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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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31 juillet 2022 7 31 /07 /juillet /2022 02:35

 

 

Les paysans du nord-est  pratiquent le bouddhisme Théravada  qui, au cours des siècles, s'est tellement mêlée au brahmanisme et aux éléments d'un animisme antérieur qu'il est impossible de séparer les éléments purs de chacun. Le bouddhisme et le brahmanisme sont devenus si étroitement liés qu'ils sont indiscernables pour le paysan. Les croyances animistes, si importantes dans la vie quotidienne du paysan, s'est infiltré dans la pratique bouddhique, envahissant même le temple. Afin d'accumuler des mérites pour sa vie dans l'au-delà, le villageois se tourne vers le bouddhisme ; pour se protéger dans son monde actuel, le paysan se tourne vers la multitude d'esprits bons et mauvais qui affectent chacune de ses entreprises.

 

 

Quelques chiffres sur les temples bouddhistes

 

Sur la base du recensement de 1937, De Young estime par extrapolation qu’il y avait en 1950 18.000 temples bouddhistes dans tout le pays. Il ne donne pas de ventilation pour le nord-est. Ils auraient été occupés par environ 400.000 moines ou novice. Rappelons qu’il y avait à cette époque environ 18 millions d’habitants dans le pays dont un tiers dans le nord-est.

Aujourd’hui, mais ces chiffres sont à prendre avec précaution, provenant essentiellement de sites thaïs dont la fiabilité n’est pas toujours assurée :

En 2004, il y aurait 33.902 temples theravada en activité (c’est à dire comportant des moines) le pays comportant alors 60 millions d’habitants. Ils abritaient 365.140 moines et novices à travers le pays, 267.300 moines et 97.840 novices. Ce sont les chiffres  donnés par la hiérarchie officielle (ธรรมะไทย) sur son site Internet. Les temples considérés comme n’était plus en activité le sont faute de moines ce qui ne signifie pas qu’ils soient à l’abandon notamment les jours de fêtes bouddhistes, notamment les temples khmers.

Quelques chiffres ne sont pas sans intérêt même s‘il y a des divergences avec ceux donnés plus haut :

2004 341.687 moines pour 33.902 temples

2005 340.535 moines pour 34.331 temples

2006 313.267 moines pour 34.654 temples

2007 328.288 moines pour 35.271 temples

2008 321.604 moines pour 35.616 temples

2009 333.876 moines pour 36.412 temples

2010 349.627 moines pour 37.075 temples

2011 352.709 moines pour 37.331 temples

2012 355.295 moines pour 37.713 temples.

Ils signifient qu’en 8 ans, on a construit plus de 3800 temples et que le nombre des moines a été augmenté de plus de 14.000.

 

Si l’on tient compte de tous ceux qui ont rejoint les paradis bouddhistes, il y a donc eu de nombreuses ordinations. Il faut évidemment tenir compte de l’augmentation de la population, un tassement, c’est évident  mais il n’est pas certain non plus qu’il y ait véritablement dégringolade ? Par ailleurs, ces chiffres restent aléatoires. Les novices ne deviennent pas tous moines, les moines ne le restent pas tous leur vie durant puisqu’ils peuvent facilement quitter la robe safran (sauf les abbés) et l’on ignore dans ces chiffres le nombre des moines temporaires, un séjour de trois mois en saison des pluies que tout garçon se doit de suivre et en outre lors d’un décès, un séjour dans la robe safran et le crâne rasé que pratiquent toujours aujourd’hui les proches d’un défunt, fils, petit fils ou époux.

 

 

Par ailleurs, si l’on construit toujours des temples, la raison en est simple, les fidèles gagnent plus de mérites pour leur vie future en participant à une construction plutôt qu’à une simple réfection. Construction ou réfection,

 

 

Dans les 20 provinces du nord-est, on enregistre aujourd’hui 11.911 temples dans leurs 16.000 villages. Je ne cite les chiffres que de trois provinces : Khonkaen : 1279 temples 16 phrathat – Kalasin : 670 temples   5 phrathat et Nakohnphanom : 660  temples et 49 phrathat. Je m’en explique.plus bas.

 

 

Le rôle des abbés dans les « superstition ».

 

Lors des cérémonies importantes, telles que les funérailles le jour n’est jamais fixé sans consulter le abbé du temple  local qui fait des calculs lunaires pour s'assurer une date propice qui varie en fonction du cycle lunaire selon le mois, l'année et le cycle de naissance de chacun. Un jour de malchance pour un homme né l'année de la chèvre n'est peut-être pas un jour de malchance pour un homme né l’année du Chien.

 

En novembre, mars et juillet, le mardi est considéré comme un jour de malchance alors que pour les neuf autres mois, il se peut qu'il n'en soit pas ainsi. Certaines dates précises sont chanceuses ou propices, comme le treizième, quatorzième et quinzième jour de chaque mois. La détermination des jours de chance et de malchance est si complexe que seul le les moines avec leurs livres d'astrologie et leurs cartes peuvent faire les calculs corrects. Dans presque tous les incidents de la vie quotidienne, le cycle du zodiaque animal et le calendrier lunaire seront consultés. Certaines combinaisons animaux-années apportent le bonheur dans le mariage, d'autres combinaisons le voueront à l'échec. Une femme née l'année du Rat, par exemple, ne doit pas épouser un homme né l'année du Chien, si l’on souhaite un mariage heureux. Ce qui n’est que superstitions diront les esprits forts persistent dans le nord-est et ne sont pas en déclin.

