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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 04:02

  

La première ambassade de 1685 envoyée par Louis XIV à la Cour de Siam, vue par l’Abbé de Choisy.

 « Journal de voyage au Siam », M. l’Abbé de Choisy

 


Talanque-residences-des-ambJ’avais effectivement entendu parler de l’Abbé de Choisy comme un « extravagant » qui « sévissait » à la Cour de Louis XIV habillé en femme. Wikipédia confirmait cette « originalité » :


« Entre la mort de sa mère en 1669 et sa conversion en 1683, il mène une vie dissolue. Après être apparu, durant une courte période, habillé en homme, il reprend le costume féminin et réside, avec les encouragements de son curé et l’approbation de son évêque, dans une demeure du quartier de Saint-Médard sous le nom de « Mme de Sancy » jusqu’à ce que le Duc de Montausier lui en fasse publiquement le reproche à l’Opéra.Il se retire alors en province, à Bourges, où il se fait passer pour une riche veuve sous le nom de « Comtesse des Barres » et séduit sous ce costume filles de bonne famille et comédiennes – y compris les actrices Montfleury et Mondory – dont une qu’il fait tomber enceinte avant de la marier au comédien du Rosan, toutes aventures qu’il a rapportées dans ses Mémoires de l’Abbé de Choisy habillé en femme.Tombé malade en août 1683, il frôle la mort et, décidé à changer de vie, se retire un an au séminaire des Missions étrangères, rue du bac.

42-ramakienPuis, de mars 1685 à juin 1686, il accompagne, comme coadjuteur, le chevalier Alexandre de Chaumont dans une mission au Siam. Il s'y fait ordonner prêtre par Louis Laneau, évêque de Métellopolis, le 10 décembre 1685.Il raconte son périple dans un très vivant Journal de voyage au Siam. Il reçoit, à son retour en France, le bénéfice du prieuré de Saint-Benoît-du-Sault en 1689 et le doyenné du chapitre de la cathédrale de Bayeux le 11 avril 1697. Reçu à l'Académie française en août 1687, il collabore ave Charles Perrault à la rédaction des Opuscules sur la langue françaiseIl rédige, toujours habillé en femme jusqu’à l’âge de quatre-vingts ans, un certain nombre de travaux historiques et religieux.

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J’étais donc heureux de le « rencontrer » dans  son journal du Siam, où il raconte au jour le jour, du 3 mars 1685 au 18 juin 1686, ses impressions et « activités »  comme coadjuteur au chevalier Alexandre de Chaumont dans son Ambassade envoyée par Louis XIV au Siam. Il sait et évoque avec M. de Chaumont sa mission : convertir le roi Naraï.


Il apparaissait intéressant de savoir ce qu’il avait appris sur le Siam et de confronter ses « vues » avec celle du Chevalier de Forbin.


C’est un homme curieux et cultivé (il apprend le portugais et le thaï en 3 mois sur le bateau !!!) qui aime « converser » et « profiter » de l’expérience asiatique des missionnaires et jésuites qui voyagent avec lui. Il s’informe sur la situation des jésuites en Chine. Il note au jour le jour les événements de la journée, raconte les différentes escales de son voyage : le commerce des Hollandais à Batavia, l’organigramme de la Compagnie des Indes (dont 120'000 Hollandais dans toutes les Indes et 160 vaisseaux dont 40 armés)…

L’Ambassade partie le 3 mars 1685, arrive au Siam le 23 septembre 1685. Il est impressionné par l’accueil fastueux mais déçu dès son arrivée, en apprenant par l’évèque de Métellopolis, que la conversion du roi n’est pas à l’ordre du jour.


Phaulkon-recoitIl va bien sûr raconter l’audience royale du 18 octobre 1685, la mise en scène grandiose et exotique pour un européen,  avec les 300 chevaux, 80 éléphants, aux sons des trompettes et tambourins, les faces contre terre de tous les mandarins, les trois révérences, tout le cérémonial (que l’on a mis des jours à négocier) pour transmettre la lettre de Louis XIV au roi Naraï, installé dans une loge supérieure. 

