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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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18 novembre 2023 6 18 /11 /novembre /2023 02:41

 

La province de Kalasin, bien perdue au cœur du nord-est de la Thaïlande (Isan), est, il faut bien l’admettre, essentiellement connue pour ses dinosaures. Ils ont donné lieu à la création d’un musée parfois  du style « parc d’attraction » au  goût parfois très relatif mais à chacun ses goûts

 

 

Nous avons longuement parlé de ces peintures murales dont la technique n’est pas celle de la fresque (1)

 

 

Certaines sont bien connues, d’autres le sont beaucoup moins, Il en est guère qui retienne l’attention des guides touristiques, y compris le guide vert de Michelin qui est sans conteste le meilleur. J’ai toutefois plaisir de rendre au passage hommage au site de Loris Curtenaz « Temples de Thaïlande » qui arpente le pays à la découverte de temples méconnus des circuits dits « touristiques » https://temple-thai.com/ Ses articles sont toujours ornées de superbes photographies.

Dans notre province un peu assoupie, il signale deux de ces temples dont l’enceinte comprend l’une de ces chapelles ornée de peintures murales.

Le Wat Sawang Phosi (วัดสว่างโพธิ์ศรี) dans le village de Nong Weng Hi (บ้านหนองแวงฮี) situé dans le district de Yang Talat.

 

 

Le Wat Pho Chai Khok Yai (วัดโพธิ์ชัยโคกใหญ่) a retenu notre attention. Alors que lorsque nous découvrons l’un de ces temples « qui mérite le détour » comme on dit chez Michelin, il est le plus souvent impossible d’avoir la moindre source de renseignements sur leur histoire, y compris mêmes des moines qui l’occupent,

 

 

....celui-ci a fait l’objet d’une très érudite étude en 2012 de trois universitaires de l’Université de Khonkaen publiée dans « Journal of the Mekong societies ». Elle est en thaï (2).

 

 

Bien que son objet consiste essentiellement à donner des directives de technique architecturale pour la conservation de la chapelle, cette étude contient de précieux renseignements sur l’histoire de cette chapelle et les techniques de son édification sur la base de deux sources en thaï que nous avons consulté, consacrées aux peintures murales en général (3)  et surtout des rencontres avec quelques personnes âgées qui conservaient après plus de 70 ans des souvenirs précis sur la construction de la chapelle et conservaient la tradition orale relative à l’histoire de ce modeste temple de village.

 

 

Quelques chiffres :

 

Selon le site official du bouddhisme thaï, il y a dans le pays 40717 temples  uniquement Theravada, le bouddhisme orthodoxe, ce qui n’inclut ni les temples bouddhistes chinois ni ceux d’autres écoles. Environ 34.000 sont « en activité » c’est-à-dire abritent un nombre minimum de moines permanents.

 

La province de Kalasin a été créée en 1947, détachée de celle de Mahasarakham. A cette date, elle abritait 307.000 habitants. Au recensement de 1947, il y avait un peu moins de 18 millions d’habitants et 5 millions 800 mille dans la région du nord-est (Isan).

 

Aujourd’hui, la province abrite un peu moins d’un million d’habitants.  La population a donc été multipliée par 3,25, un peu moins d’un tiers.

 

 

Le district aujourd’hui de Yang Talat qui comporte aujourd’hui 130.000 habitants devait donc alors abriter environ 40.000 âmes. S’il comporte aujourd’hui 217 villages (mais leur nombre varie avec le temps vers la hausse), chacun de ceux-ci devaient alors avoir environ 200 habitants, une petite communauté villageoise de quelques dizaines de famille..

 

 

Avant de dépendre de la province de Kalasin, le district de Yang Talat avait été créé en 1908 sous le nom de Prachimkalsin (ประจิมกาฬสินธุ์)   « à l’ouest de Kalasin » abrégé localement en de Pachimkalsin (ปจิมกาฬสินธุ์)    puis en 1913 en district de Phulaenchang (อำเภอภูแล่นช้าง) « l’endroit où courent les éléphants » et prit lors du rattachement à la province de Kalasin son nom actuel de Yang Talat (ยางตลาด) celui du village principal « le marché du caoutchouc », les plantations d’hévéas sont toujours présentes..

