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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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Merci d’être venu consulter ce blog. Si vous avez besoin de renseignements ou des informations à nous communiquer vous pouvez nous joindre sur alainbenardenthailande@gmail.com

11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 03:03
  • 1Nous arrivons en 1656 de « notre histoire » de la Thaïlande avec l’avènement du règne du grand  Naraï (1656-1688),le roi le plus célèbre et le plus connu du Siam. « Les Chroniques royales d’Ayutthaya » n’ont évoqué jusque-là aucune relation , ni présence  étrangère, ou si peu, venues de l’Europe ni d’un autre pays asiatique outre ceux des voisins immédiats avec lesquels il est en guerre en permanence, comme les Birmans, les Môns, les Cambodgiens, les Laos et autresmuangthaïs concurrents. Et pourtant, l’abbé de Choisy

 

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de la 1ère ambassade de « Louis XIV » en 1685 prétend avoir « reçu la visite de délégations de  43 nations différentes. (« Il y avait quarante-trois nations différentes, toutes habillées et armées à la mode de leur pays »)* 

 

Au début du XIV ème siècle, Dovert, in Thaïlande Contemporaine, signale que « profitant de l’absence de pouvoir centralisé au sud de la plaine centrale, les petites principautés thaïes de Phetchaburi, Lopburi et Suphanburi avaient prospéré grâce au rôle formateur de leurs monastères (…) et au dynamisme de leur communauté chinoise » (p. 206).**


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Nous avons vu comment les premiers grands royaumes thaïs comme Sukhotai au XIIIème et ensuite Ayutthaya  au XIV ème ont toujours eu la volonté de contrôler la péninsule du Sud par où se faisait le commerce « international », mais que les Annales d’Ayutthaya n’en explicitaient jamais la teneur. Elles ne disaient rien également sur l’Arrivée des Européens qui bouleverseront tout l’équilibre de la Région, à partir de 1511, avec la prise de Malacca par le  vice-roi portugais des Indes, Afonso de Albuquerque , parti de Goa à la tête d'une flotte de dix-huit bateaux et de 1 200 hommes.


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Or même jusqu’à l’avènement du roi Naraï en 1656, les « Chronique royales d’Ayutthaya » n’évoqueront jamais cette arrivée des Portugais, ni leur présence en Birmanie. Nous n’apprendrons jamais que les armées birmanes et siamoises utiliseront des mercenaires portugais, redoutables avec leurs nouvelles armes à feu.


Et pourtant, la première ambassade portugaise arrivera au Siam en 1511, et le premier traité commercial avec les Portugais sera signé en 1518.  D’autres suivront avec les Japonais, Espagnols, Hollandais, Anglais et Français …


Autant dire que cette histoire diplomatique et « commerciale » est complexe, car elle s’inscrit dans un contexte international qui –bien sûr- n’est pas le même selon les époques.


1/ Les marchands « indiens », arabes, persans, chinois

 

Le commerce a toujours existé  dans cette région « carrefour » entre deux grands océans, entre la Chine et l’Inde, entre l'Extrême-Orient et l'Asie du Sud, et cela même depuis l’Antiquité.


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On ne va pas ici en refaire l’historique, surtout qu’il y a eu –évidemment- plusieurs périodes, plusieurs cycles. Contentons-nous pour l’instant de nous appuyer sur un bon article de Philippe Beaujard, au titre bien explicite, pour donner quelques jalons :

 

« Océan Indien, le grand carrefour reliant la mer de Chine et la Méditerranée, l’océan indien est, au XVe siècle, au cœur d’un monde dans lequel l’Europe joue un rôle bien marginal. » (L’Histoire N°355 juillet-août 2010).***


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Qu’apprenons-nous sur le contexte international en restant sur notre sujet sensé nous éclairer sur le commerce avec le royaume d’Ayutthaya ?

 

  • « En 1400, l’Europe n’est encore qu’une « périphérie » de l’espace afro-eurasien. L’océan indien est au centre de cet espace, dont les « cœurs » sont la Chine, l’inde, l’Égypte et l’Asie occidentale. Et les européens ont bien peu à offrir contre les épices, les porcelaines et les soieries de l’orient. »

 

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A la fin du XIVe siècle.

