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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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Pourquoi ce blog ?

  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

(suite cliquez)   POURQUOI CE BLOG ?

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Merci d’être venu consulter ce blog. Si vous avez besoin de renseignements ou des informations à nous communiquer vous pouvez nous joindre sur alainbenardenthailande@gmail.com

9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 04:02

Republication de A.59.  6 mois dans un  village d’Isan ? 

a 1Il y a 6 mois j’avais proposé un article intitulé « S’installer dans un village d’Isan à la retraite », comme si cela était une aventure. Je m’étais même senti obligé de donner les raisons de ce choix de vie, de me justifier, tant les craintes étaient grandes chez mes amis installés à Pattaya et à Udon Thani … je ne parle pas de ceux de France.


Je leur avais dit que «  je n’allais quand même pas chez les Bororo, les Nambikwara, ou les Tupi- kawahib, même si l’inquiétude des « amis » semblaient le faire accroire ». Je leur avais dit aussi qu’il ne s’agissait pas de vivre de façon plus authentique, de vivre dans la « vraie »  Thaïlande*, connaître enfin les Thaïlandais, mais plus simplement de  «  laisser un milieu francophone dont les us et coutumes n’étaient pas à la hauteur de mes « attentes », de découvrir un autre « environnement », et surtout de permettre à ma femme de « vivre », de retrouver  pleinement sa  vie : aider la mère, assurer l’éducation des deux enfants d’un frère décédé, et de participer aux activités de la famille et du village, de vivre au plus près de sa culture traditionnelle Isan. ».

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Il pouvait être intéressant de savoir ce qu’il en était après 6 mois, de savoir ce que j’avais vu, entendu, retenu, ce qui m’avait intéressé, étonné, choqué … à Ban Sawang, dans ce village d’Isan, au milieu des rizières, situé vers Kalasin. 

 

Votre installation au village vous renvoie tout d’abord  à votre position de farang. Vous ne pouvez pas  l’oublier, quand vous êtes le seul farang du village et quand tous les jours, les gosses vous interpellent avec un sourire gêné : « Farang, farang ! », qu’ils transforment en rire quand vous leur répondez. Ils semblent « soulager », avoir remporté une victoire. Les adultes réagissent, c’est selon … l’âge, le lieu, l’heure (pour les éméchés), leur individualité (là comme ailleurs, il y a des intro et des extravertis),  les relations qu’ils entretiennent avec notre famille… Quoi qu’il arrive, vous serez toujours le farang.


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Il faut assumer. Mais ils ne savent pas que je me vois effectivement comme un farang, mais comme un farang ……… français, qui les « appréhende » avec sa culture, son « expérience », son « passé »… Un farang curieux, intéressé par leur mode de vie séculaire et la « modernité » qui transforme peu à peu ces villages d’Isan.


J’arrivais donc, il y a six mois, avec déjà un travail de recherche sur ce que pouvait « représenter » l’Isan (Cf. dans ce blog, une quarantaine d’articles sur l’Isan avec mon ami Bernard), des lectures d’écrivains thaïlandais, comme Pira Sudham**, le grand écrivain de l’Isan, à qui nous avions confié le soin « de nous « initier » à la vie d’un village d’ Isan des années 60,  (avec) ses dures conditions de vie, « le travail des rizières, le monde des esprits, le temple, les rites, ses valeurs, sa « culture », mais aussi la pauvreté, l’ignorance et la corruption  … et les transformations qu’il observait … sentant qu’« à la frontière, un autre changement, brutal, soudain, est en attente ».


Il fallait ici ne rester qu’au stade du « vécu », de quelques notes prises au hasard. Plus tard viendra peut-être le temps des analyses. Il me fallait quand même un ordre de présentation pour que cela demeure lisible. Ainsi je retenais :

  • Une riche vie sociale. La vie au village.
  • La confirmation du temple comme centre religieux et social du village.

 

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  • Le travail des rizières. Tradition et modernité. La pauvreté et l’aide des enfants.
  • Le rite de mon quotidien.
  • Un autre monde, sa culture, ses valeurs …

J’ai vraiment été étonné par la « vie » du village, rythmé par le rite du quotidien (l’école, le travail, le temple), les célébrations royales et religieuses nationales, et les « événements » du village qui ne manquent pas ( les mariages,


 

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les funérailles, le temple, les « fêtes », les divers festivals des villages et petites villes environnantes), et cette année les terribles inondations qui ont aussi marqué le village …Oui, une vie sociale intense et « festive » !


1/ Une vie sociale intense.


Beaucoup sont pauvres, et doivent se bouger pour survivre, et/ou compter sur les enfants qui  ont « réussi », mais ils ne s’ennuient pas. Le village a son rituel du quotidien, avec le lever, la préparation du riz gluant, le repas pris en commun, les manifestations bruyantes des coqs, des chiens, les annonces du haut-parleur (publiques et religieuses), le passage des moines avec leur « bath » sur le ventre pour recevoir les offrandes, le départ des enfants à l’école, les quelques vaches et buffles qui passent devant chez vous,


 

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le départ des « travailleurs » vers leurs différentes activités (quand ils en ont). Les matins de 6h à 8h sont très animés.

