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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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22 février 2017 3 22 /02 /février /2017 22:09
La table de Peutinger est l'ancêtre des cartes routières. Elle représente schématiquement les principales routes de l'Empire Romain. C'est une reproduction probablement très inexacte de la fin du XIIème siècle d'une copie réalisée vers 350 dont l'original est plus ancien. Cette carte a été découverte au début du XVIème siècle à Worms et confiée à Konrad Peutinger qui la publia.

La table de Peutinger est l'ancêtre des cartes routières. Elle représente schématiquement les principales routes de l'Empire Romain. C'est une reproduction probablement très inexacte de la fin du XIIème siècle d'une copie réalisée vers 350 dont l'original est plus ancien. Cette carte a été découverte au début du XVIème siècle à Worms et confiée à Konrad Peutinger qui la publia.

Le monde selon Ptolémée, gravure sur bois gravée à Ulm en 1484

Le monde selon Ptolémée, gravure sur bois gravée à Ulm en 1484

Nous avons à plusieurs reprises parlé de l’arrivée des Portugais au Siam (1). Il est juste de leur rendre un autre hommage, puisqu’ils sont à l’origine de la cartographie du Siam. Lucien Fournereau, architecte et explorateur fut entre 1886 et 1888 chargé de diverses missions d’exploration dans la péninsule  indochinoise et au Siam en 1891. C’est son précieux compte rendu qui nous intéresse aujourd’hui (2). Il écrit en exergue de son premier volume  « La base fondamentale de toute étude ethnologique, historique ou archéologique, est sans contredit la délimitation exacte de la position géographique du champ des recherches et ces connaissances topographiques sont étroitement liées avec l’objet même de l’étude. Nous avons donc été tout naturellement portés à chercher, avant de commencer cet ouvrage, des documents géographiques propres à initier le lecteur au pays que nous allons lui faire parcourir ». Nous devrons attendre 1962 pour qu’il soit revenu sur cette question – intéressante - des débuts de la cartographie du Siam et que soit à nouveau salué l’œuvre des Portugais (3).

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

La première « carte » répertoriée est datée de 1517.

Sur la partie  reproduite par Fournereau, nous reconnaissons la côte occidentale du Siam. Le drapeau portugais est  planté en Chine ( ?). Les  rhumbs (lignes des vents) sur la partie droite donnent des instructions pour la navigation vers l’est.

Sur la partie reproduite par Fournereau, nous reconnaissons la côte occidentale du Siam. Le drapeau portugais est planté en Chine ( ?). Les rhumbs (lignes des vents) sur la partie droite donnent des instructions pour la navigation vers l’est.

Elle est attribuée à Pedro Reinel sur lequel nous savons peu de choses, à la fois pilote et cartographe qui connaissait probablement le « secret des Moluques » (o segredo das Molucas) où les Portugais partaient à la recherche des épices. C’est à ce jour la plus ancienne carte sur laquelle nous voyons représenté le golfe de Siam. C’est en réalité un portulan qui appartenait à la Bayerische Armee bibliothek (Bibliothèque de l‘armée bavaroise) à Münich.

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

L’original consulté par Fournereau a disparu dans les suites de la guerre en 1945 au cours desquelles la bibliothèque a été pour partie détruite et pour partie pillée (4) mais il en est une copie fidèle (selon Fournereau) à notre Bibliothèque nationale (5). Ce fac-similé est un manuscrit enluminé sur parchemin de 67 x 123,5 cm. Fournereau n’en reproduit que la partie relative au Siam. Dans sa totalité, elle représente une partie de l’Afrique, Madagascar, la pointe sud des Indes, Ceylan et la péninsule en sa côte ouest. La datation de 1517 a été effectuée par un autre érudit, le Docteur Ernest Théodore Hamy, au vu d’arguments dont nous vous faisons grâce (6).

