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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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8 janvier 2020 3 08 /01 /janvier /2020 22:42
 Terror Antiquus, peint vers 1908 par le peintre russe Léon Bakst

Terror Antiquus, peint vers 1908 par le peintre russe Léon Bakst

La littérature sur l’Atlantide est un abîme aussi profond que celui dans lequel elle aurait été engloutie sous les eaux ou sous le sable. C’est le plus souvent un Inextricable fouillis, fatras philosophique et bric-à-brac pour occultistes de foire, ou merveilleux pandémonium ? L’érudit de la fin du XVIe, Loys le Roy qui fut le premier à traduire le Timée de Platon en français en 1551, fut aussi le premier à la considérer comme un mythe. Mais par la suite les savants, vrais ou faux, se mirent en quête de ce continent disparu et le situèrent pour les uns aux bouches occidentales de la Méditerranée au voisinage du Portugal ou du Maroc, les autres dans les eaux lointaines de l’Atlantique Nord-Ouest ou au coeur de la Méditerranée ...

 

 

... et autres encore dans les parages des Amériques ou dans les glaces du pôle. Bailly, le futur maire de Paris le situait dans le centre de l’Asie sur les plateaux de la Tartarie. Citons par simple curiosité la version de l’Encyclopédie de d’Alembert qui parle d’île atlantique et non d’Atlantide comme le fait d’ailleurs Larousse dans son dictionnaire du XIXe siècle qui ne mettent ni l’un ni l’autre son existence  en doute (1).

 

 

Ne parlons pas des romans,  un lieu secret, caché ou ignoré,  l’inoubliable Pierre Benoît le situe enfoui sous les sables du Sahara
 

 

Jules Verne avant lui dans une fantastique descente dans les abysses que le Capitaine Nemo fait découvrir à  Aronnax dans Vingt mille lieues sous les mers. Dans son roman posthume, l’éternel Adam, il devint plus philosophique : un archéologue du futur retrouve le journal d'un groupe de survivants à un cataclysme ayant entièrement submergé le globe et retombés dans la barbarie.

 

 

Platon est au centre du mythe de l’Atlantide.

 

Nous connaissons peu de choses sur le philosophe. Né en 428 ou 427 avant Jésus Christ et mort en 348 ou 347 ; il fut l’élève de Socrate. Ce que nous savons de sa vie provient d’écrivains qui lui sont postérieurs de  plusieurs centaines d’années après sa mort.

 

 

Aucun original de ses écrits n’a été conservé. Il ne subsiste que des fragments sur papyrus des IIIe - IVe siècles. Les originaux, aujourd'hui perdus, ont été recopiés sur parchemin par des moines à partir de la renaissance carolingienne, mais la grosse majorité des manuscrits datent des XII-XIII-XIV-XVe siècles. -

 

 

Les manuscrits ne s'accordent que rarement entre eux du fait que les copies antiques présentaient déjà des variantes et que les moines ont souvent fait des fautes. Il arrive parfois aussi qu'ils ajoutent du leur pour combler une lacune du texte qu'ils copient ou pour placer un commentaire (glose). Certains moines connaissent mal le grec ; ils déforment les mots, leur en substituent d'autres... D’autres l’ignorent et ajoutaient simplement la mention « grecum est, non legitur ». Les textes que nous utilisons sont des reconstitutions dont la fiabilité peut être douteuse. En outre, l’authenticité de certains textes est parfois contestée dans le monde érudit (2). Quoi qu’il en soit, les deux dialogues concernant l’Atlantide sont Le Timée et le Critias – ce dernier n’est connu que partiellement. Il se serait agi d’une trilogie, le troisième volet Hermocrate, est perdu. Ils sont le point de départ de la légende. Les exemplaires traduits en français dont nous disposons proviennent des Classiques Garnier qui font autorité. La traduction est celle du grand helléniste Emile Chambry.

