D'après le livre de Marie-Sybille de Vienne, « Thaïlande, une royauté bouddhique aux XXe et XXIe siècles. » (1)
Nous avions dans un article précédent présenté la 1ère partie du livre de Marie-Sybille de Vienne et plus particulièrement l'évolution du pouvoir royal et du roi Rama IX durant son long règne du 9 juin 1946 à son décès survenu le 13 octobre 2016 qu'elle avait abordé en plusieurs étapes chronologiques, en distinguant la restauration royale et l'urbanisation (1946-1988) ; La fusion royauté-démocratie (1988-2006) et la liquéfaction institutionnelle (2006-2016). Nous avions surtout noté les différentes interventions du roi dans le champ politique aux moments clés de ses « événements sanglants » (1973, 1976, 1992, 2010), ses crises institutionnelles, et ses multiples coups d'État, tant il était impossible de rendre compte de toutes les analyses copieusement annotées du livre. (A 297.)
Nous avions terminé notre article en omettant volontairement ce qu'elle a appelé « a liquéfaction institutionnelle (2006-2016) » pour annoncer l'objet de cet article consacré au « système royal », un appareil de pouvoir parallèle qui s'articule à travers trois séries d'instruments politiques, économiques et symboliques, à savoir le Conseil Privé du Roi et ses réseaux, la parami (2) et les finances royales et la symbolique royale et la reconnaissance du plus grand nombre. (Une 2e partie de 53 pages)
Notre volonté ici affichée n'est pas d'en faire un résumé tant cette partie est complexe, avec de multiples acteurs, notes, tableaux, et s'inscrit dans un historique lui-même complexe. Il s'agira donc de présenter ce que nous considérons comme l'essentiel sur ce pouvoir royal dont certains revenus ne peuvent qu'être estimés et les réseaux multiples reconstitués tant ils s'imbriquent à travers l'histoire royale, politique, économique et l'histoire des « grandes familles d'influence» avec leur alliances et mariages. Vous aurez ainsi les principaux éléments qui vous permettront de faire votre propre analyse et/ou commentaires.
« 1. L'articulation avec le pouvoir : le Conseil Privé. »
La mission du Conseil privé qui est chargé d'instruire les dossiers présentés au souverain, de formuler un avis sur la législation en attente de promulgation, les recours en grâce, les pétitions et les nominations, ou souvent d'assurer en son nom les projets sous patronage royal, ne dit rien sur ses pouvoirs politiques et économiques effectifs, qui ont été différents - bien-sûr - depuis le roi Chulalongkorn au XIXe siècle et depuis l'instauration de la monarchie constitutionnelle en 1932.
Marie-Sybille de Vienne va commencer son article en indiquant l'évolution de la composition de Conseil Privé du roi qu'elle saisit en six étapes (1952-1963, 1964-1971, 1971-1977, 1977-1997, 1998-2007, 2007-2016) qui montre la variation sociologique entre la parentèle royale, les civils (magistrats, diplomates, médecins, technocrates), et les militaires. Ainsi par exemple en 1977-1997 on assiste au doublement du poids des militaires (de 15% à 33%) alors même que la parentèle royale se maintient autour de 25%. Elle présente un tableau sur 17 dates qu vont de 1949 à 2015 qui indique les pourcentages des huit catégories retenues (Sino-Thaïs, Santé et éducation, Technocrates, Diplomatie, Intérieur, Armée, Magistrature, Parentèle royale).
Pour rester dans le présent du Nouveau Règne, elle écrit « Une fois monté sur le trône, le Roi Vijralongkorn réinstalle le Général Prem dans ses fonctions de Président du Conseil Privé le 6 décembre 2016 et désigne douze autres conseillers courant décembre : sept d'entre eux ont déjà servis sous le roi Bhumibol; parmi les nouveaux venus trois sont militaires et deux sont issus de la haute fonction publique (magistrature et agriculture) ». Huit conseillers de la vieille garde (Les noms sont donnés) perdent leurs sièges. « Suite au décès de Chanchai Likitjitta en janvier 1917, six sièges de conseillers (sur 19) restent donc vacants, le nouveau Conseil Privé étant composé à parts égales de militaires et de civils. » (Et en 2019?)
Mais il faut avouer que si cette sociologie suggère les différentes luttes entre les différentes institutions et acteurs du Pouvoir, elle ne rend pas compte d'une complexité plus grande si on tient compte des lignages maternels. Ainsi par exemple Marie-Sybille de Vienne donne l''exemple du 1er ministre civil Anand Panyarachun (à deux reprises entre 1991 et 1992),
« l'épouse (Mr Sodsri Chakappan) était à la fois cousine issue de germaine de souverains thaïlandais et de l'épouse (MR Sutchitguna Kityakara) du ministre des Affaires étrangères, Arsa Sarasin, Sutchitguna étant de surcroît cousine germaine de la Reine Sirikit,
Arsa Sarasin était personnellement le frère du vice-Premier ministre le général de police Pow Sarasin.
