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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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16 décembre 2017 6 16 /12 /décembre /2017 22:20
H14 - LA VÉRITABLE HISTOIRE DES « DEUX HÉROÏNES DE PHUKET ».

Dans un précédent article concernant le personnage d’exception que fut le Colonel Gerini (1), nous disions qu’il n’avait pu achever ce qui aurait dû être l’œuvre de sa vie, une Histoire du Siam (2) dont il n’a écrit que deux chapitres, l’un sur les rapports entre le Siam ancien et la Chine que nous n’avons pu consulter (3). L’autre est un article concernant l’histoire d’une île qui ne s’appelait pas encore Phuket dont la qualité et la densité nous laisse augurer la qualité de ce qu’aurait pu être son histoire s’il l’avait terminée (4) ! Notre propos n’est pas de revenir sur l’histoire de l’île détaillée en 150 pages mais sur un épisode historique, celui des deux héroïnes de Pukhet  que l’on trouve narré partout, non pas amplifiée et exagérée comme sur de nombreux sites Internet ou dans les Guides touristiques usuels mais au vu des seules sources dignes de foi dénichées et surtout traduite par le Colonel.

Celui-ci commence son histoire de l’île de Junkceylon (จังซีลอน) comme on l’appelait (5) alors en citant ses nombreuses sources. Elles commencent par des Annales de Kedah du XIIIe siècle en malais archaïque et nous y trouvons tour à tour des textes portugais, espagnols, français, allemand, arabes et évidemment thaïs. Nous le savions polyglotte. Il continue – doit-on s’en étonner – par égratigner quelque peu ses confrères en érudition « la médiocrité ostentatoire de la matière fournie sous cette rubrique dans les ouvrages les plus soigneusement compilés, tout ce qui concerne le passé de cette importante possession siamoise est, en règle générale, rejeté avec deux ou trois lignes pas toujours exemptes de quelques erreurs très grossières ». Il est également très critique avec les récits récents des voyageurs européens devenus écrivains ou des écrivains modernes qui n’ont pas pris la peine de se référer aux sources anciennes y compris manuscrites qui sont selon lui loin d’être toutes inaccessibles et de se reporter à la tradition orale alors encore bien présente. L’histoire de nos deux héroïnes qu’il compare à notre Jeanne d’Arc (« The Junkceylon Jeanna d'Arc ») se trouve donc, et nulle par ailleurs, dans une double source, tout d’abord un texte de 1841, presque contemporain dont le colonel donne le texte intégral en thaï, un texte abrégé également en thaï et une traduction. Il émane d’officiels ou de fils d’officiels dont on peut penser qu’ils ont eu une connaissance directe ou une transmission orale de première main (6). Le colonel utilise ensuite les « Annales du premier règne » qui sont de 1869, rédigées en thaï (7).

***

H14 - LA VÉRITABLE HISTOIRE DES « DEUX HÉROÏNES DE PHUKET ».

Nous sommes à la fin de l’année 1785 ou au tout début de 1786. Les guerres avec la Birmanie qui avaient fait rage presque sans interruption depuis le milieu du dix-huitième siècle, avaient jusqu'alors pour théâtre le centre et le nord du Siam. Mais en 1785, les Birmans, à la suite des revers continus qu'ils avaient subi modifièrent leur plan de campagne et résolurent d'envahir simultanément le Siam au Nord, à l'Ouest et au Sud où ils espéraient en arracher la péninsule malaise. Ils équipèrent une flottille de guerre qui devait conquérir les provinces siamoises sur la côte ouest. La flottille birmane, sous le commandement d’un certain Yi-wun, partit de Mergui au début de décembre 1785 et attaqua Takuapa (ตกั่วป่า)

H14 - LA VÉRITABLE HISTOIRE DES « DEUX HÉROÏNES DE PHUKET ».

et Takuathung (ตกั่วทุ่ง) que, faute de préparation siamoise, elle prit facilement. Il s’agit des deux districts côtiers de la province de Pangga (พังงา), le second n’étant séparé de l’île que par un bras de mer qui ne fait jamais plus un kilomètre de largeur, actuellement relié à l’ile depuis 1967 par un pont.

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Les administrateurs siamois vaincus furent tués ou prirent la fuite. Les Birmans se dirigèrent alors vers Junkceylon, où une force armée fut débarquée pour investir la capitale Chalang.

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Où la bataille eut-elle lieu ?

