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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 04:03

damrong01« Our Wars with the Burmese, Thai-Burmese Conflicts, 1539-1767 ».*

C’est l’un des  livres d’histoire les plus populaires et les plus étudiés de Thaïlande. Son succès est sans nul doute dû aussi au prestige du Prince**, qui était le 57ème fils du roi Mongkut (1804-1868) et le demi-frère du roi Chulalongkorn, qui a régné de 1868 à 1910, sous lequel il fut ministre de l’éducation et de l’intérieur. Le livre du Prince Damrong, aussi intitulé Thaï Rop Phama, est publié pour la première fois en 1917, et est sans doute le 1er livre d’histoire de type occidental, qui affiche ouvertement son désir d’écrire l’histoire de la nation thaïe.


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Le prince raconte donc, à sa manière, les 24 guerres contre les Birmans qui se sont déroulées de 1539 à la chute d’Ayutthaya en 1767.*** Il précise dans une préface de l’édition de 1928, qu’il a eu accès aux sources des deux côtés, à savoir, à la chronique royale birmane intitulée « La Chronique du Palais de Glace » et aux chroniques publiées en 1917 par le général Phraya Siharat Ritthikrai, ainsi que de nombreux ouvrages étrangers qu’il ne cite pas. Il assure que son livre s’adresse aussi bien aux militaires qu’aux civils et qu’il comporte de nombreuses informations sur l’histoire du Siam, telles qu’on n’en a jamais lues.


1/ La préface de Chris Baker. Une première lecture du livre.


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La préface d’une trentaine de pages écrite par Chris Baker,** l’éditeur de la présente édition, est déjà une interprétation du livre. Elle indique que le livre  s’inscrit dans un projet plus vaste qui visait à moderniser la nation et de présenter la monarchie comme l’incarnation de la Nation. Il avait de fait, comme ministre de l’intérieur du roi Chulalongkorn contribué à fonder une administration centrale moderne, et après sa démission, travaillé à donner à la nouvelle nation, un passé, une généalogie, une histoire. (Cf. nos articles****)

Le Prince prétendait que son travail était différent des chroniques anciennes traditionnelles qui se contentaient de raconter les exploits des rois, les guerres, les successions, les signes astrologiques des grands événements naturels (tremblement de terre, éclipse). Il voulait, lui, raconter l’histoire nationale, les histoires du peuple, et dans ce livre, non seulement les guerres entre rois thaïs contre rois birmans, mais aussi les guerres entre deux nations, deux ethnies, deux peuples.


Chris Baker donne quelques exemples qui illustrent les partis pris du Prince. Il présente l’expansion du royaume d’Ayutthaya comme l’intégration « naturelle » des peuples thaïs à l’intérieur de « leur » nation. Ainsi par exemple dans la guerre de 1613 (16ème guerre), le Prince prétend que le roi Ekathotsarot n’a pas étendu les conquêtes de Naresuan, car les cités qui étaient sous le contrôle siamois n’étaient pas de la même race et ne parlaient pas le thaï.


Le Prince avance donc rétrospectivement les notions d’espace naturel et d’indépendance.


Ainsi en 1595, (13ème guerre) Naresuan se bat pour « l’indépendance de la Nation » contre le Birman, qu’il décrit comme « L’Ennemi National » et de caractère « naturellement » agressif. Le Thaï étant lui, intrinsèquement pacifique, et ne part en guerre que pour des raisons défensives ; Et les rois thaïs que pour assurer la protection de la nation et de sa gloire.


Chris Baker évoque ensuite la composition du livre.


Il remarque que le héros du livre est le roi Naresuan, qui occupe d’ailleurs 1/3 de l’espace. (Il est vrai aussi est qu’il est le principal acteur dans 11 des 24 guerres relatées). Le Prince dit-il, s’attarde sur lui complaisamment, décrivant ses qualités de roi,  et oubliant la narration chronologique. Par contre, les deux chutes d’Ayutthaya en 1569 et de 1767 ne sont dues qu’à la trahison d’un noble (il doit penser au Prince Thammaracha de Phitsalunok) pour l’une et par les nombreuses factions de la cour pour l’autre. Chris Baker est étonné que la deuxième moitié du livre consacre  beaucoup de places aux intrigues et  aux « batailles »  de succession. Un tableau d’ailleurs indique que sur les 21 rois de 1534 à 1767, 6 ont été exécutés, et que seulement 6 ont été désignés par leur prédécesseur ; ce qui fait quand même 15 successions violentes. (p. XIX)


Pour le Prince, aucun royaume ne peut survivre sans unité et sans l’autorité d’un chef. Il déplore les intrigues et les purges sanglantes lors des successions, attribue la chute d’Ayutthaya à la coexistence de deux rois, Uthumphon et Ekkhatat, en 1758. De même, la vulnérabilité des Birmans lors des guerres de 1599 et de 1604 (14 et 15ème guerre), est attribuée à la désunion des élites, et la chute d’Ayutthaya, aux divisions internes du royaume.


