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  • : Le blog des Grande-et-petites-histoires-de-la-thaïlande.over-blog.com
  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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25 juillet 2018 3 25 /07 /juillet /2018 22:01

 

Le 17 janvier 2004 les postes royales ont rendu un hommage marqué à l’artiste  Hem Vejakorn  (เหม เวชกร) pour le centenaire de sa naissance en émettant une très belle série de quatre timbres-poste.

 

 

Ils représentent des scènes du très célèbre poème épique dont tous les petits thaïs apprennent des passages, Khun Chang Khun Phaen (ขุนช้างขุนแผน) dans une édition qu’il avait illustrée dans les années 1950,

 

 

sur un texte mis en forme par le prince Prem Purachatra (เปรม บุรฉัตร) (1).  

 

 

Il nous a intéressés de faire sa connaissance car il tient ses talents des hommes de l’art italien aux côtés desquels il a travaillé -et que nous avions rencontrés-, comme essentiellement le grand Carlo Rigoli, peintre très néoclassique. (2) 

 

 

Il est né à Bangkok dans une famille décomposée par le divorce de ses parents et probablement désargentée. À l'âge de 11 ans, il travaille comme arpète chez un oncle architecte qui est chargé de superviser les artistes et architectes italiens employés à la construction de la salle du trône Ananda Samakom (พระที่นั่ง อนันต สมาคม).

 

Il rencontre ainsi l'artiste Carlo Rigoli, l'architecte Mario Tamagno

 

 

et l'ingénieur Emilio Giovanni Gollo.

 

 

Il est fasciné par leur travail, notamment les peintures sur le dôme dans la salle du trône

 

 

Rigoli, qui était l'architecte d'intérieur, l’autorise en effet à y pénétrer pour y porter les seaux de peinture. Il se prend d’affection pour lui, lui apprend les rudiments du dessin et de la peinture et l’invite à venir étudier en Italie, mais l’adolescent ne peut accepter probablement faute de moyens financiers. Nous allons le retrouver dans divers établissements scolaires, notamment le Collège de l’Assomption (Assumption College - มหาวิทยาลัย อัสสัมชัชั) et l'école Debsirin (โรงเรียนเทพศิรินทร์) où il court d’échec scolaire en échec scolaire, probablement en raison d’une absence de soins parentaux.

 

 

Hem Vejakorn toutefois  va poursuivre ses efforts artistiques. Il participe, non plus comme arpète, à la décoration d'un autre temple, le  Wat Rajaoros (วัดราชโอรส).

 

 

Il commence à écrire, apprendre la musique et jouer de l’alto. Il joue aussi de la musique dans les salles de cinéma alors muet (3).

 

 

Par ailleurs, pour assurer son casuel, il travaille pendant un certain temps pour le compte du département d'irrigation royale de la province de Saraburi (สระบุรี) où il conduit les machines à vapeur. Il travaille ensuite dans une imprimerie mais revient à la peinture et aux illustrations qu'il vend à des magazines.

 

 

En 1930 il est choisi pour participer à la rénovation des peintures murales du Wat Phrakaew (วัด พระแก้ว), le temple du Bouddha d'émeraude, pour les célébrations du 150e anniversaire de Bangkok en 1932. Il est chargé de la rénovation d’une partie des peintures représentant une scène du Ramakian.

 

 

Une fois cette tache terminée, avec quelques amis il fonde la maison d'édition Ploenchit (เพลินจิต) qui publie entre 1932 et 1935 une série de romans illustrés à bon marché vendus 10 satangs qui connurent un immense succès et font la joie des amateurs et collectionneurs.

 

 

En 1936, il ouvre sa propre maison d'édition, qui publie Phlaekao (แผลเก่า la vieille cicatrice)

 

 

écrite par Mai Muangderm (ไม้เมืองเดิม) qu’il illustre.

 

 

Le roman connaitra un immense succès et fit l’objet de plusieurs films et séries télévisées. Malgré cela, ses affaires ne sont pas florissantes.

 

Malgré cela, ses affaires ne sont pas florissantes. Il doit faire des piges pour divers quotidiens appartenant à un prince de sang royal, Pithayalongkorn  (พิทยาลงกรณ์) qui écrit sous le pseudonyme de « No Mo So » (น.ม.ส.).

 

 

Nous allons alors le retrouver illustrant une édition de la légende de Sri Thanonchai (ศรีธนญชัย) (4).

 

 

Pendant la seconde guerre mondiale, nécessité faisant loi, notre artiste  travaille pour le gouvernement en dessinant de nombreuses illustrations de propagande nationaliste pour les manuels scolaires.

Ces vignettes ne sont jamais signées. Si celles-ci sont du crayon de Vejakorn, elles n'ajoutent rien à sa gloire

 

 

À la fin de la guerre, il retourne à la pige et écrit une série illustrée d'histoires de fantômes – plus de 100 - dont les thaïs sont friands, qui ont inspiré de nombreux artistes thaïlandais.

 

 

Parmi ses élèves, nous retrouvons Payut Ngaokrachang (ปยุต เงากระจ่าง), probablement le maître de la bande dessinée en Thaïlande auquel il a enseigné son art par correspondance

 

 

ou encore le Thaï anglophone Pattana Chuenmana (5).

 

 

Pour tous il est Khun Kru (คุณ ครุMonsieur le professeur).

 

Il va encore illustrer en 1952 « An Introduction to Phra Aphai Mani », encore un vieux poème épique thaï traduit en anglais par le Prince Prem Purachatra (เปรม บุรฉัตร).

