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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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22 mai 2022 7 22 /05 /mai /2022 05:07

J'ai dans un précédent article situé le création de la Bibliothèque nationale de Thaïlande dans le cadre des efforts du roi Rama V suivant ceux de son père le quatrième, dans le cadre d'une transformation du Siam pour le faire entrer dans le concert des nations dites civilisées ce qui lui donna un caractère au moins partiellement nationaliste en sus du soucis de conserver un patrimoine écrit religieux mais aussi  historique, littéraire, médical, scientifique recouvrant tous les domaines de l'ancienne civilisation siamoise.

 

Photo Georges Coédès (1924)  :

 

 

La situation est toutefois fondamentalement différente de celle de notre Bibliothèque nationale qui conserve depuis François Ier l'intégralité de ce qui est imprimé. Or, il n'y avait pas d'imprimerie au Siam avant les années 1830, du moins utilisant les caractères siamois, alors que la première imprimerie française a été créée en 1470. Ce savoir n'était donc pas conservé par l'imprimerie mais par les manuscrits (1).

 

 

Les manuscrits recueillis en France

 

Les colonisateurs français, ainsi que les missionnaires, s'y sont intéressés. Les archives de la société des Missions étrangères en contiennent 125 dont l'inventaire en a été fait  par Jacqueline Filliozat, ils proviennent de donations, d'achats effectués auprès des moines par les missionnaires. Ils sont pour l'essentiel en Pali et regroupent  des documents majoritairement bouddhiques, produits entre le XVIIe et le XIXe siècles en Asie du Sud-Est, sur des supports végétaux (en particulier sur des feuilles de latanier ou de palmier nommées « ôles ») ainsi que quelques  manuscrits sur papier, reliés à la chinoise ou la japonaise ou pliés sur le modèle des orihons (reliure en accordéon)

 

 

.Une grande partie de ces précieux documents (343) avait été transférée à la Bibliothèque nationale de France (2)

 

 

Celle-ci contient 1.878 manuscrits en sanskrit, essentiellement en écriture devanagari, bengali, grantha, telugu, sur papier indien ou sur feuilles de palme (ôles). Le fonds contient aussi des grammaires et des lexiques rédigés par des pères missionnaires ou des savants européens.

Le fonds Pâli contient 885 manuscrits en langue pâli et en écriture birmane, thaïe, khmère ou cinghalaise, principalement sur feuilles de palmier. Le catalogage systématique de ces documents est en cours ! Un premier inventaire sommaire a été effectué en 1907 par l'érudit A. Cabaton en deux volumes, l'un des manuscrits palis et l'autre des manuscrits sanskrits. Il détaille 1102 manuscrits sanskrits et 880 en pâli.  Quelques dizaines sont numérisés sur son site Gallica.fr

Par ailleurs, le catalogue général des manuscrits sur Internet décrit 545 manuscrits palis et 398 manuscrits sanskrit  : https://catalogue.bnf.fr/index.do

 

 

L’École Française d'extrême orient détient également quelques centaines de manuscrits provenant essentiellement du Cambodge et du Laos réunis et étudiés par Georges Coedès et Louis Finot, dont la plupart sont d'origine siamoise compte tenu des liens jadis étroits entre les trois pays. Le détail en a été donné par Jacqueline Filliozat  (3)

 

La Société Asiatique dépend du collège de France. Elle possède un fonds de manuscrits laos sur feuilles de latanier regroupés sous 40 titres qui représentent la plus grande part de cette collection à laquelle s'ajoute sept liasses de textes divers sans rapport apparent les unes avec les autres. Ces documents sont probablement tout autant laos que siamois. Ils sont signalés dans trois articles du regretté François de Grailly dans Philao, la bulletin trimestriel de nos amis de l'Association Internationale des collectionneurs de timbres-poste du Laos  dont le contenu va bien au-delà de la simple collection des vignettes (« Les manuscrits traditionnels laotiens »  -  «  Les manuscrits sur ôles » - « Les manuscrits sur ôles dans les bibliothèques françaises », nn° 112, 115 et 116 du troisième trimestre 2018, deuxième et troisième trimestre 2019). Nous reproduisons avec leur accord quelques unes des illustrations de cet article.

