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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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11 novembre 2023 6 11 /11 /novembre /2023 04:30

Le Chevalier de La Loubère écrit en 1691. Il a de la médecine siamoise une piètre opinion rejoignant l’opinion de Molière sur les médicastres qui étaient pour lui des charlatans.

 

 

Lorsque Monseigneur Pallegoix écrit en 1854, la médecine « moderne » a pénétré le pays, beaucoup par l’œuvre des missionnaires protestants mais elle ne touche que les plus hautes sphères de la société. La médecine traditionnelle reste l’apanage de l’immense majorité de la population. Il n’est pas tendre pour la médecine siamoise : Les médicaments siamois consistent surtout en poudres ou en pilules, ils sont composés de simples, de fleurs, de racines et de bois odoriférants; on .délaie les poudres ou les pilules dans une petite tasse d'eau tiède, qui se boit avec la plus grande facilité. Ces remèdes ne guérissent pas toujours, mais ne peuvent jamais faire de mal.  Ne parlons pas de la pharmacopée chinoise, dents d’éléphants, dents de tigre, cornes de rhinocéros, dents de crocodile, os de corbeaux ou nids d’oiseaux qui relèvent essentiellement de ma médecine chinoise qui leur attribue encore aujourd’hui  plus des effets aphrodisiaques.que d’effets prophylactiques.

 

Lorsqu’il parle des Lao, il s’agit des habitants de ce que l’on appelait alors le « Laos siamois » c’est-à-dire tout le nord-est du pays actuel sur la rive droite du Mékong. Il est moins négatif :

 

« La médecine est très en honneur parmi eux; mais c'est une médecine empirique et superstitieuse. Le grand remède universel, c'est de l'eau lustrale qu'on fait boire au malade, après lui avoir attaché des fils de coton bénits aux bras et aux jambes, pour empêcher l'influence des génies malfaisants. Il faut avouer cependant qu'ils guérissent, comme par enchantement, une foule de maladies avec des plantes médicinales inconnues en Europe et ils se contentent de les assaisonner, et de les griller sur des charbons. » Cette opinion est singulière de la part d’un prélat dans la religion duquel on croit dur comme fer aux vertus de l’eau bénite.

 

Il nous rapproche toutefois de l’aire de notre champignon guérisseur puisque, si celui-ci ne semble pas avoir été signalé dans le Laos actuel, il l’est dans le « Laos siamois », l’actuel nord-est de la Thaïlande.

 

 

La période coloniale vit surgir et opérer une foule de chercheurs qui n’était pas tous des chercheurs d’or guidés par la cupidité mais souvent des savants animés du seul souci d’améliorer les connaissances humaines, ainsi la littérature sur la flore indochinoise est surabondante ;

 

L’un d’entre eux, Jules Vidal (voir nos sources) a étudié pendant plusieurs années la flore du Laos et la thérapeutique par les plantes.

 

Les Siamois et les Laotiens utilisent un nombre considérable de plantes et de produits forestiers dans leur pharmacopée. La plupart de ces plantes sont botaniquement inconnues et leur efficacité est discutable. Elles sont généralement employées soit en décoction, le plus souvent dans de l'eau froide, soit séchées et pilées. Citons Vidal :

 

L'art de guérir est pratiqué au Laos par tous les connaisseurs de plantes et plus particulièrement par le « moya » (maître es médicaments).

 

 

C'est un individu dont le rang social ne diffère pas de celui de ses concitoyens : il cultive la rizière, pratique la pêche et la chasse comme tout le monde. Il tient son savoir de ses parents ou de la bonzerie où il a passé souvent sa jeunesse. Mais il a à sa disposition des recueils manuscrits de recettes médicales qui peuvent lui rafraîchir la mémoire en cas de besoin.

 

 

Arrivé au chevet du malade il se livre parfois à des incantations mystérieuses pour chasser le « phi », esprit malfaisant souvent mis en cause dans la maladie. Puis il observe ou se fait décrire les symptômes présentés par le patient. Il puise alors dans son arsenal thérapeutique — qui tient dans un mouchoir — les morceaux de bois, les racines ou toute autre drogue qu'il juge utile. Dans la plupart des cas il les frotte sur une petite pierre en grès qui fait partie de son matériel et entraîne les parcelles avec un peu d'eau. C'est ce mélange — particules solides en suspension dans l'eau — qui est donné au malade en plusieurs fois au cours de la journée.

 

Bien que ces manuscrits soient en général conservés dans les temples (mais l’exercice de la médecine est interdit aux bonzes), aucun de ceux qu’il a consulté ne donne de recette à base de champignon) cela ne signifie nullement que les vertus curatives de ce champignon aient été inconnues des anciens. La raison m’en paraît fort simple, il ne se trouve (ou n’a été signalé ?) en Thaïlande tout au moins, que dans des zones géographiques montagneuses extrêmement restreintes : la vaste forêt de Phuaphan (ภูพาน) dans la province de Sakon Nakhon (จังหวัดสกลนคร)

 

 

... et dans le district  montagneux de Phu Ruea (ภูเรือ) dans la province de Loei  (จังหวัดเลย). Ce sont les seuls endroits ou l'arbre serait porteur du clampignon ?