 

 

Les premières pages du Timée ont une coloration politique. Nous apprenons que Socrate s’était entretenu la veille avec trois de ses invités : Timée, Critias, et Hermocrate. L’entretien avait porté sur la politique : Socrate leur avait exposé quelle était, d’après  lui, la constitution la plus parfaite. Il leur avait demandé ensuite si l’État qu’il avait décrit la veille correspondait à quelque chose ou si ce n’était qu’utopie. Chacun des trois interlocuteurs (Timée, Critias et Hermocrate) est invité à répondre à Socrate. Le premier est Critias. Cet état de rêve avait existé autrefois à Athènes. Il tenait l’information de l’un de ses ancêtres alors âgé de 90 ans, ami du grand Solon (3).

 

 

Celui-ci, revenu d’Égypte lui raconta qu’un vieux prêtre égyptien lui avait appris qu’Athènes avait eu neuf mille ans auparavant les plus belles institutions politiques. La cité avait produit des hommes héroïques qui défendirent l’Europe et l’Asie contre les rois de l’Atlantide, grande île qui émergeait au-delà des colonnes d’Héraclès (les montagnes qui bordent le détroit de Gibraltar ?). 

 

 

Ces rois entreprirent de soumettre à leur domination tous les peuples riverains de la Méditerranée. Ils furent battus par les seuls Athéniens, et leur défaite fut suivie d’un cataclysme qui engloutit subitement leur île, et avec elle l’armée des Athéniens (4).

 

 

Critias promet de compléter son récit, mais le lendemain, le dialogue prenant un tour philosophique. Il reviendra au mythe de l’Atlantide et dépeindra la civilisation des Atlantes et leur bonheur, tant qu’ils restèrent fidèles à la justice. Mais le jour vint où ils abandonnèrent la vertu de leurs ancêtres. Zeus, résolu de les châtier, assembla les dieux et leur dit : L’ouvrage finit à ces derniers mots. Le reste devait être le récit de la guerre, contre les Atlantes, dont Athènes sortit victorieuse. La trilogie n’est pas terminée, la suite étant perdue. Le texte est évocateur mais interrompu ce qui crée un immense sentiment de frustration, suspendu sur la parole de condamnation de Zeus, alors qu’il a encore la bouche ouverte pour prononcer sa sentence. Le Critias ne satisfait que très partiellement l’attente créée dans le Timée comme brisé dans son moment décisif, coupé exactement à l’instant du cataclysme.

 

 

 

La question de l’historicité de l’existence d’une civilisation avancée détruite par un  cataclysme géologique 9000 ans auparavant, 11000 ans aujourd’hui (mais s’agissait-il bien d’années solaires ?) reste bien évidemment posée. Les explications du Critias vont peut-être nous apporter une réponse en situant la localisation de ce continent perdu non pas à l’ouest de Gibraltar mais peut-être au cœur de l’Asie.

 

Dans une correspondance entre Voltaire et Bailly, faisant référence à Diodore de Sicile – historien du premier siècle avant Jésus-Christ – Bailly fait des Siamois qui adorent le ciel éternel sous le nom de Sommona Kodom les disciples des Atlantes et des adorateurs d’Uranus sous un autre nom.

 

 

Pour lui, l’Asie est le berceau du monde, le centre de l’antiquité, et c’est là que nous aurions d’abord cherché les Atlantes. Si l’on a nommé Atlantique la mer où font les Canaries, d’où l’on a voulu faire sortir les Atlantes, cette dénomination est moderne ; l’Asie nous offre aussi une mer atlantique revêtue de ce nom depuis un teins qui remonte à Hérodote, il y a près de 2.200 ans (5). Cette hypothèse asiatique  - non encore exactement située semble peu ou prou dans un article de l’anthropologue et paléontologue René Verneau (6). Pour des motifs tirés de constatations géologiques, celui-ci conclut à l’impossibilité de situer le continent perdu dans une zone dont les Canaries et les Açores seraient les restes non engloutis. Il est une question purement sémantique. Il faudrait encre savoir de quel Océan Atlantique parlait Platon, le grand Océan de la géographie de Ptolémée correspond-t-il à ce que nous appelons l’Océan Atlantique ce n’est pas certain puisqu’il correspondrait plutôt à l’Océan Indien ou à une grande mer située à l’Est, celle que chercha à atteindre Alexandre le macédonien. Pour les Grecs, l'océan atlantique était celui qui cernait les terres, ne faisant pas de distinction comme aujourd'hui entre l'océan atlantique, l'océan indien et l'océan pacifique.

