autre rive un arbre susceptible d’offrir un refuge à sa troupe. Ayant enroulé sa queue à l’une des branches du manguier, il s’élança par-dessus les eaux et agrippa une branche de l’arbre opposé, faisant ainsi de son corps une passerelle vers le salut. L’un après l’autre, les singes empruntèrent ce pont improvisé, s’efforçant de se faire le plus léger possible. Le roi n'en crut pas ses yeux et en oublia de donner à ses hommes l’ordre de tirer. Tous les singes se retrouvèrent en sécurité  sur l’autre rive. Un seul restait, il était la réincarnation d'un être malfaisant. Il  s’attarda et, le regard mauvais, s’arrêta sur le dos de son roi, pesant de tout son poids, sautant  jusqu’à ce que le pauvre animal, les reins brisés, lâcha prise et tombe au sol. Infiniment touché par l’édifiant sacrifice du singe, le monarque envoya quelques hommes le recueillir avec le plus grand soin pour tenter de lui porter secours. Mais il était trop tard. Le noble animal expira dans les bras du souverain qui lui fit donner des funérailles royales.

 

 

Le singe et la punition  du méchant.

 

Il s'agit du Mahakapi Jataka, 516e de la liste, il porte le même nom que celui que nous venons de voir au 407e de la liste, mais l’histoire est différente.

 

Il était une fois à Bénarès, un agriculteur brahmane du village de Kasi. Après avoir labouré ses champs, il détela ses bœufs et se mit à travailler avec une bêche. Les bœufs, tout en broutant des feuilles d’arbre s'éloignèrent  peu à peu dans la forêt. L'homme, découvrant qu'il était tard, posa sa bêche pour aller chercher ses bœufs, et ne les trouvant pas, il fut accablé de douleur. Il erra dans la forêt, à leur recherche, jusqu'à ce qu'il soit entré dans la région de l'Himalaya. Là, ayant perdu ses repères, il erra pendant sept jours à jeun, mais voyant un arbre fruitier, il y grimpa pour se nourrir. Toutefois il glissa de l’arbre et tomba de soixante coudées dans un abîme infernal, où il passa dix jours. À ce moment-là, le Bodhisattva vivait sous la forme d'un singe, et tout en mangeant des fruits sauvages, il aperçut l'homme qu’il sortit de son gouffre.  Sakka qui connut cette action lui indiqua le  chemin du retour avant de disparaître dans les montagnes. Toutefois l’homme, parce qu’il avait péché devint lépreux.

 

 

NOTES

 

(1) Voir nos articles

A 432 - LES MISSIONNAIRES BOUDDHISTES DE L’EMPEREUR ASOKA SUR LES RIVES DE LA MÉDITERRANÉE ORIENTALE VERS 250 AVANT NOTRE ÈRE.

A 276 - LES JATAKA BOUDDHISTES (ชาดก) ONT-ILS MIGRÉ VERS LE CHRISTIANISME ?

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/10/a-276-les-jataka-bouddhistes-ont-ils-migre-vers-le-catholicisme.html

A 287- LES JATAKAS BOUDDHISTES ONT-ILS MIGRÉ VERS LES FABLES D’ÉSOPE ET CELLES DE LA FONTAINE ?

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/11/a-287-les-jatakas-bouddhistes-ont-ils-migre-dans-les-fables-d-esope-et-celles-de-la-fontaine.html

(2)  J’utilise la traduction du pali vers l’anglais des 6 volumes de la traduction du pali effectuée par une équipe d’érudits sous la direction du professeur Robert E.B. Cowell en 1895. Elle a été numérisée dans son intégralité par de pieux bouddhistes :

http://www.sacred-texts.com/bud/j1/index.htm

http://www.sacred-texts.com/bud/j2/index.htm

http://www.sacred-texts.com/bud/j3/index.htm

http://www.sacred-texts.com/bud/j4/index.htm

https://www.sacred-texts.com/bud/j5/index.htm

http://www.sacred-texts.com/bud/j6/index.htm

 

(3) En respectant l’ordre alphabétique et sauf erreur,  Bouddha fut deux fois antilope, trois fois caille, trois fois cerf, deux fois chacal, une fois cheval, une fois chient, une fois coq, deux fois corbeau, une fois daim, sept fois éléphant, une fois grenouille, une fois iguane deux fois lézard, une fois lièvre, sept fois lion, deux fois oie, 5 fois oiseau, trois fois paon, cinq fois perroquet, une fois pigeon, deux fois pivert,  une fois poisson, deux fois rat, une fois sanglier, dix fois singe, deux fois taureau, une fois vache et quatre fois vautour.

 

(4) Voir notre article   A 438 – DEUX PIEUX BOUDDHISTES S’IMMOLENT PAR LE FEU A BANGKOK EN 1790 ET 1816

 

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31 août 2021 2 31 /08 /août /2021 13:05
A 438 – DEUX PIEUX BOUDDHISTES S'IMMOLENT PAR LE FEU À BANGKOK EN 1790 ET 1816.

Le mardi 11 juin 1963 à 9h17, le moine bouddhiste Thich Quang Duc, 66 ans, émerge d'une Austin bleu marine accompagné de ses disciples et s’assoit en position du lotus un chapelet dans la main au croisement de deux rues fréquentées du centre de Saigon. L'acte qu'il s'apprête à commettre va changer l'histoire de son pays. Les moines avaient contacté les correspondants étrangers de Saigon pour les prévenir de l'imminence d'une action de protestation spectaculaire.  Deux jeunes moines sont sortis d'une voiture. Un moine plus âgé, légèrement appuyé sur l'un d'eux, est sorti aussi, avant de se diriger tout droit vers le centre du carrefour. Les deux jeunes moines ont apporté un jerrican en plastique, qui contenait manifestement de l'essence. Dès que le plus âgé s'est assis, ils l'ont aspergé de liquide. Il a sorti une allumette, l'a craquée, et l'a lâchée sur ses genoux. Aussitôt, les flammes l'ont englouti. Tous les témoins de la scène étaient horrifiés. C'était terrifiant. Ces photos ont fait le tout du monde. Cette immolation fut suivie de nombreuses autres (1).

Ces immolations de moines par le feu étaient historiquement connues au Japon jusqu'au XIIIe siècle avant d'être condamnées par la hiérarchie bouddhiste. Elles n'étaient alors pas des actions de protestation mais un moyen de gagner la sainteté.

 

 

Il est un précédent ignoré de beaucoup de bouddhistes, celui de deux hommes pieux qui se sont immolés par le feu au cœur du temple d'Arunratchawararam (วัดอรุณราชวราราม ราชวรมหาวิหาร) à Bangkok, les laïcs Nai Rueang et Nai Nok (นาย เรือง และ นาย นอก), qui se sont immolés par le feu en offrande à Bouddha et aspiraient à atteindre la « bouddhéité ».

 

 

Il ne s'agissait pas non plus d'une immolation de protestation mais d'un moyens d'atteindre la sainteté. Le premier à se sacrifier fut Nai Rueang, un pieux bouddhiste, dont histoire est écrite dans la Chronique royale de Rattanakosin - Roi Rama II (พระราชพงศาวดารกรุงรัตนโกสินทร์ รัชกาลที่ ๒..Elle est compilée par le Prince Damrong (พระยาดำรง) et numérisée sur le site de la bibliothèque nationale Varirayana dans le chapitre 62 (2).

 

 

L'événement eut lieu le vendredi, du 3e mois lunaire, de la 8e lune croissante, année Rattanakosin 1152 c'est à dire sauf erreur en 1790. Nai Rueang se rendit en compagnie de deux amis, Khun Srikanthat Kromma et Nai Thongrak (ขุนศรีกัณฐัศว์กรมม้า et นายทองรัก) à l'ubosot (chapelle d'ordination - พระอุโบส) de Wat Krut (วัดครุธ) à Bangkok. Ils priaient avec un bouton de lotus dans la main pensant que celui ou ceux dont le fleur s'épanouirait serait Bodhisattva (พระโพธิญาณแล้ว). Seule la fleur de Rueang s'épanouit. Le lendemain, il écouta un sermon à l'ubosot du wat Arun. Lorsqu'il eut fini de l'écouter, il s’imbiba le corps avec un coton d'huile inflammable. Il s'assit les mains jointes et y mit le feu et chanta pendant que les flammes l'engloutissaient. 5 ou 600 personnes assistaient à l'immolation et manifestaient leur respect en criant « สาธุ - satu » qui est un cri d'admiration et d'approbation. Ils enlevèrent une partie de leurs vêtements et les jetèrent sur le feu pour l'alimenter. Ceux des spectateurs qui n'étaient pas bouddhistes manifestaient leur respect aussi en ôtant leur chapeau et le jetant sur le feu. Les fidèles conduisirent ses restes pour qu'ils fussent incinérés après trois jours de prière au Wat Hong Rattanaram (วัดหงส์รัตนารามราชวรวิหาร). Le temple est situé au bord d'un canal et lorsque le feu fut mis au bûcher. Les fidèles aidèrent à transporter le cadavre dans le cercueil pour les funérailles. 12 poissons sautèrent dans le feu et y périrent. Leurs cendres furent réunies aux siennes et transportées au Wat Arun.  La même chronique nous donne moins de détails sur l'immolation par le feu de Nai Nok..Elle eut lieu un mercredi du 7e mois lunaire de l'année 1816. Il se donna la mort au pied de l'arbre sacré de la bodi (ต้นศรีมหาโพธิ์) devant la chapelle d'ordination du wat chaeng (วัดแจ้ง) dans l'enceinte du Wat Arun.

