L’expédition Doudart de Lagrée/Francis Garnier, in « Les grands pionniers du Mékong. Une cinquantaine d’années d’aventures. (1884-1935) », d’après Luc Lacroze*.
Mais auparavant, il faut savoir que le Mékong** est le quatrième fleuve d’Asie (après le Yangzi Jiang, le Gange-Brahmapoutre et l’Ienisseï). Il est d’une longueur variable de 4350 à 4909 km et naît dans le Qinghai sur les hauteurs de l’Himalaya et irrigue la Chine (la province du Yunnan) (près de la moitié du fleuve), borde le Laos à la frontière de la Birmanie, puis de la Thaïlande avant de couler au Laos et de revenir à sa frontière, puis traverse le Cambodge où naissent les premiers bras de son delta, qui se prolonge dans le sud du Vietnam où on l'appelle Cuu Long (neuf dragons),
car le fleuve se divise en neuf bras dans le delta, avant de se jeter dans la mer de Chine méridionale.
C’est un fleuve sacré***, mais aussi un fleuve vital pour tous ces pays et surtout pour plus de 90 millions de personnes qui vivent sur ses rives et dépendent de lui pour leur survie ; c’est selon : la production hydroélectrique, l’irrigation, la pêche, la pisciculture, la fourniture d’eau pour l’industrie et les habitants, et le transport dans certaines de ses parties. Il faut aussi se rappeler par exemple que toutes les grandes villes du Laos sont sur le fleuve, ainsi que la plus grande ville du Viêt Nam, Hô-Chi-Minh-Ville ; que le Cambodge est complètement dépendant du fleuve pour nourrir ses habitants et que plus de 18 millions vivent dans son delta au sud-Vietnam. (D’après wikipédia)
Un fleuve qui a bien sûr une histoire et qu’il a fallu découvrir. (Cf. note****)
Autant dire qu’il peut inspirer de nombreuses pages, mais nous allons nous intéresser qu’à la période coloniale de la France en Asie du Sud-Est, qui commence avec la prise de Saïgon en 1861, et va se poursuivre avec la fondation de la Cochinchine française en 1862, le protectorat français en 1863 sur le Cambodge, en 1884 sur le Tonkin et l’Annam, qui deviendra en 1887 « l’Union indochinoise », sans oublier la lutte, que nous avons traité, entre les Français et les Siamois de 1887 à 1893 qui aboutira au traité de Bangkok de 1893, qui entre autre mettait le Laos sous protectorat français et faisait du Mékong, la frontière « officielle » entre la France et le Siam sur presque 1500 km.
(Carte établie par Francis Garnier)
Un fleuve que dès 1866, les autorités françaises envisagent comme une voie commerciale pour les bateaux à vapeur, surtout pour s’ouvrir au marché chinois. Mais nous verrons que durant 50 ans de nombreuses expéditions seront entreprises, menées par des acteurs très divers comme des officiers de marine, des pionniers envoyés par des armateurs, des aventuriers à la recherche de profit, des idéalistes… Ce seront des lettres, des télégrammes, des rapports, des conférences, des articles des récits d’exploits et d’aventures que Luc Lacroze a lu pour nous, pour nous rappeler le courage, la volonté, la ténacité, l’exploit souvent de ces grands pionniers qui ont tant voulu vaincre tous les obstacles du Mékong, les variations chaque année entre les hautes et les basses eaux, les courants, les rochers, les multiples rapides, les chutes d’eau, qui limitaient voire rendaient impossible sa navigabilité.
La première expédition. L’expédition Doudart de Lagrée/Francis Garnier de 1866.*****
En 1866, l’amiral de la Grandière,
gouverneur de Cochinchine, dans une lettre du 25 mai, confie au capitaine de frégate Ernest Doudart de Lagrée,
secondé par le lieutenant de vaisseau Francis Garnier,
la mission d’effectuer une reconnaissance du Mékong, encore largement inconnue, afin d’étudier la possibilité d’établir une relation commerciale depuis la vallée supérieure du Mékong au Cambodge et à la Cochinchine.