 

L’École Française d'extrême orient détient également quelques centaines de manuscrits provenant essentiellement du Cambodge et du Laos réunis et étudiés par Georges Coedès et Louis Finot, dont le plupart sont d'origine siamoise compte tenu des liens jadis étroits entre les trois pays. Le détail en a été donné par Jacqueline Filliozat  (3)

La Société Asatique dépend du collège de France. Elle possède un fonds de manuscrits laos sur feuilles de latanier regroupés sous 40 titres qui représentent la plus grande part de cette collection à laquelle s'ajoute sept liases de textes divers sans rapport apparent les unes avec les autres.

Il faut relever que la simple description de ces documents en quelques lignes est difficile dans la mesure où un seul manuscrit sur feuille de palmier peut comporter des dizaines sinon des centaines de folios.

Le même articile nous signale la présence de manuscrits sur feuilles de latanier dans la bibliothèque du Musée Guimet qui proviendraient de la Mission Pavie ou de donations de particuliers ?

 

 

Dans son mémoire que je cite en note 6, Jacqueline Lee-Fung-Kai nous apprend qu'il existe encore en France quelques dizaines de manuscrits en pâli conservés dans des bibliothèqes municipales :

La Bibliothèque municipale d’Epernay conserve trois manuscrits pâlis en écriture birmane.

La Bibliothèque municipale de Rouen contient cinq manuscrits d'origines et d'écitures diverses.

La Bibliothèque municipale d’Orléans possède un manuscrit en pâli.

La Bibliothèque municipale de Laval, détient également un manuscrit sur feuillets.

La Bibliothèque municipale de Perpignan contient un manuscrit pâli en provenance du Laos en écriture lao.

La Bibliothèque de Grenoble conserve un recueil de pièces imprimées et manuscrites siamoises.

La Bibliothèque municipale de Bordeaux a reçu en don, en 1836, un Evangile de Saint-Luc en pâli et en caractères singhalais, daté du XVIIIe siècle et comporte 69 folios..

La Bibliothèque municipale de Besançon possède un luxueux manuscrit religieux datant du XVIIe ou du XVIIIe siècle.

Il est le seul sur lequel nous avons quelques précisions :

Kammavâcâ (kammavâtchâ) : rituel pour la réception des moines bouddhistes : Ce texte est un rituel pour la réception des moines bouddhistes, datant du XVIIe ou du XVIIIe siècle et venant de Birmanie. Lorsqu’un garçon entre dans une communauté, il est d’usage qu’on lui offre un recueil de textes qui règlent la vie monastique : il s’agit du Kammavaça. Son support : 8 lames de tissu, enduites de résine sur les deux faces. L’écriture court dans le sens de la longueur des lames, et des décorations en dorure, parfois sous la forme de fleurs, d’oiseaux, de papillons, ornent les parties non remplies par l’écriture. Chaque lame est percée d’un trou pour le passage du cordon qui les reliait entre elles.

 

 

 

 


 

Les manuscrits conservés en Thaïlande

 

La Siam Society

 

Ses collections contiennent de nombreux manuscrits. François Lagirarde les détaille sommairement, 204, dans un article récent (« Les manuscrits en thaï du Nord de Ia Siam Society » in Journal of the Siam Society, volume 84-1 de 1996).

 

 

Les temples

 

Il y a plus de 30.000 temples en activité en Thaïlande (c'est à dire occupant des moines) dispersés dans tout le pays et administrés en toute indépendance.

 

 

Il y subsiste probablement des dizaines sinon des de milliers de manuscrits représentant un millénaire et demi de savoir pas seulement religieux. Le nombre de manuscrits conservés dans chaque temple varie. Dans certains temples, les manuscrits sont négligés et tombent en lambeaux par l'humidité, les insectes, les rongeurs et souvent aussi par manque d'intérêt ou absence de moines pouvant les utiliser car tous sont loin d'être rédigés en écriture contemporaine et en langage standard. Tous les moines ne connaissent pas le pâli.

