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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 04:09

3022145816 1 5 3OeUhGZgLa campagne de 1591-1593 ( ?) contre les Birmans.  

A la mort du roi Thammaracha en 1590, son fils Naresuan monte sur le trône du royaume d’Ayutthaya. Il est depuis 1584, le héros de l’indépendance.


Les « Chroniques royales »  déclarent que dès la fin de  son intronisation et des cérémonies pour la crémation de son père, le roi tint conseil avec  ses ministres et conseillers  pour rappeler les méfaits des royaumes de Lawaek et de Chiang Mai. (Il se souvient  peut-être des guerres de 1570, de 1578, et surtout celle de 1585, où il triomphera à la fois contre l’alliance d’Hongsawadi et de Chiang Mai au Nord et du Cambodge au Sud (Cf. in  63, «  La guerre de 1585 et la victoire de Pa Mok ») ) et décida :

 

  "maintenant que c’est notre royaume »- de lever une armée de deux millions d’hommes(sic) pour baigner sous un flot de sang le royaume de Lawaek."


Mais l’arrivée des Birmans aux frontières va retarder la guerre promise aux Khmers.

  1. 1. La campagne de 1591-1592 ( ?) contre les Birmans. (pp.  123-133) 

Les « Chroniques royales »

 

chroniques

 

vont donc consacrées 10 pages à cette nouvelle guerre, avec :

  • Arrivée des Birmans, mauvais présage. Naresuan  s’organise, bonne prophétie. (4p. env.) 
  • Les armées en ordre de bataille, hiérarchie et esthétisme. (3p.)
  • Le duel à dos d’éléphant entre Naresuan et le vice-roi birman, qui termine la guerre. (2p.1/2)

Pendant que le roi Naresuan déclarait son intention de prendre sa revanche sur les Khmers, les Chroniques nous disent que « pendant ce temps », le roi d’Hongsawadi, ayant appris la mort du roi Thammaracha, envoie son fils le vice-roi et le roi Maharat de Chiang Mai s’informer aux frontières de la situation et d’agir en conséquence. C’est ce qu’ils font en entrant dans le muang d’Ayutthaya par la passe des trois pagodes, après avoir traversé la rivière à Martaban.

 

Martaban

Naresuan, prévenu de leur arrivée à Kanchanaburi, ordonne au gouverneur de Ratburi de brûler et de détruire les ponts.


Une nouvelle guerre contre les Birmans et leurs alliés était engagée.

Ensuite deux pages suivent où on peut entendre le 1er ministre de Naresuan rappeler la défaite récente des Birmans et leur impossibilité de reconstruire une armée digne de ce nom en 7 mois, où astrologues et rêve du roi assurent Naresuan de la victoire, où 33 cités de 3ème et 4ème classe sont mobilisées, et où est décrite la belle procession des troupes partant en guerre, pour arriver sur leurs beaux éléphants sacrés  au village de Lakeao ( ?) au marais de Sarai.

Ainsi dès le début de son règne, le roi Naresuan et son frère, les « deux rois », sont en guerre contre ses deux puissants voisins, les Birmans et les Khmers.


Hiérarchie et esthétisme des armées. 


Les Chroniques n’oublient jamais de décrire les armées partant en guerre, insistant sur la hiérarchie et l’esthétisme des troupes.

Nous avons droit en premier, aux mouvements  des troupes des Birmans, après la décision du vice-roi d’attaquer, s’estimant deux fois plus nombreux que l’armée siamoise. Une description suit insistant sur la magnificence du roi, avec sa belle cuirasse d’or, superbement décorée, ses chaines d’émeraude, sa couronne au style des Môns (précise-t-on), ses beaux bijoux, ses armes, avançant sur son bel éléphant huilé, protégé par l’ombrelle blanche ; on insiste sur le bel ordonnancement de ses gardes, de ses régiments disposés selon leur rang, leurs arme. Le gouverneur de Maluan en garde centrale, avec son demi-frère Mangcacharo  en avant-garde, que l’on présente avec son éléphant, ses soldats, et ensuite l’arrière garde avec le roi de Chiang Mai,

 

roi de chiang ;ai

 

son neveu ... l’ensemble dit-on, organisé en 7 colonnes, 7 brigades, chaque colonne comprenant 49 brigades en marche, aux bruits impressionnants : un tableau féérique !  où ordre hiérarchique, titres et noms, rang, fonctions, nombres, couleurs, beauté, sons, mouvements « se répondent » aurait pu dire Baudelaire. (4 §)


Les deux  pages suivantes sont consacrées à l’armée de Naresuan.

L’occasion d’apprendre que demain aura lieu la bataille, avec les armées des Phraya Si Sainarong et Ratcha Ritthanon disposées face à l’ennemi et la principale armée inspectée selon le décret royal.

Au petit matin, aux premiers rayons du soleil,  on nous présente cette principale armée face aux deux rois surplombant et vérifiant le dispositif des 5 formations.

