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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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Pourquoi ce blog ?

  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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17 février 2024 6 17 /02 /février /2024 01:22

 

Vous avez souvent pu remarquer ces arbres ceints d’une pièce de tissus de couleur safran, ce qui évoque évidement un lien avec l’habit des moines. C’est bien là le résultat d’une cérémonie qui vient probablement de la nuit des temps, avant même Bouddha, appelée l’ « ordination de la forêt » (PHITHIBUATPA  - พิธีบวชป่า) ou encore l’ « ordination des arbres » (PHITHITONMAI -  พิธีบวชต้นไม้) et remise en vigueur depuis une trentaine d’années  compte tenu de l’état actuel de la planète. Le terme est singulier et l’on peut suivre le très érudit Louis Gabaude lorsqu’il préfère non sans raisons peut-être le terme de « bénédiction » (1).

 

 

N’oublions pas que nous sommes en terre bouddhiste qui ignore le mythe de la création selon la Génèse  « ... Alors Dieu dit : faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre… Dieu a créé l'homme et la femme… Et leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. Et Dieu vit tout ce qu'il avait fait et vit que cela était bon » (Genèse 1, 25-31).

 

 

Ce texte contient, et il n'est pas possible de l'interpréter autrement, les composantes fondamentales d'une vision du monde en rupture complète avec le monde antérieur au sein duquel, chaque arbre, chaque source, chaque colline, chaque montagne avait ce que les romains appelaient son propre génius loci, son gardien spirituel. Nous connaissons ces génies protecteurs, incontestable survivance animiste, nous en avons longuement parlé (2)

 

 

Le monde fut en quelque sorte désacralisé et l'homme se vit autorisé à l'exploitation de la nature. Ce fut l’entrée du monde dans ce qu’on appelle l’ère « anthropocène » - Un néologisme, associant les mots grecs « homme » et « récent », ensuite de quoi l’homme a provoqué des extinctions massives d’espèces végétales et animales, pollué les rivières et les océans et modifié notre atmosphère.

 

 

Pour les bouddhistes, il existe des liens spirituels entre l’homme et la nature avec d’autant plus de force que le bouddhisme thaï reste fortement empreint d’animisme. Les textes canoniques bouddhistes décrivent la relation de l’homme avec le monde naturel selon les cinq lois de la nature (niyama -  นิยามะ) qui correspondent aux évènements physiques (température, saisons), la biosphère -  à la vie des plantes, la biodiversité -  au Karma – et aux lois naturelles, le Dharma. L’homme ne peut se définir sans son environnement et sur la planète terre, tous est interdépendance, qu'il s'agisse d'une étoile, d'un nuage, d'une fleur, d'un arbre ou de vous et moi.

 

 

La spiritualité bouddhiste suggère que la survie de l’espèce n’est possible qu’en soutenant cet environnement. Les liens spirituels de l’homme avec la nature considérée comme sacrée vont alors jouer un rôle important. L’homme n’est que l’intendant de la terre donc responsable de la protection de la planète. Mais cette exploitation a incontestablement conduit à ce qu’il est convenu d’appeler le dérèglement climatique.

 

 

Certes, les problèmes qu’il pose existaient peut être à l’époque de Bouddha mais la population mondiale n’était que de 150 millions d’habitants et la destruction de l’environnement ne pouvait être que dérisoire. Elle sera cependant probablement de 10 milliards en 2100.  Il ne faut évidemment pas s’attendre  à  trouver dans l’enseignement du maître des directives pour résoudre des difficultés qui n’existaient pas encore et régler les problèmes que pose l’activité humaine souvent désordonnée, forcenée et cupidité face à des ressources limitées. Peut-on toutefois trouver dans la spiritualité bouddhiste une réponse à ces questions ? Le bouddhisme explique que tout sur cette planète est constitué des quatre éléments principaux : la terre, le feu, l'eau et l'air.

 

Dans les croyances animistes qui subsistent omni présentes, les hommes adoraient ou vénéraient les  forêts, les montagnes, les  jardins et les arbres, la nature était considérée comme non seulement une source de vie mais encore une source de religion et de spiritualité. Cela n’a évidemment rien à voir avec le concept moderne de protection de la nature et de combat contre les dérèglements climatiques. Mais le fait de se réfugier dans la nature a un résultat direct sur sa protection. Nous avons longuement parlé du Bouddhisme de la forêt (3)

 

 

Les bouddhistes croient toujours aux esprits - que l’on peut appeler génies, démons, fantômes ou anges -  de la forêt et des arbres.  Nous en avons également parlé (2). En dehors de nombreux rituels reliant l’homme à la nature se situe la cérémonie d’ordination des arbres. Couvrir un arbre de la robe safran élève son statut tout comme l’ordination d’un moine. Il est devenu sacré et nul n’osera la couper. Il a en effet son esprit ou son génie qui interdit de l’abattre. Nous avons une longue description (en thaï) de cette cérémonie in  https://www.seub.or.th/bloging/into-the-

 

Avant de considérer ce rituel comme une superstition, il faut en connaître la signification profonde. La forêt et la nature sont sources à la fois de bien et de mal ; Cela dépend de la manière dont chaque individu les traite. Le bouddhisme considère la nature comme le meilleur endroit pour la pratique religieuse et la  plupart des événements importants de la vie du Bouddha se sont déroulés dans la nature. Bouddha lui-même est né dans le jardin de Lumpini,

 

 

a reçu l’éveil sous l’arbre de la Bodhi

 

 

et a prononcé sa première homélie dans le parc aux cerfs.

