Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
LEUR HISTOIRE.
L’arrivée des Siamois à Brest en 1684 et 1686 et les deux ambassades françaises au Siam de 1685 et 1687 firent beaucoup de bruit en France où les esprits sont toujours émus des hommes et des choses qui viennent de loin même si elles furent une mystification pour Louis XIV.
Les trois ambassadeurs de Siam devant le Roi en 1686, bas-relief de bronze se trouvant au Musée de Bretagne à Rennes :
Nous savons que le roi Naraï avait déjà, en 1681, envoyé une première ambassade perdue en mer dans des circonstances mystérieuses (1). Nous vous avons également parlé de la seconde ambassade siamoise arrivée à bon port (2). Après un voyage aussi long que pénible (3), les Ambassadeurs atteignirent Brest le 16 février 1685 et quittèrent ensuite la ville pour Paris. Une nouvelle ambassade siamoise revint en 1686. Cette fois, ils ne logèrent pas à Brest à l'Intendance, comme la première mais vraisemblablement à l'hôtel Saint-Pierre (hôtel de la Préfecture maritime), dans la rue qui portait alors ce nom, et qui, peu après, prit celui de « rue de Siam » (4).
La rue de Siam à Brest.
C’est le résultat de ce qui fut tout à la fois un échec diplomatique mais devint « Le mythe du Siam » selon l’heureuse expression d’un érudit Brestois d’adoption, Gérard Cissé (5) dans un très bel article publié en 2009 « Le mythe de Siam, où, depuis quand, pourquoi la rue de Siam à Brest » (6).
Son travail ne se limite toutefois pas à nous livrer ses recherches de bénédictin dans les archives locales sur le passé de cette rue que la littérature allait immortaliser, il nous livre aussi le résultat de ses recherches sur d’autres « rue de Siam » en France – toujours le mythe siamois. Brièvement devenue « Rue de la Loi » sous la révolution, la rue de Brest fut érigée dans le « quartier des sept saint », le cœur historique de Brest et fut totalement détruite en son état d’origine par les 165 bombardements anglo-américains entre 1941 et 1944.
Brest fut détruite à plus de 80 %. Les bombqrdements de 1944 furent les plus dévastateurs.
La vision de la presse de l'époque ....
Nous en avons quelques photographies extraites de l’article de Georges Perhirin, un autre érudit breton, de 2006 (7).
Quoiqu’érigée dans un quartier au nom respirant la piété (8), cette rue fut – au moins jusqu’à l’intervention de la Loi Marthe Richard en avril 1946 - la rue favorite des marins en bordée. Les Allemands dont on sait qu’ils ont un sens particulier de l’humour y établirent pendant l’occupation, dans un ancien lieu de culte israélite, un établissement réservé aux officiers.
C’est un sujet sur lequel Gérard Cissé ne s’appesantit pas ; ce que l’on peut comprendre. Comme toutes les villes de port, Marseille, Toulon sans parler de Paris, Brest était un haut lieu de la prostitution « de rue » et « de maisons » (9). Reconstruite après la libération, la rue est aujourd’hui une artère sans âme.
Pour certains Brestois, le tramway est « le péril jaune » :
La rue de Siam à Marseille.
C’est un peu à ce même mythe que Marseille ne manqua pas d’avoir une « rue de Siam ». C’est un hommage au chevalier de Forbin bien que cette aventure ait été pour lui une déception amère dans son titre d'amiral et de général des armées du roi de Siam (10).
On donna le nom de Siam en 1771 à la rue qui le porte encore, et sur laquelle la maison familiale des Forbin avait l'une de ses façades bien que le chevalier – né à Gardanne - n’y ait probablement jamais vécu et que ces ambassades furent une mystification pour lui autant que pour Louis XIV. La rue se situe dans le 11ème arrondissement, dans le quartier de Saint Marcel. Elle était située à l'angle de la « rue de l'Aumône » et de la « Grand ‘rue » qui ont toutes deux disparu. Il ne subsiste plus rien de son état ancien....
... à la suite de travaux « Haussmaniens » entrepris sous le second empire pour le percement de l’ « avenue impériale » (aujourd’hui « de la république ») entre 1858 et 1862
Le Chevalier mourut dans sa bastide de Saint Marcel, à quelques centaines de mètres de la « rue de Siam », à l’emplacement où se situe actuellement le château de Forbin (12).