 

 

Dans un contexte moderne, les « piliers d’Héraclès » correspondent au détroit de Gibraltar mais Ptolémée a vraisemblablement décrit d’autres détroits qui semblent être celui d’Ormuz

 

 

et le Bab-el-Mandeb, au sud de la mer rouge. Par ailleurs, comment faut-il comprendre « devant » ou « au-delà » qui peut tout simplement signifier « loin de »... Il nous faudrait pour cela avoir l’une ou l’autre des différentes versions du texte grec sous les yeux et des connaissances profondes de la langue ce qui n’est pas le cas. Toutes les hypothèses sont alors permises

 

 

Nous voilà donc conduits à nous poser la question de savoir si une localisation de l’Atlantide en Asie est possible. Y situer l’Atlantide relève d’une simple hypothèse, nous ne franchirons pas le pas. Y situer un continent englouti relève actuellement d’une certitude. fut-il l’Atlantide ?

 

 

 

La plaque de la Sonde

 

Ce que les scientifiques appellent le Sundaland est une région de l'Asie du Sud-Est qui englobe la plateforme de la Sonde et une partie du plateau continental asiatique. Il comprend la péninsule malaise, les îles de Kalimantan (Bornéo), Java et Sumatra.  Elle inclut la péninsule indochinoise et le sud de la Chine (le Hainan).

 

 

Il semble actuellement acquis que cette région qui constituait une vaste plaine a été submergée il y a environ 12.000 ans par une brutale montée des eaux de plus de 150 mètres consécutive à la fin de l’une des périodes glaciaires. Cette question a fait en 2019 l’objet d’une étude de Dhani Irwanto, un indonésien ingénieur civil spécialiste incontestable en hydrologie, en structures hydraulique, en barrages et en hydroélectricité. Cet ouvrage ne relève pas de la fantaisie mais de recherches approfondies. Le titre en est évocateur « Sundaland, tracing the cradle of civilizations » (Sundaland, traçant le berceau des civilisations ») (7).

 

 

Cette hypothèse avait été avancée avant lui mais à mettre au rang des affirmations douteuses et gratuites, celle de l’origine extraterrestre par exemple qui est pourtant répandue.

 

 

 

Elle fait toutefois  l’objet d’une simple allusion dans l’ouvrage de Sir Thomas Stramford Raffles, ancien gouverneur de Java, daté de 1817 (8).

 

 

L’intérêt de la thèse de Dhani Irwanto est qu’il étudie méticuleusement les coïncidences troublantes entre la grande île décrite dans le Critias et le riche pays tropical que devait être le Sundaland à cette époque.

 

Il situe le cataclysme entre les années 12800 et 11600 avant notre ère ce qui correspond peu ou prou aux dates indiquées par Platon (9000 ans + 200)

 

Il s’est agi d’un déluge comme on en trouve la trace dans de multiples traditions conservées dans la mémoire humaine, à commencer par celui de la bible, déluges dont l’historicité est  difficile à mettre en doute, sans qu’ils soient des mythes étiologiques causés par  une pluviométrie exceptionnelle et catastrophiques, fonte subite d’énormes glaciers due à un dérèglement climatique, agrémenté dans cette région par les risques sismiques comme ce fut le cas en 2004.

 

 

Faisons donc référence au Critias :

 

L’Atlantide aurait donc été plus grande que la Libye et l'Asie réunies, a été perdue en un seul jour et une nuit de malheur. A l’époque de Platon, l'Asie était simplement l'Asie Mineure (la Turquie actuelle), et la Libye la côte nord-méditerranéenne de l'Afrique. C’était évidemment une masse considérable susceptible de soutenir un continent antédiluvien perdu.