 

  • « L’économie connaît une nouvelle croissance, impulsée par le rebond de la Chine, le dynamisme de l’occident, l’essor de l’empire ottoman et de grands États indiens (sultanats du Gujarat, du Bengale, des Bahmanides, empire de Vijayanagar, et celui de cités-États asiatiques (Malacca, Pasai, Calicut, Ormuz). »


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La population mondiale passe de 375 à 475 millions de 1400 à 1500. Dans l’ensemble de l’océan indien, les réseaux d’échange s’étendent et se densifient dans un envol du commerce, et les États développent une plus grande efficacité dans la mobilisation des hommes et des ressources, appuyée sur une expansion des armes à feu.

 

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  • « Géographie et réseaux d’échanges dessinent alors deux grandes aires maritimes, l’océan indien oriental et l’océan indien occidental, divisé par la rivalité entre le golfe Persique et la mer rouge. »

 

  • « L’interconnexion des grands ports constitue l’ossature du système, ports qui sont à toutes les époques des « tours de Babel », lieux de mélanges et de création issue de ces métissages. »

 

« Les marchands de l’océan indien ne transportent pas seulement des produits de luxe, épices ou porcelaine. Diverses catégories de biens fondent les échanges :

 

Les métaux (précieux ou non), le bois, les produits associés à l’habillement (cotonnades de l’Inde, soieries de Chine et d’Iran, lin et cotonnades d’Égypte), les biens destinés à la parure, les aromates, médecines et épices liés à la fois à la religion, à la santé et à la cuisine (poivre de la côte de Malabar, girole et noix de muscade des Moluques...), l’alcool et les narcotiques, les moyens de production (esclaves, outils), de transport (navires), les moyens de guerre (armes à feu, chevaux, éléphants) et les aliments (le riz en premier lieu), et puis des œuvres sacrées, des moyens de divertissement et de plaisir (des musiciens et leurs instruments par exemple...). »

 

 « Les marchands de Calicut, écrit le Portugais Duarte Barbosa (1516),

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emportent « poivre, gingembre, cannelle, cardamome, myrobolan, fruits de tamarin, pierres précieuses, perles, musc, ambre gris, rhubarbe, bois d’aloès, de grandes quantités de cotonnades, des porcelaines. Ils revenaient avec cuivre, mercure, vermillon, corail, safran, velours de couleurs, eau de rose, couteaux, camlets [vêtements] colorés, or et argent ».

 

Une « mer islamisée »

 

  • « Durant le XVe siècle, la population du monde musulman passe de 86 à 114 millions. Elle progresse surtout en Inde, en Asie du sud-est, dans les Balkans et en Afrique. Dans toute l’Asie du sud, les réseaux musulmans s’étendent, et Denys Lombard a pu qualifier l’océan indien au XVe siècle de « mer islamisée ». L’islam a globalement favorisé le développement des échanges ; toutefois, il ne constitue pas un monde monolithique, mais se déploie en des formes diverses, souvent en compétition.

 

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  • En Inde, la désintégration du sultanat de Delhi a donné naissance à des sultanats marchands tournés vers la mer, ainsi au Bengale et au Gujarat. [...] Les Gujaratis ont des facteurs partout, sur la côte ouest de l’Inde, au Bengale, à Pegu, au Siam, à Pedir, à Pase, à Kedah. [...] Chaque année ils envoient des navires dans toutes ces places. »
  • « Les empires agraires militarisés du Deccan (sultanat musulman bahmanide) et du sud de l’inde (empire hindouiste de Vijayanagar) sont eux- mêmes impliqués dans les échanges, par l’intermédiaire de communautés musulmanes, mais aussi par leurs marchands hindous et jaïns » 

 

Malacca, premier port.