La copie intégrale de la carte de la  Bibliothèque Nationale donne une description assez précise du sud de l’Afrique avec  les « abris »,  de Madagascar et de  Ceylan. Les tropiques sont bien situés et les rhumbs montrent encore qu’il s’agit d’une carte  de navigation

La copie intégrale de la carte de la Bibliothèque Nationale donne une description assez précise du sud de l’Afrique avec les « abris », de Madagascar et de Ceylan. Les tropiques sont bien situés et les rhumbs montrent encore qu’il s’agit d’une carte de navigation

Ce portulan ne donne de la côte orientale de la péninsule malaise qu’une délinéation très approximative ce qui est singulier car elle fut de très bonne heure connue et fréquentée par les Portugais, Malacca était tombée entre les mains d’Albuquerque en 1511. Aussitôt qu’ils y furent implantés, ils envoyèrent expédition sur expédition dans l’est, à la recherche d’îles d’épices et vers le nord-est ; des expéditions commerciales atteignirent Canton en 1514. Ils n’eurent pas moins de hâte de pénétrer dans le royaume de Siam, « terra del rey de Syam ». Mais ne revenons pas sur l’histoire des relations du Siam et des Portugais, ceux-ci y avaient noué des relations d’amitié et de commerce et en avaient aussi reconnu les côtes, ce que ne pouvait ignorer Pedro Reinel, auteur de la carte en soulignant que son activité débordante ne s’est pas limitée à cette partie du monde (7).

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

Disons quelques mots de cette carte qui peut au premier abord paraître incompréhensible car c’est un portulan plus qu’une carte avec ses entrelacs de lignes. Ce sont plutôt des instructions nautiques utilisées jusqu’au XVIIIème siècle, servant essentiellement à repérer les ports et connaître les dangers qui peuvent les entourer (courants, hauts fonds). Ils comportent deux caractères graphiques spécifiques : les lignes de vents (rhumb qui représentent les caps à suivre avec la boussole) qui quadrillent les surfaces, l'alignement perpendiculaire des noms de lieux colorés différemment selon leur importance et des roses des vents permettent en outre de repérer la route et de déterminer le cap. Il n’y a aucune construction des méridiens et des parallèles, les marins n’ont pas encore connaissance d’un quelconque système de coordonnées, système pourtant supposé nécessaire pour tout passage d'une surface sphérique (la Terre) à sa représentation plane. Ils sont considérés par les royaumes du Portugal et d'Espagne comme des secrets d'État.

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

La carte anonyme portugaise de l’école de Reinel vers 1520.

C’est encore une carte  de navigation sur laquelle nous reconnaissons les Indes, Ceylan, la Chine, là où sont plantés les pavillons du Portugal et la côte occidentale du Siam.

C’est encore une carte de navigation sur laquelle nous reconnaissons les Indes, Ceylan, la Chine, là où sont plantés les pavillons du Portugal et la côte occidentale du Siam.

Elle est incontestablement très voisine en date de la première et faisait partie de la même collection à Munich. De beaucoup plus petite d’échelle, elle ne renferme pas plus d’informations sur la côte du royaume de Siam. Sans être exacte, elle  affecte cependant une forme qui se rapproche un peu plus de la réalité. Fournerau et le Docteur Hamy pensent qu’elle fut dressée d’après le routier d’un navigateur qui n’aurait pas suivi les contours de la péninsule malaise, mais serait, de Malacca, par une navigation hauturière, parvenu en droite ligne et grâce à la mousson favorable jusqu’à la Cochinchine et n’aurait, par conséquent, pas connu le profond enfoncement du golfe de Siam. Il y figure trois inscriptions sur la côte chinoise et l’endroit où est implanté le drapeau portugais est incontestablement Canton dont le nom ne figure toutefois pas. La conclusion de Hamy et Fournereau est que si cette  pièce n’est pas émanée de Reinel lui-même, elle est du moins  incontestablement de son école. Nous n’en avons malheureusement que la reproduction partielle de Fournereau.

 

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

Le planisphère de Diégo Ribeiro de 1529.

