Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
Nous avons abordé à diverses reprises la question de la «colonisation» au moins indirecte de la France au Siam commencée à partir de 1867 et surtout en 1893 en particulier pour nous étonner de cette phrase sempiternelle: «LaThaïlande n’a jamais été colonisée» (1). Le pays n’a certes jamais connu de « colonisation » comme les États voisins de la péninsule, Laos, Cambodge, Indochine, Birmanie et Malaisie mais ce fut au prix d’abandons de territoires sur lesquels sa suzeraineté était difficilement discutable...
...et par le biais de traités dits « d’amitié » pour lesquels les Thaïs évoquent volontiers la fable du loup et de l’agneau, la « politique du bambou » selon l’expression de Rama V.
Ce fut aussi au prix d’abandons de souveraineté: Les traités «inégaux» créèrent au profit de nos nationaux un régime juridique spécifique – celui de l’exterritorialité ou de la protection - leur permettant d’échapper au régime civil, fiscal et judiciaire siamois.
Les Français ne doivent pas oublier ce que l’histoire apprend aux petits Thaïs: «l’année 1893 doit rester pour les Thaïs qui ne doivent pas l’oublier une année de lamentation et de tristesse» (2).
Ce sujet éminemment polémique reste mal connu des chercheurs français, mais il vient de faire l’objet – c’était inédit à ce jour - d’une thèse exhaustive de notre ami thaï Ripawat Chiraphong déjà rencontré sur notre blog. Il est professeur de français à la prestigieuse école du Palais Chitralada (จิรลดา).
Sa thèse porte le titre « La question de l'extraterritorialité et ses conséquences juridiques successives concernant les protégés français au Siam, dans le cadre des relations franco-siamoise de 1893 à 1907 ». Il a eu le mérite de bien poser le problème ce qui est le début de la solution (4). Cette thèse a été soutenue avec brio le 12 septembre 2016 à l’université Paris Diderot (Paris 7) devant un jury prestigieux présidé par le professeur Alain Forest (5). Un site dédié en assure la numérisation, elle est donc accessible sans contraintes.
LES SOURCES ET LES DIFFICULTÉS DE L’AUTEUR.
En dehors des ouvrages français le plus souvent de nature juridiques généralement numérisés sur le site de la Bibliothèque nationale de France
...et de la presse française également massivement numérisée et étudiée de façon détaillée, notre auteur s’est rendu en France au Centre des Archives diplomatiques de Nantes (CADN),
au Centre des Archives d’Outre-Mer (CAOM) à Aix en Provence
et aux Archives diplomatiques de la Courneuve.
L’essentiel des documents concernant les protégés se trouve bien évidemment à Nantes mais beaucoup sont détériorés et purement et simplement inaccessibles. Il faut encore préciser qu’aucune numérisation n’est envisagée alors qu’elle est en cours à Aix-en-Provence. L’auteur a eu également accès à des ouvrages et thèses de nature juridique conservés dans les bibliothèques de l’École Française Extrême-Orient (EFEO) à Paris et à Chiang Mai, de l’Institut national des Langues et Civilisations orientales (INALCO) à Paris ainsi que du Centre d’Anthropologie de la princesse Maha Chakri Sirindhorn à Bangkok, les bibliothèques universitaires, Cujas à Paris et Aix-Marseille III pour les ouvrages juridiques,
ainsi localement que celles des Universités Chulalongkorn et Thammasat.
Il s’est heurté à une difficulté du côté thaï qui nous a surpris : de nombreux documents conservés aux Archives nationales de la Thaïlande (National Archives of Thailand- สำนักหอจดหมายเหตุแห่งชาติ) concernant le sujet des protégés sous le règne de Rama V sont purement et simplement interdits de consultation. Il fallut à Ripawat une recommandation de la Directrice de l’École royale de Chitralada pour y accéder et encore sous certaines conditions: interdiction de faire ni enregistrement sonore ni photographie et seulement prises de note au crayon avec la présence aux côtés du chercheur de la Directrice du Centre.
Il s’est enfin heurté à une autre difficulté, la presse locale siamoise de l’époque est introuvable à Bangkok et seulement de façon partielle ... à Singapour! Ripawat lui consacre une section circonstanciée dans son chapitre sur «les agents d’influence»: Siam Free Press, le Bangkok Times, Sayam Maitri et Siam Observer.
Il souligne les difficultés linguistiques auxquelles il s’est heurté à la lecture des documents français. Compte tenu toutefois de la parfaire manière avec laquelle il manie notre langue, il est permis de penser que l’obstacle a été surmonté d’autant qu’il vient d’être honoré le 16 janvier 2019 du titre de « meilleur professeur de français de Thaïlande ».
PARCOURONS LA THÈSE.
Notre propos n’est pas d’en faire ni le résumé ni une synthèse, elle s’étend sur près de 600 pages comportant de nombreuses notes, de multiples références d’archives siamoises ou françaises et une énorme bibliographie. La lecture en est aisée et le style agréable, elle est bien illustrée, que dire de plus? Nous nous contenterons au fil de notre lecture de faire quelques observations qui rejoignent des sujets que nous avons abordés dans notre blog avec notre propre vision.