 

Cette île était un chemin vers les autres îles; et de celles-ci, vous pouviez passer au continent opposé, qui englobe le véritable océan. Faut-il y voir une référence à l’Australie la Tasmanie et la Nouvelle-Guinée  dans compter le chapelet d’îles polynésiennes et le continent opposé était-il une référence au continent américain ?

 

 

La date de l’effondrement selon Critias cadre avec les recherches de l’Indonésien qui situe en réalité trois cataclysmes, une première inondation il y a 14000 ans suivie d’une deuxième il y a environ 11000 ans et encore une troisième il y a environ 7 500 ans qui aurait marqué l'ouverture du détroit de Malacca entre la Malaisie et Sumatra. Plusieurs cataclysmes ? « Vous ne vous souvenez que d'un seul déluge, mais il y en a eu de nombreux précédents » dit encore Critias !

Le déluge de la Bible ;

 

 

Et il ajoute «… La mer dans ces parties est infranchissable et impénétrable, car il y a un banc de boue sur le chemin; et cela a été causé par l'affaissement de l'île ». Or, la mer de Chine méridionale actuelle à proximité du plateau de Sunda est peu profonde quoique d’une grande étendue, jamais plus de 50 à 60 mètres C’est un contraste avec les profondeurs de l'Atlantique ou du Pacifique.

 

Le déluge de l'épopée de Gilgamesh

 

 

 

« L'île elle-même fournissait tout ce qui est utile à la vie explique » dit encore le Critias. Un paradis, fruits, légumes et épices.

 

« Deux fois dans l'année, ils récoltaient les fruits de la terre - en hiver bénéficiant des pluies des cieux, et en été l'eau que la terre fournissait en construisant  des ruisseaux et des canaux ».

 

 

C’est évidemment là la description d’un climat marqué par une mousson saisonnière, comme c'est le cas dans une grande partie de l'Asie du Sud-Est et du Sud, une saison des pluies en « hiver »  et une saison des pluies en « été ». Les Atlantes avaient conçu des systèmes d'irrigation efficaces.

 

Apparemment, l'Atlantide était largement boisée :

 

« Il y avait en abondance des bois pour les charpentes .... et il y avait beaucoup de bois de toutes sortes, abondant pour chaque type de travail et même dans un bosquet» de la capitale ... il y avait toutes sortes d'arbres d'une hauteur et d'une beauté merveilleuses en raison de l'excellence du sol ».

 

 

Voilà bien l’image d’une forêt tropicale. Les forêts des îles indonésiennes et les forêts tropicales de Malaisie recouvrent encore malgré une surexploitation intensive des millions d’hectares. Qui sait ce qu’il en était avent le cataclysme ?

 

La faune est abondante : « Il y avait un grand nombre d'éléphants sur l'île; car il y avait suffisamment de nourriture pour toutes sortes d'animaux, à la fois pour ceux qui vivent dans les lacs, les marais et les rivières, et aussi ceux qui vivent dans les montagnes et dans les plaines, il y en avait donc pour l'animal qui est le plus grand et le plus vorace de tous».

 

 

La description géographique du pays est précise « Tout le pays était élevé et escarpé du côté de la mer, mais les terres qui l’entourait et entouraient immédiatement la ville étaient  une plaine plate».

 

Nous retrouvons probablement les montagnes qui subsistent le long de la côte sud, dans les îles actuelles de Sumatra et Java, et à l'est, à Bornéo. Ces trois régions auraient été délimitées par l'océan principal, mais la partie centrale, formant maintenant le plateau immergé de la Sunda, aurait en effet été une plaine plate.

