INSOLITE 46 – LA FIN DES MINES D’OR EN THAÏLANDE,

La métallurgie en Thaïlande date de plusieurs millénaires : voir l’article « On the origins of metallurgy in prehistoric Southeast Asia: the view from Thailand » Vincent C. Pigott and Roberto Ciarla in  In Susan La Niece, Duncan Hook et Paul Craddock « Metals and Mines. Studies in Archaeometallurgy » pp. 76-88. Londres, 2007. Est-elle venue des Indes, de la Chine, ou des Dieux ?

La première réglementation date du roi Rama V en 1909. Le principe général qui n’a pas varié est  que les mines sont propriété de la couronne qui délivre des permis d’exploitation limités dans le temps et dans l’espace selon le régime des concessions. Ce fut le début de l’exploitation industrielle des ressources minières. Il existe présentement diverses règles obligeant les locataires à envoyer des déclarations annuelles du produit de leurs mines, à maintenir leurs chantiers en bon état, et interdire l'endommagement du sol par les résidus et l'empoisonnement de l'eau utilisée à des fins domestiques.

La Thaïlande compte actuellement pricipalement neuf zones minières mais toutes ne sont pas aurifères : Nous ne parlons que des explotations industrielles souvent spectaculaire

La première se situe entre la province de Loei (จังหวัดเลย) et celle de Nong Khai (จังหวัดหนองคาย).  Elle été concédée à la  Tungkham Company Limited, (บริษัท ทุ่งคำ จำกัด)  sous-district de Khao Luang (ต.เขาหลวง) district de Wang Saphung (อ.วังสะพุง), qui exploite des mines d'or, d'argent et de cuivre. De vifs incidents ont éclaté en 2016 à la suite d’une demande d’extension de la zone d’activité laquelle ne semble pas avoir été satisfaite après aoir rencontré une vive opposition.

Entre la Province de Prachin Buri (จังหวัดปราจีนบุรี) et celle de Sa Kaeo (จังหวัดสระแก้ว), la Permpoon Company Limited (บริษัท ผ.เพิ่มพูน จำกัด). sous-district de Lat Takhian (ต.ลาดตะเคียน) district de Kabin Buri (อ.กบินทร์บุรี) bénéficie d’une concession pour l’extraction de calcaire et la société PTA Construction limited dans le sous-district Thai Udom (ต.ไทยอุดม)  district de Klong Hat (อ.คลองหาด d’une concession pour l'exploitation de carrières  de pierres.

Entre la Province de Phrae (จังหวัดแพร่) et celle de Lampang (จังหวัดลำปาง), une mine de charbons est exploitée par l'Autorité de production d'électricité de Thaïlande, elle est connue sous le nom de mine Mae Moh (เหมืองแม่เมาะ). Les ressources en charbon ont été découvertes en 1917

Le concessionnaire a eu l’intelligence de transformer le site en attraction touristique ouverte au grand public pour y visiter et découvrir l'histoire du charbon. Les réserves sont encore de 50 ans  Dans la zone minière se trouve l'un des musées les plus grands et les plus modernes de Thaïlande, au milieu des fleurs et de la verdure !

Dans la Province de Chiang Rai (จังหวัดเชียงราย) trois sociétés bénéficient de concessions : Chiang Rai Region limited (บริษัท ภาคยภูมิเชียงราย จำกัด), Chiang Rai S.S.P. limited  (บริษัท เชียงราย เอส.เอส.พี. จำกัด) et Chiang Rai Land Associates limited (บริษัท เชียงรายแลนด์แอสโซซิเอทส์ จำกัด), mines de métaux et carrières de pierres.

Dans la Province de Chachoengsao (จังหวัดฉะเชิงเทรา) jusqu’aux provinces de Chonburi (จังหวัดชลบุรี) et Chanthaburi (จันทบุรี)  la Sompong Mining Company (บริษัทสมพงษ์ไมน์นิ่ง) exploite des mines d'étain et d'or ainsi que des mines de saphir à Chantaburi

De la province de Prachuap Khiri Khan (จังหวัดประจวบคีรีขันธ์) à la province de Chumphon (จังหวัดชุมพร) par Thephaporn Company Limited minière Sai Kaew (บริษัท เทพาพร จำกัด ทำเหมืองทรายแก้ว). Celle-ci fut une pionnière dans la fabrication du verre et de la céramique au Siam et exploite à cette fin des carrières de sable.

