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Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.

25.2 Les relations franco-thaïes : Pavie écrivain

Pavie auto portrait Pavie : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà » 


Pavie écrivain


A partir des notes accumulées au cours de ses expéditions, Pavie décide de se consacrer à la publication de ses recherches. Une véritable encyclopédie de la Région : littéraire, géographique, ethnographique, anthropologique, botanique et zoologique...


Nous lui devons entre 1898 et 1911 : Un délicieux « Contes populaires  du Cambodge, du Laos et du Siam », textes originaux et traduction, qui se seraient peut-être perdus sans lui.

Mission Pavie – Indochine – exposé de la mission  I ,exposé de la mission II ,– Indochine – passage du Mékong au Tonkin, – Indochine – Etudes diverses, recherches sur la littérature du Cambodge, du Laos et du Siam, Voyage au centre de l’Anna, et du Laos, –  Recherches sur l’histoire du Cambodge, du Laos et du Siam, –  Journal de marche – événements du Siam 1891 – 1893, Recherches sur l’histoire du Cambodge, du Laos et du Siam, Voyage dans le haut Laos et sur les frontières de Chine et de Birmanie, Recherches sur l’histoire naturelle de l’Indo-Chine orientale, Voyages au Laos et chez les sauvages du sud-est de l’Indo-Chine. Il publie encore un lexique laotien avec l’aide d’un collaborateur, qui vaut largement ce que l’on trouve au XXIème siècle. (Tous ces ouvrages sont accompagnés de nombreuses cartes et illustrations, gravures sur bois comme on pratiquait à l’époque).


le mangeurQue saurions-nous de la Gaule et de « nos ancêtres les gaulois » si Jules César qui l’a conquise brutalement ne nous avait narré le résultat de ses observations pendant 10 ans ? Nous avons oublié sa férocité pour ne retenir que ses « Commentaires ».

Il mérite, beaucoup plus que Jules Ferry d’avoir son attaché à des écoles, des avenues, et sa statue. Son buste dans sa ville natale demeure. Il n’y est fait mention que de ses qualités d’explorateur ...Il a légué à la ville l’immense collection de ses notes et écrits, confiés à la bibliothèque municipale qui a constitué un fonds « Auguste Pavie ». Un officier de marine, E. Aymonier, un autre grand explorateur et « inventeur d’Angkor » a collaboré avec la mission Pavie au Cambodge et en Annam. Il y a recueilli de nombreuses inscriptions khmères et de nombreux spécimens de sculptures actuellement au musée Guimet, à Paris.Tout cela eut certainement été perdu sans eux. À l’heure où les débats suscités par la colonisation sont encore passionnés, n’oublions pas ce « colonisateur » qui est un des rares à pouvoir dire : « Je connus la joie d’être aimé des peuples chez qui je passai. » Il appartient à ceux qui, tels Savorgnan de Brazza (qui a donné à la France le Congo dont l’Italie ne voulait pas), ont constitué notre Empire colonial et dont la mémoire est pure de sang humain.Il n’a guère sur la conscience que le sang d’un couple de chat siamois qu’il a(urait) donné au jardin des plantes et qui n’a pas survécu. Ses seules autres victimes demeurent les merveilleux papillons et autres insectes qu’il a collectionnés là-bas.


Les Thaïs ? 

Le traumatisme consécutif à la perte d’immenses territoires a été immense. Comparable probablement à celui qu’ont subi les français en 1870 avec la perte de l’Alsace-Lorraine. N’épiloguons pas sur la valeur des raisons historiques (plus ou moins fuligineuses) qui conduisaient les Siamois à considérer le Laos comme leur. Il n’a pas laissé un bon souvenir aux Thaïs pour lesquels (c’est l’opinion que l’on retrouve sur la quasi totalité des sites Internet relatif l’histoire de la Thaïlande) ses activités d’explorateur, ethnologue, géographe et quelles que soient ses talents, camouflaient en réalité celle d’un agent du colonialisme français, dont les agissements diplomatiques étaient la répétition de la vieille fable d’Esope reprise par La Fontaine du loup et de l’agneau. Je lis dans un tout récent manuel d’histoire à l’usage des petits thaïs « Il ne faut pas oublier l’année 1893, année de lamentation et de tristesse ». 

Cet ouvrage a été publié à Bangkok en 2551 (2007) est une critique assez féroce de son rôle :

 

 

caricatureUne caricature se passe de commentaires :

 

Le titre peut se traduire « L’homme qui a mangé le Mékong ».  

Tout comme les français ont gardé pendant 44 ans « les yeux fixés sur la ligne bleue des Vosges », le dépècement du Siam en 1893 explique sa politique étrangère dans les années qui suivirent et son intervention dans les deux conflits mondiaux.

 

Les Laotiens ? 

L’un de ses collaborateurs, le Capitaine Cupet écrit en exergue du tome III des documents : « Coin de terre privilégié où les mœurs ont gardé une simplicité exquise, si rare chez les asiatiques, dont la caractéristique dominante est la duplicité. Mon affection est allé tout naturellement à cette population laotienne, si douce, si paisible et si confiante, que la gaité n’abandonne jamais même dans les pires malheurs ». C’est le sentiment que l’on ressent profondément tout au long de ses écrits. Le choix de cet homme assurément simple et bon, de ce charmeur de peuples avait influé profondément le cours des événements. Lors de son passage en Indochine, le Général Salan voulut en vain répéter (trop tard ?) le choix de conquérir les cœurs comme il voulut le répéter (encore beaucoup trop tard) en Algérie !

Le Laos après Pavie – que n’y est-il resté ! C’est assurément le colonialisme le plus agressif au service de la finance anonyme et vagabonde que l’on peut résumer en deux lignes «  C’est bien ici que les capitaux manœuvrés par la technique sont assurés de travailler avec les plus grandes chances de réussite » (Louis CROS, l’Indochine française 1930). Il y a des mots qui tuent.

statue vientianeUne première statue édifiée à Vientiane dans les années 30, après diverses péripéties, se trouve actuellement dans les jardins de l’ambassade de France après que le gouvernement lao eut exigé qu’elle soit invisible de l’extérieur.

 

Devant cette statue était posé un groupe de deux offrants, statue lourde de symbole !

 

 

Point trop ne fallait demander aux autorités de la République démocratique et populaire des peuples du Laos. Il est à l'heure actuelle l'une des pièces du Musée de la révolution devenu depuis quelques années Musée du Laos national. Les deux offrants y sont présentés comme les génies protecteurs des amoureux. Garçons et filles leur font des offrandes de colliers de fleurs après s'être fait photographier en leur compagnie. Ainsi écrit-on l' histoire. Statue de la hontePour les rares Laotiens qui en connaissent la véritable origine, elle est la statue de la honte.

 

 

 

statue luangUne  autre à Luangprabang a disparu et il n' en existe qu'une reproduction dans une propriété privée appartenant problablement à un admirateur ! Ne demandons pas aux anciens colonisés de se faire les apologistes des anciens colonisateurs  !

 

 

Un écrivain lao avec lequel j'ai fait quelques années d'étude à Aix en Provence il ya bien longtemps m' avait dit  "Il était un agent de l'impérialisme colonial, mais il n'était pas aussi brutal que les  autres".

 


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