 

« Près de la plaine à nouveau, au centre de l'île… .il y avait une montagne pas très élevée » 

 

Dhani Irwanto y voit une référence à l'île indonésienne actuelle de Natuna Besar, à mi-chemin entre l’ouest de la péninsule malaise et le nord de Bornéo. Le point le plus élevé de l'île se situe à 959 mètres au-dessus du niveau de la mer en fait une montagne d’environ 1100 mètres ?

 

 

 

Le Critias fait encore référence à un vaste réseau commercial dans la région:

 

« ... Car à cause de la grandeur de leur empire, beaucoup de choses leur ont été apportées de pays étrangers…. Pendant ce temps, ils ont continué à construire leurs ports et leurs quais». Existe-t-il des preuves que l'Asie du Sud-Est fut une plaque tournante du commerce océanique dans l'antiquité la plus profonde ?  Il devait donc exister le type de navires capables de traverser l'océan Indien puisque nous savons – à minima – que la population de Madagascar est intimement liée à celle de l’Asie  du sud Est (9).

 

 

 

Le pays connaît encore une métallurgie avancée : « Ils ont creusé de la terre tout ce qui s'y trouvait, solide et fusible ».

 

Les murs de la citadelle de la capitale relevant d’une architecture élabore étaient recouverts de divers types de métaux:

 

« L'ensemble des murs extérieurs étaient recouverts d'une couche de bronze, et le mur suivant, ils étaient recouverts d'étain, et le troisième, qui englobait la citadelle, brillait de la lumière rouge de l’orichalque ».

 

 

On a beaucoup discuté sur la nature de  l’orichalque, probablement  une sorte de laiton (un alliage de cuivre et de zinc ou de bronze (un alliage de cuivre et d'étain). Les Atlantes disposaient d'une quantité considérable de cuivre et d'étain puisqu’ils en  couvraient des murs entiers. L’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande sont de grands producteurs d’étain, pays riches en cuivre et en d’autres métaux. D’après Dhani Irwanto de gigantesques réserves potentielles d’étain se trouvent au large, sur le plateau de la Sunda.

 

 

Nous en resterons là de ces explications pour évite de renter dans un ésotérisme de plus ou moins mauvais aloi.

 

Dhani Irwanto établit une liste impressionnante (plus de 60) de points de comparaison  tous justifiés entre ce que l'on peut savoir de cette région incontestable tropicale et celle du Critias. Si son ouvrage qui fait près de 400 pages n’avait été sérieusement argumenté, nous l’aurions lu qu’avec un certain sourire comme on peut lire Pierre Benoît ou Jules Verne. Il nous a intéressés car il place l’île mystérieuse dans un territoire qui inclut l’actuelle Thaïlande ainsi d’ailleurs que le Vietnam, le Cambodge et le Laos.

 

 

Quelques conclusions s’imposent.

 

Dhani Irwanto est indonésien. Situer la cité perdue – la plus vieille civilisation connue par les écrits d’un philosophe prestigieux - au cœur de la péninsule indonésienne est évidemment flatteur pour le prestige de l’histoire de son pays, mais il n’apparaît dans ses écrits aucun sentiment irrédentiste. Il est d’ailleurs permis de s’étonner que les Thaïs à la recherche de leurs racines historiques sans parler des Cambodgiens et des Viets aient laissé passer un tel sujet d’orgueil ?

 

L’historicité de l’Atlantide ?

 

La question reste évidemment posée et déchire toujours les hellénistes spécialistes de Platon. S’agit-il d’une parabole morale et  instructive pour décrire une cité idéale et imaginaire – un paradis perdu – détruite par la faute des hommes ou repose-t-elle sur une réalité historique transmise par une longue tradition orale pendant des millénaires ? La question de savoir si les 9000 ans dont parlait Solon et les sages de l’Égypte étaient des années solaires ou si elle signifie simplement « il était une fois, il y a très longtemps » ?

 

Si l'ethnographie et la préhistoire nous montrent l'efficacité de la tradition orale chez les peuples sans écritures – il n’y a aucune trace d’écriture chez les Atlantes - et l'aptitude à transmettre sur des millénaires le souvenir d'événements naturels catastrophiques, alors pourquoi refuserons-nous cette possibilité aux peuples antiques ?