Si l’on en croit Augustin Fabre (11), cette rue « ne fut jamais belle » Elle fut initialement connue sous le nom évocateur de « rue Fontaine du diable » (13). Elle porta aussi le nom de « rue de Pédas » du nom d’un Marseillais qui eut son heure de célébrité au XVIIème siècle (14). Lorsque l’institution plus ou moins graveleuse à l’origine de ce nom tomba en désuétude, la rue redevint un temps rue « Fontaine du diable » avant de devenir « rue de Siam ». Marseille devint très provisoirement « Ville sans nom » sous la terreur mais nous ignorons si la rue de Siam fut alors affublée d’un autre nom sur les rues de Marseille (15).
La rue de Siam à Saint-Malo.
C’est à Gérard Cissé que nous devons aussi le peu que nous savons : située dans le quartier de Saint Servan, elle reçut officiellement ce nom le 15 juillet 1820, reprenant probablement une dénomination manifestement antérieure, car elle est déjà mentionnée sous ce nom le 7 novembre 1792. Le linteau de la porte de l'immeuble du n° 4 portait « jusqu'à il y a peu » – nous dit-il - le nom de la rue gravé dans la pierre. Reçut-elle ce nom suite à l'échange d'ambassadeurs entre Louis XIV et le roi Naraï. C’est une hypothèse non vérifiée. L’urbanisation a fait que seuls les numéros impairs ont subsisté. Faute d’historien, il n'y a plus aucune trace de son passé.
La rue de Siam à Lorient.
Remercions une fois de plus Gérard Cissé pour ces recherches : La ville fut totalement rasée par les bombardements anglo-américains pendant la guerre.
Le conseil municipal lors d’une réunion du 20 juin 1953 -la reconstruction était en cours- a adopté une délibération concernant 36 voies à dénommer ou renommer. Parmi les critères de motivations il fut entre autres demandé de grouper les noms par thème pour faciliter les recherches. C'est ainsi que pour l'ancien quartier Frébault, du nom du Général Charles, Victor Frébault qui, comme colonel, commanda à Lorient en 1856 le 1er Régiment d'Infanterie Coloniale, tous les noms choisis devraient rappeler la colonisation. La rue de Siam est proche de la rue de Madagascar, de la rue du Tonkin, de la rue du Cambodge, de la rue Gallieni et de la rue Frébault bien sûr. La ville n’a apparemment pas honte de notre passé colonial bien qu’elle soit depuis longtemps entre les mains de la gauche socialiste ou communiste.
La rue de Siam à Plougastel.
Ne quittons pas la Bretagne « profonde » : il y a une rue de Siam dans cette commune du Finistère. Nous en ignorons tout sauf qu’elle existe, faute d’avoir trouvé le moindre renseignement sur elle. La dénomination est probablement récente puisqu’elle se situe dans un quartier éloigné du centre et sans âme.
La rue de Siam à Farebersviller.
Nous sommes loin de la Bretagne et du port de Marseille. Cette petite commune de Moselle dans la Lorraine germanophone, de quelques milliers d’habitants a été ravagée par les bombardements américains à partir de 1944 après avoir été farouchement défendue par un régiment de Waffen SS dont certains venaient de la région sinon de la ville (16). Elle ne dut de ressusciter et de survivre que par l’implantation d’une cité des Houillères du bassin de Lorraine abritant une forte population d’immigrés venue travailler à la mine au bénéfice desquels une cité « ouvrière » a été construite (17). Citons sans autre commentaire Gérard Cissé « L'ingénieur au Service Architecture de la Direction des Houillères de Lorraine, Monsieur Paul Marchalant, né à Brest/Recouvrance le 15 mai 1904, était chargé de suivre l'exécution des chantiers des cités construites avec le procédé de préfabrication lourde « Camus-Dietsh ». C'était un homme compétent, actif, avec un souci constant de bonne collaboration avec ses collègues et son personnel. Quand il prit sa retraite en 1966, lorsque les programmes de constructions industriels furent achevés, il avait construit plus de 10.000 logements dans le bassin houiller mosellan. La direction de la municipalité de Farebersvillers, et Monsieur François Belin, architecte en charge de l'opération, connaissant l'attachement que Monsieur Marchalant avait pour sa ville de naissance devait décider de dénommer « Rue de Siam » l'une des voies de cette nouvelle cité en son honneur ». Plutôt que de donner le nom d’une rue au responsable de ces horribles cages à poules préfabriquées, le très lointain rappel du mythe par le biais de ses origines bretonnes pouvait paraître très largement suffisant.