Elle débute en préliminaire par une très exhaustive étude sur la présence des étrangers à Ayutthaya. C’est un sujet dont nous avons parlé à diverse reprises, mais de façon beaucoup moins étendue car, si notre ami fait référence – toutes proportions gardées - aux mêmes sources françaises que nous, au moins pour celles qui sont numérisées, il a également eu accès à d’innombrables sources en langue locale qui nous sont évidemment inaccessibles. Son chapitre est intitulé «L’accueil des étrangers au Siam avant les traités du XIXe siècle». Ne citons que ses quelques lignes de conclusions: « Il va de soi que l’accueil et l’organisation des étrangers, qui avaient bien fonctionné durant des siècles, se retournèrent contre le Siam lorsque, à la fin du XIXe, les puissances européennes y imposèrent la clause d’extraterritorialité».
UN BREF RAPPEL DE L’HISTOIRE DES PROTECTIONS DANS LE PASSÉ.
Nous passons ensuite à un chapitre sur la question des protections dans le passé qui, pour les Français n’a pas été initiée au Siam mais en 1535 par le traité conclu par François Ier en 1535 avec «le Grand Turc» (6).
Les Français arrivèrent au Siam avec la venue en août 1662 de nos missionnaires. Partis évangéliser la Chine et le Vietnam, le chaos qui régnait dans ces pays deux pays les immobilisa au Siam où ils reçurent bon accueil. Le pays devint alors le centre des activités missionnaires en Asie jusque dans les années 1690. Le premier comptoir commercial avait été ouvert en 1680 à Ayutthaya. C’est une époque que nous connaissons bien: le roi Naraï de concert avec Phaulkon son premier ministre officieux cherche à contrebalancer la toute-puissance hollandaise. Passons sur cet épisode de l’histoire siamoise, nous savons ce qu’il advint des hypothétiques tentatives de colonisation du Siam par Louis XIV.
LA PÉRIODE DES TENTATIVES DE COLONISATION EUROPÉENNES AU SIAM
Notre ami qui manie habilement la litote intitule son chapitre «L’affirmation des puissances occidentales au Siam». Le Siam signe alors de nombreux «traités d’amitié et de commerce», traité Bowring en 1855 avec les Anglais, traité similaire avec la France et Montigny en 1856 suivis d’autres. Ne parlons que de la France, le traité Montigny organise un système de protection qui met nos ressortissants à l’abri du système judiciaire siamois considéré comme barbare, ce qui n’était pas totalement faux et qui les place sous la juridiction de notre consul.
LES MOTIFS DE LA PROTECTION DE NOS NATIONAUX
Elle est évidemment la conséquence de la férocité de la législation siamoise et de son «insuffisance ». Barbarie des traitements, lourdeur des peines, ordalies, état sordide des prison, institution de la responsabilité familiale partagée et de la responsabilité collective, épouvantable complexité d’un système juridique et judiciaire, le tout assorti d’une corruption généralisée. Notre ami dresse de tout cela un bilan impressionnant avec essentiellement des sources locales.
LES PROTÉGÉS FRANÇAIS
L’auteur, après ces prolégomènes historiques qui ne sont pas dépourvus d’intérêt, bien au contraire, entre plus spécifiquement dans le vif du sujet avec le chapitre qu’il intitule «Droits et Règlements de l’extraterritorialité - 1- Les droits spécifiques reconnus aux protégés français 2 – Français et Siamois : leurs relations en vertu du traité de 1856 ».
Voilà un sujet que nous avons longuement traité en analysant le traité de 1856 et au bénéfice d’un titre un peu plus provocateur qui ne conviendrait pas à une thèse de doctorat (A 77 «L'heureux sort ses Français au Siam ...Il y a un siècle !» (7): droit de circulation, droit de commercer, droit d’accès à la propriété foncière, liberté religieuse et soumission des difficultés entre Siamois et Français à la juridiction consulaire. C’est bien là que le bat va commencer à blesser avec l’expansion française dans la péninsule.
L’EXPANSION FRANÇAISE
Après quelques préliminaires qui se concrétisent par le traité de Saigon 1862, c’est le début de la création de la Cochinchine terminée en 1867. En 1863, c’est le protectorat sur le Cambodge mettant fin à la présence siamoise. De 1866 à 1869, ce sont les expéditions sur le Mékong dont le contrôle apparaît essentiel aux Français qui vont s’étendre vers le nord. De 1883 à 1886, c’est le protectorat sur l’Annam et le Tonkin. Face à la France, l’Angleterre a absorbé la Birmanie en 1885. En 1893 enfin, la France étend son emprise sur le Laos, L’Indochine française, « la perle de nos colonies » est constituée.
Tous les ressortissants des pays soumis à la suzeraineté française, qu’elle s’exerce sous forme de colonisation directe ou sous forme de protectorat, deviennent «sujets» français jouissant donc du privilège d’extraterritorialité n’étant soumis ni aux corvées ni au service militaire ni à la fiscalité locale ni aux tribunaux locaux.
Les Français de souche, citoyens plus que sujets, ne sont qu’en tout petit nombre (8) en sorte que l’exterritorialité ne posa initialement pas de difficultés majeures d’autant que leur extranéité était facile à reconnaître.
Lorsque les ambitions françaises se portèrent en direction du Laos une fois réglée la conquête du Vietnam notre pays se lança dans une politique systématique de protection des sujets français au Siam incluant Laotiens, Vietnamiens, Cambodgiens et Chinois (9).