 Et il y a le défilé bruyant des marchands ambulants tout au long de la journée; une occasion de discuter pour ceux qui sont restés au village, d’examiner les produits du jour, de faire une affaire… et il y a le retour des enfants de l’école … les visites chez les copains … les retours des champs … Le soir tombant : les allées et venues des ados, leurs « loisirs »…  Après le « travail », les adultes bricolent parfois et/ou vont voir un ami, il y a toujours un petit coup à boire, un plat à réchauffer, un petit plat à emporter, des histoires du village à raconter …

Evidemment le samedi et dimanche seront différents, avec les enfants restés au village. L’animation sera assurée.


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Et puis, il y a toujours un « événement »  individuel et/ou collectif.  Une préparation très matinale si on a décidé de faire ce jour-là une offrande aux moines, ou bien un  mariage, des funérailles, une fête à l’école, une cérémonie au temple, une fête nationale à fêter, un festival,

 

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une grande manifestation politique dans la ville voisine, une visite de la famille lors des jours fériés, ou bien même une monk party (organisé à l’occasion d’une future retraite bouddhiste d’un membre du village par exemple)…

 

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toujours une occasion de se réunir, de partager, de prier, de manger et de boire ensemble, de se réjouir…ou bien un conflit à résoudre avec le voisin, ou un membre de la famille, une discussion à avoir à propos du dit conflit avec d’autres….


Et bien sûr les moments forts des semis et des moissons. Et parfois, une catastrophe à « gérer ».comme la terrible inondation du pays fin 2011.

 

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Bref, on ne peut pas  s’ennuyer.


On est toujours, c’est selon, dans un réseau de don, de contre-don, de solidarité ou de compétition ou  de rivalité … d’admiration et de jalousie, de haine parfois. Mais toujours dans  un formidable  sens du partage. Si on n’a pas été convié  au mariage ou aux funérailles,


 

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on aura donné  quelques baths  quand même, et on recevra d’une  voisine invitée, un petit encas en retour. Si vous venez offrir un petit surplus du jardin ou d’ailleurs, vous repartirez souvent avec un autre petit sac plastique (Ah ! les sacs plastiques)…


Nota. Le farang qui a peur d’être volé, qu’on en veut à son argent, doit savoir que c’est ici, une source de prestige qui s’applique à tous. Si on a, on doit donner, partager. Et si on veut monter qu’on a réussi, on a des obligations, un statut à assumer. J’y reviendrais.

Mais ce qui donne sens, ce qui relie le village a son Histoire, a son « sacré »,  est son temple.


2/ Le temple. Centre religieux et social de la vie du village.


Ban Sawang est un petit village au milieu des rizières, avec  1000 habitants environ, qui habitent dans un petit carré avec le temple « au centre de la vie du village » comme le décrit Chart Korbjiti dans  son roman « La chute du Fak  ». En effet, notre villageois va vivre individuellement et collectivement au rythme sacré du temple.

Chaque matin, on voit quatre, cinq moines passés devant chez nous, en ligne, silencieux. On donnera en fonction d’un événement particulier de la famille (anniversaire, demande, remerciement…) ou évidemment s’il y a une fête « officielle » ou du village. Alors, la mère et ma femme auront prévu des achats la veille et se  seront levés tôt pour préparer l’offrande.

Ainsi, pour la fin du carême d’Asanha Bucha (la retraite de la saison des pluies), ai-je vu  tout le monde  se rendre au temple, pour offrir ses multiples plats préparés (on n’oublie pas les « douceurs ») aux moines. Il est de bon ton que les plus riches offrent davantage. Ils ont un statut à défendre, même ici (surtout ici ?). Mais, je fus surpris de constater que cette offrande se transformait en partage, en redistribution. Chacun repartant avec un petit plat savoureux

 

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préparé par un autre et mis dans un  sac plastique. (Ah ! les sacs plastiques !)

Que dire de la cérémonie agraire du 12 septembre pour obtenir une bonne récolte, honorer les défunts et demander la protection des Phis, comme me l’a expliqué simplement ma femme. Ce jour-là tout me monde était au temple et ensuite s’est rendu dans sa rizière.

Evidemment, je pourrais expliquer ce rite si important dans toutes les sociétés agraires, mais il s’agissait ce jour-là pour moi, d’observer, de suivre ma femme dans ce rituel : la voir préparer ce fameux pala ( l’Isan se lêche les babines, rien qu’en disant son nom), le beef, le riz, les bananes cueillies la veille à la rizière …aller au temple … les prières … l’offrande aux moines …les prières … l’eau, la nourriture à bénir… et puis ma petite famille allant à la rizière… la prière, le waï, l’offrande jetée à différents endroits de la rizière, le waï, et puis le choix d’un arbre et l’eau bénite déposée à sa base… la pensée pour les défunts…la protection demandée aux Phis du coin …le waï……. Et le retour.

Je pourrais m’attarder, revenir à mes pensées de ce jour, mais le mois suivant, le 12 octobre, on devait de nouveau fêter le AUK PHANSA ; La sortie du carême bouddhique et la  fête des Eaux pour le dire simplement, qui clôturait la retraite de trois mois des bonzes, commencé lors du Khao PhansaAuk »signifie «Sortir» comme «Khao » veut dire «entrer »).C’est une fête importante dans tout le royaume et elle peut prendre des formes différentes. (Cf. nos articles).

