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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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Pourquoi ce blog ?

  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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Merci d’être venu consulter ce blog. Si vous avez besoin de renseignements ou des informations à nous communiquer vous pouvez nous joindre sur alainbenardenthailande@gmail.com

16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 04:05

9. Les relations franco-thaïes : 

L’abbé François-Timoléon de Choisy ? Ange ou démon ?

 


abbe-choisy-en-femmebLa vision de Pierre Larousse qui lui consacre dans son Grand Larousse du XIXème une longue notice est très éloquente sur le personnage :

« Il reçut une éducation tout à fait efféminée qui devait nécessairement le rendre impropre aux grandes choses et développer en lui ces idées de galanterie et d’élégant libertinage qui nous ont valu tant de madrigaux et de fleurette. Choisy fut donc un abbé de Cour, et même autre chose, une coquette qui avait mille fois plus de goût pour les mouches et les rubans, mille fois plus de désir de plaire que les coquettes de profession... »

Travesti, dévoré par la passion du jeu, croqueur d’héritages, voyageur au long cours, prêtre dévot, académicien tout à la fois.

 

Il nait à Paris le 16 août 1644  où il meurt le 2 octobre 1724.Sa famille est de récente noblesse de robe. Il est dernier fils de Jean de Choisy, un conseiller d’État, intendant du Languedoc, chancelier de Gaston d'Orléans, et de Jeanne-Olympe Hurault de L'Hospital (qui  est une petite-fille de Michel de L'Hospital et surtout une intime de Marie de Gonzague, reine de Pologne). 

Le petit Timoléon, très vite orphelin de père, reçoit une éducation singulière. Sa mère joua son rôle chez les « précieuses » du XVIIème. Elle est mondaine, élégante, spirituelle, légère et frivole, elle l'habille en fille, poudre, fards, mouches et diamants... et ce jusqu’à l’âge de dix-huit ans, pour faire sa cour à la reine Anne d'Autriche et l’introduire dans l'entourage du jeune frère de Louis XIV.

Le ciel l’a pourvu d’une jolie figure, il joue le jeu. Il s’initie aux joies troubles du travesti que partage « Monsieur ». Il étudie avec plus ou moins de passion la théologie en Sorbonne de 18 à 22 ans, étude, au terme desquels il obtient le titre d'abbé et les revenus temporels liés à l'abbaye de Saint-Seine en Bourgogne. Sa mère lui disait : « Écoutez, mon fils ; ne soyez point glorieux, et songez que vous n'êtes qu'un bourgeois. Je sais bien que vos pères, que vos grands-pères ont été maîtres des requêtes, conseillers d'État; mais apprenez de moi qu'en France on ne reconnaît de noblesse que celle d'épée. La nation, toute guerrière, a mis la gloire dans les armes: or, mon fils, pour n'être point glorieux, ne voyez jamais que des gens de qualité »

Abbé de cour, abbé mondain, il se pare de splendides robes, de diamants et de mouches pour séduire des jeunes personnes délurées qu'il habille en garçons. Se faisant appeler la « Comtesse de Barre », il est protégé du scandale et des poursuites par son amitié avec le frère du roi. Jusqu’à quel point ? Il ne craint pas de dire « j’avais des amants à qui j’accordais de petites faveurs, fort réservé sur les grandes ». Libre à chacun d’interpréter à sa façon ! Il est fort probable en tous cas que d‘une liaison avec une actrice, il ait eu une progéniture. Il est en outre pris par le démon du jeu.

 

 

Dès la mort de sa mère, en 1669, le jeune abbé (mais il n’a pas encore reçu les ordres) aggrave ses habitudes et transforme sa soutane en toilette de femme à la mode. Il règle rapidement la question d’héritage avec ses trois frères en se contentant de ses bijoux. Si Louis XIV ne fait pas encore profession d’une dévotion rigide, il lui fait tout de même savoir son mécontentement. Il part alors en Italie où il continue ses turpitudes de plus belle ce qui ne l’empêche pas d’être à Rome le conclaviste du Cardinal de Bouillon quand le Pape Innocent IX fut élu ! A Venise, il se ruine au jeu. En 1683, il trouve son chemin de Damas. A l'approche de la quarantaine, il tombe soudain malade et frôle la mort. Une fois guéri, décidé à changer de vie, il se retire un an au séminaire des Missions étrangères, rue du Bac sur les instances de l’abbé de Dangeau. Il publie alors en 1684 en collaboration avec celui-ci son premier ouvrage : Quatre dialogues sur l’immortalité de l’âme, l’existence de Dieu, la providence, la religion.