Une longue liste d’une trentaine de noms va suivre.


Chacun étant présenté avec son rang, son titre, sa fonction, sa place dans le dispositif armé, le nombre d’hommes sous ses ordres, son type d’armes, son vêtement et ornements  correspondant, le nom des éléphants (avec même leurs mensurations) et de certains  cornacs , et de nommer Phraya Si Decho à l’avant garde (qui jouera un grand rôle ultérieurement), Phraya PhichaiRannarüt au côté droit, Phraya PhichitRanarong au côté gauche et Phraya Thep, Phraya Ram Kamhaeng … et les Khun, Phra, Luang, Mün et bien sûr le patriarche des moines, les brahmanes, le chef des astrologues, prêts à accomplir les rites pour assurer la victoire et décider du moment favorable.


Cette longue énumération indique une armée d’expérience, bien organisée, où chacun est à sa place, selon son rang hiérarchique. On notera la présence de 500 volontaires Chams et de 500 volontaires japonais ! (c’est la première fois que les Japonais sont cités et toujours pas de présence portugaise signalée !)


Organisation hiérarchique, esthétisme, mais aussi intervention du religieux, du sacré !


Nous avions déjà cité Sunait Chutintanarond, un historien thaï éminent, qui dans  son livre Cakravartin: the ideolog yof traditional warfare in Siam and Burma, 1548-1605, indiquait que les guerres des monarques birmans et des rois d’Ayutthaya étaient surtout menés pour des motifs religieux, les cosmologies indiennes,  l’idéologie cakravartin, leur imaginaire Jambudipa, l’idéal politique bouddhiste, leur mandala » (cité par Pamaree Surakiat*, Cf. Article 60) 

Mais ici, les Chroniques n’avancent pas explicitement des motifs religieux, mais rien ne se fait, comme nous venons de le voir, sans l’intervention des « prêtres », brahmanes, astrologues, sans les rites qu’il faut accomplir, les présages et les rêves qu’il faut interpréter.


Ainsi, apprenons-nous,  que l’Uparat, le fils du roi d’Hongsawadi ne veut pas partir en campagne, car les astrologues, lui ont prédit une année néfaste. Il partira néanmoins dans la crainte de représailles de son père. Arrivé à Kanchanaburi, il sera effrayé par un vent tourbillonnant de poussière et cassant sa grande royale ombrelle blanche. Mais les astrologues le rassureront  en précisant que ce vent ayant surgit l’après-midi, annonçait sa future victoire sur le roi d’Ayutthaya. L’effet aurait été inverse si celui-ci avait eu lieu le matin ?


De même, le roi Naresuan fera un rêve que le Phra Horathibodi interprétera comme le signe de sa victoire. (un § de 13 lignes). Au paragraphe suivant, le roi atteignant son avant-garde au marais de Sarai, voit comme un signe favorable de Garuda, un arbre « pradu » situé sur le sommet d’une termitière et ordonne de construire les palissades selon le « lotus sacré » ( ?).


La bataille.


La bataille n’était pas engagée que le roi Naresuan apprend en audience par le Mûn Thip Sena que son avant-garde a dû fuir. On assiste alors à une « réunion d’Etat-major », où le roi prend une position contraire à celle préconisée par son général en chef et ministres, qui voulaient se retrancher et envoyer une autre avant-garde pour les retarder.


Et d’assister, au contraire, à une approche bruyante aux sons des conques, des gongs, et des trompettes résonnant comme un tremblement de terre, avançant  calmement et en ordre avec leurs deux rois,  jusqu’à l’avant-garde birmane. Les chroniques relatent alors surtout le combat vigoureux des deux rois, attaquant éléphants, chevaux et soldats, les chassant, au milieu du combat homme à homme, et des flèches et des coups de feu, provoquant un nuage où personne ne pouvait se voir clairement, mais où beaucoup d’ennemis birmans et Raman (Môn) furent tués.


On voit alors le roi Naresuan apostrophant les dieux, pour qu’ils les aident, au nom de la sainte religion bouddhiste, à chasser la fumée noire afin de voir de nouveau leur ennemi. Il fut de suite exaucé. Il chercha et trouva l’éléphant de l’Uparat. Les deux rois d’Ayutthaya  allèrent alors au-devant malgré les coups de feu.


Les deux duels.


Naresuan apostropha et proposa alors un duel d’éléphant à l’Uparat pour « l’honneur de leur pays ». Un paragraphe décrit alors ce duel où l’Uparat sera blessé au cou et à la poitrine par l’épée de Naresuan et s’effondrera sur son éléphant, pendant que le cornac de Naresuan sera tué par le feu ennemi. Un duel qui restera célèbre dans l’Histoire thaïe.