 

La Bible écrite aux environs du VIIe siècle avant Jésus-Christ a transcrit des traditions orales, échos d’événements historiques vérifiables et probablement des faits géologiques très anciens comme le déluge. L’utilisation d’un style hyperbolique comme l’âge de Mathusalem mort à 969 ans signifie tout au plus que ce patriarche est mort très vieux pour autant qu’il s’agisse encore d’années solaires.

 

Platon fut un voyageur mais dans le pourtour Méditerranéen, Sicile et l’Égypte oú il a pu prendre connaissance de légendes et de faits historiques sur le bassin occidental et peut être sur les régions océanes. Pourquoi une tradition de ce type n'aurait-elle pas pu parvenir aux premiers scribes égyptiens pour être ensuite lui être transmise ? Peut-être faut-il croire le philosophe grec quand il affirme la véracité de son histoire !

 

Retenons en tous cas de ses écrits comme de la Bible que leur chronologie n'a aucune  intention historique au sens moderne.

 

La question se pose évidemment de savoir comme il a pu dans le Critias décrire un pays tropical, dans sa flore, dans sa faune et dans son climat – pays qu’il n’a jamais visité – sans en avoir eu connaissance par des descriptions directes ou indirectes ?

 

Ne parlons pas des merveilles hydrologiques, architecturales et commerciales qui par contre relèvent probablement d’une hyperbolique exagération.

 

 

La localisation dans le Sundaland ?

 

L’affirmation classique d’une localisation dans l’Océan Atlantique à l’ouest du détroit de Gibraltar ne peut, avons-nous dit, devenir une certitude. Dans la mesure où le Critias nous apporte la preuve par 9 que l’Atlantide – si elle a existé bien sûr - était un pays tropical, la localisation dans ce périmètre de l’Asie du Sud-est, dans un vaste « far east  » devient la plus plausible. Il n’y a pas de climat tropical ni aux Canaries ni dans les glaces du pôle. Il est tout de même singulier que les milliers ou les dizaines de milliers d’ouvrages qui se sont évertué à situer l’Atlantide ne se soient jamais soucié de ce paramètre fondamental : l’île était en pays tropical.

 

L’archéologie sous-marine pourrait-elle nous éclairer ? Les mers qui entourent les terres et îles de la plateforme de la Sonde ont peu de profondeur,  quelques dizaines de mètres, les fonds sont donc accessibles. Si les vestiges de la grande capitale gisent au fond des mers depuis quelques milliers d’années, ils ont depuis lors été noyés sous les sédiments. En outre, la région est soumise à des éruptions volcaniques fréquentes. Celle du  Samala en 1257 est considérée comme la plus importante de notre ère. Elle aurait déposé 10 kilomètres cubes de roches et de cendres au fond des mers aux alentours de Lombok. Celle du Tambora en 1815 sur l’île de Sumbawa est considérée comme la seconde plus importante. Elle aurait envoyé dans les airs 45 kilomètres  cubes de roches et cendres ?  Celle du Kratakoa de 1883 sur l’île du même nom fut la mieux connue même si elle fut moins importante que les précédentes.

 

 

Elles ont contribué à  accroître la couche de sédiments qui recouvrent les ruines de la grande cité pour autant qu’elle se trouve dans les environs.

 

 

Or, et à ce jour, en dehors de fuligineuses considérations dont nous faisons grâce,  l’hypothèse de la localisation dans le Sundaland au cœur duquel se trouve la Thaïlande nous a semblé à tout le moins troublante. C’est la raison pour laquelle nous vous avons livré ces observations cum grano salis. 