L’ abbé de Choisy au Siam

ab-de-choisy-2La publication de ces pieux ouvrages ne lui suffit pas ! Il veut se montrer ardent propagateur du catholicisme. Il demande alors au Roi de faire partie de l’ambassade de Siam, l’ambassade est pourvue, on crée donc pour lui le titre de coadjuteur. Fuyait-il ses créanciers de jeu ? Possible. Possible aussi que dans l’hypothèse de la conversion du Roi Naraï, Louis XIV ait voulu adjoindre à Chaumont une personne ayant quelques connaissances théologiques ?

L’ambassade de Siam a été organisée dans la foulée de la révocation de l’Edit de Nantes et l’abolition du code noir sur l’abolition de l’esclavage en 1685 ce qui explique que ni lui ni Chaumont ne relatent leurs acquisitions d’esclaves que raconte Nicolas Gervaise qui n’avait pas de motifs d’avoir ces pudeurs (Histoire de Macassar). Bien que le code noir n’ait pas eu beaucoup de diffusion et ait été publié après le départ de l’ambassade, il est peu vraisemblable que l’ambassadeur et son « coadjuteur » l’aient ignoré aussi ont- ils préféré omettre cet achat dans leurs écrits !

Parti pour d’autres aventures au sein de la fastueuse ambassade du très Chrétien Louis XIV, il est ébloui par l'exotisme de ce lointain royaume, et toujours pris de ferveur religieuse, s'y fait ordonner prêtre par Louis Laneau, évêque de Métellopolis, le 10 décembre 1685.

De tous les mémoires des participants à cette expédition, seul le pétillant texte de Choisy sera un succès de librairie : de 1686 à 1690, de nombreuses éditions à Paris et Amsterdam et une après sa mort en 1741, et toujours encore aujourd’hui. On admire dans son texte l’ironie et le naturel, jamais il ne prend la position d’un membre de l’ambassade où son rôle fut modeste mais où il a su se créer la fonction de coadjuteur qui n’a jamais existé que pour lui.

Le succès lui ouvre une nouvelle carrière, littéraire celle-là. Dans son cabinet, toujours habillé en femme, il découvre alors le bonheur d'écrire : livres d'histoire, ouvrages édifiants.


Il a connu une période voluptueuse, une parenthèse missionnaire, le voilà homme de lettre.

elephants-ayutthayaIl rédige, toujours habillé en femme jusqu’à l’âge de quatre-vingts ans, un certain nombre de travaux historiques et religieux, nous lui devons ainsi une Interprétation des Psaumes avec la Vie de David, en 1687, un Recueil de plusieurs pièces d'éloquence et de poësie présentées à l'Académie française pour les prix de 1687, donnés jour de S. Louis de la mesme année, avec les discours prononcés le mesme jour (par MM. l'abbé de Choisy et de Bergeret) à la réception de M. l'abbé de Choisy en la place de M. le duc de Saint-Aignan, toujours en 1687, La Vie de Salomon, la même année, une Les Pensées chrétiennes sur divers sujets de piété, en 1688, une volumineuse Histoire de France sous les règnes de Saint Louis… de Charles V et Charles VI, publiée entre 1688 et 1695 etc... sans compter une gigantesque histoire de l'Église publiée entre 1703 et 1723 en 11 volumes. La somme en la matière était – et reste – l’ « Histoire ecclésiastique » de Fleury. Comparant les deux ouvrages, une langue de vipère en a dit « l’histoire de Choisy est fleurie, celle de Fleury est choisie. » Lui même n’est pas dupe, il sait l’art des bons mots  et  écrit à propos de ce pavé : « Grace à Dieu,  j’ai terminé mon histoire de l’église, je vais maintenant pouvoir l’étudier ! » Une autre langue de vipère en a dit « le dernier tome se ressent de l’âge avancé dans lequel il l’a écrit ! ». Il a un sens de l’humour au second degré qui fait ma joie : débiteur à l’égard d’une marquise d’une somme de 50 louis d’or perdue au pharaon ou au tric trac, il lui envoie les 11 volumes de son histoire « pour la faire patienter ».

 

  La littérature ne retiendra guère de lui que sonJournal du voyage de Siam fait en 1685 et 1686 !