Bayinnaung titre


Un autre duel d’éléphants s’engagea alors entre le roi Ekathotsarot et Mangcacharo (le demi-frère ainé de l’Uparat) qui fut tué par un coup de scythe à la gorge, pendant que le garde central d’Ekathotsarot, le Mün Phakdisuan était tué par le feu ennemi.


Ce fut alors la débandade dans les troupes ennemies et  tous les chefs militaires et officiers les poursuivirent jusqu’à Kanchanaburi et en tuèrent un grand nombre. Le gouverneur de Maluan fut prisonnier et 300 éléphants et 2000 chevaux furent capturés et présentés au roi.


Le roi Naresuan, magnanime et respectueux, fit ériger un monument pour le corps de l’Uparat à TaphangTru et libéra le gouverneur de Maluan pour qu’il en informa le roi d’Hongsawadi.


Le roi d’Hongsawadi apprenant les circonstances de la mort de son fils et de son demi-frère s’exprima avec rage, ne pouvant comprendre comment les deux rois attaquant avec deux éléphants au milieu de son armée forte de 500 000 hommes ne purent être tués. Les fautifs furent mis en prison.

Une semaine plus tard,  le roi d’Hongsawadi fit le point de la situation. Il considéra qu’ après leur victoire, les deux rois allaient attaquer la capitale d’Hongsawadi et qu’en conséquence, il était temps de saisir Tenasserim, Marit et Tavoy. Il promit aux officiers qui avaient déjà été défaits de les brûler ainsi que leur famille au cas d’une nouvelle défaite. 

 

 

tenasserim


Pour Ayutthaya, la  guerre finie, venait le temps des récompenses, des châtiments, et des nominations.


Le Prince Ram Rakhop et Kun Si furent récompensés pour avoir tenu bon au combat aux côtés des deux rois, ainsi que Mahanuphap, Mün PhakdiSuan, mais beaucoup d’officiers n’avaient pas eu le même courage.


Les Chroniques consacrent une page et demie à cet épisode curieux où les prêtres du palais, consultant ce qu’on pourrait appeler le code de la guerre (ici Royal Articles of War) rappellent que leur attitude mérite la mort.


Mais le Patriarche de Pa Kaeo et 35 abbés, précise-t-on, après avoir rappelé le magnifique combat des deux rois, va donner une interprétation religieuse et préciser que le roi a été aidé par 10 000 esprits et  par Mara, le roi du ciel,  sans oublier le rôle de Indra, Brahma, et des multiples légions d’anges, et que si les 15 accusés avaient commis  une faute grave, il réclamait (avec les formules de politesse d’usage) l’indulgence royale, que leur punition soit suspendue et qu’on leur accorde une occasion de se racheter.


Le roi accorda satisfaction au Patriarche et annonça qu’ils pourraient  le faire car il avait décidé d’attaquer Tenasserim et Tavoy. A cette occasion, il désigna Phraya Cakhri pour attaquer Tenasserim et  Phraya PhraKhlang pour Tavoy, avec 50 000 hommes chacun.


Durant  cette audience, il pensa aussi à la protection de cités du Nord et nomma de nouveaux gouverneurs : Phraya Chaiyabun à Phitsalunok,  Phra Si Saowarat à Sukkhotai, Phra Ong à Phichai, et Luang Ca à Sawankhalok.


Le roi Naseruan avait commencé son règne en déclarant prendre une revanche sanglante contre le Cambodge, mais les Birmans avaient attaqué auparavant. Les « Chroniques royales » avaient raconté quelques mouvements des troupes, en décrivant surtout l’organisation hiérarchique des armées et leur « esthétisme ». Le sacré était omniprésent et s’exprimait de différentes manières, à travers les augures, l’interprétation des présages, des rêves et -même avec le Patriarche de Pa Kaeo-  de la guerre. Les dieux et les forces célestes combattant aux côtés des armées des deux rois siamois.


Les deux rois confirmaient qu’ils étaient de redoutables guerriers, audacieux et courageux. Ils écrivaient une page spectaculaire de l’Histoire thaïlandaise en gagnant  leurs duels à dos d’éléphants contre le vice-roi d’Hongsawadi et son  demi-frère,  au milieu des troupes ennemis, en janvier 1593 ( ?). Ils vainquaient une nouvelle fois les Birmans.

Mais cette guerre à peine finie, on apprenait que les rois d’Hongsawadi et d’Ayutthaya avaient décidé de s’affronter une fois de plus pour le contrôle des cités de la péninsule, Tavoy et Tenasserim.

 

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*THE CHANGING NATURE OF CONFLICT BETWEEN BURMA AND SIAM AS SEEN FROM THE GROWTH AND DEVELOPMENT OF BURMESE STATES FROM THE 16TH TO THE 19TH CENTURIES

de PamareeSurakiatPh. D. candidate in History, Department of History, Faculty of Arts, Chulalongkorn University, Bangkok, Thailand.March 2006 

 

 

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