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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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1 septembre 2013 7 01 /09 /septembre /2013 03:02

titre-copie-1.jpgDes  manifestations de Phan Fa/Ratchaprasong, du « 3 avril 2010 - 19 mai 2010 » à la victoire de Yingluck Shinawatra (sœur de Thaksin) et du Phuea Thai, le 3 juillet 2011.


Nous avions vu dans l’article précédent, en « étudiant » l’étude d’Eugénie Mérieau, intitulée Les Chemises rouges de Thaïlande, que l’« UDD-Rouge sur toutes les terres» créé le 9 juillet 2009, avec la 3e génération de leaders de l’UDD (juillet 2009-décembre 2010), avait été très active dès sa création, pour combattre le gouvernement d’Abhisit, avant que le mouvement se radicalise en mars 2010, pour aboutir aux « événements » de Phan Fa/Ratchaprasong, du « 3 avril 2010 - 19 mai 2010 », qui causeront la mort de 91 personnes et feront plus de 2 000 blessés.

 

mort 2


Ces événements ont été abondamment décrits et commentés, en Thaïlande et dans la presse internationale. Chacun a donc son point de vue, selon son « idéologie ». Eugénie Mérieau y consacre 26 pages dans son introduction.


1/ On peut néanmoins retenir que « UDD-Rouge sur toutes les terres » a réussi à réunir plus de 150 000 « rouges » dont la majorité vient du Nord et du Nord-Est (60% selon Mme Mériau), à Phan Fa, dans le vieux Bangkok, le 13 mars 2010, avec l’intention, soutenue par Thaksin par vidéo conférence, de « renverser le gouvernement des élites ». A force de ténacité et du recul de l’armée, ils obtiennent, les 28 et 29 mars 2010, une  négociation qui échoue avec Abhisit  (Rediffusée en direct à la télévision, et retransmise sur des écrans géants à Phan Fa).

 

Beaucoup de chemises rouges quittent alors la manifestation, mais la prise de Ratchaprasong le 3 avril 2010 change la donne. (Centre d’affaires et des grands magasins de Bangkok). La manifestation est déclarée illégale, l’état d’urgence est promulgué le 7 avril 2010. Le 9 avril 2010, des mandats d’arrêt sont délivrés pour 24 Chemises rouges, et le Centre de résolution des situations d’urgence (CRES) donne aux autorités 48 heures pour mener à bien la totalité des arrestations.

 

Phan Fa 5

 

Chacun a ensuite son récit et ses moments clés.  


Mme Mérieau en voit trois : le 10 avril 2010, dit « Cruel avril » avec une première confrontation mortelle entre les Chemises rouges et l’armée, causant 25 morts dont 5 militaires et 838 blessées ;  le 13 mai 2010, l’assassinat de Kattiya Sawasdipol


 

Gen.Maj_.-Kattiya-Sawasdiphon.png

 

(plus connu sous le nom de Seh Daeng, littéralement « commandeur rouge »), général très populaire chez les Chemises rouges, radical et révolutionnaire (néanmoins exclu de l’UDD le 17 mars 2010), et le 19 mai, l’assaut final lancé sur Ratchaprasong, tuant 35 personnes, dont  6 personnes dans le temple Pathumwanaram.

 

Phan fa 4

 

« Les dirigeants des Chemises rouges, Jatuporn Prompan


 

jatuporn

 

 

et Nattawut Saikua

 

natthawut-saikua-

 

qui avaient juré qu’ils se « battraient jusqu’à la mort », annoncent la fin de la manifestation et vont se rendre aux autorités en compagnie de leurs compagnons de scène. Dans un excès de colère et de frustration, des Chemises rouges, en se retirant  incendient une trentaine de bâtiments, à Bangkok et en province. Cet acte fera d’eux, aux yeux d’une partie de l’opinion publique, et pour la Cour criminelle, des terroristes. (Lors de la campagne pour les élections du 3 juillet 2011, l’un des slogans du Parti démocrate sera « Ne votez pas pour ceux qui brûlent la ville, brûlent le pays ». Le slogan est ensuite repris par tous les opposants à Thaksin.)

 

Il est vrai que les dirigeants des rouges ont pris une lourde responsabilité en refusant, le 4 mai, la feuille de route d’Abhisit assurant la tenue d’élections pour le 14 novembre 2010. Mme Mérieau en citant le politologue Michael Nelson, ne cache pas son opinion :

 

« Malheureusement, les dirigeants les plus radicaux de l’UDD ont gagné sur leurs collègues plus modérés. Le plan d’Abhisit fut rejeté. Finalement, il perdit patience, alors que l’armée n’avait plus de raison de justifier son attentisme. Les forces de l’armée bouclèrent la zone des manifestations. L’inévitable opération de dispersion s’est traduite par le sacrifice, par les dirigeants de l’UDD, d’une cinquantaine de vies, simplement pour repousser leur capitulation de quelques jours. »

 

 thailande-bangkok-chemises-rouges-armee-offensive-affrontem

 

Les arrestations et les poursuites pour « terrorisme ».


