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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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26 septembre 2018 3 26 /09 /septembre /2018 22:07
RH 35. LA FIN DU RÈGNE DU ROI THAMMARACHA DE 1584 À 1590.

Nous avons vu que la mort du grand roi birman Bayinnaung en 1581 avait modifié l’équilibre géopolitique de la Région, et certaines cités (et/ou principautés) avaient vu là une opportunité de rompre leur vassalité auprès du nouveau roi Nondabayin, comme Khang, Rum et Ava qui le payeront très cher. De même Naresuan, le fils du roi Thammaracha, Uparat (Successeur désigné) et roi de Phitsalunok  saura profiter des circonstances pour proclamer l'indépendance du royaume d'Ayutthaya en 1584, rompant ainsi 15 ans de vassalité, non sans combats. (Cf. Le concept de muang (1)

 

 

Mais Naresuan, comme son père le roi Thammaracha étaient conscients qu'une proclamation d'indépendance ne signifiait pas que le royaume birman l'avait acceptée, ni d'ailleurs que certaines cités siamoises. Ils avaient pu s'en rendre compte avec Sawankhalok et Phichai qui avaient choisi de se révolter plutôt que de se joindre à eux pour combattre les Birmans, qu'ils craignaient davantage. Naresuan avait dû les châtier, exécuter les chefs et emmener tous les habitants à Phitsalunok. Il avait même au préalable crû bon de procéder à une nouvelle cérémonie d'allégeance du roi de Sukhotai Somdet Phra Ruang, avec le serment de combattre l'ennemi et de défendre l'indépendance retrouvée du Siam. Il apprit très vite d'ailleurs par Khun Inthondecha qu'il avait envoyé inspecter la situation au nord, qu'à Chiang Mai les Birmans mobilisaient une armée pour attaquer de nouveau à la saison sèche.

 

 

Nous utiliserons le récit du Prince Damrong, intitulé "Les Siamois se battent contre le gouverneur de Bassein à Suphanburi, 1584" (2) plus cohérent que les "Chroniques royales d'Ayutthaya " pour raconter cette nouvelle guerre.

 

 

Le roi d'Hongsawadi -donc- de retour en sa capitale, après avoir écrasé Ava, eut la confirmation que Somdet Phra Naresuan s'était révolté et apprit qu'il avait emmené avec lui toutes les familles siamoises prisonnières. Il ne pouvait que mobiliser une nouvelle armée pour attaquer la capitale d'Ayutthaya.

 

 

Il estima qu'il n'était pas nécessaire de réunir une grande armée, au vu des déprédations subies récemment au Siam et du peu d'hommes mobilisables. Il décida d'une double attaque simultanée lancée de deux directions différentes. Pour ce faire, il ordonna au gouverneur de Bassein, qui était son oncle, d'attaquer avec une armée de 30.000 hommes en passant par les trois Pagodes et au vice-roi de Chiang Mai, qui était son jeune frère, de descendre avec une armée terrestre et navale de 100.000 hommes, afin de rejoindre l'autre armée, et d' attaquer ensemble.

 

 

Naresuan avait préparé la défense de la capitale. (Remarquons-une fois de plus- qu'il n'est fait nulle référence au roi Thammaracha) Il envoya des éclaireurs qui lui apprirent que l'ennemi arrivait par deux directions. Une force de 10 000 volontaires venant du nord fut confiée au Chaopraya de Sukhotai, et une autre composée des habitants de la capitale et des cités voisines fut confiée au commandement de Phraya Chakri secondé par Phraya Khlang.

 

 

Mais à cause d'une incompréhension les deux forces birmanes n'arrivèrent pas au même moment. L'armée du gouverneur de Bassein était arrivée sur le territoire siamois en janvier par Kanchanaburi. Naresuan vit là une opportunité sachant qu'il subsistait encore beaucoup d'eau sur les routes du nord. Il ordonna à Phraya Chakri d'aller rapidement avec une force navale occuper Suphanburi. Le gouverneur de Bassein, qui voulait faire de Suphanburi sa base fut accueilli par le feu nourri de gros fusils et dut battre en retraite. Il installa son camp à la colline de Phraya Maen en attendant les nouvelles provenant du vice-roi de Chiang Mai.

 

 

En février, Naresuan et son jeune frère Ekathosarot quittèrent la capitale par bateau pour installer leur camp à Pa Mok. Il envoya le "roi" de Sukhotai affronter les Birmans à la colline de Phraya Maen qui durent encore battre en retraite. Le roi de Sukhotai poursuivit son avance jusqu'à Kanchanaburi en capturant au passage une compagnie.