Faut-il s’en étonner ? Compte tenu de la polygamie, des 77 enfants du Roi Rama V, 15 lignes masculines et plus encore de féminines subsistent. La Reine Sirikit est cousine issue de germaine de feu le roi Rama IX tout comme Boriphat, gouverneur de Bangkok, tous issus de Rama V via l’une ou l’autre de ses épouses. Ne remontons pas à Rama IV et ses 82 enfants ! Il ne faut d'ailleurs pas examiner ces « cousinages » comme nous pourrions le faire avec nos yeux de monogames !
Extérieur certes, à ces cousinages, le ministre de l'Intérieur, le général Issarapong Noonpakdi, était le beau-frère du général Suchinda Krapayoon, commandant en chef de l'armée de terre, puis commandant suprême des armées et initiateur du coup -les solidarités de beaux-frères constituant un phénomène récurrent au Siam comme au Cambodge- ». (On aurait pu ajouter : Le même Suchinda fut le leader du NPKC qui organisa le coup d'État de février 1991 qui installa Anand Pananyachun comme 1er ministre avant de le devenir du 7 avril 1992 au 24 mai 1992)
On peut noter que cette présentation du Conseil privé ne dit rien sur le rôle politique des Conseillers et de son Président si ce n'est qu'à partir de 1988, le général Prem a eu une grande influence auprès du roi dans les nominations et promotions au sommet des appareils de l'État y compris militaires. Mais il est vrai que la 1ère partie signalait le rôle joué par le général Prem auprès du roi lors des émeutes sanglantes de 1992, pour calmer le jeu et obtenir la démission du général Suchinda ou bien encore lors de la crise économique et politique de 1997, et ses manœuvres contre le gouvernement Thaksin. (Cf. A 297.)
« 2. Parami et finances royales. (2)
Il est utile de rappeler que nous avions déjà dans un article précédent tenter de faire le point sur les finances royales avec surtout le « Bureau des propriétés de la couronne » (BPC), distinguant ses actifs immobiliers, ses revenus mobiliers, dont nous avions donné la valeur, en considérant les données disponibles. (Cf. A 236 (3))
Marie-Sybille de Vienne nous informe donc que l'institution royale dispose de trois instruments pour agir économiquement et socialement : le Bureau des Propriétés de la Couronne (Crown Property Bureau, i.e. CPB) ; les « projets royaux » et les fondations caritatives, que nous aborderons sans refaire l'historique (Qu'elle nous donne) et en simplifiant pour entrer dans le cadre d'un blog « grand public ».
Le CPB ?
Le CPB est un holding composé de la Siam Cement (Le plus important conglomérat industriel de l'Asie du Sud-Est, dit-elle (3))
et de la Siam commercial Bank (L'une des cinq premières banques du royaume),
la Deves Insurance,
la CPB Equity et la CBP Property.
Un tableau (p. 109) donne pour chacun une estimation des revenus du CPB en millions de baths (courants). Ainsi pour 2015 : la Siam commercial Bank : 4 831,8 ; Siam Cement : 5351 ; Deves insurance : 98 ; CPB Equity 1776 ; CPB Property : 3200, soit un total de 15257.
Un récapitulatif des actifs de la CPB est présenté (p.111) pour la fin 2015:
Capitalisation boursière % CPB Participation CPB
(milliards baths) (milliards baths)
Siam commercial Bank . 408 23,69 96,18
Siam Cement. 475 30,75 146,06
Deves insurance. 1,169 98,22 1,14
CPB (portefeuille boursier) 53,6 100 53,6
--------------------------------------
CPB property : Hectares % CPB (milliards baths)
Bangkok terrains commerciaux. 459 ha 100 445
Bangkok autres terrains. 869 ha 100 84
Province terrains divers. 5232 ha 100 4,81
Soit un total de 831,19 milliards de baths.
En sachant que le prix des trois catégories de terrains de la CPB property se fonde sur une évaluation calculée sur des valeurs moyennes qui varient d'une année sur l'autre. (Une note donne les sources). Si ce patrimoine foncier vous paraît considérable, sachez encore que ces 6.500 ha ne le place qu'en 4e position de la propriété foncière du royaume, loin derrière les 100.800 ha de la famille Sirivadhanabhakdi.
Il n’est pas inutile de préciser que le Bureau des propriétés de la couronne est chargé de la gestion d’un énorme patrimoine qui provient de la confiscation sans indemnisation de la fortune immobilière ou mobilière de nombreux membres de la famille royale.
Une hypothèse sur la gestion du CPB en 2015 nous est proposée.
La CPB compte 1200 salariés et dépense 1,669 milliards en frais de personnel et 2 milliards en frais de fonctionnement, soit environ un total de 3,6 milliards.
52 % des dépenses, soit 4,2 milliards sont consacrées aux « œuvres royales, qui sont diverses : jeunesse (jardins d'enfants, sport, bourses),
.....culturelles (art dramatique, et danse traditionnelle siamoise), restauration de temples, propagation du bouddhisme,
préservation de l'environnement rural, petite participation à des projets royaux.
