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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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Pourquoi ce blog ?

  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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9 octobre 2022 7 09 /10 /octobre /2022 03:02

 

 

Le gong (ฆ้อง) a une longue histoire dans tous les pays d'Asie : Ils permettaient aux humains de mettre en liaison avec  les dieux qui peuplaient les trois mondes (สวรรค์-มนุษย์-บาดาล) pour rappeler à tous de venir écouter l’enseignement de Dharma.

 

 

Il est le langage sacré qui permet aux humains de communiquer avec les mondes des dieux. Cette fonction d’instrument de dialogue entre l’homme et les dieux bien antérieur au bouddhisme apparaît nettement dans des zones tribales, par exemple de nombreux articles dans la renue Excursions et reconnaissance (1880-1881-1883-1884-1885-1886-1887-1890)  ou les jungles moïs  et  les régions du sud-indochinois  de Henri Maître en 1909 dans le cadre de la mission Pavie.

 

 

Ils existent dans toute l’Asie depuis des temps immémoriaux, bien avant le début de notre ère

Le Dictionnaire de l’Académie royale en distingue plusieurs sortes, chacun ayant une utilisation spécifique, le gongkratae (ฆ้องกระแต), le gongkhu (ฆ้องคู่), petit gong double,

 

 

 

le gongmong (ฆ้องโหม่ง),

 

 

le gongmeng (ฆ้องเหม่ง),

 

 

le gongchaï (ฆ้องชัย) ou le gongwong (ฆ้องวง)  ces deux derniers à usage musical. Ils sont en effet inséparable des orchestres de musique traditionnelle.

 

 

Les gongs de guerre étaient utilisés par le roi Naresuan le grand (พระนเรศวรมหาราช) à la fois pour transmettre les consignes dans le fracas de la bataille selon un code précis (assaut…retraite). Il le considérait comme gong de bon augure (ฆ้องมงคล)

 

Différentes notes des tambours de guerre de Cochinchine relevée par E. Navelle, adinsirtateur des affaires indigènes in Excursions de reconnaissance de janvier 1887.

 

Objet de décoration il décore la cellule des moines et l’intérieur des habitations des plus aisés sans utilisation particulière.

 

 

Ils deviennent alors l’un de ces signes extérieurs de richesse dont les Thaïs sont friands. Les gongs traditionnels sont coûteux, nous verrons que leur fabrication est longue et difficile.

En temps normal, le gong rythme la vie villageoise et nous le trouvons encore présent lors des cérémonies ou des événements de la vie des habitants. Le son de celui qu’on entend encore lors des cérémonies funéraires rappelle étrangement le glas.

 

Il n’a échappé à aucun des visiteurs ou explorateurs. Je ne cite que « Description du royaume thaï ou Siam » de Monseigneur Pallegoix, de 1854  - ou encore  « Voyage dans le Laos » d’Etienne Aymonier en 1897  et du même « Voyages au Laos et chez les sauvages du sud-est de l’indochine » en 1900 et « Le Cambodge – les provinces siamoises » en 1901.

Plus récent « Village life in modern Thailand » de John De Young  publié en 1963.

Nous le retrouvons dans les cérémonies officielles par exemple « Siamese state ceremonies » de H.G. Quaritch  Wals publié à Londres en 1931.  C'est un gong qui donne la cadence aux rameurs des barges royales.

 

 

Dans les temples, ils avaient autrefois une utilité devenus sans objet : Dans le passé, quand le pays était pauvre et qu’il n’existait d’horloges qu’à l’intérieur des temples, le son du gong ou parfois de la cloche marquait la journée pour les habitants du village, leur rappelant notamment d’avoir à préparer le repas des moines que ceux-ci allaient  bientôt mendier. On trouve pratiquement dans tous les temples, une Ho Rakang  (หอระฆัง « la tour de la cloche ») qui abrite sur deux étages à la fois la cloche et un gong ou un tambour. Ils sont destinés à rappeler aux fidèles les heures de la prière. Le tambour ou le gong donnent le son grave thoum (ทุ่ม) et les cloches le son aigu ti. (ตี). « Ti » sonne les heures de la prière du matin et « Thoum » celle de la soirée. 