 

 

Son ancien élève, Payut, va être le réalisateur du premier long-métrage de dessin animé en Thaïlande, l'aventure de Sudsakorn (สุดสาคร), fondée sur une légende thaïe transcrite par Sunthorn Phu (สุนทรภู่) que nous avons rencontré (6).

 

 

Nous le retrouverons également illustrer un petit ouvrage écrit en 1906 par le roi Chulalongkorn sur la tribu des Négritos (7)

 

 

ou encore une vie de Bouddha.

 

 

Il a probablement eu des rapports avec la très célèbre école belge de bande dessinée qui a élevé cette discipline au rang d’un art puisqu’à partir de 1956, une revue catholique disparue en 1974, Wiratham hebdomadaire (Wiratham raisapda - วีรธรรม รายสัปดาห์),

 

 

diffusa la traduction de nombreux récits provenant du Journal de Tintin, les aventures de Tintin bien sûr ...

 

 

et du Journal de Spirou (8).

 

 

Peu de temps avant sa mort, survenue à Bangkok-Thonburi le 16 avril 1969, Hem Vejakorn avait été engagé par le roi Bhumibol Adulyadej pour créer des peintures à l'huile destinées à être distribuées comme cadeaux aux visiteurs royaux. Ce fut une consécration. Le roi, lui-même peintre autant que musicien aurait recueilli ses conseils (9). 

 

 

Bien après sa mort, le réalisateur Wisit Sasanatieng (วิศิษฏ์ ศาสนเที่ยง)

 

 

rendit un hommage marqué en 2006 à ses histoires de fantômes dont il dit qu’elles ont lourdement inspiré son film d’horreur Pen Chu Kap Phi (เปนชู้กับผี – littéralement commettre l’adultère avec un  fantôme).

 

 

Sa production est estimée à plus de 50.000 œuvres d'art, des dessins à la plume et au crayon, des aquarelles, des affiches et des peintures à l'huile. Il a décrit la vie rurale, l'histoire de son pays et les figures de la littérature classique thaïe que nous retrouvons dans les timbres-poste de 2004 qui nous ont permis de le découvrir.

 

 

L’œuvre a fait l’objet de multiples éditions en thaï et d’une traduction anglaise de Chris Baker en 2010. Une traduction très abrégée (elle fait 159 pages alors que celle de Baker en fait plus de 1000 et la version d’origine beaucoup plus) de Madame J. Kasem Sibunruang

 

 

... a été publiée en français en 1960 « La femme, le héros et le vilain. Poème populaire thai : Khun Chang, Khun Phen

 

 

(2) Voir nos articles

A 245 – « LES PEINTRES ET LES SCULPTEURS ITALIENS AU SIAM SOUS RAMA V ET RAMA VI ».

http://www.alainbernardenthailande.com/2017/10/a-244-les-peintres-et-les-sculpteurs-italiens-au-siam-sous-rama-v-et-rama-vi.html

A 244 – « LES ARCHITECTES ET LES INGENIEURS ITALIENS AU SIAM SOUS RAMA V ET RAMA VI »

http://www.alainbernardenthailande.com/2017/10/a-243-les-architectes-et-les-ingenieurs-italiens-au-siam-sous-rama-v-et-rama-vi.html

 

(3) Dans une biographie de Hem publiée en 1992 « เหม เวชกร จิตรกรมือเทวดา ; และหลวงสารานุประพันธ์ ราชาเรื่องลึกลับ ผู้ประพันธ์เพลงชาติไทย » l’auteur nous apprend qu’il aurait été le responsable de l’hymne national, paroles et musique, utilisé après le coup d’état de 1932, qui n’a rien à voir avec celui que nous entendons tous les jours. Nous n’avons pu vérifier.

 

 

(4) Il s’agit encore d’une vieille légende issue du folklore thaï qui a fait l’objet de nombreuses éditions en langue thaïe. Sri Thanonchai est un personnage atypique de l’époque d’Ayutthaya.

 

 

(5)  Voir par  Pattana Chuenmana « After Hem Vejakorn » 2016.

 

(6) Voir notre article A 119 « SUNTHORN PHU (1786-1855). L'UN DES PLUS GRANDS POETES THAÏLANDAIS ».

http://www.alainbernardenthailande.com/article-a118-sunthorn-phu-1786-1855-l-un-des-plus-grands-poetes-thailandais-118861232.html

(7) « บทละครเรื่องเงาะป่า » - histoire des Négritos. Voir notre article  INSOLITE 9 – « LES NÉGRITOS DE THAÏLANDE, DERNIERS REPRÉSENTANTS DES HOMMES DU PALÉOLITHIQUE » :

http://www.alainbernardenthailande.com/2016/12/insolite-9-les-negritos-de-thailande-derniers-representants-des-hommes-du-paleolithique.html

 

 

(8)  Le style réaliste de Hem Vejakorn évoque parfois celui du dessinateur belge Jijé  (alias Joseph Gillain) créateur du personnage de Jerry Spring ou celui de Jean-Michel Charlier, créateur de Buck Danny , rapports soulignés sur Radio grandpapier

http://radio.grandpapier.org/No12-Petite-histoire-de-la-Bande-Dessinee-independante-thailandaise-partie-1

 

 

(9) Voir l’article de  Phatarawadee Phataranawik « King Bhumibol : The Supreme Artist » dans  The Nation  du 20 octobre 2016.

 

(10) Il n’a pas eu d’enfants de son épouse Chaemchuen  Khomkham (แช่มชื่น คมขำ)

 

 

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