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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 04:01

Fou Nan titre « Notre » Histoire de la Thaïlande : Du Fou-nan au Tchen-la 

Il nous fallait revenir au Tchen-la qui avait absorbé le Fou-nan au milieu du VI ème, et savoir comment il était devenu l’empire Khmer, et avait assuré son expansion et dominé jusqu’au XIII ème siècle ce qui allait devenir le Siam.

Et ensuite comment les Môns de Thaïlande fondèrent la civilisation du Dvaravati (du VI ème  au XI ème siècle) et durent se fondre dans le Royaume de Lavo khmer, qui déclina au XIII ème siècle avec la révolte du gouverneur thai et l’indépendance déclarée du royaume de Sukhothai en 1239.

Et comment  au nord de l'actuelle Thaïlande, leur royaume d’Haripunchai, situé autour de l’actuelle ville de Lamphun dans la région de Chiang Mai, déclina et perdit son indépendance (1292) avec l’émergence du royaume thaï du Lan Na.

 

 

Du Fou-nan au Tchen-la


1/ Du bon usage de wikipédia.


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Il faut saluer et reconnaître que l’encyclopédie du net wikipédia nous donne bien souvent des informations utiles et un cadre à partir duquel la recherche peut s’effectuer.

Mais ici la fausse assurance des chronologies données du Fou-nan et du Chen-La ne peuvent qu’induire en erreur.

Ainsi avons-nous pour le Royaume du Fou-nan : 400-430 : Kaundinya II, 430-440 : Shreshtha Varman Ier, 440-478 : (Inconnu), 478-514 : Jaya Varman, 514-514 : Guna Varman, 514-550 : Rudra Varman Ier. Ses successeurs deviennent vassaux du Royaume du Chen-La.

Et pour le Royaume du Chen-La une liste de 15 rois : 550-555 : Shruta Varman, 555-560 : Shreshtha Varman II, 560-575 : Vira Varman, 575-580 : Kambuja-raja Lakshmi (reine),580-598 : Bhava Varman Ier, 598-610 : Mahendra Varman, 611-635 : Içanavarman Ier, 635-657 : Bhava Varman II, 657-681 : Jayavarman Ier ជ័យវរ្ម័នទ១, 681-713 : Jayadevî (reine), 716-730 : , Pushkaraksha,730-760 : Shambhu Varman, 760-780 : Rajendravarman Ier រាជិន្ទ្រាវរ្ម័ន១, 780-781 : Mahipati Varman,781-800 : (Inconnu). En 800, le Cambodge est occupé par les malais de Java.

Et on peut enchaîner sur le royaume d’Angkor, avec le 1 er roi Jayavarman II (802-834) comme si, il y avait eu une lignée continue.

 

Jayavarman 2


Et nous avons  en plus la découverte du Royaume du Ugong-Lay avec 13 rois de 350 à 650 ??? (D’où sort-il ? où était-il ? lien avec le Fou-nan ?).

Et si on veut une présentation simpliste :

« Au départ le peuple Chenla (peuple khmer) est inféodé au Fou-nan. Au VIe siècle il devient indépendant. Vers 650, le Chenla conquiert le Fou-nan. Au VIIIe siècle les villes du sud, plus développées, s'émancipent du pouvoir central, ce qui sépare le royaume en deux : le Chenla d'Eau au sud , et le Chenla de Terre au nord. Au VIIIe siècle, le sud tombe sous la domination du royaume javanais de Sailendra. En 802, Jayavarman IIfonde l'Empire khmer à l'emplacement du Chenla de Terre. Au Xe siècle l'expansion d'Angkor réunifie les deux territoires du Chenla. » 

 

Et c’est ainsi qu’on peut avoir le sentiment de comprendre,  de supposer des royaumes avec une Histoire évidente, une chronologie, des rois bien identifiés, des territoires bien connus, des données sur le système social, la culture matérielle, les liens qui unissaient les cités/états …

 


2/ Certes l’Histoire est un récit, mais tous les récits ne se valent pas.


Malheureusement, si on lit des vrais spécialistes comme G. Coedès* et  Claude Jacques** par exemple, les difficultés de compréhension commencent, la réalité diffère, l’Histoire est mise en question, s’élaborant difficilement au fur et à mesure de la confrontation des annales chinoises avec les découvertes archéologiques de nouvelles stèles.