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

La carte dont Fournereau ne reproduit qu’une partie mérite de l’être intégralement. Elle est l’œuvre de Diego Ribeiro ou Ribero. Ce cartographe portugais d’origine serait venu en Espagne à peu près à la même époque que les Reinel, sinon avec eux. On sait, en tout cas, qu’il avait fait à cette date une carte du monde. Il fut nommé cosmographe royal à Séville, le 10 juin 1523 et fit partie de la «  junte de Badajoz » qui discuta la position et la possession des Moluques que se disputaient l’Espagne et le Portugal. On ignore tout de lui sinon qu’il est mort le 16 août 1533. Il ne reste de lui que deux cartes, l’une à la Bibliothèque de Weimar, l’autre au Vatican. L’intérêt de la carte de Ribeiro est que ce cartographe, bien que Portugais d’origine, ne soit plus, depuis son entrée en Espagne et son établissement à Séville, au courant des découvertes de ses compatriotes. Il est complètement devenu espagnol et sa carte est le reflet des connaissances des cartographes de son pays d’adoption.

Nous y trouvons une description précise des côtes américaines, de l’Afrique, Madagascar, les Indes et Ceylan. Nous y voyons le « Regno de Ansian » - le  Siam -  une ébauche du golfe de Thaïlande et la Chine.

Nous y trouvons une description précise des côtes américaines, de l’Afrique, Madagascar, les Indes et Ceylan. Nous y voyons le « Regno de Ansian » - le Siam - une ébauche du golfe de Thaïlande et la Chine.

Ce planisphère de 204 cm sur 85 contient à la fois les éléments traditionnels de Portulans et les nouveaux éléments typiques de la Renaissance. Comme sur les portulans, les roses des vents, les rhumbs, les échelles graphiques de distances et d'innombrables toponymes sur les littoraux. Ces innovations tiennent compte de la navigation au long cours consécutive aux découvertes portugaises et espagnoles de la fin du 15ème siècle et du début du 16ème siècle. Elle fut probablement élaborée au cours des négociations visant à préciser le partage du monde entre le Portugal et l'Espagne après la circumnavigation de l'expédition de Magellan (1522). Au sud du Brésil et de l'Insulinde, les drapeaux signalent les espaces respectifs des Puissances Ibériques. Un drapeau additionnel de la Castille figure sur le territoire chinois. Alors que le Portugal exploite déjà les Moluques, la carte de Ribeiro attribue à l'Espagne cette région asiatique. Les navires illustrent les ambitions hégémoniques de l'empire maritime espagnol.

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

Carte anonyme portugaise du milieu du XVIème siècle.

La graphie utilisée ne nous permet pas de déterminer avec précision les lieux inscrits ni sur la  côte ouest ni sur la côte ouest.

La graphie utilisée ne nous permet pas de déterminer avec précision les lieux inscrits ni sur la côte ouest ni sur la côte ouest.

Le fragment de carte reproduit par Fournereau provient d’un grand et bel atlas de facture portugaise, que la section géographique de la Bibliothèque nationale a acheté au mois de février 1841. Elle l’attribue au cartographe portugais Diogo Homem (1520-1576) et le date de 1558. Cet atlas se compose de huit feuilles, mais il semble qu'il en ait manqué une sans compter que le plus souvent ces atlas possèdent en outre un planisphère qui sert à résumer les cartes de détail et à indiquer la position relative des diverses parties du monde. Il comprend trois feuilles pour les côtes d’Amérique, une pour l’Asie depuis le Bosphore jusqu’à l’Aracan, la carte de l’Asie orientale ici reproduite et enfin une carte de l’Europe et du nord de l’Afrique jusqu’au-dessous des îles du cap Vert. Toutes les cartes de cet atlas sont inachevées ; un grand nombre de roses des vents et d’inscriptions n’ont pas reçu les couleurs et l’or dont elles devaient être rehaussées ; les cartouches et les écus sont vierges de toute inscription et de toutes armes. On n’y remarque aucun des drapeaux qu’on trouve sur la plupart des cartes antérieures ou contemporaines et qui servent à indiquer les possessions ou les découvertes des différentes puissances européennes, quand ce ne sont pas des étendards de fantaisie destinés à donner à la carte un élément de gaîté et de richesse. Ne figurent également pas sur ces planches ces représentations si pittoresques de souverains étranges, d’animaux véritables ou fantastiques, ces villes à l’architecture singulière destinées à donner une idée si fausse de la faune et des habitations exotiques. C’est une carte exclusivement marine, les informations et les légendes s’arrêtent aux cotes ; quelques noms de pays figurent seuls à l’intérieur qui est garni, surtout pour les régions extra-européennes, de fleuves et de montagnes tracés de façon fantaisiste. Pour Fournereau, l’origine portugaise est démontrée par le style de l’ornementation et la langue employée dans les inscriptions et les légendes en y ajoutant évidemment le latin pour celles qui donnent le nom d’une mer importante, les points cardinaux, les tropiques, etc. La date est incontestablement du milieu du XVIème siècle compte tenu des dessins de la partie américaine qui ne nous concerne pas. Le cartographe était bien au courant des explorations contemporaines.