 

Nous nous sommes évidemment posé la question de la localisation de ces lieux. Junkceylon, est-ce seulement le terme générique qui désigne l’île ou (et) celui du port de débarquement ?

 

Nous disposons de plusieurs cartes contemporaines :

 

L’une datée de 1745 de Jean-Baptiste-Nicolas-Denis de Mannevillette, « de l'Isle Junkseilon, et de son port » semble situer le dit port (Junkseilon) à l’emplacement actuel de la baie de Patong qui semble effectivement un endroit privilégié pour y débarquer des troupes.

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Une autre carte de Guillaume Dheulland qui daterait des années 1770 « Plan de l'Isle Junkseilon et de son port situés à la coste de Queda » nous éclaire encore moins, notamment en ce qui concerne le port où aurait pu avoir lieu le débarquement ?

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Si enfin l’île était connue de longue date de nombreux navigateurs ou aventuriers partis exploiter ses mines d’étain, le premier à l’avoir sinon visité, du moins décrite avec un souci scientifique est le capitaine anglais Thomas Forrest dans son ouvrage publié en 1792 (8).

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La carte qu’il dessine ne nous est malheureusement d’aucun secours.

H14 - LA VÉRITABLE HISTOIRE DES « DEUX HÉROÏNES DE PHUKET ».

Se pose ensuite la question de situer la capitale Chalang (ฉลาง). Il plane la même incertitude. Le Colonel Gerini va-t-il venir à notre secours ? Selon lui, l’ouvrage le plus ancien faisant référence explicite à l’île est de 1512, de Antonio Galvano, un voyageur portugais qui la nomme Iunsalam ou Iunsalan ou Insalao qui serait en langue locale Chalang (ฉลาง), la forme siamoise la plus ancienne devenue ultérieurement Thalang (ถลาง) dans des annales locales de 1841.

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Comme le fait remarquer Gerini, les habitants sont mieux placés que les voyageurs étrangers pour connaître le nom de leur île. Le nom serait devenu Salang lors de l’occupation de l’île par les Malais au XIIIe siècle. Au cours de leurs premiers voyages de reconnaissance et de leurs raids le long des côtes de la péninsule malaise, ces aventuriers avaient sans doute remarqué l'île et son apparence de promontoire sortant du continent. Ils l’auraient alors considérée comme partie intégrante de ce dernier, le nommant Ujong Salang, la Pointe de Salang. Gerini connait parfaitement la langue malaise dans laquelle le Ch initial n’existe pas et devient plus volontiers S, Sh, ou Z, lettres qui se rapprochent le plus du son siamois. Si la nature alors insulaire du promontoire a sans doute été ultérieurement remarquée, le nom a subsisté puis a été transféré au promontoire sud de l'île elle-même. Ujong Salang fut ensuite raccourci en Jong-Salang. Les formes européennes de Iunsalam, Iunsalan, Junsulan, Junsalan ont été dérivées à l’oreille. Ujong Salang ou Jong Salang sont donc bien les formes malaises du nom de l’île mais Gerini se plait à étriller les auteurs anglais qui en font le nom d’origine, erreur due « aux prétentions anglo-malaises qui créditent les émigrants malais de toute forme de civilisation existant dans la péninsule ».

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Doit-on assimiler Chalang à Thalang (ถลาง) actuellement district qui recouvre toute la partie nord de l’île ?

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Gerini note opportunément en parallèle que le nom de la baie à l'extrémité sud-est de l'île est originairement Kelung, Kilung ou Khelung mais prononcé Chalong (ฉลอง) par les indigènes. L’argument ne nous semble pas dépourvu de pertinence puisque la différence en thaï à l’oreille entre le O ouvert (ออ) et le A (อา) est loin d’être évidente. Gerini nous apprend que les Môns (il connait leur langage) appellent l’île « Dong Khalang » ce qui signifie « la Ville Khalang », le nom de leur capitale historique dans l’île. S’agit-il de l’actuel Chalong dont la baie est située sur la côte sud-est et pouvait aussi être susceptible de recevoir un débarquement ? Restons donc sur notre incertitude, aucune recherche archéologique n’a à notre connaissance jamais été entreprise en vue de retrouver le site (9). 