Claude Jacques relativise même l’intérêt des sources chinoises en  avouant qu’il a du mal à reconnaître même les deux noms « et non des moindres puisqu'il s'agit précisément de Fou-nan et de Tchen-la. » Pire : Ce dernier nom n'a pu recevoir jusqu'à présent d'explication locale ».

Il déclare aussi que le Fou-nan  n’est qu’une « représentation ». On « convient » d’ un empire maritime qui regroupait un certain nombre de ce qu'on pourrait appeler des « cités-Etats », formées de ports ». Mais : « On ignore toutefois quel type de liens pouvaient unir ces « cités-Etats » et si ces liens existèrent pendant de longues périodes ».

Pour donner un autre exemple sur le Fou-nan. On citera ici Coedès qui nous dit que Rudravarman est le dernier roi connu du Fou-nan qui régna au moins jusqu'en 539, mais on mentionne encore, dit-il,  dans les annales chinoises deux ambassades du Fou-nan dans les périodes 618-626 et 627-649 ! (quelle précision !)


bavavarman


Bref, on est encore dans la reconstitution,  l’élaboration d’un récit en train de se construire, en essayant de combler des trous, de distinguer dans les généalogies découvertes ce qui est de l’ordre de la légitimation du pouvoir à postériori et/ou de la légende.

Nous apprécions la posture d’un Claude Jacques qui nous donne les éléments sur lesquels il fonde l'histoire des rois du pays khmer au VIe siècle (J'ai exposé les divers éléments dont nous disposons pour retrouver l'histoire des rois du pays khmer au VIe siècle), même si la lecture est assez hermétique pour un lecteur moyen. Mais on peut comprendre par exemple :

 

Toutefois nous ne savons toujours pas où régnait le Sârvabhauma, ce« Souverain universel » qui était l'aïeul des rois dont on vient de citer les noms. Il est vrai que les Khmers de l'époque angkorienne semblent avoir fait commencer les lignées de ce qu'on a considéré, longtemps après, comme le « Tchen-la » par les rois Srutavarman et Srestharvarman : ces rois, présentés alors comme l'origine de tous les rois khmers mais à la vérité totalement isolés dans un passé lointain, nous apparaissent aussi comme des figures de légende.

  

On encore G. Coedès : Par le nom encore inexpliqué de Tchen-la, les Chinois ont de tout temps désigné le pays khmèr, le Cambodge. Ses premiers rois connus, probablement vassaux du Fou-nan, sont Çrutavarman et Çresthavarman (Ve siècle ?).

(Remarquons le « probablement » et le point d’interrogation du « Ve siècle ? »)

 

3/ Le Tchen-la selon Coedès


Coedès reconstitue les origines, les événements qui amenèrent la fondation du Tchen-la, parce que, dit-il, il est intéressant de connaître les influences qui ont favorisé la formation de la civilisation khmère. Celle-ci va en effet dominer pendant plusieurs siècles le sud et le centre de la péninsule, et lors de son déclin elle transmettra aux jeunes États qui succéderont à l'empire khmèr la plupart de ses éléments constituants.

Héritiers du Fou-nan pour une bonne partie de la civilisation matérielle (Cf. note***) notamment en matière d'hydraulique agricole, aussi bien que spirituelle pour tout ce qui concerne l'art, les religions et la conception de la royauté universelle, redevables au Champa de certaines formules architecturales, authentiques représentants de la civilisation indienne, les Kambujas garderont de leurs origines géographiques le souci de localiser le centre de leur pouvoir politique sur la rive nord du Grand Lac, régulateur de l'irrigation et inépuisable vivier.


Mais sa présentation est courte et comporte peu de noms (Cf. op. cité.) Il évoque la fondation de leur Cité Çresthapura, sur le site de Basak (Champasak) (qui pourrait avoir été consécutive à la conquête du pays sur les Chams , ce qui confirmerait la tradition orale ayant encore cours chez les Cambodgiens, et d'après laquelle le royaume khmèr se serait constitué aux dépens des Chams installés à Champasak), ses premiers rois connus ( Çrutavarman et Çresthavarman (Ve siècle ?) … et surtout Bhavavarman (dont la seule date connue est, dit-il, 598) qui , avec son frère Citrasena, « agrandi(ren)t vers le nord, sans doute aux dépens du Champa, son territoire le long du Mékong jusqu'à l'embouchure de la rivière Mun, et dans le sud du plateau de Kôrat, où ils ont laissé des inscriptions commémorant leurs conquêtes », et qui « seraient »  responsables de la fin du bouddhisme, autrefois rayonnant au Fou- nan, au profit du çivaïsme.