(Une carte est nécessaire pour visualiser la série d’obstacles à franchir.)
La mission part le 5 juin 1866 et peut aller de Saïgon à Kratié en bateau à vapeur, mais ensuite la reconnaissance du Mékong ne peut s’effectuer qu’en pirogue, pour affronter trois difficultés majeures : les rapides de Sambor (une dizaine de km franchi en la journée du 14 juillet) en amont de Kratié,
les Prépatang (une douzaine de km qui demandera 4 jours), et les chutes de Khône, qui seront d’une autre difficulté : une ligne de cataractes de plusieurs tronçons,
des îles, des chutes, des forts courants sur 12 à 13 km.
La mission passe une semaine pour étudier et trouver un point de rivière où un bateau de moyenne grandeur, aux grandes eaux puissent passer la cataracte ; ou dans le cas contraire, établir un canal latéral à frais modéré.
Pour Doudart de Lagrée, la conclusion est claire : un bateau à vapeur ne peut pas passer,
et un canal est possible mais coûterait trop cher. Francis Garnier écrit de son côté : « Aux cataractes de Khône, s’arrête forcément, à moins de travaux gigantesques, toute navigation continue sur le Mékong. »
Et ce n’est pas fini, car Doudart de Lagrée a appris que fort loin en amont existe une vingtaine de rapides étalés sur une centaine de km entre Pak Moun et Kemarat (connu sous le nom les chutes de Kemarat).
(D'après une carte siamoise de 1905)
Il confie la mission à son lieutenant de vaisseau Delaporte d’en effectuer la reconnaissance avec 8 piroguiers laotiens, et lui donne rendez-vous en amont de Kemarat, qu’il va rejoindre avec le gros des troupes, avec les bagages à dos d’éléphants.
Delaporte va remonter les rapides dits de Kemarat en 15 jours (12-27 janvier 1867) et identifier une vingtaine de rapides, avec des difficultés majeures : Keng Yapeut, Keng Kaac, Keng Kalakaï, Keng Kalakak et Keng Kamieu ( encore y-a-t-il au-delà du village de Kemarat, les rapides de Keng Noyang et de Keng Sa). Ses conclusions seront pessimistes quant aux possibilités de navigation à vapeur dans les Kemarat.
L’expédition poursuivra la remontée du fleuve pour constater que d’autres rapides très dangereux n’étaient accessibles qu’en pirogue, comme ceux de Kiang Tian, Keng Luong, entre Vientiane et Luang Prabang, et ensuite après Xieng Khong, le terrible Tang Ho (Tang, rapide en lao), insurmontable en cette saison, qu’ils atteignent le 18 juin 1867.
Ils poursuivront par voie de terre pour retrouver le Mékong le 29 septembre 1867 à Xieng Houng (Jing Hong), pour de nouveau devoir repartir sur les pistes et s’éloigner du fleuve, et atteindre une région en révolte.
La mission d’exploration du Mékong se poursuivra jusqu’à la petite ville de Semao en Chine, où Doudart de Lagrée décidera dans une lettre du 30 octobre 1967 adressée à l’amiral-gouverneur, de renoncer à suivre le Mékong, du fait de la guerre sévissant dans cette région et estimant que leurs études ne pourraient que bénéficier aux Anglais, contrôlant désormais la Birmanie. Voilà presque 15 mois que la mission était partie de Saïgon.
Doudart de Lagrée opérera son retour en reconnaissant le haut Song Koi, pour rejoindre Yunnan Fou et se diriger vers le Yang Tsé Kiang, avec l’idée de trouver une autre voie commerciale.
Le Fleuve rouge devenait-il une autre voie possible ?