Une chose est sûre ; après la répression sanglante de mai 2010 à Bangkok, l’état d’urgence est proclamé dans les grandes villes, les médias pro-Chemises rouges sont fermés, et les autorités procèdent à une vague d’arrestations sans précédent. Mais il manque un chapitre spécifique sur ces arrestations des rouges  au bon travail de Mme Mériau, qui montrerait l’ampleur de la répression. (On peut supposer, vu le sérieux de son travail, qu’aucune ONG des droits de l’homme n’a effectué ce recensement, pourtant si nécessaire).

 

Mme Mérieau signale toutefois l’arrestation des principaux dirigeants des chemises rouges : Natthawut Saikua, Weng Tojirakarn,

 

Weng

 

Kokaew Pikulthong,

 

Kokaew Pikulthong

 

Nisit Sinthuphrai, Kwanchai Praiphana,


KwanchaiPraiphana-300x225

 

Viputhaleng Pattanphumthai, Yoswaris Chuklom


Yoswaris

 

et Phumkitti Sukjindathong (obtiennent leur libération conditionnelle le 22 février 2011 après 9 mois de prison). Le 24 mai 2010 : Arrestation de Suthachai Yimprasert, professeur d’histoire à l’université Chulalongkorn,


Suthachai-Yimprasert-copy

 

et de Somyot Phreuksakasemsuk, leader du « Groupe du 24 juin démocratique », pour violation du décret instituant l’état d’urgence.

 

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Le 11 août 2010 : Des poursuites sont engagées contre Thaksin Shinawattra ainsi que 24 dirigeants des Chemises rouges pour terrorisme. Le 24 septembre 2010 : Chiranuch Premchaiporn, webmaster du journal en ligne Prachathai, est arrêtée pour lèse-majesté. Le 13 février 2011 : Surachai Seh Dan est arrêté pour lèse-majesté. Le 10 mars 2011 : Reddition aux autorités d’Adisorn Piengket. Le 14 mars 2011 : Reddition de 4 autres dirigeants de l’UDD : Waipote Apornrat, Suporn Atthawong, Phayap Panket et Shinawat Haboonpat. Ils sont libérés sous caution (600 000 baht, soit 15 000 euros).

 

Si on peut comprendre que l’UDD fasse profil bas après les événements sanglants avec la vague d’arrestations qui a suivi, le 19 septembre 2010 toutefois, 10 000 personnes manifestent à Ratchaprasong alors que l’état d’urgence est toujours en place contre le coup d’État.

 

Création du groupe de juristes Nittirat à Thammasat, Bangkok . (Cf. nos articles A.69, et A.70 sur ce groupe.)

 

La mobilisation s’organise alors sur Internet, menée par des anonymes. Seul le groupe « Dimanche rouge » de Sombat Boongamanong continue à animer le mouvement.

 

2/ 1er décembre 2010 : Thida Thavornseth

 

thisda

 

devient présidente (par intérim) de « l’UDD-Rouge sur toutes les terres », en remplacement de Weng Tojirakan, toujours emprisonné.

« l’UDD-Rouge sur toutes les terres », génération « provisoire » (décembre 2010-février 2012) élit un comité provisoire, dont la présidente est Thida Thavornseth, épouse du leader emprisonné Weng Tojirakarn. Worawuth Wichaidit est porte-parole en charge, avec Somchai Paiboon, Jatuporn Prompan, Viputhaleng Patthanphumthai (Source : Liste non officielle compilée par l’auteur.)

 

Les activités de « l’UDD-Rouge sur toutes les terres », mené par Thida va se concentrer, on s’en doute, principalement sur la campagne en faveur de la libération des dirigeants emprisonnés, et l’UDD va annoncer son intention d’organiser des manifestations deux fois par mois. Le 19 décembre 2010 : Environ 10 000 Chemises rouges se retrouvent à Ratchaprasong en mémoire des victimes d’avril-mai 2010.


 Phan Fa 5

 

Le 21 décembre 2010 : L’état d’urgence est révoqué dans les 4 dernières provinces où il était encore en vigueur (Bangkok, Nonthaburi, Pathum Thani et Samut Prakarn) – il aura été en place pendant près de 9 mois. Résolution du Cabinet d’ordonner la libération conditionnelle à une centaine de Chemises rouges. (qui ? où ?) Le CRES, créé le 12 mars 2010, est dissous.

 

La fin 2010 est à l’apaisement, même si les poursuites sont toujours en vigueur et les réseaux sociaux contrôlés. Mais le 22 février 2011 : les principaux dirigeants des Chemises rouges, notamment Natthawut Saikua, Weng Tojirakarn, Kokaew Pikulthong, Nisit Sinthuphrai, Kwanchai Praiphana, Viputhaleng Pattanphumthai, Yoswaris Chuklom et Phumkitti Sukjindathong, sont mis en liberté conditionnelle, après neuf mois de prison.

 

(Mais la répression agit toujours. Rappel : 13 février 2011 : Surachai Seh Dan est arrêté pour lèse-majesté. 30 avril 2011 : Somyot Phrueksakasemsuk est arrêté pour lèse-majesté. 10 mars 2011 : Reddition aux autorités d’Adisorn Piengket ; 14 mars 2011 : Reddition de 4 autres dirigeants de l’UDD : Waipote Apornrat, Suporn Atthawong, Phayap Panket et Shinawat Haboonpat. Ils sont libérés sous caution (600 000 baht, soit 15 000 euros). )

 

 

3/ Mai 2011-3 juillet 2011. La campagne électorale et le retour des chemises rouges au pouvoir.

