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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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10 février 2022 4 10 /02 /février /2022 06:34

 

 

 

Ce  monument, impressionnant par sa taille, 21,50 mètres de hauteur sur un socle circulaire de 10,50 mètres auquel on accède par deux marches, Devenu monument historique en 1949, il a été entièrement refait en 2006. Il est magnifiquement sculpté et peint de couleur vermillon. La balançoire se compose de deux grands mats en teck légèrement inclinés vers intérieur et réunis au somme par une traverse sculptée.

 

Il est situé au cœur de la vieille ville de Bangkok, n'apparait guère dans les guides touristiques au titre de la foultitude de monuments « qu'il faut avoir vus ». Le guide vert de Michelin, le meilleure guide en français sur le pays se contente de nous dire qu'il était autrefois au cœur d'une cérémonie brahmanique et qu'il porte – ce qui est exact – le nom de « grande balançoire ». Le Guide Lonely Planet donne tout aussi brièvement les mêmes observations. Le Guide du Routard n'y voit aucun caractère religieux ce qui démontre – si besoin était - l'incommensurable inculture de se rédacteurs !

 

 

 

Une version plus plausible et surtout plus sérieuse – en fait l'une de ces portes sacrées que l'on trouve en Asie bouddhiste, notamment au Japon et qui signifie qu'elles marquent le passage vers le spirituel et l'entrée dans un lieu sacré (1). Il existe effectivement une ressemblance étonnante entre cette porte dite « balançoire » et ces portes sacré du Japon bouddhiste mais l'explication n'est pas là comme nous allons le voir.

 

 

 

 

 

 

 

Ce monument était au cœur d'une cérémonie singulière d’ailleurs bien antérieure à sa construction. Elle porte le nom de cérémonie royale de Triyamphawaitripawai (พระราชพิธีตรียัมพวาย ตรีปวาย), des mots tirés du sanskrit. Le monument porte le nom officiel de Sao chingcha (เสาชิงช้า) ce que l'on peut traduite par « les piliers de la balançoire » ou sous le nom populaire de Lo chingcha (โล้ชิงช้า) ce qui signifie à peu près « pousser la balançoire ». Les cérémonies actuelles se déroulent entre la place Isuan (สถานพระอิศวร) - Isuan est tout simplement le nom local de Shiva

 

 

– et la place phra maha wikhanesuan (สถานพระมหาวิฆเนศวร). Wikhanesuan est le nom thaï du dieu Ganesh à tête d'éléphant.

 

 

Cette céréonie longtemps spectaculaire n'avait guère été étudiée de façon sérieuse avant que ne le fasse H. G. QUARITCH WALES en 1931 (2) qui annonçait d'ailleurs le fin de son aspect le plus spectaculaire, la fameuse balançoire géante.

 

Elle fut en tous cas inconnue des visiteurs européens des XVII et XVIIIe siècles. Notre anglais a pu assister aux cérémonies et a puisé par ailleurs à des sources sûres, notamment l'ouvrage du Roi Chulalongkorn, « Les cérémonies des douze mois » (3)

 

 

et une source plus ancienne remontant à l'époque de Sukhothai, « L'histoire de la princesse Nabamasa » (4).

 

 

Le monument proprement a été construit en 1784 par le roi Rama Ier alors que la cérémonie proprement dite, purement brahmanique, existait déjà à l'époque de Sukhothai et Ayuthaya. Il voulait en faire le symbole de sa nouvelle capitale au centre de la ville en utilisant la balançoire au cœur d'une cérémonie pratiquée par les brahmanes depuis l'Antiquité

 

 

 

 

 La cérémonie se déroulait au cours du deuxième mois lunaire (เดือนยี่), le mois Yi mais initialememt au cours du premier, le mois Ay (เดือนอ้าย). Les raisons et la date de ce changement sont inconnues.

 

 

Ce n'était pas seulement une importante cérémonie d'État à Bangkok et dans les anciennes capitales, Ayuthaya et Sukhothai mais elle était autrefois pratiquée dans les autres grandes villes du royaume. À Nakhon Sri Thammarat (นครศรีธรรมรา) dans le su, la balançoire est toujours en place, mais il n'y a actuellement plus de cérémonie d'État.