 

 

Ces immolations volontaires n'étaient pas des immolations de protestations. On admet qu'ils voulaient pratiquer le bouddhisme au niveau supérieur (ukrit – อุกฤษฎ์) pour atteindre le Bodhisattva.

 

 

A cette époque, il était admis que sacrifier sa vie pour obtenir le nirvana était considéré comme un acte de grand mérite hautement vénérable. C'est probablement sous le règne de Rama III que furent installées au Wat Arun leurs statues en pierre dorée. Nai Ruang est assis les jambes croisées, les mains jointes

 

 

et Nai Nok est assis les jambes croisées mains entrelacées sur ses genoux en position de méditation pour atteindre le Bodhisattva (3).

 

Si ces auto-immolations étaient saluées et le sont peut-être encore dans une certaine frange du bouddhisme, elles furent interdites avec fermeté par le roi Rama IV qui considérait que ces pratiques n'existaient pas dans les canons pali que d'ailleurs aucun bouddhiste, y compris les moines et les nonnes, ne lisent jamais dans son intégralité et qui ne mentionne pas directement la valeur du sacrifice de soi. Ne parlons que des écrits canoniques dont les Jataka, le récit des 547 existences de Bouddha avant sa venue sur terre comme Gautama. Le roi les connaissait pour sa part ayant passé plus d'un quart de siècle dans un temple à étudier les textes sacrés avant de monter sur le trône

 

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Les âges du passé sont l'arrière-plan de la vie historique du fondateur en tant que Gautama. Les légendes des Jataka sont généralement reconnues comme étant plus anciens que le Concile de Vesali (380 av. J.-C.) et omniprésent dans la littérature bouddhiste.

 

 

On trouve d'ailleurs des représentations sculptées de scènes des Jataka autour de nombreux sanctuaires. Ces bas-reliefs sont la preuve que les légendes des naissances antérieures de Bouddha étaient connues dès le IIIe siècle av.J-C et étaient alors considérées partie intégrante de l'histoire sacrée de la religion. Elles étaient continuellement rapportées et introduites dans les discours religieux des différents maîtres au cours de leurs pérégrinations, que ce soit pour magnifier la gloire de Bouddha ou pour illustrer les doctrines et les préceptes bouddhistes par des exemples appropriés.

 

Extrait d'un manuscrit sur feuilles de la tanier (1850)

 

 

Il est probable que ces diverses histoires de naissance n'ont pas alors été rassemblées sous une forme systématique comme dans la collection actuelle des Jataka. Elles étaient transmises oralement mais sur la base d'une certaine permanence.

 

La tradition veut que ces légendes, contes, fables ou paraboles furent écrites très tôt en cinghalais à Ceylan puis traduites en pali vers 430 après J-C par Buddhaghosa, une version perdue qui reprenait des traditions connues dès les premiers temps des communautés bouddhistes.

 

 

Ils ne furent diffusés, traduits du pali en langue thaï au Siam que sous le roi Rama V.

 

 

Il y en eut une première traduction du Pali en anglais par le professeur Rhys Davids en 1880.,et d'autres par plusieurs érudits supervisée par le professeur Robert E. B. Cowell publiées à Cambridge en 1895, elle représente 6 volumes d'environ 350 pages chacun.

 

 

Il n'y a que de très partielles traductions en français.

 

Le succès de cette longue tradition orale fut immense puisqu'il est certain qu'elle a gagné le monde grec, le monde chrétien du proche orient et le monde égyptien probablement par le biais des missions de l'Empereur Asoka (4).

 

 

C'est dans le texte canonique des Jataka que nous avons recherché s'il était des légendes concernant le don de soi. Il en est peu peut-être, mais importants puisqu'ils sont canoniques (5). Certains sont très (trop) longs, il semblerait qu’il n’y en a que sept qui concernent le sujet mais je ne suis pas certain d’avoir été exhaustif.

Les seuls textes canoniques du bouddhisme thaï :

 

 

Nigrodhamiga – Jataka

 

 

Le plus connu est celui qui porte le numéro 12 dans la recension classique. Nous savons que Bouddha a passé certaines de ses 547 existences sous forme animale. Il porte le nom de Nigrodhamiga – Jataka Cette histoire est celle de sa vie comme roi des cerfs. Il est probablement l’un des plus connus des fervents bouddhistes. Nous enlevons de ce récit ses très asiatiques hyperboles. Il se passe au temps où Brahmadatta - en réalité Ananda, le disciple préféré de Bouddha  dans une existence antérieure - régnait sur Bénarès.  N'y revenons pas, nous en avons fait une synthèse en enlevant les très asiatiques et très longues hyperboles dans notre article 276 (1). Le roi des cerfs proposa au roi l'échange de sa vie contre celle d'une malheureuse petite biche portant un bébé. Le roi décida alors qu’à ce jour on ne tuerait plus d’animaux dans ses forêts, le Bodhisattva avait transformé sa vie et lui dit « Seigneur roi des cerfs  je n'ai encore jamais vu, même parmi les hommes, un homme aussi abondant en charité, en amour et en pitié que toi. C'est pourquoi je suis content de toi. Levez vous tous deux, vos deux vies sont épargnées ».

Silavanaga Jataka

 

 

Il porte le numéro 72. Brahmadatta régnait à Bénarès, le Bodhisatta devint éléphant dans l'Himalaya, entièrement blanc, avec des yeux qui avaient l'éclat du diamant. Il était paré de toutes les perfections et d'une beauté inégalée. Il devint le chef des éléphants de l'Himalaya. Il était à la tête d'un troupeau de 80.000 éléphants mais s'aperçut que certains avaient le cœur mauvais. Il quitta la troupe et alla vivre dans la forêt où il reçut le nom de « Bon roi des éléphants ». Alors, se détachant du reste de la troupe, il alla habiter dans la solitude de la forêt, et la bonté de sa vie lui valut le nom de Bon Roi Éléphant. Un bucheron de Bénarès vint dans l'Himalaya et se fraya un chemin dans cette forêt à la recherche de bois pour son travail. Perdant ses repères et son chemin, il va et vient, étendant les bras de désespoir et en pleurant, la peur de la mort dans les yeux. En entendant ses cris, le Bodhisatta se déplaça avec compassion et résolut de l'aider et s'approcha de l'homme. Mais à sa vue le bucherons prit peur et s'enfuit. Il s'aperçut toutefois que la bête ne lui voulait pas de mal et souhaiter l'aider. Le Bodhisatta s'approcha et lui dit « Pourquoi, homme, êtes-vous en train d'errer ici en vous lamentant ? » « Seigneur, j'ai perdu mon chemin et j'ai peur de mourir ». Alors l'éléphant amena l'homme dans sa propre demeure, et l'y hébergea pendant quelques jours, le régalant de fruits de toutes sortes. Puis, disant : « N'aie pas peur, ami, je te ramènerai dans le repaire des hommes », l'éléphant le fit asseoir sur son dos et le conduisit là où les hommes habitaient. Mais l'ingrat pensa que, s'il était interrogé, il devrait pouvoir tout révéler. Ainsi, alors qu'il voyageait à dos d'éléphant, il nota les repères des arbres et des collines. Enfin, l'éléphant le fit sortir de la forêt et le déposa sur la grande route de Bénarès, en disant: « Voici ta route, ami homme: Ne dis à personne, que tu sois interrogé ou non, le lieu de ma demeure » et le Bodhisatta reprit la route pour retourner chez lui. Arrivé à Bénarès, l'homme fit le tour des artisans qui travaillaient l'ivoire et leur demanda s'ils étaient intéressés par les défenses à prendre sur un éléphant vivant puisqu'elles valent beaucoup plus cher que celles prises sur un mort. Après accord, il partit vers la demeure du Bodhisatta, avec des provisions pour le voyage, et une scie bien affutée. Il se lamenta alors auprès de l'éléphant en lui disant que son métier n'était d'aucun profit et qu'il était venu lui demander un peu d'ivoire pour lui permettre de gagner sa vie. «Bien » lui dit le Bodhisatta, « Avez-vous une scie avec vous ? » «  Alors prends mes défenses et emporte les avec toi ». Et il fléchit les genoux et couché à terre, laissa le bucheron scier ses deux défenses. Le Bodhisatta lui dit « Ne penses pas, homme, que c'est parce que je n'estime ni n'apprécie ces défenses que je te les donne. Mais mille fois, cent - des milliers de fois, plus chères à moi sont les défenses de l'omniscience qui peuvent comprendre toutes choses. Et donc puisse mon don t'apporter l'omniscience ».

 

 

L'homme les emporta et les vendit. Et quand il eut dépensé l'argent, il revint chez le Bodhisatta, disant que les deux défenses lui avaient permis de payer de vieilles dettes et mendiât le reste de l'ivoire du Bodhisatta. Le Bodhisatta y consentit et abandonna le reste de son ivoire. L'homme les enleva et les vendit et quand il eut dépensé l'argent, il revint «  je ne peux pas gagner ma vie de toute façon. Alors donnez-moi les racines de vos défenses ».

 

 

« Qu'il en soit ainsi », répondit le Bodhisatta, et il s'allongea comme auparavant. Alors le misérable, piétinant le tronc du Bodhisatta, dégagea brutalement les racines des racines des défenses jusqu'à ce qu'il ait dégagé la chair. Puis il scia racines et alla son chemin. Mais à peine le misérable eut-il quitté le Bodhisatta, que la terre se mit à trembler, qu'un gouffre s'ouvrit et il fut emporté dans les flammes de l'enfer. C'est évidemment une belle conclusion pour une fable sur l'ingratitude.