La CPB se retrouverait donc avec un profit de 7,5 milliards de baths en 2015, dont 60 % seraient redistribué aux « actionnaires » royaux :
3,6 milliards de baths au Bureau de la Maison Royale (train de vie de la famille royale, listes civiles, activités publiques, cérémonies - funérailles de personnalité par ex., entretien des palais provinciaux et 0,9 milliards pour le Cabinet privé du Roi (l'État aurait donné 759 millions de baths).
La Couronne thaïlandaise disposerait donc d'un budget de quelque 8,5 milliards de baths à la fin de 2015 provenant à hauteur de 48 % des finances publiques et de 52 % des propriétés de la Couronne ; auquel on peut rajouter le revenu des actifs personnels des membres de la famille royale.
Ainsi par exemple une note nous apprend que la princesse Sirindhorn
...est « propriétaire (à titre personnel) du Palais Wang Sra Pathum et des terrains où ont été construits les différents complexes accessibles par la station du métro Siam : les centres commerciaux Siam Center (1973), Siam Discovery (1997) et Siam Parangon (2006), la parking Siam Car Park (1994), la tour de bureaux Siam Tower (1998) et le Siam Kempinski Hôtel (2010)»;
Elle est également actionnaire à titre personnel de Siam Piwat qui gère les centres commerciaux construits sur ses terrains. A titre de comparaison, les revenus issus du groupe Shin Corp. encaissés par la famille de Thaksin - alors considérée comme l'une des plus fortunées de Thaïlande - étaient en 2003 de 65 millions de dollars US (Ce qui équivaudrait à 78 millions en 2015), soit moins de la moitié des sommes allouées à la Couronne thaïlandaise.
Projets royaux de développement et fondations.
Outre la CPB qui en 2015 par exemple, a consacré 52 % de ses dépenses soit 4,2 milliards aux diverses «œuvres royales», il existe aussi des projets royaux de développement, financés en quasi-totalité par les dépenses publiques qui sont coordonnées par le bureau du « Government House » et depuis 1993, administrées par l' « Office of the Royal Development Projects Board » (ORDPB) qui est rattaché au cabinet du 1er ministre.
Toutefois, il faut noter qu'en 2015, ces dépenses ne représentaient que 2,5 milliards de baths, soit 0,09 % des dépenses publiques. Ces projets visent à promouvoir l'image du souverain et de l'institution royale, en tant qu'opérateur du progrès social.
Le nombre de projets «d'initiative royale» a évolué au fil des années, pour osciller entre 200 et 250 par an. Ils s'inscrivent dans la volonté royale de développer le monde rural (« hydraulique, environnement et agriculture représentant les trois quarts des projets à fin 2012 ») Un graphique (p. 116) nous apprend qu'en date de septembre 2012, 68% des projets avaient été consacrés à l'hydraulique (40% en 2011), 9,1% à la protection sociale, 7,5% à la formation professionnelle, 3,8% à l'agriculture, 3,3% à l'environnement 1,7% au transport, 1,2% à la santé, et 5,4 % à d'autres. Il n'est pas précisé les lieux d'implantations des projets ruraux -ce qui aurait été nécessaire-, comme par exemple les centres de développement dans cinq provinces au Nord, les stations d'agriculture, les projets engagés dans les tribus montagnardes pour former et aider les agriculteurs à cultiver et vendre d'autres cultures que celle du pavot pour éradiquer l'opium, améliorer l'environnement, etc. Et ne pas en rester aux projets royaux « vers le grand Bangkok et le delta de la Maenam, notamment avec le projet d'écluse du canal Lad Pho, lancé en 2006 et inauguré en 2010 destiné à réguler le réseau hydrographique, couplé avec le développement des transports urbains (ponts et voies express) ».
Il est important de connaître la nature de ces projets ruraux qui procèdent d'une conception royale du développement connue sous le nom : «d'économie suffisante», un «modèle» auquel le roi Rama IX était très attaché et qu'il a promu dans nombre de ses « discours ». « Conceptualisé, dit-elle, officiellement en 1998 à l'occasion de la crise financière (…) « l'économie suffisante » propose une amélioration progressive et raisonnable du niveau de vie des petits producteurs ruraux, en minorant les contraintes de l'endettement, du crédit à la consommation, du marché de la concurrence, une vision karmique de l'existence ... ». (Cf. A 292. (4))
On peut ajouter : Le roi Bhumibol Adulyadej n’est pas l’homme qui a inventé la philosophie de l’économie suffisante (…) Ce concept inspiré du bouddhisme qui prône la modération et l’autonomie économique est apparu formellement pour la première fois dans les décrets nationalistes (Rattaniyom) du régime militaire du maréchal Phibunsongkhram à la veille de la seconde guerre mondiale. A une époque où l’économie thaïlandaise restait majoritairement agricole et où la pagode était le centre de la vie sociale, il reflétait simplement la réalité quotidienne de la plus grande partie des Thaïlandais » (5)
Les fondations royales.
