Nous avons rencontré l’ethnie So (โซ่) qui comprendrait encore environ 70.000 représentants qui vivent pour l’essentiel dans le district de Kusuman (กุสุมาลย์), situé à une quarantaine de kilomètres à l’est de la province de Sakonnakhon à laquelle elle appartient (สกลนคร)m limitrophe de la province de Nakonphanom (นครพนม). Ils coexistent dans ces deux provinces et plus au sud, dans la province de Mukdahan (มุกดาหาร) sur les rives du Mékong. On les retrouve également au sud du Laos sur l’autre rive du Mékong. Ces chiffres sont donnés par la Carte ethnolinguistique de la Thaïlande (voir nos sources).
Ils ont pour la première fois été décrits par le Major gendarme Danois au service du Siam, Erik Seidenfaden, archéologue et ethnologue dans un article publié en 1943 dans un article du journal de la Siam Society (REGARDING THE CUSTOMS, MANNERS, ECONOMICS AND LANGUJ!.\GES OF THE KHA (SO) AND PHUTHAI LIVING IN AMPHOE KUTCHlNARAI (อำเภอกุดชลนารายณ์) CHANGVAT KALAS!NDHU, MONTHON ROI ET, in Journal of the Siam Society, volume 34-2 de 1943), Il semble pouvoir assimiler ces deux ethnies sur lesquelles il émet des constatations très négatives au niveau de leur degré d’évolution et constate de troublantes ressemblances entre leurs deux dialectes. On trouverait chez les uns et les autres la présence chez les nouveaux nés de la tâche mongolienne qui a fait couler beaucoup d’encre et que l’on ne trouverait nulle part ailleurs au Siam ? Nous avons consacré deux articles à ces deux groupes ethniques (voir nos sources).
Au centre de la ville de Kusuman est installé le Musée ThaiSo, très convivial, où sont conservés les souvenirs et les traditions de l’ethnie (พิพิธภัณฑ์ไทยโซ่)
La Carte ethnolinguistique de la Thaïlande ainsi que d’autres sites non d’ethnologues mais de linguistes qui en réalité ont découvert ce groupe, fait référence à un autre groupe linguistique, celui des So-Kaloeng qui ne comprendrait que moins de 2000 locuteurs ? Ils sont aussi nommés So thawueng (โซ่ทะวืง) ou kha (ข่า).
La liste des ethnies officiellement reconnues en Thaïlande les différencie explicitement.
Toutefois il ne s’agit probablement pas d’un groupe ethnique comme les précédents mais simplement des locuteurs d’un dialecte qui se distinguerait de celui des So en raison d’une implantation plus lointaine au milieu de la jungle, à l’extrême ouest de la province de Sakonnakon dans le petit district de Songdao (ส่องดาว) situé au sud du district de Sawang Daen Din (สว่างแดนดิน), au nord du district de Chaiwan (ไชยวาน) et Wangsamo (วังสามหมอ) où les villages Phuthaï sont nombreux et à l’ouest du district de Waritchaphum (วาริชภูมิ). Dans ce district qui comprend une cinquantaine de villages, seuls quatre sont concernés par cette micro ethnie linguistique, savoir Ban Nong Waeng, Ban Nong Charoen, Ban Dong Sang Kham et Ban Nong Muang (บ้านหนองแวง - บ้านหนองเจริญ - บ้านดงสร้างคำ – บ้านหนองม่วง). Ils sont tous situés dans le sous-district de Pathumwapi (ต.ปทุมวาปี) qui comprend lui-même onze villages.
Les locuteurs interrogés par les linguistes, ceux qui connaissaient encore leur dialecte, étaient âgés de 60 à 88 ans.
Ce microcosme linguistique n’est éloigné guère que de cent kilomètres à vol d’oiseau de la zone de Kusuman
... mais elle est séparée de la capitale provinciale par la chaîne de montagne de Phupan (ภูพาน), zone encore sauvage
...où le parc national du même nom (อุทยานแห่งชาติ ภูพาน) abrite toujours des éléphants sauvages.
Le passage vers la capitale est aujourd’hui facile par une route montagneuse, mais les autobus et les camions y sont à la peine et de nombreux panneaux signalent le passage possible d’éléphants, il n’en était évidemment pas de même il y a quelques dizaines d’années. Cet éloignement explique – semble-t-il – que des groupes éloignés de la même ethnie aient pu au fil des siècles – varier dans le langage de leur quotidien.
L'immunité contre les moustiques ?
Par ailleurs les personnes vivant dans ce milieu hostile pouvaient-elles se mithridatiser par accoutumance ? Ce n’est qu’une hypothèse évidemment mais dans leur langage, le mot kaloeng signifierait moustique.
Il est possible qu'il y ait une explication génétique mais totalement hors de nos compétences.
Il est toutefois inconnu du Dictionnaire de l’Académie royale ainsi d’ailleurs d’un lexique de quelques centaines de mots donnés par Seidenfaden dans son article susvisé ? Ils sont parfois nommés kha (ข่า) ce qui ne nous éclaire guère et ceux du Laos So thawueng (โซ่ทะวืง) ce qui ne nous éclaire pas mieux.
Une sympathique page Facebook concernant la province bataille pour que ce langage ne se perde au fil des années ce qui pourtant semble inévitable :
https://www.facebook.com/sakonnakhon/posts/4196607893699274/
โซ่ ทะวืง หนึ่งเดียวในไทย อยู่ที่ส่องดาว สกลนคร มีอยู่กันเพียง 2,000 คน มีภาษาพูดเป็นของตนเอง ซึ่งกำลังจะสูญหายไปตามกาลเวลา
SOURCES
Nos deux articles
INSOLITE 13 - L’ETHNIE SO DE L’ISAN (NORD-EST DE LA THAÏLANDE)
INSOLITE 20 - LES PHUTAÏ, UNE ETHNIE DESCENDUE DU CIEL ?
Phonological characteristics of so thavung a vietic langage of Thailand par Suwilai Premsirat de l’Université Mahidol, étude de 1996 numérisée :
http://sealang.net/sala/archives/pdf8/suwilai1996phonological.pdf
L’auteur a également rédigé un So Tawung dictionnary en 2OO4
Michel Ferlus : Lexique Thavung-Français. In: Cahiers de linguistique - Asie orientale, vol. 5, 1979. pp. 71-94.
Thaïlande ethnologique map, une publication de 2004.
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