 

 

Il a passé quarante-cinq ans de sa vie à enseigner au milieu la nature et est mort dans un bois. Le bouddhisme établit ce culte de la nature, forêts et montagne, considérées comme sacrées ou sources d’illumination. N’oublions pas non plus qu’à l’époque de Bouddha, la Thaïlande (en particulier) devait être couverte de forêts ce qu’elle n’est pas depuis longtemps en raison de la cupidité des hommes !

 

 

Tout, dans ce monde, enseigne le bouddhisme, est interconnecté et nos actions y ont un effet d’entrainement sur ce monde qui nous entoure donc de toute évidence sur le climat. Le bouddhisme enseigne que tous les êtres font partie d’un réseau d’interdépendance plus vaste. Un autre principe fondamental du bouddhisme est le concept d’impermanence. Il nous enseigne que tout dans le monde est en constante évolution y compris notre environnement naturel. En reconnaissant le reconnaissant, nous pouvons mieux apprécier sa beauté et sa valeur et prendre des mesures pour la protéger pour les générations futures. Le bouddhisme met également l'accent sur l'importance de la compassion et la nécessité de ne pas causer de préjudice à tous les êtres vivants, animaux, et plantes.  Les moines bouddhistes sont des acteurs de la protection de la nature dans la mesure où ils sont astreints, entre autres, à quatre obligations fondamentales qui sont

Vivre avec des moyens de subsistance suffisant,

Vivre selon un principe de recyclage,

Vivre en harmonie avec la nature,

Vivre une vie d’autosuffisance.

Le premier fondement est à l’opposé d’une vie dictée menée par le consumérisme qui peut devenir immoral. Citons Gandhi : « Le monde en a assez pour répondre aux besoins de chacun, mais pas assez pour satisfaire l’avidité de chacun. »

 

 

Le deuxième fondement, suivre le principe de recyclage ? La planète est inondée de déchets qui sont les sous-produits de l'activité humaine. Par exemple, un moine est censé porter des robes faites de chiffons récupérés dans un tas de poussière, de préférence des cimetières. Cela s'applique non seulement aux robes mais à tout ce que nous consommons dans nos vies.

 

 

Le troisième fondement est de vivre en harmonie avec la nature. Bouddha parlait du « pied de l’arbre » comme de l’abri de base des moines. Les premiers monastères bouddhistes étaient des forêts et des parcs. Détruire toute sorte de la vie est totalement interdit à un bon moine. Détruire une plante vivante, abattre un arbre, arracher une fleur, cueillir des fruits sur un arbre ou brûler de l’herbe est une infraction. Les règles monastiques interdisent de déféquer, uriner ou cracher dans l’eau ou sur des cultures vivantes. C’est protéger les sources de la pollution. Les moines de la forêt sont réputés pour être les meilleurs protecteurs des animaux et de.la forêt

 

 

Le quatrième fondement est de vivre une vie de suffisance pour diminuer les dommages causés par les humains à la planète.

 

 

Même si le bouddhisme ne s’attaque pas spécifiquement au phénomène moderne du changement climatique, ses principes et ses enseignements peuvent offrir des orientations pour relever les défis environnementaux.

 

Ces dernières années, il y a eu un mouvement croissant au sein du bouddhisme pour s'attaquer à ces problèmes.

 

Les cérémonies d’ordination ou de bénédictions des arbres se sont multipliées depuis les années 1990. Avant la guerre de 39-45, la forêt couvrait 70 % de la superficie du pays. Nous ne serions plus aujourd’hui qu’à 25 % t peut-être moins. Aux bénédictions d’arbres ont succédé des bénédictions de forêts entières notamment lors des cérémonies du 50e anniversaire de la montée du roi Rama IX sur le trône en 1996.

 

 

Le récit biblique, que la création résulte du doigt divin ou d’une étincelle lors du « bis bang », énonce que Dieu, une fois créé le monde, créa le troisième jour le vert, un chaos de cellules végétales le quatrième puis les animaux le cinquième puis le plus sublime d’entre eux, l’homme le dernier jour.

 

 

Les connaissances scientifiques actuelles confirment cet ordre d’entrée en scène : les premières cellules vivantes susceptibles d’opérer une photosynthèse seraient apparu sur la planète il y a trois milliards d’années et l’homme tout au plus, il y aurait deux cent mille ans. La photosynthèse a généré l’oxygène rendant possible le développement de la vie animale. Or tout vient à la fois du soleil et des plantes sans lesquels il n’y aurait plus de vie. Le règne végétal a une masse qui correspondrait à au moins 90 % de la masse du monde des vivants, une présence écrasante par rapport aux animaux et à l’homme. Si l’enseignement de Bouddha ignorait tout de la photosynthèse,

 

 

il était par contre parfaitement conscient de l’importante de la végétation dans son ensemble, forêts et jardins. Bouddha fut-il le premier écologue de l’histoire ?

 

 

Nous avons une bonne analyse de ce bouddhisme « écologique » dans un article du vénérable Anil Sakya (Phra Dhammashakyavamshavisuddhi), collaborateur du patriarche suprème, dans son article  « Spiritual Connections to Nature and to Climate Change Action » in Journal of the Siam Society, Vol. 111, Pt. 2, 2023, pp. 233–246,

Notre ami Jean de la Mainate nous a dotés d’un très enrichissant article « L’ORDINATION D’ARBRES » sur son site

https://www.merveilleusechiang-mai.com/ordination-daarbres-la

 

 

 

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