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

Pour le Siam, l’Arakan et le Pegou, elles sont déchiquetées par une quantité d’indentations et de grandes baies aux formes baroques, avec une  exagération excessive et un rétrécissement tout à fait fautif de la péninsule à la hauteur de Bangkok: l’archipel Mergui est bien indiqué à sa place, le reste de la péninsule malaise est assez exactement tracé. Nous relevons sur la côte orientale la localité de Patane (Patani) dont il est mainte fois question dans les récits des conquérants portugais et notamment de cet « aventurier amusant et menteur, Mendez Pinto »  (dixit Fournereau). Le golfe de Siam est ici nettement accusé, une ville de Siam est indiquée au fond du golfe, près d’un fleuve qui paraît considérable, mais dont le cours inférieur est seul tracé. 

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

Carte anonyme portugaise vers 1580.

 

 

Il s'agit de la première carte donnant quelques détails (même fantaisistes) sur l'intérieur du pays. Ligor (Ligora) est bien  située (Nakhonsrithammarat). Les îles au large (probablement Kho Samui et les autres îles de l'archipel) laissent à penser que le dessinateur avec quelques connaissances sur le golfe de Thaïlande ?

Il s'agit de la première carte donnant quelques détails (même fantaisistes) sur l'intérieur du pays. Ligor (Ligora) est bien située (Nakhonsrithammarat). Les îles au large (probablement Kho Samui et les autres îles de l'archipel) laissent à penser que le dessinateur avec quelques connaissances sur le golfe de Thaïlande ?

C’est  une carte gravée à l’eau  forte qui comprend tout le domaine exploité par les Portugais dans l’extrême Orient : l’Indoustan, Sumatra, la presqu’île malaise et la Chine jusqu’à Canton. Comme cette gravure est assez médiocre, Fournereau suppose qu’elle fut faite ou par un artiste de peu de talent sur un dessin assez exact et qui contenait nombre de renseignements qu’on chercherait vainement ailleurs, ou par des pères Jésuites si instruits qui, dès la première heure, s’établirent aux Indes pour en catéchiser les populations. Le plus curieux est qu’à côté de « Cantaon » (en haut à droite) se lit cette inscription « Elesia Jesuitarum » (pour Ecclesia), qui va nous fournir une date approximative pour l’exécution de ce document compte tenu de l’établissement des Jésuites à Canton : la pièce ne peut être antérieure à 1580.

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Ici, nous n’avons plus affaire à une carte à l’usage des seuls navigateurs, à ce que l’on appelle improprement un portulan. Le cartographe a voulu donner une idée aussi exacte que possible de ces contrées de l’extrême Orient aux fabuleuses richesses, aux merveilleuses aventures. Les chaînes de montagnes, les fleuves, les pays et les cités de l’intérieur sur lesquels il a pu recueillir quelques informations figurent sur cette carte en nombre relativement considérable.