 

 

Les forces de Chiang Mai - quant-à elles - étaient bien arrivées à Chainat sans difficulté -tous les villages du nord étant vides de leurs habitants- Le vice-roi alors avait envoyé une armée de 15 000 hommes à la rivière de Bang Phutsa près de Phrom pour trouver le gouverneur de Bassein afin de fixer une date pour attaquer ensemble la capitale siamoise.

 

 

Naresuan avec son frère Ekathotsarot qui étaient à Chainat avaient envoyé une avant-garde de 200 cavaliers et de 3000 soldats attaquer la force avancée de l'ennemi à l'embouchure de la rivière de Bang Phutsa, mais sa force n'était pas suffisante. Elle choisit de se cacher dans la forêt et d'attaquer sans cesse les patrouilles en recherche de provisions en évitant le combat. Puis elle revint à Chainat. Pendant ce temps, le vice-roi de Chiang Mai avait appris qu'il était arrivé avec 15 jours de retard au rendez-vous, après la défaite et la retraite du gouverneur de Bassein et il décida de retourner en sa capitale. (Fin du récit de Damrong)

 

 

 La bataille de Ban Saket contre le vice-roi de Chiang Mai. (1585?)

 

On peut se douter de la colère du roi d'Hongasawadi lorsqu'il apprit ce nouvel échec et il décida de laver l'affront. Le Prince Damrong, racontera "[Cette] bataille entre le vice-roi de Chiang Mai et des Siamois à Ban Saket, l'année du coq (1585)" (pp.99-107).

 

(Outre cette bataille, les Chroniques - quant-à elles - évoquent le renforcement de l'alliance (p.101) et de l'assistance militaire entre Ayutthaya et les Khmers de Laweak (Un § p.103); Nous y reviendrons) 

 

 

Les Birmans avaient pu constater que tous les Siamois valides avaient abandonné toutes les cités du nord et que tous les soldats recrutés avaient rejoint la capitale, aussi le roi d'Hongsawadi envoya son fils l'Uparat avec une armée de 50 000 hommes à Kamphaenphet (En mai), et d'autres soldats et civils au nord pour cultiver des champs de riz, afin que les vivres soient prêtes lorsque le roi lui-même arriverait avec la principale armée à la saison sèche à la fin de l'année du coq. Il ordonna au vice-roi de Chiang Mai de veiller à ce que les Siamois ne puissent pas cultiver le riz et de préparer son armée qui se composera de 100.000 hommes en incluant la force navale. Le vice-roi prit le commandement de l'armée et fit son camp au village de Ban Saket (Près de Ban Chaiyo) . Il nomma Phraya Chiang Sen commandant de son avant-garde.

 

 

Naresuan apprit que les cultivateurs siamois qui avaient été envoyés pour cultiver le riz avaient été arrêtés et que le gouverneur de Prayao était en train de brûler les villages et maisons jusqu'au pont de Khai Kao. Naresuan et son frère décidèrent alors de sortir avec une petite force pour l'attaquer; Un combat s'engagea à l'issue duquel le gouverneur fut tué.

 

 

Naresuan estima ensuite qu'il valait mieux attaquer rapidement l'armée du vice-roi en ayant soin de se retirer au bon moment. Il demanda la permission à son père qui approuva l'idée. Il partit avec son frère, avec une force de 8000 hommes, comprenant la force navale pour s'installer sur la plaine de Lumphli. Il y apprit que des guérillas de l'armée du vice-roi de Chiang Mai étaient descendus jusqu'à Ban Pa Mok pour capturer des Siamois. Il partit alors avec son frère sur des bateaux rapides jusqu'à Pa Mok Noi où il fut en contact avec Sare Nunthasu qui commandait une force de 5000 hommes. Le combat s'engagea et la force ennemie fut incapable de résister et se retira. Les Siamois les suivirent, jusqu'à ce qu'ils rencontrent l'avant-garde du vice-roi de Chiang Mai commandée par Chiang Saen; Ils engagèrent le combat mais renoncèrent très vite à cause de leur nombre, et se retirèrent. Ils furent à leur tour pourchassés et arrivant près de Pa Mok, Naresuan vit les forces ennemies, mais estima qu'il n'avait pas le temps de se retirer. Il fit alors mouvement à l'embouchure du canal de Pa Mok Noi. Et quand l'ennemi arriva, les Siamois firent feu de leurs bateaux avec leurs armes à feu, petites et grandes. Il y eut beaucoup de morts et de blessés de chaque côté. Mais une petite armée terrestre (Combien d'hommes ?) venant d'Ayutthaya fit pencher la balance et l'armée de Chiang Saen se retira. Naresuan décida alors d'établir ses forces à Pa Mok (dans l'actuelle province d'Ang Thong).