Ici, je retrouvais ma famille qui la veille préparait de nouveau les plats.

 

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La mère passait beaucoup de temps pour préparer une gâterie (khao-tom ( ?) : patatoes, coconut, sucre enroulé dans une feuille de bananier (fameux. Il fallait bien que je goûte). Je n’étais pas allé au temple cette fois-ci, mais ma femme m’a raconté la scène qui ressemblait à celle que j’avais vue le mois précédent, avec cette offrande/partage de nourriture. (Ah ! la nourriture pour les Isan !).

 

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On avait dû aussi en profiter pour faire des demandes « privées » (santé, argent, good luck).

Il avait fallu attendre trois semaines pour la fête des eaux, qui se manifestait au village voisin, Non-si-la-Long, par une course de pirogues (Elles sont organisées en l'honneur des naga et des génies tutélaires pour qu'ils accordent aux habitants santé, bonheur et prospérité). Une course spectaculaire où quatre pirogues effilées de 40 rameurs représentaient quatre villages.

 

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Vous pouvez imaginer l’ambiance. (C’est toujours l’occasion de partager la bonne humeur certes, l’alcool aidant parfois, mais aussi les plats des marchands ambulants).

Depuis plus d’un mois, ils s’entraînaient. Je les voyais le matin en faisant ma promenade matinale avec mon chien. Ils se donnaient rendez-vous le matin à 6 heures à 50m de chez moi. Parfois, je les suivais. J’ajoute cela, car le plus souvent, on apprécie davantage ces moments partagés, inattendus, dans la relative fraîcheur et belles couleurs du soleil levant.


ET il y en a des « fêtes » religieuses, et des mariages, et  des funérailles (eh oui, beaucoup de vieux au village ! ) … cela mériterait un article spécifique.


Je pouvais constater que leur culture était vraiment imprégnée par Bouddha (enfin « leur » Bouddha et leur animisme) et les Phis (dont on parle constamment) et qu’ils avaient toujours besoin de faire les actes qu’il fallait pour conjurer la chance. Que de fois à une demande d’explication, ma femme me répond : « c’est pour good luck » En disant cela, elle pense « argent » ou « santé ». Eh oui, on pense au karma (parfois) mais toujours au profit immédiat que l’on espère.


Les villageois se rendent au temple à tous les moments importants de leur vie et aussi bien sûr et surtout lors des cérémonies officielles dédiées à la vie de Bouddha et ses enseignements et aux fêtes traditionnelles du cru.  Mais on se rend au temple pour toutes sortes de raisons. Il y a déjà la « maternelle » pour les petits, deux mini-marchés dans la semaine … le temple sert aussi d’aire de jeu aux enfants …

 Bref, le vrai  centre religieux et social de la vie du village.

 

3/ Le travail.


Le village est au milieu des rizières.

 

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Vous pouvez vous douter que je suis impressionné par le travail des rizières, l’observation des gestes, la poussée des épis au jour le jour, la beauté et le jeu des lumières sur ces étendues vertes, le vol des aigrettes au petit matin ! Il y a là une véritable émotion esthétique ressentie. Je vois souvent des villageois venir jeter aussi un petit coup d’œil. Ils regardent sûrement si tout va bien. Je ne peux m’empêcher de penser qu’ils viennent aussi prendre la « force » de cette Terre; Elle est celle qui donne sens à leur vie. Ma belle-mère qui n’a plus besoin de travailler est heureuse de partir chaque matin faire son potager, ses préparations de poisson séché, sa cueillette, le  tissage d’une natte  parfois et de revenir à la nuit tombée. C’est sa « vie ».


Si chaque famille a sa rizière, elle n’est pour beaucoup,  pas suffisante pour en vivre. On a besoin de trouver un autre job et/ou d’espérer une aide des enfants. Ainsi pour aménager notre maison, mon beau-frère avait « engagé » quatre habitants du village, devenus carreleurs et maçons pour l’occasion. J’étais presque honteux de verser leur salaire : 200 baths/jour (5 euros). C’était le prix. Heureusement, je pouvais partager des bières, le travail quotidien fini, et aussi l’humour de mes hôtes. L’Isan aime rire et apprécie l’humour.


J’ai été étonné par la mécanisation.

 

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On sème au vent à la main et on récolte désormais avec des moissonneuses-batteuses. C’est un moment fort que de voir ces véritables ballets de moissonneuses et leur redoutable efficacité. Plus personne ne le fait ici à la faux. L’époque de Pira Sudham est désormais du passé. On se rend ensuite à la coopérative qui achète le riz selon des prix fixes et selon la qualité (ici, on était de 12 à 15 baths/kilo). Ensuite vient ce moment fabuleux où on met le feu aux foins restants des rizières. Vous pouvez imaginer le spectacle grandiose. Mais c’est aussi parfois des drames. Eh oui, le vent peut se lever, le feu sauter la route …

Le rêve est désormais d’avoir sa propre moissonneuse-batteuse. Le monde change, le village aussi. Leurs enfants veulent un téléphone portable, les plus grands un ordinateur. On a eu ce « problème » à régler au sein de notre famille. C’est ce qui m’a étonné : ce mélange du coutumier et de  « modernité ». On vit avec les Phis, mais ils devront aussi s’adapter.