 

Quelques dates :


18 avril 2011 : La Commission électorale interdit aux partis politiques et candidats de mentionner la monarchie pendant la campagne électorale

10 mai 2011 : Abhisit dissout le Parlement. Yingluck Shinawatra, la sœur de Thaksin annonce sa candidature en tant que colistière du Phuea Thai.

16 mai 2011 : Yingluck est déclarée candidate au poste de Premier ministre et représente le parti Phuea Thai.

12 mai 2011 : Suite à la révocation par la Cour criminelle de sa décision de mise en liberté conditionnelle, Jatuporn Prompan est emprisonné.

3 juillet 2011 : Le parti Phuea Thai, avec Yingluck Shinawatra en tête de liste, remporte les élections avec une majorité absolue de 265 sièges sur 500.

 

elections 2011

 

Si Mme Mérieau propose une « Analyse des résultats électoraux : Nord contre Sud » (p. 52) (p. 68), et montre les liens « Thaksin-UDD-Chemises rouges », elle reste dans la généralité pour cette campagne. On apprend que « les dirigeants libérés s’engagent dans la campagne, mobilisent les Chemises rouges, s’affichent avec la candidate Yingluck Shinawatra, soeur cadette de Thaksin, et le parti Phuea Thai. « De nombreuses Chemises rouges figurent sur la liste électorale du Phuea Thai. Les mieux placées sont les deux « compères » les plus populaires, Jatuporn et Nattawut, respectivement en huitième et neuvième position. Finalement, 17 Chemises rouges deviennent députés. »

 

L’historique des chemises rouges s’achève page 49 avec un sous-titre « Le retour de Thaksin au pouvoir : les dirigeants des Chemises rouges récompensés en proportion de leur prise de risques (juillet 2011 -...) » qui donne clairement l’opinion de Mme Mérieau sur le véritable dirigeant du parti au pouvoir et laisse entendre que les dirigeants des rouges ont été de parfaits soldats du clan Thaksin, prêt à tout pour parvenir au pouvoir, si on en juge  par la fin de ce chapitre « historique » qui se termine avec :

 

yingluck shinawatra 1389205

 

« Après avoir organisé les manifestations de centaines de milliers de Chemises rouges, déversé du sang sur l’hôtel du gouvernement, et vécu des scènes de guerre civile, les leaders rouges se retrouvent ministres, députés, ou conseillers du gouvernement, au prix de 90 morts et de dommages matériels estimés à plus de 24 milliards de bahts. ».

Le raccourci est quelque peu radical.

 

Certes, comme nous l’avons déjà dit, les leaders rouges ont pris une lourde responsabilité en refusant, le 4 mai, la feuille de route d’Abhisit assurant la tenue d’élections pour le 14 novembre 2010, mais de là à laisser supposer que c’était voulu, volontaire, pour mieux revenir au pouvoir !

 

Abhisit ceremonial attire

 

Nous verrons que Mme Mérieau n’a aucune illusion sur ceux qu’on, qu’elle  appelle les 3 compères, à savoir Veera Musikapong, Nattawut et Jatuporn.

(in 1 - L’UDD des « trois compères » : la fidèle garde de Thaksin L’UDD du Thai Rak Thai, dans le chapitre 3 « Les trois piliers : le parti, l’organisation, les masses » ). Nous y reviendrons.

 

4/ Dans les chapitres suivants Mme Mérieau va aborder différentes questions concernant les chemises rouges, comme  2. Géographie des Chemises rouges. 3. Les trois piliers : le parti, l’organisation, les masses. 4. Ingénierie de mobilisation. 5. Articulation progressive d’un discours radical (à demi-mot). 6. Les Chemises rouges et la monarchie.

 

Nous n’allons pas ici reprendre tous ces chapitres, toutes ces analyses, qui montrent le sérieux de l’étude et surtout la volonté de tout comprendre, comme ce que Mme Mérieau appelle « L’Ingénierie de mobilisation » (ch.4) à savoir les moyens utilisés pour rendre l’action plus efficace, outre les traditionnelles manifestations,  les leçons tirés de l’expérience, l’utilisation des médias traditionnels mais aussi, les réseaux sociaux, facebook, youtube, etc. Nous reprendrons dans un autre article les chapitres 5 et 6 consacrés à l’analyse des positions, des discours, des idéologies qui s’affrontent et qui évoluent, et qui n’ont pas peur d’aborder le rapport des chemises rouges à la monarchie, avec la recherche d’une nouvelle démocratie.

 

 

Le chapitre 2, ne nous étonne pas en rappelant  que le nombre de Chemises rouges ne cesse de gonfler depuis la création de l’organisation, surtout si l’on donne comme sympathisants,  le nombre de voix du « non » au référendum sur la Constitution de 2007

referendum

 

soit 10 millions de personnes et le nombre de voix pour Yingluck Shinawatra aux élections du 3 juillet 2011 soit environ 15 millions de personnes.

