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Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.

INSOLITE – LA PHOTOGRAHIE DE LA « REINE DES NAGAS » CAPTURÉE DANS LE MÉKONG PAR DES MARINS AMÉRICAINS EST UN MONTAGE

 

Vous trouverez partout cette photographie sur les bords du Mékong, rive thaïe et rive lao, affichée dans les établissements recevant du public, restaurants, bars, halls d’hôtel ou vente en carte postale. Elle porte la mention en thaï et en anglais (pour les touristes) « Payanak, la reine des Nagas, attrapée par l’armée américaine sur une base militaire au bord du fleuve le 27 juin 1973 ».

 

 

Si cette prise est ancienne, son apparition date seulement de la fin du siècle dernier et pour cause car, si la légendes est fausse, la photographie est authentique. L’animal a été découvert  mort agonisant sur la plage d’une base de la marine américaine sur l’île  Coronado, en Californie, le 19 septembre 1996. Nous connaissons l’histoire de sa découverte : Lors de leur course matinale, deux instructeurs de la base sont tombés sur ce poisson argenté d’environ 7,80 mètres et 300 kilogrammes, échoué  sur la plage, mort ou agonisant. Une photographie d’une trentaine d’élèves de la base brandissant cette prise et a été diffusée dans la presse américaine quelques jours plus tard.  c'est la véritable sans ;ention erronée ! Tout est dit sur cette découverte dans le nuéro 960 du mois d'avril 1997 du bulletin de la marine américainre, (All Hands) libre d'accès sur Internet.

 

 

La tête et la queue ont été ensuite découpées et transmises à un organisme scientifique qui en a même tiré des cartes postales. Comment cette photographie s’est-elle ensuite retrouvée en Thaïlande ? Probablement par un journal américain dont les Thaïs ont ensuite faire cette adjonction qui n’est, au fond, pas bien méchante, quelques euros pour prix de la gravure, il n’est pas certain que les auteurs aient été dupes. Nul ne sait quel est l’auteur de ce faux qui a été vendu à d'innombrables touristes crédules et de non moins crédules habitants. Ce qui est évidemment singulier est qu’à cette date il n’y avait pas de base américaine sur les rives du Mékong au Laos et que cet animal presque mystérieux n’est pas un poisson d’eau douce car c’est bien un poisson et non un serpent. Sa tête peu engageante...

 

 

... peut effectivement rappeler de très loin, celle du roi ou de la reine des Nagas 

 

 

Quel est-il ?

 

 

Cet animal mystérieux a été peu étudié mais il n’est pas inconnu de longue date : C’est un regalec. Ce spécimen, décrit par Cuvier, est de Méditerranée et mesure « au moins deux mètres ».

 

 

Il vit dans les profondeurs des océans, jamais en eaux douces et surgit parfois en surface. Vivant dans des profondeurs la lumière ne pénètre pas, donc difficile d’accès pour les plongeurs, il remonte la nuit en surface pour s’alimenter de minuscules crevettes ou de petits crabes. Les études qui ont été faire l’ont essentiellement été sur des animaux échoués sur les plages, mourants ou agonisants. Depuis des siècles, ce n’est pas un inconnu dont l’on constate la présence dans toutes les mers ou océans du globe qui ont des eaux profondes puisqu’il vit dans les abysses.

 

 

Les américains ont identifié celui de Californie comme un poisson de taille exceptionnelle. La plupart du temps, il n’est signalé que comme « long de quelques mètres », le record appartenant à un poisson de 56 pieds (18_ mètres) qui se serait échoué en Ecosse en 1808 ?

 

 

Il est à l’origine des multiples légendes sur les serpents de mer bien qu’il soit – paraît-il – totalement inoffensif, malgré une tête qui n’a rien de bien attractif.

 

Difficile sinon impossible à attraper vivant, il ne fait donc pas l’objet de pèche spécifique. Quand par hasard, il se trouve pris dans un filet, le premier souci du pécheur est de la conduire à l’institut scientifique le plus proche. Néanmoins, quelques-uns des marins de la base ont voulu par défi, y gouter. Il était encore bien frais puisqu’ils ne lui ont trouvé que le goût du papier et non de la charogne. Cette photographie fait la couverture du bulletin de la marine US.

 

 

Existe-t-il en Thaïlande ? Le pays ns ne possède pas de flotte hauturière.

 

Les Thaïs ne le connaissent pas car ils ne capturent pas de poissons d'eau profonde. Il n’apparait pas dans les tableaux illustrés des poissons de Thaïlande

 

 

Il n’avait à ce jour jamais été signalé, du côté du golfe, il n’y a pas de grands fonds susceptibles de l’accueillir et non plus du côté de la mer d’Andaman où il y a de grands fonds.  C’est là où il vient d’être découvert. Les anglophones l’appellent le « poisson-aviron » (Oarfish) transcrit par les Thaïs « pla ofit » (ปลาออร์ฟิช) mais je préfère le terme de « poisson naga » (ปลาพญานาค). Il a été capturé on ne sait comment et on ne sait trop où,  au mois de janvier 2024  au large de la province de Satun, la plus méridionale de la Thaïlande, et, jeune poisson dirent les spécialistes,  il mesurait 2,4 mètres de long.Il était mort.

 

 

Un  autre a été capturé le moins suivant dans le filet d'un chalutier dans la mer d'Andaman, à environ 8 milles marins de Phuket. Le poisson, le deuxième à être trouvé dans les eaux thaïes, était déjà mort lorsqu'il a été transporté à bord du chalutier. Il a cependant été transféré sur un autre bateau à destination du quai de pêche du district de Mueang, car le chalutier qui l'avait capturé n'avait pas encore terminé ses opérations de pêche. Après avoir été informé de la découverte, le chef provincial des pêches et des responsables du Centre de Recherche et de Développement des Pêches Côtières de Phuket se sont rendus sur le quai pour enquêter. Les restes étaient en bon état, le poisson mesurait 2,85 mètres de long et pesant 8,6 kg. Il a ensuite été transféré au Musée national des sciences de Thaïlande pour une étude plus détaillée.

 

 

Lors de ces deux découvertes récentes, largement relatées dans la presse locale, s’est largement répandue l’opinion selon laquelle la découverte de ces poissons-nagas échoués signifierait qu’ils fuyaient les abysses pour échapper à un séisme sous-marin, prélude à un tsunami. Les spécialistes ont fermement contesté cette opinion et il n’était pas besoin de régalecs pour nous annoncer les catastrophes dont l’année 2024 est déjà pleine, point besoin de tsunami.

 

 

SOURCES

 

La découverte américaine a fait l’objet d’un article très documenté de Tyson R. Roberts dans le  Bulletin d’histoire naturelle de la Siam Society 211-224, années 2002 - II au vu

« ALL HANDS » avril 1997,  numéro 960,  est le  journal officiel de la marine US, numéro 960 d’avril 1997 relate cette découverte avec la classique photographie et surtout en couverture celle de la tête de l’animal entre les mains d’un marin reproduite plus haut.

Les découvertes de régalecs échoués en 2024 et des légendes qui les entourent ont été largement diffusées dans la presse locale, en particulier, mais il y en a beaucoup d’autres :  

Pour Satun « The Nation » du 4 janvier 2024

Pour Phuket « Thai PBS WORLD » du 17 février 2024

 

 

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J
Merci pour cette info.
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