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La bataille

 

Le gouverneur de la capitale dont le nom n’est pas assuré vient de décéder sans qu’un successeur lui ait été désigné. Plusieurs palissades avaient toutefois été déjà érigées autour de la ville. Chan (จันทน์) la veuve du défunt gouverneur assistée de Muk (มุก) sa sœur cadette, célibataire, consultèrent les autorités locales pour la défense de la ville. Notons que Gerini va encore s’amuser – est-il un autre mot - aux dépens de nombre de ses collègues. Si Muk est tout simplement le joli prénom de perle,

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Chan  ne signifie nullement (comme on le lit d’ailleurs encore partout) la Lune. D’après lui, ce nom n’est jamais donné à une femme au Siam où la lune est considérée comme une divinité masculine comme le Deus Lunus des Romains.

H14 - LA VÉRITABLE HISTOIRE DES « DEUX HÉROÏNES DE PHUKET ».

En siamois, จันทร์ c’est aussi un fruit, luk chan (ลูก จันทร์), Diospyros decandra, le plaqueminier dont le fruit est le kaki. D’après le colonel, c’est un surnom donné volontiers aux enfants de faible complexion ! Une leçon de sémantique ne fait de mal à personne !

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Les deux sœurs rassemblèrent les hommes, firent construire encore deux palissades pour protéger la ville. Elles firent preuve d’un grand courage, affrontant sans crainte l'ennemi après avoir obligé les fonctionnaires et le peuple, hommes et femmes, à utiliser les mousquets et effectuer des sorties hors des palissades pour harceler les Birmans. Après un mois de vains efforts, les provisions leur manquèrent et ceux-ci durent se retirer en janvier 1786. Ainsi Chalang fut sauvé grâce à l'héroïsme des deux sœurs.

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Telle est l’histoire en définitive assez brève de nos deux héroïnes telle que narrée par les sources siamoises. Que disent les sources sinon birmanes, du moins anglo-birmanes ? Gerini nous renvoie à Sir Arthur Phayre qui écrit en 1883 (10).

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Gerini lui reproche (comme il se doit) des erreurs de chronologie puisqu’il a fait allusion à cette attaque birmane sur Junkceylon qu'il situe au début de l’année 1885. « Une expédition préliminaire fut envoyée par mer, qui prit possession de Junk Seylon, mais après quelques semaines la force fut chassée par les Siamois et obligée de retourner à Mergui ». L'expédition aurait été trop couteuse et causé une grande perte d’hommes ? Elle ne prit effectivement pas possession de l’île mais simplement attaqua Chalang sa capitale. Ceci dit, une fois que Gerini se soit donné la satisfaction de relever ces erreurs, il faut évidemment constater que cette brève version ne contredit nullement celle des Siamois. Peut-être aussi les Birmans éprouvaient-ils quelque honte à reconnaître qu’ils avaient du lever un siège face à une armée commandée par deux femmes et composée en partie de femmes. Contrairement à ce que disent toutes les versions contemporaines, jamais les deux héroïnes ne s’étaient travesties en guerriers masculins avant de prendre les armes et pas plus brandi des armes fictives ce qui aurait suffi à effrayer l’ennemi. Ne revenons pas sur les suites de cette Nième guerre siamo-birmane. Les Birmans furent défaits et le Siam y gagna d’occuper une partie du Lanna (Chiang Saen).

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Dès après le repli des Birmans, les fonctionnaires de Chalang envoyèrent un rapport au Second Roi alors à Singora (aujourd’hui Songkhla) et un au quartier général de Bangkok. L'ordre était revenu dans la péninsule malaise, le second roi retourna dans la capitale. Le premier roi envoya une lettre à Chalang, nommant gouverneur l'un des fonctionnaires locaux qui s'était distingué (Phraya Phimon - พระยาพิมล) et conférant à la veuve du défunt gouverneur qui avait si bien organisé la défense, le titre de princesse Devakrasattri (เท้าเทพ กระสัตรี) et à sa jeune sœur celui de princesse Sri Sundara (เท้า ศรีสุนทร). Ces titres sont ceux des aînées des princesses de la maison royale. Il semble que ce soit le seul exemple dans l'histoire siamoise où ils aient été conférés à des femmes sans lien avec le palais royal. Notons une hiérarchie, le titre de la première Thaothep (เท้าเทพ) peut se traduire par angélique princesse, et celui de la seconde Thep plus modestement par princesse.

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Que devinrent les princesses ?