Combien de nos «sujets» furent ainsi inscrits comme protégés? Rippawat nous donne quelques chiffres provenant de sources siamoises qui naviguent jusqu’à près de 24.000 en 1907 sans ventilation ethnique sauf pour Bangkok (10). Ces chiffres sont –nous dit-il– à prendre avec précaution car «les Français chercheront à empêcher l’accès des autorités siamoises aux listes de leurs sujets et protégés». Nous savons ce qu’il en est par ailleurs des documents «conservés» aux archives consulaires de Nantes!
Les courbes qu’il nous donne laissent apparaître une explosion du nombre des protégés à partir de 1893 consécutive à la mainmise de la France sur le Laos et la vallée du Mékong mais aussi d' «une volonté désormais systématique d’utiliser la protection pour affaiblir le Siam, voire préparer sa conquête. La protection devient un autre aspect de la politique coloniale».
LA POLITIQUE EXPANSIONNISTE FRANÇAISE ET LES PROTAGONISTES
Rippawat la résume fort bien en quelques lignes: «Apparemment, pour les Français, il devient finalement souhaitable que soient protégés tous ceux qui demandent à échapper à la juridiction siamoise, si leur situation juridique le permet, situation juridique elle-même entretenue dans le flou». C’était toutefois, nous dit-il, pour les Français «bâtir un château dans les airs» (sang wiman nai akat – สร้างวิมานในอากาศ), version locale de notre expression «bâtir des châteaux en Espagne»).
Les protagonistes, côté siamois.
Côté siamois, e roi Rama V dont les pouvoirs sont limités par le système va toutefois jouer un rôle capital pour permettre à son pays de survivre à la menace de l’expansion coloniale. Il bénéficiera du concours de deux de ses ministres et demi- frères, le prince Devawongse Varopakan (พระองค์เจ้าเทวัญอุไทยวงศ์ กรมพระยาเทวะวงศ์วโรปการ) son ministre des affaires étrangères à partir de 1885,
et du prince Damrong Rajanubhab (สมเด็จพระเจ้าบรมวงศ์เธอ พระองค์เจ้าดิศวรกุมาร กรมพระยาดำรงราชานุภาพ), son ministre de l’intérieur à partir de 1892
et plus épisodiquement d’un autre de ses demi-frères, le prince Prachak Silapakhom (ประจักษ์ศิลปาคม), Grand maître des cérémonies et gouverneur du palais.
Les protagonistes du côté français.
Côté français, nous trouvons le Ministres des affaires étrangères, les Gouverneurs généraux de l’Indochine et les Ministres plénipotentiaires au Siam. A Paris, on est fort peu informé des affaires du Siam et l’on fait une confiance aveugle aux acteurs de terrain. Ceux-ci reçoivent le plus souvent le soutien du Gouverneur général de l’Indochine toujours à l’écoute des autorités françaises en place dans les pays limitrophes, Cambodge et Laos notamment. Mais s’il y a une remarquable continuité de personnes dans la politique siamoise, côté français, Rippawat nous le rappelle en ayant la charité de ne pas ironiser, de 1887 à 1915, il y eut 20 gouverneurs généraux de l’Indochine, un mandat d’un peu plus d’un an pour chacun, 26 ministres des Affaires étrangères. 43 ministres des Colonies, une quinzaine de Présidents du conseil - chefs de gouvernement- et 6 présidents de la République.
Sur place, nous trouvons Auguste Pavie auquel nous avons consacré plusieurs articles. Il déteste et peut-être aussi méprise les Siamois qui le lui rendent avec usure. Il est directement à l’origine de la multiplication du nombre des protégés. Il est aussi l’homme-lige du parti colonial.
Caricature siamoise « L’homme qui a mangé le Mekong » :
Gabriel Hanotaux fut avec une étonnante continuité ministre des affaires étrangères de 1894 à 1898. Colonialiste fervent, convaincu de la mission civilisatrice de la France, il encouragea lui aussi l’extension inflationniste du nombre des protégés. Tout autant que Pavie, il est détesté des Siamois.
Paul Doumer fut gouverneur général de l’Indochine de 1897 à 1902. Il est le «godillot» du parti colonial et rêve d’une annexion pure et simple du Siam.
Albert Defrance fut ministre résident au Siam de 1896 à 1901, Il succède à Pavie et devint rapidement partisan enragé de mesures extrémistes en ce qui concerne les protégés.
Les employés du consulat.
Rippawat les appelle plus charitablement «les hommes de l’ombre». Les consignes à haut niveau sont relayées ou appliquées sur le terrain par la majeure partie du personnel diplomatique français, chargés d’affaire, interprètes mais aussi consuls et vice-consuls, parfois encore plus anti-siamois et radicaux que leurs maîtres.
Rippawat en cite deux, Charles Hardouin qui, après un obscur parcours d’interprète à la légation devint consul en 1893 et véritable larbin du parti colonial.