Cula Nandiya Jataka

 

 

L'histoire qui est recensée sous le numéro 222 se déroule toujours à l'époque ou Brahmadatta était roi de Bénarès. Le Bodhisatta était devenu un singe nommé Nandiya et habitait dans la région de l'Himalaya. Son plus jeune frère portait le nom de Jollikin, Ananda son disciple. Ils étaient tous les deux à la tête d'une troupe de quatre-vingt mille singes et ils devaient s'occuper d'une mère vieille et aveugle à la maison dans une forêt de banians. Il y avait un jeune homme mauvais que son maître brahmane avait dû chasser. Il s'était marié et incapable de travailler, gagnait sa vie à la chasse, vendant le gibier qu'il tuait. Un jour, alors qu'il rentrait chez lui bredouille, il aperçut un banian au bord d'une clairière et pensa y trouver du gibier. Les deux frères étaient assis derrière leur mère dans un arbre cachés dans les branches quand ils virent l'homme venir. Il s'apprêtait à tuer la mère singe et leva son arc mais le Bodhisatta le vit et dit à son frère : « mon cher frère, cet homme veut tuer notre mère ! Je lui sauverai la vie. Quand je serai mort, prenez soin d'elle ». En disant ainsi, il descendit de l'arbre et cria : « homme, ne tire pas sur ma mère ! Elle est aveugle, âgée et faible. Je vais lui sauver la vie ; tue-moi à sa place ! » Et quand le chasseur eut promis, celui-ci le tua sans pitié. Il prépara ensuite son arc pour tirer sur la mère singe. Jollikin vit cela et descendit de l'arbre et dit : « homme, ne tirez pas sur ma mère ! Je donne ma vie pour la sienne » et le chasseur le tua et ensuite la vieille mère. Il tira enfin sur la mère; les suspendit tous les trois à une perche et retourna chez lui. A ce moment, la foudre tomba sur sa maison et brûla sa femme et ses deux enfants avec la maison dont il ne restait plus que le toit et les montants de bambou. Le chagrin l'envahit : sur place, il laissa tomber sa perche avec le gibier et son arc, jeta ses vêtements et, nu, il rentra chez lui en gémissant. Alors les montants de bambou se brisèrent, tombèrent sur sa tête et l'écrasèrent. La terre s'ouvrit et une flamme s'éleva de l'enfer. Il pensa alors à l'enseignement de son maître brahmane lui avait donné « Faites attention de ne rien faire dont vous pourriez vous repentir ».

 

Sasa Jataka

 

 

Il porte le numéro 316. Le Bodhisatta était alors un lièvre. Il vivait dans la forêt et avait trois amis : un singe, un chacal et une loutre. Le Bodhisatta conseillait ses amis sur les questions morales et un soir avant un jour saint de jeûne et de prières, il leur rappela que faire l'aumône apportait de grands mérites. Ils devraient donc nourrir tous les mendiants qui s'approcheraient d'eux. Tôt le lendemain matin, ils sortirent tous chercher de la nourriture à rapporter chez eux pour manger plus tard lorsqu'ils pourraient rompre le jeune. La loutre trouva sept poissons dans le filet d'un pécheur. Le chacal entra dans la hutte d'un paysan absent. Le singe ramassa des fruits dans la foret. Le Bodhisatta ne mangeait que de l'herbe et n'avait donc aucune nourriture à offrir aux mendiants et décida alors qu'il donnerait sa propre chair si nécessaire. Lorsque le Dieu Indra apprit le vœu, il décida de se déguiser en brahmane et de mettre le Bodhisatta à l'épreuve. Il rendit d'abord visite à la loutre lui demanda de la nourriture pour rompre son jeûne, elle lui offrit ses sept poissons. Il fit la même demande au chacal et au singe qui lui remirent le fruit de leurs recherches avant d'approcher le Bodhisatta. Après avoir entendu la demande d'Indra, le Bodhisatta fut rempli de joie et lui demanda d'aller préparer un feu, ce qu'il a fait. Lui-même secouant trois fois sa fourrure pour éviter de tuer les insectes qui y vivaient puis sauta dans les flammes comme un cygne atterrissant au milieu des lotus.

 

À sa surprise, il ne ressentit aucune brulure et se demanda ce qui se passait. Indra se dévoila et lui expliqua qu'il était venu tester sa vertu. Celui-ci lui répondit qu'il aurait fait la même chose même la personne la plus humble. Indra dit alors que la vertu du Bodhisatta devrait être connue du monde entier. La loutre, le chacal et le singe étaient des vies antérieures d'Ananda, Moggallana et Sariputta, trois des meilleurs disciples de Bouddha.

 

Ce jataka explique à suffisance pour quoi les Thaïs pieux se refusent à manger du lapin. La langue ne fait pas la différence entre lapin et lièvre qui est le même mot : kratai (กระต่าย). Lorsque vous leur posez la question des raisons de cette aversion, je l'ai faite, sans avoir des commaisances approfondies « C'est Bouddha »... Tout simpelement la crainte de manger une incarnation de Bouddha.

Sivi Jataka

 

 

Il est le 499e. Ce n'est plus le don d'une vie mais celle d'une partie du corps. Le Bodhisatta était a né sous le nom de Sivi, roi d'Aritthapura, son père portant le même nom que lui. Il gouvernait bien et faisait chaque jour six cent mille aumônes. Un jour, le désir lui vint de donner une partie de son corps à qui le lui demanderait. Indra lut dans ses pensées et, apparut devant lui comme un brahmane aveugle, lui demanda ses yeux. Le roi accepta de les donner et fit appeler son chirurgien nommé Sivaka. Lorsque les orbites furent cicatrisées, Sivi souhaita devenir ascète. Indra lui demanda alors s'il avait un souhait. Sivi voulut mourir mais Indra insista pour qu'il choisisse autre chose. Il demanda alors de retrouver la vue. Les yeux réapparurent, mais ce n'étaient ni des yeux naturels ni divins, mais des yeux appelés « Vérité absolue et Perfection ». Sivi retrouva son trône et enseigna à ses sujets la valeur des cadeaux.

Jayadissa Jataka

 

Il est le 513e jataka. Le prince Alinasattu était Bouddha et il offrit sa propre vie à un géant mangeur d'hommes en remplacement de celle de son père. Cette très longue parabole est encombrée de stances originairement en pali mais traduites en vers anglais par Cowell. Si je suis incapable d'apprécier la versification pali, je le suis tout autant d'apprécier la versification anglaise. Disons simplement que Bouddha offrit sa vie à l'ogre en remplacement de celle de Pancala, roi de Kampilla, son père.

 

 

Chaddanta Jataka

 

 

Il est le 514e. Le Bodhisatta était un éléphant du blanc le plus éclatant avec des défenses à six couleurs, il mesurait quarante mètres de haut et vivait le long d'un lac magnifique au cœur de l'Himalaya et dirigeait un troupeau de huit mille têtes. Il avait deux reines. Un jour, alors qu'il se tenait entre les deux, il frappa de la tête un arbre en fleurs. Des fleurs et des feuilles tombèrent sur sa reine préférée et des brindilles sèches mélangées à des feuilles mortes et des fourmis rouges tombèrent sur l'autre ce qui la mit en colère. Une autre fois, en se baignant dans le lac, lI donna la fleur d'un grand lotus à sa reine préférée mettant l'autre en colère. Plus tard, lorsque lui et ses épouses offrirent des fruits sauvages à cinq cents futurs bouddhas, la reine rancunière pria pour renaître en tant que reine humaine. Ainsi elle pourrait envoyer un chasseur pour tuer le Bodhisatta. Puis elle mit son plan à exécution en se laissant mourir de faim et naquit à nouveau en belle princesse. Lorsqu'elle fut majeure, elle épousa un roi et devint reine consort et chef de ses seize mille femmes. La nouvelle reine se souvint de sa vie antérieure et, le moment venu, elle enfila une robe sale et se coucha dans son lit en faisant semblant d'être malade. Le roi vint alors lui offrir tout ce qu'elle pourrait souhaiter afin qu' elle se sentsse mieux. Elle demanda à ce que tous les chasseurs du royaume soient convoqués au palais. Le roi le fit par une proclamation à coups de tambour et peu après soixante mille hommes se rassemblèrent. Là, la reine annonça qu'elle avait besoin d'un chasseur pour lui apporter les défenses à six couleurs d'un éléphant qu'elle avait vu dans un rêve, mais aucun des hommes n'en avait jamais entendu parler. Elle choisit parmi la foule pour être son chasseur le plus dur, imposant, laid, défiguré par des cicatrices et fort comme cinq éléphants parmi la foule pour être son chasseur. Elle lui indiqua sa mission, difficile et dangereuse et lui proposa en récompense la propriété de cinq riches villages. Au début, il était terrifié à mort, mais il accepta la tâche après que la reine lui ait promis le succès et lui eut donné mille pièces d'or avec tout l'équipement dont il aurait besoin pour le long et pénible voyage jusqu'au repaire du Bodhisatt. Il partit en promettant de tuer l'éléphant et de ramener ses défenses. Le chasseur voyagea sept ans, sept mois et sept jours à travers des champs épineux, des forêts denses, des marécages boueux et des montagnes montantes au-delà du royaume des hommes pour atteindre le lac du Bodhisatta. Là, il se cacha non loin de l'endroit où un ascète, attendant avec une flèche empoisonnée. Quant arriva le Bodhisatta, le chasseur lui tira dessus et le reste du troupeau s'enfuit pris de panique tandis que leur roi hurlait de douleur. En voyant le chasseur, le Bodhisatta lui demanda pourquoi il voulait sa mort et le chasseur lui parla du rêve de la reine. Le Bodhisatta comprit que c'était le travail de son ancienne reine et dit la vérité au chasseur. Ne pouvant tacher son karma d'une colère, le Bodhisatta dit au chasseur de couper ses défenses et de les emmener à la reine afin qu'il puisse faire des mérites pour atteindre finalement le nirvana. Le chasseur essaya, provoquant une grande douleur dans la bouche sanglante du Bodhisatta, mais il était si grand que le chasseur ne put y parvenir. Le Bodhisatta prit alors la scie et coupa lui-même ses défenses et mourut peu après en laissant à la bonne reine prendre la tête du troupeau. Grâce au pouvoir magique des défenses, le chasseur revint au palais en seulement sept jours. Il donna à la reine les défenses aux six couleurs mais reprocha avec véhémence sa haine du Bodhisatta. Elle fut alors remplie de remords et de chagrin et mourut ce jour-là.