 

 

Les pèlerinages  purement bouddhistes

 

Si j’ai parlé des trois provinces ci-dessus, de leurs temples et de leurs Phrathat, c’est que trois d’entre eux au moins attirent des foules immenses et plus encore lors des fêtes bouddhistes. La Phrathat, c’est un chédi, un reliquaire contenant les reliques en général d’un saint homme et parfois de Bouddha lui-même.

 

De tous les temples, le plus vénéré est depuis toujours le Phrathat phanom sur les rives du Mékong dans la province de Nakhonphanom. Il est sans conteste depuis toujours le lieu le plus vénéré du nord-est. Construit depuis des siècles, probablement aux alentours de 1690, longuement décrit par les premiers explorateurs du Mékong, il était à l’origine un simple tertre. Au fil des années, des constructions furent édifiées en superposition tant et si bien qu’il s’effondra en 1975 puis immédiatement reconstruit en son état actuel. Il contient des reliques de Bouddha lui-même, des os de sa poitrine, qui aurait séjourné dans la région où il a laissé de saintes empreintes.  Il reçoit tous les jours des centaines de dévots, des dizaines et des dizaines de milliers les jours de fêtes bouddhistes, beaucoup venus du Laos.

 

 

Il est un autre Phra That en Isan qui contient des reliques corporelles également  contemporaines de quelques années seulement après la mort de Bouddha. qui abriterait également des reliques ensevelies peu après celle de That Phanom : Dans la province de Khonkaen, dans le district de Namphong (น้ำพอง) dans l’enceinte du wat chedi phum (วัดเจดีย็ภูมิ) se situe un chedi particulièrement vénéré, le Phra That de Khamken (Phra That Kham Kaen - พระธาตุ ขามแก่น). Son histoire est également légendaire mais son existence assuré depuis au moins le XVIIIe siècle, : Le lieu situé au cœur du nord-est, reçoit depuis toujours au quotidien de longues théories de pèlerins des environs pour lesquels il est plus facile d’accès que That Phanom. Ils sont des milliers les jours de fêtes bouddhistes.

 

 

L’histoire du Phrathaphanom chamlong (พระธาตุพนมจำลอง)  ce qui signifie tout simplement la copie du. Phrathaphanom est plus singulière. Il est situé dans le district de Huaymek et la province de Kalasin. Il est une véritable maquette reproduisant fidèlement et en taille réduite Phrathaphanom. Le 8 février 1977, s’est tenu un concile de moine à Phrathatphanom présidée par l’abbé du temple. La question était de savoir si les reliques de Thatphanom pouvaient être divisées. Il fut répondu par l’affirmative et le temple de ThamPhithak  (วัดธรรมพิทักษ์) fut choisi. Le 10 février 1981, le 6e jour du 3e mois lunaire, se déroula la cérémonie de la pose de la première pierre. Très fréquenté par les habitants de la région de par sa proximité sa construction est trop récente pour qu’il draine les foules de son modèle.

 

 

Les habitants du district de Huai Mek considèrent le jour de la 6ème lune croissante du 3ème mois lunaire chaque année comme le jour de départ de la célébration de la célébration jusqu'à aujourd'hui.

 

L’on vient dans ces trois lieux de culte solliciter la protection de Bouddha et l’accomplissement de miracles bien que Bouddha a toujours nié avoir des dons de thaumaturge mais les paysans du nord-est ont la foi du charbonnier

 

 

Le culte  des nagas, du brahmanisme au bouddhisme

 

Le Naga dans les croyances thaïes est le patron de la fertilité et est toujours représenté comme une divinité puissante dans les peintures murales et la sculpture et un certain nombre de traditions qui relient les mythes hindouistes des Nagas au bouddhisme. Ils sont omni présents de chaque côté de l'escalier d'un temple où ils sont censés servir de porteurs conduisant les fidèles à travers le cycle de l'existence.

 

 

Ces créatures semi-divines vivent dans le monde inférieur et Ils sont aussi souvent associés aux plans d’eau, rivières, fleuves ou puits, comme ceux du Mékong dont des représentations géantes dominent la rive droite du fleuve.

 

 

Les Nagas en particulier ont protégé Bouddha de la pluie pendant qu'il mditait : La sixième semaine après l'Éveil, il était assis sous un arbre, au bord d'un lac. Un violent orage éclata et la pluie fit peu à peu monter dangereusement les eaux. Le Naga Mucilinda, roi des nagas, sortit du lac, enroula ses anneaux sous le corps du bouddha et déploya ses capuchons heptacéphales (à sept têtes) en éventail au-dessus de lui pour le protéger de la pluie durant tout le temps que dura l'orage. Le bouddha, perdu dans sa méditation, les yeux clos, resta dans cette position jusqu'à la fin de l'orage, ignorant du danger qui le guettait. Ces créatures semi-divines qui vivent dans le monde inférieur et peuvent parfois prendre forme humaine ou s’accoupler avec les humains. Ils sont aussi souvent associés aux plans d’eau, rivières, fleuves ou puits, comme ceux du Mékong dont des représentations géantes dominent la rive droite du fleuve.

 

 

Nous les retrouvons associés au bouddhisme dans des temples du nord-est ou l’on croit dur comme fer à leur existence. Ils reçoivent les pélerins qui viennent en foule sans que l’on puisse exactement savoir s’ils viennent révérer le maître ou les nagas ou les deux mais plutôt les nagas.