 

 

 

NOTES

 

(1) Ile atlantique : île célèbre dans l'antiquité dont Platon et d'autres écrivains ont parlé et dont ils ont dit des choses  extraordinaires. Cette île est fameuse aujourd'hui par la dispute qu'il y a entre les modernes sur son  existence ce fur le lieu où elle êtoit située : L’île Atlantique prit son nom d'Atlas, fils aîné de Neptune, qui succéda à fon père dans le gouvernement de cette île.  Platon est de tous les anciens auteurs qui nous restent, celui qui a parlé le plus clairement de cette île. Voici en substance ce qu on lit dans son Timée et dans son Critias. Certains la situent en Suède et en Norvège comme le scientifique suédois, Olaus Rudbeck, professeur à l’Université d’Upssala. Pour d’autres, ce serait une île située entre l’Europe et l’Amérique que connaissaient donc les anciens. Le père Kircher dans son Mundus subterraneus ...

 

 

...et Beckmann dans son Histoire des îles le situent sur une grande ile qui s’étendait des Canaries jusqu’aux Açores dont ces îles sont les vestiges non engloutis par les eaux. L’île atlantique êtoit une grande île dans l'Océan occidental  située vis-à-vis du détroit de Gades (Cadix). De cette île on pouvait aisément en gagner d'autres, qui étaient proche d’un grand continent plus vaste que l'Europe et l'Asie. Neptune régnait dans l'Atlantique, qu'il distribua à ses dix enfants. Le plus jeune eut en partage l'extrémité de cette île appelée Gades, qui en langue du pays signifie fertile  ou abondant en moutons. Les descendants de Neptune y régnèrent de père en fils durant l'espace de 9000 ans. Ils possédaient aussi différentes autres îles et ayant passé en Europe et en Afrique ils subjuguèrent toute la Lybie et l’Égypte, et toute l'Europe jusqu’à l'Asie mineure. Enfin l’ile Atlantique fut engloutie sous les eaux et longtemps après la mer était encore pleine de bas-fonds et de bancs de fable à l'endroit où cette île avait été.

 

(2) Voir de Ladevi-Roche, professeur de philosophie « LE VRAI ET LE FAUX PLATON OU LE TIMÉE DÉMONTRÉ APOCRYPHE » en 1867 et A. Vieira Pinto « Note sur la traduction de Platon, Timée 43 b ». In: Revue des Études Grecques, tome 65, fascicule 306-308, Juillet-décembre 1952. pp. 469-473;

 

(3)  Solon , le législateur, a vécu de 630 à 560 avant Jésus-Christ.

 

(4) Le géologue Pierre Termier avait  prouvé qu’un vaste effondrement s’était produit à la fin de l’âge quaternaire à l’ouest du détroit de Gibraltar. L’antiquité ne s’en était évidemment pas doutée et Platon lui-même n’aurait pu le deviner. Il se trouve qu’il y aurait jadis existé une terre là où Platon a placé son mythe et que son invention n’est pas dénuée de fondement, du moins en ce qui concerne l’existence d’un continent en face des côtes du Maroc et du Portugal. Mais Platon a pu tomber juste par un pur hasard ?

 

(5) « LETTRES  SUR L’ATLANTIDE DE PLATON ET SUR L’ANCIENNE  HISTOIRE DE L’ASIE. Pour servir de suites aux Lettres sur  l’origine des Sciences adressées à M. de Voltaire  par M. Bailly » de 1779.

 

 

(6) René Verneau «  A propos de l'Atlantide » In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série. Tome 9, 1898. pp. 166-171;

 

(7) Le texte de plusieurs centaines de pages a été publié en 2019 en Indonésie par Indonesia hydro media

 

(8) « The History of Java » publié à Londres en deux volumes en 1817.

 

 

(9) Voir notre article INSOLITE 27 « LES « PEUPLES DE LA MER » D'ASIE DU SUD-EST SONT-ILS VENUS SUR L'ÎLE DE MADAGASCAR ? »

http://www.alainbernardenthailande.com/2019/08/insolite-27-les-peuples-de-la-mer-d-asie-du-sud-est-sont-ils-venus-sur-l-ile-de-madagascar.html

 

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commentaires

D
Thanks Alain and Bernard for referencing my research. Good article!
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G
Félicitations pour votre travail !