Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
  • Contact

Compteur de visite

Rechercher Dans Ce Blog

Pourquoi ce blog ?

  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

(suite cliquez)   POURQUOI CE BLOG ?

Pour nous contacter . alainbernardenthailande@gmail.com

Merci d’être venu consulter ce blog. Si vous avez besoin de renseignements ou des informations à nous communiquer vous pouvez nous joindre sur alainbenardenthailande@gmail.com

25 février 2017 6 25 /02 /février /2017 22:09
H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Le département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France comporte l’une des plus belles collections du monde en matière de cartographie avec probablement plus d’un million de documents entre le XIIIème et le XXIème siècle, qui s’accroit régulièrement d’acquisitions et de dépôts légaux. En s’intéressant à la cartographie du  Siam, Fournereau y a évidemment puisé pour en extraire cinq documents, des portulans portugais, établis tout au long du XVIème siècle entre 1517 et 1580 (1). En 1581, le Portugal et son empire sont alors rattachés à  l’Espagne (jusqu’en 1640). Philippe II est roi d’Espagne et du Portugal. Nous voyons avec Fournereau apparaitre ses cartographes, flamands pour l’essentiel mais les Flandres sont alors presque totalement espagnoles.

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Carte de 1593 d’Arnold van Langren :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Elle est l’œuvre d’Arnold Floris ou de Florent van Langren d’une famille de cartographes probablement d’Amsterdam, sur laquelle nous ne savons que peu de choses. Singulièrement orientée, l’intérieur du royaume est tracé d’une manière aussi défectueuse que sur la carte précédente (1). Odia (Ayuthaya) et Siam constituent par exemple deux villes différentes et le Mékong devient le cours inférieur du Maenam, dont le cours est entièrement déplacé. On voit dans ces détails que la géographie du royaume ne s’est pas améliorée, lorsqu’elle est interprétée par les géographes flamands à la solde de Philippe II (2).

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Carte de l’océan indien et de l’Extrême-Orient de 1599 :

 

Elle est l’œuvre de Evert Gijsberts fils, Fournereau nous en donne un extrait :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Voici la carte entière de la région :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Philippe II est mort l‘année précédente. Son frère lui succède. Nous avons affaire à un géographe hollandais sur lequel nous n’avons aucun détail biographique sinon qu’il appartient à une dynastie de cartographes et géographes. La carte sur vélin est superbe mais probablement copiée d’un modèle erroné et plus encore. La péninsule malaise est presque complètement coupée à la hauteur de Mergui. Odia, Siam, Iliam ( ?) et Bancaya sont les seules localités indiquées. Il est difficile d’identifier Bancaya avec l’une des innombrables localités qui commencent par Bang qu’on rencontre au Siam. La carte est ici trop petite d’échelle (100cm x 74) pour renfermer plus de détails.

Carte de l’Inde orientale tirée de l’atlas de Mercator publié par Hondius en 1613 :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Jodocus Hondius (ou Joost de Hondt), flamand, appartient lui aussi à une dynastie de cartographes. A la solde de Philippe IV, il n’améliore pas le travail de Mercator qui laissait déjà considérablement à désirer.

 

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Son travail mérite évidemment tout autant de critiques que le précédent. Par  exemple Siam est placé au centre d’une grande île formée par le delta du Maenam ; Ayuthaya s’appelle Diam ; nous trouvons beaucoup de localités aux noms mystérieux ; La vallée du Maenam se trouve séparée par une chaîne de hautes montagnes de celle du Mekong, un singulier déplacement de la chaine annamitique. Dressée aux Pays-Bas, cette carte conserve de nombreuses inscriptions portugaises ce qui signifie tout simplement que le cartographe s’est contenté de reproduire les travaux de ses devanciers en y ajoutant de nouvelles erreurs !  

Carte de Janssonius de 1638 :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Elle est tirée de l’Atlas de Janssonius (Jean Jansson), publié en deux volumes à Amsterdam en 1638 (« Nieuwen Atlas ost verelt beschryvinge »).

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Elle nous donne une nomenclature côtière aussi défectueuse que les précédentes : Marklong pour Mékong, ludia, Siam, Ognio, Liam, Tarnano, Langor, Carol, etc…  les cartes de Janssonius avec de solides défauts reproduisant tout simplement ceux des cartes plus anciennes copiées. Celle-ci en rajoute : Janssonius place sur la côte orientale entre Ligor (Nakhon Srithammarat) et Pattani une grande et mystérieuse île appelée « Coete in ficos » ?  