 

 

Le champignon qui nous intéresse porte le nom de het krathinphiman (เห็ด กระถินพิมาน). Het, c’est un champignon. Krathin est une espèce d’arbre de la famille des  acacias. Phiman, c’est le ciel ou le paradis ! Acacia du paradis, n’est-ce pas un signe donné par ce nom vernaculaire,  que l’arbre est porteur de vertus bénéfiques, celle de son champignon-parasite ? Le nom scientifique de cet arbre est Leucaena leucocephala, ou acacia siamensis pour Vidal

 

 

Il est connu dans l’ex Guyane anglaise sous le nom parlant de miracle tree faisant référence à ses ressources alimentaires (fruits, fleurs, feuilles) mais son champignon- parasite n’y est pas signalé. Il serait acacia à queue d’écureuil en Guyane française. L’arbre proprement dit ne paraît pas avoir été signalé dans les ouvrages sur la flore de l’Asie du sud-est ?

 

 

Le champignon ne pousse en général pas au pied de l’arbre où il a peut-être été observé mais sur son tronc, il est en effet de l’espèce phellinus dont on a inventorié 154 variantes mais il ne semble pas qu’il apparaisse dans la liste et il se passe fort bien  de n’avoir pas à ce jour de nom latin. Beaucoup d’entre eux sont réputés pour avoir des vertus médicales connues et utilisées par les populations dites primitives avant qu’elles n’aient accès à la vertu de la médecine moderne un peu plus scientifique pour autant que la médecine soit une science exacte.

 

 

D’autres sont hallucinogènes. Les espèces de Phellinus produisent un certain nombre de produits chimiques naturels qui intéressent la science.Celui-ci, depuis seulement le début de ce siècle semble-t-il, a intéressé les chercheurs,

 

 

en particulier ceux de l’Université Kasetsart à Bangkok

 

 

et ceux de l’Université Chulalongkorn de Bangkok, toutes deux au sommet

 

 

Le  cancer est actuellement la première cause de décès de la population thaïe depuis 1999 et il est peu probable qu’il diminue. La méthode de traitement la plus connue est la chimiothérapie qui a toujours plus ou moins d'effets secondaires sur le patient La découverte de nouvelles options thérapeutiques est donc considérée comme une bonne chose ;Ces chercheurs ont récemment prouvé que ce champignon pouvait guérir le cancer avec moins d’effets secondaires que la chimiothérapie.

 

 

Des extraits de ce champignon agissent pour réduire la croissance des cellules cancéreuses.   Des extraits se sont révélés capables de traiter le diabète, également endémique en Thaïlande -  en réduisant le taux de sucre dans le sang.

 

Ne crions évidemment pas au miracle,  Les expériences positives ont été menées  en laboratoire sur les animaux. La difficulté de trouver la matière première est un obstacle car il faut trouver des quantités suffisantes pour un usage médical et pour servir de base à la poursuite des recherches. Ces chercheurs recherchent la moyen de cultiver le champignon ce qui s’est avéré impossible à ce jour. Ils indiquent avoir besoin de plusieurs années de recherches pour savoir si le traitement qui s’est avérée efficace sur de malheureuses petites souris serait efficace sur l’être humain, qu’il soit cancéreux ou diabétique ?

 

Les produits chimiques naturels découverts par les chercheurs sont les phellipines, de la polysacharine et des Tritropinoïdes Stéroïdes Voilà bien pour nous du chinois, nous citons ce que nous avons lu dans nos sources.

 

 

Observons que le champignon appartient depuis 2010 à la liste de la médecine traditionnelle thaïe et que l’on trouve réduit en poudre sans difficultés sur le marché.

 

 

 

Pour autant que ce soit bien de la poudre de ce champignon et non de poudre de perlimpinpin...

... suivons Monseigneur Pallegoix Ces remèdes ne guérissent pas toujours, mais ne peuvent jamais faire de mal. 

 

 

Sources

 

Jules Eugène Vidal (1914  - 2020) fut un botaniste spécialisé dans la flore de l'Asie qui s'est consacré avec son épouse à  l'exploration des zones tropicales. Ses œuvres sont nombreuses, nous avons étudié  plus spécialement:

«  Les Plantes utiles du Laos ». In: Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 6, n°8-9, Août-septembre 1959. pp. 391-404;

« La thérapeutique par les plantes au Laos » In: Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 5, n°10, octobre 1958. pp. 601-616;

« Noms vernaculaires des plantes en usage au Laos » in Bulletin de l'école française d'extrème orient  Année 1959  49-2  pp. 435-608

Le champignon est spécifique au nord-est de la Thaïlande mais le langage utilisé sur les deux rives du Mékong est similaire et les mêmes noms vernaculaires y sont utilisés. Il en est ainsi pour l'acacia porteur du chalpignon mais pas le chamignon lqu'il en a identifié plusieurs dizaines

Pour nombre d'entre eux, Vidal n'a pas pu faire le lien avec la nomenclature classique en latin.

Nous avons consulté le site de l'Université Chilalongkorn :

https://www.chula.ac.th/highlight/47119/

Ainsi que celui de l’Université Kasetsart

https://www3.rdi.ku.ac.th/?p=64615

Un site consacré aux médecines traditionnelles par les plantes

https://health.kapook.com/view46348.html

Ces trois sites sont en thaï. Il ne semble pas qu’il y ait à ce jour des études publiées ni en français ni en anglais 

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