 

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 Je viens d’apprendre que le gouvernement a commandé 860 000 tablettes pour équiper les écoles. Le petit village voisin a déjà son petit cybercafé devant l’école (il a été installé par un instituteur à la retraite). Notre village a accès à internet. Les villageois ne se doutent pas encore que cela va révolutionner aussi la vie du village à moyen terme.

Mais il est un « travail », venu du fond des âges, un savoir millénaire qui demeure et qui constitue un apport fondamental dans la vie de chaque famille : la cueillette.


La cueillette.

J’ai déjà évoqué la mère revenant chaque soir avec la cueillette du jour. C’est à la fois un art, un savoir, une expérience, une nécessité pour les familles pauvres. C’est aussi un plaisir partagé. La Nature est généreuse pour qui la connaît, et les Isans la connaissent bien. Certains ont planté des arbres fruitiers, mais partout on trouve le tamarin, des plantes qui parfument les soupes, des petits potagers aux légumes nourrissants (sada-o, ki-lei, ka-tin…), des mares d’eau sauvage qui apporteront un appoint de poissons, des escargots …


 

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les hommes se réserveront la chasse de rats (pour certains), oiseaux, sorte de lézards (  kin-kaa ?)…

J’aime évidemment goûter certains fruits et légumes que je ne connaissais pas. J’en avais déjà vu certains, mais ici, offerts, on ne peut résister.

De plus, c’est aussi l’occasion de partager avec les voisins, la famille. C’est incroyable ce sens du partage. C’est, je l’ai déjà dit, une valeur essentielle.

L’art de la cueillette, cette connaissance de la nature, mais aussi la précarité, a développé aussi des aptitudes que l’on qualifie aujourd’hui d’ « écologiques ». Rien ne se perd ici, tout se transforme ou se vend, comme mes bouteilles de bières par exemple, que l’on va vendre.


L’aide des enfants.

On est surpris par l’âge des habitants. Il manque les jeunes adultes et on voit beaucoup de vieux et les jeunes. La plupart des adultes ont dû aller chercher un travail à Bangkok et dans les villes. Certaines filles « chasser » le farang … on en parle ici. Lors des grandes fêtes fériées, ils reviennent, plein de cadeaux. Il faut montrer la réussite. Jusqu’au bout, on cachera la réalité si celle-ci est mauvaise. Mais le signe de prestige sera toujours la maison, la « belle maison » que l’on fera construire (une dizaine dans le village). Mais tous mettront leur « honneur » à envoyer chaque mois ou chaque trimestre un peu d’argent à la famille (5 000-10 000 baths). Il faut aussi contribuer aux frais du jeune enfant laissé parfois (souvent ?) aux grands parents. Nous avons une « économie rurale » mais sous la dépendance des envois  d’argent « irréguliers » des enfants partis travailler à l’extérieur.


Là encore le farang doit donc savoir que l’argent demandé par sa femme pour la famille du village n’est pas une « extorsion » réservé au farang, mais un signe « naturel » d’aide et de partage.

 

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4/ le rituel de mon quotidien.


Evidemment, l’intérêt de vivre dans un village isan est d’être au plus près de la vie des Isans, de leur culture : une autre langue, une autre religion, un mode de vie et de travail inédits …


On se lève tôt au village. Certains partent à la rizière alors que le soleil n’est pas encore levé. Ma femme (comme les autres femmes du village) prépare au feu de bois le fameux riz gluant, le kao neaw (thaï ข้าวเหนียว). Les enfants se lèvent. Les gestes du matin … et on va s’asseoir sur la natte, pour prendre le « petit déjeuner », avec souvent les restes de la veille. On peut entendre, de façon irrégulière, au haut-parleur les annonces publiques ou du temple  suivis de prières. Ma femme me prépare ensuite mon petit déjeuner (café, toast/ jambon/fromage), pendant que je consulte les mails arrivés et lis les premières informations du monde et de Thaïlande.

 

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Les bonzes passent dans leur belle robe safran  …


Je ne suis pas de ceux qui veulent « s’intégrer ».Je pense même que cela n’a aucun sens et est souvent brandi en étendard par ceux qui n’ont même pas commencé à comprendre l’Histoire et la culture des peuples de Thaïlande. De plus, quand vous êtes le seul farang du village, vous avez au contraire un sérieux équilibre à trouver entre ce qu’ils sont et ce que vous êtes, entre l’intérêt que vous pouvez manifester pour leur culture et l’expression de votre propre culture, entre le respect  que vous leur devez et celui qu’ils vous doivent. Votre femme est chez elle, et peut oublier que vous n’avez pas forcément le même point de vue qu’elle sur la vie à mener, l’éducation des enfants, vos besoins spécifiques … Des mises au point sont parfois nécessaires, vous avez un « territoire » à défendre. ( le contraire de « l’intégration », non ?)


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Le farang apprendra que la « douce » femme qu’il a rencontrée est une « maîtresse » femme qui a du caractère. Souvent son ex-mari thaï résolvait autrefois les querelles par un coup de poing. Et vous n’utilisez pas cet « argument », non ?

 

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Bref, on peut comprendre que mon mode de vie ne sera jamais celui d’un paysan d’Isan. Surtout que je suis retraité et que je vais passer ma matinée avec mon ordinateur.