La carte  de Pieter Goos :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Elle est datée de 1668. Pieter Goos, encore un cartographe sujet flamand du roi d’Espagne, a connu grande réputation au XVIIème siècle. Ses cartes marines  furent longtemps en usage. Cette vogue s’explique par la qualité du dessin et un tracé assez précis des côtes pour cette époque où seules les observations de latitude pouvaient être faites avec une exactitude plus ou moins relative. Nous relevons qu’il reprend l’erreur de la carte précédente avec cette « île mystérieuse » et la présence d’îles et de rochers qui n’ont jamais existé que dans l’imagination du cartographe. « Dire qu’on naviguait avec ces cartes approximatives et qu’on ne faisait pas toujours naufrage ! Il faut avouer que la chance est grande ! » constate  Fournereau. Les rois d’Espagne étaient bien mal lotis ! On s’étonne d’ailleurs que les Bataves, grands navigateurs, aient produit d’aussi médiocre cartographes ? Mais il est possible que cette carte ait été utilisée par les Français lors des expéditions de 1686-88. Nous allons maintenant quitter les cartographes du roi d’Espagne pour rencontrer ceux du roi de France.

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Carte du royaume de Siam par le père Placide de Sainte-Hélène :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Voilà une carte que l’on trouve reproduite un peu partout. Le P. Placide de Sainte-Hélène était un moine augustin déchaussé et cartographe. Elle est une publication de circonstance, dédiée à notre ambassadeur à Siam, M. de Chaumont, et sur laquelle est tracé l’itinéraire des vaisseaux l’Oiseau et la Maligne. Ce document est intéressant car le résumé de tout ce qu’on savait en France sur le Siam. Nos connaissances allaient par la suite singulièrement s’améliorer au vu des résultats de la première ambassade et surtout de la seconde confiée à La Loubère – l’auteur le plus complet et le plus pourvu d’esprit critique qui ait paru en France au XVIIème siècle - et à Céberet. Peu de localités y figurent mais nous trouvons pour la première fois Bangkok qui n’était pas encore la capitale. Elle donne encore les frontières du royaume, frontières que nous verrons souvent varier et qui ne sont pas en harmonie avec les revendications siamoises à l’époque de Fournereau !

Tableau des profils altimétriques de 1688 :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

A défaut de précisions mathématiques sur la délimitation des côtes, le dessin des profils altimétriques est un précieux outil pour le  navigateur lui permettant de reconnaître une côte en dehors d’un « point » plus ou moins assuré. Celui-ci – qui a échappé à Fournereau - est d’un anonyme, nous ne savons que ce que nous dit la Bibliothèque nationale « Demonstrations dune partie des terres que iay veües pendant le voyage des Indes orientales sur l'Oyseau en 1687 et 1688 » (sic). A défaut de précisions mathématiques sur la délimitation des côtes, le dessin des profils altimétriques est un précieux outil pour le navigateur lui permettant de reconnaître une côte en dehors d’un « point » plus ou moins assuré. Celui-ci – qui a échappé à Fournereau - est d’un anonyme, nous ne savons que ce que nous dit la Bibliothèque nationale « Demonstrations dune partie des terres que iay veües pendant le voyage des Indes orientales sur l'Oyseau en 1687 et 1688 » (sic). Le procédé sera parfois utilisé de joindre un profil à une carte marine. Nous n’en avons pas trouvé pour le Siam autre que le profit ci-dessus mais non loin de là pour l’ile indochinoise de Poulo Condor, une carte datant des années 1750-1760, attribuée à Guillaume Dheulland, cartographe français. Les coordonnées sont presque correctes (8° 40’ nord et 105° Est - méridien de Paris ce qui  fait approximativement 107° méridien de Greenwich pour très précisément 8° 41′ 28″ Nord et 106° 35′ 23″ Est) peu de choses à première vue mais un écart de un degré représente plusieurs dizaines de kilomètres, assez pour perdre l’ile de vue !

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Carte du royaume de Siam de l’atlas historique de Chatelain et  Gueudeville (1713 – 1719) :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Ce recueil, œuvre conjointe en plusieurs volumes de Henri Abraham Chatelain et Nicolas Gueudeville a été publiée en France entre 1713 et 1719. Sa vogue fut considérable en raison de la quantité innombrable de figures, vues ou plans qu’elle  donnait des cinq parties du monde, en général d’une exactitude relative. Cette carte en est un exemple. Les localités citées alors connues en France sont fort  nombreuses même si certaines sont impossible à identifier, soit que la transcription soit mauvaise soit que ces villes aient disparu. Par contre nous dit Fournereau « On aurait désiré que les notices accompagnant les cartes de l’atlas de Gueudeville nous donnassent quelques renseignements, mais celle qui est consacrée à Siam est particulièrement pauvre ; on n’y trouve que des renseignements généraux évidemment empruntés aux publications françaises parues après la révolution de 1688 ». Nous lui faisons confiance n’ayant pas consulté l’ouvrage.