Raphaël Réau nous est connu par une correspondance personnelle adressée à sa famille et qui n’était certes pas destinée à la publication. Ses souvenirs ne sont pas dépourvus d’intérêt loin de là, car c’est un homme cultivé. Nous lui avons consacré deux articles (11). Partisan d’un grand «y'a qu'à - faut qu'on», le Siam serait facilement conquis de l’intérieur sans verser une goutte de sang en inscrivant comme protégés les centaines de milliers de Siamois originaires de près ou de loin de nos colonies d’Indochine. Rippawat écrit de lui «rempli de présomption, il adhéra à la conviction commune à la plupart des Français qui croyaient qu’il était encore possible de faire du Siam une colonie, et il milita dans ce sens dans l’exercice de ses fonctions au point d’en perdre le sens des réalité». A cette époque se répand l’idée qu’en augmentant le nombre de protégés, ceux-ci finiraient par constituer la majorité de la population du Siam, ce qui permettrait la mainmise française sur ce pays. Mais cela aurait nécessité des moyens matériels énormes. Réau qui est chargé des formalités avec trois collaborateurs en revendique 200 !. Nous fumes moins charitables en démontrant dans un autre article qu’il ne rendait pas des «services» à la communauté chinoise mais qu’il les vendait (12). Si Rippawat lui consacre un chapitre de sa thèse, sa compassion bouddhiste lui interdit probablement de dévoiler les dessous du personnage dont la profonde culture n’exclut pas la cupidité.
N’épiloguons pas, faute d’éléments concrets, sur la qualité du personnel des consulats (voir note 8-2)
Les «voyageurs»
Nous n’en citerons non pas un mais une, Isabelle Massieu à laquelle nous avons consacré un article (13). Rippawat lui consacre un chapitre plus charitable toutefois que le nôtre.
Celle-ci, bénéficiant de moyens financiers importants et de puissantes protections, sur le chemin du Tibet qu’elle parcourut effectivement en véritable aventurière, passa seulement quelques jours au Siam, tapis rouge déplié. Sans quitter Bangkok, des réceptions officielles et sa suite à l’Hôtel Oriental ...
...elle résume la situation au Siam en un raccourci singulier basé sur des chiffres de fantaisie: elle évaluait la population du Siam à 6.000.000 d’habitants se décomposant en 500.000 Cambodgiens illégalement incorporés au Siam depuis 1835, 1.000.000 de Laotiens, Khas, Shans, etc. ; 1.000.000 de Malais, 1.200.000 Chinois et 2.000.000 de Siamois seulement. Si les chiffres sont plausibles, leur interprétation laisse plutôt à désirer. La solution est simple, le Siam sera conquis de l’intérieur si le Gouvernement se décide à «protéger» ces quelques millions d’habitants du Siam qui ne sont pas Siamois. Il fallait 200 collaborateurs à Réau, il en faudrait dès lors quelques dizaines de milliers! Fi bien sur des Anglais dont dépendent les Malais et les Shans (14). Nous aurions pour notre part négligé ces fariboles si, après avoir écrit et publié ses souvenirs de voyage en 1901, Isabelle Massieu n’avait multiplié les conférences devant toutes sortes de sociétés savantes ou les articles dans d’érudites revues toujours accueillis par des concerts de louanges, pour expliquer à ses auditeurs que le Siam pouvait être conquis sans tirer un coup de fusil. Encore une fois, «Bâtir un château dans les airs».
Les missionnaires
Si leur rôle ne fut pas spécifiquement et seulement en faveur de la protection de leurs ouailles, Il est permis de se poser la question de savoir s’il n’y eut pas des conversions d’intérêt ? Une page de notre blog de la plume d’une éminente universitaire thaïe s’est longuement penchée sur leur rôle (15).
« S’esquissa alors – nous dit Rippawat - une stratégie qui ressemblait fort, selon le mot de Charles Lemire, à une tentative de « francisation » du Siam par la présence d’un million de protégés français potentiels : Laotiens, Cambodgiens, Lus, Khamus, Annamites et Chinois de Hainan, des deux Kouangs et du Fokien ». Les origines ethniques du roi lui-même n’auraient-elles pas permis de l’inscrire comme protégé ?
La France fut représentée au Siam par un consulat à partir de 1858 et une légation en 1887. Pour faciliter l’inscription des protégés sur nos registres, des vice- consulats furent créés à des dates différentes à Chantaburi, Korat, Ubonrachathani, Makkeng (Udonthani), Nan et Chiangmai en sus de celui de Luang Prabang également habilité à établir des certificats (16).
Carte établie par Ripawat :
LA PROTECTION AU QUOTIDIEN
En amont,
Il se posait évidemment une première question sur le point de savoir selon quels critères les consulat ou vice-consulats enregistraient les candidats à la protection ?
Le Siam ne possédait pas de loi sur la nationalité avant 1913. La pratique était donc la suivante : étaient considérés jusqu’à preuve contraire comme sujets siamois et soumis aux lois et juridictions locales tous les Asiatiques résidant au Siam : étaient considérés au contraire comme étrangers tous les individus d’origine ou de « race » européenne, leurs familles fussent-elles établies depuis plusieurs générations sur le sol siamois. Ce fut un premier point de friction dès lors que l’essentiel du droit de protection visera à faire échapper le plus d’Asiatiques possibles ou de sang-mêlé à la juridiction et aux institutions locales.
De plus, il n’existait pas d’état-civil. L’admission était donc faire sur simple déclaration.
Les autorités siamoises étaient souvent démunies et obligés de demander aux consuls français de leur communiquer les listes d’inscrits, ce que les Français se refusaient à faire pour « protéger » ses inscrits.
Ilustration de la thèse :
En aval
Les documents d’archives et la presse siamoise analysés par Rippawat, le Siam observer ou le Sayam Maitri en particulier font état de nombreux incidents entre les autorités siamoises et les protégés ou prétendus tels qui, placés face aux autorités locales, exhibaient comme un magicien tire un lapin de son chapeau, leur certificat de protection. Toutes ces sources relatent la permanence de ces incidents. Le chapitre consacré à ces incidents est le plus long de la thèse.