 

« Les votes sont distribués selon des lignes claires, coupant la Thaïlande en deux ; entre une zone riche, urbaine, au Sud et à Bangkok, dont l’économie repose principalement sur le tourisme, l’industrie, et les plantations d’huile de palme et de caoutchouc, et une zone pauvre au Nord et Nord-Est, dont le développement repose quasi uniquement sur la culture du riz. Le Nord et le Nord-Est ainsi que les plaines centrales sont acquises à Thaksin, le Sud au Parti démocrate, tandis que Bangkok reste divisée. Ainsi les zones les plus riches sont démocrates, à Bangkok comme dans le pays, et les zones les plus pauvres sont acquises à Thaksin ». (On se souvient de la théorie des deux démocraties d’Anek Laothamatas.**)

 

L’étude confirme que l’objectif des chemises rouges est bien sûr de gagner Bangkok, le coeur du pouvoir, « réputée pour son mépris des ruraux et de Thaksin ». Certes, Bangkok est traditionnellement gouvernée par le Parti démocrate, mais le 3 juillet 2011, le Phuea Thai a quand même obtenu 30,3 % de voix.  (Contre 69,7% pour les Démocrates)

 10

Le chapitre 3 « Les trois piliers : le parti, l’organisation, les masses » est l’occasion pour Mme Mérieau de faire le point sur un certain nombre de questions, et notamment le rôle omniprésent de Thaksin, la relation entre le parti, le Thai Rak Thai, et l’UDD (ou les UDD) et les chemises rouges de base.

On se doute que les points de vue et les intérêts divergent selon la place que l’on occupe avec Thaksin, sa famille, les dirigeants fidèles du parti, de l’UDD et de ses différentes composantes, des chefs locaux, et des ouvriers et paysans de base …

 

Thaksin, l’incontournable. 

 

On pourrait même dire les Thaksin, tant chacun a son « Thaksin ».  Il y a l’homme au pouvoir immense, que les classes dominantes craignent, la royauté même, et la représentation que chacun peut en avoir.

 

Mais il est aussi l’homme qui pour la première fois dans l’histoire de la Thaïlande a permis aux classes populaires de prendre conscience que leur vote pouvaient avoir des conséquences directes sur leur vie, qu’ils pouvaient élire « leur gouvernement », qu’ils pouvaient avoir un rôle dans l’histoire de la Thaïlande, que la « démocratie » pouvait se manger, comme le rappelle Mme Mérieau (Cf. « La démocratie qui se mange » (prachathipatai kin dai ching) et le rappel des programmes mis en œuvre par Thaksin entre 2001 et 2005. (Cf. par exemple son tableau 10 :  Tous les soins pour 30 bahts. Un canton un produit (OTOP).

 

otop-certification

 

Un fonds un village Banque du peuple pour soutenir les petites et moyennes entreprises. Allégement des dettes dans le secteur de l'agriculture. Projets de solidarité divers, par exemple envers les chauffeurs de taxi, les bourses d'étude. Projet SML …) 

 

Certes, on pourrait développer, mais son pouvoir et son immense popularité sont évidents. Il gagne les élections du 23 décembre 2007, organisées pourtant par la junte au pouvoir. (Arrive à placer son beau-frère pour remplacer Sawat, le 1 er ministre destitué) Et de nouveau celle du 3 juillet 2011 avec comme le dit Mme Mérieau, « la « marque » Thaksin », en réussissant à faire de sa sœur cadette, l’inconnue Yingluck Shinawatra,  la future 1ère ministre du royaume avec une majorité absolue.  

 

Thaksin, le chef du Thai Rak Thai, et des Chemises rouges, du moins de la grande majorité. Pour Mme Mérieau « La grande majorité des Chemises rouges a été mobilisée et a été organisée par et pour le Thai Rak Thai. », avec un rôle fondamental qu’elle attribue à ceux qu’on appelle les 3 compères (in 1 - L’UDD des « trois compères » : la fidèle garde de Thaksin ; L’UDD du Thai Rak Thai), à savoir Veera Musikapong, Nattawut et Jatuporn.

 

« L’UDD du Thai Rak Thai. L’UDD s’est formée sous l’impulsion du parti Thai Rak Thai de Thaksin Shinawatra. Sans l’action des « trois compères » animateurs de PTV et leur émission de télévision « La vérité aujourd’hui », les manifestations de Chemises rouges n’auraient sans doute toujours pas dépassé le stade des quelques centaines ou du millier de participants. Or les « trois compères » sont des hommes politiques avant d’être des activistes sociaux, et surtout, ils sont des figures politiques du Thai Rak Thai. » On peut toujours évoquer leur fidélité à Thaksin, leur ambition, et leur désir d’être ministre, convoquer un témoin qui assure que « Thaksin ne voulait pas quelqu’un de trop populaire à la tête de l’UDD, craignant de perdre le contrôle du mouvement de l’UDD. Il a promis des postes ministériels aux compères afin de leur ôter toute velléité de diriger le mouvement de l’UDD ».