Chris Baker ensuite nous informe que Damrong, va au-delà de son sujet, pour insérer à la fin du livre,  son point de vue sur le commerce avec les Européens,  le roi Naraï et la « révolution » de 1688 impliquant Constantin Faulcon.


Le Prince, dit-il, rejette l’interprétation qui expliquerait 1688, comme une réaction xénophobe contre les commerçants étrangers. Au contraire, prétend le Prince, la « crise » de 1688 a été causée par l’attitude trop tolérante et ouverte envers les étrangers. Ayutthaya a permis aux étrangers de vivre en communauté, leur a attribué titres et postes officiels, leur offrant liberté et travail, entretenant de bonnes relations diplomatiques avec la Cour française.  Les rois ont même permis l’exercice des autres religions. La « crise » de 1688 est due à l’ambition des missionnaires français qui ont mal interprété l’esprit de tolérance du roi Naraï, y voyant un désir de conversion. Cette incompréhension a précipité la crise de 1688.


Chris Baker voit dans cette interprétation, le désir du Prince de montrer un Siam ouvert, tolérant, désirant apprendre des autres pays, à un moment où les Anglais et les Français avaient des visées territoriales sur son pays.

En résumé, dit-il, le Prince Damrong, veut à travers l’histoire des guerres entre les Birmans et les Thaïs, montrer la nation thaïe comme une nation pacifique, ouverte, tolérante, incarnée par la protection du roi, garante de l’unité et de la gloire de la nation.


2/ La critique de cette version historique. (« L’histoire de l’histoire »).


Ensuite Chris Baker va se servir de certains travaux d’historiens thaïs, comme Sunait Chutintaranond,


Sunat chutinamachin

 

Nitthi Eoseewong, et Thongchai Winichakul,

 

Thongchai

 

 

 pour « critiquer » certaines interprétations de Damrong.

  • Relativiser l’idée que la guerre avec les Birmans fut constante, dominante pendant la période d’Ayutthaya.

En fait, les conflits, bien que s’étendant sur 228 ans, ne couvrent essentiellement que 3 périodes : la guerre des éléphants de 1548 à 1569,

 

1548

 

les guerres de Naresuan  de 1584 à 1605 et les guerres finales de 1759 à 1767.

 

1765 1769


Les 7 guerres qui sont en dehors de cette période ne sont que des « escarmouches » et de plus la 1ère guerre de 1539 n’est même pas citée dans les chroniques birmanes.

  • Les Birmans sont loin d’avoir été les seuls adversaires des Siamois.

Sunait avance la thèse que les guerres contre le Cambodge ont même été plus conséquentes. Après le règne de Naresuan, les relations avec les Birmans furent plutôt amicales et coopératives, alors que les conflits contre le Vietnam, Lan Chang et le Cambodge furent nombreux. L’idée avancée par le Prince d’un Siam pacifique et défensif n’est  plus ici très crédible, ajoute Baker.

  • L’image de l’ennemi Birman a été construite après la chute d’Ayutthaya de 1767.

Il rappelle, s’appuyant sur l’historien thaï Nitthi Eoseewong, que les versions des « Chroniques royales d’Ayutthaya »  ont été parfois réécrites ou modifiées lors de la période de Bangkok. Il donne l’exemple de la version de Luang Prasoet de 1680 « redécouverte » en 1907 ! (version A du livre de Cushman), où Nitthi a pu observer des différences, comme l’épisode du duel à l’éléphant du roi Chakkraphat et les exploits du roi Naresuan.

 

Nongsarai-copie-1

 

Chris Baker précise que ces chroniques n’ont pas été réécrites dans l’intention de mentir, mais pour leur donner un style plus artistique, plus « littéraire » (sic).

(Cela reste à démontrer, surtout quand on a précédemment évoqué la réécriture nationaliste).


Ce choix idéologique voulait aussi montrer en contrepoint, que  la nouvelle dynastie de Bangkok, à l’inverse des Birmans, qui avaient rasé Ayutthaya, et détruit les temples bouddhistes, était pour le rétablissement d’un royaume bouddhiste, avec le roi  comme le protecteur de la religion et de la nation.

  • Deux autres exemples de réécriture après 1767.

 

Naresuan et la « déclaration d’indépendance » de 1584.