Doudart de Lagrée/Francis Garnier poursuivaient leur aventure, et profitaient de leur retour, pour tenter de découvrir si le Fleuve rouge n’était pas finalement la voie recherchée pour commercer avec la Chine. L’expédition quitte donc Semao (Simao) et par Puerl (Pu’er) arrive le 18 novembre 1867 à Yuen Kiang. Ils embarquent le 26 novembre sur le fleuve rouge pour renoncer 3 heures plus tard au premier rapide infranchissable.
(On peut noter qu’on est vraiment dans les premières découvertes pour renoncer ainsi 3 heures plus tard.)
Francis Garnier, seul avec ses piroguiers, tentera de poursuivre, pour finalement renoncer, le 27 novembre, après une seule journée de navigation. Mais il eut la bonne nouvelle d’apprendre que plus loin, le fleuve était navigable de Man Hao (Man Ban) (situé à env. 60 milles en amont de Loa Kaï, poste frontière entre le Tonkin et le Yunnan) à la mer.
Pour Doudart de Lagrée informé par Francis Garnier, c’était une victoire qu’il signalera dans un rapport le 6 janvier 1868 à l’amiral-gouverneur, envoyé de Yunnan Fou (Kunming).
(Lacroze ne dit pas comment ils avaient rejoint Kunming situé à près de 500 km de Man Ba. De même Lacroze ne dit pas dans quelles circonstances Doudart de Lagrée décédera le 12 mars 1868. )
Francis Garnier va ramener le corps de Doudart de Lagrée avec la mission, en descendant le Yang Tsé Kiang jusqu’à Shanghaï, pour rallier Saïgon en juin 1868.
L’expédition avait parcouru 8 800 km, et était partie de Saïgon depuis 2 ans.
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Francis Garnier rejoint aussitôt la France où il est affecté au Dépôt des cartes et plans de la Marine. Il y achève la rédaction de son rapport de mission.****** Dès lors, Francis Garnier n’eut de cesse de demander la formation d’une autre expédition qui aurait eu pour but de démontrer la navigabilité du fleuve rouge de Man Hao à la mer. Mais la guerre contre la Prusse, l’occupation de Paris, laisseront sans suite ses démarches.
Mais Francis Garnier n’a pas renoncé. « Il sollicite et obtient un congé sans solde pendant lequel il s'installe à Shanghai avec son épouse. Il continue ses travaux de reconnaissance du cours supérieur du Mékong. Il passe plusieurs mois à explorer, seul, le Yunnan et le Tibet, lorsqu'il est rappelé par le contre -amiral Dupré … » (wikipédia)
Le Mékong fut oublié pendant une quinzaine d’années, et il faudra attendre 1884-1885, pour voir de nouveaux pionniers dans les rapides du Mékong de Sambor et de Préapatang.
Mais cela est une autre histoire. (Cf. Notre prochain article)
Nous avons extrait de cet ouvrage :
les illustrations de cet article, qui sont toutes du crayon de Doudard de Lagrée.
Il a été complété par la publication d'un atlas complété de nouvelles illustrations :
nous vous en donnons la reproduction à la fin de cet article, elles sont un plaisir pour les yeux même si la numérisation n'en est pas toujours parfaite *******
et un autre volume purement technique comporte le résultat de toutes les observations purement scientifiques, géodésiques, géologiques, minérales, ethnologiques etc, n'oublions pas que Garnier et Dudart sont des polytechniciens.
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*« Les grands pionniers français du Mékong. Une cinquantaine d’années d’aventures. (1884-1935) », L’Harmattan, 1996.