Marie-Sybille de Vienne signale l'existence d'une vingtaine de fondations de 1er rang, dont la plus ancienne est la fondation Ananda Mahidol créée en 1959 sous l'impulsion de la Princesse mère qui en 1969 va en créer une autre sous son propre nom. (Consacrée à la médecine et à la santé publique. 51.000 volontaires médicaux en 2014 sont chargés d'apporter les premiers soins dans les villages reculés.)(Décédée en 1995), d'autres encore à l'initiative de la princesse Galliani (sœur de Rama IX, décédée en janvier 2008) , mais il faut attendre 1969 pour que la Royal Project Foundation soit créé officiellement par le roi Rama IX, qui est une organisation à but non lucratif, qui se donne comme objectifs d'améliorer la qualité de vie des tribus du nord en développant des cultures de substitution pour réduire voire d'éliminer la culture de l'opium, préserver et faire revivre les forêts et les ressources en eau. (38 programmes étaient en cours en 2014). Wikipédia précise qu' « en 1992, le projet royal a pris le nom de Fondation du projet royal et est devenu en permanence un organisme public au profit du peuple. (…) Il compte 38 centres de développement répartis dans cinq provinces du nord. (…) À Chiang Mai [par exemple], il existe 27 centres de développement comprenant trois stations d'agriculture royales: Doi Ang Khang, Doi Inthanon et Pangda » (6) (Voir par exemple le projet royal de Non Hoi (7))
En fait, nombre de projets royaux, initiés sur l'initiative de la Couronne sont relayés ensuite par des ONG, ainsi l'ONG Chaipattana (Victoire de Développement) créé en juin 1988 qui « une fois éradiquée la culture du pavot, s'est réorientée vers des domaines qui relèvent de l' « économie suffisante » avec 4 centres agronomiques et une série de projets agricoles. Les fondations -dites royales- sont multiples et couvrent bien des secteurs comme la santé des vétérans de l'armée et de la police, la commercialisation des produits agro-artisanaux, le relogement des plus défavorisés des bidonvilles du centre de Bangkok installés sur les terrains de la Couronne, des projets hydrologiques, etc.
D'autres ONG bénéficient du patronage de la famille royale, comme la Croix rouge thaïlandaise et beaucoup d'autres (Marie-Sybille de Vienne en cite une douzaine) qui bénéficient ainsi de nombreuses donations des principales entreprises thaïlandaises et de dons privés. Les dernières fondations royales créées « confirment que l'assistance aux plus démunis, physiquement ou socialement, n'est plus le seul objectif de la charité », mais qu'il s'agit toujours de préserver l'image de la Couronne.
« Les réseaux de l'économie royale à la fin du 9e règne.»
Le sommet du maillage royal peut être appréhendé par les conseils d'administration, d'une part par les cinq composantes du CPB (Siam Cement, Siam Commercial Bank, Deves Insurance, CPB Equity, CPB Properties) du volet économique de la royauté et par ceux des principales fondations royales du volet social (qui sert à son prestige) (Une quinzaine) soit 21 organismes, gérés par quelque 138 administrateurs.
Ces administrateurs « dont 26 (soit un sur cinq) siègent dans plusieurs conseils » constituent ainsi le point focal du « système royal », surtout que 6 d'entre eux appartenaient au Conseil Privé du roi Rama IX. (Les noms sont donnés. Ainsi par exemple le directeur général de la CPB était présent dans quatre des fondations lancées par le roi, et il présidait également le conseil d'administration du NIDA (L'ENA thaï))
On imagine l'importance de ce réseau de pouvoir et d'influence qui se structure au niveau du CPB et de 19 « entreprises » (Et organismes et une institution) composées par les grandes agences d'État, les grandes firmes appartenant en tout ou partie à l'État thaïlandais, les organismes en charge des politiques publiques et quelques firmes privées à capitaux majoritairement nationaux, dont certaines entretiennent des liens entre elles. (Cf. Liste (8)) « Auxquels, il faudrait rajouter les interconnections des réseaux familiaux et les lignages (royaux, militaires, civiles, politiques)).
