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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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Pourquoi ce blog ?

  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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Merci d’être venu consulter ce blog. Si vous avez besoin de renseignements ou des informations à nous communiquer vous pouvez nous joindre sur alainbenardenthailande@gmail.com

9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 04:15

6. Les relations franco-thaïes :

 Les deux ambassades envoyées par Louis XIV à la Cour de Siam en 1685 et 1687, vues par le Comte de Forbin.   

 


NaraiAudience-de-chaumontJ’avais entendu parler de ces deux Ambassades mais n’avais jamais rien lu à leur sujet
.

Il suffisait de quelques clics sur internet (et surtout wikipédia) pour apprendre que la première ambassade de 1685 avec le chevalier de Chaumont comme ambassadeur, l’abbé de Choisy comme coadjuteur et le Comte de Forbin comme major avait une mission économique et sociale et devait convertir le roi Naraï, obtenir des garanties pour les missionnaires et les jésuites et des avantages commerciaux pour la Compagnie française des Indes orientales. Le Père Tachard, missionnaire jésuite, accompagnait cette expédition. En 1687, une nouvelle ambassade au Siam était envoyée avec deux Envoyés Extraordinaires, Simon de la Loubère et Céberet du Boullay, et 630 militaires à bord de six navires de guerre.


On apprenait que ces deux ambassades avaient fait l’objet de nombreux « Mémoires » par les acteurs eux-mêmes avec  des  styles et des points de vue très différents.


La Relation de l'ambassade de M. le Chevalier de Chaumont est en fait le rapport officiel. L’abbé de Choisy nous donne ses impressions dans son « journal de Voyage » de Siam fait en 1686 et 1687.  Les Mémoires du Comte de Forbin  nous dévoilent les dessous de la politique de M. Constance, 1er ministre du roi de Siam et comment il a su éviter des tentatives d’assassinat et peut-être sauver le royaume de Siam. Le Père Tachard nous raconte ses espoirs et tous ses efforts pour convertir les Siamois. 
Et Le Royaume de Siam de la Loubère, envoyé extraordinaire du Roi auprès du Roi de Siam en 1687 et 1688,  est l’étude la plus sérieuse sur le Siam de cette époque. Il avoue lui-même avoir tout lu avant d’avoir entrepris son voyage. Et d’autres encore  …


J’entrai là dans un  réseau où la diplomatie, la politique, la religion, la science, le commerce, l’aventure ... se mêlaient pour offrir  tout un programme de lecture à venir intéressant.


En fait, j’apprenais aussi que la 1ère ambassade envoyée par Louis XIV répondait à une ambassade envoyée par le Roi du Siam Naraï, le 21 décembre 1680, mais qu’elle avait fait naufrage fin 1681 ou début 1682 au large de Madagascar, que quatre ans plus tard, sans nouvelle de ses envoyés, le roi avait envoyé une nouvelle délégation avec Khun Pichaï Walit et Khun Pichit Maïtri et deux missionnaires M. Pascot,


Talanque-residences-des-amb

 

et Benigne Vachet, avec une triple mission :

 « s'informer des Siamois partis en 1680 ; prier Messieurs les ministres de congratuler Sa Majesté, de la part du roi de Siam, sur la naissance de M. le duc de Bourgogne ; engager les mêmes ministres à s'appliquer de découvrir les voies les plus courtes et les plus solides pour lier une ferme amitié et correspondance entre les deux Couronnes ». (et également « faire travailler à quelques ouvrages de curiosité que le roi de Siam souhaite du royaume de France ») » Site Mémoires du Siam

 

 

Il fallait commencer, mais par où ?

Notre ami Bernard nous conseillait de commencer notre voyage par les « Mémoires » du Comte de Forbin :

 

ambassade-lopburi 


 La relation de voyage du Comte de Forbin publiée dans ses « Mémoires » nous apprend fort peu de choses sur le Siam, sur les objectifs de l' Ambassade mais beaucoup sur sa clairvoyance politique et sur son courage.

 

Dès le début du livre, il tient à se démarquer de l’abbé de Choisy et du père Tachard « qui ont fait le même voyage, et qui ont vu les mêmes choses que moi, semblent s’être accordés pour donner au public, sur le royaume de Siam, des idées si brillantes et si peu conformes à la vérité ».

 

Il confirme plus loin que même Céberet du Boulay de la deuxième  ambassade : « était si frappé de les avoir vu si pauvres, de la misère du royaume, qu’il ne comprenait pas comment, on avait eu la hardiesse d’en faire des relations  si magnifiques ».

 

Dès ma première lecture, j’entrai dans la controverse, la multiplicité des points de vue, la fiabilité des témoignages

 

Mais Forbin avait l’honnêteté de le signaler. Il relate par exemple une conversation avec le père de Lachaise (jésuite, confesseur du roi Louis XIV pendant 34 ans) à Paris, où celui-ci conclut : « Vous n’êtes pas d’accord avec le père Tachard ».