 

Il existe dans la province d’Udonthani une forêt de palmiers taraw, appelée « le palais du Naga de Khamchanot » (วังนาคินทร์คำชะโนด) dans l’enceinte du temple de Kham Chanot (Wat khamchanot – วัดคำชะโนด).

 

 

Une légende transmise par une longue tradition orale et locale rapporte l’existence d’une quelle entre plusieurs nagas qui demandèrent l’arbitrage du Dieu Indra pour créer une route pour relier le monde céleste, le monde terrestre et les entrailles de la terre. Indra autorisa alors la création de trois points de passage : le premier se trouve au Phrathat Luang à Vientiane (พระธาตุหลวง), aujourd’hui le lieu le plus sacré du bouddhisme lao.
 

 

La seconde voie se trouve au temple de Nong Khanthaesueanam aux Indes (หนองคันแทเสื้อน้ำ).  La troisième voie est à Khamchanot devenu l’un des lieux les plus célèbres du bouddhisme dans la province d’Udonthani. Wat Kham Chanot est célèbre car la croyance que les offrandes faites aux Nagas permettent d’obtenir des miracles est permanente chez tous les visiteurs. Ils peuvent aussi révéler aux fidèles les bons numéros de la loterie nationale. A l’approche des jours de tirage, le 1er et le 16 de chaque mois, la foule afflue ainsi que les vendeurs ambulants de tickets de loterie. Disons pour être honnête que l’affluence est importante aussi les jours de fêtes bouddhistes

 

 

 

Le temple de Phra Phuttabat Manorom

 

Le Wat Roi Phra Phutthabat Phu Manorom dans le district de Mukdahan. (วัดรอยพระพุทธบาทภูมโนรมย์) est un lieu de culte bouddhiste très ancien autour d'une empreinte du pied de Bouddha. Avant que ne soit entreprise la construction d'une gigantesque représentation du Naga, précisons qu'il est dominé aujourd'hui par une statue de Bouddha qui est l'une des plus grandes du pays. La construction en fut décidée en 2011 à l'occasion du septième cycle du Roi Rama IX le 5 décembre de cette année-là.

 

 

La construction de la reproduction tout aussi gigantesque du Naga fut entreprise ensuite, 122 mètres de long, 20 mètres de haut et 1,5 mètre de diamètre. Elle repose sur une légende locale : construisant une digue pour se protéger des débordements du fleuve, les habitants aperçurent un Naga de couleur sombre d'environ 30 mètres de long, qui, les voyant, se précipita dans une grotte. Les villageois pensèrent alors que la grotte était reliée au Mékong car ils y découvrirent des vestiges de bateaux et de nombreux trésors, une image de Bouddha en or, des pousses de bambou dorées, des lingots d'or, des bijoux et des pièces de monnaie. Plusieurs villageois cupides ramenèrent certains de ces objets chez eux, mais une fois arrivés à la maison, tout ce qu'ils avaient emporté se transforma en pierre. Le Naga demanda ensuite à être ordonné après avoir été éclairé par Bouddha lui-même. Ce n'était pas possible car un Naga est un animal et non un être humain et ne peut réciter les incantations. Un jour, un énorme prunier jambolan s'effondra, bloquant l'entrée de la grotte. Les villageois pensèrent que c'était un signe de la détermination du Naga de pratiquer la méditation sans se distraire du monde extérieur. Il fut dès lors considéré comme le successeur et le dépositaire des principes bouddhistes. Entre 2012 et 2018, fut édifiée la statue. Les témoignages relatifs à des vœux exaucés par le Naga et non Bouddha se sont largement répandus sur la toile ! Le plus connu est celui d'un villageois qui gagna le gros lot à la loterie, il devint viral sur les réseaux sociaux puisqu'il affirma que cela s'était produit par l'intervention du Naga. Les témoignages relatifs à des vœux exaucés se sont largement répandus sur Internet ! Le plus connu est celui d'un villageois qui gagna le gros lot à la loterie, il devint viral sur les réseaux sociaux puisqu'il affirma que cela s'était produit par l'intervention du Naga. Les visiteurs s’y rassemblent pour y prier et gagner une bonne fortune. Une zone spéciale pour présenter les offrandes a été prévue et les fidèles sont invités à suivre tout un rituel. Ils doivent d'abord préparer un plateau contenant du bétel et de l'arec, des bâtons d'encens, des bougies et des rubans rouges. Ensuite, ils doivent prier en marchant sous le ventre du Naga divisé en petites sections à des fins différentes, par exemple, la chance, la santé, le travail, l'amour. Après cela, ils allument des bougies et des bâtons d'encens et écrivent leurs vœux sur le ruban rouge, qu'ils nouent autour des arbres :

 

 

Dernier pélérinage aux nagas enfin, cette fois ci, il n'y a presque plus rien de religieux.