Il n’empêche que pendant le petit déjeuner, les vaches et les buffles  passent devant le portail. Les enfants partent à l’école au village voisin (notre village n’a qu’une maternelle au temple), avec leur uniforme du jour (ils en ont 5 dont le célèbre scout ) qui à pied, qui en bicyclette, qui derrière la petite moto de la famille. Les plus grands vont prendre le « taxi » pour aller au lycée de la petite ville proche…….La mère, dès 7h30 est déjà partie à la rizière, avec son chapeau conique (différent du chapeau chinois) et  ses deux paniers d’osier qu’elle porte avec un bâton sur l’épaule. (mae’kan et le  ka-ta ???). Elle va nettoyer les bords de rizière, faire du jardinage, préparer du poisson sèché et tisser parfois.

 

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Elle reviendra à 18h 30 avec sa « récolte » du jour (légumes, fruits,  poisson séché, escargots …). Ma femme l’accompagnera parfois ou va vaquer à ses « occupations ». Assez souvent, on a déjà des visiteurs : une facture à payer, un geste de solidarité à accomplir, un présent de nourriture apporté …


Moi je vais « tisser » sur la toile.

La vie dans un village d’Isan pour un farang implique bien sûr, là comme ailleurs, une activité. J’ai pu remarquer que cette évidence n’est pas perçue par tous. ( Il est vrai que pour un certain nombre, se retrouver entre compatriotes, fréquenter les bars, trouver une fille et se ballader dans les grandes surfaces suffisent à leur bonheur).


Mon quotidien matinal est donc réservé à tout ce qu’on peut faire sur internet : lire et répondre aux mails des amis, partager les pièces jointes (certains deviennent de vrais spécialistes et offrent infos et surtout originalités), s’informer ( les sites sont nombreux et permet de se faire une idée du monde : de l’international, de la France, de la Thaïlande), appeler et répondre aux appels skype (un vrai plaisir de pouvoir échanger des nouvelles avec la famille, discuter et voir vos amis du bout du monde et échanger des fichiers), vérifier les téléchargements de films, lire les articles des blogs amis … et commencer ou poursuivre l’écriture de votre article pour votre blog consacré justement à la Thaïlande (aujourd’hui 6 mois dans un village d’Isan). Il y aurait beaucoup à dire sur ce travail d’écriture !

 

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Mais sauf que ce « travail » d’information, de recherche, d’écriture, de partage, cet exercice de « curiosité » s’opère depuis ma maison, et donc au milieu de cette « ambiance » bien caractéristique d’un village d’Isan. Je suis persuadé que sans internet, sans  cette « ouverture au monde » je n’aurais pas pu tenir 6 mois. L’isolement que l’on pouvait craindre est ici évité.


Je suis à la fois branché sur « le monde  » et branché sur la vie du village.


Souvent l’après-midi, je vais me promener le long des rizières et des canaux d’irrigation.(je suis pantois devant ce formidable réseau de canaux qui alimentent les rizières des villages).


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Vous prenez un bol de quiétude et de vert, y rencontrer les gens au travail. Vous vous interrogez parfois sur les restes de chédi au milieu des rizières et pensez au passé, sur ces vagues d’immigrants venus du Laos. L’un des chédis est du XIII ème siècle ! Il serait de la période Môn ! On est en train de le restaurer.


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Les enfants reviennent de l’école. Un autre rituel commence. Ils se débrouillent et vont voir ce qu’ils peuvent manger. Ensuite ils regardent un peu la  télévision et/ou vont voir leurs copains. Trois fois par semaine, je leur donne des cours d’anglais (je commencerai l’année prochaine des cours de français) …

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Parfois, on prend la voiture et nous allons nous promener et/ou faire les courses. Si les grandes surfaces sont à 30/40mn de chez vous, elles ne sont pas inaccessibles. Nous allons parfois aux petits marchés des petites villes voisines situées à 15 mn de chez nous.  Eh oui, la vie au village n’empêche pas d’en sortir.


Après quelques mois, vous avez constitué un autre « réseau amical ». Je ne suis évidemment pas le seul farang à vivre dans le village de sa femme ... J’en connais plusieurs (dont le co-auteur de ce blog) qui vivent là depuis des années, chacun avec son style. J’ai même trouvé un autre Français sympathique de 35 ans installé dans un autre village près de chez moi. Un petit coup de fil et vous pouvez savourer ces petits moments sympathiques entre « amis ». Au moins, vous évitez les « cons ». Le relatif éloignement peut avoir du bon.


Puis le soleil se couche. Chacun aura son rituel du soir.  Il commence avec une bière bien fraiche  prise avec ma femme (avec parfois  les « visiteurs » du soir), les salutations et/ou les discussions qui s’engagent avec ceux qui passent devant la maison.

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Le retour de la mère et la préparation du repas. Ah, les repas ! La mère, je vous l’ai dit, arrive tous les jours avec sa « récolte » du jour (fruits, légumes, douceurs (riz sucré parfumé au coco et mis dans une feuille de bananier par ex.), la sœur qui vit au village apporte tous les deux jours des produits du marché (elle y travaille) … Ah, la cuisine pour un Isan. Tout un art de vivre. Je pourrais, vous vous en doutez, décrire des légumes, des fruits, des herbes, que certains  ne connaissent pas, des plats typiques, des manières de cuisiner, des manières de table (ou plutôt de natte. Hi hi)… mais je ne peux éviter de vous rappeler leur sens du partage là aussi. Si quelqu’un arrive au moment du repas, il sera convié à goûter, si le repas était copieux, on pensera à en offrir à l’une des vieilles du coin ou à la famille.(et op dans un sac  plastique et l’enfant envoyé)


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Je ne vais pas vous cacher que je préfère mes petits plats que j’aime me cuisiner, et savourer avec une bonne bouteille. Là comme ailleurs, je sais estimer leur cuisine et leurs valeurs, mais je continue d’apprécier nos plats « français ». L’un n’empêche pas l’autre, et je me « métisse » de plus en plus.