Rippawat cite une correspondance de 1895 du Prince Svasti, ambassadeur à Paris: «Pavie a accordé la protection française à toute personne, même à des sujets siamois désireux d’échapper à leurs obligations, de service militaire ou de se soustraire à des poursuites judiciaires et en accordant cette protection sur simple déclaration, d’être d’origine annamite, laotienne, ou cambodgienne à charge pour les autorités siamoises de prouver le contraire. Cela revient à transformer le Siam, à terme, en une simple expression, une ligne colorée sur les cartes géographiques. La nationalité siamoise ne se trouverait pas seulement absorbée, mais dissoute».
Sur le terrain judiciaire, la France refusait de s’incliner devant les décisions des juridictions siamoises, incitait ses protégés à faire de même et à ignorer les injonctions, mandats de comparution, d’arrêt, de dépôt, de perquisition.
Sur le terrain fiscal le consulat conseillait à ses protégés de ne payer ni taxes ni impôts. Et de même de ne pas remplir leurs obligations dans le cadre du service militaire ou de tout autre service obligatoire.
Globalement les catholiques vrais ou convertis par intérêt bénéficiaient des mêmes droits que les protégés français.
Les incidents seront multiples du côté des Laos, des Vietnamiens et des Cambodgiens souvent catholiques. Là encore nous bénéficions de l’analyse méticuleuse de la presse locale et des documents d’archive. En ce qui concerne les Chinois, ils bénéficiaient déjà d’un régime de faveur. Rippawat consacre un chapitre à chacune de ces ethnies et des difficultés qu’elles suscitent. Les problèmes que suscitèrent les Chinois en particulier furent plus spécialement signalés par la presse locale qui s’indigna de ce que la représentation diplomatique française à Pékin discutait avec l’autorité chinoise sur le projet de soumettre officiellement les Chinois du Siam à la protection française! Les Chinois étaient importants numériquement et incontournables dans le domaine de l’économie et du commerce. Ils s’inscrivirent sur les registres des protégés, massivement, et au vu de documents justificatifs souvent douteux sans parler des « complaisances » d’employés consulaires comme Réau (12). Rippawat nous donne des éléments précis appuyés de nombreux justificatifs sur leur enregistrement massif. L’inscription de Chinois non originaires de nos concessions – donc tous les Chinois – se fit au prétexte que certains étaient nés en Indochine, que d’autres y avaient fait du commerce, que d’autres étaient catholiques et que la France devait sa protection aux catholiques, que d’autres enfin étaient employés de citoyens français. Les sources siamoises d’ailleurs font la part des choses – ce que ne fera jamais la presse française – en signalant des incidents qui sont également dus à des abus d’autorité de la part des fonctionnaires siamois.
LA FIN DE L’EXTERRITORIALITÉ
La question essentielle qui justifiait que les puissances aient demandé au Siam des privilèges d’extraterritorialité pour leurs nationaux était bien évidemment l’existence d’un système juridique, judiciaire et fiscal archaïque. Elle est liée à la modernisation du pays qui fut le souci de Rama IV avant d’être celui de Rama V.
La situation va se décanter au fil des ans, au traité de 1904 puis au traité de 1907, au fil aussi de la modernisation du système judiciaire siamois (Code Pénal, Code Civil et Commercial, Code de Procédure, Loi d’Organisation). Les protégés vont peu à peu se trouver soumis au système fiscal siamois mais continueront à échapper aux réquisitions militaires et corvées. Le tout se fera au bénéfice de renonciation en 1907 de territoires cambodgiens à la France (Battambang, Siem Reap et Sisophon). (C’est un sujet que nous avons aussi traité) (17).
Mais ce n’est qu’en 1939 que toute trace d’exterritorialité disparut du Siam. Le Siam regagna son autonomie juridictionnelle et fiscale complète. Les étrangers furent soumis aux juridictions locales dans les mêmes conditions que les nationaux siamois et le Siam put établir tous droits de douane et autres taxes qu’il estimait bons. Il put procéder à des réquisitions militaires et établir des monopoles. Toutes les personnes nées au Siam furent par ailleurs considérées comme Siamoises.
Le 24 juin 1939, ancienne date de la fête nationale siamoise, le Siam organisa une grande fête pour célébrer son indépendance juridique et juridictionnelle sous le régime du maréchal Phibul Songkhram. Ce fut la suite et la fin d’un long combat engagé sous Rama IV et Rama V.
Cette question a fait l’objet d’une thèse soutenue en 2017 par Wanwisa Srikrajib qui n’est pas sans intérêt sans avoir l’ampleur de celle de Rippawat. Elle a l’avantage aussi d’être accessible puisque numérisée (18).
Nous avons lu non sans intérêt la conclusion de Ripawat: «Comme nous l’avons écrit, les événements de 1893 et l’absorption des pays laotiens par la France, la cession de Battambang et autres territoires au Cambodge et au Laos, tout ceci accompagné des tracas incessants causés à l’intérieur du pays par les consuls français défenseurs de l’extraterritorialité mais visant à la domination sur le Siam soit par l’augmentation du nombre des protégés, soit en multipliant à ce propos les incidents pouvant justifier une intervention française… laissèrent des traces dans les mémoires et dans l’histoire thaïe. Jusqu’à nos jours la mémoire des humiliations subies demeure évoquée, notamment dans les milieux ultra-nationalistes thaïs et notamment à l’occasion des conflits avec les voisins, comme avec le Cambodge dans le cas de la contestation autour du temple de Phra Vihearn, conflits dont certains imputent toujours la responsabilité à la colonisation française».