Je ne prétends pas faire l'exégèse des textes canoniques du bouddhisme, j'en suis incapable mais on conçoit à leur lecture qu'il n'est jamais question de suicides de protestation ni de sacrifices rituels permettant de gagner le nirvana mais de perfection dans la générosité. L'interdiction de Rama IV semble avoir été largement justifiée. Nous rejoignons évidemment la phrase de Saint Jean dans son évangile (XV-13) Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Il y a une différence fondamentale entre l'acte de se donner volontairement la mort et celui d'offrir sa vie. Judas s'est suicidé, suicide égoïste, Jésus ne s'est évidemment pas suicidé, sacrifice oblatif. Bouddha interdit de prendre la vie mais n'interdit pas de l'offrir.

 


 

NOTES

 

(1) Nous avons vu en 2011 et 2012 des moines du Tibet en exil se transformer en torches vivantes aux Indes et en Chine, probablement plusieurs centaines.

 

 

L'immolation par le feu est devenue une arme politique dont l'efficacité reste à démontrer.

 

En 2007, un groupe de moines thaïs a fait vœu de jeûner jusqu'à la mort à moins que le Conseil constitutionnel n'inscrive la déclaration « Le bouddhisme est la religion nationale thaïlandaise » dans la nouvelle constitution. Ils ont revendiqué ce sacrifice de soi comme une offrande au Bouddha. Ce défi audacieux aux autorités laïques n'était peut-être pas simplement un coup publicitaire, il avait ses racines dans la culture, l'histoire et la littérature thaïe. Il n'eut toutefois aucune suite !

 

(2) https://vajirayana.org/พระราชพงศาวดาร-กรงรัตนโกสินทร์-รัชกาลที่-

 

(3) Une nuit, vers les années 1980, les statues ont été décapitées probablement par des pillards à la recherche d'antiquité… ou tout simplement de pieux bouddhistes ? La reconstruction de leur tête actuelle fut immédiate.

 

(4) Voir nos articles :

 

A 432 - LES MISSIONNAIRES BOUDDHISTES DE L’EMPEREUR ASOKA SUR LES RIVES DE LA MÉDITERRANÉE ORIENTALE VERS 250 AVANT NOTRE ÈRE.

A 276 - LES JATAKA BOUDDHISTES (ชาดก) ONT-ILS MIGRÉ VERS LE CHRISTIANISME ?

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/10/a-276-les-jataka-bouddhistes-ont-ils-migre-vers-le-catholicisme.html

A 287- LES JATAKAS BOUDDHISTES ONT-ILS MIGRÉ VERS LES FABLES D’ÉSOPE ET CELLES DE LA FONTAINE ?

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/11/a-287-les-jatakas-bouddhistes-ont-ils-migre-dans-les-fables-d-esope-et-celles-de-la-fontaine.html

(5) Bien que les volumes de la recension de Robert E. B. Cowell soient parfaitement accessibles puisque numérisés, de pieux bouddhistes en ont fait une numérisation d'accès plus facile. Seuls les commentaires sont différents :

http://www.sacred-texts.com/bud/j1/index.htm

http://www.sacred-texts.com/bud/j2/index.htm

http://www.sacred-texts.com/bud/j3/index.htm

http://www.sacred-texts.com/bud/j4/index.htm

https://www.sacred-texts.com/bud/j5/index.htm

http://www.sacred-texts.com/bud/j6/index.htm

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30 juillet 2021 5 30 /07 /juillet /2021 08:07

 

Nous avons consacré plusieurs articles à Rama VI, avant dernier roi de la monarchie absolue. Nous vous en donnons les références en annexe. Il fut un personnage singulier et pétri de contradictions entre tradition et le « modernisme » ramené de sa très longue éducation anglaise et de ses périples en Europe.

 

 

Nous le savons imbu de sa fonction de monarque absolu, pensant être une réincarnation du roi Naresuan dont il porte l'épée. Il réprime fermement la révolte de 1912 lancée par des militaires qui attendaient de son long séjour en Europe une relative libéralisation du régime. Il avait en effet annoncé dans son discours de couronnement qu’il allait moderniser et occidentaliser le Siam tout en conservant son pouvoir de monarque absolu ; ce qui semblait une parfaite contradiction. 

 

 

Il va lancer tardivement son pays dans la guerre en 1917 en invoquant les principes les plus sacrés avancés par les démocraties alliées. Il n'en croyait probablement pas le premier mot. Les quelques 1500 volontaires partis sur le front conservèrent un souvenir amer de leur expérience, pas mieux traités par les Français, les Anglais et les blancs américains que le furent les noirs des régiments de ces derniers.

 

 

Ils manifestèrent à l'égard de la communauté chinoise des sentiments que l'on peut – mutatis mutandis - comparer à l'antisémitisme qui se développera et s'amplifiera dans la France de l'après-guerre après celui d'avant-guerre.

 

 

 

Rama VI fut un « bon époux », sans oublier une amourette avec une Américaine en Angleterre, peut-être responsable d'une seule égratignure au lien conjugal dans ses probables amours avec une danseuse juive de Russie. Il eut comme tous des prédécesseurs quelques épouses secondaires ce qui alors ne choquait personne, bon père, hélas pour lui, il n'apprit sa paternité que sur son lit de lort et se serait écrié "enfin".  Il est revendiqué sans d'ailleurs de justifications probantes par l'internationale pédérastique. Manifestement, la création du corps des « Tigres sauvages » n'était que celle d'une farouche garde prétorienne et non d'un réservoir de gitons.

 

 

Ecrivain, traducteur, journaliste, il prétendit donner à son pays une écriture romanisée, et tenta même de créer un nouvel alphabet.

 

 

il fut un bâtisseur comme tous les monarques de la dynastie et navigua également entre modernisme et tradition.

 

 

Il n’était pas destiné à régner. 29e fils du roi Chulalongkorn, il fut envoyé vivre et étudier en Angleterre dès son plus jeune âge. Il fut élevé au rang de prince héritier au brusque décès prématuré de son frère Maha Vajirunhis.

 

 

Il lui fallut neuf ans avant de revenir d'Angleterre au Siam en 1902 et hérita ensuite du fardeau de la fonction royale à la mort de son père en 1910. Écrivain par vocation et roi par hasard, il dut passer de ses études artistiques aux matières militaires et à l'administration publique.

 

 

Lorsque nous parlâmes de ses goûts en matière artistique et architecturale, nous pûmes constater un singulier mélange de modernisme et de tradition. C'est à cette occasion que nous découvrîmes l'existence d'une déité – son ange gardien - à laquelle il voua un culte particulier, Thao Hiranpanasura ou Thao Hiranhu (ท้าวหิรัญพนาสูร ou  ท้าวหิรัญฮู)

 

 

. .. découverte ou invention, peu importe, dont il installa une statue dans son palais de Phayathai (วังพญาไท)  à Bangkok. L'histoire de cette déité protectrice mérite quelques développements.

 

 

Il est permis de penser qu'il fut partisan d'une conception moderne du bouddhisme dont l'une des caractéristiques principales était la « démythologisation » du bouddhisme, l'idée que le bouddhisme était une philosophie, qui rendait le bouddhisme compatible avec la société moderne voulue par son père. Or nous allons le découvrir aux antipodes de cette conception rationaliste à l'occasion de la découverte de son « ange gardien ».

 

 

Les sources sur cette anecdote sont rares, exclusivement en thaï dans la mesure où elle se situeen 1902 bien avant sa montée sur le trône en 1910. Elle se situe géographiquement dans le contexte de la révolte dire des « états shans » (กบฏของรัฐฉาน) face à l'expansionnisme de Rama V et sa tentative de créer un état fort et centralisé face aux ambitions colonialistes des Français et des Anglais.

 

 

Qui sont les Shans (ชาน) ?

 

 

Autrement appelés Thai Yai (ทยใหญ่) ils sont un groupe ethnique reconnu comme tel, de langue taï, constituant ce jour la plus grande minorité ethnique de Birmanie, plusieurs millions, toujours en perpétuelle révolte contre l'état central de Rangoon. Ils sont présents au Laos, en Chine, et au Siam bien sûr. La population shan de Thaïlande est principalement concentrée sur la frontière avec la Birmanie, à Chiang Rai, Chiang Mai, Mae Hong Son, Mae Sariang, Mae Sai, Tak et Lampang, où des groupes se sont installés depuis longtemps avec leurs propres communautés et temples, essentiellement bouddhistes. Ils seraient environ actuelle 100.000.

 

La rébellion Shan, éclata dans le nord du Siam en 1902, face aux efforts siamois centralisateurs vers la formation de l'État moderne. Ce ne fut pas l'un des petits troubles facilement réprimés par l'autorité centrale. Sa répression fut la première opération à grande échelle de l'armée siamoise dans les provinces du nord. Partie de la ville siamoise du nord de Phrae en juillet 1902, elle se poursuivit jusqu'en mai 1904 peut-être fomentée par la France puisqu'il s'agissait de régions frontalières du Laos annexé en 1893.