La rue de Siam à Le Port (Réunion).
Il est dans cette ville de la France lointaine une « rue de Siam » dont on ne sait trop s’il faut la rattacher au mythe ou plus prosaïquement à l’inculture de ses édiles ? Cette commune est de création récente (fin du XIXème) et son port industriel n’a rien à voir avec celui où faisaient escale sur la « route des Indes » les navires venant ou allant au Siam lorsque l’ile s’appelait encore « Ile Bourbon ». D’où vient le choix de la dénomination d’une « rue de Siam » ? Notre infatigable Gérard Cissé nous donne un début de réponse « Aux dires des représentant municipaux contactés, cette dénomination remonte au milieu des années soixante sans pour cela qu'il ne soit donné de justification quant à ce choix. En effet, à cette époque la ville du Port s'étant considérablement et rapidement agrandie vers l'Est, les rues de ce nouveau territoire nouvellement urbanisé n'ont fait l'objet d'aucun arrêté de dénomination. C'est à la demande des PTT qu'un peu dans la précipitation ces voies ont alors reçu leurs noms, en général liés à l'histoire de la commune ou à celle de la France. Ce n'est par conséquent pas un hasard si cette petite rue de Siam prend naissance sur le Boulevard de Brest, artère importante de la ville ».
Il y a effectivement la « rue de Siam » qui débouche sur le « rue de Brest », et, singulière conception de l’histoire de France, une artère importante est la « rue de la commune de Paris » et une autre l’ « avenue Lénine » non loin des « allées Pablo Neruda » aux côtés, il est vrai de gloires de notre littérature (Saint-Exupéry, Jules Verne, Paul Verlaine, etc…). N’oublions évidemment pas Raymond Vergès qui a sa très belle avenue. : La Ville fut entre les mains de la famille Vergès à partir de 1945 par le biais d’abord d’une délégation spéciale aux mains du Comité républicain d'action démocratique et sociale créé par le dit Raymond Vergès, ensuite par des membres du parti communiste de la Réunion ou apparentés pour arriver à Paul Vergès, maire de 1971 à 1989 et ensuite son fils Pierre de 1989 à 1994 (18). Gérard Cissé voit dans la dénomination de la « rue de Siam » une référence au mythe. Pourquoi pas ? Mais nous avons tendance à voir dans la nomenclature des rues de cette ville un annuaire des gloires du parti communiste réunionnais atténué par des présences moins agressives, fruit probable de l’imagination de quelque secrétaire de mairie plus ou moins instruit pour répondre aux exigences de P et T ?
La rue de Siam à Paris.
Il faut la citer bien qu’elle ne se rattache pas directement au « mythe ». Ouverte en 1884 et située dans le 16ème arrondissement de Paris, elle débute au 43 rue de la Pompe et se termine au 1 rue Edmond-About. Son ouverture au 43 rue de la Pompe part de l'hôtel particulier qu'avait habité de 1877 à 1881, Don Carlos, prétendant à la couronne d'Espagne plus ou moins en résidence surveillée en France.
Elle a été dénommée « rue de Siam » le 27 février 1889 pour la seule raison que l'Ambassade s'y était installée dès son ouverture.
Lorsque le roi Rama V vint à Partis en 1897, il avait prévu d’y loger. La république préféra lui attribuer après de fort onéreuses remises en état, l’hôtel du 35 avenue Hoche, à l’angle de la rue Beaujeu. Sa sécurité fut assurée par 50 agents de la sureté « des plus corrects » sous la direction du Préfet de police, alors le célèbre Lépine. Coût de la visite ? De 60.000 à 80.000 ou 90.000 francs : location et décoration de l’hôtel de l’Avenue Hoche : 20.000 francs, entretien du souverain (tables et voitures), aussi 20.000, le reste pour l’entretien de sa suite : L’hôtel du 35 avenue Hoche appartenait à un sieur Sabatier dont l’épouse était la sœur de la comtesse de Gramont et précédemment habité par l’ambassadeur des Etats-Unis, la république le lui loue pour recevoir ses hôtes les plus distingués, il est actuellement devenu le « Royal Monceau » (19). L’ambassade a présentement changé d’adresse, d’abord avenue d’Eylau dans le VIIIème arrondissement et présentement rue Greuze dans le XVIème.(20).