Ils sont parfois conservés dans de très belles bibliothèques en laque..

 

 

et parfois non classés en vrac !

 

Photo Georges Coédès 1924 :

 

 

Beaucoup utilisent l'écriture khom Pāli (อักษรขอมบาลี).

 

 

Ceux qui sont écrits en thaï et non en pâli utilisent l'écriture khom thaï (อักษรขอมไทย), encore plus complexe.

 

 

D'autres dans le nord utilisent l’écriture traditionnelle du Lanna (อักษรล้านนา)

 

 

.....et dans le nord-est l'écriture traditionnelle de l'Isan (อักษรอีสาน)

 

 

Certains ont fait des efforts pour collecter et conserver les précieux manuscrits :

J'ignore dans quelles conditions les Abbés en laissent l'accès aux érudits intéressés ?

 

 

Tel est le cas du Wat Sung Men (วัดสงแม่น) dans la province de Phrae (แพร่). Il conserve la plus grande collection de manuscrits en langue Lanna du nord grâce à un travail intense de conservation réalisé sous l’égide du moine Khru Bammahathen (ครูบามหาเถร), des milliers à la fois religieux et historiques.

 

 

Le Wat Lai Hin (วัดลายหิน) dans la province de Lampang (ลำปาง) est réputé pour les efforts de ses abbés pour la conservation de ses manuscrits.

 

 

Citons également le Wat Mahathat (วัดมหาธาตุ) dans la province de Yasothon (ยโสธร) dont la bibliothèque est considéré comme un modèle de l'architecture traditionnelle du nord-est. Elle est inaccessible au public.

 

 

N'oublions pas le Wat Phra Chetuphon ou Wat Pho (วัดพระเชตุพน - วัดโพธิ์) dans la capitale célèbre aussi pour sa bibliothèque

 

 

Le Wat Muang Folk Museum (พิพิธภัณฑ์พื้นบ้านวัดม่วง) à Rachaburi (ราชบุรี)

 

 

...comprend une salle d'exposition de manuscrits sur feuilles de palmier en écriture mône (อักษรมอญ)

 

 

Dans la province sudiste de Suratthani (จังหวัดสุราษฎร์ธานี) et le district de Chaya (ชยา), le Wat Samuhani (วัดสมุหนิมิต) est également célèbre pour sa collection de manuscrits.

 

 

Relevons l'existence du site Internet

https://digital.crossasia.org/digital-library-of-northern-thai-manuscripts/?lang=en

qui a digitalisé 6.137 manuscrits de la région nord sous l'égide de plusieurs organismes publics ou privés (German Federal Foreign Office - The Henry Luce Foundation -University of Pennsylvania - The Andrew W. Mellon Foundation - National Library of Laos - Chiang Mai University Library - Berlin State Library)

 

 

D'autres projets ont été conduits pour la préservation et la numérisation de ce patrimoine dans le nord (Thaïlande Projet Manuscrits (PNTMP) - Dokumentarische Erfassung literarischer Materialien in den Nordprovinzen Thailands (DELMN) et the Digital Library of Northern Thai Manuscripts (DLNTM)). 5.005 manuscrits sur feuilles de latanier ont été numérisés à partir de 115 temples dans les provinces du nord de Chiang Mai, Chiang Rai, Lampang, Lamphun, Nan, Phayao, Phrae et Tak et sont désormais disponibles en ligne.

 

Le Social Research Institute (SRI) de l'Université de Chiang Mai a également répertorié et microfilmé des manuscrits pour la plupart liés à des domaines profanes du savoir tels que le droit et la médecine traditionnels.

 

Citons enfin Fragile Palm Leaves Foundation un organisme purement privé qui se livre à un travail de terrain dans les temples tant pour capturer des images de manuscrits que des inscriptions sur pierre ou des peintures murales. Elle les mets à la disposition des chercheurs sur demande. On se doute de la lourdeur de la tâche dans la mesure – avons-nous dit – où un seul manuscrit peut comporter plusieurs centaines de feuilles (4).