 

 

Le 25 juillet 1902, un chef Shan, dirigea une attaque à la tête de quarante hommes pour piller le centre de Phrae, attaquer le commissariat et la poste pour couper la ligne télégraphique, tuant une vingtaine de fonctionnaires thaïs. D'autres purent prendre la fuite et se cacher mais furent traqués par les habitants et remis aux rebelles, qui leur réservèrent un triste sort.

 

Après cette première attaque réussie, les rebelles se séparèrent en deux groupes, l'un se dirigeant vers le nord pour recueillir le soutien de la communauté Shan dans la zone, qui comptait alors environ 20 000 membres. Un autre groupe descendit vers le sud jusqu'à l'épaisse jungle d'Uttaradit pour ralentir la montée des troupes thaïlandaises et lança de multiples attaques nocturnes de guérilla contre les troupes thaïes.

 

Le fort de ces attaques ne dura que deux semaines avant d'être arrêté par l'arrivée des troupes de Bangkok mais le problème shan ne fut résolu qu'en 1904 (1).

 

Les Siamois dénoncèrent le « complot de Myngoon ». Ce prince était l'un des nombreux fils de l'avant-dernier roi de Birmanie, Mindon contre lequel il avait organisé une rébellion en 1866. Exilé pour le reste de ses jours, en 1902, il vivait sous protection française à Saigon.

 

 

En 1902, Rama VI rentre de son long séjour de 9 ans en Angleterre et en Europe. Il a tout juste 21 ans. Son père l'envoya « faire ses classes » de prince héritier après son séjour temporaire comme moine bouddhiste. Alors que la rébellion n'est pas totalement éradiquée, au cœur de la rébellion des Shans. Le voyage dura trois mois. Le prince héritier dut passer ses nuits en pleine jungle au cœur de la révolte.

 

 

Au cours de l'une de ses nuits, dans la jungle de Lopburi, un membre de son escorte fit un rêve prémonitoire étrange, la vision d'un homme solide appuyé sur un bâton de marche qui lui dit s'appeler Hiran. Il était une divinité protectrice des habitants de la forêt et désormais suivrait le prince partout où résiderait prendrait soin de lui et l'avertirait des dangers.

 

On lui donna son nom que je préfère traduire par Hiran (ou argent) le protecteur des habitants de la forêt. Hiran (หิรัญฮู) signifie « argent » en thaï archaïque, il est le seigneur (thao – ท้าว) des habitants de la forêt, en thaï archaïque phanasura (พนาสูร) C'est une déité protectrice (Sammathithi - สัมมาทิฐิ). Il nous semble difficile de ne pas le comparer à un ange gardien !

 

 

Lorsque le roi eut connaissance de cette vision, il fit immédiatement une prière en faisant bruler des bougies et des bâtons d'encens ainsi que des offrandes d'aliments. Lorsqu'il devint roi, Rama VI ne l'oublia pas. Il en fit couler des représentations en bronze vêtu d'un vêtement à l'ancienne et appuyé sur son bâton de marche et ainsi firent ses courtisans, en particulier son préféré le plus proche, Chamunthep Darunthorn (จมื่นเทพดรุณทร)

 

 

Rama VI fit par ailleurs très rapidement fondre quatre statuettes en argent de la divinité tenant son bâton de marche de la main droite, selon un rituel brahmanique.

 

 

La première installée dans sa chambre sur son chevet le suivait partout. Elle fut à sa mort transmise à la reine Suwatana (พระนางเจ้าสุวัทนา). Elle est actuellement dans la salle de prière du palais Runrudi (วังรื่นฤดี ) qui devint la résidence de la reine après son veuvage.

 

 

Une autre fut attribuée Phraya Aniruttheva (พระยาอนิรุทธเทวา), un militaire de ses proches. Elle est enchâssée dans une tour située sur le mur de Ban Bantomsin (บ้านบรรทัดสิน), un palais que lui avait offert le roi.

 

 

L'autre fut placée sur la calandre de l'un de ses véhicules, une Opel, et se trouve toujours sur le dit véhicule dans les collections des automobiles royales.

 

 

La quatrième est dans la salle du trône.

 

 

Cet ange gardien va être au centre de plusieurs miracles qui contribuèrent largement à la diffusion de son culte.  Le premier se produisit lorsque le roi demanda à Phraya Athonthornsilp (Mom Chuang Kunchorn) (พระยาอาทรธรศิลป์ (ม.ล.ช่วง กุญชร)), l'un de ses cousins, de superviser la construction de la statue destinée à son palais de Bangkok par un artisan italien qui travaillait au Ministère des Beaux-arts, Galetti. Lorsque le moulage fut terminé et destiné à être placé sur son socle au palais, Galletti mit une corde autour du cou de Thao Hiranhu pour faciliter la manutention. Il tomba brusquement malade en raison d'une raideur à la nuque. Phraya Athon en devina la raison : il avait placé une corde autour du cou de la statue. Il lui fit apporter des fleurs en colliers, de l'encens et des bougies pour demander pardon. Lorsque l'artisan italien le fit, il retrouva miraculeusement la santé.

 

D'autres incidents se produisirent sous le règne de Rama VII : Il avait hérité de l'automobile de son prédécesseur qui avait fait placer la statuette de la divinité sur la calandre. Il se produisit des événements étranges  à de multiples reprises : bruits insolites dans le garage, lumière allumées sans raison, véhicule déplacé sans intervention. Il fallut demander pardon à Hiran en lui faisant des offrandes et promettre de ne plus jamais utiliser ce véhicule (2).

 

 

Les anecdotes sur les miracles de cet ange gardien perdurent :

 

Un membre de la famille Diskun (ดิศกุ) urinait du sang et vint se faire soigner à l'hôpital Phyathai. Le chirurgien préconisa une intervention chirurgicale. Ses proches connaissaient l'histoire de Hiran. Ils prirent des fleurs, de l'encens et des bougies pour fleurir la statue incluse dans le périmètre de l'hôpital. Le malade fut instantanément guéri.

 

Un autre événement se produisit en 1979. Une enseignante fut victime d'un accident de la circulation et fut très grièvement blessée, jambe gauche et droite cassées et nécessité d'attelles. Conduite dans un hôpital privé, elle ne pouvait faire face au coût des traitements. Elle se rendit alors à l'hôpital Phramongkutklao – Phayathai (โรงพยาบาลพระมงกุฎฯ พญาไท). Perdant connaissance, elle vit un homme debout à côté du lit qui la regardait. Elle sut immédiatement qu'il s'agissait de Thao Hiranhu. Elle leva alors les mains pour le saluer. Tao Hiranhu hocha la tête, et peu de temps après, la malheureuse fut totalement guérie et pu retourner chez elle sans jamais plus oublier Tao Hiranpanasura.

 

 

Depuis lors de multiples reproductions en furent faites, amulettes, statuettes, gravures et pour tout bon bouddhiste, il est leur ange gardien sur le chemin tortueux de la vie.

 

 

Le roi Vajiravudh a ainsi incorporé des institutions religieuses informelles - le surnaturel - avec le bouddhisme moderne en le rendant compatible avec les discours du rationalisme scientifique. Sa position sur le surnaturel était déterminée par une constatation : le bouddhisme, comme le judéo-christianisme, avait besoin de miracles pour attirer les croyants. Pour lui, miracles et croyances surnaturelles ne devaient pas être étrangers à la religion.

 

Rama VI communiquait souvent avec les « oppatikas » ou « winan » (โอปปาติกะ ou วิญญาณ) c'est à dire les esprits, la tradition lui attribue un sixième sens.

 

 

NOTES

 

 

(1) Sur la révolte shan, voir en particulier Pinyapan Potjanalwan « New Cities and the Penetration of Siamese Colonial Power into the Physical Space of Monthon Payap » in Journal of Mekong Societies, Vol.14 No.3 Septembre-Decembre 2018 .

Sur l 'ethnie Shan proprement dite, voir Thailand Ethno Lingiistic Maps, ๊ำ une publication de l’Université Thammasat de 2004 (en thaï).

 

(2) Ces événements miraculeux sont totalement ignorés d'un pourtant excellent article de Preedee Hongsaton (ปรีดี หงส์สต้น) publié dans le « Thammasat Journal of History » sous le titre « The Silver Guardian Demon of the Jungle: Modern Buddhism in the Suppression of the Shan Rebellion in Thailand, 1900s-1920s » publé en 2018 et numérisé :

https://so05.tci-thaijo.org/index.php/thammasat_history/article/view/167748.

La traduction par « démon » est un pur barbarisme.

Nous trouvons trace de ces événements miraculeux sur des sites thaïs par exemple

http://www.bp.or.th/webboard/index.php?topic=17800.0;wap2

Le site Wikipédia n'en est qu'un résumé : "https://th.wikipedia.org/wiki/HYPERLINK "https://th.wikipedia.org/wiki/"ท้าวหิรัญพนาสันต์

Existent aussi de nombreuses pages Facebook, toutes en thaï et de nombreuses vidéossur Youtube , par exemple https://www.facebook.com/watch/?v=184571496809609

 

NOS ARTICLES SUR RAMA VI

 

Généralités

 

A 86. Le Coup d'Etat manqué de 1912 ?