Mme Mérieau aura même ce titre sans équivoque « Thaksin récompense ses meilleurs élèves : listes électorales et postes ministériels ». « .Ces efforts ne sont pas gratuits. Jatuporn et Nattawut sont tous deux placés en bonne position sur la liste électorale du parti, ce qui leur promet un siège de député, qu’une bataille dans leur circonscription d’origine ne leur aurait pas acquis. Nombreuses sont les Chemises rouges qui, malgré les poursuites engagées contre elles pour terrorisme en 2010, obtiennent une jolie place sur la liste convoitée. Au total, dix-sept Chemises rouges sont élues, douze au scrutin proportionnel, et cinq au scrutin majoritaire ».

 

 referendum 2007

 

5/ Mais qui sont les chemises rouges ?

 

Ensuite Mme Mérieau va nous aider à comprendre le mouvement des chemises rouges, en présentant les objectifs de la présidente pour son UDD (Cf. 2 - L’UDD rêvée de Thida, une UDD de convictions. D’une confédération à une organisation de masse), qui ne sont pas partagés par toutes les composantes qui coexistent en son sein, et elle présentera ceux qu’elle classifie comme « Opportunistes, idéalistes pacifistes et révolutionnaires »(Cf.  p. 79).

 

En effet, beaucoup ont déjà tenté, dit-elle, de classer les chemises rouges.

 

Les intellectuels s’y sont essayé ; et Mme Mérieau donne en note la typologie par exemple de Prawet Wasi, un universitaire de l’establishment, (qui) « les classe en cinq catégories : (1) Thaksin (formant un groupe à lui tout seul) ; (2) les Chemises rouges payées par Thaksin pour venir manifester ; (3) les Chemises rouges « idéalistes », sous-entendu les anciens étudiants de gauche ; (4) les extrémistes violents et (5) les pauvres des villes et des campagnes. »(p. 79), et celle, intéressante dit-elle (sic),  du Conseil pour la sécurité nationale, qui en 2006, les classait en trois catégories. (1) Ministres et grands dirigeants politiques ; (2) Hommes politiques ayant dans un premier temps reçu le soutien des « anciens pouvoirs » et (3) Démocrates et idéologues », et enfin  sa « propre classification » à partir des discours adverses les plus fréquents.

 

« Le discours dominant –quant à lui - classe les motivations de ces Chemises rouges en trois catégories : (1) pour les dirigeants, l’espoir de gains politiques et financiers ; (2) pour une majorité, l’obéissance aveugle aux dirigeants ; (3) pour une minorité, des revendications démocratiques. »

 

On comprend que pour les adversaires de Thaksin et les « jaunes », les dirigeants politiques du Thai Rak Thai (et du PTV), ne sont que des  « opportunistes », qui avec les dirigeants des Chemises rouges n’ont pour  seule motivation que « l’espoir de gains politiques et financiers, à l’instar du « maître » en la matière, Thaksin Shinawatra. ». Certes, il y a bien «  Les Chemises rouges « idéalistes », « les anciens étudiants de gauche » et les «révolutionnaires» (Cf. en note leur présentation***), mais la grande majorité, « les pauvres des villes et des campagnes », eux, sont  « payées par Thaksin pour venir manifester » ; ils sont dans « l’obéissance aveugle aux dirigeants ». Et Mme Mérieau de désigner les ruraux, comme  « reste » !

 

« Le reste : les ruraux.


 paysans


Et notons bien sûr la masse des « grass-roots », les « chao ban », les ruraux, les mal éduqués, les « pas prêts pour la démocratie », qui n’ont pas d’idéologie, mais qui aiment Thaksin pour les programmes populistes dont ils ont directement bénéficié (couverture sociale à 30 baht, accès au crédit). Ces Chemises rouges ne se battraient pas pour la démocratie, mais pour des bienfaits matériels qui ne seraient en quelque sorte que de justes « retours sur investissement » pour ceux qui ont vendu leurs votes ainsi que leur présence aux manifestations pour quelques milliers de baht. Se mobilisant « pour une et une seule personne » (pheua khon neung khon diao), Thaksin, ils auraient été exploités depuis le début à leur insu pour servir les ambitions politiques de ce dernier. » 

 

Nous savons bien que Mme Mérieau ne fait que citer ce qui se dit partout. Mais enfin,

pourquoi faut-il toujours en rester à l’idéologie de la thaïness qui légitime les aristocrates et les élites urbaines et considère le reste du pays, les identités régionales, comme « cadettes » inférieures, incultes, « paysannes » ? **** Pourquoi faudrait-il que la grande majorité du peuple ne  soit que stupide, vénale, indigne de la démocratie, un éternel mineur, comme  disait Flaubert ? Pourquoi, pour paraphraser Michel Onfray *****, faudrait-il que seuls les « élites » en Thaïlande aient droit au pouvoir, à la richesse, à la culture, au discours, et que le peuple, les paysans n’aient droit qu’à la pauvreté, l’obéissance, la soumission, la vénalité, l’ignorance ?  

 

Il faudra attendre le Chapitre 5 intitulé « Articulation progressive d’un discours radical (à demi-mot) » pour voir apparaître une véritable description et une analyse de l’évolution de la prise de conscience du peuple des chemises rouges, dans leur diversité, leur progression « politique », leur capacité à argumenter, à penser leur action. (Cf. un prochain article).