 

La Bibliothèque nationale de Thaïlande

 

Elle contient – le chiffre est ahurissant - 225.733 titres de manuscrits sur feuilles de latanier. C'est un fabuleux trésor qui éclipse toutes les collections de tous les temples du pays.  Nous vous avons raconté son histoire telle que narrée par Georges Coédès qui fut son conservateur de 1919 à 1928. Elle contient incontestablement la plus vaste collection de manuscrits palis du monde.

 

 

La majorité des manuscrits ne sont pas datés et sont généralement considérés comme de la période des débuts de l'ère Rattanakosin en 1782. Le sac de l'ancienne capitale Ayutthaya en 1767 par les Birmans a entraîné les destructions d'un grand nombre de manuscrits mais la Bibliothèque en possède un certain nombre en pali copiés au cours du 17 e, 16 e et même 15 e siècle.

 

Photo Coédès 1924 ;

 

La majeure partie des manuscrits ainsi que ceux des temples a été écrit en écriture khom pali ou khom thaï mais on trouve des écritures Mon, Isan, Lao, Lanna et bien sûr écriture thaïe central. Certains sont monolingues en pali et d'autres bilingues avec une traduction en thaï.

 

Photo Coédès 1924 ;

 

 

 

Les catalogues

 

Plusieurs catalogues des collections de manuscrits sur feuilles de palmier, ont été publiés. Ils ne sont cependant que de simples listes de titres et n'indiquent pas le nombre d'éléments matériels sous chaque titre ce qui ne facilite pas la tâche du chercheur.

Plusieurs catalogues ont été publiés, dont deux par la bibliothèque elle-même. Le premier a été publié en 1916, en thaï intitulé Catalogue des ouvrages de la Bibliothèque Vajiranaṇa, Partie 1, Section Pali, 1916 (บาญชีเรึ่องหนังสือในหอพระสมุดวชิรญาณ ภาคที ๑ แพนกบาฬี พ.ศ. ๒๔๕๙). Le suivant a été édité en 1920 sous le titre Catalogue des ouvrages pali et sanskrit disponibles dans la bibliothèque Vajirayana, année du singe 1920 (บาญชีคัมภีร์ภาษาบาลี แล ภาษาสันสกฤต อันมีฉบับในหอพระสมุดวชิรญาณสำหรับพระนคร เมื่อปีวอก พ.ศ. ๒๔๖๓). Il est possible de les consulter plus ou moins facilement sur le site de la bibliothèque.

 

Ces catalogues ne sont évidemment pas inutiles pour le chercheur. Toutefois, dans sa préface au catalogue de 1919, le prince Damrong a souligné qu'il s'agissait d'une liste de textes et non du nombre de manuscrits de chacun des œuvres dont le nombre peut-être beaucoup plus grand puisque la plupart des titres sont disponibles en plusieurs exemplaires qui ne sont pas forcément similaires entre eux comme les nombreuses éditions royales du Tripiṭaka ou complets. Eng Jin Ooi, professeur de l'Université Mahidol de Bangkok en donne un exemple concernant les manuscrits du Milindapanha (มิลินทปัณหา). Cet ouvrage est un grand classique du canon pali theravada. Il relate l'entretien entre le roi indo-grec Ménandre Ier (Milinda) et le moine bouddhiste Nagasena, originaire du Cachemire, reconnu comme un  saint. Le texte aurait été écrit au début de notre ère. Il a été traduit par Louis Finot en 1929 et ensuite à de nombreuses reprises dans toutes les langues.

 

 

Or, notre professeur fait remarquer que les manuscrits de Milindapanha sont répertoriés sous une seule entrée alors que la Bibliothèque en compte soixante-dix, certaines complètes et d'autres non. Ces soixante-dix manuscrits ne sont pas nécessairement des copies directes les unes des autres ou d'un seul exemplaire original : ce sont plutôt des différentes recensions qui ont été copiées à différentes périodes de l'histoire thaïe.