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-a86-le-coup-d-etat-manque-de-1912-112832034.html

155. Que savons-nous de Rama VI (1910-1925) ?

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-155-que-savons-nous-de-rama-vi-1910-1925-124661814.html

RH 57.5 INTRODUCTION À L'HISTOIRE DE LA DYNASTIE CHAKRI : RAMA VI (1910-1925)

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2020/09/rh-57.5-introduction-a-l-histoire-de-la-dynastie-chakri-rama-vi-1910-1925.html

 

La première guerre mondiale

 

28 -Le Siam Et La 1 Ère Guerre Mondiale.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-28-les-relations-franco-thaies-la-1-ere-guerre-mondiale-67543426.html

168. le-nationalisme-du-roi-rama-vi-1910-1925

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-168-le-nationalisme-du-roi-rama-vi-1910-1925-125257916.html

164. Le Siam participe à la 1ère guerre mondiale.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-164-le-siam-particpe-a-la-1ere-guerre-mondiale-125175819.html

H 20 - UNE AUTRE VISION DE LA PARTICIPATION DES SIAMOIS A LA 1ERE GUERRE MONDIALE EN 1917.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/06/h-20-une-autre-vision-de-la-participation-des-siamois-a-la-1ere-guerre-mondiale-en-1917.html

H 30- LE ROI VAJIRADUDH OU UN RÊVE MILITAIRE CONTRARIÉ

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/05/h-30-le-roi-vajiradudh-ou-l-histoire-d-un-reve-militaire-contrarie.html

 

Les contraditctions internes

 

170. Rama VI face à deux modèles -  Le modèle « occidental » et  le modèle « Siamois ».

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2015/02/1-171-rama-vi-face-a-deux-modeles-le-modele-occidental-et-le-modele-siamois-2-le-modele-siamois.html

 

Les réalisations

 

 

162. Les tigres sauvages de-rama VI 910-1925

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-162-les-tigres-sauvages-de-rama-vi-1910-1925-125174342.html

163. Rama VI crée le mouvement des scouts en 1911.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-163-rama-vi-cree-le-mouvement-des-scouts-en-1911-125174353.html

169. Rama VI crée l’état-civil siamois.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2015/02/169-rama-vi-cree-l-etat-civil-siamois.html

172. Rama VI et l’économie du Siam. (1910-1925)

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2015/03/172-rama-vi-et-l-economie-du-siam-1910-1925.html

177 - Le Siam de Rama VI retrouve tous ses droits souverains en 1925

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2015/04/177-le-siam-de-rama-vi-retrouve-tous-ses-droits-souverains-en-1925.html

 

La vie privée

 

159. L'éducation anglaise du roi Rama VI

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-159-l-education-anglaise-du-roi-rama-vi-125066391.html

A88. Un bracelet de Rama VI offert à une danseuse, réapparaît.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-a88-un-bracelet-de-rama-vi-offert-a-une-danseuse-reapparait-113269810.html

157. La Vie Privée De Rama VI, Un Règne De Transition ? (1910-1925). (1)

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-157-la-vie-privee-de-rama-vi-un-regne-de-transition-1910-1925-1-124775080.html

 

Les arts et les lettres

 

244-Les peintres et les sculpteurs italiens au siam sous Rama V et Rama VI

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2017/10/a-244-les-peintres-et-les-sculpteurs-italiens-au-siam-sous-rama-v-et-rama-vi.html

A91. La romanisation du Thaï ?

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-a91-la-romanisation-du-thai-114100330.html

165. Le Roi Rama VI et la romanisation du thaï.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-165-le-roi-rama-vi-et-la-romanisation-du-thai-125174362.html

A 415- UNE RÉFORME DE L’ORTHOGRAPHE VOULUE PAR LE MARÉCHAL PHIBUN, AUJOURD’HUI OUBLIÉE.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2021/01/a-414-une-reforme-de-l-orthographe-voulue-par-le-marechal-phibun-aujourd-hui-oubliee.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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23 juillet 2021 5 23 /07 /juillet /2021 08:06

 

Le bouddhisme fascine de longue date notre monde occidental, une fascination qui  se fonde sur la confrontation Jésus-Bouddha, dogme-dharma, Église-Sangha. Nous avons consacré trois articles à ces coïncidences au moins troublantes entre le bouddhisme et le christianisme (1).

 

 

 

Nous trouvons de nombreux écrits selon lesquels le Christianisme ne serait qu'un schisme Bouddhique, fondé par les disciples de Jésus sous le nom de leur maître, dont ils ont fait leur Bouddha. Il descendrait par une filiation directe des religions de l'Inde. La première manifestation de sentiments religieux qui nous soit connue sont les Védas et le Brahmanisme. Les Védas sont probablement les plus anciens livres religieux du passé.  Transmises oralement avant d'être écrites, il est impossible d'évaluer leur âge, probablement le deuxième millénaire avant Jésus-Christ. Le Brahmanisme a donné naissance au Mazdéïsme ...

 

 

 ... et au Bouddhisme. De ceux-ci seraient issus le Mosaïsme et l'Essénisme. De ces deux derniers serait né le Christianisme.

 

 

Charles Dollfus en 1872 écrit  « De même qu’il y a des affinités visibles entre la doctrine de Jésus et celle des esséniens, il y en a d’évidentes entre celle de Bouddha et de Kapila » (2).

 

 

Louis Jacolliot dans un ouvrage à tout le moins fuligineux mais qui a connu grand succès en 1876 voit un lien entre Manou le législateur,

 

 

Ménès le premier pharaon historiquement connu,

 

 

Minos le crétois

 

 

et Moïse,

 

 

le Christ devenant en quelque sorte un avatar de Khishna (3).

 

 

Nous retrouvons cette théorie dans un « Jésus-Bouddha » anonyme de 1881.

 

 

Cornelis Petrus Tiele en 1882 relève mutatis mutandis les mêmes liens (4).

 

 

Plus récent, en 1933 Ernest Zyromski, nous dote d'un chapitre sur « LE SENTIMENT CHRETIEN DANS LES LOIS DE MANOU, LES CONSEILS DE BOUDDHA, ET LA BHAGAVADGITA » (5).

 

 

Nous devons encore en 1998 à un théologien jésuite B. Sénécal, un « Jésus le Christ à la rencontre de Gautama le Bouddha » (6).

 

 

Retenons enfin la publication en 1999 de l'ouvrage de Raphaël Liogier, enseignant à l'Institut d'études politiques à Paris (est-ce une bonne référence?) et chercheur à l'Observatoire du religieux de l'Université d'Aix-Marseille III « Jésus, Bouddha d'Occident » pour lequel  le christianisme serait un bouddhisme gréco-juif (7). L'ouvrage ne repose que sur des hypothèses ce qui est singulier pour un historien mais il ne faut pas s'en étonner connaissant la sous-jacence de cet Observatoire ouvertement gauchiste et islamophile.

 

 

Devons-nous voir dans ses liens entre ces religions une filiation directe ou le simple rappel de tout ce que peut ramener le règne de la saine morale de l'humanité ? Y a-t-il un lien direct entre les règles morales du bouddhisme et de l''évangile dont l'authenticité est la plus assurée, celle de Saint Mathieu et sa partie majeure, le sermon sur la montagne ?

 

 

Il y a en tous cas une certitude, c'est que s'il (je dis bien SI) y a eu passage du bouddhisme au christianisme, il s'est fait par les Esséniens, en quelque sorte le « châinon manquant », singulière frange du judaïsme, inconnue des écritures bibliques, apparue tardivement et rapidement disparue.

 

 

Qui étaient-ils ?

 

Avant la découverte des manuscrits de la mer Morte, ce que nous en savions se limitait pour l’essentiel, aux écrits de Philon d’Alexandrie, de Flavius Josèphe et de Pline l’Ancien, seul non juif, ce qui suffisait d'ailleurs à Voltaire en particulier d'affirmer péremptoirement qu'ils étaient les vrais représentants de la religion du Christ débarassée de sa gangue de dogmes conciliaires et d'excommunications et d'en faire des Luthériens du christianisme primitif.

 

 

Le premier à s'être penché en véritable historien, qu'il était est évidemment, Ernest Renan dans sa monumentale « Histoire du peuple d'Israël » en 1893 au vu de toutes ses sources qui dataient de l'antiquité. (8). Il les voit apparaître aux environ de 150 avant Jésus Christ. Leur disparition du fait essentiellement des persécutions romaines, se situe aux environs du Ier ou IIe siècle de notre ère. Pour lui, décrivant leurs mœurs et rites austères, ils donnent un « avant goût du christianisme ». Il se pose naturellement la question de savoir s'il n'y avait-il pas, dans cette apparition si originale, quelque influence étrangère qui expliquerait certains traits qui détonnent à première vue dans le judaïsme? Ces traits se réduisent au fond à bien peu de choses, et « presque toutes les particularités dont on a voulu chercher la raison dans le parsisme, dans le bouddhisme, dans le pythagorisme, proviennent, sauf peut-être la magie et l'angélologie, toujours d'origine persane, des fausses couleurs de Josèphe ou d'une germination naturelle du judaïsme ». Sa réponse est claire, pas d'antécédents bouddhistes.

 

Ce n'est pas dans le passé, c'est en avant qu'il faut chercher les parentés de l'essénisme. Renan a incontestablement le sens de la formule :

« Le christianisme est un essénisme qui a largement réussi ».

« L'esprit est le même, et certainement, quand les disciples de Jésus et les esséniens se rencontraient, ils devaient se croire confrères »...

 

«  Cette fois encore, il faut être très sobre de conjectures en ce qui concerne les emprunts directs »

 

 

Bonne leçon d'un historien de profession à l'historien du dimanche que je reste.

