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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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9 juillet 2018 1 09 /07 /juillet /2018 22:11

 

Voilà pourtant une erreur première que vous lirez – hélas – partout ! Elle provient ou proviendrait du « livre des records » qui n’en est pas à une stupidité près.  Le « nom » cérémoniel de Bangkok, que vous ne lirez évidemment pas à tous les coins de rue est le suivant :

 

กรุงเทพมหานครอมรรัตนโกสินทร์มหินทรายุธยามหาดิลกภพนพรัตน์ราชธานีบุรีรมย์อุดมราชนิเวศน์มหาสถานอมรพิมานอวตารสถิตสักกะทัตติยะวิษณุกรรมประสิทธิ์ (1).

 

 

Tel qu’il est, il comprend effectivement si nous savons compter et sauf erreur – 135 caractères, consonnes, voyelles et signes diacritiques et trois bonnes douzaines de mots. Dire qu’il est un « nom » c’est-à-dire un mot simple ou composé revient à ignorer les paramètres fondamentaux de l’écriture thaïe qui procurent à ceux qui se consacrent à son apprentissage de déconcertantes difficultés qu’il faut « un certain temps » à surmonter (2) :  

 

- La langue ignore les majuscules ce qui rend la découverte des noms propres souvent difficile.

 

- la langue ne sépare pas les mots dans une phrase, parfois pas même dans un paragraphe entier

(Unephrasequineséparepaslesmotsestunvéritablecauchemar).

- la langue enfin ignore les signes de ponctuation tels que nous les connaissons (3).

 

 

Prenons un exemple en parlant de Paris et nous aurons tout dit en décrivant notre capitale française par une périphrase de 16 mots : « Paris, la ville lumière, cité de Sainte-Geneviève, capitale de la France et berceau de la francophonie ». Si nous l’écrivons à la thaïe :

 

« parislavillelumièrecitédesaintegenevièvecapitaledelafranceetberceaudelafrancophonie », nous n’avons pas pour autant un seul mot de 84 lettres mais une périphrase !

 

 

Tel est le cas du nom cérémoniel de Bangkok qui n’est pas le nom officiel de la ville et ne l’a jamais été. Il est constitué d’une phrase ou plutôt d’une périphrase d’une série de qualificatifs de la ville dans un langage recherché essentiellement issu du sanscrit dont la lecture n’est pas toujours facile et la traduction encore moins, y compris pour les Thaïs (4).

 

Couverture d'un manuel scolaire d'apprentissage de la lecture :

 

 

D’où vient ce nom cérémoniel ? Nous avons vu qu’avant l’installation de la capitale sur les rives de la Chaopraya, la ville s’appelait Bangkok, comme nous le savons « le village des pruniers à cochons » (5). Il est issu en réalité de la profonde culture classique et de l’imagination féconde mais, il faut bien le dire, logorrhéique, du roi Rama IV sans que nous ayons plus de précisions sur une date exacte de son apparition au cours de son règne de 17 ans (1851-1868).

 

 

Une traduction au moins d’une partie de ce nom de cérémonie va vous démontrer qu’il ne s’agit que d’une longue périphrase qui n’a rien de rien à voir avec « le plus long nom d’une ville au monde ». Nous n’en ferons pas plus car toutes les traductions qui en sont données sont loin de converger et nous n’avons ni l’intention ni d’ailleurs les compétences pour entrer dans des discussions exégétiques qui ne sont pas notre propos de ce jour sur ce langage archaïque et recherché.

 

กรุงเทพ : krungthep c’est la cité des créatures célestes (6). มหานคร : mahanakhon c’est la grande ville ou la capitale. อมรรัตนโกสินทร์ : amon rattanakosin c’est selon nous … des immortels Rattanakosin (7). มหินทรายุธยา : mahinthrayutya  que nous traduisons à tort ou à raison comme du grand Indra d’Ayuthaya.

 

Soit la cité des créatures célestes, la capitale des immortels Rattanakosin et du grand Indra d’Ayuthaya

 

Alors, un « nom » ou une périphrase ?

 

 

NOTES

 

(1) La transcription officielle est la suivante :

 

Krungthepmahanakhonamonrattanakosinmahinthrayutyamahadilokphopnoppharatratchathaniburiromudomratniwetmahasathanamonphimanawatansathitsakkathattiyawitsanukamprasit

 

Il devient krungthep ou กรุงเทพ sur les panneaux indicateurs doublés le plus souvent de Bangkok et กรุงเทพมหานครkrungthepmahanakhon sur les plaques d’immatriculation des véhicules, le dernier signe diacritique indiquant la nécessité évidente d’éviter d’écrire la suite. Dans le langage populaire, il est souvent abrégé en thep เทพ.