** Le fleuve est à l’origine appelé Mae Nam Khong par l’ethnie Taï, répartie dans tout le bassin ; pour raccourcir, ils disent Mae Khong, signifiant « Mère de tous les fleuves » ou « Fleuve Kong » […] En thaï « kong » (โขง) est une espèce de crocodile ; certains pensent que ce mot a évolué à partir de « kod » (คค) ou « kong » (โค้ง), étant tous les deux des adjectifs pour décrire les méandres et courbes d’un fleuve ou d’une route.(wikipédia)
***Un fleuve sacré.
Comme tous les fleuves d’Asie, le Mékong est pour les habitants qui longent ses rives, la mère des eaux, la mère de tous les fleuves, un fleuve sacré aux multiples légendes et mythes, où les esprits vivent. Les temples et pagodes qui longent son cours sont là pour s’en protéger ou leur demander leur aide. Que de témoignages par exemple décrivent le «nâga», une créature en forme de serpent avec une tête de dragon.
Dominique Bari le présente ainsi :
« Frontière entre le Laos et la Thaïlande, le Vietnam et le Cambodge, le Myanmar (ex-Birmanie) et la Chine, ses eaux ont fixé des civilisations prestigieuses. Mais le « grand fleuve » rassemble et divise.
«Jamais de ma vie entière je ne reverrai des fleuves aussi beaux que ceux-là, aussi grands, aussi sauvages, le Mékong et ses bras qui descendent vers les océans. » Marguerite Duras célèbre ainsi dans son roman l’Amant les eaux mythiques de ce fleuve sacré issu des larmes de Tara, déesse universelle de la compassion. Fleuve épopée, insaisissable aux trop multiples visages et noms. Il est Dza Chu (« eau des rochers ») lorsqu’il surgit d’un glacier des monts Tangulla Shan au Tibet oriental. Dans les gorges vertigineuses du Yunnan, où seuls des ponts suspendus offrent un passage aux hommes et aux animaux, il devient Lancang Jiang, « le fleuve tumultueux », jusqu’à son arrivée dans les collines du Triangle d’or. Assagi, croit-on, les Laotiens le nomment Mae Nam Khong, la « mère des rivières », et les Cambodgiens Tonle Thom (« grandes eaux »), prélude au bout de sa course au Song Cuu Long (« rivière aux neuf dragons ») des Vietnamiens. Ses neuf bras nourriciers gorgés d’alluvions tropicales sources de l’immensité de son delta y tracent une multitude de canaux, de chemins d’eau et de terre, de rizières…
Mémoire d’un passé fabuleux et mouvementé, de siècles douloureux
Bienfaisant ou hostile, nourricier
ou dévastateur, le Mékong rassemble et divise. Il est frontière entre le Laos et la Thaïlande, le Vietnam et le Cambodge, la République de l’Union du Myanmar (ex-Birmanie) et la Chine. Mais un fleuve construit ses lois : il reste naturellement une voie qui sépare et que les peuples ont envie de franchir. Il se transforme alors en enjeu de possession, prétexte de guerre, ligne rouge de conflits. Vecteur de transmission des religions, des philosophies, des langues et d’échanges économiques sans précédent, il est lieu de friction, de confrontation. Aucun fleuve n’a connu sur ses rives autant de richesses du génie humain, d’empires puissants et de carnages : du Triangle d’or au Triangle d’émeraude, ses riverains se côtoient mais ne se méfient pas moins les uns des autres tant les siècles ont pu être douloureux. Le Mékong est la mémoire de la centaine d’ethnies dont il arrose les terres et dont il a construit l’histoire. Sans lui, cette Asie du Sud-Est n’aurait jamais connu ce passé aussi mouvementé et aussi fabuleux. Des capitales gigantesques n’auraient jamais vu le jour : Angkor, Luang Prabang, Phnom Penh, Vientiane, Saigon sont nées du « grand fleuve », ont prospéré grâce à lui, ont disparu parfois par sa faute. Ses eaux ont fixé des civilisations prestigieuses : celle de l’empire Khmer, celle de l’empire Siam, celle du Champa… Mais les puissants empires se sont dévorés les uns les autres sur plusieurs siècles, ne nous laissant que ruines de leurs merveilles architecturales retournées à la jungle et classées au patrimoine de l’humanité. »
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**** La découverte du Mékong, par wikipédia :
Le premier européen à voir le Mékong fut le Portugais Antonio de Faria en 1540 ; une carte européenne datant de 1563 montre le fleuve, bien qu’à cette époque on le connaissait très peu au-delà du delta. L’intérêt des Européens sur le fleuve est sporadique : les Espagnols et les Portugais firent quelques expéditions d’exploration et y envoyèrent des missionnaires, tandis que le Hollandais Gerrit van Wuysthoff mena une expédition sur le fleuve jusqu’à Vientiane en 1641-1642.