Il est élu à l’académie française en 1687 au 17ème siège où l’on retrouvera Émile Littré, Louis Pasteur et Jacques-Yves Cousteau. Son discours de réception ne mérite pas d’être rapporté, il n’est qu’un panégyrique de la politique de Louis XIV à l’égard des protestants et un monument de flagornerie. Pas mieux au demeurant que son éloge prononcé par son successeur, un austère magistrat du nom d’Antoine Portail qui n’a laissé aucune trace dans la littérature.

scene-de-siamIl y eut de son vivant un « mini » scandale à l’académie : La Bruyère fut candidat dès 1691, appuyé par le parti des « Anciens » contre les «  modernes ». Elu en 1693, il prononça son discours de réception un mois plus tard et se singularisa en louant, comme le veut la tradition, le Cardinal de Richelieu et le corps qui le recevait mais aussi sous forme de portraits des membres qui l’avaient soutenu. Certains académiciens qui n’avaient pas été cités dans le panégyrique prirent ombrage de ce traitement inégalitaire. La maladresse de La Bruyère fut aggravée  par la  publication d’une longue Préface à son discours, qui entretenait la polémique, à la suite de quoi l'Académie décida qu'un nouvel article serait ajouté aux statuts, obligeant le récipiendaire à soumettre son discours à une commission d'académiciens, avant de le prononcer. 

Choisy meurt octogénaire, doyen de l'Académie française, en 1724. Au soir de sa vie, il gardait sa bonne humeur et, bravant les tabous, confiait à sa plume alerte Les Aventures de l'abbé de Choisy habillé en femme. L’ouvrage posthume lui est attribué à tort ou à raison.

Il a vécu plusieurs vies, homme, femme, toujours dans les extrémités, plongé ou dans la bagatelle ou dans le jeu ou dans les études. Estimable par un courage qui l’a conduit au bout du monde et méprisable par des coquetteries de petite fille. Dans tous ces états, il s’est toujours laissé guider par le plaisir. Aimé et estimé de tous, il aurait pu parvenir, né aux marches du trône, à une brillante fortune s’il avait eu meilleure conduite. « Dieu ne me l’a pas permis, je me serais perdu dans les grandes élévations et d’ailleurs à la mort, j’aurais eu à en rendre un plus grand compte. Je n’aurai qu’à répondre de moi» 

 

 

 

 




 

 

 

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11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 04:27

Le Comte de Forbin


armoiriesforbinParmi les personnages ayant participé à cette folle épopée, Forbin n’est pas l’un des moins attachants. Une vie hors du commun, même pour un hobereau du règne de Louis XIV. A 30 ans, commandant en chef des armées du Roi de Siam ! Des mémoires écrites avec le recul et la sagesse de la vieillesse et une vision négative (ou réaliste ?)

 

« Bon sang ne peut mentir » ..........

Ou l’incroyable histoire d’un corsaire provençal.

 

D’or à un chevron d’azur accompagné de trois têtes de léopard de sable, posées deux en chef et une en pointe

Etrange dans ce monde que l’on croit généralement réservé aux malouins et aux bretons, un corsaire et plus encore.


I - Les origines

Les origines de la famille sont incertaines :

Les généalogies complaisantes donnent à toutes les branches une origine commune, les seigneurs de Forbes, premiers barons d'Ecosse.

Plus vraisemblablement, un ancêtre commun, Guillaume, simple peaussier « descendu » de Langres à Marseille, conduira la famille, au terme d’une lente ascension sociale, fréquente sous l’ancien régime, de l’artisan au commerçant puis à l’armateur, de l’achat d’une « savonnette à vilain » (charge vénale anoblissante) à l’achat d’un régiment, de mariages flatteurs en mariages flatteurs et voilà en quelques générations la famille, enrichie dans le négoce, fut-ce celui des esclaves, agrégée à la noblesse immémoriale. Un détail singulier, on ne trouve point chez eux ce fat orgueil qui conduisait souvent les aristocrates d’ancien régime à s’inventer des ascendances prestigieuses : Dans leurs jours de modestie, tous les princes italiens descendent de Jules César, les Lévis sont les cousins de la Sainte Vierge et les Mortemart furent les seigneurs de la mer morte. Antoine, dernier marquis de Forbin-La Barben, mort dans les années 60 disait volontiers que l’origine de son patronyme était tout simplement  « forban » ce qui en tous cas correspond fort bien à notre personnage !