 

 

(2) Dans son « dictionnaire français-siamois » de 1904, Lunet de la Jonquières nous dit, peut-être un peu optimiste : « Quelques jours de travail suffisent pour en comprendre le mécanisme, et un ou deux mois pour déchiffrer passablement les imprimés et les manuscrits soignés ».

 

Le nombre de mots est fonction de la manière dont ils sont décomptés, il y a de nombreux mots composés que l’on peut à volonté compter pour un ou deux sinon trois mots. Nous en restons à trois douzaines dans cette liste.

 

 

(3) Les signes de ponctuation de la graphie occidentale sont toutefois parfois utilisés dans la presse, jamais ailleurs.

 

Couverture d'un manuel scolaire d'apprentissage des signes de ponctuqtion :

 

 

(4) Les mots utilisés en thaï provenant du pali ou du sanscrit posent des difficultés de lecture même aux Thaïs, pour abuser en particulier des voyelles non écrites, « voyelles camouflées » pour la grammaire, et de consonnes écrites mais non prononcées « consonnes tuées » pour la grammaire. De nombreux sites thaïs pour faciliter la lecture du nom « officiel » de leur capitale en donnent une version détaillée :

 

กรุงเทบมะหานะคอนอะมอนรัดตระนะโกสินมะหินทรายุดทะยามะหาดิลกพบนบพะรัดราดชะทานีบูรีรมอุดมราดะนิเวดมะหาสะถานอะมอนพิมานอะวะตานสะถิดสักกะทัดติยะวิดสะนุกำประสิด.  

Le record est battu, 155 lettres ou signes.

 

 

(5) Voir notre article « « NOTRE DICTIONNAIRE » : B  - BANGKOK N’EST PAS LA « VILLE DES OLIVIERS SAUVAGES ».

 

La mention la plus ancienne du nom de Bangkok chez les occidentaux semble provenir d’une carte batave qui daterait de 1635-1641 : voir Barend Jan Terwiel « An early ducth map depicting the arrival of a diplomatic mission in Siam » in Journal of the Siam society, n°106 de 2018.

 

 

Lorsque Rama I fit de Thonburi sa capitale, elle devint Thonburi Simahasamut (ธนบุรีศรีมหาสมุทร), « la ville des trésors – la grâce du grand océan » tout en conservant le nom familier de Bangkok pour les visiteurs.

 

 

Nous trouverons encore Krungthepthawanwadi Si Ayutthaya (กรุงเทพ ทวารวดีศรีอยุธยา) que nous traduisons à tort ou à raison « la cité des créatures célestes du Dvaravati et de la sainte Ayuthaya » ou plus simplement Krungthepmahanakhon Si Ayutthaya (กรุงเทพมหานครศรีอยุธยา)  que nous traduisons toujours à tort ou à raison la cité des créatures célestes et de la sainte Ayuthaya.

 

Ces détails nous sont donnés par le premier occidental à avoir décrit la capitale après l’installation de la dynastie, Edmund Roberts, négociateur du traité avec les États-Unis en 1833 qui nous indique qu’elle était communément désignée comme « Sia-Yoo-thia » mais Bangkok pour les occidentaux : « EMBASSY TO THE EASTERN COURTS OF COCHIN-CHINA, SIAM, AND MUSCAT » publié à New-York en 1837 et « TREATIES BETWEEN THE UNITED STATES OF AMERICA AND CHINA, JAPAN, LEWCHEW (Okinawa) AND SIAM » publié à Hong-Kong en 1862.

 

 

(6) Parler d’ « anges » comme on le voit partout (la cité des anges) est inapproprié. เทพ - thep ce sont des créatures célestes ou éventuellement des dieux, il est difficile de la traduire autrement, ils et elles sont dans la mythologie indo-bouddhiste tous sexués et n’ont rien à voir avec nos anges qui ne le sont pas.

 

 

(7) Là vont continuer les divergences avec d’autres traductions : อมร amon, mot sanscrit (sans voyelles soit dit en passant), signifie immortel. รัตนโกสินทร์ rattanakosin est-ce bien le nom de la présente dynastie ? Ce peut-être aussi รัตน rattana les pierres précieuses et รัตนโกสินทร์ rattanakosin les joyaux de Kosindra (Indra) qui est également le Bouddha d’émeraude, le palladium du pays. Qui est immortel, le Bouddha d’émeraude ou la dynastie ?

 

 

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