 

Nous avons dit et redit que l’ère Thaksin avait provoqué une véritable « révolution » politique, culturelle et sociale, qui a brisé le consensus, la Thaïness, le statut-quo. S’il n’est pas facile de la décrire, d’en prévoir l’évolution, qu’on nous épargne les clichés. Oui, les ruraux, les paysans, comme les autres,  pensent aussi à leur intérêt ; oui les chemises rouges prennent les 200 ou 300 baths qu’on leur offre pour monter manifester sur Bangkok ou dans les grandes villes. Mais ils savent aussi depuis Thaksin, qu’ils sont la majorité, critiquer leurs représentants, apprécier les promesses tenues, et que l’on ne peut plus les ignorer.


Nous comprenons que cela affecte les pouvoirs établis (royal, aristocratique, militaire, économique, culturel …), qu’ils soient étonnés de voir ainsi surgir le peuple, ces petits ouvriers, ces paysans qui prétendent avoir une voix dans la marche du pays. On peut essayer de les déconsidérer, de les déclarer illégitimes (ils sont si ignorants, si vénaux, si corruptibles …), ou on peut comme le dit naïvement l’UDD, dans le 2ème point de son  programme,  apprendre aussi à :


« Réconcilier les Thaïlandais en s’appuyant sur la masse du peuple en lien avec tous ceux qui aiment la démocratie dans tous les secteurs, à savoir, le monde des affaires, les partis politiques, les instances religieuses, le système éducatif, le secteur public, l’armée, la police, et les civils pour lutter contre le système aristocratique, obstacle au développement politique, économique et social de la Thaïlande, dans le but d’instaurer un système véritablement démocratique. » (Cf. en note le programme en 6 points de l’UDD ******).


Qui sont les chemises rouges, nous demandions-nous ?


Ce sont aussi, nous l’avons vu, une organisation, l’UDD,  une confédération de groupes aux positions idéologiques parfois divergentes, des réseaux avec des chefs locaux souvent « indépendants ». Mme Mérieau va expliquer comment justement l’UDD-Rouge tente d’organiser le mouvement, d’en promouvoir  l’unité « idéologique », de le rendre plus efficace avec  « L’UDD rêvée de Thida, une UDD de convictions. » (p. 69)


Les sous-titres sont explicites «  D’une confédération à une organisation de masse. ». « Rationaliser l’UDD à la communiste ».


titre


Il semble que  Thida, la présidente de l’UDD, se souvienne de son passé communiste, et se soit donnée pour mission de « fédérer les organisations locales sous la coupe de l’UDD ». Pour elle, « l’organisation doit être centralisée, avec une chaîne de commandement comportant six niveaux, à savoir (1) le Comité central, (2) le Comité de région (3) le Comité de province (4) le Comité de district (5) le Comité de sous district et (6) le Comité de village. Une proposition de tenir un « congrès » des Chemises rouges afin de poser les bases d’un accord sur cette structure ne s’est toujours pas concrétisée. En attendant qu’une telle proposition aboutisse, le comité de direction de l’UDD ne parvient pas à diriger les différentsleaders locaux, tous relativement indépendants, et surtout très nombreux. En ce sens, certains universitaires décrivent l’organisation du mouvement comme un rhizome. Par exemple, à Chiang Mai, il n’y aurait pas moins de 19 groupes de Chemises rouges, avec chacun ses propres chefs. » On apprend plus loin, que« L’UDD voudrait sinon nommer les chefs locaux, du moins les introniser, mais cette proposition se heurte au refus catégorique des représentants des groupes locaux. »


« Or, face à la multiplication du nombre de chefs locaux, il devient primordial, pour l’UDD, de réussir à imposer un cadre commun — qu’il s’agisse de l’idéologie, d’éléments de langage ou de consignes relatives aux actions collectives. La règle de la conformité aux six points du programme de l’UDD est posée : ceux qui y dérogent seront expulsés. Ainsi, depuis Kanchanaburi, ceux qui ne respectent pas les six points, notamment en ce qui concerne la monarchie et le principe de non-violence, sont sanctionnés. Sont ainsi exclus du leadership de l’UDD les « violents » comme Arisman Pongruangrong, les « lâches » comme Veera Musikapong ou Shinawat Haboonpat, les « révolutionnaires » comme les membres de Siam Rouge ou les trop « indépendants » comme Sombat Boongamanong ou encore le « Groupe du 24 juin démocratique » de Somyot Phrueksakasemsuk. » (6*)

 

Des « écoles de Chemises rouges » sont organisées à travers tout le pays.  De septembre 2009 à mai 2010, il y en aura en tout 23 dans différentes provinces, pour un total d’environ 20 000 personnes formées. (Mérieau citant Ubonphan Krachanphot, op. cit., p. 101).