3. « Symbolique royale et reconnaissance du plus grand nombre. »
Nous avons vu que le Roi avec son Conseil Privé composé d'hommes influents joue un rôle important au niveau politique et dans la gouvernance du royaume, que l'institution royale dispose de trois instruments et des fonds importants pour agir économiquement et socialement : le Bureau des Propriétés de la Couronne (Crown Property Bureau) (CPB) les « projets royaux » et les fondations caritatives, animés par des réseaux d'hommes influents agissant dans tous « les secteurs clés de la société civile, de la banque à la santé en passant par l'éducation et les infrastructures », avec en plus une surmédiatisation des réalisations royales. Mais pour toucher le plus grand nombre, Marie-Sybille de Vienne nous dit que la Couronne va se servir d'un autre relais d'ordre symbolique qui va s'exercer à trois niveaux : « propitiatoire et civil à l'échelle nationale, bouddhique et caritatif à l'échelle communautaire ; prophylactique et magique à l'échelle individuelle. »
3.1 « Propitier le royaume. » (9)
« Le calendrier royal prévoit deux grands rites séculaires dont l'objet est de « propitier » les deux piliers (traditionnels et modernes) de la Couronne siamoise, l'agriculture et la fonction publique : le labourage du premier sillon et l'anniversaire du souverain. »
Nota. On peut être étonné ici que Marie-Sybille de Vienne réduise quelque peu le champ de la symbolique royale thaïlandaise. On pouvait pour le moins avec un ouvrage qui affichait de présenter une « royauté bouddhique » apprendre le rôle du bouddhisme dans la légitimation du roi et l'exercice du pouvoir royal, qui ne peut se comprendre comme nous l'apprend Forest que dans le cadre mythico-religieux du bouddhisme theravada, (avec les divinités indiennes Brahma, Vishnu, Shiva) avec par exemple la cérémonie d’intronisation du nouveau roi et les funérailles solennelles du roi précédent, et d’autres événements de nature religieuse et symbolique qui visent à exprimer et renforcer la fonction royale, et d’autres légitimations secondaires que Gabaude nous rappellent. (Cf. Les références (10))
Bref, nous n'allons pas ici décrire ce vieux rituel (Cf. pp. 130-131) qui se déroule en deux étapes et dont la date est fixée par les astrologues du palais (En 2012, on peut être surpris que le Bureau de Maison royale employait 13 astrologues et 12 brahmanes. Note 217, p. 130), une cérémonie du labourage confiée ces dernières années au secrétaire général du ministère de l'agriculture à Bangkok et qui a pour fonction de montrer que le souverain est le protecteur de ses sujets et a le pouvoir d'appeler la pluie et de donner de bonnes récoltes. Il n'est pas sûr qu'il soit d'une grande efficacité symbolique auprès des Thaïlandais.
Ensuite il est évoqué « L'anniversaire du roi avec le serment d'allégeance ». Ce rituel est certainement populaire, dans la mesure déjà où depuis 1960, l'anniversaire du roi Rama IX est devenu une fête nationale, identifiant ainsi le roi à Nation. (Elle a été maintenue par Rama X) Il est précédé d'une grande parade et ensuite d'un serment d'allégeance effectué par l'ensemble des responsables des institutions et des corps d'État, plaçant ainsi le roi au centre de l'appareil d'État. Après la parade, le Prince héritier, au nom de la famille royale, effectue un autre rituel d'offrande au souverain, devant les dirigeants des corps constitués (premier ministre, président de l'Assemblée Nationale et Président de la Cour Suprême) et et le Commandant des suprême des forces armées). Et puis les délégations des différents corps d'armée effectuent publiquement le serment d'allégeance. Les prestations de serment sont également effectuées à l'intérieur des administrations centrales et en Province devant le portrait du Roi. Le discours du roi clôture la cérémonie.
(Il n'est rien dit sur le sens hautement symbolique de ces discours qui ont eu certaines années un grand impact dans la marche politique du royaume)
3.2 « Structurer les communautés : le jeu du kathin royal. »
Marie-Sybille de Vienne expose donc, ce qu'elle considère comme la seconde catégorie des grands rites royaux : le kathin (kathina), offrande de nouvelles robes aux moines, qui met « en exergue la dimension bouddhique du monarque cakravartin l'instrument de l'intégration des élites entrepreneuriales modernes à la société thaïe, en leur permettant d'acquérir des mérites par le truchement de la parami royale », qui a été instauré par le gouvernement Sarit par décret en 1960, distinguant trois degrés de kathin royaux. En simplifiant : Par le Roi dans 9 monastères, les membres de la famille royale dans 7 autres monastères, au nom du Roi dans des monastères de seconde et troisième catégorie. Une occasion pour tous ceux qui le souhaitent d'apporter une contribution au monastère, dans un rituel où est mis en scène le Traibhum, texte fondateur de la cosmologie siamoise. Un kathin royal, dit-elle, qui « par-delà la dimension cosmologique (Qu'elle n'analyse pas ) met en branle une dynamique socio-économique de première importance autour des monastères ».
Mais ensuite oubliant que son sujet est la symbolique royale, elle poursuit sur la hiérarchie des monastères qui détermine celle des grades monastiques et des sommes qui leur sont allouées et la multiplication des monastères royaux. Informations certes intéressantes, mais qui ne nous apprennent rien sur le prestige que peut en retirer le roi. De même, elle ne dit rien du contexte bouddhique dans lequel s'inscrit le kathin royal. (Cf. Le Asahara Bucha, (Le 1er sermon de Bouddha, l'une des fêtes bouddhistes les plus importantes ); suivie par le Khao Phansa (Le carême bouddhiste de 3 mois pour les moines ; mais à l'occasion duquel de nombreux jeunes civils se font moines et que les Thaïlandais tentent de prendre de bonnes résolutions.) ou d'autres fêtes religieuses.