 

 

Nos villages du nord-est n’abritent en général quelques centaines d’habitants seulement, le son de la cloche ou du gong peut être entendu de tous. Le martèlement des gongs ou le son des cloches s'est progressivement estompé, mais ils peuvent encore être entendus dans de nombreux temples. De même les horloges des clochers de nos églises avaient une utilité similaire et les cloches sonnaient l'angelus à 7 heures, midi et 19 heures.

 

 

LA FABRICATION

 

Ils sont traditionnellement en bronze, avec parfois des additions d’or ou d’argent qui rendraient un son plus pur et plus clair. Ils sont suspendus verticalement ou placés à l’horizontale pour les gongs musicaux. La taille des gongs est très variable, depuis ceux qui font moins de 15 cm de diamètre et sont tenus à la main, jusqu’à ceux qui font plusieurs mètres sans parler des géants tel celui du sous district de Khongchai (ฆ้องชัยมหามงคล) dans le district de Kamalasai et la province de Kalasin (ตำบลฆ้องชัย – อำเภอกมลาไสย – จังหวัดกาฬสินธุ์) qui fait près de 20 mètres de diamètre.

 

 

On frappe le gong avec une mailloche.(ค้อนตีฆ้อง)

 

 

L’art de faire des gongs était entouré d’un grand secret. Faire des gongs exigeait une grande habileté et seules certaines familles se spécialisaient dans leur fabrication. Souvent, les premiers fabricants de gongs jeûnaient et priaient avant de se mettre au travail.

Le procédé traditionnel de fabrication qui n’a guère changé consiste à chauffer au rouge, couler, marteler, aplanir, accorder et polir. On commence par fondre le cuivre, métal de base, puis on lui ajoute les autres métaux et on les mélange. Le métal en fusion est alors versé dans des moules de cire ou d’argile, et on lui donne forme par un martelage constant à mesure qu’il se refroidit. Pour un grand gong, le processus de chauffage et le martelage peut être répété une bonne centaine de fois.

 

 

Quand il a sa forme définitive, le gong est plongé dans l’eau froide pour garder au métal sa plasticité tandis qu’on l’accorde. C’est quand il est complètement refroidi que le forgeron commence un travail d’accordeur de précision en martelant les points de percussion à l’intérieur et à l’extérieur. Le son est testé avant re-martelage final. Pour les gongs de qualité supérieure, trois séries distinctes d’accordage peuvent être nécessaires pour obtenir le son voulu. L’instrument est en effet accordé sur une note définie et stable. Souvent la sonorité s’améliore en en vieillissant sur 20 ou 30 années. Pour finir, on procède au polissage et à la décoration du gong. Chaque gong devient une œuvre de création individuelle.

 

 

La fabrication de la mailloche pour frapper le gong est également délicate, choix du bois pour le manche, caoutchouc pour l’extrémité qui doit frapper et entourage d’un tissus finement tricoté au moins pour ceux qui se trouvent en intérieur.

 

 

Les prix varient en fonction du métal utilisé (bronze ou acier) et la finesse de la décoration, de quelques milliers de bahts à quelques dizaines de milliers, par exemple pour un diamètre de 3,50 mètres, le prix est de 70.000 à 80.000 bahts et, pour un gong, de 80 centimètres de diamètre, s'il est en acier, le prix est de 5.000 bahts, mais s'il est en  bronze, le prix est de 9.000 bahts. Tous ne sont pas décorés ce qui en diminue évidemment le prix.  Ceux qui sont en acier sont élaborés à partir de plaques d'accird qui sont cisaillées avant mise en forme et non fondues

 

Actuellement les beaux grands gongs se font de plus en plus rares; par   le fait que les forgerons qui connaissent le secret de leur fabrication tendent à disparaître. Quelques villages conservent les traditions

 

 

...essentiellement dans la  province  d'Ubon Ratchathani (จังหวัดอุบลราชธานี) en particulier Ban Sai Mun, sous-district de Sai Mun, district de Phibun Mangsahan (บ้านทรายมูล-  ตำบลทรายมูล – อำเภอพิบูลมังสาหาร).