 

 

La cérémonie n'a rien de bouddhiste, elle est brahmanique. Une fois par an en effet, le Dieu Shiva (ou Isuan – พระอิศวร) descend sur terre visiter le monde et il y reste 10 jours le septième jour de la lune croissante et le quitte le premier jour de la lune décroissante. Le Dieu doit attendre que les gardiens des clefs du ciel lui en ouvrent la porte. Or, traditionnellement, Shiva est un Dieu jovial qui aime s'amuser. Ainsi le le balancement et les acrobaties qui accompagnent la cérémonie religieuse sont conçus pour son divertissement. Au contraire, Vishnou (พระวิษณุ), qui arrive sur le jour Shiva part et ne reste que cinq jours, est d'une disposition plus placide. tranquille et retirée. En conséquence, il n'est honoré que par les rites accomplis chaque nuit par les brahmanes dans le temple qui lui est dédié.

 

 

Shiva est reçu avec éclat, attendus par d’autres créatures célestes, le Soleil, la Lune, la Terre et le Gange représentés par les panneaux sculptés que les brahmanes fixent devant les pavillons d'où Shiva jouira du balancement. Pour cette cérémonie, le roi nomme un noble pour représenter Shiva, et pendant que dure la fête, il bénéficie de droits presque illimités sur certains revenus de l'État. Il était, en fait, un roi temporaire ou un Dieu temporaire !

 

Selon la version du roi Chulalongkorn, la cérémonie se serait développée sous le règne du roi Naraï (พระนารายณ์) qui aurait été plus brahmanisme que bouddhiste. 

 

 

Le septième jour de la lune décroissante, le matin, la procession de Shiva part du temple bouddhiste de Vat Rajapurana (วัดราชบูรณะ) en longeant les remparts de la ville, jusqu'à la balançoire. Le Dieu venait d'arriver au monde.

 

 

Selon QUARITCH WALES, le sens d'un rituel compliqué échappait déjà aux siamois modernes qui n'y voyaient qu'une occasion d'assister au spectacle du balancement. À l'occasion de la fête en effet, une immense planche était suspendue sur la traverse au moyen de cordes. Avant l'arrivée du cortège, les brahmanes effectuaient le balancement proprement dit, nous lui devons l'une des très rares photographies où apparaissent quatre joueurs (?) ce balancement aurait pour but de conjurer le sort ? Sur un bambou accroché sur l'un des mats était suspendu des sacs contenant des pièces d'or qu'il s’agissait de décrocher au passage, tout cela pour amuser Shiva. Les accidents mortels étaient fréquents ce qui conduira à l'interdiction de partie de cette cérémonie en 1935 !

 

 

La coutume ancienne voulait que le roi reste dans son palais pendant la cérémonie mais c'est le roi Rama IV qui y rajouté des modifications purement bouddhiste et assista aux cérémonies. Il ajouta des prières purement bouddhistes en préalable aux rites purement brahmanistes. N’oublions pas que pour certains, Bouddha aurait été l'un des multiples avatars de Vishnou ?

 

 

QUARITCH WALES, voyait dans cet ensemble de cérémonies des rites d'origine solaire en référence à des cérémonies purement indiennes et védiques de balancement qui seraient également d'origine solaire ? Son explication est plausible, puisqu'en effet la cérémonie a lieu approximativement à l'époque du solstice d'hiver, la période où le soleil, ayant terminé sa course vers le l'hémisphère sud, tourne à nouveau vers le nord. Par ailleurs le balancement est effectué d'est en ouest, la direction de la course du soleil .Les danses enfin qui accompagnent le balancement symboliseraient la révolution du soleil à l'occasion de son retour dans l'hémisphère nord.

 

QUARITCH WALES décrit sur plusieurs dizaines de pages la partie ludique de la cérémonie, destinée à amuser le Dieu  mais aussi la partie purement religieuse et brahmanique.

 

Je n'en ai trouvé que deux vieux films, l'un daté de 1904

https://www.youtube.com/watch??v=HTDYbAfIyGs&ab_channel=ไร้ตัวตน๒๕๐๐

et l'autre du règne de Rama VII sans autre précisionet l'autre du règne de Rama VII sans autre précision

 

 

 

 

Une autre explication nous est donnée sur une page Wikipédia en thaï : https://th.wikipedia.org/wiki/พระราชพิธีตรียัมพวาย_ตรีปวาย

Selon la tradition indienne, après que le Dieu Brahma (พระพรหม), maître de l'univers ait créé le monde terrestre, il envoya Shiva pour contrôler son œuvres.