L’Abbé de Choisy reste en fait un mondain séduit par les fêtes, la magnificence des présents du roi, le faste des repas organisés par M. Constance, « le 1er ministre »...


Contrairement au Chevalier de Forbin, il ne voit nulle « diplomatie », nul plan « machiavélique » dans les  agissements de cet Européen. « Cet homme-là a du grand », précise-t-il. Il est « impressionné » par l’ascension de cet étranger grec, qui a su devenir l’adjoint du barcalon (1er ministre), le remplacer, éliminer tous ses rivaux, devenir le confident du roi, assurer le commerce royal.


Il apprécie ce roi qui règne depuis 30 ans, fin diplomate et féru de littérature. Il décrit l’organigramme du gouvernement, les différents titres, une journée type du roi, le secret du palais. Même Constance, précise-t-il, n’a jamais vu la fille du roi. Il est stupéfié par son  pouvoir absolu, le « Dieu des Siamois », qui a droit de vie et de mort sur tous ses sujets, dont une grande partie est esclave. Il est étonné par sa diplomatie « ouverte » : les Anglais et les Hollandais ont leur comptoir, dit-il, les Portugais assurent la défense de Bangkok, les Maures et les Chinois, sa garde Royale. Il est surpris de voir comment il sait honorer la fête du roi d’Angleterre, où il officie avec 200 balons (grandes pirogues) et plus de 200 000 hommes massés sur les berges. Mais il n’oublie pas sa mission : « je ne vois rien encore pour la religion, et c’est pourtant ce qui nous mène ».


Il raconte et admire la ville, les pagodes, les moines « à l’écharpe jaune…» mais sa « curiosité » est quand même limitée si l’on en juge par ce qu’il nous dit sur la religion des Siamois, le ckodom ( !) qui auraient une religion fondée sur « le droit naturel » (sic), évoque le karma. …Il s’informe toutefois inlassablement, lit  le journal de voyage de Chine de l’évèque, interroge les missionnaires sur leur histoire au Siam depuis 10, 12 ans  ou de Cochinchine et du Tonkin depuis 25 ans…


Il est plus à son affaire à l’audience royale du 19  novembre 1685, et est flatté que le roi lui demande de choisir des présents qui pourraient plaire au pape. Il peut avoir le sentiment, en repartant le 22 décembre 1685 vers la France, après trois mois  de séjour siamois , d’avoir réussi sa mission en revenant en France avec un traité qui autorise la conversion chrétienne des sujets siamois et la protection des convertis, en apprenant que le roi  a promis des terres pour la construction d’églises. et en ayant jouer un rôle dans l’acceptation du Chevalier de Forbin de rester pour organiser l’armée siamoise et devenir « gouverneur »de Bangkok. Il signale que Chaumont peut faire signer un « Mémorial » pour le commerce (sans en donner le contenu), et que le père Tachard est prié de revenir avec douze mathématiciens.


Roi-narai-reoit-Tachard--taL’Abbé de Choisy n’aura pas été dupe des querelles et des rivalités qui s’expriment dans cette ambassade, entre les jésuites et les missionnaires, entre Forbin et Tachard, Tachard et Chaumont, entre Chaumont/Forbin et M. Constance, mais il préfére l’éloge, le compliment, trop « préoccupé » de lui-même.  Il sait qu’il n’y a pas si longtemps, il était Madame de Sancy, et il en a gardé ses talents de « coquette » qui étudie ses compliments, ses « effets », son intonation de voix et est tout heureux sur son éléphant ou sa chaise portée par des hommes. Mais il ne peut oublier, que depuis le 10 décembre 1685, il est désormais prêtre.

 


Le Comte de Forbin et l’Abbé de Choisy n’avaient pas vu le même Siam.


 

 

 

 

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