 

.

 

Le vice-roi de Chiang Mai basé à Ban Saket, en voyant arriver les forces de Sare Nanthasu et du gouverneur de Chiang Sen comprit la situation. Il réunit son Conseil, et présumant que l'armée siamoise allait poursuivre les forces en retraite, décida de les attaquer. Il forma une avant-garde de 15 000 hommes sous le commandement de Sare Nanthasu et du gouverneur de Chiang Sen afin qu'ils puissent racheter leurs défaites et plaça l'armée principale de 60.000 hommes sous ses ordres qui partirait au jour favorable, soit "au jour de la seconde lune du 5ème mois siamois de l'année du coq." (Mai 1585).

 

 

Mais Naresuan n'était pas dupe et savait que si les forces de Sare Nanthasu et du gouverneur de Chiang Sen s'étaient retirés, elles n'avaient pas été complètement défaites et allaient se reconstituer pour reprendre le combat. Mais au bout d'un certain temps, ne les voyant pas arriver, il envoya en reconnaissance Phra Ratcha avec 10 000 hommes. La principale armée siamoise, étant composée de 30.000 hommes.

 

Phra Ratcha rencontra à Bang Kaeo l'avant-garde ennemie et engagea le combat. Pendant ce temps l'armée de Naresuan avait atteint le village de Ban Hae et pouvait entendre les coups de feu. Il savait que les troupes de Sare Nanthasu et du gouverneur de Chiang Sen avaient rejoints l'armée principale du vice-roi de Chaing Mai. Il utilisa alors un stratagème bien connu dans l'art de la guerre.

RH 35. LA FIN DU RÈGNE DU ROI THAMMARACHA DE 1584 À 1590.

Il stoppa son armée et la plaça dans la forêt de Pa Chik et de Pa Kratum, puis envoya une ordonnance à Phra Racha Manu pour l'informer de se retirer lentement. Mais celui-ci estima qu'il était capable de résister à l'avant-garde ennemie avant que l'armée principale siamoise n'arrivât et n'obéit pas à l'orde donné. Naresuan envoya de nouveau l'officiel Chamun Thip Raksa pour réitérer l'ordre de retraite lente et de nouveau Phra Racha Manu fit savoir que cele créerait une panique dans ses rangs. Naresuan, fort en colère, envoya alors Chamun Thip Raksa avec des chevaux rapides pour qu'il lui communique le même ordre, avec le pouvoir de le décapiter en cas de désobéissance. Cette fois-ci Phra Racha Manu comprit et leva le drapeau de la retraite.

 

L'armée du vice-roi de Chiang Mai tomba dans le piège, en pousuivant en désordre l'avant-garde siamoise. Elle arriva là où Naresuan avait placé son armée principale de façon à pouvoir entourer l'ennemi. Phra Racha Manu comprit alors la manoeuvre et un drapeau lui indiqua le direction à prendre. (Damrong nomme cinq Phraya ennemis ainsi que le chef des Môns et le gouverneur de Terin tombés sous les armes siamoises). La bataille permit de capturer environ 25 grands éléphants, 100 chevaux et beaucoup d'armes et de munitions.

 

 

Naresuan poursuivit l'armée ennemie en déroute jusqu'au village de Ban Chawai, où il passa la nuit. Mais il ordonna à tous ses commandants de marcher toute la nuit et d'attaquer au petit jour le camp du vice-roi de Chiang Mai à Ban Saket . Nous étions "le 4ème mois siamois de la 4ème lune décroissante" (Mai). L'armée ennemie n'opposa aucune résistance et fut capturée presque sans combat; Phraya Chiang Saen,  (au nord-est de la province de Chiangmai) le commandant de l'avant-garde fut capturé, ainsi que 10 000 hommes, 120 éléphants, 100 chevaux, 400 bateaux, et de nombreuses armes, munitions et provisions.

 

 

Après cette victoire Naresuan suivit le reste de l'armée ennemie jusqu'à Nakhon Sawan mais estimant que le vice-roi de Chiang Mai allait joindre ses forces à celles de l'Uparat birman, il n'alla pas plus loin.