 

II - Le grand Palamède

 

Première entrée d’un Forbin dans l’histoire de France, Palamède.  Dûment

chapitré par Louis XI, l’ « universelle aragne », à son instigation, le Comte du


Maine, Charles IV d’Anjou, comte de Provence et de Forcalquier institua la couronne de France pour son héritière. A la mort de Charles, en 1508 Palamède pris possession de la Provence au nom de Louis XI qui lui laissa le gouvernement comme Gouverneur et grand sénéchal de Provence, ses nouveaux domaines, avec un pouvoir presque absolu (qu’il lui reprendra six mois plus tard) en lui disant « tu m’as fait comte, je te fais roi », parole dont la famille a fait sa fière devise « Comite ego regem, me comes regem ». Les inlassables services rendus par la famille à leurs rois valurent à ses différentes branches l’érection de trois terres en marquisat, Marquisat de Janson, Marquisat d’Oppède et Marquisat de La Barben. Elle eut droit aux « honneurs de la cour » ce qui n’était pas une mince affaire à une époque où Louis XIV et Louis XV eurent toutes les difficultés du monde à y faire admettre leurs gourgandines. Mais les Forbin ne sont pas à la cour ! Sur chaque champs de bataille, un Forbin, sur l’échafaud révolutionnaires, encore des Forbin, dans la grande boucherie de 1914, toujours des Forbin, dans les armées de l’ombre, encore et toujours des Forbin, il est des familles où l’on savait payer le prix de l’ « impôt du sang ».

 

III – « La » femme de la famille

 

N’oublions pas les femmes héroïques de la famille. Sous le second empire la marquise de Forbin d'Oppède, issue elle aussi d’une vielle famille provençale occupe une place bien oubliée. Appartenant au groupe des « catholiques libéraux », elle lutte desespérément aux côtés de Montalembert, Léopold de Gaillard et Victor de Laprade, lors du concile «  Vatican I » relatif à l’infallibilité pontificale en affrontant directement le Vatican tout en défendant avec non moins de courage le pouvoir temporel menacé par les unitaires italiens. Peu de temps avant l'ouverture du Concile, les catholiques libéraux exprimèrent leurs sentiments dans un grand article du Correspondant paru le 10 octobre 1870. Après le long silence où s'étaient maintenus Mgr Dupanloup et tous ses amis, ce manifeste, qui déclarait « faire confiance à l'assemblée conciliaire », tout en montrant les obstacles qui s'opposaient à une définition de l'infaillibilité et en affirmant la nécessité de la liberté, fit véritablement sensation.

Las ! Ils échouèrent. Au lendemain du concile, Victor de Laprade rapproche la défaite des libéraux de celle de la France en 70 .......

... L'issue du concile complique encore le désastre moral de la France. Voilà le catholicisme qui s'identifie officiellement avec le jésuitisme et pour corollaire voilà le dernier peuple catholique qui fût encore debout, écrasé par une race protestante.

   

 IV - Claude

Une enfance agitée

Claude, de la branche de Gardanne, a du sang bleu dans les veines mais plus encore du sang bouillonnant. Il est né en 1656 à Gardanne dans la maison de familles, 27-29 grand rue actuelle rue Puget. Son sang bouillonne ? Il a 10 ans : Un chien enragé qui effrayait tout le voisinage, vint sur moi la gueule écumante. Je l’attendis de pied ferme et, lui présentant d’abord mon chapeau, je le saisis par une jambe de derrière et je l’éventrai d’un coup de couteau en présence d’une foule de gens qui étaient venus pour me secourir.

Il n’a pas laissé de bons souvenirs à Gardanne !  Il part « au service » sans y remettre jamais les pieds et surtout parce qu’il va, avec ses frères, lui faire des misères. Les Gardannais veulent racheter les droits seigneuriaux. En 1666, les frères Forbin les punissent en détruisant les aménagements publics : Les habitants envoient à Paris deux représentants porteurs de la lettre suivante au roi : Il y a deux ou trois mois, par violence et voies de fait des seigneurs contre les habitants, leur démolissant leurs viviers, écluses, fosses, les privant des eaux pour l’arrosage de leurs terres, de laquelle ils avaient joui de tout temps, les réduisant à quitter leurs maisons… Claude a une haine farouche contre sa ville natale. Le rachat est fixé à 134.492 livres, somme énorme, malgré ce Gardanne rachète et devient Communauté en 1673.

 

L’appel de la mer

 

bustefontaineRoiRené


Il est très jeune orphelin de père, Il n'est pas l'aîné, il est noble, cadet, il n’est pas riche, il est donc destiné à la robe derrière une juteuse prébende. Il préfère « le service » comme on disait alors. Mais le choix de la marine n’est pas innocent, il fut celui de beaucoup de gentilhommes provençaux, cadets désargentés. En 1670 en effet Colbert créa pour les marins de la « Royale » le premier système de retraite par répartition. En pleine période d’absolutisme royal, les riches payaient pour les pauvres ! Le système était financé par une cotisation prélevée sur la solde des officiers de marine qui en profitaient à leur tour s’ils revenaient indemnes de leurs campagnes lointaines. Un chef d’œuvre aujourd’hui en péril.