Ensuite vient la soirée, traditionnellement réservée à l’audiovisuel télé ou web. Aujourd’hui, même dans un village d’Isan, vous avez la télé satellitaire et internet et pouvez ainsi faire votre programme. J’ai toujours un film conseillé et envoyé par un ami, une émission télé d’information ou culturelle (j’aime « La grande librairie » par ex.) ou un programme TV5, un événement sportif à suivre … bref, le choix est grand. Et puis, il y aura toujours un ami du bout du monde  qui vous appellera via skype ou un ami d’Udon qui vous fera un petit coucou et vous proposera parfois un film ou une émission TV (Hein Alain ?Hein Titi ?hein Robert ?).

 

télé


Et puis, et puis … tout au long de la journée, en fonction des « temps libres », un autre monde : le monde de mes livres. Après le « monde dit virtuel », le monde de  la fiction (je viens de relire Jack London ; Les pieds dans la rizière et la tête dans les aventures du Grand Nord canadien !), de la réflexion (avec Onfray), de la poésie (récemment, je relisais Paul Verlaine…) Lire comme « une recherche de la vie » comme dirait Charles Juliet.


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Eh oui, la vie au village est reliée à de nombreux « mondes », de nombreux « réseaux ». Il y en a tellement, que je m’aperçois que je n’ai même pas encore parlé de mon ami Titi, avec qui chaque matin et soir, on commente les « événements » politiques du jour, les résultats sportifs, les films à voir … on trinque même.


Je sais bien qu’il y a d’autres rituels possibles, mais j’aime cet « univers », ces différents réseaux simultanés. Vous êtes là au village, mais aussi ailleurs. En fait, je m’aperçois que mon titre est fallacieux, que derrière « 6 mois dans un village d’Isan » il y a tant de « réalités » : du virtuel, du fictionnel, du rêve … du local et du global … de l’Isan et de la culture française …une vie en train de  s’écrire …


Je sais bien que les villes existent avec leurs « lumières », mais je préfère la pénombre de mon village. J’aime ce « cocon »  audiovisuel du soir … au milieu des rizières. Je suis « là », ils sont « là » tout près. Ma femme m’embrasse … ah oui, vraiment tout près ! Chut ! le village s’endort……….. chacun avec ses rêves.


Le rituel du quotidien est peut-être là pour nous donner l’impression de vivre « réellement » dans un village d’Isan. 


5/ Un autre monde, sa culture, ses valeurs ... 


Je peux dire ce que je veux sur les « réseaux », mais je suis bien installé dans un village d’Isan, dans la maison de ma femme Isan, et je ne vois et n’entends essentiellement que des Isans. Je suis dans un autre monde qu’il me faut appréhender.


J’ai beau être le matin avec  mon ordi, la « vie extérieure » arrive jusqu’ à moi ; je ne parle pas du reste de la journée. J’ai beau avoir un rituel propre, un « territoire »,  la « vie dehors » n’en a que faire. Je suis marqué par cette autre culture qui se manifeste à tout moment et de façon plus éclatante lors des «  événements » familiaux et villageois. Je peux donc aisément noter ce qui saute aux yeux, même si je ne sais pas ce qui se passe dans les alcôves :


  • Un esprit « religieux » et animiste

Depuis le matin, depuis la naissance jusqu’à la mort, l’Isan vit dans le sacré. Il sait les gestes qu’il faut accomplir pour prier, remercier, demander, se protéger … vivre ici et ensuite dans une autre vie, selon le karma. … J’ai été surpris d’apprendre par ma femme que le plus important pour elle était d’honorer ses morts, ses proches, par une « belle » cérémonie, enfin la deuxième cérémonie, précisa-t-elle. ( Les funérailles ont lieu en deux temps. Généralement la deuxième a lieu 100 jours après, mais le plus souvent ici, en fonction des ressources de la famille, elle peut avoir lieu  plusieurs années après. Elle nécessite en effet un apport d’argent important)


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Je suis conscient qu’un autre m’aurait peut-être donné une autre réponse. Toutefois, au moment où j’écris ses lignes, deux cérémonies ont lieu dans le village et chacun se doit de passer, par respect pour le défunt et la famille, en offrant enveloppe et mets préparés. Car c’est une fête également. Demain dit-elle, il y aura une grande procession de moines.

Evidemment, on pourrait dire qu’il ne peut pas l’oublier, avec le temple au centre du village, les moines qui passent tous les jours, les fêtes religieuses fêtées sur tout le territoire … mais ce ne  serait qu’une profonde méconnaissance qui s’exprimerait. Il évoque souvent les Phis, les esprits. Il doit s’en protéger. L’Isan vit avec Bouddha et ses phis au quotidien. Chaque jour vous en verrez une manifestation.