 

Pendant ce temps, le roi Thammaracha craignant que l'Uparat birman puisse rejoindre l'armée du vice-roi de Chiang Mai, rejoignit avec son armée (Combien de soldats?) ses fils à la bouche de Bang Phutsa qui l'informèrent de leur victoire. Le roi Thammaracha ordonna alors le retour vers sa capitale. (Nous n'en saurons pas plus. Où était l'armée de l'Uparat ? Combien d'hommes restaient au vice-roi de Chiang Mai ?)

 

Fin 1585-1586. Cette fois-ci, le roi d'Hongsawadi veut prendre Ayutthaya. Une nouvelle guerre que le Prince Damrong va nous raconter dans le chapitre 8 (pp. 108-115).

 

Après ce nouvel échec, le roi d'Hongsawadii n'avait pas renoncé et fin 1585, il réunissait de nouveau 250.000 hommes à Kamphaengphet, organisés en trois armées, en vue de prendre Ayutthaya. L'une commandée par lui-même, une autre par l'Uparat et la 3ème par le vice-roi de Toungoo.

 

 

Les armées de l'Uparat et du vice-roi de Toungoo en prenant des chemins différents arrivèrent à Ayutthaya en février 1586 et installèrent leurs camps au nord et à l'est, tandis que celle du roi Hongsawadi se plaçait au nord dans une redoute d'observation.

 

Comme nous l'avons vu précédemmment, les Siamois avaient eu le temps de préparer la défense de la capitale, en prenant soin de faire de stocks de riz, d'organiser des forces de guérilla en forêt pour couper les lignes de communication de l'ennemi, d'installer sur le côté sud des points de défense avec des bateaux armés, laissant à l'ennemi les provinces du nord depuis Wiset.

 

 

 

Quand l'ennemi arriva en février, le roi d'Ayutthaya vit que tout le paddy de la plaine d'Hantra n'avait pas été récolté, aussi envoya-t-il, le ministre de la guerre Chaophraya Kamphaengphet protéger les moissonneurs. Mais l'Uparat birman envoya une cavalerie qui battit Chaophraya Kamphaengphet qui dut revenir à la cité. Naresuan fut très en colère et ne supportant pas cette défaite, décida d'affronter l'ennemi de suite en partant sur un bateau avec son frère, dans la plaine de Chai Khuang. Malgré le fait que son frère fut blessé par une balle, l'ennemi birman dut battre en retraite dans la redoute que Chaophraya Kamphaengphet avait abandonné. A son retour Naresuan ordonna l'exécution du Chaophraya. Le roi Thammaracha lui évita l'exécution mais le destitua de son titre et de son poste de ministre de la guerre. Ce qui donna beaucoup d'énergie par la suite aux combattants.

 

 

 

Pendant plus d'un mois, il y eut beaucoup d'assaults menés par les Birmans qui échouèrent. Alors que Naresuan à la téte de nombreuses guérillas réussissait à couper les communications et empêchait les vivres d'arriver à l'armée principale birmane, qui fut de ce fait, touchée par la disette et des maladies. Il vit là l'opportunité d'attaquer incessamment leurs campements pour les empêcher de se reposer. En mars, il attaqua, prit et détruisit la redoute de Phraya Nakon, située à l'embouchure du canal Phut Lao. Il attaqua ensuite de nuit les forces avancées du roi birman, jusqu'à son campement. On le vit même, l'épée à la bouche, gravir avec ses hommes les palissades de la redoute mais dut renoncer et retourner à sa capitale. (Damrong rajoute que cette épée est devenue célèbre jusqu'à nos jours) Le roi d'Hongsawadi reconnut combien Naresuan était brave et qu'il devenait nécessaire de le capturer. Il ordonna à Lak Wai Thammu, réputé pour sa valeur, de choisir 10.000 hommes, pour garder la redoute et pour capturer Naresuan vivant.

 

En avril, Naresuan avec ses hommes alla se cacher dans la plaine de Lumphli avec l'intention d'attaquer de nouveau la redoute du roi birman. Lak Wai Thammu pensa alors à un stratagème.