De même, il n'y aucune référence aux fêtes civiles qui « ont (aussi) pour objectifs de légitimer la dynastie Chakri avec son fondateur Rama I, le roi Chulalongkoron (Rama V), le père de la nation, et feu le roi actuel, Rama IX, dont on fêtait le 5 mai le couronnement, le 5 décembre son anniversaire, sans oublier la reine dont on fête également l’anniversaire le 12 août. Par contre, la fête du 10 décembre rappelle qu’en ce jour de 1932, la monarchie absolue devenait une monarchie constitutionnelle. » (In notre article sur le calendrier des fêtes civiles et religieuses (11)). Les mythes historiques ne sont pas non plus évoqués, qui avec leurs « héros nationaux » servent également à légitimer la royauté « à justifier et codifier de nouvelles institutions politiques, instituer des nouveaux rites, des nouveaux codes, des interdits, des tabous, constituer une nouvelle mémoire collective en établissant des nouvelles généalogies, en choisissant des événements fondateurs, des nouveaux héros ou héroïnes. » (In notre article « 14. Les nouveaux mythes thaïs : les héros nationaux. » (11)
3.3 « Protéger les individus : la fabrique des amulettes royales ».
Ainsi le troisième pouvoir symbolique de la Royauté s'exercerait par le succès des amulettes royales, leur fabrication et leur vente.
On pouvait donc s'attendre à ce que Marie-Sybille de Vienne définisse pour le moins, le pouvoir symbolique de l'amulette en général, mais nous n'aurons qu'une définition pour le moins élémentaire : « L'amulette peut être définie comme un petit dispositif protecteur millénaire, fabriquée par l'homme et porteur d'une inscription et/ou une effigie, dont la puissance tient au Siam à la fois aux matériaux qui la composent, à l'événement et/ou la personne qu'elle commémore et au nombre et au rang des moines qui participent à la consécration. » Voyez-vous ici une référence à une force symbolique ? Au bouddhisme ? A l'animisme ? Aux esprits ? Aux pouvoirs magiques de l'amulette, si ce n'est le « petit dispositif protecteur » ?
S'il est dit ensuite que « la renommée du moine thaumaturge Somdet Pho -tuteur du futur roi Mongkut lors de son noviciat- et les fréquentes excursions du roi Chulalongkorn qui rendaient sa personne visible au plus grand nombre développèrent un engouement pour l'amulette et l'image en général », il n'est pas encore montré ce qu'elle représente. On restera essentiellement sur le marché économique des amulettes : à son commerce à proximité des sanctuaires, qui devient pour eux une source de revenus importants, puis son développement par les médias après la 2ème guerre mondiale, puis internet. Et encore la tentative de récupération politique par Phibun « qui ordonna la frappe de près de cinq millions d'amulettes représentant le Bouddha debout, afin de lever des fonds pour la construction d’une vaste mandala, surpassant par ses dimensions les édifices religieux érigés par les Chakri. » Pour poursuivre avec ce qu'elle appelle « le succès des amulettes royales ».
On apprendra alors les principales étapes et émissions de la fabrique royale des amulettes : Le banc d'essai en 1962 par Sarit, 1963, 1964-1965, l'engagement personnel du roi Bhumibol en 1965 à l'approche de ses 40 ans, en 1971 pour son jubilé d'argent (25 ans de règne), en 1975 pour la médaille du 4e cycle du Roi, puis le 6e cycle, etc, pour honorer ceci, construire et restaurer cela. La liste est longue. Les sanctuaires royaux y allèrent de leur émission de médailles... pour constater : « Au total, début 2015, les amulettes directement liées à la royauté représentaient près de 10% des amulettes (hors dispositifs protecteurs, de type takrut, phisman, etc.) circulant en Thaïlande. ».
Mais on reste ici dans un marché économique et loin d'une explication symbolique, qu'elle reconnaît pourtant ensuite, en signalant que l'achat d'une amulette avec l'effigie du roi ou de l'un de ses proches, est « révélatrice d'une troisième dimension de la royauté très éloignée de normes occidentales qui la réduisent aux institutions et à la symbolique d'État, une dimension surnaturelle et magique, au demeurant commune à tous les niveaux de la pratique sociale thaïlandaise ». Une dimension essentielle certes, qu'elle n'explicite pas et qui en reconnaissant qu'elle est commune, réduit quelque peu le propos qui était de démontrer que les amulettes étaient l'un des instruments du pouvoir royal.
Il y avait pourtant tant à dire sur les amulettes royales ou non. On ne peut que vous conseiller la lecture de 6 articles consacrés aux amulettes du blog ami « MerveilleuseChiang-Mai» (12). Vous aurez compris que cette partie nous a quelque peu déçus.
Toutefois, le livre de Marie-Sybille de Vienne, par son érudition, les centaines de notes le prouvant, nous a aidés à mieux comprendre les instruments du « Système royal » qui assurent la légitimité et le prestige du roi et de la famille royale, le protecteur de la Nation et du Bouddhisme.
Mais le nouveau roi Maha Vajiralongkorn (Rama X) qui a succédé à son père le 1er décembre 2016 a renforcé son pouvoir sur ce « système », en modifiant la partie le concernant du référendum du 7 août 2016, en nommant de nouveaux conseillers au Conseil privé, un nouveau chef de l'armée, Apirat Kongsompong, issu d'une faction rivale à celle de Prayut et de ses alliés de la junte, et en s'accordant la nomination de l'ensemble des membres du comité supervisant le Crown Property Bureau (CPB), dont nous venons de voir la puissance dans ce royaume. Un nouveau chapitre de la royauté thaïlandaise.