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Il est vrai qu’on est « sous le regard de tous ». Si vous sortez, les gens rencontrés vous salueront toujours par un « Koun ja pay nay ? «  (Où vas-tu ?). Mais ma femme me précisera que c’est une marque de respect.

  • Un esprit « religieux » et … festif.

Chaque cérémonie, et il y en a beaucoup, est aussi une fête avec musique, repas, boissons et rires (même aux funérailles). Chaque « événement » familial que l’on veut fêter est aussi l’occasion d’inviter des amis et de partager un repas bien « arrosé » avec même ceux qui ne sont pas invités. Chaque période à l’école se termine par une fête avec chants et danses, avec cette particularité du costume et du maquillage appuyé et de transformer les petites et jeunes filles en lolitas sexy. C’est incroyable le temps consacré aux danses à l’école et à  ce goût du maquillage bien souvent outrancier. (On peut être surpris de voir convoquer les petites filles de 7/8 ans à 5h du matin à l’école pour le maquillage qui peut durer deux heures). Même le moine le plus célèbre du village vivant dans un temple important de Bangkok fête son anniversaire en offrant un show de chants, danses et musique, sur une énorme tribune avec force lumières, digne des plus grands artistes, installé sur le terrain de foot de l’école. (Les gens disent avec admiration qu’il aurait payé 1 000 000 de baths !).

  • Un esprit « religieux », festif, et  … mercantile. Un ensemble.

C’est le paradoxe. Ils sont pauvres, mais toujours dans l’espoir de trouver de l’argent, dans le rêve de montrer qu’on a réussi. On compte beaucoup sur Bouddha, qui doit souvent recevoir des  prières et des offrandes dans ce sens. On joue, on parie, on prend des billets à la loterie. On espère toujours.  On en parle beaucoup tout en s’en défendant. « Je ne suis pas comme le voisin, je n’aime pas montrer ». Il est vrai que l’argent fait défaut. On est, nous l’avons déjà dit, dans l’attente constante de l’aide des enfants. De nombreuses filles ayant eu un mariage malheureux ont souvent laissé leur enfant à la mère et savent qu’il faut envoyer de l’argent. Elles le ressentent aussi comme un devoir et une valeur. Ma femme qui soutient sa fille à l’Université d’ Udon Thani m’a souvent dit qu’elle le faisait aussi pour qu’elle puisse assurer ses vieux jours. (Les vieux ne reçoivent mensuellement  que 700 baths du gouvernement !).


L’argent est aussi un moyen de manifester son respect. Lors d’une visite chez des « vieux » un « cadeau » est apprécié et un billet encore plus. Il en sera de même avec l’Administration, où un « papier » demandé nécessite souvent une petite « offrande » monétaire, avec la politique où les candidats offrent souvent un petit billet (encore hier pour des élections locales ma femme m’a dit qu’un candidat avait donné 100 baths à ses « futurs électeurs »). Nous, nous appelons cela de la corruption.


Et puis les « riches « ont un statut au village. Les enfants qui  ont « réussi » sont connus et ont construit une « belle » maison au village. Les « riches » du village se doivent de donner plus aux cérémonies ou projets du village. Ma belle-sœur vient de donner 100 000 baths  ( 2500 euros) pour la construction d’un   crématorium au village alors qu’il est demandé 500 baths  aux familles.


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Ainsi une femme Isan ayant « accroché » un farang sera considérée comme chanceuse, car nous avons la « chance » d’être considéré comme des « riches ». Ce statut implique des obligations pour les Thaïs comme pour les farangs.


Ainsi faut-il voir l’argent différemment. Il permet d’assurer le karma,  d’honorer Bouddha, les moines, les morts dignement, d’aider la famille, d’être à la hauteur dans les cérémonies et les fêtes. Il procure prestige, statut … 

  • Un esprit « religieux », festif, mercantile … mais toujours dans la solidarité et le partage.

Nous l’avons maintes fois dit, la vie dans un village d’Isan, est basée sur le don et le contre-don, sur le partage. J’en vois tous les jours la manifestation, tant au niveau religieux que social. La semaine dernière, une délégation du village était allée manifester pour les « Rouges »… Avant avant-hier, le chef du village venait à la maison pour solliciter un don pour le crématorium à construire,  avant-hier, il y avait deux funérailles et des élections provinciales. Hier, il y avait quatre jeunes habitants qui allaient faire leur retraite dans le temple. On a eu droit à une procession avec orchestre et le soir une monk/party au temple (comme me dit ma femme). Dans trois jours, il y a une autre grande fête religieuse au temple (***Makha Bucha, le sermon du Bouddha). Le lendemain, j’irai dans un autre village situé à 40 mn de chez moi pour assister aux funérailles d’un beau-père d’un ami farang. Bref, toutes les semaines, les familles sont mobilisées pour un don de nourriture et d’argent et en retour reçoivent une petite partie des plats préparés. Toutes les semaines, on vit un « événement »  en commun, on partage une fête, un repas, on fait un  petit geste pour un déshérité, une offrande aux moines … Et vous avez la chance de vivre cette valeur fondamentale et d’y participer, si vous le désirez. On est loin de l’anonymat des grandes villes, on est loin de la solitude…


Et vous allez encore me demander si je m’ennuie ???