 

Les nagas cracheurs de boules de feu

 

 

Les boules de feu crachées par le Naga (บั้งไฟพญานาค - Bangfai Phayanak littéralement les fusées du roi des Nagas) sont très célèbres en Isan et au Laos. Le Mékong est l’endroit où la magie s’opère, et l’une des parties les plus intéressantes de ce phénomène est qu’il semble se produire à un moment donné de l’année… juste au bon moment. Quoi qu’il en soit, les boules de feu ont été observées par beaucoup de gens pendant des années, certains en ont compté parfois plus d’un millier en une seule nuit. Elles sont rougeâtres et varient considérablement en taille. Selon certains observateurs elles peuvent atteindre la taille d’un ballon de basketball même si la plupart d’entre elles sont plus petites. Elles s’élèvent apparemment de la rivière dans le ciel et parcourent une distance de 100 à 200 mètres avant de disparaître. Ce phénomène n’est pas nouveau ; les habitants disent qu’ils l’ont constaté tout au long de leur vie, et les histoires signalant leur présence ont traversé les générations depuis des millénaires. Personne n’a jamais été blessé par les boules de feu ; il n’y a jamais eu non plus de dommages matériels. Les boules de feu arrivent seulement vers la fin du mois d’octobre de chaque année. Il n'y en a aucune explications scientifiques plausible. Il est une explications religieuse : Beaucoup croient - c'est le seule élément bouddhiste - que le Nâga tire ces balles en l’air pour célébrer la fin du carême bouddhiste.

 

La manifestation annuelle n'apparait que dans la province de Nong Khai et celle de Bungkan tout au long du Mékong sur environ 20 kilomètres à une seule période de l'annés. Elle est évidemment visible de l'autre rive du Mékong. Toujours est-il que les manifestations de ce géant du Mékong drainent à cette péridoe de l'année des centainres de milliers de spectateurs.

 

 

LES RITES ANIMISTES

 

Ils perdurent dans le nord-est liès pour une grande partie au monde rural.

 

Les rites pour appeler la pluie

 

Tous ces rituels n’ont pas disparu, l’un d’entre eux est devenu attraction touristique, les autres sont restés plus confidentiels, l’un d’entre eux a disparu pour des raisons qui nous semblent évidentes.

 

Le festival des fusées/

 

 

Le « Festival des fusées » (Bun Bangfai - บุญบั้งไฟ) reste une tradition toujours vivace, le rituel le plus connu, dans l’ensemble des provinces du nord-est et plus particulièrement celle de Yasothon où il perd au moins pour partie son caractère de rituel magique pour devenir un spectacle touristique sinon commercial. A l’origine, il est une probable offrande au Dieu de la pluie, Phraya Thaen (พระยาแถน), qui n’a pas sa place dans l’hagiographie bouddhiste ! Il s’agit donc probablement d’un très vieux rituel animiste bien antérieur au bouddhisme. Leur envoi vers le ciel a-t-il une influence sur la possibilité qu’elles fassent tomber la pluie. . On continue au XXIe siècle en Europe à envoyer vers les nuages des fusées à l’iodure d’argent.

 

 

Le Boudha noir thaumaturge de Kalasin

 

Une cérémonie traditionnelle venait de la province de Kalasin (ฏาฬสินธุ์) : le « temple du milieu de la ville » (วัดหลางเมือง – Wat Klangmuang) ainsi nommé parce qu’il se situe au cœur même de la ville, abrite une très vénérée statue de Bouddha noir appelée « Luang Pho Ong Dam » (หลวงพ่อองค์ดำ).

Son caractère miraculeux se manifesta lors de son installation en 1894 en déclenchant une pluie miraculeuse. Les miracles se multiplièrent : Il fut invoqué par les couples stériles. En cas de sécheresse, tous les villageois faisaient défiler la statue en ville pour appeler la pluie. Dès que la statue sortait du temple, le ciel se couvrait et la pluie tombait. La procession se déroulait lors des fêtes de Songkran ou en cas de sécheresse. La cérémonie ne se pratique plus de nos jours semblant avoir été interdite par le Sangha ?

La question des miracles attribués à Bouddha est en totale contradiction avec la réponse que celui-ci, sollicité de faire des miracles, aurait faite : « je les déteste, les rejette et les méprise ». A-t-il accompli des miracles de son vivant ? Il n’y en a pas eu de témoignages directs. On connaît le bouddhisme beaucoup mieux que Bouddha. Ceux qui lui sont attribués ont été inclus dans des sutras des siècles après sa disparition. Si la question divise les savants érudits et exégètes du bouddhisme, une foule de paysans y croient avec la foi du charbonnier.

 

 

La procession de la chatte

 

Un autre rituel, magique assurément, est propre à la province de Chaiyaphum mais se retrouve dans bien d’autres régions de l’Isan, Khorat en particulier. A l'occasion d'une séchersse, tout un village se mit alors à prier le Dieu de la pluie. Il apparut soudain portant un grand panier contenant une grosse chatte. La population fut stupéfaite : « Que ceux qui veulent la pluie me suivent et que les autres rentrent chez eux. Nous allons passer devant toutes les maisons du village, chacun prendra un verre d’eau et le versera sur la chatte ». Ainsi firent-ils, et bientôt les pluies commencèrent. Peut-on trouver une quelconque logique dans cette cérémonie d’aspersion de ce malheureux animal ? Pourquoi une femelle et pas un mâle ? Probablement parce que la femelle est symbole de fertilité. Comme chacun sait, les chats sont, de tous les animaux domestiques, ceux qui détestent le plus l’eau. Quand il pleut, si un chat est mouillé, il miaule à mort. Ces miaulements brisent alors les nuages et tombe la pluie ! Cette cérémonie ne paraît pas avoir perduré autrement que sous son aspect folklorique..