Les Français prirent le contrôle de la région dès le milieu du XIXe siècle. Ils prirent Saïgon en 1861 et firent du Cambodge un protectorat deux ans plus tard.
Les premières explorations systématiques sont celles de l’Expédition française du Mékong, menée par Ernest Doudart de Lagrée et Francis Garnier, qui montèrent le fleuve depuis son embouchure jusqu’au Yunnan entre 1866 et 1868. Leur conclusion principale était que le Mékong avait trop de rapides et de sauts pour être navigable. La source du fleuve fut trouvée par le Russe Piotr Kozlov en 1900.
Dès 1893, les Français étendent leur contrôle du fleuve jusqu’au Laos. »
***** Ce fut aussi une expédition à vocation scientifique, pluridisciplinaire.
« La Commission d'exploration que devait présider M. de Lagrée, fut définitivement constituée le 1er juin 1866. Outre cet officier supérieur, elle se composait de :
MM. Garnier (Francis), lieutenant de vaisseau, inspecteur des affaires Indigènes,
membre du Comité agricole et industriel de Cochinchine ; Delaporte (Louis), enseigne de vaisseau ;
Joubert (Eugène), médecin auxiliaire de 2e classe, géologue ; Thorel (Clovis), médecin auxiliaire de 3e classe, botaniste, membre du Comité agricole et industriel de Cochinchine ; De Carné (Louis), attaché au ministère des Affaires étrangères.
Le reste du personnel de l'Expédition se composait de deux interprètes, le Français Séguin, pour les langues siamoise et annamite, et le Cambodgien Alexis Om, pour les langues cambodgienne et annamite ; du sergent d'infanterie de marine Charbonnier, secrétaire du chef de l'Expédition ; d'un soldat d'infanterie de marine, de deux matelots français, de deux matelots tagals, d'un sergent et de six miliciens annamites, composant l'escorte. Leur armement consistait, pour les deux hommes appartenant à l'infanterie de marine, en une carabine munie de son sabre-baïonnette; pour tous les autres, en un mousqueton d'artillerie muni également du sabre baïonnette. On emportait en outre une carabine à balles explosives et des révolvers en nombre suffisant pour en armer tout le monde [...] »
(Garnier, Fr., Voyage d’exploration de l’Indo-Chine [...], op. cit., pp. 13-14)
En sus du volume racontant l'expédition, de l'atlas et du volume concernant les seuls observations scientifiques, Garnier a égalelement publié, pour le plaisir des yeux, un volume qualifié d'« album pittoresque » un recueil de plusieurs dizaines d'aquarelles signées le plus souvenent de Delaporte, nous en reproduisons quelques unes :
La population :
Ses distractions :
Des villages comme nous en voyons encore :
Les paysages de notre Isan :
Ses fleurs :
Ses vieux monuments :
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Biographie de Ernest Marie Louis de Gonzague Doudart de Lagrée (wikipédia) :
Né le 31 mars 1823 à Saint-Vincent-de-Mercuze (Isère) et mort le 12 mars 1868 à Tong-Tchouen, dans le Yunnan.
Élève de l'École polytechnique en 1842, aspirant de 1re classe en 1845, lieutenant de vaisseau en 1854, il fait la guerre de Crimée et est décoré de la Légion d'honneur à cette occasion. En 1862, il part pour la Cochinchine, et conclut le traité qui attribue à la France un protectorat sur le Cambodge le 5 juillet 1863 à Saïgon.