 

Il chargea Thot de faire mine d'attaquer Naresuan avec une compagnie, et de fuir pour amener Naresuan dans un piège. Effectivement, Naresuan ne voyant que peu de combattants attaqua seul monté sur son cheval les cavaliers birmans, qui -comme prévu- s'enfuirent en incitant Naresuan à les poursuivre. Mais celui-ci, bien qu'entouré par l'ennemi put s'échapper. Lak Wai Thammu le poursuivit alors à cheval, le rejoignit, mais fut tué dans un combat à l'épée, ainsi que Thot venu le secourir. Naresuan dut combattre pendant une heure avant que ses cavaliers viennent le sortir de ce traquenard.

 

 

Après avoir consacré plus de deux pages à la bravoure et aux exploits de Naresuan, Damrong ne consacrera que 5 lignes pour nous informer qu'en mai, le même Naresuan sortit de la capitale en bateau pour attaquer avec ses hommes le campemant des forces de l'Uparat à Khanon Bang Tanao, qui subirent la défaite et durent se retirer à Ban Kradan.

 

Le roi d'Hongsawadi ne pouvait que constater son échec après 5 mois de combats. Un échec accentué par la maladie et la perte de nombreux hommes. Toujours est-il qu'il crût nécessaire de réunir un conseil de tous ses commandants et de quelques ministres importants pour leur déclarer que la défense d'Ayutthaya était très solide et du fait que la saison des pluies commençait, il valait mieux procéder à la retraite afin de la revitaliser ensuite pour mieux revenir combattre à la saison sèche. Aussi ordonna-t-il à l'Uparat de commander l'avant-garde et au vice-roi de Toungoo l'arrière-garde.

RH 35. LA FIN DU RÈGNE DU ROI THAMMARACHA DE 1584 À 1590.

En juin, Naresuan arriva par bateau à Bang Kradan pour attaquer de nouveau l'Uparat, mais voyant qu'il s'était retiré, attaqua l'arrière-garde. Mais il revint vite à la capitale afin d'organiser une force de jonques sur lesquelles il fit fixer des armes de grande taille (Canons ?) et dès juillet, il bombarda le camp du roi d'Hongsawadi, qui subit alors de nombreuses pertes en hommes, chevaux, et éléphants. Le roi birman fut contraint de lever le camp pour installer son nouveau camp à Pa Mok. Les forces terrestres siamoises suivirent et attaquèrent l'ennemi jusqu'à Thale Maharat, pendant que les forces navales conduites par Naresuan et son frère les suivirent jusqu'à Pa Mok. Mais ils constatèrent que les forces birmanes étaient encore en grand nombre et qu'ils ne pourraient les vaincre. Aussi retournèrent-ils à la capitale. Le roi d'Hongsawadi fit de même. La 4ème guerre contre les Birmans durant le règne de Thammaracha venait de s'achever.

 

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En était-il fini avec les guerres durant ce règne ?

 

Damrong signale ensuite qu'il ne croit pas que les Birmans aient de nouveau attaquer Ayutthaya à la fin de 1587, malgré ce que certaines sources prétendent. En effet, "Les Chroniques royales d'Ayutthaya" évoquent (pp. 119-120) une nouvelle guerre des Birmans contre Ayutthaya, pendant laquelle d'ailleurs le roi de Lawaek (Cambodge) rompant son alliance, a attaqué avec 10.000 hommes les cités et/ou villages de l'est, comme Pa Si sen, Khwai, Pracin. Les officiels de Nakhon Nayok informèrent le roi Thammarcha, qui furieux, confia à Naresuan, qu'il ne pouvait supporter que le roi de Laweak rompe ainsi la sainte alliance établie.

 

Auparavant les Chroniques nous avaient informé sur le fait, qu'après la proclamation d'indépendance d'Ayutthaya en 1584, le roi khmer de Lawaek avait vu une opportunité d' établir une nouvelle alliance avec le royaume d'Ayutthaya et avaient présentées : L'offre d'alliance, p.95), l'alliance (p.97), l'alliance renforcée (p.101), qui prit la forme d'un soutien militaire (p.103) lors de l'attaque d'Hongsawadi en 1585, puis l'affront subi par le frère du roi khmer qui se transforme en conflit avec Naresuan (p.111), puis en rupture de l'alliance (p. 112) et enfin par la guerre (p.118).