 

 

L’UTILISATION RELIGIEUSE

 

Offrir un gong au temple

 

Un bon bouddhiste doit s’efforcer d’acquérir des mérites non pas pour gagner son paradis mais pour renaître dans une vie meilleure après sa mort. Pour acquérir des mérites, il faut accomplir de bonnes actions, il y a de multiples façons pour cela, par exemple donner de la nourriture aux moines lorsqu’ils viennent la chercher dans le village au petit jour

 

 

...ou encore apposer une mince feuille sur une statue de Bouddha.

 

 

Offrir un gong au temple de son village génère un large profit de mérites. Ainsi par exemple le temple du  village de Kutdon (กุดโดน) voisin du mien, le temple Uthai  (วัดอุทัยกุดโดน),

 

 

lieu de pèlerinage très fréquenté en raison de son Chedi (พระมหาเขดีย์ศรีรัชมงคลธรรม) abritant de précieuses reliques de Bouddha,

 

...a inauguré le 3 novembre 2018 le don de trois gongs.

 

 

Le plus grand qui mesure 5 mètres de diamètre et plus d’un demi-centimètre d’épaisseur doit peser approximativement selon qu’il est en acier ou en bronze plus d’une tonne. Sa photographie est en tête de cet article. Un bouddhiste n’a pas à cacher les bonnes actions qu’il accomplit, bien au contraire. Les deux plus petits qui sont jumeaux mentionnent le nom des 5 donateurs.

 

 

Le plus grand porte au verso celui de 18 donateurs, probablement les principaux et ensuite « tous les membres des familles du  district ». Le district compte 13 petits villages et abrite aux environs de 3000 habitants.

 

 

Frapper le gong

 

Lorsqu’il y a un ou plusieurs gongs dans l’enceinte du temple, il y a toujours la mailloche pour frapper. Ce n’est pas un  jeu,  c’est un moyen de prier en faisant un vœu et en l’envoyant vers les cieux.

 

 

C’est l’expression  de la foi du charbonnier qui n’est pas moins robuste que celle du théologien. C’est une forme bouddhiste de l’oraison jaculatoire qui se suffit de la pensée et de l’élan du cœur. Elle vaut de gagner des mérites.

 

 

 

Les gongs des zones tribales du Vietnam ont été inscrits par l’UNESCO au patrimoine mondial immatériel de l’humanité en 2008 pour des motifs que nous retrouvons en Thailande tout comme en Birmanie, au Laos et au Cambodge.

Étroitement liés à la vie quotidienne et au cycle des saisons, leurs systèmes de croyances composent un monde mystique où le jeu du gong constitue un langage privilégié entre les hommes, les divinités et le monde surnaturel. Derrière chaque gong se cache un dieu ou une déesse d’autant plus puissant que le gong est ancien. Toute famille possède au moins un gong qui témoigne de sa fortune, de son autorité et de son prestige, tout en lui assurant protection. Si différents cuivres sont utilisés lors de certaines cérémonies, seul le gong est présent dans tous les rituels de la vie de la communauté et constitue le principal instrument cérémoniel.

Les mutations économiques et sociales ont bouleversé le mode de vie traditionnel de ces communautés et ne fournissent plus le contexte originel de la culture des gongs. La transmission de ce mode de vie, des connaissances et savoir-faire a été particulièrement perturbée pendant les décennies de guerre du siècle dernier. Aujourd’hui, le phénomène est aggravé par la disparition des vieux artisans et l’intérêt croissant des jeunes pour la culture occidentale. Privés de leur signification sacrée, les gongs sont parfois vendus comme matériau recyclable ou échangés contre d’autres produits.

 

 

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