 

Je ne reproduis qu'une seule page cite qu'une seule page du premier catalogue qui démontre son caractère sommaire même évidemment quand on lit le thaï ce qui est mon cas.

 

Si je prends au hasard une page des inventaires des manuscrits de la BNF par Caboton, je suis un peu mieux éclairé !

Par ailleurs, le catalogue général des manuscrits sur Internet décrit 545 manuscrits palis et 398 manuscrits sanskrit : https://catalogue.bnf.fr/index.do

 

Par ailleurs, elle numérise quelques une de ses manuscrits palis sur son site Gallica. Ils sont accompagnés d'explications encore plus précises dont exemple en note 8...

Un exemple à suivre pour les Thaïs !

 

 

Restons en là car je doute que l'un ou l'autre de nous tous puisse un jour accéder à ce haut lieu de l'histoire et de la culture siamoise, en effet.....

L’accès à la bibliothèque

 

Celui à la Bibliothèque proprement dit n'est déjà pas facile. Mon ami Rippawat Chirapong est l'auteur d'une remarquable thèse de doctorat soutenue avec brio en 2016 à l'Université de Paris Sorbonne. Je lui ai consacré d'ailleurs deux articles. Il n'a lors de ses recherches en France, jamais éprouvé de difficultés. Le sujet de son étude exigeait qu'il prenne connaissance de la presse siamoise de cette époque. Je me contente de la citer ; « ...de nombreux documents d’archives concernant les relations franco-siamoises, notamment ceux ayant trait aux protégés français au Siam sont interdits de consultation. Quelques rares documents, d’une importance pourtant capitale pour notre travail, ont été difficiles d’accès. Mais heureusement une recommandation de la Directrice de l’École royale de Chitralada nous a permis d’y accéder sous certaines conditions. Ce fut pour nous une excellente occasion de les consulter et de les exploiter bien qu’il nous ait fallu y passer beaucoup de temps. Lors de la consultation de chaque document, nous n’avons pu faire aucun enregistrement sonore ni aucune photographie, seulement des prises de note au crayon. Nous dûmes travailler aux côtés de la Directrice du Centre des Archives nationales de Thaïlande ce afin d’éviter tout préjudice, toute tricherie ou tout vol d’archives. Cependant, la consultation de ces documents nous a permis d’affiner notre réflexion » (5)

 

 

Qu'en est-il pour le département des manuscrite ? Je me contente encore de citer le professeur Eng Jin Ooi,

« La Bibliothèque nationale de Thaïlande est située …..Le département des manuscrits est au quatrième sol. Les entrées des titres des manuscrits sur feuille de latanier peuvent être parcourues à partir d'un catalogue sur fiches... Il est accessible au public. Cependant, les fiches du catalogue sont écrites à la main en caractères thaïs, y compris l'entrée du titre : elles donnent le code du manuscrit, le titre, le numéro, le type d'écriture, le type de langue, le nombre de lignes par page, le type de présentation... Les catalogues sur fiches des éditions royales des manuscrits sont conservés séparément. Chaque règne a un ou plusieurs tiroirs séparés. ...La permission d'accéder à ces manuscrits est généralement accordée aux étudiants et chercheurs d'institutions thaïlandaises (publiques) d'enseignement supérieur. Le chercheur doit produire une lettre de l'établissement dont il dépend indiquant le but de la recherche, le nom du projet, la liste des manuscrits qu'il veut examiner et/ou faire des copies numériques, La lettre sera ensuite transmise au Directeur de la bibliothèque seront ensuite transmises au Directeur de la Bibliothèque Nationale via le Service des Manuscrits pour approbation. L'autorisation, si elle accordée, interviendra dans les cinq jours ouvrables. Si l'on souhaite examiner plusieurs manuscrits, il faut une nouvelle demande selon la même procédure. Pour les chercheurs étrangers, l'approbation du National Research Council of Thailand, Office of international affaires, est nécessaire»