Nous avons abordé également la question du temple dans plusieurs articles (19) et pour ne parler que de cette question ponctuelle, elle démontre à merveille que la première décision de Justice de la Cour Internationale en 1962 fut encore d’essence essentiellement colonialiste. Il fallut beaucoup d’imagination, de complaisance et plus encore aux Magistrats de la Cour de La Haye pour attribuer au Cambodge le territoire d’un temple parfaitement inaccessible du côté cambodgien. Procès entre la Thaïlande et le Cambodge ou procès entre la France encore coloniale et le Siam?
Vue cavalière de Lunet de la Jonquères au début du siècle dernier :
«C’est la raison pour laquelle nous croyons qu’il était bon de décrire ce « non-dit » des relations franco-thaïes. Non pas pour entretenir la « guerre » mais au contraire pour consolider les réelles relations d’amitiés aujourd’hui existantes. Il s’agissait aussi de faire découvrir non seulement un pan de l’histoire thaïe mais aussi un aspect occulté, un prolongement « collatéral » mais nullement négligeable de l’entreprise coloniale» écrit Rippawat.
Il est en effet parfois bon de «mettre les pieds dans le plat»! Sans avoir jamais eu la prétention de faire «acte de repentance», nous eûmes à diverses reprises l’occasion de nous irriter de la manière angélique dont sont représentés en langage trop diplomatique les «éternels lien d’amitié entre la France et la Thaïlande» (19). Ces rapports ont débuté sous des jours enchanteurs lors de la première ambassade de Kosapan.
Ils sont ensuite devenus nuageux puis tumultueux puis ouvertement orageux, allant jusqu’au conflit armé (20) avant de revenir à des rapports amicaux depuis la seconde moitié du siècle dernier.
Le mérite de la thèse est d’éviter de donner une vision manichéenne et univoque de la question de nos protégés. La nature même du système siamois a pu la justifier à l’origine. L’utilisation qu’en firent les excès du parti colonial la rendit insupportable.
Que sait-on de l’histoire ? Ce qu'on en voit ou ce que l'on croit en voir souvent, ce que l'on aimerait qu’elle soit. Sur cette difficulté qu'il y a à cerner la réalité, voilée comme elle est par la subjectivité. « Chacun sa vérité » a écrit Luigi Pirandello.
NOTES
A 38 – «LA THAÏLANDE N'A JAMAIS ÉTE COLONISÉE ? VOUS EN ÊTES SÛR ?»
A 218 – «LA THAÏLANDE N’A JAMAIS ÉTÉ COLONISÉE ? (SUITE)»
« NOTRE DICTIONNAIRE » C : LA THAÏLANDE N’A JAMAIS ÉTÉ COLONISÉE ?»:
(2) เหตุเกิดในแผ่นดิน pp. 5-14. Le titre de l’article est significatif «Les Français investissent Chantaburi et y construisent une prison pour enfermer les Thaïs » (ฝรั่งเศสยึดจันทบุรีสรางคุกขี้ไก่ขังคนไทย).
La prison du camp français de Chantaburi :
(3) Mme Marie-Sybille de Vienne, Professeur à l’INALCO à Paris - M. William Gervase Clarence-Smith, Professeur au SOAS de Londres (School of Oriental and African Studies) comme rapporteur et M. Volker Grabowsky Professeur à l’Université de Hambourg également rapporteur.
(4) Sur le site, la thèse est présentée comme suit: «La thèse traite de la question de l'extraterritorialité (ou protection) au Siam des années 1850 aux années 1930, notamment des années 1890 à 1910 caractérisées par une politique offensive de la France à ce sujet. Exigée par les puissances coloniales pour la protection de leurs représentants et employés, afin de ne pas les exposer à des lois et à un système judiciaire «barbares», l'extraterritorialité fut admise par les autorités siamoises lors de la conclusion des premiers traités avec les Occidentaux (1855, 1856). Mais, à partir du moment où la France domina l'Indochine française, l'extraterritorialité devint instrument de colonisation. Avec la création du Laos et sous l'impulsion de Pavie (1893), les autorités françaises exigèrent que toutes les personnes issues de leurs possessions indochinoises et vivant au Siam fussent considérées comme des protégés bénéficiant des privilèges et procédures de l'extraterritorialité. Les Français virent là un moyen de mettre le Siam sous tutelle puis, suite à l'opposition de l'Angleterre, de garantir leur mainmise sur le Laos et d'obtenir la rétrocession de territoires en faveur du Laos et du Cambodge (1904-1907). Les relations s'apaisèrent après 1907 quand la question de la protection constitua un puissant moteur vers l'élaboration d'une législation moderne, à la rédaction de laquelle des conseillers français apportèrent une exceptionnelle contribution, consacrant l'influence de la France dans le domaine du Droit».
(5) La base de données de theses.fr est en constante évolution. L'ensemble des thèses de doctorat soutenues en France depuis 1985 y est signalé :
http://theses.md.univ-paris-diderot.fr/CHIRAPHONG-RIPPAWAT-va.pdf
(6) Cet accord au demeurant contre nature entre le roi très chrétien et le Mahométan païen, fruit de l’esprit pragmatique de François Ier fut considéré comme scandaleux dans le monde catholique.