 

Gerini qui sait tout de même rendre à César ce qui appartient à César nous apprend via Forrest que Phraya Phimon, d’abord gouverneur de Kra résidant à Chumphon et par la suite, depuis 1782 environ, commissaire intérimaire dans l'île, devint enfin nouveau gouverneur à Chalang et qu’il avait à une date indéterminée épousé l’angélique princesse. Elle en eut cinq enfants, dont l'aînée, une fille nommée Thong, (ทอง), fut ensuite envoyée à Bangkok pour y être présentée à la cour. De là, elle devint la mère de la princesse Ubon (พระองค์เจ้าหญิง อุบล). Voilà bien une manière singulière d’écrire l’histoire ! Cette princesse apparait dans la nomenclature officielle comme la 31ème enfant du roi Phra Buddha Yotfa  alias Rama Ier dont sa mère, fille de l’angélique princesse fut donc l’une des épouses secondaires (11). Toujours méticuleux, Gerini fait naître Thong entre 1800 et 1809 et situe le remariage de l’angélique princesse au début de 1786 peu après le siège de Chalang. Nous n’avons trouvé aucune trace d’une éventuelle descendance de sang royal ?

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Nous savons encore qu’un dénommé Thien, fils de Chan (Kaki) et de son défunt premier mari intenta une action contre son parâtre Phraya Phimol, à la suite de quoi ce dernier fut déplacé à Phatthalung sans que nous sachions les motifs de ses récriminations ? Son successeur ayant encouru le « mécontentement royal pour quelque escapade » fut ensuite arrêté et conduit à Bangkok où il mourut dans les fers. C’est alors Thien qui fut nommé pour lui succéder et qui reçut le surnom parlant de « gouverneur asthmatique de Thalang » (phraya thalang hut - พระยาถาลาง หืด). Naï Ruang (นาย เรือง), frère cadet du gouverneur déchu fut désigné comme vice-gouverneur (Palat).

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Quant à la princesse non angélique, la perle, les écrits sont silencieux après la description de ses exploits. Est-celle restée jeune fille (auquel cas elle seule mériterait le nom de Jeanne d’Arc siamoise), a-t-elle quitté la scène peu de temps après ? Sans refaire l’histoire du monde, Gerini nous cite Boadicea, la reine plus ou moins légendaire des Bretons dont Tacite nous a appris qu’elle lutta vaillamment contre les Romains dont elle se plaisait à empaler ceux qu’elle faisait prisonniers.

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C’est probablement dans le seul but de titiller ses confrères français en érudition qu’il cite la pucelle de Saragosse  connue comme Augustine d'Aragon qui lutta contre les français en 1808, sanguinaire certainement autant que la précédente, elle n’empalait pas ses prisonniers français mais – parait-il – les émasculait tout vifs. Elle n’était assurément pas pucelle.

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On peut se douter – n’en déplaise au Colonel Gerini - que fort peu des membres de la Siam Society avaient traduit Tacite, que fort peu s’intéressaient à la lutte des Celtes contre les Romains ou à celle des Espagnols contre les troupes de Bonaparte et que fort peu se souciaient du pucelage d’une belle catalane (12) ? L’intérêt d’une référence à ces deux infernales sorcières nous semble donc limité.

 

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Il se trouve dans les annales du Siam bien assez d’exemples d'amazones patriotes qui ont sacrifié leur vie et leur sang pour la défense de leur pays. Nous connaissons évidement la reine Suriyothai (ศรีสุริโยทัย) dont le combat lors du siège d’Ayutthaya en 1563-64 fut immortalisé par le film de Copolla.

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Citons encore la princesse Mo Thao Suranari (ท่านผู้หญิงโม้ ท้าวสุรนารี) dont l’historicité est moins chancelante, épouse du Palat (vice-gouverneur) de Korat qui, en 1826, à la tête d’une troupe de 460 femmes défit les troupes du roi lao Anu de Wieng Chan.

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Le colonel Gerini regrette qu’aucun monument n'ait jamais été élevé aux deux héroïnes de Chalang. Il écrit en 1906. Ce fut fait dans les années 60.

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Le bicentenaire de la bataille a par ailleurs été marqué par la construction du Musée de Thalang qui consacre une de ses salles à la bataille (composée essentiellement de dioramas) et situe évidement sans plus de précisions la bataille à Thalang (13).

 

 

H14 - LA VÉRITABLE HISTOIRE DES « DEUX HÉROÏNES DE PHUKET ».