 

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  • « L’activité est particulièrement vive dans l’océan indien oriental, stimulée par l’essor des échanges avec la Chine sous l’empereur Yongle. Le Bengale y tient une place importante, avec l’exportation d’étoffes de coton ou de soie, de riz et de sucre, vers notamment la cité-État musulmane de Pasai (île de Sumatra) et Malacca. Les grands commerçants tamouls jouent également un rôle majeur dans le commerce avec l’Asie du sud-est, à partir du port indien de Pulicat. »

 

  • « D’autres États comme Pegu, qui est lui bouddhiste (actuelle Birmanie), participent à ces réseaux, qui tous convergent à l’est vers Malacca au XVe siècle. Malacca (actuelle Malaisie) constitue, avec les grandes cités maritimes chinoises, l’un des premiers ports au monde, et le premier de l’océan indien. »

 

  • « Avec l’appui de la Chine, cette cité-État, dirigée par un sultan, mais où les différentes communautés cohabitent, échappe à la suzeraineté de l’État thaï d’Ayuthiâ et à celle de Mojopahit (java), 

 

 

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  • pour devenir la plaque tournante du commerce entre l’océan indien et la mer de Chine. La ville est remarquable par le faible niveau des droits de douane et par un code de lois qui offre des garanties aux marchands sans équivalent en Asie du sud-est. Les habitants affluent : Malacca compte entre 100 000 et 200 000 habitants au début du XVIe siècle. C’est par elle que transitent les épices des Moluques ».

 

 

  • Au cours du XVe siècle, des changements majeurs interviennent.

 

Ainsi : 

 

  • « En 1433, la Chine se retire – officiellement du moins – des routes maritimes. Ce repli va amplifier l’essor de Malacca et celui des ports de la côte Nord de java, où d’importantes communautés chinoises – souvent musulmanes, et métissées – sont implantées. L’abondance de la porcelaine chinoise trouvée dans tout l’océan indien témoigne de la poursuite d’un commerce actif avec la Chine, mi-clandestin mi-officiel.  »

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  • « Les années 1420-1430 voient également une restructuration des réseaux de l’océan indien occidental. Les exactions des sultans du Yémen vis-à-vis des marchands Karimi, musulmans qui contrôlent le commerce en mer rouge, entre Égypte et Yémen, provoquent d’abord leur fuite vers Djedda (Arabie), où les navires indiens se rendent à partir de 1424, en évitant Aden. Puis, à partir de 1429, les Mamelouks du Caire s’arrogent un monopole sur le commerce des épices. Après avoir été instrumentalisés par le pouvoir, les Karimi disparaissent finalement en tant que marchands indépendants. Cette transformation structurelle favorise sans doute l’ascension des Gujaratis. »


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L’importance des musulmans sur les routes des échanges demeure donc  essentielle, jusqu’ à l’irruption des Portugais.


La prise de Malaka par les Portugais en 1511 aura eu deux conséquences fondamentales :

  • la rupture du réseau des marchands de l' Asie du Sud-Est insulaire et péninsulaire,
  •  et la christianisation de l'est de l'archipel indonésien.

Un bon article de Romain Bertrand

 

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relate cette histoire de Mallaca dont nous vous donnons un extrait : ****


« Depuis les années 1450, Malacca est en effet l'un des havres privilégiés des navires arabes, indiens et chinois qui sillonnent les mers d'Asie en quête d'aromates - aromates qui arrivent en Europe via la Méditerranée. Les lettres, le pouvoir et le grand négoce y font ordinairement bon ménage : l'élite du palais, qui s'exprime et écrit en malais, y côtoie le monde bigarré du port où les équipages, venus non seulement des Moluques et de Java, mais aussi de Chine, du Yémen et du Gujarat, patientent dans l'attente du renversement des vents de mousson. Un maître du port shahbandar veille sur les intérêts des étrangers, et ce quelle que soit leur religion. Compilées au mitan du XVe siècle, les Undang-Undang Melaka « Lois de Malacca » épellent un droit commercial sophistiqué, qui garantit la sécurité des transactions et l'équité des magistrats. Encore la ville n'est-elle pas vouée qu'à Mammon : les oulémas et les maîtres de mystique venus des Lieux saints, de la Perse et de l'Inde moghole en font un haut lieu de la théologie et de la littérature musulmanes.