 

Ces précautions sont indispensables du seul fait que la conservation de ces manuscrits - qui sont en péril dans les temples- nécessite de grandes précautions. Par ailleurs, ces manuscrits peuvent être démembrés et vendus sans possibilité de contrôle car ils ne sont pas identifiables. Si des recensements partiels ont été entrepris en Thaïlande, aucun catalogue n’a été publié ou mis en ligne, ce qui ouvre la porte au trafic de manuscrits en Asie du Sud-Est. On en trouve dans toutes les ventes aux enchères en dehors d'un marché parallèle interne (6) Il suffit de deux coups de ciseaux pour extraire deux folios d'un manuscrit complet et les voilà sur Internet permettant à un imbécile d'en faire un sous-verre !

 

 

En dehors de ces contraintes administratives parfaitement justifiées en ce qui concerne les manuscrits, il y a un autre élément fondamental, aucun n'est rédigé en thaï contemporain mais en pali qui n’a pas d'alphabet, sans utilisation de l'alphabet thaï mais de l'un ou l'autre des alphabets khom. Il faut donc connaître à la fois la langue et un ou plusieurs alphabets. Où peut-on apprendre le pali en Thaïlande ? Il n'est pas enseigné, sauf erreur de ma part, dans les Universités mais dans certains temples. Un site religieux s'y consacre pour une raison essentielle est que le pali est la langue dans laquelle Bouddha avait ou aurait délivré son enseignement. Il nous donne les références de 11 temples à Bangkok, 12 dans le nordn 14 dans le nord-est, 21 dans le centre et 8 dans le sud (7).

 

En ce qui concerne le sanskrit, il existe un enseignement en ligne organisé par le Centre de services académiques en collaboration avec le Département des langues sud-asiatiques, département des langues orientales de l'Université Chulalongkorn. Son apprentissage nécessite celui du bel alphabet Devanagari, d'une grammaire et d'un vocabulaire. Le pali n'en est d'ailleurs en quelque sorte qu'un patois puisqu'il utilise son vocabulaire, une grammaire simplifiée et pas d'écriture dédiée, ce que l'on peut comprendre puisque pendant des siècles l'enseignement de Bouddha n'a été transmis qu'oralement.

En France, il ne semble enseigné qu'à l'INALCO, au Collège de France et dans quelques Universités et nulle part le pali ?

Combien y-a-t-il d'érudits thaïs susceptibles de lire ces textes même s'ils étaient digitalisés ? Probablement pas plus que d'érudits français susceptibles de lire et texte en latin ou en grec pas plus qu'un manuscrit en français antérieur au XVIe siècle ? Quelques milliers tout au plus.

Alors, il faudra longtemps avant que les trésors manuscrits de la Bibliothèque puissent livrer tous leurs secrets.

L'article du professeur Eng Jin Ooi a été publié sous un titre trop réducteur « Survey of the Pāli Milindapañha Manuscripts kept at the National Library of Thailand: A Brief Catalogue » car il contient de précieux renseignements dépassant le cadre de cet ouvrage. Il est publié dans le Journal of the Siam Society, volume 109-1 de 2021. J'y ai puisé de nombreux renseignements notamment sur le chiffre stupéfiant des documents manuscrits détenus à la Bibliothèque.

« The National Library of Thailand, Manuscript Collection | Dissertation Reviews », notice qui provient de la Bibliothèque, nous dit « La collection de manuscrits contient environ 250 000 manuscrits sur feuilles de palmier. Les manuscrits sur feuilles sont classés d'abord par écriture : en thaï, khom, tham lanna, tham isan, mon, etc. Dans chaque catégorie d'écriture, les textes sont classés par ordre alphabétique de titre ou de contenu (c'est-à-dire un titre attribué par le personnel de la bibliothèque) et peut être écrit en pali, une langue locale, ou une combinaison » :

https://www.academia.edu/27349625/The_National_Library_of_Thailand_Manuscript_Collection