 

Des stratégies sont pensées pour « substituer le culte de la personne de Thaksin au culte de la démocratie, grâce à l’inclusion d’intellectuels ». Mme Mérieau relate cette volonté dans « La faiblesse de l’UDD : Comment dépasser Thaksin ? » Les intellectuels (et les étudiants) doivent emmener le peuple au-delà de Thaksin ». (7*)

 

6/ Le 15 février 2012, Thida est officiellement élue présidente de « l’UDD-Rouge sur toutes les terres » 4e génération (février 2012-…), à l’issue d’une réunion de 30 dirigeants des Chemises rouges à Nakhon Nayok.

Le nouveau credo de l’UDD est alors de « protéger [Yingluck Shinawatra] d’un accident politique » (pongkan ubatihet kanmueang), autrement dit tenir les Chemises rouges prêtes à intervenir en cas de coup d’État pour laisser à la Première ministre le temps d’organiser la révision constitutionnelle, passage obligé sur le chemin de la « démocratie véritable » (prachathipatai yang tae ching) que les Chemises rouges appellent de leurs voeux. » (Cf. tableau des leaders. 8*)

 

« l’UDD-Rouge sur toutes les terres » a effectivement depuis la victoire de Yingluck et du Thai Rak Thai, le parti de Thaksin Shinawatra, du 3 juillet 2011, un rôle difficile à tenir. Comment convaincre ses adhérents et sympathisants  que la politique de Yingluck Shinawatra, respectueuse des militaires, de la répression du lèse-majesté, ne soit dû qu’à son désir de réconciliation nationale,  et ne vise pas, avant tout, à obtenir l’amnistie et le retour de son frère.

 

Mais désormais les chemises rouges, à Bangkok et dans les provinces, dans les rizières, et dans les usines, partout, osent discuter, confronter leur opinion et veulent désormais écrire l’histoire de la Thaïlande. Mais ils ne sont pas les seuls et leurs opposants sont toujours là …

 

   

Nota.

 

Nous saluons le travail de Mme Eugénie Mérieau qui nous a appris beaucoup sur ces « chemises rouges » qui se présentaient auparavant comme une « nébuleuse ». Nous espérons que nous avons donné envie de lire son étude, même si notre lecture en est quelque peu particulière, en y ajoutant nos réflexions et nos commentaires.

Merci également à l’IRASEC, qui inlassablement, contribue de façon magistrale à nous aider à mieux comprendre cette Région et la Thaïlande.

 

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*Eugénie Mérieau, Les Chemises rouges de Thaïlande, Carnet de l’Irasec / Occasional Paper n° 23. ISBN 978-616-7571-16-4, juillet 2013.

 

chemisesrougesthailande g 3

 

**La théorie des deux démocraties d’Anek Laothamatas.

« Une des théories socio-politiques les plus structurantes de ces vingt dernières années dans les discours des Thaïlandais est sans doute la théorie « des deux démocraties » d’Anek Laothamatas, dont l’article « Le Conte des deux démocraties : Perceptions conflictuelles sur les élections et la démocratie en Thaïlande » a été publié en 1996. Selon sa théorie (militante), Bangkok se serait toujours opposée aux choix politiques du reste de la Thaïlande : les masses rurales éliraient les gouvernements, tandis que Bangkok les renverserait par des coups d’État ou de grandes manifestations. Cette théorie trouve ses origines dans un ensemble d’inégalités de développement entre une Thaïlande pauvre, rurale, provinciale et agrarienne, a priori pas assez « éduquée » pour comprendre les enjeux de la démocratie, d’une part, et une Thaïlande des élections et des élites urbaines de Bangkok, d’autre part. Les ruraux vendraient leurs votes aux plus offrants, résultant en un Parlement d’hommes politiques corrompus et malhonnêtes, que les Bangkokiens auraient le devoir moral de renverser. »

 

anek 2 democraties


*** « Les Chemises rouges « idéalistes », les anciens étudiants de gauche. Dans ce groupe on trouve les Chemises rouges « intellos » et pacifistes, notamment certains membres du « Réseau du 19 septembre contre le coup d’État », Sombat Boongamanong de « Révolution citoyenne » et les anciens communistes, comme Jaran Ditapichai et Thida Thavornseth.

 

passé communiste

 

Leur engagement est ancien et continu. Ils représentent une minorité respectée au sein du mouvement.

 

Les « révolutionnaires » Ceux-là voient le soutien populaire envers Thaksin comme une fantastique opportunité : en effet les Chemises rouges acquises à Thaksin et révoltées contre le coup d’État constituent un auditoire malléable et a priori réceptif aux critiques à l’encontre de la monarchie. Ces « révolutionnaires » sont appelés par leurs adversaires les Khabuonkan lom chao (« les Rouges anti-monarchistes »). Ils espéreraient utiliser les Chemises rouges et leur goût de manifester pour provoquer une série de réactions en chaîne, qui mèneraient in fine au renversement de la monarchie (en dépit de l’attachement affectif des masses à la personne actuelle du roi). Sont rangés dans cette catégorie, à tort ou à raison, tous ceux qui critiquent la monarchie. Intellectuels Bangkokiens pour la plupart, écrivains, journalistes, universitaires comme Somsak Jiemteerasakul ou le groupe Nittirat de l’université de Thammasat, ils écrivent dans des revues telles que Voice of Taksin, Fa Diokan ou le journal en ligne Prachatai. Les dirigeants des Chemises rouges emprisonnés pour crime de lèse-majesté sont également à ranger dans cette catégorie, comme Somyot Phrueksakasemsuk, du « Groupe du 24 juin démocratique », ou Surachai Danwattananusorn, de Siam Rouge. »