(8) Une double constatation s’impose:
8–1.
La colonisation en Indochine est celle d’une colonie d’affaires et non une colonisation de peuplement comme le connurent le Canada, l’Algérie, la Calédonie ou l’Australie. Rappelons ce qu’écrivait Jean-Marie de Lanessan en 1885 « De tous les mouvements d'expansion coloniale de la France, celui qu'elle exécute en ce moment en Indochine est sans contredit de beaucoup le plus important. Un pays d'une immense richesse agricole, sans parler de ses ressources minières, est désormais soumis à notre domination».
8–2. La population française consista donc en missionnaires bien sûr, en militaires pour assurer l’ordre, en fonctionnaires administratifs et judiciaires et sa cohorte d’hommes d’affaires ou d’aventuriers venus chercher fortune. On a beaucoup glosé sur la qualité des fonctionnaires que la France envoyait aux colonies. On disait alors volontiers: « Il s’agit d’une écume dont la France se purge en l'envoyant dans les colonies», souvent porteurs d’une mentalité de «petits blancs» qui au moins pour partie ne fut pas étrangère à la réaction des autochtones face à la présence française.
Tel était la vocation du Siam s’il avait été formellement colonisé, ce qui explique que nous n’y trouvions des citoyens français qu’en petit nombre:
En 1883 le recensement dit «postal» de Bangkok (The 1883 Bangkok Postal Census) est le premier du pays et ne concerne que la capitale.
Le détail des Farangs est le suivant : 7 Américains, 1 Danois, 6 Hollandais, 37 Anglais, 7 Français, 15 Allemands, 7 Portugais, 1 Suédois. Il signale 185 protégés français dont 171 Chinois, les autres probablement de Cambodgiens:
Voir notre article 152 «Le premier recensement effectué au Siam en 1883»:
http://www.alainbernardenthailande.com/article-152-le-premier-recensement-effectue-au-siam-en-1883-124510064.html
Le recensement partiel de 1904 ne porte que sur 12 monthon sans Bangkok oú se trouvent la plupart des occidentaux et enregistre 178 blancs de nationalité non ventilée.
Voir notre article 195 «LA POPULATION DU SIAM EN 1904 : LE PREMIER RECENSEMENT DE 1904»:
Un recensement spécifique à Bangkok en 1909 donne un chiffre de 1604 européens sans ventilation de nationalité.
Voir «Directory from Bangkok and Siam – 1914».
La même source donne un chiffre différent pour 1912 et nous apprend que cette année ont été enregistrés dans nos consulats 240 français dont 146 hommes, 63 femmes et 31 enfants. De ces hommes, 44 sont des prêtres catholiques dépendant des Missions étrangères de Paris. La plupart des femmes, 20, sont des religieuses. A titre indicatif, les autres consulats enregistrent 264 allemands, 43 hollandais, 153 américains, 131 italiens, 139 danois, 85 portugais, 32 austro-hongrois, 28 russes, 8 norvégiens, 8 belges et 7 suédois, à peine plus de 1100 «farangs» dans tout le pays.
L’ordre de mobilisation générale du 1er août 1914 a entraîné le départ de 60 mobilisés français donc hommes entre 18 et 40 ans.
Voir notre article A 243 «LES FRANÇAIS DU SIAM MORTS Á LA GUERRE DE 1914-1918 : LE MONUMENT DU SOUVENIR À BANGKOK»:
http://www.alainbernardenthailande.com/2017/11/a-243-les-francais-du-siam-morts-a-la-guerre-de-1914-1918-et-le-monument-du-souvenir-a-bangkok.html
(9) Le rattachement des Chinois est singulier et difficile à expliquer dans la mesure où la France n’a jamais colonisé la Chine en dehors de ses quelques comptoirs ? On peut donc penser que tous les Chinois du Siam et ceux inscrits comme protégés étaient fictivement originaires de Canton, Tien-Tsin, Fort Bayard ou de Shanghai la vérification étant naturellement impossible à effectuer par nos consulats!
(10) le Directory from Bangkok and Siam – 1914 donne pour l’année 1912 un chiffre de 15.000 protégés enregistrés dans nos circonscriptions consulaires (à cette date Bangkok, Chiangmaï, Chantaboun et Korat. Il nous donne la ventilation d’origine pour Bangkok: 724 Chinois, 396 Annamites, 2460 Laotiens, 1466 Cambodgiens, 44 Indiens et 90 autres de nationalité non précisée. Une comparaison qui vaut ce qu’elle vaut: en 1912, les Anglais dont les colonies de l’ouest, Birmanie et Indes comportent au début du siècle dernier une population d’environ 250.000 millions d’habitants et protègent environ 10.000 «sujets» pour la plupart indiens, toujours nombreux au Siam. Les Français en protègent donc aux environs de 20.000 alors que la population de ses territoires de l’Est (Vietnam – Cambodge – Laos) représente alors moins de 20 millions d’habitants
(11) Voir nos deux articles
144 «Raphaël Réau, jeune diplomate français au Siam. (1894-1900)»
145 «La vision du Siam de Raphaël Réau, jeune diplomate français à Bangkok. (1894-1900)».