Dans la Province de Kanchanaburi (จังหวัดกาญจนบุรี) il existe de nombreuses concessions pour des mines de saphir et pierres précieuses tout comme à Chantaburi. Les gisements, répartis sur de larges surfaces, y sont exploités de manière intense à l'aide de machines. Les mines attirent de nombreux visiteurs, intéressés ou cupides et deviennent volontiers une attraction touristique. Les dupes sont plus nombreux que ceux qui font de bonnes affaires

Deux mines d’or ont retenu notre attention curieuse

Narathiwat et la ruée vers l'or

De la province de Narathiwat (จังหวัดนราธิวาส) à la province de Yala  (จังหวัดยะลา) la société minière Pinyo  (บริษัทเหมืองแร่ปิ่นเยาะ) et la société minière Tham Talu se consacrent à l’extraction d'étain ainsi que Cholsin Company  (บริษัทชลสิน) ». Elle fut un temps l’histoire d’une ruée vers l‘or qui n’est pas celle de Chaplin.

La « mine d'or de To Mo » (เหมืองทองคำโต๊ะโมะ) est située à Ban Toh Mo (บ้านโต๊ะโม๊ะ, sous-district de Phu Khao Thong (ตำบลภูเขาทอง), district de Sukhirin (อำเภอสุคิริน). L’onomastique vient comme souvent à notre secours,  Phu Khao Thong  c’est la montagne d’or.  C'est l'une des plus anciennes mines d'or exploitée industriellement dans le pays dont elle fit la richesse. L’écrivain à succés Phanom Thian (พนมเทียน) qui est originaire de la région y situe l’un de ses nombreux romans Phet Phra-uma (เพชรพระอุมา), un roman fleuve.

De tous temps on venait de Pattani y chercher de l’or. Le sultan de Pattani en extrayait l’or dont il faisait homme au roi du Siam. La mine connut sa célébrité sous le règne du roi Rama IV : un chinois Hio Sin Chio  eut connaissance de ces richesses alors qu’il faisait du négoce entre le Siam  et la Malaisie. Il fit venir nombre de ses compatriotes orpailler dans la rivière Saiburi  (สายบุรี) à Ban Kalubi (บ้านกาลูบี) en remontant en amont jusqu’à la frontière malaise. La nouvelle se répandit comme une trainée de poudre. Le roi Rama V accorda la concession à Hio Sin Chio qui reçut le titre de Khun Phrawiset Suwannaphum (คุณพระวิเศษสุวรรณภูมิ). Il est l’ancêtre direct de l’écrivain. Un millier de Chinois s’installèrent donc des deux côtés de la rivière. L’exploitation fut enfin concédée à une société française en 1932 alors que le filon s’épuisait peu à peu. La français avaient obtenu une concession de 20 ans et extrayaient industriellement 30 kilos d’or par jour de façon semi-industrielle.

La guerre avec la France en 1941 y mit fin. À l'heure actuelle, il reste encore quelques bâtiments, tels que l'ancienne résidence, 4 tunnels, des tunnels principaux et de nombreux sous-tunnels

et un petit musée. 

Ce n’est plus qu’une attraction touristique. Certains continuent à orpariller subrepticement car les lieux ne sont pas d’accès facile.

Phetchabun vers la fin des mines d'or ?

Entre la province de Phetchabun (จังหวัดเพชรบูรณ์) et celle de Lopburi (จังหวัดลพบุรี), l’extraction de l’or est assurée  par Akara Resources Company (บริษัท อัครา รีซอร์สเซส). 

Elle fit la une de l’actualité et n’a probablement pas fini de le faire

En effet depuis quelques années, les mines d'or en Thaïlande ont commencé à ralentir leur activité. L’utilisation de substances toxiques (métaux lourds) pour l’extraction du minerai pose des problèmes sur l’environnement des mines.