 

 

Notons une curiosité toute locale, lors qu’intervint en 1913 la loi exigeant des habitants qu’ils prissent un nom de famille,  beaucoup en choisirent un commençant par le préfixe « Phu - ภู » « l’endroit ». Je ne cite que celui d’une personne qui m’est proche « Phusimaï -  ภูสีไม้ », « l’endroit des quatre bosquets », un vocable parlant.

 

 

Il y a à ce jour (2023) 670 temples agréés par le Sangha dans la province de Kalasin.

 

 

Il y en a 89 dans le district de Yang Talat. Il faut évidemment prendre tous ces chiffres avec précautions, le recensement de 1911 donne une population nationale de 8.300.000 habitants, celui 1917 de 9.200.000, celui de 1929 de 11.500.000, celui de 1937 de 14.000.500 (date de l’achèvement du temple qui nous intéresse) avant celui de 1947 déjà cité. Le sous-district dans lequel se situe le temple comporte aujourd’hui 11.000 habitants et le village auquel le temple a donné son  nom Ban Khokyai (บ้านโคกใหญ่) un peu moins de 600.

 

 

Le temple et sa chapelle

 

La page Wikipedia, « encyclopédie » parfois bien utile mais dont il faut se méfier comme de la peste, dote le sous-district de Buaban (ตำบลบัวบาน) de trois temples :

 

วัดโพธิ์ชัยโคกใหญ่ - Wat Phochai khokyai - วัดโพธิ์ชัยโคกใหญ่โคกคำ -Wat Pho chai khokyai khok kham - วัดโพธิ์ชัยบ้านตูม Wat Phochai bantum

 

Ce sont en réalité trois appellations parlantes pour le même édifice :  โพธิ Phothi, c’est l’arbre de la Bodi sous lequel a trouvé l’illumination ...

 

 

... et ชัย Chai, c’est la victoire.  โคกใหญ่ Khokyai est « une grande colline ».  C’est donc traduit à ma façon le « temple de la victoire de la religion situé sur la grande colline ». La seconde appellation ajoute โคกคำ khok kham, kham signifie « la vie » en dialecte local (Isan) « la colline de la vie ». La suivante, บ้านตูม -  bantum me paraît signifier « le village jeune » c’est-à-dire « le nouveau village ». Ne retenons que l’appellation apparemment officielle,  abstraction faite de deux adjectifs parlants mais que l’histoire de ce temple explique en partie. Il porte aussi l’adjectif de บ้านเว่อ ban woe, Woe étant une horrible trancription du mot anglais « over », je préfère passer.

 

Sa fondation daterait de 1761. Phra Yakhuphuan (พระยาคูพวน) y était Phraupatcha  (พระอุปัชฌาย์), terme qualifiant un moine ayant compétence pour procéder à des ordinations mais le temple de comportait pas de chapelle d’ordination, ces batiments spécifiques connus sous le nom de « Sim » (สิม). Par conséquent, une chapelle fut construite. La chapelle actuelle fut construite entre 1936 et 1938 alors que Pra Yakupulue (พระยาคูปู่ลือ) était abbé (เจ้าอาวาส). Un vietnamien nommé Yai Kaeodi (ใหญ่แกวดี) fut chargé de platrer les murs et d’y effectuer les peintures murales dont nous savons quelles sont l’âme des chapelles d’ordination dans le nord-est, appelées localement huptaem (ฮูปแต้ม). Il était installé dans le petit village voisin de Ban Donmuang (บ้านดงเมือง) où il s’était marié.

 

Le temple reçut l’agrément royal (Phraratchathanwisungkhamsima – พระราชทานวิสุงคามสีมา) le 14 mars 1938. Il appartient à la plus orthodoxe des écoles bouddhistes, le Sangmahanikai (สงฆ์มหานิกาย).