 

 

La mort du cobra royal

 

Ce rituel existait encore au milieu du siècle dernier et me semble avoir aujourd’hui totalement disparu tant en raison de son danger que de son caractère sanguinaire et éventuellement sacrilège. Il met en scène le cobra royal (งูจงอาง - ngu chongang) un animal certes impressionnant mais qui, comme la plupart des animaux, n’attaque l’homme que lorsqu’il est attaqué ou pense qu’il va l’être. Il n’est pas agressif et évite la confrontation. Il est omniprésent en Thaïlande dans les forêts, les montagnes ou les plaines mais loin de l’agitation des lieux habités. Par ailleurs, ovipare, il est le seul serpent qui construit un nid pour y déposer des œufs. La femelle se love autour de broussailles sèches (feuilles de bambou en général) et en les resserrant, créant un cercle grâce à son grand corps, elle obtient alors un amas de branchages arrondi qui se réchauffe en se décomposant, ce qui assure aux œufs une température stable. Elle pond entre 20 et 40 œufs au printemps, deux mois après l'accouplement ; les œufs mettent entre 60 et 80 jours pour éclore. La mère couve, mais elle quitte le nid peu avant l’éclosion car les cobras royaux sont cannibales par instinct, y compris à l’égard de leus congénères. La mère le sait et veut ainsi éviter de manger sa progéniture d’autant que, couvant depuis deux mois, elle n'a pas mangé et est affamée. Le mâle pour sa part garde le nid jusqu'à l'éclosion des petits, patrouillant dans une vaste zone alentour. Les cobras royaux restent en couple monogame depuis l’accouplement jusqu’à l’éclosion des œufs. Que ce soit la mère lorsqu’elle couve ou le père qui monte la garde autour du nid, ils sont irritables et agressifs et peuvent alors attaquer sans avoir provoqués. Ce rituel est probablement le fruit des constatations des paysans de certaines régions de l’Isan depuis des siècles. Certains attribuent la sécheresse à la faute du cobra royal : Il est capable de manger ses œufs mais seulement en période de sécheresse ? Quand il ne pleut pas, ils pensent que le cobra a fait cesser les pluies pour que ses œufs éclosent ? Le serpent doit donc être tué avant que les pluies ne commencent. Il ne faut évidemment pas chercher là une quelconque logique scientifique ! Mais le rituel nécessite une main d’œuvre abondante et audacieuse : Un homme monte un cheval et traverse les champs à la recherche d’un nid de serpent et des œufs lorsque la mère vient de la quitter avant l’éclosion, repéré par le père qui patrouille. Lorsqu'il a trouvé, il doit prendre un œuf dans le nid, n’oublions pas qu’il est surveillé par le père attentif à sa progéniture. En même temps, d'autres ont fait sur un grand feu bouillir une marmite d’eau. L’homme à cheval se précipite suivi par le serpent qui veut récupérer son œuf, soit pour le manger soit par sollicitude paternelle ? S’il réussit à échapper au cobra, arrivé près du feu, il y jette l’œuf, le serpent saute dans la marmite dans laquelle il finit ainsi tristement ses jours ! Et enfin les pluies vont commencer. Il faut, admettons-le, une certaine dose de courage sinon d’inconscience pour provoquer deux animaux (père et mère) susceptibles de se déplacer en tant que de besoin à 35 kilomètres/heure, rendus fous-furieux comme tous les animaux dont on attaque la progéniture, que ce soit une poule ou un éléphant. Qui peut avoir l’audace de plonger la main dans un nid de cobra pour y voler un œuf ? Ce rituel autrement plus féroce que l’arrosage d’un chat noir nous laisse perplexe d’autant que le bouddhisme ne considère pas le cobra comme un animal maléfique, bien au contraire puisqu’il est considéré comme un symbole et un objet de vénération. Ne voit-on pas parfois, lorsqu’un cobra se hasarde à traverser une route, une file de véhicules arrêtés pour lui laisser terminer sa course ? Il a d'ailleurs le mérite d'être friand de souris ce qui protège les greniers à riz. Faut-il voir dans cette cérémonie féroce la subsistance de très anciennes croyances incontestablement animistes ou chamaniques venues de la nuit des temps et bien antérieures à l’indianisation de la région ? Si ce rituel était encore présent dans les mémoires il y a quelques dizaines d’années, ce ne pouvait être que dans des régions totalement à l’écart de bouddhisme, probablement dans des zones tribales ?

Ainsi donc ces rituels font arriver la pluie et nos paysans de l’Isan auront suffisamment de nourriture pour manger pendant un an. Et s'ils ne réussissent pas ???

 

 

La mère du riz, les rites de fertilité.

 

 

Mae Phosop (แม่โพสพ) parfois appelée « la déesse du riz » est connue depuis des époques lointaines. Dans le nord-est elle est appelée khosok (โคสก) ou encore sueana (เสื้อนา) ou suearai (เสื้อไร่). . Est-ce une déesse, un génie tutélaire, une créature céleste ou un esprit ? Considérons-là comme la mère du riz, et nous l’appellerons Mae Phosop dans cet article, ce qui nous évitera d’entrer dans des discussions théologiques byzantines. On ignore totalement l’origine du nom phosop, peut-être était-ce celui de l’une des femmes d’Indra ? C’est une belle jeune femme aux cheveux longs sertis d’un diadème, en position accroupie, tenant une gerbe de riz dans la main droite et parfois un sac de riz dans la main gauche. Elle porte une robe thaïe à l'ancienne, avec un foulard enroulé dans le style traditionnel autour de la poitrine, une extrémité chevauchant l’épaule gauche jusque sous l’épaule droite. Elle est assise sur une estrade dont les côtés comportent généralement des représentations de fleurs de lotus et de poissons. Lors des cérémonies lui rendant hommage, c’est ainsi que se vêtent les jeunes filles qui la représentent.