Doudart de Lagrée revient en France en 1864, avant de repartir avec le grade de capitaine de frégate en 1866 pour une expédition scientifique sur le Mékong, avec, pour second le lieutenant, Francis Garnier ; l'expédition comprend Clovis Thorel, chargé de la partie botanique, le lieutenant Louis Delaporte, Louis de Carné, Lucien Joubert et le photographe Emile Gsell. Elle remonte le fleuve, traversant des forêts impénétrables
et explorant, notamment, le site d'Angkor en 1866, puis elle remonte vers l'actuel Laos et le Tonkin, mais, le capitaine Doudart de Lagrée meurt de maladie en 1868, dans les hautes montagnes du Yunnan, avant la fin de l'expédition qui s'achève sous le commandement de son second en juin 1868 à Shanghai.
Ernest Doudart de Lagrée était également entomologiste. Sa collection d'insectes exotiques a été léguée au Muséum d'histoire naturelle de Paris.
****** Atlas du voyage d'exploration en Indo-Chine : effectué pendant les années 1866, 1867 et 1868 par une Commission française / présidée par M. le capitaine de frégate Doudart de Lagrée ; et publiée sous la dir. de Francis Garnier. Première partie. Cartes et plans dressés / par Doudart de Lagrée, Francis Garnier, Delaporte. http://jubilotheque.upmc.fr/fonds geolreg/GC_000005_002/document.pdf?name=GC_000005_002_1.pdf
D’autres récits :
Louis de CARNÉ - Le Mékong
Seul civil de l'expédition du Mékong, Louis de Carné (1844-1871) livre au public cette version non officielle de l'exploration, avant de succomber, à vingt-sept ans, aux fièvres contractées en Chine. Son récit témoigne de ces grands périls que les explorateurs ont rencontrés en traversant dans la misère, sous des pluies torrentielles, la jungle du Laos birman. Publié en feuilleton dans la Revue des deux mondes en 1869. Collection Heureux qui comme... Magellan & Cie 2004.
Isabelle MASSIEU - Le Laos
Première Européenne venue seule en Indochine en 1897, Isabelle Massieu (1844-1932) s'est prise de passion pour les voyages aux alentours de la cinquantaine et parcourt l'Asie en tous sens. En pirogue ou à cheval, l'infatigable aventurière chemine à travers la jungle, de Luang Prabang à Vientiane, et se laisse séduire par les légendes et les mœurs laotiennes, dont elle admire l'authentique liberté. Récit publié dans la Revue des deux mondes en 1900. Collection Heureux qui comme... Magellan & Cie 2004.
Auguste PAVIE - Passage du Mékong au Tonkin (1887-1888)
La passion du voyage et de la découverte, voilà ce qui poussa Auguste Pavie (1847-1925) de Dinan vers l'exploration du Cambodge, du Laos et du Vietnam, contrées quasiment inconnues des Européens de son époque. Transboréal 2006.
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Carte itinéraire n° 1, dessin de Francis Garnier :
Plan des cataractes de Khon, dessin de Doudart de Lagrée :
Carte itinéraire n° 2, dessin de Francis Garnier :
Carte itinéraire n° 3, dessin de Francis Garnier :
Carte itinéraire n° 4, dessin de Louis Delaporte:
Carte itinéraire n° 5, dessin de Francis Garnier :
Carte itinéraire n° 6, dessin de Francis Garnier :
Carte itinéraire n° 7, dessin de Francis Garnier : manque
Carte itinéraire n° 8, dessin de Francis Garnier :
Carte itinéraire n° 9, dessin de Francis Garnier :
Carte itinéraire n° 10, dessin de Francis Garnier :
Terminons sur ce dessin du temple penché de Nongkhaï, il est toujours là :
Il aurait été dommage de l'oublier !
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