Citrasena  succéda à son frère (à une date imprécisée) sous le nom de Mahendravarman ; il régna jusque vers 615 et pratiqua à l'égard du Champa une politique d'amitié en y envoyant une ambassade … Mahendravarman eut pour successeur son fils Içanavarman,qui paracheva la conquête du Fou-nan. (Sa capitale Içanapura est représentée par le site archéologique de Sambor Prei Kuk, au nord de Kompong Thom.).


Sambor Prei Kuk C01 B


Içanavarmaa eut pour successeur, d'abord Bhavavarman II qui régnait en 639, mais dont on sait fort peu de chose, puis Jayavarman I qui eut un long règne (env. 657-68I), apparemment pacifique, et dont l'autorité s'étendait de la côte du golfe de Siam à la région de Basak sur le moyen Mékong.


Des conquêtes de Bhavavarman I à la fin du règne de Jayavarman Ier, on assiste à l'affermissement progressif du pouvoir des rois khmèrs sur les territoires de l'ancien Fou-nan.

Mais là encore précise Claude Jacques : En réalité, pour imaginer l'ancien pays khmer, et si l'on veut Au lieu de se représenter un « Fou-nan » et un « Tchen-la », empires puissants solidement unifiés, il vaut mieux voir l'ancien pays khmer largement morcelé en royaumes ou principautés la plupart du temps sans doute de faible étendue, et vraisemblablement en luttes fréquentes les uns contre les autres.


L'absence probable d'héritier mâle à la mort de Jayavarman Ier fut sans doute une des causes de la dislocation du Cambodge au début du VII° siècle et de son retour à l'état anarchique antérieur à l'unification du Fou-nan.  (Mais Claude Jacques nous dit  que « Nous ne possédons aucun renseignement sur la manière dont la partition du royaume de Jayavarman Ier a pu s'opérer après sa mort).

Une inscription de 7I3 montre qu'à cette date le pays, ou tout au moins la région où devait au siècle suivant s'élever la capitale représentée par les ruines d'Angkor, était gouvernée par une femme, la reine Jayadevï, qui dans une inscription se plaint du " malheur des temps ". (Elle meurt à une date inconnue qui marque le début de l'éclatement du royaume du Jenla (ou Zhen-La ou Chen-la). (wikipédia)


A partir de 7I7, et pendant toute la durée du VIII° siècle, les historiens chinois parlent du " Tchen-la de terre " situé sur le moyen Mékong au nord de la chaîne des Dangrêk, et du " Tchen-la d'eau " correspondant à peu près au Cambodge actuel et au delta du Mékong. Ce dernier était lui-même morcelé en plusieurs royaumes ou principautés : la plus importante était celle de Çambhupura (Sambor sur le Mékong), fondée en 716 par Puskaraiksa dont la prise de pouvoir marque peut-être le début de la dislocation du Cambodge.


L’art pré-angkorien.


art pré angkorien


On peut penser que ce sont les historiens de l’art qui sont encore le mieux à même de donner des informations essentielles sur cette période préangkorienne du VI ème au VIII ème siècle tant ils disposent  de nombreux vestiges archéologiques, édifices, et sculptures, mais là encore Coedès reconnait : Quant à la civilisation matérielle... on n'en sait pas grand chose.

Ils ont divisé l’'art préangkorien en trois époques successives auxquelles on a donné les noms des sites archéologiques les plus caractéristiques. I- Art du Phnom Da (fin du VIe-début du VII° siècle) 2- Art de Sambor Prei Kuk (première moitié du VII° siècle) et 3- Art de Prei Kmeng et de Kompong Prah (seconde moitié du VII° siècle et VIII°' siècle), qui permet par exemple de lire des  inscriptions gravées rédigées soit en sanskrit, soit en khmèr archaïque, qui nous donnent des informations sur l'histoire et les institutions du pays, et surtout sur  la vie religieuse.