On apprend que la chronique royale de Luang Prasoet, n’évoque pas « la rupture » opérée par Naresuan en 1584 avec les Birmans. (On se souvient qu’Ayutthaya avait été conquis en 1569). Elle signale seulement l’assistance apportée par Naresuan au roi d’Hongsawadi dans la guerre contre Ava et des événements « miraculeux » (vague énorme dans la Sai river, une femme à tête d’éléphant, etc).

 

elephant-man-2

 

La chronique revisitée par la version « Bangkok » raconte la prise de conscience de Naresuan qui,  estimant que le roi de Hongsawadi ne respecte plus les codes d’honneurs des amitiés royales, est immoral et anti-thamma, prend la décision de rompre avec la passé et de déclarer de nouveau l’indépendance du royaume d’Ayutthaya.


Le Prince reprendra la même histoire et fera de Naresuan un nouveau héros national qui sauvera son peuple, le rassemblera, l’organisera militairement, pour retourner au pays natal. Il parviendra à soumettre et à vassaliser les provinces du Nord pour refaire du Siam, un pays de nouveau indépendant.

(Cf. aussi notre analyse du film « La légende de Naresuan » Cf. *****)


La résistance héroïque du village de Bang Rachan contre les Birmans, en 1767.


bangrajan


Là aussi, la Chronique royale d’Ayutthaya (version A de Cushman) évoque, en 500 mots, sans nom, la résistance des villageois  de Bang Rachan voulant protéger leur monastère face à un détachement birman.


La chronique de ce qui fut un petit événement devient un acte exemplaire, héroïque, développée cette fois-ci en 5000 mots, probablement vers 1850, pour être publiée en 1914, avec une introduction du Prince Damrong. La chronique devient un véritable drame, un poème épique,  avec la description de ses héros, de leurs actes héroïques, qui repoussent huit attaques de différents régiments birmans, avec des scènes humoristiques et un final tragique.  Cette ballade arrivera à occuper un quart de toute la description de la chute de la capitale, comme pour montrer l’unité héroïque des villageois, en contrepoint de la désunion des nobles et de la traîtrise des Chinois qui ont contribué à la fin d’Ayutthaya. Le Prince introduisait ainsi, précise-t-on, le peuple, sachant se sacrifier, pour la nation et la défense de sa capitale et de son roi.

  • « Les » interprétations des événements.

Chris Baker se servira ensuite l’historien thaï Thongchai Winichakul, pour montrer comment le Prince a changé le sens explicatif des chroniques qui attribuaient initialement les défaites et les victoires des rois à leurs vertus acquises ou perdues, leurs « mérites ». Ainsi en 1569, le Birman Bayin Naung l’emporte sur le roi Mahin car il a plus de vertus royales, de même Naresuan, 15 ans plus tard. Il n’y a alors aucune référence à la nation.


Bayingnaung-copie-1


Mais avec Damrong, nous dit Thongchai, tout change. La clé est désormais la nation.


Les rois deviennent les chefs de leur nation. Si le roi Mahin perd Ayutthaya en 1569, ce n’est plus parce qu’il n’a plus assez de « mérites », mais parce qu’il est responsable de la désunion nationale. L’histoire devient pour Damrong, on l’aura compris, l’histoire de la nation indépendante, menacé par les étrangers, et sauvé par les rois héroïques.


Le Prince donnera la même interprétation pour les invasions birmanes de 1765-7, qui ont été victorieuses à cause de la désunion du royaume. Chris Baker proposera une autre interprétation de l’historien thaï Nitthi Eoseewong.


Il invite à comprendre la situation des Birmans et des Siamois dans le contexte géopolitique caractérisé par la tension entre le centre et les autres peuples et cités, avec surtout la volonté du Lanna et des Mons, toujours prêts à choisir l’un contre l’autre, selon la période.


La nouvelle dynastie birmane devait neutraliser Ayutthaya, qui avait délibérément choisi les Mons, dans sa stratégie défensive, pour assurer son pouvoir sur les cités de sa périphérie (Cf. notre article 104. Les Birmans avant la chute d’Ayutthaya en 1767.) Ainsi, contrairement à ce que prétend le Prince, les attaques birmanes en 1765-7, n’étaient pas des raids, mais provenaient d’une stratégie, confirmée dans les chroniques birmanes, qui visait à anéantir Ayutthaya.


Ainsi Nitthi confirme que la vulnérabilité d’Ayutthaya ne provenait pas de ses problèmes dynastiques, mais de son incapacité « structurelle » à gérer ses provinces.