  • Mais une autre culture…

Il est évident que vous ne comprenez pas tout, que vous pouvez avoir le sentiment d’être « extérieur », qu’ « ils » vous énervent parfois. Je  ne supporte pas de voir les « fêtes » se terminer souvent dans une ivresse généralisée. Les Isans du village ont aussi leurs querelles, leurs rivalités, leurs jalousies … la drogue, le sida touchent des familles … On s’en doute.

Je ne suis pas Isan, pas Thaï, pas bouddhiste, pas animiste, pas paysan … je n’ai pas le même rapport avec  leur langue, leur Terre, leurs Phis, leurs traditions,  leur Temps…

 (Aller demander un rendez-vous précis à un Isan par exemple ! aller demander à quelle heure vont arriver les invités. Une anecdote. Pour Noël, j’avais invité les familles du frère et de la sœur de ma femme. Evidemment, ils ne pouvaient pas attendre 20 h, j’avais « négocié » pour 17h ; ils sont arrivés à 11h du matin !!! Sans commentaire)


Mais vous aurez compris que cette culture est suffisamment riche pour me donner le sentiment qu’ici, en village Isan, avec ma femme, je peux y vivre heureux.

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 Notes.

Une question revient très souvent au cours de ces conversations : « Nous aimerions découvrir la vraie Thaïlande, rencontrer des vrais thaïs, la vraievie quoi ! Où faut-il aller ? »

Si je réponds : « La vraie vie est partout, autant dans les rizières d’Isan que dans les bars de Pattaya, dans les champs de potirons des montagnes et dans les « malls » luxueux de la capitale » Cette réponse semble ne jamais satisfaire pleinement mes interlocuteurs. C’est vrai qu’on débarque souvent dans un pays avec des aprioris, des clichés plein la tête, des idées reçues dont certaines sont probablement justes – ou l’étaient il y a 6 mois ou 20 ans – dont certaines sont fausses ou plus exactement sont « faussées » par la lecture de dépliants touristiques.

Est-ce que la vraie Thaïlande est celle de la pauvreté, celle des filles à la peau diaphane hésitant entre un sac Hermès et une robe Vivienne Westwood au magasin Central, celle des policiers arrondissant leur fin de mois aux carrefours des villes, celle des lady boys dans les boites de nuit, celle des conducteurs de tuk-tuk ou des business men d’origine chinoise essayant de fourguer leur marchandise à mon « chéri » avec promesse de bénéfices faramineux, dans un système pyramidal  interdit en France ?

Voyageurs curieux, la vraie Thaïlande est partout où vous posez le regard, les vrais thaïs sont ceux que vous croisez. La vraie Thaïlande est un pays changeant qui vous semblera différent à chaque visite.

http://michjuly.typepad.com/blog/


**25 . Notre Isan :  Pira Sudham, un écrivain de l’Isan

Enfances thaïlandaises, , coll. Les enfants du fleuve, Fayard, 1983, 1990 pour la traduction française.

http://www.alainbernardenthailande.com/article-25-pira-suddham-un-ecrivain-de-l-isan-79537662.html


26. Un écrivain d’Isan : Pira Suddham, « Terre de mousson »

http://www.alainbernardenthailande.com/article-26-un-ecrivain-d-isan-pira-sudham-terre-de-mousson-79884217.html


Extrait : Que dire pour conclure ? On avait eu le sentiment, au vu du prologue d’ « Enfances thaïlandaises », que Pira Sudham avait voulu nous faire « découvrir » les réalités physiques et spirituelles du village de Napo, un village d’Isan : le travail des rizières, le monde des esprits, le temple, les rites, la pauvreté, l’ignorance et la corruption… Il avait voulu partager l’amour qu’il portait à ses paysans, à  leurs valeurs… mais aussi son désir de changement. Le 1er « Terre de mousson », avec la figure de l’instituteur Kumjai incarnait ce désir d’éducation, ce projet de lutter contre   «  la pauvreté, l’ignorance, et la corruption », même s’il décrira, par la suite, son échec et ses désillusions et comment il fut conduit à prendre les armes et à rejoindre les « communistes ».


*** Cf. « Le petit Journal » : Les bouddhistes célèbreront mercredi Makha Bucha. 

http://www.lepetitjournal.com/societe/actu-societe/97838-tradition--les-thailandais-celebrent-cette-semaine-le-sermon-du-bouddha.html 


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commentaires

A
<br /> Après avoir "épluché" votre blog il y a qlq mois, et mis en "favoris" qlq articles, je prends enfin le temps de lire, d'apprécier et de partager vos sentiments, vos vécus, votre "enthousiasme"...<br /> . <br /> <br /> <br /> Nous sommes tous des "obsédés" de quelque chose, personnellement je me tourne toujours vers "l'homme en général" et la femme bien sûr ... . Oui l'Isan est passionnant, Pattaya aussi si on<br /> connait un peu l'Isan ... . En tout cas j'ai passé un beau moment à vous lire , merci Alain!  Bonne "plume" et belle expression, merci<br /> de concrétiser des "ressentis" que je partage. Alain T. (le belge)   <br />
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G
<br /> <br /> En espérant te donner d'autres satisfactions de lecture, je te remercie pour cette appréciation.<br /> <br /> <br /> <br />