NOTES

 

 

(1) A 245 – « G. E. GERINI, OFFICIER DANS L’ARMÉE ITALIENNE,  COLONEL DANS L’ARMÉE SIAMOISE, CHERCHEUR D’OR, GÉOGRAPHE, ARCHÉOLOGUE, ETHNOLOGUE, LINGUISTE, COLLECTIONNEUR ET HISTORIEN ».

 

(2) Elle devait être publiée sous l’égide de la Royal Asiatic Society, il n'a pas eu le temps de l'écrire.

 

(3) II a traité des relations entre le Siam et la Chine dans une série d'articles de la londonienne Imperial and Asiatic Quarterly Review réunis ensuite en un tirage à part en 1906  : Siam's Intercourse with China (Les relations du Siam avec la Chine).

 

(4) « HISTORICAL RETROSPECT OF JUNKCEYLON ISLAND » in Journal of the Siam society, volume II- 2 de 1905.

 

(5) L’île semble n’être devenue Phuket que lorsqu’elle est devenue province (จังหวาด) en 1933. Totalement à l’écart des circuits touristiques jusqu’à la construction du pont en 1967 elle est encore Junkceylon dans un article de l’Eveil économique de l’Indochine du 19 janvier 1930 (« Un vieux rêve ravivé : le port de l’Isthme de Kra »).

 

(6) « เรือง พงษาวดาร เมือง ถลาง เมือง ตกั่วป่า เมือง ตกั่วทุ่ง เมือง พังงา เมือง ภูเก็จ » que Gerini traduit « Relation written by Juceylon officials in 1841 » mais il aurait dû être plus complet : « Histoire des districts de Thalang, Takuapa, Takuathung, Phuket ». Ces officiels sont Naï Rok (นายฤกษ) fils du Chao Phraya Surindrraja Changwang (เจ้าพระยา สุรินท์ราชางางวาง), Naï Suk (นายศึก) et Naï Sua (นายเสือ), fils du gouverneur de Thalang, Phraya Thalang (พระยะ ถลาง) et Luang Phetkhiri  Sisamutwi Sutthisongkhram (หลวง เพ็ชรคีรีศรีสมุดวิสุทธิสงคราม) Vice-Gouverneur (Palat - ปลัด) de Thalang. Le terme de Naï aujourd’hui un Monsieur formel et administratif est à cette époque placé devant le nom d’un fonctionnaire de haut rang.

 

(7) Publiées en 1869 par le prince Chao Phraya Dibakarawongse qui fut Ministre des affaires étrangères jusqu’à sa mort en 1870, la première partie est la suite de celles d’Ayutthaya que nous connaissons bien et concernent le règne du roi Taksin et de son successeur. Elles s’arrêtent en 1792. Elles ont été rééditées en 1935 mais non traduites par les soins du prince Damrong Rajanubhab, le « père de l’histoire thaï ».

 

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(8)  « A Voyage from Calcutta to the Mergui Archipelago ».

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(9) Ce n’est pas dire que des recherches archéologiques n’ont pas été entreprises dans l’île. Nous en avons une première trace dans l’article W.Walter Bourke « Some archeological notes on monthon Phuket » in Journal of the Siam society, volume 2 de 1905. Il faut toutefois noter qu’à cette date le monthon (มณฑล) de Phuket, résultant des réformes administratives de Rama V en 1897 et créé en 1898, dont Phuket-ville est le chef-lieu est beaucoup plus vaste que l’actuelle province qui est l’île. Il s’étend depuis Ranong au nord jusqu’à Satun à la frontière malaise, plus de 500 kilomètres du nord au sud. En ce qui concerne l’île proprement dire, les découvertes consistent essentiellement en des vestiges préhistoriques. Ils se trouvent dans les 6 ou 7 musées de l’île.

 

(10) « History of Burma INCLUDING BURMA PROPER, PEGU, TAUNGU, TENASSERIM, AND ARAKAN » (London, 1883, p. 215)

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(11) Notons avec amusement une erreur de Forrest que malheureusement Gerini n’a pas relevée : Elle n’est pas l’enfant numéro 32 du roi mais le numéro 31. A tout péché miséricorde ! Voir พระราชาประวัติ ๙ ราชากาล แห่งราชวงศ์จักรี (« liste des neuf rois de la dynastie Chakri »).

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(12) La fausse pucelle de Saragosse était en effet née à Barcelone.

 

(13) https://thalangmuseum.wordpress.com/

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