 

Iudea-Ayutthaya

 

Aussi, quand les Birmans ont attaqué, elles ont vu là une occasion de se libérer de la tutelle d’Ayutthaya et plusieurs ont  déclaré leur indépendance, et très peu ont envoyé des troupes pour soutenir la capitale.

  • Une autre défaillance interprétative du Prince : la non prise en compte du commerce dans la péninsule de Kra et de l’utilisation des armes modernes.

Chris Baker rappelle ensuite l’importance stratégique de la péninsule de Kra dans le commerce asiatique, entre la Chine, le Japon et le golfe du Bengale, voire le golfe persique. Elle a toujours été un lieu stratégique majeur surtout depuis le Xème siècle, et encore plus au XIIème, quand les Mongols ont rendu improbables les routes terrestres du nord. Elle est devenue essentielle quand les Européens se sont installés au XVI ème siècle à Mallaca et dans l’archipel indonésien. On a vu alors Ayutthaya devenir une capitale commerciale, et jouer un rôle important dans ce système d’échanges.


Or le Prince Damrong qui ne voyait les provinces des Mons que comme des territoires entre les Thaïs et les Birmans, n’a pas vu que la majorité des guerres était due à la volonté de contrôler les ports de Martaban, Moulmein, Tavoy, Mergui et Tenasserim.


Chris Baker donne ensuite quelques exemples qui prouvent que même Naresuan, après la bataille de Nong Sarai en 1592, a lancé différentes armées pour contrôler Tenasserim, Martaban et après 1599, la côte Mon. Et d’ailleurs après sa mort, les Birmans ont repris Tavoy. Les exemples sont multiples qui indiquent que les guerres s’inscrivaient ainsi dans le contrôle des ports mons. On se souvient des Européens dans leur volonté de contrôler Mergui et Tenasserim, au temps de Naraï. D’ailleurs, insiste Chris Baker, trois des invasions entre 1759 et 1767 ont commencé par des expéditions sur Tenasserim


De même, le Prince ne mentionne pas l’importance qu’ont prises les armes à feu apportées par les Portugais dès 1510, dans le déroulement des guerres.


arquebuses


Le Prince, par exemple, nementionne même pas que  120 mercenaires portugais ont participé à la 1ère guerre de 1539 auprès des Siamois. D’ailleurs, les Portugais ont aussi vendu leurs services aux Birmans. Il est dit que Bayin Naung avait acheté 80 000 arquebuses et qu’en 1563 les Birmans avaient inclus 400 portugais avec arme à feu dans leur rang, sans compter les canons.


Chris Baker, non sans humour, ajoute que l’on peut attribuer, comme le Prince Damrong, la chute d’Ayutthaya à la traitrise de l’aristocratie, sans oublier pour cela les armes à feu, qui ont dû jouer un certain rôle, avec un nouvel art de faire la guerre.


canons


On peut attribuer par exemple à Naresuan, des qualités de bravoure et le sens de la tactique, sans pour cela omettre la nouvelle technologie « militaire » européenne. On peut croire que le duel « historique » à dos d’éléphants entre Naresuan et le Prince birman, s’est fait dans un combat « chevaleresque » à coups d’épée, on peut aussi entendre des sources birmanes qui prétendent que le prince birman a été tué par une balle.


duel


L’impact et l’utilisation des armes à feu au début du XVIème siècle a de fait, avec l’amélioration des fortifications, complètement transformé la stratégie et les tactiques guerrières des différents protagonistes. Avant le milieu du XVI ème siècle, aucune armée du sud n’aurait pu venir attaquer les cités du nord.

L’arrivée des Européens dans les ports du sud ont changé la donne. Une histoire serait ici à réécrire en fonction des achats des armes  à feu,  de l’aide apportée par les différents mercenaires étrangers, et de la maîtrise par les belligérants des nouvelles technologies. Chris Baker donne là aussi quelques exemples, comme l’utilisation de canons par Naresuan en 1584 à Sawankhalok,  ou la domination du Lanna au nord grâce à l’acquisition d’armes et du renforcement de ses fortifications au milieu du XVIème, ou comment Ayutthaya a pu repousser Chiang Mai en 1660, en faisant venir des canons par des troupes du sud.


Et Chris Baker de conclure.


Certes, le Prince Damrong a présenté les guerres entre les Thaïs et les Birmans pendant 228 ans comme des guerres entre deux nations  dirigées par des monarchies, il aurait pu aussi tenir compte du contrôle des routes  commerciales et de l’apport des nouvelles armes à feu, l’amélioration des fortifications, le soutien de troupes mercenaires européennes, avec l’utilisation de nouvelles stratégies.