Les principales sectes hindouistes, notamment la secte çivaïte des Paçupata et la secte vichnouite des Pancaratra coexistaient comme dans l'Inde propre. L'épigraphie et l'iconographie s'accordent pour marquer l'importance à cette époque du culte syncrétique de Harihara. Le culte de Çiva, surtout sous la forme du linga, jouit de la faveur royale. Quant au bouddhisme qui, en dehors de quelques rares images, n'est attesté que par une seule inscription mentionnant deux moines (bhiksu ) , il semble être en régression si l'on se rappelle la faveur dont il jouissait au Fou-nan aux siècles précédents. La culture littéraire que manifestent les auteurs d'inscriptions en mètres sanskrits, avait pour base les grandes épopées indiennes, Ramayana et Mahabharata, ainsi que les Puràna qui fournissaient aux poètes officiels leur riche matière mythologique. (Coedès op. cité)

 

4/ L’Empire du Tchen-la (550-681) selon http://angkor.wat.online.fr/tchen-la.htm


Maintenant, on peut aussi aimer d’autres récits et ce site vous propose une bonne version de cet empire particulier, qui n’avait peut-être pas des dates de formation précises, surtout qu’il reconnait nous ne connaissons pas encore les cités du Tchen-la. Par contre, on peut apprendre que :

  • Le TCHEN-LA  existait certainement dès la fin du VIe siècle.
  • Il était peuplé en majorité de Khmers.
  • Vers le milieu du VIe siècle le roi Bhavavarman, issu de la dynastie régnante du Fou-nan et peut-être même petit-fils de Rudravarman, épousa une princesse du Tchen-Ia et unifia le pays. et  entreprit de conquérir le Fou-nan.
  • Son frère Chitrasena, acheva à peu près la conquête du Fou-nan, et multiplia dans ses domaines les fondations sivaïtes.
  • Son fils, enfin, Isanavarman connut un règne glorieux depuis au moins 616- et même peut-être 611 - jusqu'en 635. Il fonda une nouvelle capitale : Isanapura, l'actuelle Sambor PreiKuk (Kompong Thom) où nous allons voir apparaître l'art du Tchen-la, qui est en même temps le premier style de l'art khmer proprement dit et que l'on a dénommé fort justement le style de Sambor.
  • La culture du Tchen-la est aussi dérivée de l'Inde mais plus encore peut-être de la civilisation du Fou-nan.
  • Il avait, comme le Fou-nan, une société centralisée sous un pouvoir unique.

Mais il distinguera aussi la différence entre le Fou-nan et le Tchen-la.

  • Le Fou-nan est un peuple encore essentiellement «indonésien» installé au bord de la mer et vivant avant tout de celle-ci. Ouvert, cosmopolite, il accueillait toutes les influences et les redistribuait largement au point de devenir le foyer commun de culture de la mer de Chine méridionale.
  • Alors que le Tchen-la est une nation proprement khmère, enfermée dans les terres hautes du bassin du Mékong et ignorant tout de la mer. Les hommes du Tchen-la sont des  cultivateurs, mais aussi volontiers guerriers, et prompts à la conquête et au pillage. Il est très vraisemblable de croire que les Khmers descendirent dans la plaine fascinés par les richesses du Fou-nan, et ce fut un des premiers exemples historiques de cette «poussée vers le Sud» qui commanda toute l'évolution de l'Indochine. Pourtant le Tchen-la n'occupera pas l'aire du Fou-nan.
  • Une différence totale des modes d'exploitation du sol

 

       Le Founanais avait à drainer un delta spongieux et devait bien davantage se préoccuper de l'excès d'eau que de son absence. D'ailleurs il semble avoir cultivé essentiellement le riz flottant. Et le commerce a toujours été certainement pour lui une source de revenus sans doute aussi importante que l'agriculture.