 

 

La communauté villageois proprement dite est celle de la fondation du temple, 1761 par le « Pho » Yaihomsombat (พ่อใหญ่หอมสมบัติ). « Pho » qui signifie littéralement le père au sens biologique est tout simplement ici un préfixe marquant le respect. Il était originaire du village de Ban Khuang (บ้านข่วง) du district de Selaphum  (เสลภูมิ), sous district de Tha Muang (ท่าม่วง) dans la province de Roi Et (ร้อยเอ็ด) mais son épouse venait du village de Chiang Sa (บ้านเชียงสา) situé dans le district actuel de Yangtalat. Devenu aveugle, il eut la vision du lieu où il devait s’établir, y construisit une maison et y fait venir des proches.  L’endroit s’appela à l’origine Nonsuanbannuea (โนนสวนบ้านเหนือ) « Jardin dans un village au-dessus d’une petite colline » Actuellement, Non Suan Ban Nuea est une propriété royale. La superficie est de 1 rai. À l'origine, il y avait de grands arbres de bois de santal (ต้นจันทน์) dans la région

L’endroit était fertile et les forêts alors abondantes abritait de nombreux animaux sauvages, tigres, singes, éléphants sauvages, gibbons et loups. Tigres et loups venaient attaquer et manger les chiens et les poulets.

 

 

Nous connaissons le nom du chef de village entre 1781 et 1800, Phuyai Homsombat  (ผู้ใหญ่หอมสมบัติ). Entre 1801 et 1821, le chef de village venait de Vientiane au Laos, appelé Phra Phatchachon Naban (พระปัชฌาชลนะบาล). .ors des attaques des Thaïs contre le royaume de Vientiane, beaucoup d’habitants d’origine lao s’installèrent dans les villages voisins.

Lors de la construction de la chapelle d’ordination, la communauté villageoise comptait 76 ou77 autres familles, soit environ 300 personnes.

Il n’en est aucune trace photographique antérieures à  celles données par nos universitaires, en raison de la croyance que les personnes qui prennent fréquemment des photos perdront la vie prématurément

 

 

La plupart des activités religieuses se déroulent aujourd'hui dans le pavillon  polyvalent. qui est construit derrière la chapelle

 

 

La chapelle d’ordination

 

 

Il en est qui sont fermées, les peintures se trouvent alors dans la galerie extérieure, d’autre, comme celle-ci, qui sont ouvertes, peintures sur les murs intérieurs.

 

 

Toutes sont orientées vers le levant d’où vient la lumière et compotent une statue de Bouddha qui regarde également vers l’est.

 

 

La construction est une œuvre collective de la communauté villageoise et fait parfois appel aux habitants des villages voisins tant pour les travaux que pour faire leur cuisine et leur apporter la nourriture. A charge de réciprocité, ainsi virent les habitants de Ban Khokcharoen (บ้านโคกเจริญ), Ban Nongbua (บ้านหนองบัว),. Ban Nongkungsi (บ้านหนองกุงสี) et Ban Siao (บ้านเสียว).

 

 De nos jours, ce ne sont pas les habitants du village qui gâchent le ciment, ce sont eux qui financent les travaux. La restauration de l’ancienne chapelle d’ordination du temple de mon village qui abrite environ 900 habitants, fut ainsi financée à concurrence de 3 millions de baths (environ 80.000 euros)

 

 

À cette époque, la construction utilisait des matériaux et des ressources locales. Il en fut de même – dans la mesure du possible – lors de la restauration de la chapelle en 2007.

Le sable provenait du lac proche de Huai Nam Pao (ลำห้วยนำปาว) depuis disparu au sein du grand lac artificiel de Lampaodam (ลำปาวดำ) dont la plus grande partie se trouve sur le territoire du district de Yangtalat.

 

 

Il était transporté dans des paniers en bambou tressés à cette fin et le sable était tamisé dans un panier également en bambou.

 

 

L’argile était extraite d’un gisement local situé dans le village de Ban Woe (บ้านเว่อ) dans le sous-district de Buaban (ตำบลบัวบาน).

 

 

Elle était mélangée avec de l’eau et de la paille de riz et le tout longuement foulé aux pieds jusqu’à obtention d’un mélange homogène. Les briques étaient confectionnées dans des moules en bois dont elles étaient retirées puis séchées au soleil pour quelles durcissent. Elles étaient suite cuites dans un four recouvert d’argile et ensuite retirées après refroidissement. Le feu était alimenté par du bambou et de la paille de riz. L’opération du début jusqu’à la fin prenait environ une semaine. Ces briques constituent la structure des murs.

 

 

Les couleurs utilisées pour les peintures murales sont présentes dans la nature. La couleur bleu argenté provient des fleurs de l’arbre-indigo (Indigofera tinctoria - ต้นคราม)

 

 

La couleur jaune vient du noyau du fruit-jacquier (Artocarpus Heterophyllus - ขนุน ) bouilli dans l‘eau.