NOTES ET RÉFÉRENCES.
(1) Les Indes Savantes, 2008.
(2) Parami désigne la pratique d'une vertu qui, menée vers sa perfection, permet d’accéder à l’éveil, c’est-à-dire au nirvana ou à l’état de bodhisattva puis de Bouddha.
(3) Nous avions dans notre article A 266 - LE ROI DE THAÏLANDE EST-IL BIEN L’HOMME LE PLUS RICHE DU MONDE :
http://www.alainbernardenthailande.com/2017/08/a-266-le-roi-de-thailande-est-il-l-homme-le-plus-riche-du-monde.html
réagit contre le magazine Forbes qui avait fait la confusion entre les richesses personnelles du monarque et celles du BPC « Bureau des propriétés de la couronne » (Crown property bureau - สำนักงาน ทรัพย์สินส่วนระมหาษัตริย์ - Samnakngan Sapsinsuanphra Mahakasat).
Nous avions alors fait le point sur Le « Bureau des propriétés de la couronne » (BPC) et son histoire, avec les actifs immobiliers (avec les 24 sites des palais et résidences, les immeubles de bureaux, les 15 sites de bâtiments commerciaux) puis les revenus mobiliers (Avec les dividendes de trois sociétés de premier plan, 21,47 % de la Siam Commercial Bank pour une valeur estimée de 1,1 milliard de dollars, 30,76 % de The Siam Cement Group (énorme conglomérat fondé par Rama VI) pour une valeur estimée de 1,9 milliards de dollars et 98,54 % de The Deves Insurance, l’une des plus importantes compagnies d’assurances du pays pour une valeur estimée de 600 millions de dollars. Le total des dividendes perçus en 2010 a été de 200 millions de dollars (environ 6 milliards de baths). Ces revenus sont évidemment sinusoïdaux en fonction de la loi du marché. Lors de la crise de 1997, ils ont été nuls et le Bureau a dû se séparer de quelques actifs immobiliers pour ne pas se trouver en difficultés. Ce sont des sociétés commerciales qui publient leurs bilans, et ils sont donc disponibles sur Internet, et donc loin de l’opacité déclarée par certains.
Nous avions noté, entre autre que le Bureau emploie plus de 1.000 personnes dont la plupart (au moins 90 %) se consacre à la gestion du parc immobilier et que les dépenses de personnel représentent 14,20% du budget 2015 (rapport 2016) et que les dépenses de la « liste civile » destinée à financer les interventions de tous les membres de la famille royale sont prélevées sur les recettes du Bureau et se seraient élevées pour l’année 2015 à la somme de 170 millions de dollars, avec donc le mérite de ne pas être financée par le contribuable. C’est toutefois un domaine sur lequel plane une certaine discrétion puisque, si nous connaissons le détail de activités du Bureau, celui-ci ne dévoile sauf au Roi ni le détail de ses comptes ni ses bilans ni sa comptabilité. De même que nous ne connaissons rien de la fortune personnelle de feu le roi Rama IX et celle de son fils Rama X, actuellement régnant, en rappelant que si le Bureau est propriétaire d’un patrimoine « considérable », il n’est pas la propriété du Roi qui n’en gère que les revenus.
(3) D'après wikipédia : La société publique Siam Cement Group Limited (SCG; SET: SCC) est la plus grande et la plus ancienne société de ciment et de matériaux de construction en Thaïlande et en Asie du Sud-Est. En 2016, SCG a également été classée par Forbes comme la deuxième société en importance en Thaïlande et la 604e société publique au monde. Son principal actionnaire est le Crown Property Bureau, qui détient 30% des actions de Siam Cement.
Les revenus consolidés s'élevaient à 450 milliards de baths (14 milliards USD) pour l'exercice 2017. L'unité ciment et matériaux de construction a contribué à hauteur de 38%; 44% de l'unité des produits chimiques; et 18% de l’unité d’emballage.
SCG a été fondée en 1913 par décret royal du roi Rama VI pour fonder la première cimenterie de Bangkok, en Thaïlande. Depuis lors, la société a étendu ses activités à trois divisions principales: SCG Cement-building materials; Produits chimiques SCG; et SCG Packaging. La , SCG investit énormément dans les régions d’Asie du Sud-Est, notamment dans les activités d’emballage en Malaisie, le complexe pétrochimique au Vietnam et de nombreuses cimenteries dans les régions.
SCG emploie environ 54 000 personnes. Cementhai Holding Co., Ltd. supervise les investissements de SCG dans diverses entreprises, comme par exemple, Kubota, Yamato Kogyo, le groupe Aisin Takaoka, Nippon Steel, Toyota Motor, Michelin, Hayes Lemmerz, Siam Mitsui et la société Dow Chemical.