 

      Le Khmer, quant à lui, mettait en valeur des terres hautes, suffisamment assainies par leur propre pente. Par contre il devait emmagasiner de l'eau pour, durant la saison sèche, arroser ses rizières où il cultivait du riz de montagne. Ces contrastes ne pouvaient laisser de marquer des sociétés si étroitement subordonnées à leurs modes de vie. (Cette technique de «l'eau captée», qui répond intelligemment au climat comme au terrain, fut élaborée au Tchen-la et plus tard transportée par les Khmers dans les plaines du Cambodge … elle fut à l'origine de la puissance angkorienne).


eau captée


Le site propose également une bonne analyse de l’art préangkorien, en estimant que l’art khmer commence dans la capitale du Tchen-la à Sambor, particulièrement dans le domaine de la statuaire dont on peut remarquer au temps du style Prei Kmeng (7 ème siècle), le sivaïsme s'imposer comme religion royale (avec le culte de Hari-Hara et de Vishnu) et un développement notable des divinités hindouistes, ainsi que sur le plan religieux le brusque succès des images du bouddhisme du Grand Véhicule qui semble avoir, à cette époque, connu la faveur des populations indochinoises  (Ces chevauchements, dit-il,  sont normaux pour une période où l'unité politique n'était pas assurée en permanence. La fragmentation du pays explique sans doute la naissance d'écoles différentes, ou au contraire le maintien local de traditions antérieures) Il offre également le premier grand ensemble architectural du Cambodge, avec une conception spécifique de l’architecture religieuse, imitée de l’Inde. **** (Cf. en note quelques éléments)


Toutefois avec Jayavarman 1er et le style dit du Prasat andet, le sivaïsme prit encore davantage d'importance, et en particulier le culte du linga devint prépondérant. Par ailleurs la faveur du bouddhisme du Grand Véhicule semble avoir vécu; du moins les statues se raréfient-elles. Ensuite, le style dit de Kompong Preah s’appauvrit. « La première floraison de l’art khmer est épuisé. »


Après sa mort, le Tchen-la entre dans une période obscure qui s'étendra sur tout le VIIIe siècle et durant laquelle l'anarchie politique semble l'avoir démantelé. Il se divisa, nous l’avons dit, en Tchen-la de Terre et Tchen-la d'Eau, reprenant peut-être la division initiale Tchen-la / Fou-nan … pour arriver en 802, au premier roi, Jayavarman II (802-850),  fondateur de la première dynastie du royaume d’Angkor.


On peut alors deviner que pendant cette période trouble, beaucoup de Môns du Fou-nan émigrent et viennent renforcer des villages et certaines cités-états môns, qui s'étendaient dans la baie de Bangkok et la plaine centrale.


Ces cités-Etats Môns de Dvaravati vont donc se trouver confrontés à d’autres peuples, d’autres royaumes, les Birmans (le Sri Ksetra et Pagan), les Khmers ( le Tchen-la et le royaume de Lavo) et les Thais au 13 ème siècle.


Une autre période de l’ Histoire commençait, un nouveau équilibre géopolitique. Et pour nous, le désir d’en savoir un peu plus sur ces nouveaux royaumes émergents, en commençant par le Dvaravati.  

 

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*Le Royaume du CHEN-LA, in "Les peuples de la péninsule indochinoise" de G.COEDES (3° partie, chapitre 2)

livre coedés

**Claude Jacques, Directeur d’études à l’EPHE (IVe section), Conseiller spécial pour Angkor auprès du directeur général de l’Unesco, Le pays khmer avant Angkor, in Journal des savants, 1986, n° 1-3, pp.  59-95 

 