 

****Olivier Ferrari, Narumon Hinshiranan Arunotai, Jacques Ivanoff & Arnaud Leveau, « Thaïlande, Aux origines d’une crise », Carnet n°13 de l’Institut de recherche sur l’Asie du sud-est (IRASEC)

http://www.alainbernardenthailande.com/article-pour-comprendre-la-crise-actuelle-la-thainess-63516349.html 

 

***** "L'argent, le pouvoir, les honneurs, la jouissance, la puissance, la domination, la propriété c'est pour eux, une poignée, l'élite ; pour les autres, le peuple, les petits, les sans-grade, la pauvreté, l'obéissance, le renoncement, l'impuissance, la soumission, le mal-être suffisent..."
(Michel Onfray, Les Deux violences, -27 mars 2003)

 

***** Programme en six points de l’UDD (Programme de l’UDD en six points, distribué au Foreign Correspondents’ Club of Thailand (FCCT), le 26 mars 2011.) (Note 136)

 

Le 18 juillet 2009, l’UDD dévoile son programme en six points :

 

1. Atteindre notre objectif politique, à savoir la démocratie avec le roi comme chef d’État et dont la souveraineté appartient véritablement au peuple.

2. Réconcilier les Thaïlandais en s’appuyant sur la masse du peuple en lien avec tous ceux qui aiment la démocratie dans tous les secteurs, à savoir, le monde des affaires, les partis politiques, les instances religieuses, le système éducatif, le secteur public, l’armée, la police, et les civils pour lutter contre le système aristocratique, obstacle au développement politique, économique et social de la Thaïlande, dans le but d’instaurer un système véritablement démocratique.

3. Adhérer aux principes de non-violence dans notre mobilisation et nos actions.

4. Créer des ponts entre les combats économiques notamment l’éradication de la pauvreté et le combat politique en soulignant que la solution aux problèmes économiques et à la survie du pays et de ses habitants requiert un système politique dans lequel la souveraineté appartient au peuple.

5. Se battre pour que le pays soit « un État de droit qui obéit véritablement aux principes de Rule of Law », libre de toute ingérence et de toute pression sur le système judiciaire par ceux qui ont le pouvoir et les ammat afin que la justice soit rendue à tous les Thaïlandais de manière égale, sans « doubles-standards ».

6. Annuler la Constitution de 2007 et reprendre la Constitution de 1997 en y amendant les diverses lois iniques afin de rendre la justice à tous les Thaïlandais.

 

****** « Pour les activistes de la nouvelle génération, comme Sombat Boongamanong,


SOMBAT

 

c’est là une grande force, un caractère qui donne au mouvement toute son autonomie créatrice, énergie pour se renouveler et suivre les évolutions de la société : En revanche, pour les anciens communistes comme Thida, il s’agit là d’une faiblesse qu’il faut corriger. »

******* « Thida, depuis sa prise de fonctions, essaie de distancier le mouvement des Chemises rouges de la personne de Thaksin en définissant les Chemises rouges comme attachées à des principes dont Thaksin ne serait que le symbole. Thida explique l’alliance UDD/Thaksin en ces termes « L’UDD est proche du Phuea Thai parce que nous sommes tous les deux victimes de l’aristocratie ». Thida n’a de cesse de répéter que les Chemises rouges ne sont pas toutes pro-Thaksin, et que, Thaksin ou pas, le combat pour la démocratie continuera. Néanmoins, elle admet la réalité. « Dans l’organisation il y a environ 60-70 % des membres qui aiment énormément Thaksin ». »

 

Les intellectuels (et les étudiants) doivent emmener le peuple au-delà de Thaksin.

Thida ne cesse de déplorer le fait que la plupart des intellectuels thaïlandais, qui se sont battus à ses côtés en 1973 et 1992, font désormais partie de l’establishment. Les futurs intellectuels, les étudiants d’aujourd’hui, sont également absents des manifestations de Chemises rouges

 

C’est pour pallier ce manque de « classes moyennes supérieures » que Thida propose, le 12 mars 2012, la stratégie « des deux jambes, deux bras, et cinq zones ».- les deux bras : 1) la masse des ruraux (the grass-roots) ; 2) les membres d’autres classes qui aiment la démocratie (les intellectuels, etc.). - les deux jambes : 1) le parti Phuea Thai (le combat au sein du parlement) ; 2) l’UDD (le combat des Chemises rouges dans la rue). - les cinq zones : 1) Bangkok ; 2) la campagne ; 3) la ville ; 4) l’étranger ; 5) le cyber-monde.

 

********Tableau 9 - Leaders de « l’UDD-Rouge sur toutes les terres », 4e génération (février 2012-…) : Thida Thavornseth (Présidente), Worachai Hema (Vice-président), Somwang Assarasi (Vice-président), Prasaeng Mongkolsiri (Secrétaire général), Cherdchai Tantisirin, Worawuth Wichaidit (Porte-parole)

 

 

 finale

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