Il rejoint donc un oncle Louis qui sert aux galères et avec lequel il fait à 20 ans la campagne de Sicile et combat avec fougue au Stromboli, à Agosta et à Messine.

Il fait ensuite comme mousquetaire sous les ordres d’un autre oncle Forbin, les campagnes de Franche-Comté et d'Artois (1676). Rentré à Paris mais resté mousquetaire, il passe un an à se morfondre, notamment en prison où ses « vivacités »  le conduisent souvent de temps à autre.

Il rejoint ensuite la Marine comme enseigne de vaisseau  à Brest. De retour à Marseille il se prend de querelle avec un autre enseigne, le chevalier de Gourdon. Il le provoque en duel et le laisse raide mort.

Louis XIV, lors de son sacre, avait fait serment de ne jamais faire grâce aux duellistes, la condamnation à mort était inévitable. Les édits de Richelieu sont toujours en vigueur. Le Bailli de Forbin, oncle de Claude, saisit Colbert pour obtenir que le procès se tienne à Aix sous forme de procédure criminelle ce qui ouvrait la voie de la grâce royale que Forbin obtint.

Toujours sous les  ordres du comte d'Estrées, il fait la campagne des Antilles en 1680et sous Abraham Duquesne, comme lieutenant de vaisseau, il fait la campagne d'Afrique et participe au bombardement d'Alger en 1682.

L’aventure siamoise

L’aventure siamoise va alors commencer : Lieutenant de vaisseau en janvier 1684, il fut, sur ordre de Louis XIV, attaché à l’ambassade envoyée au Siam.

N’épiloguons pas sur le rôle de Claude au Siam, il fait par ailleurs l’objet d’une relation circonstanciée sur notre blog. Son audace et son franc parler - il ne s’est pas assagi - séduisirent le Roi Naraï. Malgré la haine farouche que lui voue Phaulkon il devint Grand Amiral - Général des armées du Siam.

Il n’a qu'une idée en tête : retourner en France, il déteste le Siam et les siamois, il se méfie comme de la peste des manœuvres de Phaulkon. Rien ne lui plaît : ni la population ni l'habitat ni la nourriture ni les habits dont il doit s'affubler.

 

Il est autorisé à retourner au pays en juillet 1688. Son rapport au Roi Louis XIV achève de décourager ce dernier de ses velléités de commerce avec cette partie de l'Asie et encore plus de convertir la population et son roi à la religion du Christ !

Forbin


Le corsaire

Débute alors la période de corsaire sinon de forban. Commandant la frégate « Les Jeux » il escorte un convoi en Manche sous les ordres de  Jean Bart sur « La Railleuse ». Ils sont attaqués par des forces supérieures et alors qu'ils prennent le dessus, Jean Bart rate une manœuvre ce qui permet à deux vaisseaux anglais de le prendre en tenaille. 
Forbin décide alors de le rejoindre, leurs deux vaisseaux se sacrifient et le convoi s’échappe. Ils sont faits prisonniers et conduits à Plymouth. Quelques jours plus tard, ils s’évadent sur un simple canot à rames. Il entre rapidement en querelle avec Jean Bart qui n’a pas meilleur caractère que lui et chacun suit sa voie.

Capitaine en 1689, chef d’escadre en 1707, il a sillonné toutes les mers du monde jusqu’au cercle polaire remportant partout succès sur succès, victoire de Lagos, siège de Barcelone, Venise et Mer blanche.

En 1708, il est chargé d’un projet de débarquement en Ecosse pour y reconduire Jacques Stuart, héritier des droits des Stuart aux trônes anglais, écossais et irlandais. Querelles avec ses supérieurs sur le plan qu’il juge insuffisant, l'opération échoue. Il décide alors de quitter le « service » en 1710 et se retire en sa bastide de Saint Marcel près de Marseille où il meurt  en 1733.

La retraite

Dans sa bastide de Saint-Marcel, au sud de Marseille, une pierre gravée résume sa pensée : « Lassé d'espérer et de feindre éloigné du monde et du sort, je viens attendre ici la mort, sans la désirer ni la craindre ».

Les honneurs rendus par la marine « royale »

La marine nationale l’a honoré en donnant son nom à six de ses navires :

Un aviso mis en service en 1859.

Un croiseur lancé en 1888

Un patrouilleur auxiliaire qui servit au Forces Navales Françaises Libres.

Un torpilleur mis à l'eau en 1928

Un escorteur d'escadre mis à l'eau en 1955.

Dernier en date, une frégate de la nouvelle génération mise en service en octobre 2010.

bustemuseemarine

 

Le buste de Forbin au Musée de la marine à Paris

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