Le général Prayut Chan-o-cha, le Premier ministre, a émis un ordre de suspension des opérations d'extraction d'or dans tout le pays. Il est entré en vigueur le 1er janvier 2017, entraînant la fermeture définitive de l'extraction de l'or en Thaïlande. La compagnie Akara, l’une des dernières sociétés d’exploitation des mines d’or, reçut l’ordre de cesser son activité le 31 décembre 2016. La concession datait de l’an 2000 sous le gouvernement de Chuan Leekpai ; Les provinces y trouvèrent leur profit, création d’industries sous-traitantes, ouverture de commerces, perception de royalties par le gouvernement, création d’emplois de proximité…

Cette vision angélique avait ou aurait une lourde contrepartie : Après 7 ans d'extraction d'or, en 2007, un groupe de riverains  s'est plaint que la vie était devenue difficile : bruits d’explosions jour et nuit, contamination des réserves d’eau potable par les métaux lourds, apparition de maladies cutanées et de pustules sur la peau.

Lors d’une inspection gouvernementale, Akara Public Company Limited a demandé une extension de ses concessions pour neuf  autres parcelles dans la seule province de Phichit, couvrant une superficie de 2 466 rai et reçut une concession le 20 juillet 2008  pour 20 ans du gouvernement du 21 juillet 2008 au 20 juillet 2028, un 20 concession d'une durée d'un an pour la « Mine d'or de Chatrée Nuéa » (เหมืองทองคำชาตรีเหนือ). Les résultats des tests sanguins sur 1 004 villageois vivant dans la zone proche de la mine,  le 24 août 2014 ont révélé que le manganèse dans le corps dépassait la norme de 41,83 % et que le cyanure y dépassait la norme de 5,88 %. Le 16 janvier 2015, le Département des industries primaires et l'Autorité minière (KORP.) a confirmé la présence de métaux lourds dans le sang et  la pollution des terres agricoles et a ordonné à Akara Company de suspendre ses activités pendant 30 jours. La société a alors essayé d’améliorer la libération des métaux lourds dans la nature. De nouvelles analyses ont démontré qu'aucune fuite de cyanure n’était plus constatée. Les riverains se partageaient en deux groupes, les pour el les contre. Ces derniers obtinrent alors satisfaction par arrêté NCPO n° 72/2559,  du 14 décembre 2016 annonçant la suspension des opérations commerciales à partir du 1er janvier 2017. Plusieurs centaines de licenciements s’ensuivirent tant au sein de la société qu’au sein des sous-traitants. Le 19 mai 2016, un groupe de 5000 employés et riverains touchés par la fermeture de la mine adressèrent une réclamation au Premier ministre, le général Prayut Chan-ocha. Is y affirmaient que leurs bilans de santé étaient bons et imploraient la réouverture de la mine.

Le 19 mai 2016, un groupe de 5 000 employés et villageois touchés par la fermeture de la mine a adressé une lettre au Premier ministre. Le général Prayut Chan-ocha, disant que beaucoup de gens touchés par l'économie avec les résultats du bilan de santé qu'il n'était pas du tout malade de la mine d'or prêt à implorer le Premier ministre. Vivant depuis plus de 15 ans à proximité de la mine d’or, ils affirmaient qu’il n’y avait pas de conflits, invoquant l’éventuel écroulement de l’économe locale.

Des avis scientifiques s’y opposèrent.

La société, en réalité australienne, engagea alors un contentieux contre le gouvernement par voie d’arbitrage international, une réclamation de 20 milliards de baths. Juridiquement, la décision gouvernementale était fondée sur la nécessité de protéger la humaine, animale et végétale et de protéger l’environnement.

Après six ans d’incertitudes, la mine a rouvert au moins partiellement sur quatre parcelles le 23 mars 2023 et fondu ses premiers lingots. Ce n''st probablement pas la fin de l'épiode car les opposants ne baissent pas les bras.