 

Pour la partie du royaume de Siam sise au fond du golfe, nous relevons quatre noms de villes : Siam, Odia, Anso et Iliam. On peut penser que la localité désignée sous le nom de Siam est Ayuthaya dont on a fait une localité différente avec Odia qui est incontestablement Ayuthaya. On remarquera que l’embouchure du Maenam n’est pas à sa place mais à celle du Mékong, deux fleuves que le cartographe a réunis et confondus en un seul. Au-dessus de cette embouchure, mais au-dessous d’Odia qui n’est pas, comme elle devrait l’être, placée sur le fleuve, un large canal met en communication le Maenam avec un autre fleuve qu’il rejoint à Anso ? En descendant la côte nous trouvons Tarnova, Langor, Garol, localités que nous ne pouvons identifier; dans l’intérieur, Vora doit être Korat ? Cette cartographie est encore dans l’enfance, nous la verrons s’améliorer, mais lentement, les marchands, qui fréquentaient le Siam manquaient de l’instruction nécessaire pour lever des cartes et ils avaient intérêt à cacher la connaissance du pays qu’ils pouvaient avoir. Se pose en outre la question des fausses cartes établies et diffusées par les Espagnols et les Portugais pour envoyer la concurrence au fonds des océans, une question sur laquelle les historiens ibériens  restent discrets.

 

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

Notre propos n’était pas de vous donner un cours de navigation maritime mais de nous poser des questions. Tous ces portulans, trésors de nos bibliothèques, Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque vaticane, bibliothèque de Weimar, ce qui a échappé aux bombes et aux pillages américains à Munich, ne sont pas ceux qu’utilisaient les navigateurs.  

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

Ce sont de somptueuses copies magnifiquement décorées, établies sur des supports fort onéreux (peau de veau, vélin ou peau de brebis) à l’usage des grands de ce monde, rois ou  personnages princiers qui finançaient de couteuse expéditions, le plus souvent par cupidité et non dans le soucis de faire avancer la science, sont religieusement conservées dans leurs bibliothèques. Les exemplaires que les marins emportaient sur leurs caravelles étaient de toute évidence des « exemplaires de travail » dont il ne reste RIEN puisqu’ils ne pouvaient pas résister au voyage, à  l’usure, aux intempéries et à l’humidité. D’où venaient les connaissances accumulées qu’ils contiennent ? Probablement d’anciennes cartes perdues à tout jamais, arabes, persanes ou chinoises. On trouve sur Internet des explications ésotériques, elles proviendraient d’une civilisation supérieure disparues, des Atlantes, pourquoi pas de Jésus-Christ quand il était jeune homme ? Ces portulans en édition de luxe existent et subsistent. Une question se doit d’être  posée, pouvait-on au vu de ces cartes telles que vous venez de les consulter, même à  échelle réduite, quitter Séville ou Lisbonne et après quelques mois de navigation rejoindre le Moluques ou la Chine ? Même avec l’astrolabe,

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

même avec des sabliers pour mesurer le temps, même avec des sabliers pour mesurer le temps,

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même avec la boussole, même en sachant que celle-ci indique un nord magnétique qui varie de 0,2° par an avec celui de l’étoile polaire (ce dont les marins s’aperçurent très vite),

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... de toute évidence, NON ! Ces portulans n’étaient – c’est une évidence qui saute aux yeux – que l’illustration d’instructions écrites et détaillées, tout aussi confidentielles sinon plus que la carte elle-même, instructions dont à ce jour toutes traces ont disparu emportées par les embruns. Peut-être en dort-il quelques-unes dans les fameuses archives de Lisbonne ou de Séville (8) ?