journal des savants


*** Pour la connaissance de la civilisation matérielle du pays durant le VII° siècle, on dispose d'un texte chinois qui se rapporte au règne d'Içanavarman. Il relate que le roi réside dans la ville de Y-chö-na (Içana [pura]) " qui comporte plus de vingt mille familles. Au milieu de la ville est une grande salle où le roi donne audience et tient sa cour. Le royaume renferme encore trente villes, peuplées chacune de plusieurs milliers de familles, et toutes régies par un gouverneur ; les titres des fonctionnaires de l'État sont les mêmes qu'au Lin-yi ". Le texte décrit ensuite la salle d'audience et le trône, puis le costume du roi et des grands dignitaires, ainsi que le protocole des audiences, "Ceux qui paraissent devant le roi touchent trois fois la terre de leur front, au bas des marches du trône. Si le roi les appelle et leur ordonne de monter les degrés, alors ils s'agenouillent en tenant leurs mains croisées sur leurs épaules. ils vont ensuite s'asseoir en cercle autour du roi, pour délibérer sur les affaires du royaume. Quand la séance est finie, ils s'agenouillent de nouveau, se prosternent et se retirent ". La règle de succession est définie avec netteté : " Les fils de la reine, femme légitime du roi, sont seuls aptes à hériter du trône. " Le texte ajoute que le jour de la proclamation du nouveau roi, on mutile ses frères, ce qui constitue d'ailleurs un témoignage isolé. Sur les moeurs des habitants, certains détails restent encore vrais après treize siècles : "Ils regardent la main droite comme pure et la main gauche comme impure. Ils font des ablutions chaque matin, se nettoient les dents avec de petits morceaux de bois et ne manquent pas de lire ou de réciter leurs prières. Ils renouvellent leurs ablutions avant de prendre leurs repas, font jouer leurs cure-dents en bois aussitôt après et récitent encore des prières... Les funérailles se font de cette manière : les enfants du défunt passent sept jours sans manger, se rasent la tête en signe de deuil et poussent de grands cris... Le corps est brûlé sur un bûcher formé de toute espèce de bois aromatique; les cendres sont recueillies dans une urne d'or ou d'argent qu'on jette dans les eaux profondes. Les pauvres font usage d'une urne de terre cuite, peinte de différentes couleurs. Il en est aussi qui se contentent de déposer le corps au milieu des montagnes, en laissant aux bêtes sauvages le soin de le dévorer ". Il est superflu de souligner l'origine indienne de toutes ces coutumes.(cité par Coedès, op. cité) 

 

****Le Khmer concevait un sanctuaire comme la résidence du dieu, qui habitait là très matériellement sous la forme d'une idole […)  Le sanctuaire n'est pas davantage un lieu de réunion pour les fidèles appelés à prier; ils n'y sont d'ailleurs pas admis et seuls les brahmanes initiés peuvent y pénétrer pour célébrer l'office. Cela explique l'exiguïté relative des temples khmers, composés à l'origine d'une série de petites constructions séparées:

 une tour-sanctuaire abritant tout juste la représentation du dieu principal; un ou plusieurs sanctuaires annexes pour ses suivants, ses épouses, sa monture; enfin, mais le plus souvent en bois, donc disparus, des trésors pour les objets du culte et les textes sacrés […] Le tout était protégé par une enceinte munie de portes d'accès reproduisant souvent en réduction le sanctuaire principal, et contenant la monture du dieu ou des divinités protectrices […]  Alentour, enfin, s'élevaient les logements des prêtres, des musiciens et des danseuses sacrées, des serviteurs et des esclaves. Tout cela, construit en bois, a disparu et n'est plus signalé que par une seconde enceinte. De même, des palais aux humbles maisons tout a sombré de la cité, que seule signale une immense douve-réservoir[…]  Les temples exprimaient par leur disposition, leur décor et leur mobilier les croyances attachées aux dieux qu'ils abritaient. Les maîtres de l'Olympe brahmanique étant censés résider au centre du monde sur le mont sacré Meru, et commander l'espace comme le temps, le plan de leur habitation terrestre est rigoureusement centré et orienté selon les quatre points cardinaux […]  La façade comme la porte principale regardent l'Est, le soleil levant source de la vie. Le sanctuaire, en théorie au milieu de l'enceinte symbolisant les limites de l'univers, est lui-même l'image du mont Meru où le dieu, par son idole, trône. Souvent même il imite la montagne sacrée par sa forme ascendante et sa silhouette de pic. De préférence le temple sera élevé au milieu de la capitale, près du palais royal, concrétisant plus efficacement encore le cœur de l'univers où règnent le dieu et son mandant sur terre : le roi. […] Enfin, sur les murs du sanctuaire des scènes figuré~es racontent la vie et les exploits de la divinité, ou encore montrent des adorateurs, des offrandes de fleurs qui, éternisés par la pierre, encensent à perpétuité le dispensateur de toute prospérité.

Ce dispositif, relativement simple, était néanmoins considéré comme suffisant puisque fondamental. On le conservera pratiquement sans changement, si ce n'est de taille, des siècles durant: il (était sanctionné par des textes intangibles, trop chargé de puissance magique pour être délibérément modifié. http://angkor.wat.online.fr/tchen-la.htm 


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