 

 

Des nagas s'enroulèrent autour des montagnes pour maintenir la terre en place. Lorsque Shiva eut estimé que la construction était inébranlable, il renvoya les Nagas dans leur monde souterrain. La cérémonie en aurait été une reconstitution, les piliers représentant les montagnes et la base circulaire, la terre et les mers ? Nous avons déjà rencontré Shiva et Vishnou, Voilà la troisième divinité de la sainte trinité hindouiste (trimurati - ตรีมูรติ), les trois Dieux créateur . protecteur et destructeur.

 

 

Je me garderai bien à titre tout à fait personnel de me lancer sur le terrain dangereux et semé d’embûches d'une interprétation différente de celles-ci.

 

QUARITCH WALES remarque sans aller plus avant que la cérémonie se déroule aux environs du solstice d'hiver. C'est aléatoire s'il s'agit de la cérémonie du deuxième mois lunaire, l'écart avec le solstice est à mon avis trop important (5). J'ai ainsi relevé pour le deuxième mois les écarts suivants : du 20 décembre au 18 janvier - du 27 décembre au 25 janvier – du 31 décembre au 29 janvier – du 8 janvier au 6 février - du 10 janvier au 8 février.

 

Par contre pour le premier mois lunaire au cours duquel se déroulait initialement la cérémonie, j'ai relevé les dates suivantes : du 21 novembre au 19 décembre - du 28 novembre au 26 décembre - du 2 décembre au 30 décembre - du 10 décembre au - 7 janvier - du 12 décembre au 9 janvier – du 31 décembre au 29 janvier.

 

Or, le solstice d'hiver survient selon les années le 20, 21, 22 ou 23 décembre donc au cours du premier mois lunaire. C'est le moment où le soleil, vu de la Terre, atteint sa position la plus septentrionale. Il a survécu à ses jours les plus noirs, les plus courts et il va continuer à nous éclairer, chaque jour un peu plus. Cet événement, car c’en est un, se déroule autour du 21 décembre et il est fêté depuis la nuit des temps dans toutes les civilisations. De nos jours, on appelle cette fête Noël.

 

Chez les Celtes, les Vikings, chez les Perses et les Hindous, le solstice d’hiver (comme celui d’été qui marque le jour le plus long de l’année) est fêté comme il se doit : durant des semaines ! Mais c’est à Rome que nous allons nous arrêter. Là-bas, durant l’Antiquité, la fête se nomme Les Saturnales et célèbrent le dieu Saturne.

 

 

Jésus est-il né un 25 décembre ? Personne n’en saura jamais rien. Ce qui est certain, c’est que la fête chrétienne s’installe sur les cendres des célébrations liées au solstice d’hiver.

 

Il y a trois divinité suprêmes chez les hindouistes et un Dieu mais en trois personnes chez les chrétiens, faut-il n'y voir qu'un hasard ?

 

 

L'un des Dieux indouhiste descend sur terre à l'époque du solstice d'hiver et l'une des divinitésd chrétienne naquit sur terre à la même époque, faut-il n'y voir qu'un hasard ? Ou ces hasards proviennent-ils d'une tradition primordiale ?

.

.

 

NOTES

 

 

  • 1 - Voir l'article de Katalin Puskas Khetani «  The Sacred Asian Gate Tradition in Europe (Symbolic Crossings from the Mundane to the Sacred) » in Academia Letters, juin 2021, Article 1335 numérisé : https://doi.org/10.20935/AL1335.

  • 2 - SIAMESESTATE CEREMONIES THEIR HISTORY AND FUNCTION par Horace Geoffrey Quaritch Wales, publié à Londres en 1831.

Quaritch Wales a fait ses études à Cambridge. Il fut conseiller de Rama VI et Rama VII 1924 à 1928. Son ouvrage est une toujours une référence fondamentale y compris pour les Thaïs.

  • 3 - พระราชร้อย จุฬาลงกรณ์ : พิธีกรรมของ สิบสองเดือน écrit en 1838.

L'ouvrage est numérisé sur le site de la Bibliothèque Vajirayana :

https://vajirayana.org/พระราชพิธีสิบสองเดือน/พระราชพิธีเดือนอ้าย

  • 4 - เรื่องของนางนพมาศ : Le texte original a été reconstitué en 1914.

    L'ouvrage est également numérisé :

    https://board.postjung.com/998755

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