 

 

Le riz est un aliment proprement sacré : Jusqu'à une époque récente, probablement dans les années 50, les Thaïs se devaient de rappeler à leurs enfants qu’en prenant leur repas, composé pour l’essentiel de riz et de condiments, ils devaient manifester leur respect envers cette nourriture. Il était alors indécent de ramasser un grain de riz tombé sur le sol. Le riz non consommé à la fin du repas ne devait pas être jeté mais replacé dans la marmite au-dessus du riz en train de cuire ou être mis à sécher au soleil pour ensuite être éventuellement utilisé comme chapelure. Ainsi séché, il pouvait aussi être utilisé comme un aliment que les Thaïs consommaient lorsqu’ils partaient en voyage, l’emportant avec eux dans ce panier que nous connaissons bien !

 

Avant de commencer le repas, le chef de famille devait fabriquer une boule de riz et la déposer sur le sol pour nourrir les oiseaux et les fourmis en signe du respect que nous devons à tous les êtres vivants. C’est pour cette raison que l’on ne devait pas ramasser un grain de riz tombé à terre par mégarde. Il faut peut-être y voir une survivance du vieux rite indouiste du Shraddha passé au bouddhisme, qui consiste à donner de la nourriture aux dieux et aux ancêtres. Le repas terminé, les assistants se devaient de faire le salut traditionnel du waï (ไหว้) pour remercier Mae Phosop de leur avoir procuré ce repas. Ces coutumes étaient encore vivaces dans le Thaïlande profonde dans les années 50 mais il en subsiste des traces. Les habitants pensaient qu’il y a une divinité du riz nommée Mae Phosop, qui veille à la survie de l’humanité. Tous ceux qui vivent de la terre doivent l’adorer car elle leur donnera santé et richesse. Celui qui ne l’adore pas en souffrira. Il subira la faim et la maladie et sera harcelé par la pauvreté. Celui qui la respecte doit être attentif, soit en récoltant, soit en battant, à ce qu’aucun grain ne se répande sur le sol. Il sera alors heureux et riche. S’il n’est pas attentif, s’il laisse ses rizières piétinées par les bêtes ou envahir par l’eau, Mae Phosop se mettra en colère et lui refusera son soutien. Si son riz est de qualité médiocre, il doit en demander pardon à Mae Phosop. Si l’on nourrit des animaux avec du riz cru ou bouilli, il ne doit pas être versé sur le sol mais placé par respect dans un récipient. Ne pas le faire et l’éparpiller sur le sol est un manque de respect envers Mae Phosop. Elle en tiendra rigueur au responsable. Le vol de riz étaiit considéré comme un acte gravissime et nul ne s’y risquait.

 

Chaque fois qu'une quantité de riz était sortie de la grange, pardon doit être demandé à Mae Phosop.

 

Quand les plants de riz commençaient à sortir de terre, on disait que Mae Phosop était enceinte. C’est alors qu’il fallait pratiquer dans le champ la cérémonie du tham khwan khao (ทำขวัญข้าว). Il s’agissaitt alors de renforcer le khwam, l’esprit vital que tout être vivant, homme, animal ou arbre, a intrinsèquement dans son corps. Ainsi, lorsque le riz commençait à sortir de terre, un moment difficile dans la vie de la plante. La cérémonie de tham khwan khao va lui redonner force ; elle est donc nécessaire. Un jour propice devait être choisi pour son exécution généralement un vendredi de trois à cinq heures de l'après-midi. Une banane mûre coupée en petits morceaux, une orange ou tout autre agrume, quelques petits morceaux de canne à sucre étaient placés dans une tasse composée de feuilles de bananier appelée krathong (กระทง).

 

 

Cette coupe était placée dans un chaleo ou chalio (เฉลว ou ฉลิว).  On en voit toujours dans les rizières. Ce sont littéralement les yeux du bonheur. C’est une sorte de panier en bambou à mailles ouvertes souvent attaché au cou. Dans ce chaleo seront posés un peigne, de la poudre de toilette et une pommade parfumée pour les cheveux. N’oublions pas en effet que Mae Phosop est une femme ! Tout cela va être accroché au sommet d'un petit poteau planté dans le champ en offrande à Mae Phosop. Le rituel n’est toutefois pas terminé : Le paysan prélève ensuite une petite quantité de poudre de toilette et de pommade parfumée et les étale ensuite sur la feuille d’un plant de riz, puis la peigne comme s'il coiffait les cheveux de Mae Phosop. Il demandait alors à Mae Phosop enceinte que ses offrandes soient gage de prospérité et le mette à l’abri du danger. Cette installation, en dehors de son but rituel, aviat pour but pratique d’avertir que le riz allait sortir de terre et que les passants devaient prendre soin de ne pas laisser leurs buffles, vaches ou autres animaux domestiques entrer dans le champ. On trouve encore aujourd’hui des chalio plantés au bord des champs.