Carte du royaume de Siam par Gilles Robert de Vaugondy (1751) :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Celte carte de Robert est pour nous satisfaire beaucoup plus que les précédentes. Gilles Robert de Vaugondy, petit-fils de Nicolas Sanson, géographe ordinaire du Roi, est né à Paris en 1688 et mort en 1766. Il a publié une quantité considérable de cartes, d’atlas et d’ouvrages relatifs à la géographie sans que la quantité  se fasse au détriment du soin et de l’exactitude. Le tracé des côtes est ici bien supérieur à celui des cartes que nous avons passées  en revue jusqu’ici. Il ajoute des localités  non mentionnées jusqu’à présent, par exemple « Amsterdam », en face de Bangkok, nom de la « Loge hollandaise ». Le Mékong n’est plus confondu avec le Maenam. Pendant très longtemps les informations sur le Siam n’ajouteront rien à ce que Robert connaissait et il nous faudra arriver à la seconde moitié du second empire (3) pour que les contrées du nord de Indo-Chine soient visitées, cartographiées et décrites par les  savants,  ethnologues et archéologues pour la plupart français qui  accompagnaient, à  quelque chose malheur est  bon, les troupes françaises.

Carte marine extraite du supplément au « Neptune oriental » (1775) :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Le « Neptune oriental » de Jean-Baptiste d’Après de Manevillette, à la fois capitaine au long cours et géographe-cartographe, fut publié pour la région qui nous concerne en 1775 sous l’égide de l’Académie des sciences et probablement de Louis XVI, monté sur le trône l’année précédente et passionné de géographie.

 

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Il contient également bien d’autres cartes (4), l’ensemble de la région :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Ou le golfe de Siam :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Il est accompagné d’instructions nautiques. Le volume concerné comprend près de 700 pages. Ce sont des conseils techniques de navigation qui compensent largement les insuffisances de la cartographie bien que tout soit continuellement corrigé – les mises à jour assurèrent son succès - et fut utilisé par tous nos navigateurs au moins jusqu’à la fin du XVIIIème siècle. Si le  tracé des côtes n’est pas parfait,  les cartes comportent une innovation importante sinon essentielle, elle porte au large de la côte une série de sondages qui devaient rendre de véritables services aux navigateurs. En ce qui concerne les instructions nautiques  proprement dites, en sus des conseils de navigation purement techniques, nous vous en faisons grâce, elle contient souvent de judicieux conseils, par exemple en ce qui concerne les îles de la mer d’Andaman : « par beau temps on peut les découvrir de dix lieues. Les îles Andaman gissent du nord au sud depuis 13° 35’ (méridien de Paris !) jusqu’à 10° 30' de latitude nord. On les divise en grandes & petites Andaman. Elles sont peuplées mais l’humeur farouche des habitants qu’on assure être anthropophages, fait qu’on ne va point dans ces îles, et qu’on n’en peut donner de description exacte ». Le conseil est judicieux puisque le cannibalisme de ces populations était une certitude jusqu’à il y a peu de  temps.

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Mais si l’on s’en tient à la seule qualité cartographique, c’est incontestablement la carte de Robert de Vaugondy qui est la meilleure et le restera longtemps probablement jusqu’à l’établissement de la carte de notre grand géographe Malte-Brun en 1869.

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

NOTES

 

(1) Voir notre article précédent H 7- « LES PORTUGAIS, PREMIERS CARTOGRAPHES DU SIAM ».

 

(2) La Bibliothèque Nationale détient plusieurs cartes de sa main et une magnifique sphère du monde offerte aux magistrats de la Ville d’Anvers.

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

(3) 1858, invasion de la Cochinchine, 1863 protectorat sur le Cambodge.

 

(4) Pour le plaisir, carte de la côte de Pégu :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Plan de l’archipel de  Mergui :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Et  plan de Phuket :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?

Louis XVI donne ses instructions à Lapérouse :

H8 - LES CARTOGRAPHES FRANÇAIS  DU SIAM ?
Partager cet article
Repost0

commentaires

C
Bien émouvant ces vieilles cartes... Merci une fois encore pour ces belles découvertes que vous nous faites faire tous les deux...
Répondre
G
... du travail d'artistes !