 

Mais sa pensée sur le Siam est sans appel et lui vaut une réplique savoureuse de Louis XIV lui-même, qui l’interrogeait sur la richesse du Pays :

 

arrivee ambassade-france

 

« Sire, lui répondis-je, le royaume ne produit rien et ne consomme rien  »

« C’est beaucoup dire en peu de mots », répliqua le roi.

Et quant aux chances de convertir le roi Naraï, « Sire, ce prince n'y a jamais pensé, et aucun mortel ne serait assez hardi pour lui en faire la proposition ».

 

Mais revenons à son récit, où après avoir raconté l’importance du cérémonial et de la cérémonie pour les Siamois pour recevoir la lettre de Louis XIV, les fêtes pour les « éblouir », il s’attachera à expliquer le projet politique de M. Constance (ou Constantin Phaulcon) , faisant fonction de 1er ministre du roi Naraï. Il racontera aussi son extraordinaire ascension ou comment un grec, arrive à se mettre au service du barcalon (1er ministre), à prendre sa place , à éliminer tous ses rivaux potentiels et à devenir le « confident » du roi et à prendre en main tout le commerce du Siam.

 

Forbin voit bien et nous dit bien la nécessité pour M .Constance de trouver des nouveaux alliés pour faire face à tous ses ennemis. Les Anglais et les Hollandais ne pouvant pas  être intéressés à ce commerce si peu « considérable », précise-t-il, qu’il manoeuvra pour obtenir l’appui des Français, surtout en insinuant que le roi Naraï « songeait à se faire chrétien », d’où l’Ambassade envoyée à Louis XIV, montrant les possibilités commerciales et la promesse de la conversion prochaine  du roi et de ses sujets.

Pour l’heure, Forbin est conscient qu’il devient une menace pour le projet de M. Constance et qu’il n est pas dupe que l’offre de le faire « grand amiral, général des armées du roi et gouverneur de Bancok (sic)" n’a pour but que de le retenir au Siam.  Malgré son refus, il reçoit l’ordre de Chaumont de rester.


Son récit devient alors un long réquisitoire contre les manoeuvres de M. Constance, mais surtout des anecdotes savoureuses où il  décrit comment il sut déjouer, avec  un courage exceptionnel  (où l’on peut deviner le corsaire qu’il deviendra plus tard avec le fameux Jean Bard),  trois tentatives d’assassinats. Chacune mériterait un résumé, tant elles  sont dans la lignée des récits des « grands aventuriers ».

 

Quoi qu’il en soit, certains pensent même, à tort selon moi,  qu’il sauva le royaume de Siam, lors de la conjuration des Macassars (population musulmane venue de l'archipel des Célèbes).

Un prince avec 300 de ses hommes avaient fui les Hollandais et « s’étaient réfugiés dans un camp octroyé par Naraï », nous dit Forbin. Il avaient ensuite prévu de s’associer avec trois petits Etats voisins  musulmans, Camboye, Malaga et Chiampa, pour s’emparer du royaume et tuer les chrétiens.


Constantin Phaulkon

 

M. Constance avait ordonné à Forbin d’arrêter et de faire prisonnier un navire de commerce de Macassar composé de 53 hommes d’équipage, alors qu’il leur avait donné leur passeport de sortie. Ce double jeu avait abouti à un  combat où Forbin reconnaissait dans la journée la perte de 370 de ses hommes pour seulement 17 Macassars et une poursuite de deux semaines, semée de tueries civiles, pour venir à bout des survivants. Une fois de plus,  Forbin était sorti en vainqueur de ce piège.

Peu de temps après, M. Constance avec 20 000 hommes, attaqua le camp des Macassars, et sut après  une première charge malheureuse avec une perte de plus de 1000 siamois, venir à bout, deux mois plus tard, de l‘insurrection mulsumane. 


De retour en France, fin juillet 1688, « environ trois et demi après en être parti avec M. de Chaumont », il va apprendre le coup d’Etat de Pitracha de 1688. Et le refus du général français Desfarges d’aider M. Constance et d’intervenir. Forbin exprimera son désaccord et sa conviction qu’il aurait pu sur place avec cinquante hommes de sa garnison « dissiper toutes cette populace qui m’aurait abandonné son chef sans oser entreprendre la moindre chose ».

 

Les conséquences  seront terribles : outre l’assassinat de M. Constance, la répression sanglante des missionnaires et la fin des relations franco-thaïes pendant 150 ans.

 

 

Un dernier trait qui montre bien la grandeur d’âme du Comte. Apprenant la mort odieuse de M. Constance, il eut ses mots :

« Malgré tout le mal qu’il m’a fait, j’avouerai de bonne foi que je n’ai pas de peine à croire ce qu’on en a dit. M. Constance avait l’âme grande, noble, élevée ; il avait un génie supérieur, et capable des plus grands projets. »  

 

 

Finalement, j’avais plus appris dans ces « Mémoires »  sur le Comte de Forbin  que sur le Royaume de Siam. Mais s’il avait été choqué par la misère du Royaume de Siam, il avait su apprécier la vie austère des talapoins (les moines) et la gentillesse des Siamois.

 

Il me restait à entreprendre la lecture des autres témoignages pour confirmer, infirmer, développer ce que j’avais appris  sur les premières relations officielles franco-thaïes.

 

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