 

 

Après la récolte, il pouvait rester quelques épis dans le champ. Ils étaient alors soigneusement rassemblés en hommage à l’esprit de Mae Phosop. Celui qui les rassemblait s’écriait « Oh Mae Phosop, s'il vous plaît venez et restez dans ma grange. Ne restez pas dans le champ pour que vos épis soient rongés par les souris ou picorés par les oiseaux. Venez donc dans un endroit paisible nourrir vos enfants ». L’invitation, faite après le battage, était accompagnée d’offrandes de riz bouilli, d'œufs de canard bouillis, de bonbons et de fruits, ni viande ni poisson, nourriture d'une personne sacrée ou ordonnée, pas nécessairement un moine bouddhiste. Il s’agissait probablement de l’écho d’un végétarisme hindou ? Après cette offrande, tout ce qui restait dans la rizière et sur l'aire de battage était ramassé et conservé dans un sac ou un panier. On l’appelait le riz de Mae Phosop.

 

On confectionnait alors une poupée faite de paille de riz mélangée avec les épis de riz récoltés sur le terrain comme déjà mentionné. Elle n’était pas vêtue. Elle représentait Mae Phosop, elle-même et était conservée dans la grange familiale. On lui offrait souvent aussi deux pièces de tissu, l'une utilisée comme vêtement inférieur pour la partie inférieure du corps et l'autre comme écharpe pour envelopper la partie supérieure. Ces deux pièces de tissus étaient étalées sur l'aire de battage et la poupée est placée au-dessus pour signifier que Mae Phosop avait revêtu de nouveau vêtements.

 

Lorsque le riz était entreposé dans la grange, rien ne devait en être sorti ni pour la vente ni pour la consommation, sauf les jours propices et avec l'observation de cérémonies appropriées. En général, le fermier réservait une certaine quantité de riz pour sa propre consommation avant qu’il ne soit stocké dans la grange. Si le riz devait en être retiré, quelques tasses étaient d'abord mesurées avant qu’il ne soit consommé  ou vendu. La personne qui mesurait le riz ne devait pas être un homme né l'année du rat ou l'année d'autres animaux qui mangent du riz comme le cheval, le porc ou la vache.

 

Lorsque venait l’époque des semailles, la poupée de Mae Phosop et son riz étaient sortis de la grange. La poupée était cérémonieusement détruite, le riz des épis dans la poupée et le riz de Mae Phosop étaient mélangés avec les autres graines à semer. C’était le gage d’une future bonne récolte. La destruction de la poupée, l’esprit des grains, semble bien être le rappel des anciennes coutumes des sacrifices humains dont le sang répandu sur le sol devaient assurer sa fertilité avant les semailles.

 

Elle n'est pas à proprement parler, une créature céleste ce qui la différencie fondamentalement de la déesse hindouiste du riz Dewi Sri  qui est non seulement déesse du riz mais déessse mère. Il faut probablement y voir la survivance d'un rituel animiste antérieur au bouddhisme. Son culte, même simplifié existe encore dans le nord-est.

 

 

Les « génies protecteurs » (ขวัญ).


 

 

Il est une croyance animiste primitive qui a survécu selon laquelle dans chaque personne, il y a un khwan (ขวัญ) que nous traduisons, faute de mieux, par « génie tutélaire » ou « génie protecteur ». Ce concept n’a pas disparu de la mémoire collective des populations de la Thaïlande profonde. De nombreux sites Internet lui sont toujours consacrés.

 

Peut-on le définir ?  C'est une chose immatérielle, sans substance, censée résider dans le corps physique d'une personne. Quand il est là, la personne jouit d'une bonne santé et du bonheur. S'il quitte le corps, la personne sera malade ou subira des effets indésirables. Un bébé qui a facilement peur, aura un khwan avec les mêmes effets : Si son khwan prend peur, il s'envolera dans une région sauvage et ne reviendra pas tant qu'il n'aura pas retrouvé sa nature normale. S’il ne revient pas, le corps devient celui d’un Phi (un esprit). À mesure que le bébé grandit, le khwan deviendra également plus fort. Il sera plus solide et plus ferme de tempérament comme la personne dans le corps de laquelle il demeure.

 

Le khwan ne se limite pas aux êtres humains.

 

Nous le retrouvons dans les arbres, les animaux et les objets inanimés utiles à l’homme, qui ont des khwans individuels. Par exemple: un éléphant, un cheval, un buffle ou un bœuf, le poteau d'une maison, une charrette à bœufs, une rizière et même une ville, ont chacun un khwan. Nous sommes loin de la conception pyramidale, occidentale et traditionnelle du monde : les roches qui sont, les plantes qui sont et qui vivent, les animaux qui sont, qui vivent et qui ont des sentiments, et les êtres humains qui sont, qui vivent, qui ont des sentiments et qui possèdent l'intelligence.

 

La construction d'une maison traditionnelle était en bois. La partie considérée comme la plus importante était le premier pilier (เสาเอก) appelé « pilier-khwan » (เสา ขวัญ). Les villageois observaient tout un rituel relatif à la sélection de l'arbre et à son implantation. Les piliers sont maintenant en béton mais le rituel demeure en général béni par le Chaman.

 

 

Les arbres utiles ont un esprit féminin appelé « la nymphe des bois » (nang-mai – นางไม้) et les arbres sans intérêt utilitaire et sans valeur économique, comme le pipal ou le banyan, même s'ils sont par ailleurs sacrés, ont un esprit masculin appelé « ange (masculin) de l'arbre » (rukha thewada –).