 

En ce qui concerne les Esséniens, une dissidence du judaïsme classique avide de pureté rituelle, la littérature est surabondante. Renan en fait des piétistes avant la lettre. Nous ne citerons que ce qu'en a dit Pline l'ancien dans la cinquième partie de son Histoire naturelle (17-73), ce qui a très largement été corroboré par la découverte à partir de 1947 des manuscrits de la Mer morte et de leur traduction :

 

 

 

« À l’occident (de la mer Morte), les Esséniens s’écartent des rives sur toute la distance où elles sont nocives. C’est un peuple unique en son genre et admirable dans le monde entier au-delà de tous les autres : sans aucune femme, et ayant renoncé entièrement à l’amour ; sans argent ; n’ayant que la société des palmiers. De jour en jour, il renaît en nombre égal, grâce à la foule des arrivants ; en effet, ils affluent en très grand nombre, ceux que la vie amène, fatigués par les fluctuations de la fortune, à adopter leurs moeurs. Ainsi, durant des milliers de siècles, chose incroyable, subsiste un peuple qui est éternel et dans lequel, cependant, il ne naît personne : si fécond est pour eux le repentir qu’ont les autres de leur vie passée ! Au-dessous des Esséniens fut la ville d’Engada (Engaddi), qui ne le cédait qu’à Jérusalem pour sa fertilité et pour ses palmeraies, mais devenue aujourd’hui un second bûcher. De là, on arrive à la forteresse de Massada, située sur le rocher, et elle-même voisine du lac Asphaltite. » (9)

Renan, avons-nous vu, ne fait qu'une brève allusion à une possible influence bouddhiste.

 

 

Les bouddhistes chez les Esséniens ?

 

Cette question a fait l'objet d'une très importante communication d'André Dupont-Sommer, orientaliste français qui a particulièrement étudié les manuscrits de la mer Morte, sur lesquels il a fait paraître à partir de 1959  plusieurs ouvrages importants comportant la traduction d'une grande partie des manuscrits connus à cette date (10). Ce ne sont plus des sources d'auteurs étrangers à la secte mais des documents internes aux Esséniens.

 

 

Une constatation préalable s'impose, les Esséniens pratiquent un judaïsme strict dont ils ne s'écartèrent pas. Renan parle à juste titre de piétisme.

 

 

Dupont-Sommer donne un aperçu des ouvrages d'érudition qui, dès le XIXe siècle font état de contacts entre les Esséniens et les bouddhistes. Ils furent de toute évidence en rapports étroits avec le zèle missionnaire de l'empereur Asoka qui s'étendait à la terre entière, non seulement vers l'asie orientale (Ceylan, Birmanie, prninsule indochinoise, Chine et Japon) mais aussi vers l'asie occidentale jusqu'aux rives de la méditerranée. Asoka, roi du Magadha et empereur de l'Inde entière se convertit au bouddhisme aux environs de 250 avant Jésus-Christ. Il fit graver dans tout son empire des inscriptions lapidaires pour le rappeler. Elles furent progressivement découvertes au XXe siècle dans le Pakistan occidental, en Afghanistan, en écriture indienne, araméene ou grecque. Dupont-Sommer en a publié et traduite plusieurs. Certaines font référence aux frontières de son empire avec celui du roi grec Antiochos, monarque séleucide et roi d'Antioche,

 

 

 

Ptolémée II, roi d'Alexandrie,

 

 

Magas, roi de Cyrène, Antigone Gonatas, roi de Macédoine, Alexandre de Corinthe... La bonne nouvelle fut donc colportée jusque dans les royaumes de la méditérranée orientale. Sont-ce les missionnaires d'Asoka qui ont semé jusqu'à la Palestine ce monachisme bouddhiste ? Cette vie communautaire perdura pendant trois siècle chez les Esséniens  et l'on retrouve sans difficultés ses commandements dans le sermon sur la montagne.

 

«  Le christianisme est un essénisme qui a réussi » écrivit Renan avons-nous dit, mais ce qui semble une boutade doit-elle être prise au pied de la lettre ? Nous ignorons tout de la vie cachée du Christ qui dura 30  ans en dehors de légendes transmises par les évangiles apocryphes ? Les évangiles n'en disent rien avant sa rencontre avec Jean-le-baptiste. Il ne coûte donc rien de dire qu'il fut en contact avec les Esséniens sans crainte d'être contredit.

 

 

Bouddhisme, Essénisme, Christianisme, les parallèles, les ressemblances et les coïncidences peuvent être troublants.

 

L'apparition des esséniens coïncide avec la période missionnaire d'Asoka, certes mais les parallèles, les ressemblances et les coïncidences n'impliquent pas toujours des relations entre elles.

 

L'un des meilleurs exemples de ces assimilations pseudo-historiques est l'ouvrage de l'occultiste théosophe Edouard Schuré qui continue à être réédité à l'attention des curieux d'étrangetés (11). Il a été traduit dans toutes les langues de l'univers et consacre un chapitre aux Esséniens, fruit d'une imagination débridée.

 

 

Nous ne retirons de ces explications, qu’une certitude, les missionnaires bouddhistes ont atteint les royaumes de la méditerranée orientale et ont de toute évidence rencontré les esséniens en Palestine. Il y a donc eu de toute évidence des interférences. Le Christ pour sa part connaissait les esséniens comme les autres franges du judaïsme, pharisiens et saducéens  et sa doctrine était plus proche de celle des esséniens que des autres.

NOTES

 

(1) Voir nos trois articles :

 

A 211- L’ÉGLISE CATHOLIQUE A-T-ELLE CANONISÉ PAR ERREUR BOUDDHA EN 1583 ?

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A 276 - LES JATAKA BOUDDHISTES (HYPERLINK "https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/10/a-276-les-jataka-bouddhistes-ont-ils-migre-vers-le-catholicisme.html"ชาดกHYPERLINK "https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/10/a-276-les-jataka-bouddhistes-ont-ils-migre-vers-le-catholicisme.html") ONT-ILS MIGRÉ VERS LE CHRISTIANISME ?

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A 375 - DES ENFERS BOUDDHISTES ÀHYPERLINK "https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2020/06/a-375-des-enfers-bouddhistes-a-l-enfer-des-chretiens-la-legende-de-phra-malai.html" L’ENFER DES CHRÉTIENS : LA LÉGENDE DE PHRA MALAI

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(2)  Charles Dollfus «  Considérations sur l'histoire : le monde antique » 

 

(3) Louis Jacolliot  « La Bible dans l'Inde – vie de Iezeus-Christna »,  1876

 

(4) Cornelis Petrus Tiele «  Histoire comparée des anciennes religions de l'Égypte et des peuples sémitiques », 1882.

 

(5) Ernest Zyromski « Le message oriental » 1933.

 

(6) B. Sénécal, « Jésus le Christ à la rencontre de Gautama le Bouddha » Identité chrétienne et bouddhisme, Paris, Cerf.

 

(7) Raphaël Liogier « Jésus Bouddha d'Occident » – Calman Levy, 24 mars 1999

 

(8) « Histoire du peuple d'Israël », tome V dans laquelle il consacre deux chapitres à la secte, chapitre VI « Les Esséniens » et chapitre VII « Avant-goût du christianisme » (pp.55-77).

 

(9) La traduction est celle que donne André Dupont-Sommer dans un article dont nous parlons plus bas :

« Ab occidente litora Esseni fugiunt usque qua nocent, gens sola et in toto orbe praeter ceteras mira, sine ulla femina, omni venere abdicata, sine pecunia, socia palmarum. in diem ex aequo convenarum turba renascitur, large frequentantibus quos vita fessos ad mores eorum fortuna fluctibus agit. ita per saeculorum milia – incredibile dictu – gens aeterna est, in qua nemo nascitur. tam fecunda illis aliorum vitae paenitentia est ! infra hos Engada oppidum fuit, secundum ab Hierosolymis fertilitate palmetorumque memoribus, nunc alterum bustum. Inde Masada castellum »

 

(10) « Essénisme et Bouddhisme » In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 124 année, N. 4, 1980. pp. 698-715;

 

 

(11) Edouard Schuré « Les grands initiés -esquisse de l'histoire secrète des religions : Rama, Khrisna, Hermès, Moïse, Orphée, Pythagore, Platon, Jésus 

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11 juillet 2021 7 11 /07 /juillet /2021 03:31

 

La tradition du bouddhisme Théravada qui est celui de la Thaïlande situe la naissance de Bouddha en 623 et sa mort en 543 av. J.-C. C’est à partir de l’année de sa mort que l’on compte les années. Nous sommes donc en 2564 (2021 + 543). Qu’en est-il exactement ?

 

 

Il est plus aisé de parler du bouddhisme que de Bouddha. D'un côté, nous avons  surabondance de textes et de commentaires échelonnés sur vingt-cinq siècles. En ce qui concerne la vie terrestre, les récits sont également surabondants et sont le plus souvent la narration de prodiges issus de l’imagination des narrateurs. Tous rivalisent de surenchères dans  l'hyperbole et en général l'invraisemblance.

 

 

L’historicité de Bouddha ne peut actuellement plus être mise en doute. Bouddha n’est pas un nom mais désigne celui qui  a atteint le stade le plus élevé de l’évolution spirituelle.

 

 

Il portait en réalité un nom de tribu et un nom de famille en dehors d’une multitude d’autres appellations générées par son éveil. Il appartenait à la vaste tribu des Sakya, dont la capitale était Kapilavatthu, située à la frontière de l’Inde et du Népal actuels. Il lui fut donc souvent attribué le nom de Sakya-muni, « le sage Sakya ». Son nom de famille était celui de son clan Gautama.

 

 

Disparu de l'Inde après le XI siècle, le bouddhisme n'intéressa plus les érudits indiens qui se consacrèrent à l’étude des Védas.

 

 

Ce sont les chercheurs européens qui rencontraient le bouddhisme à peu près partout sauf aux Indes, sous des formes variées selon les peuples et les latitudes qui s’intéressèrent au personnage.