Pour le souverain portugais et ses conseillers religieux, imprégnés de l'idéal d'une nouvelle croisade contre les Maures, l'enjeu du conflit n'est d'ailleurs pas que commercial, puisqu'il s'agit de ne plus combattre les Ottomans seulement en Méditerranée, mais aussi sur leur flanc oriental, dans l'océan Indien. La prise de Malacca est dès lors affaire de foi autant que de négoce. C'est en hurlant le nom du saint Jacques « Matamoros » qu’  Albuquerque lance ses troupes à l'assaut des ruelles de la ville.

Son histoire changera, quand, « A nouveau alliés à Johore, les Hollandais s'emparèrent de Malacca en 1641. »


2/ La Chine.


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Nous avons déjà vu, que dès le début du royaume de Sukhotai, le grand roi Ramkhamhaeng (1279- 1298) avait fait lui- même le voyage en 1282 auprès du Mongol Kubilaï Khan. Nous avions dit dans notre article 25*****que « du 14ème au 16ème siècle, Sukhothai a certainement été, après la Chine, le deuxième plus gros producteur de céramiques du monde.Les épaves de navires marchands retrouvées récemment dans le Golfe de Thaïlande montrent que le premier royaume siamois exportait vers la Malaisie, les Philippines, l'Indonésie et le Japon. »


Henri Cordier dans son livre « Histoire générale de la Chine et ses relations avec les pays étrangers », (1920) signale des ambassades de Sukhotai en 1282 et en 1323.

Dovert ** citant Skinner rappelle  que « pas moins de de 59 ambassades siamoises se sont succédés à la cour des Ming avec une régularité métronomique entre 1368 et 1709 ». Et le Siam dût certainement payer son tribut à l’empereur chinois, chaque année, comme de nombreux pays (tous ?).

Il nous faudra mesurer cette immigration chinoise, même si « Au milieu du XVII ème, ils n’étaient que 3 à 4000  chinois à Ayutthaya (selon le Chevalier de La Loubère), mais certains d’entre eux « obtinrent la gestion des intérêts économiques de la famille royale et gérèrent la plupart des monopoles royaux ». (Cf. notre article  A67.  L’influence de la communauté chinoise en Thaïlande.)


Toutefois en 1688, avec l’expulsion des Européens par Phethratcha (1688-1703), une place  centrale sera accordée aux échanges avec la Chine. Avec Phumintharacha (1732-1758), on assistera à une  immigration importante de Chinois et certains deviendront commerçants et fonctionnaires. Et sous Borrommmakot (1732-1758.), la communauté chinoise se rapprochera  de la Cour. (signalé par TC**)


3/ Le Japon.


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Dans notre article 65, racontant la première campagne de Naresuan  et sa première victoire contre les Birmans (1591-1593), nous avions été étonnés que les annales siamoises notassent la présence de 500 Chams et de 500 Japonais à leurs côtés. Et l’article 73 en racontant la formidable aventure de « Yamada Nagamasa, le Japonais qui devint vice-roi au Siam au XVII ème siècle » nous apprenait, qu’une colonie japonaise existait déjà à Ayutthaya sous Naseruan, et que le roi Songtham. (1611 – 1628) avait confié l’organisation de l’armée thaïe à Yamada et l’avait  remercié en lui donnant l’une de ses filles en mariage et en le nommant vice-roi de Ligor.

Son compatriote Kijima aurait même combattu une « arrogante armée espagnole qui voulait envahir le pays et lui infligea une défaite complète ». On apprenait que les Japonais se révoltèrent même  et « furent mis en déroute, chassés du palais royal, embarquèrent sur leurs jonques et prirent la fuite ».


Aymonier, avions-nous dit, précisait qu’ « Il n’y a pas lieu de s’étonner outre mesure de la présence de ces nombreux Japonais dans le royaume de Siam. Anglais et Hollandais emploieront des soldats Japonais dans plusieurs de leurs expéditions du XVIIème aux Indes orientales. »


De plus, la flibuste japonaise était très  active à cette époque. Les pirates japonais partaient de la base japonaise de Pattani pour attaquer les navires venus de l’Inde, de la Chine ou du Japon. On relate qu’« En décembre 1605, John Davis, un célèbre explorateur anglais, a été tué par des pirates japonais au large de la côte du Siam (Thaïlande), devenant de ce fait le premier Anglais tué par un Japonais. » (wikipédia).