(12) Voir notre article A 200 «QUELQUES COMMENTAIRES Á PROPOS DE « RAPHAËL RÉAU, JEUNE DIPLOMATE AU SIAM (1894-1900)»
(13) Voir notre article A 192 «A LA DÉCOUVERTE DU SIAM PAR MADAME MASSIEU, UNE « AVENTURIÈRE FRANÇAISE » DE LA FIN DU XIXÈME »
http://www.alainbernardenthailande.com/2015/08/a-la-decouverte-du-siam-par-madame-massieu-une-aventuriere-francaise-de-la-fin-du-xixeme.html
14) «Quelques milliers» seulement mais le chiffre reste imprécis, ont été enregistrés comme protégés au consulat britannique de Singor (Songkla) et à ceux de Chiangmai ou Lampang.
(15) Sur le rôle des missionnaires dans une province très christianisée, voir le très bel article (en thaï) de Mademoiselle Sutida Tonlerd (สุธิดา ตันเลิศ) publié dans notre blog « มิชชันนารีชาวฝรั่งเศสในเมืองอุบลราชธานี ช่วงปี พ.ศ.2409-2453 (« Les Missionnaires Français dans le mueang d’Ubonrachathani de 1867 À 1910 »»
(16) En 2019, en dehors du Consulat de Bangkok, nous sommes dotés de quatre consulats dits «honoraires» et d’une délégation à Pattaya au consul d‘Autriche. Il y a pourtant plus de 10.000 Français inscrits sur les registres du consulat compte non tenu des ressortissants de pays d’Afrique francophone qui n’ont pas de représentation diplomatique en Thaïlande et de millions de touristes. Il est vrai que les compétences des consulats ont été réduits comme une peau de chagrin au fil des ans et sont actuellement réduits à peu de chose.
La Grande Bretagne en dehors de Bangkok entretenait un vice-consulat à Chiangmaï, un à Kedah déplacé en 1912 à Phuket, un à Singor (aujourd’hui Songkla) et un à Nan déplacé à Lampang. Les Britanniques de souche auraient été environ un millier, à comparer aux 240 français et les protégés britanniques «quelques milliers» (8) à comparer aux plus de 20.000 protégés français.
(17) Voir notre article : 176. «La fin du régime des capitulations au Siam en 1925».
(18) «Vers la suppression de l’exterritorialité au Siam : le rôle des juristes français sous les règnes de Rama V (1868-1910) et Rama VI (1910-1925)». Il ne s’agit pas d’une thèse d’Université mais d’une thèse INALCO. Elle est accessible en ligne:
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01808760
L’auteur présente son travail ainsi dans un style qui aurait pu être amélioré «L’objectif principal de notre travail est une recherche sous forme de description analytique qui se concentre sur le champ de l’histoire juridique plutôt qu’à proprement parler dans le domaine juridique».
(19) Voir nos articles:
24 «Affaire du Temple Vihearn : Et si les Thaïs avaient été floués ?
A132. L'affaire du Temple de Phreah Vihar. (Suite)
A136. La décision du 11 novembre 2013 de la Cour Internationale sur le temple de Phreah Vihar.
Article 19 : Google Earth au Temple de Phreah Vihar ?
(20) Voir en particulier nos articles:
21 «Les Relations Franco-Thaïes : Une lecture critique de la présentation « officielle » de l’Ambassade de France de Bangkok des relations franco-thaïes)»
«LES RELATIONS FRANCO-THAÏES EN 2016»: http://www.alainbernardenthailande.com/2016/12/les-relations-franco-thaies-en-2016.html
H17 «L’OCCUPATION DE CHANTHABURI PAR LES FRANÇAIS, « UNE PAGE SOMBRE DE L’HISTOIRE DU SIAM » (1893-1905)».
A 329 333 ANS D'AMITIÉ ENTRE LA FRANCE ET LE SIAM, MYTHE OU RÉALITÉ ? »
(21) Voir nos articles:
204 «LA QUESTION DES FRONTIÉRES DE LA THAILANDE AVEC L’INDOCHINE FRANÇAISE»:
27 «1907 ? Le Siam Cède Ses Territoires "Cambodgiens"»: http://www.alainbernardenthailande.com/article-27-les-relations-franco-thaies-1907-67452375.html
H 1 «L’INCIDENT DE PAKNAM DU 13 JUILLET 1893 : I - LES PRÉMICES : L’AFFAIRE GROSGURIN»:
H 2 «L’INCIDENT DE PAKNAM DU 13 JUILLET 1893 : II – LE PROCÉS : JUSTICE DES VAINQUEURS OU JUSTICE DE CONCUSSIONAIRES ?»: http://www.alainbernardenthailande.com/2016/10/h-2-l-incident-de-paknam-du-13-juillet-1893.html
H16 «MARCHE DU MÉKONG », UNE VICTOIRE DU CAPITAINE LUC ADAM DE VILLIERS SUR LES SIAMOIS EN JUILLET 1893» : http://www.alainbernardenthailande.com/2017/11/h16-la-marche-du-mekong-une-victoire-du-capitaine-luc-adam-de-villiers-sur-les-siamois-en-juillet-1893.html
30 «La 2e guerre mondiale : La Thaïlande attaque l'Indochine française»: http://www.alainbernardenthailande.com/article-30-les-relations-franco-thaies-la-2-eme-guerre-mondiale-67649933.html :
«17 Janvier 1941 : La bataille navale de Koh-Chang,Thaïlande»: http://www.alainbernardenthailande.com/article-17-janvier-1941-la-bataille-navale-de-koh-chang-thailande-114422430.html