 

 

Ce fut une des grandes occupations de l'Indologie à partir du XIXe et encore de nos jours après la découverte des langues sacrées, sanskrit et pali  au siècle dernier dans le monde érudit.

 

 

De cette volumineuse littérature, ils retirèrent plus qu’une biographie, une légende de Bouddha, les récits de ses vies antérieures, son enseignement oral et une multitude de commentaires. Monseigneur Pallegoix en donne un raccourci percutant : «  Dans les livres sacrés des bouddhistes,  on compte environ cinq cent cinquante générations ou histoires de Bouddha, qu'on dit avoir été racontées par lui-même; ce sont autant de contes ridicules qui représentent Bouddha tantôt comme naga ou serpent, tantôt comme roi des éléphants blancs, moineau, cigogne, singe, bœuf, tortue, cygne, lion, etc. Il a passé par les corps de toutes sortes d'animaux et surtout d'animaux blancs; mais toujours il a été à la tête de ceux de son espèce. Il a aussi été homme dans plusieurs de ses générations il a été ange dans les différents degrés des cieux. Il a même passé plusieurs milliers d'années dans les enfers; enfin il est né roi, et c'est dans cette condition qu'il est parvenu à la sainteté parfaite. »(1).

 

 

Les critiques occidentaux cherchèrent bien à aller plus loin, mais la question de la datation de la vie de Bouddha continua à se poser.

 

 

Sans entrer dans le détail, les traditions chinoises sont contradictoires entre elles,  tantôt de 1029 à 949 av. J.-C., tantôt de 958-878 av. J.-C., ou encore de  686  à 476 av. J.-C. Les Japonais ont d’autres sources, de 463 à 383 av. J.-C. Pour les Tibétains, les dates sont de 961 à 881 av. J.-C.

 

La lecture de quelques ouvrages provenant d’érudits indianistes ne m’a guère éclairé :

 

L’Encyclopédie du bouddhisme publiée en 1990 le fait mourir en 480 av. J.-C.  (2).

Entre 1029 et 950  av. J.-C. nous dit La Châtre (3).

Monseigneur Bigandet le fait mourir  en 437 av. J.-C. (4)

Sophie Egoroff nous dit qu’il vécut vers 390-320 av. J.-C. (5)

Le grand Emile Burnouf situe sa mort en 547 av. J.-C., opinion à laquelle se rallie Pierre Larousse dans son dictionnaire encyclopédique du XIXe siècle (6). 


Monseigneur Pallegoix pour sa part, qui s’est livré à une analyse méticuleuse du bouddhisme et de son histoire écrit : « D'après les calculs des bouddhistes, admis par la plupart des savants, Phra Codom serait né dans une ville de l'Inde appelée Kabilaphat, environ l'an 543 avant Jésus-Christ », mais il est probable qu'il ait confondu l'année de sa naissance et l'année de sa mort. (1)

 

 

L'époque de la mort de Bouddha est donc un point sur lequel ne s'accordent pas les diverses nations professant le Bouddhisme bien que notre tradition Théravada la situe à  peu après au milieu du sixième siècle avant notre ère. Si les Tibétains, les Mongols et les Chinois, placent cet événement plusieurs centaines d'années avant la date susmentionnée et malgré cette divergence, il semble difficile de ne pas adopter la chronologie des Bouddhistes du Sud que nous sommes. Les savants qui ont apporté un degré considérable d'attention à ce sujet, donnent une préférence à  cette opinion, en se rapportant  aux tables chronologiques de rois fournies par les Hindous et aux auteurs grecs qui fournissent indirectement une époque fixée et bien établie avec un degré suffisant de certitude. Après la mort d'Alexandre le Grand, Sélecus, un de ses lieutenants, obtint pour sa part toutes les provinces situées à l'est de l'Euphrate, dans lesquelles étaient inclus les territoires indiens conquis.

 

 

D'abord en personne puis par un ambassadeur, il entra en relations avec un puissant roi Indien, nommé Chandragoupta, qui avait le siège de son empire à Palibolra ou Patalipoutra.

 

 

Ce commerce eut lieu environ 310 ans avant Jésus-Christ. Les tables chronologiques Hindoues mentionnent le nom de ce prince aussi bien que celui de son petit-fils, nommé Athoka, qui, d'après le témoignage des auteurs hindous monta sur le trône de Palibotra 218 ans après la mort de Gautama. Les traditions et les anciennes inscriptions en sanskrit ou en pali ne laissent à peu près aucun doute sur le fait que Gautama mourut sous le règne d'Adzatathat, que les chronologistes Hindous placent le règne de ce monarque environ 250 ou 260 ans avant celui de Chandragoupta, contemporain de Séleucus.

 

 

Les étrangers et les indigènes situent donc la mort du maître durant la première partie du sixième siècle avant l'ère Chrétienne, ou au commencement de la quatrième partie du cinquième siècle, Une très érudite analyse de l'universitaire Srilankais Oliver Abeynayake,, titulaire de la chaire de Bouddhisme et de Pali à l'Université de Sri Lanka au vu d'études méticuleuses des inscriptions épigraphiques et des manuscrits Pali et Sanskrit recueillis par les Anglais lors de la colonisation de l'Inde et du Népal le conduit à retenir pour date de la mort de Bouddha celle de 544 avant notre ère. 543 ou 544 avant Jésus-Christ, l'erreur est dérisoire pour une religion qui a plus de 2500 ans (7).

 

Mais il se greffe une autre difficulté chronologique, c’est que nous situons toutes ces dates « avant Jésus-Christ » alors que nous ignorons toujours la date exacte de la naissance du sauveur de l'humanité ! Il a été depuis longtemps convenu que le premier millénaire avait débuté l'an 1 lui-même commençant l'année suivante la naissance du Christ au solstice d'hiver c'est à dire au 25 décembre. Or, il est acquis que le Christ n'est pas né quelques jours avant le début de l'an I. Tout autant que pour la date de la mort de Bouddha, les spécialistes se déchirent !

 

 

L'historicité du Christ n'est actuellement plus sérieusement mise en doute. Les historiens romains, Tacite ou Suétone, ont parlé de cet agitateur juif mis à mort sous le proconsulat de Ponce-Pilate et sous le règne de l'empereur Tibère. Les Romains ayant des historiens et une chronologie bien établie, commençant le 21 avril de la fondation de Rome en 753 avant notre ère. Or, il est une quasi-certitude historique, c'est que la naissance du Christ a eu lieu sous le règne du roi Hérode dont les historiens romains situent la mort en 749 de leur chronologie c'est à dire 4 ans avant la naissance du Christ.

 

 

Les autres évènements permettant de dater cette naissance donnent lieu à des interprétations contradictoires. Les parents du Christ s'étaient déplacés à l'occasion d'un recensement mais il y en eut plusieurs.

 

 

Les  mages sont venus probablement de Chaldée à l'occasion d'un phénomène astronomique mais il y en eut également plusieurs dans les années précédant la naissance du Christ (conjonctions de planètes ou comète).

 

 

Mieux vaut donc parler  « d'avant notre ère » laquelle a commencé en l'an UN puisqu'il n'y a pas d'année zéro pour les historiens à l'inverse des scientifiques (8).

 

Restons-en là et ne récrivons pas la longue chronologie de l'histoire du monde en faisant démarrer notre ère non à la date présumée de la naissance du Christ mais à sa date réelle qui se situerait entre -7 et -4 !

 

 

NOTES

 

(1) Monseigneur Jean-Baptiste Pallegoix «  Du royaume thaï ou Siam », à Paris, 1854,

(2) « Dictionnaire du bouddhisme », Encyclopédia Universalis, chez Albin Michel, 1990.

(3)« Le Grand dictionnaire Universel de La Châtre (1869).

(4)« Vie et légende de Gautama, le Bouddha des Birmans » (1878),

(5)« Bouddha-Cakya-Mouni, personnage historique qui a vécu vers 390-320 avant Jésus-Christ, premier sublime socialiste, sa vie et ses prédications, son influence bienfaisante sur la civilisation du monde entier » 1906.

(6) « Introduction à l’histoire du bouddhisme indien » (1876)

 

(7) Cette étude qui est destinée à déterminer la date exacte à laquelle Bouddha a atteint l'illumination a été publiée en 2011 et repose sur une impressionnante recherche épigraphique et bibliographique « The Emergence of Buddhism and the 2,600th Anniversary of the Buddha's enlightenment ». Il est numérisé:

https://www.academia.edu/8361561/The_Emergence_of_Buddhism_and_the_2_600_Oliver_Abenayaka

 

(8) On est donc dans l'histoire passé de l'an – 1 à l'an + 1. Le premier siècle d’un calendrier chrétien est l’intervalle de temps d’une durée de cent ans commençant en l’instant zéro qui n'est pas l'année zéro. Il s’étend donc de l’an 1 à l’an 100 inclus. Les siècles suivants s’étendent ainsi de l’an 101 à l’an 200 inclus, de l’an 201 à l’an 300 inclus, de l’an 301 à l’an 400 inclus, de l’an 401 à l’an 500 inclus... du 1er janvier de l’an 1801 au 31 décembre de l’an 1900 inclus, du 1er janvier de l’an 1901 au 31 décembre de l’an 2000 inclus. Nous sommes donc entrés dans le troisième millénaire le 1er janvier 2001, et non le 1er janvier 2000 contrairement à tout ce qui a été claironné à l'époque. Quand Arthur C. Clarke écrit « 2001, l'Odyssée de l'espace », il choisit pour la date de son intrigue... la première année du troisième millénaire.

 

 

 

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