En ce qui concerne le Laos voisin, nous bénéficions, nous bénéficions de l'étude de P.B. Lafont « Inventaire des manuscrits des pagodes du Laos » in: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 52 N°2, 965. pp. 429-545; L'auteur de ce travail de romain divise son inventaire en plusieurs chapitres : Liste des manuscrits transférés par l'EFEO au giuvernement royal et ensuite : Pagodes de Luang Prabang – Pagodes de Vientiane – Province du Champassak ce qui recouvre une cinquantaine de temples alors qu'il y en a des milliers dans tout le pays. Ce résultat, s'il n'est donc que partiel, aboutit à donner une liste de plus de 5000 documents.

 

 

NOTES

 

(1) https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2018/07/a-270-les-debuts-de-l-imprimerie-au-siam.html

  1. https://irfa.paris/archives/serie-h-manuscrits-asiatiques/

  1. « Pour mémoire d'un patrimoine sacré ». In: Bulletin de l’École française d'Extrême-Orient. Tome 87 N°2, 2000. pp. 445-471;

(4) https://khyentsefoundation.org/the-delicate-future-of-pali-texts/

(5) Voir

H 53 - LES TENTATIVES DE COLONISATION FRANÇAISE DU SIAM DE L’INTÉRIEUR DE 1856 A 1939 PAR LE RÉGIME DES PROTÉGÉS: L’ANALYSE D’UN UNIVERSITAIRE THAÏ.

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2020/01/h-53-les-tentatives-de-colonisation-francaise-du-siam-de-l-interieur-par-le-regime-des-proteges-l-analyse-d-un-universitaire-thai.ht

NOTRE AMI RIPAWAT CHIRAPHONG, DÉSIGNÉ MEILLEUR PROFESSEUR DE FRANÇAIS DE THAÏLANDE POUR 2019

https://grande-et-petites-histoires-de-la-thailande.over-blog.com/2020/01/notre-ami-ripawat-chiraphong-designe-meilleur-professeur-de-francais-de-thailande-pour-2019.html

  1. Sur toutes ces questions, voir « Les manuscrits pali dans leur environnement et le cas particulier de leur gestions dans les bibliothèques françaises » par Jacqueline Lee-Fung-Kai, mémoire d'études de 2009 pour le diplôme de conservateur de bibliothèques.

  1. http://balisuksa.or.th/dhamma-school.html : Le site donne le nom du temple, son adresse et son site Web.

  1. « Notice complète : Titre :  Milindapañhā (fragment, pāli-khmer) - Date d'édition :  1801-1900 -Contributeur :  Missions étrangères de Paris. Ancien possesseur - Notice du catalogue : http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc985580 - Type :  manuscrit -

    Langue   pali - Langue :  khmer central - Format :  Feuilles de palmier. - 30 feuillets. - entre 2 ais de bois blond moderne. - 535 x 50 mm. - tranche dorée aux extrémités, rougie au milieu, 2 trous d'enfilage, 5 lignes, environ 62 car. - Écriture mūl. - Num. lettres mūl - Description :  Numérisation effectuée à partir d'un document de substitution : R 28200. - Description :  ôle 1a, au centre : milindapaṇhā phūk 2 + khmer ; ôle 1b, bl. Début, ôle 2a(ka) : atha kho milindho rājā khmer Fin, ôle 30a[gu] milindhapaṇho(!) nitthitā phūk 2 | nibbānapacañatiyo hoti | anāgate kāle | ôle 30b[gu] au centre: milindhapaṇha phūk 2 - D roits :  Consultable en ligne - Droits :  Public domain- Identifiant :  ark:/12148/btv1b10082409c -Source :  Bibliothèquenationale de France. Département des Manuscrits. Pali 364 - Conservation numérique :  Bibliothèque nationale de France - Date de mise en ligne :  23/06/2019. »

    Le lien « notice du catalogue » donne le détail des possibilités d'accès – L'écriture mül est une écriture khmère archaïque


 


 


 

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