(4) A 292 - « IDÉES REÇUES SUR LA THAÏLANDE», SELON Mlle EUGÉNIE MÉRIEAU. 8
« LA THAÏLANDE S'EST SORTIE DE LA CRISE DE 1997 GRÂCE AU MODÈLE ÉCONOMIQUE DU ROI RAMA IX. ».
Extrait: “Le 26 mai 2006, « Le Secrétaire général a remis au roi Bhumibol Adulyadej le prix décerné par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) afin de saluer son action exceptionnelle dans le domaine du développement humain, de la réduction de la pauvreté et de la conservation de l'environnement en Thaïlande. C'est la première fois qu'une telle récompense a été décernée. » (Cf. (1)) ; En 2007, la philosophie royale est « constitutionnalisée » ; En 2017, elle est justiciable, par la Cour constitutionnelle ; Les projets royaux de développement rural devinrent des « fondations royales » à l'instar de la Fondation pour les projets royaux fondés en 1969 et, précise-t-elle, « Il doit également être noté que les fondations royales et projets royaux sont protégés de facto par la loi de lèse-majesté et par conséquents non sujets critiques ».
Autre extrait : « Un modèle de ferme familiale - Pour le monarque, le progrès ne devait pas se mesurer en chiffres de croissance, mais par la capacité de se suffire à soi-même et de contrôler sa destinée économique.
En 1996, le roi Bhumibol a créé un modèle de ferme familiale fonctionnant sur le principe de suffisance économique : un terrain de 2,4 hectares (la moyenne des propriétés en Thaïlande) divisé en un étang pour la pisciculture, un rectangle de rizières et un espace pour des arbres fruitiers et pour les légumes.
Le souverain a précisé que ce type de ferme auto-suffisante ne devait pas être une fin en soi, qu’il devait y avoir un développement graduel, notamment par des échanges commerciaux.
C’est l’idée d’une voie moyenne, d’un équilibre harmonieux entre les ambitions et les moyens dont on dispose, qui sort tout droit du bouddhisme Theravada. »
(6) https://en.wikipedia.org/wiki/Royal_Project_Foundation
(8) Thai Airways, National Petroleum Pub Cp (NPC), Petroleum Authority of Thailand (PAT), Deves Insurance, Siam Cement, Conseil Privé, Siam Com Bank, NIDA, Thai Beverage, Bangkok Aviation Fuel Services (BAFS), Krung Thai Bank Thai Farmer Bank, In Touch, Bank of Asia, Saha Union, NESDB, Bank of Thailand, Electricity Generating of Thailand (EGAT), Telephone Org. for Thailand (TOT).
(9) « Propitier » : Rendre propice, favorable.
(10) Alain Forest, « Le processus traditionnel de légitimation du pouvoir royal dans les pays de bouddhisme theravâda », Journal des anthropologues, 2006
L. Gabaude « 1.3. Les légitimations secondaires : stupa, images et ordination royale », in « Revue d’études comparatives Est-Ouest », Vol. 32, n°1 (mars 2001), pp.141-173
«Louis Gabaude (In Notre article 93 de « Notre Histoire ») nous apprend que « la légitimation bouddhiste des dirigeants politiques d’Asie du Sud-Est ne passait pas simplement par l’acceptation du fait accompli expliqué par la commune loi du karma et par des traités plus ou moins savants relayés par la prédication populaire. Elle était de surcroît visualisée, matérialisée, cristallisée par » ; et il évoque : la « grande relique », le grand stupa ou maha-dhâtu, les statues de Bouddha que l’on fait sculpter et que l’on pare d’habits royaux, ou que l’on va « prendre » chez l’ennemi, pour ses pouvoirs. Une liste non limitative, dit-il, car toute action royale participe d’un tel processus de légitimation et de citer : « découverte d’une trace de pied de Bouddha, d’un éléphant blanc, copie ou impression du Canon bouddhique, œuvres de bienfaisance, paix – mais aussi guerre victorieuse - , tout peut concourir à la grandeur d’un prince ».
(11) Cf. Notre article : http://www.alainbernardenthailande.com/2016/11/h3-le-calendrier-des-jours-feries-fetes-civiles-et-fetes-religieuses-en-thailande.html
Cf. Aussi 14. Les nouveaux mythes thaïs : les héros nationaux.
(12) Blog « MerveilleuseChiang-Mai » : https://www.merveilleusechiang-mai.com/marche-aux-amulettes-le-3605362136343604-3614361936323648358836193639365636293591
https://www.merveilleusechiang-mai.com/amulette-jatukham-rammathep-l-1
https://www.merveilleusechiang-mai.com/amulette-jatukham-rammathep-l-2
https://www.merveilleusechiang-mai.com/amulettes-et-bouddhisme-13
https://www.merveilleusechiang-mai.com/amulettes-et-bouddhisme-23
https://www.merveilleusechiang-mai.com/amulettes-et-bouddhisme-33
Cf. aussi nos articles sur les relations entre le bouddhisme et l'animisme, le culte des esprits et des amulettes: http://www.alainbernardenthailande.com/article-22-notre-isan-bouddhiste-ou-animiste-78694708.html
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