 

 

La couleur rouge provient de l'écorce de l'arbre Pradu (ประดู่ - Pterocarpus indicus)  longuement bouillie.

 

 

On utilise aussi l’écorce de l’arbre-mek (ต้นเม็ก - Syzygium gratum).

 

 

Les couleurs jaunes et blanches proviennent de la combustion des coquilles de coquillages  comme les palourdes (หอยกาบ)

Lorsque les coquilles sont terminées, ces coquilles sont finement broyées puis mélangées à de l'eau puis brûlées en général avec des bouses sèches de buffle dont les troupeaux étaient alors nombreux dans les champs.

 

Les coquilles broyées servaient en outre à la confection de chaux et de ciment

 

 

La structure des murs est constituée de grosses briques en terre cuite. La charpente du toit est en bois dur. Entièrement chevillé, on n’utilise pas de clous. Le bois provenait des forêts autour du village offrant du bois rouge, dur, imputrescible et réfractaire aux attaques des termites. La toiture est en zinc, matériau présent dans la région dès le début des années 30. La rouille superficielle la protège de la dégradation. Même si le toit Il deviendra rouge rouille, il reste solide et durable

 

Les peintures représentent des créatures célestes et les anges de la forêt d’Himmaphan (ป่าหิมพานต์), forêt entourant le mont Meru dans la mythologie hindoue abritant  de nombreuses créatures légendaires. D’autres représentent l'histoire du Vessantara Jataka, (เวสสันดรชาดก), celle de la dernière histoire de Bouddha avant sa venue sur terre. Nous y trouvons aussi la description d’un mode de vie, mode de vie, tenues vestimentaire, armes, véhicules pour voyager, ustensiles quotidiens, instruments de musique, etc.

 

 

Le site (en thaï) donne une vision complète des 20 peintures de la chapelle

https://www.bloggang.com/viewdiary.php?id=muralssay&month=11-2015&date=19&group=8&gblog=19https://www.bloggang.com/viewdiary.php?id=muralssay&month=11-2015&date=19&group=8&gblog=19

NOTES

(1) Voir notre article

A 196 – LES PEINTURES MURALES, L’ÂME DES TEMPLES DU COEUR DE L’ISAN.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2015/11/a-196-les-peintures-murales-l-ame-des-temples-du-coeur-de-l-isan.html

 (2) Voir l’article dans le Journal of the Mekong societies -  Vol.8 No.3 Septembre - décembre 2012, pp. 103-120 :

วารุณี หวัง / ทรงยศ วีระทวีมาศ / กุลศรี ตั้งสกุล : ประวัติศาสตร์ท้องถิ่นในสิมวัดโพธิ์ชัยโคกใหญ่ จังหวัดกาฬสินธุ์ และแนวทางการอนุรักษ์

Madame Waruni Wang, Songyot Weeratawimat et Kunlasri Thungsakul

« Histoire locale à Sim Wat Pho Chai Khok Yai Province de Kalasin et directives de conservation »

(3) Ces deux articles sont signés d’Universitaires de l’Université de Khon Kaen

สุทะฃธิพงศ์ ศริชุมพล – ณัฐพงศ์ พุดหล้า – ประสาน กำจรเมกูล

« การส้างฐานข้อมูลจากภาพจิตรกรรมฝาผนังอ๊สานเหื่การออกแบบผลอตภัณฑ์เของเศรษฐกอจสร้างสรรค์ »

Suthathiphong Sichumphon - Natthaphong Phutla et Prasan Kamchonmekun

« Création d'une base de données des peintures murales pour concevoir des produits de l'économie créative ».

Juin 2018, numérisé : 

https://so04.tci-thaijo.org/index.php/jnuks/article/view/97061

ชิงชัย ศิริธร1

« การออกแบบผลิตภัณฑ์กราฟิกจากอัตลักษณ์ตัวละคร และฉากในฮูปแต้มอีสานเพื่อใช้ในผลิตภัณฑ์ และสื่อดิจิทัลเชิงวัฒนธรรม »

Chingchai Sirithorn

« Graphic design from Esan Sim Mural Identity for cultural products and digital media »

In : วารสารศิลปกรรมศาสตร์ มหาวิทยาลัยขอนแก่น (Revue des Beaux-Arts et appliqués - Université de Khon Kaen)

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