 

Le roi Thammaracha -donc- ordonna à Phraya Si Sainarong et Phraya Si Ratcha Deco d'organiser une force de 5.000 hommes pour les attaquer. Elle rejoignit Nakhon Nayok et attaqua l'armée khmère, qui dut se retirer à la "douane" de Carut. Mais les commandants siamois poursuivirent leur attaque jusqu'à ce que les Khmers repassent la frontière. Beaucoup d'entre eux furent tués, ou prisonniers le long du chemin de retraite. Phraya Si Sainarong et Phraya Si Ratcha Deco reprirent alors leur position à Pracin et envoyèrent leur rapport et demandèrent la permission de revenir à la capitale avec leurs prisonniers et les armes prises. Mais le roi leur ordonna de rester sur leur position, pour prévenir une nouvelle attaque éventuelle des Khmers, alors que les Birmans n'étaient pas encore retournés en leur pays.

 

Ensuite disions-nous, les Chroniques racontent en deux pages une nouvelle attaque d'Hongsawadi contre la capitale Ayutthaya. Mais ce récit correspond à celui de Damrong avec l'héroïsme de Naresuan attaquant une palissade avec l'épée dans la bouche, la décision du roi d'Hongsawadi de le capturer, le traquenard organisé par Lak Wai Thammu, la poursuite, le combat à cheval, la mort de Lak Wai Thammu ainsi que celle de Thot venu le secourir, et les vaines tentatives du roi d'Hongsawadi pour conquérir Ayutthaya, pour finalement renoncer à cause de la saison des pluies qui s'annonçait.

 

 

Les "Chroniques royales d'Ayutthaya" terminaient le chapitre trois consacré au règne du roi Thammaracha (1569-1590) pour annoncer sa mort (en neuf lignes) survenue après une maladie grave, le "mardi du second jour de la lune décroissante du 12ème mois" a 76 ans après un règne de de 22 ans (sic).

 

On avait pu constater que les "Chroniques royales d'Ayutthaya" dans ce chapitre avait peu parlé du roi Thammaracha, et pourtant ce roi avait eu une existence peu commune, que nous allons vous rappeler dans l'article suivant, avant d'évoquer le règne du roi Naresuan (1590-1605).

 

 

NOTES ET RÉFÉRENCES.

 

 

1. Le  muang ? http://www.alainbernardenthailande.com/article-15-notre-histoire-de-la-thailande-le-muang-99007801.html

Un concept essentiel pour comprendre l’Histoire de la Thaïlande.

 

La conquête du « Siam » par les muang.

http://www.alainbernardenthailande.com/article-16-notre-histoire-la-conquete-du-siam-par-les-muang-99006690.htm

 

Il y a là un jeu de chaises musicales, qui ne peut se comprendre qu'avec le concept de muang, «Une clé essentielle, reconnue par tous, pertinente depuis l’origine jusqu’ à nos jours, couvrant tous les Territoires des Taï, pour comprendre leur identité, leur organisation territoriale, politique et religieuse. »

 

« Chaque muang est un système hiérarchisé politico-religieux. Chaque muang, en fonction de sa taille est, soit le centre, soit dans un rapport de vassalité(s) ou d’allégeance(s), plus ou moins autonome, selon la distance par rapport au centre. (Si le centre faiblit, il peut se placer sous la protection d’ autres muang, soit s’ intégrer dans 2 , 3 réseaux hiérarchiques (sous la tutelle de 2 ou de 3 chefs) ). (On peut donc repérer au moins 3 hiérarchies : La hiérarchie politique et religieuse à l’intérieur du muang; la hiérarchie entre les muang). » […] « Chaque centre est à la fois dans une logique de stabilisation (Se préserver an assurant son (ou ses) rapport de vassalité, et le jeu plus subtil des alliances) du système qu’il dirige et de lutte et de conquêtes pour agrandir le système (renversement des alliances, guerre contre l’ennemi « extérieur »).

 

2. Prince Damrong Rajanubhab, In « Our Wars with the Burmese, Thai-Burmese Conflicts, 1539-1767 », (White Lotus, 2001), consacre 110 pages, 11 chapitres, relatant les 11 guerres entre les Birmans et Naresuan, dont les 4 guerres menées au temps du règne du roi Thammaracha alors que Somdet Phra Naresuan est roi de Phitsalunok, à savoir le Ch.5, la proclamation de l'indépendance en 1584 (28p.). Ch.6, La bataille contre le gouverneur de Bassein à Suphanburi en 1584 (4p.). Ch.7, La bataille contre le vice-roi de Chiang Mai à Ban Saket en 1585 (7p.). Ch.8, Le roi d'Hongsawdi qui tente de conquérir la capitale d'Ayutthaya. (7p.)

 

Et ensuite, les 7 autres guerres menées contre les Birmans, alors que Naresuan est devenu roi en 1590 (1590-1605)

 

 

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