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La chronologie de « Thaïlande contemporaine » note :

  • 1611-1628, règne de Songtham (Intharatcha). Relations suivies avec le Japon : les gardes royaux sont des mercenaires japonais, des ambassades sont envoyées à quatre reprises au Shogun entre 1621 et 1629.

Wikipédia :

  • Environ 56 Shuinsen (navires de commerce armés japonais) ont été enregistrés vers le Siam entre 1604 et 1635. Aux alentours de 1620, le commerce entre le Siam et le Japon était plus important que le commerce total du Siam avec toutes autres nations ».
  • Mais, le Shogun d'Edo (Tokyo) refusa de reconnaître Prasattong (1629 – 1636) comme monarque du Siam. Celui-ci se vengea alors sur la communauté japonaise d'Ayutthaya, dont une partie périt, l'autre devant se réfugier au Cambodge.

  • Considérés comme ennemis ce fut, en 1632, la fin des relations officielles entre les deux pays.

                      

 4/ L’arrivée des Européens va modifier et pour longtemps la géopolitique de l’Asie du Sud-Est.


Les découvertes, le partage du monde entre les Portugais et les Espagnols, puis les Anglais, les Hollandais, les Français, les empires coloniaux, la christianisation et le commerce, les rivalités et les guerres (entre Européens, contre les peuples « indigènes »),  la création des empires coloniaux ...


Il faut se rappeler auparavant cette formidable aventure que furent les grandes découvertes, qui s'étend du début du XVe siècle au début du XVIIe siècle, les premiers contacts, échanges, les premiers comptoirs et  la naissance des empires coloniaux.

On ne peut relater ici toutes les premières expéditions des Espagnols et des Portugais, qui depuis le traité de Tordesillas en 1494 se sont partagés le monde (les terres situées à 370 lieues à l'ouest du Cap-vert reviennent au Portugal, celles situées à l'est, à la Castille). 

 

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Ainsi  la monarchie espagnole se réservait l’Amérique latine et le Mexique, et les Philippines en Asie, et la monarchie portugaise,  le Brésil et Macau en Chine, et surtout des comptoirs en Afrique, aux Indes et à Mallaca, avec la parenthèse de l’Union Ibérique entre 1581 et 1640. On assistait bien à un partage du monde entre l’Espagne et le Portugal au XVI ème siècle.


Les Portugais.


L’article de wikipédia est ici clair :

Dans la première moitié du XVIe siècle, les Portugais s’assurent le contrôle de l'océan Indien, après avoir vaincu les flottes des États musulmans (Empire ottoman, sultanat mamelouk, sultanat du Gujarat). Entre 1505 et 1511, Francisco de Almeida, le premier vice-roi des Indes, fondateur de l'empire portugais en Asie, établit une série de comptoirs fortifiés et impose ainsi la présence portugaise dans les circuits commerciaux de l'océan Indien, jusqu’alors dominés par les musulmans.

Son successeur, Afonso de Albuquerque, s'attache à faire de l'océan Indien occidental une mare clausum portugaise, en s'emparant de trois points qui commandent le passage des marchandises :

En 1511, Afonso de Albuquerque conquiert Malacca alors pivot du commerce en Asie et lance plusieurs missions diplomatiques à l'est : Duarte Fernandes est ainsi le premier Européen à être reçu à la cour du Royaume du Siam


Les Espagnols.

 On ne va pas ici rappeler toute l'expansion espagnole, avec la découverte du nouveau monde par Christophe Colomb en octobre 1492, sa conquête par les Conquistadors, Cortès au Mexique sur les Aztèques (1519-1521), Pizarro au Pérou sur les Incas (1532-1534), leur colonisation. 
C’est surtout la colonisation espagnole des Philippines qui aura un impact sur l’Asie (années 1560).
·        À défaut de disposer d'or et d'épices, le pays a été considéré comme une tête de pont pour l'évangélisation de la Chine et du Japon. (wikipédia).
·        Nous verrons également que les Espagnols auront des vues sur le Cambodge et que certains participeront à des guerres contre le Siam.
Mais à la fin du XVIe siècle, l'Angleterre et les Pays-Bas commencèrent à menacer le monopole portugais pour le commerce avec l'Asie, la France suivra.