Maintenant, il faudrait commencer à lire l’histoire que le Prince Damrong fait de ces 24 guerres entre les Birmans et les Thaïs de 1539 à la chute d’Ayutthaya en 1767, vérifier la pertinence des critiques sévères portées par le préfacier éditeur Chris Baker, s’appuyant sur les travaux des historiens thaïs comme Sunait Chutintaranond, Nitthi Eoseewong, et Thongchai Winichakul.

 

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Mais nous savons qu’elle est une œuvre d’un nationaliste, et du nationalisme, dont nous avons déjà beaucoup parlé. (Cf.****). Commençons déjà par son introduction. (Cf. Article suivant)

 

 

 


 

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*Prince Damrong Rajanubhab, « Our Wars with the Burmese. Thai-Burmese Conflicts 1539-1767 », White Lotus, 2001.

 

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Avec une préface de l’éditeur Chris Baker, qui en sa page 9 précise que le livre du Prince Damrong, aussi intitulé Thaï Rop Phama, publié en 1917, est sans doute le 1er livre d’histoire de type occidental ; et sûrement le plus populaire. Il a été étudié par tous les élèves de Thaïlande et repris dans des nouvelles, poèmes, chansons, pièces de théâtre, et films, voire des BD. L’héroïsme de la reine Suryothai, avec le duel à éléphant à Nong Sarai, « la déclaration d’indépendance » du roi Naresuan, la résistance du village de Bang Rachan  et la seconde chute d’Ayutthaya sont devenus la substance de l’histoire nationale thaïe.


Cf.http://en.wikipedia.org/wiki/Damrong_Rajanubhab


S. A. R. le Prince Ditsawarakuman, ou le Prince Damrong Rajanubhab (สมเด็จ พระเจ้า บรม วงศ์ เธอ พระองค์เจ้า ดิ ศ วร กุมาร กรม พระยา ดำรง ราชา นุ ภาพ;) (21 Juin 1862 - 1 Décembre 1943), fils du roi Mongkut., demi-frère du roi Chulalongkorn.


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Sa biographie est exceptionnelle.


Vice-commandant en chef de l'armée en 1887, ministre de l'Éducation, ministre de l'Intérieur en 1894. Il est considéré comme le fondateur du système éducatif et du système de santé  thaïs  et de l'administration provinciale moderne. Il fut le premier président de l'Institut royal de la Thaïlande.


Royal Insditut

Il fut l'un des intellectuels les plus influents de son époque, et  le père de l'histoire thaïlandaise. Il est devenu le premier Thaïlandais à être inclus dans la liste des personnes les plus distingués du monde par l’UNESCO. Le 28 Novembre 2001, pour honorer les contributions remarquables du prince, le gouvernement a déclaré que le 1 Décembre serait désigné comme le  «Jour Damrong Rajanupab »


 

 

 

Écrits


Prince-Damrong a écrit d'innombrables livres et articles, dont seulement quelques-uns sont disponibles en traduction anglaise et un seul en français :

** Chris Baker  a enseigné l'Histoire de l' Asie à l'Université de Cambridge, et a vécu plus de 20 ans en Thaïlande. Il est actuellement un écrivain, chercheur, traducteur indépendant, et rédacteur en chef honoraire de la Siam Society. On lui doit de nombreux articles sur la société et la politique thaïlandaises.

 

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*** Le Prince a aussi écrit en thaï un second volume sur les guerres entre les Thaïs et les Birmans de 1767 à 1855. Celui-ci n’a pas été traduit.


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****   Sur le nationalisme thaï. Cf.


 Notre Isan 14 :   Le nationalisme thaï ?

http://www.alainbernardenthailande.com/article-notre-isan-13-le-nationalisme-thai-73254948.html 

 

A. 13 : Le nationalisme et l’école ?

http://www.alainbernardenthailande.com/article-article-13-le-nationalisme-et-l-ecole-68396825.html

 

A 38. La Thaïlande n’a jamais été colonisée ?

http://www.alainbernardenthailande.com/article-a38-la-thailande-n-a-jamais-ete-colonisee-vous-en-etes-sur-81581652.html 

 

 

Les films.Cf.


A 51. Cinéma thaïlandais : La Légende de Suriyothai de Chatrichalerm Yukol (2001)

http://www.alainbernardenthailande.com/article-a-51-cinema-thailandais-la-legende-de-suriyothai-95050366.html 

 

A55.  Comprendre le film thaï,  La Légende du Roi Naresuan, par le jeu des muang.

http://www.alainbernardenthailande.com/article-a55-comprendre-la-legende-du-roi-naresuan-par-le-jeu-des-muang-99434799.html 

 

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