 

 

La croyance généralisée est que l'esprit demeure dans l'arbre, même une fois abattu. Il n'est donc pas souhaitable d'utiliser des arbres provenant de différentes forêts comme poteaux de la maison, car les esprits féminins qui y résident, venant de différentes localités, se querelleraient naturellement entre eux et il n'y aurait pas de paix pour les occupants. Il en est de même pour un char à bœufs ou une pirogue qui ont un esprit comme les poteaux de maison.

 

Une rizière a donc une « mère du riz » (mae khao – แม่ข้าว) ou encore maekhwankhao (แม่ขวัญญข้าว) ou maephosop, qui est un khwan. Il faut lui demander pardon avant de moissonner la récolte. De même une ville a son esprit tutélaire qui est aussi un khwan.

 

Le khwan était probablement l’âme dans son sens premier ? La négation par le bouddhisme de l'existence d'une âme individuelle permanente n'a pas totalement brisé cette vieille croyance animiste.

 

***

 

Le bouddhisme thaï contemporain ne manque pas de nous étonner. Religion sans dieu créateur mais les représentations des dieux du panthéon hindouistes sont omni présentes dans tous ses temples. Religion sans créatures célestes, les phi (traduit sommairement par esprits fastes ou néfastes) sont toujours omni présent et nagas, garudas, kinaris se retrouvent en permanence dans l’art religieux. Pays dans lequel le monarque doit constitutionnellement être bouddhiste mais où les rites de son ordination sont brahmanistes. Religion sans thaumaturge, Bouddha s’est toujours refusé à accomplir des miracles mais on vient en permanence lui demander d’en accomplir, réussite à un examen, exemption de service militaire ou gain à la loterie

 

 

 

SOURCES


Les reliques et leurs temples


A 253- DES RELIQUES DE BUDDHA  ET DE LEUR BON USAGE.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/02/a-253-des-reliques-de-buddha-et-de-leur-bon-usage.html

 A 251- LA LÉGENDE DU TRÉSOR ENFOUI  DU PHRA THATPHANOM SUR LES RIVES DU MÉKONG, LE LIEU LE PLUS SACRÉ DU BOUDDHISME DANS LE NORD-EST.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/03/a-307-la-legende-de-phra-that-panom-le-temple-du-respect-symbole-de-l-identite-du-nord-est-de-la-thailande-isan-et-du-laos.html

A 307 – ประวัติศาสตร์พระธาตุพนม - LA LÉGENDE DE PHRA THAT PANOM : « LE TEMPLE DU RESPECT » - SYMBOLE DE L’IDENTITÉ DU NORD-EST DE LA THAÏLANDE (ISAN) ET DU LAOS.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/03/a-307-la-legende-de-phra-that-panom-le-temple-du-respect-symbole-de-l-identite-du-nord-est-de-la-thailande-isan-et-du-laos.html

 A 280 - LA VILLE DE KHONKAEN EN ISAN (NORD-EST DE LATHAILANDE).

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/11/a-280-la-ville-de-khonkaen-en-isan-nord-est-de-lathailande.html

 

Les nagas

 

A 240 - LES MYSTÉRIEUX NAGAS DU MÉKONG CRACHEURS DE BOULES DE FEU.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2017/09/a-240-les-mysterieux-nagas-du-mekong-cracheurs-de-boules-de-feu.html

A 411- LES NAGAS DE KHAM CHANOT

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2021/01/a-411-les-nagas-de-kham-chanot.html

A 396 – LES REPRESENTATIONS GEANTES DES NAGAS DANS LA PROVINCE DE MUKDAHAN, ENTRE PIETE ET COMMERCE

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2020/10/a-396-les-representations-geantes-des-nagas-dans-la-province-de-mukdahan-entre-piete-et-commerce.html

 

Rituels chamanistes

 

A 233 - LE FESTIVAL DES FUSÉES EN ISAN, RITUEL MAGIQUE OU TECHNOLOGIE D’AVANT-GARDE POUR PROVOQUER LA PLUIE ?

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2017/07/a-233-le-festival-des-fusees-en-isan-rituel-magique-ou-technologie-d-avant-garde.html

A 299- LES RITES D’OBTENTION DE LA PLUIE EN ISAN (NORD-EST DE LA THAÏLANDE)

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/01/a-299-les-rites-d-obtention-de-la-pluie-en-isan-nord-est-de-la-thailande.html

A 402- MAE PHOSOP, แม่โพสพ, LA « DÉESSE » DU RIZ.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2020/11/a-402-mae-posop-la-deesse-du-riz.html

 A 216- LES « YEUX DU BONHEUR » EN BAMBOU TRESSÉ.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2016/06/a-216-les-yeux-du-bonheur-en-bambou-tresse.html

A 401- LES « GÉNIES PROTECTEURS » (ขวัญ) : UNE SURVIVANCE ANIMISTE DANS LA THAÏLANDE PROFONDE.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2020/11/a-401-les-genies-protecteurs-une-survivance-animiste-dans-la-thailande-profonde.html

 A151. EN THAILANDE, NOUS VIVONS AU MILIEU DES "PHi"

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/article-a150-nous-vivons-au-milieu-des-phi-en-thailande-123529919.html

A 331- LE CHAMANISME TOUJOURS PRÉSENT DANS LE BOUDDHISME DE L’ISAN.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2019/09/a-331-le-chamanisme-toujours-present-dans-le-bouddhime-de-l-isan.html

 


 


 


 

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