Vient le temps des grandes compagnies. Une autre méthode de commerce et de colonisation : la compagnie à charte.
  • « La Compagnie anglaise des Indes orientales obtient, en 1600 et pour quinze ans, le monopole du commerce aux Indes orientales et la pleine propriété des territoires qu'elle pourrait acquérir.
  • En 1602 est créée la Compagnie hollandaise des Indes orientales qui constitue comme le « modèle » de ces compagnies coloniales. Elle a le monopole du trafic et de la navigation entre le cap de Bonne-Espérance et le détroit de Magellan. Son objectif est commercial, mais elle a aussi des responsabilités coloniales puisqu'elle peut, au nom de l'État, passer « des contrats dans les Indes avec les naturels du pays. »

Les Français arrivèrent bien après.

  • Malgré le fait que la route du Cap de Bonne Espérance est bien contrôlée par les Portugais puis par les Néerlandais, les Français, après leur aventure américaine et l’échec de Richelieu d’établir un commerce avec les Indes, Colbert créa la compagnie des Indes orientales 

 


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  • pour assurer le monopole des importations françaises d’Asie. Et ce fut la fondation du comptoir à Pondichéry, qui devient dès la fin du XVIIe siècle un établissement commercial florissant pour les Français. (Cf. les 5 comptoirs que nous avons appris à l’école  : Chandernagor, 1673, Pondichéry, 1674, Mahé 1721, Kârikâl, 1738, Yanaon, 1751.)

De là, les Français gagnent le commerce d’autres zones d’Asie comme le Bengale et ……………..  le Siam. Ce sera l’arrivée des missionnaires, les deux ambassades de Louis XIV… Mais de cela, nous avons déjà beaucoup parlé, et nous en reparlerons encore.


Que d’histoires, d’aventures à raconter.

Il n’est pas inutile dans notre article suivant de donner quelques repères historiques de ces relations entre le Siam et les pays européens, avant de raconter ensuite pour chaque pays, article après article, l’histoire particulière de sa relation avec le royaume d’Ayutthaya.

 

 

 

________________________________________________________________

 

 

* Journal de l’abbé de Choisy : « 17 octobre (1686)


M. Constance est venu ici ce matin pour achever de régler quelques petites difficultés : car quoi que le roi de Siam ait résolu de faire toutes choses pour honorer M. l’ambassadeur, les coutumes de ces pays-ci sont si différentes des nôtres qu’à tout moment il faut s’arrêter. Il est encore revenu cette après dîner, parce que sans lui rien ne se fait. Il a réglé la marche des nations qui sont venues complimenter M. l’ambassadeur : c’est la plus belle chose que nous ayons encore vue. Il y avait quarante-trois nations différentes, toutes habillées et armées à la mode de leur pays ; et parmi ces gens-là il y avait trois fils de roi. Il me semble que cela est assez fier…..»

** « La Thaïlande prête pour le monde », ou de l’usage intensif des étrangers dans un processus de construction nationale » in  « Thaïlande contemporaine », sous la direction de Stéphane Dovert et Jacques Ivanoff, IRASEC, Les Indes savantes, 2011.

*** http://hal.archivesouvertes.fr/docs/00/70/62/85/PDF/Beaujard.Art_L_Histoir_1.pdf

****

http://www.histoire.presse.fr/lhistoire/369/1511-malacca-devient-portugaise-19-10-2011-39277

***** 25. Notre Histoire. Le roi Ramkhamhaeng de Sukhotaï et  les Mongols de Chine.

http://www.alainbernardenthailande.com/article-25-notre-histoire-le-roi-ramkhamhaeng-de-sukhotai-et-les-mongols-de-chine-103323661.html

                               ____________________________

 

      Un bon article de wikipédia sur Malaka.