 

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

NOTES

 

(1) Article 77 : « L'arrivée des premiers Européens au Siam : Les Portugais ». http://www.alainbernardenthailande.com/article-77-l-arrivee-des-premiers-europeens-au-siam-les-portugais-117326794.html

 

Article 78 : « Les Portugais au Royaume du Siam au XVIème siècle, selon Madame Rita De Carvalho ». http://www.alainbernardenthailande.com/article-79-les-portugais-au-siam-au-xviie-siecle-117415452.html

 

Article 79 : « 79. Les Portugais au Siam au XVIIème siècle (suite) http://www.alainbernardenthailande.com/article-79-les-portugais-au-siam-au-xviie-siecle-117415452.html

 

(2) « Le Siam ancien – archéologie – épigraphie- géographie » en deux volumes, à Paris en 1895. En 1887-1888, le projet de Lucien Fournier est financé par le ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, Spuller. Fournereau, architecte, inspecteur des Travaux publics à Saigon, a une expérience de la photographie d'inventaire et des enquêtes de terrain. Il dispose pour sa mission dans le secteur d'Angkor de moyens importants en matériel et en personnel. Des instructions précises lui ont été données par Louis Delaporte, qui a la responsabilité des collections d'art khmer au musée du Trocadéro. En 1889, dans un article du Bulletin de la Société de géographie, « Les ruines khmers du Cambodge siamois », Fournereau détaille les différentes parties de cette mission et son bilan matériel : un grand nombre de moulages (520 pièces), des dizaines de pièces originales, de nombreux relevés ou plans et quatre cents plaques négatives. La collecte iconographique s'ajoute aux tâches classiques de l'archéologie: « Quand le soir je rentrais harassé au campement, la partie la plus rude de mon labeur n'était pas encore accomplie: il fallait dans une atmosphère brûlante, harcelé par le bourdonnement et les piqûres des moustiques, développer mes clichés photographiques du jour, et ce n'est qu'après avoir achevé cette besogne que je pouvais prendre un repos bien mérité. »

 

(3) « STUDY OF EARLY CARTOGRAPHY OF THAILAND (SIAM) » par un militaire des services géographiques de l’armée thaïe, le lieutenant général Phya Salwidhannidhes, in : Journal de la  Siam society, volume 50-II de 1962.

 

(4) On peut penser que s’il n’a pas été brulé, il se trouve aujourd’hui dans les collections cachées de quelque riche collectionneur américain.

 

(5) Elle porte la signature de Otto Progel (1883-1935) un militaire allemand peintre et dessinateur auquel on doit la reproduction à l’identique de nombreux portulans.

 

 

(6) Anthropologue et ethnologue mort en 1908, il est le fondateur du Musée d’ethnographie du Trocadéro réincarné sous la forme de Musée de l’homme. Nous lui devons « L'œuvre géographique des Reinel et la découverte des Moluques : mémoire lu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, dans sa séance du 26 juin 1891 ».

H 7- LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM.

(7) Voir aussi « Les origines de la cartographie portugaise et les cartes de Reinel »  par Jean Denucé, à Gand, 1908 : Pedro n’est que le premier  d’une dynastie de cartographes continuée avec son fils Jorge..

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(8) Peut-être en trouvera-t-on un jour dormant dans des archives non exploitées et non encore dévoré par les rats ? Jacques Bernard, marin et historien, a découvert par hasard en 1960 dans les archives d’un tabellion un portulan de Pedro Reinel, daté de 1485 (voir Guillaume Mollat « Navires et gens de mer à Bordeaux : contribution à l'histoire maritime de l'Occident européen (XVème-XVIème » In : Journal des savants, 1971, n° pp. 119-135). Il est la première carte nautique représentant l'Afrique au sud du Congo, actuellement conservé aux Archives départementales de la Gironde. Il représente avec une grande précision les côtes atlantiques de l'Europe et de l'Afrique. Il est dessiné en couleurs sur parchemin par le célèbre cartographe portugais Pedro Reinel. Les noms des ports et des cours d'eau principaux sont inscrits en rouge. Les drapeaux indiquent à quel souverain ou nation appartiennent les territoires représentés. Nous y reconnaissons le drapeau portugais primitif : Les cinq écus disposés en croix symbolisent la victoire d’Alphonso Henriques sur les cinq rois Maures et les cinq plaies du Christ.

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