Selon la tradition, Malaka a été fondée peu avant 1400 par Parameswara, un prince de la cité hindou-bouddhique de Palembang (sud de Sumatra) qui refusait la suzeraineté du royaume javanais de Majapahit et quitta Palembang. Malaka revendiqua la suzeraineté sur Palembang, mais la Chine prit le parti de Majapahit.

Située sur une grande voie de commerce international entre d'une part, de la Chine et des Moluques et d'autre part, l'Inde et le Moyen-Orient, la cité-État de Malaka devint rapidement le port le plus important de la région, rôle que du VIIIe au XIIIe siècles avait tenu une autre cité-État, Sriwijaya, ancien nom de Palembang.

Les marchands musulmans jouaient un rôle prépondérant dans ce commerce. Parameswara se convertit à l’islam à la fin de son règne en 1414 et prend le nom d'Iskandar Shah.


L'expansionnisme du royaume thai d'Ayutthaya (1350-1767) est une menace pour Malaka. En 1405, la cité cherche la protection de la Chine et y envoie plusieurs missions, auxquelles participent les trois premiers souverains eux-mêmes. En retour, l'amiral chinois musulman Zheng He vient plusieurs fois à Malaka de 1405 à 1433, à la tête d'une énorme flotte. Le quartier de Bukit Cina témoigne de l'établissement de Chinois, qui considéraient qu'il avait le meilleur Feng Shui de la cité. Le cimetière chinois de Malaka est le plus grand cimetière chinois du monde hors de Chine.


Malaka est prise en 1511 par le vice-roi portugais des Indes, Afonso de Albuquerque, parti de Goa à la tête d'une flotte de dix-huit bateaux et 1 200 hommes. Le sultan Mahmud déplace sa cour à Johor dans le sud de la péninsule Malaise. Les principautés portuaires de Java, alliées de Malaka, tentent plusieurs fois, sans succès, de reprendre la ville aux Portugais, notamment Jepara, en 1512-13 d'abord, puis de 1551 à 1574.

La prospérité de Malacca reposait sur un réseau commercial musulman dans lequel les Portugais n'arrivent pas à s'intégrer. Tomé Pires, un apothicaire portugais qui vécut à Malaka de 1512 à 1515, a pu décrire la richesse de Malacca et le dynamisme de son commerce. Avec les Portugais, le commerce de Malaka périclite rapidement. La cité est prise dans le conflit qui opposait le royaume d'Aceh dans le nord de Sumatra et le sultanat de Johor pour le contrôle du détroit. Aceh notamment lancera plusieurs attaques sur Malacca, sans succès. La première a lieu en 1537. C'est surtout le sultan Iskandar Muda (règne 1607-36) qui, dans le cadre de ses campagnes pour conquérir les principautés des deux côtés du détroit qu'il cherche à contrôler, défait notamment une flotte portugaise à Bintan dans les îles Riau en 1614. Mais en 1629, Iskandar Muda lance une flotte sur Malacca, qui est totalement détruite avec 19 000 hommes perdus.


Immédiatement après la prise de Malaka, les Portugais lancent des expéditions dans les Moluques, où ils échouent à imposer aux royaumes locaux leur monopole sur la production et le commerce des épices. François Xavier, cofondateur de Compagnie de Jésus avec Ignace de Loyola, passe plusieurs mois à Malaka en 1545, 1546 et 1549. De là, il jette les bases d'une mission aux Moluques. Il fut enterré à Malaka pendant quelques mois, avant que sa dépouille ne soit transférée à Goa.

En 1641, les Hollandais de la VOC (Vereenigde Oostindische Compagnie ou « Compagnie hollandaise des Indes orientales »), alliés à Johor, prennent à leur tour Malaka aux Portugais.


La prise de Malaka par les Portugais aura eu deux conséquences fondamentales : la rupture du réseau des marchands de l'Asie du Sud-Est insulaire et péninsulaire, et la christianisation de l'est de l'archipel indonésien.

 

 

 

 220px-Conversion of Paravas by Francis Xavier in 1542

 

 

 

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