Les rues de Siam oubliées.
En Indochine française :
Il y eut une « rue de Siam » en Indochine française dans la ville de Baria devenue aujourd’hui Bà-Ria dans le sud Vietnam.
Nous l’avons découverte par hasard : Le seul plan que nous ayons de cette petite ville où se trouvait une garnison militaire ne nous donne pas de détail (21)
Symboles : H : Hôtel ; M : Marché ; T : Poste ;; A : Hôpital ou Ambulance ; R : Bureau de la Résidence :
Cette rue fait une apparition fugace dans un fait divers le 15 juin 1925, une mortelle querelle d’ivrognes ayant eu lieu « rue de Siam » (22). Nous n’avons pas pu en savoir plus. La rue a probablement changé de nom depuis longtemps !
Sur mer :
Depuis 1912, il est de tradition dans la Marine que tous les navires écoles des officiers élèves portent le nom de « Jeanne d'Arc ». La première « Jeanne » eut une carrière relativement brève, écourtée par les débuts de la Première guerre mondiale qui la firent affecter au sein de l'escadre de l’'Atlantique puis de la Méditerranée, son rôle d'école d'application étant suspendu pour la durée du conflit. La deuxième « Jeanne » fut construite entre 1928 et 1931 et partit faire son premier tour du monde le 14 février 1930. Ainsi fera-t-elle jusqu’en 1964 avec une interruption en 1943 pour évacuer l’or de la Banque de France au Canada. Elle fit son ultime périple le 8 juin 1963.
Une coursive-milieu, baptisée « rue de Siam » séparait les deux lignes de postes du pont supérieur, débouchant à l'arrière sur la vaste salle de conférences où se trouvait placée la promotion tout entière pour écouter les topos du directeur des études et des officiers-instructeurs. Souvenir de Brest bien sûr mais aussi des bordées ou ribotes des élèves officiers lors de leur séjour à l’école ! Nous ignorons si le porte hélicoptère « Jeanne d’arc » qui servit de navire école entre 1964 et 2011 avait repris cette tradition ? (23)
LITTÉRATURE ET POÉSIE
Littérature.
La rue de Siam immortalisée par la littérature, c’est bien celle de Brest et seulement celle de Brest et ses bastringues !
Gustave Flaubert a visité Brest en 1847 (24).
Pierre Loti fut élève à l’école navale sous son véritable nom de Louis Marie-Julien Viaud. Ses souvenirs en 1883 sont précis (25).
Pierre Mac Orlan, chroniqueur des gentilshommes de fortune, écrivain des ports et poète des bastringues rendit hommage à Brest en 1941 (26).
Regrettons que Chateaubriand, bien que logé « rue de Siam », et rompu à la description, n’en laisse aucune, dans les Mémoires d’Outre-tombe publiés entre 1849 et 1850.
Poésie.
Jacques Prévert est l’auteur de la poésie « Barbara » extraite de « Paroles », paru en 1946. C’est un texte de circonstances qui se réfère aux 165 bombardements de la ville de Brest entre le 19 juin 1940 et le 18 septembre 1944. La destruction complète de la ville inspira à Prévert une réflexion pessimiste sur l’amour et la vie.
Yves Montand a interprété ce poème dans une adaptation « poème parlé » en 1948 (27).
Edith Piaf nous permet de terminer en chanson : Elle avait comme Mac Orlan un faible pour les bastringues. Jacques Larue a écrit pour elle une « rue de Siam » sur une musique de Guy Magenta en 1960. La chanson est ici interprétée par Lucienne Delyle (28).
NOTES
(1) Voir notre article R2. 84 « Le trésor englouti de la 1ère ambassade du Roi Naraï auprès de Louis XIV en 1681 ? » :
http://www.alainbernardenthailande.com/article-84-la-1ere-ambassade-du-roi-narai-aupres-de-louis-xiv-en-1681-118035147.html
Elle a donné lieu à toute une littérature de journalistes en mal de copie et a permis à quelques aigrefins d’exercer leur activité au détriment d’imbéciles croyant béatement à la légende de ce trésor qui n’a en réalité jamais existé.
(2) Voir notre article 97 « L’ambassade siamoise de Kosapan à la cour de Louis XIV » :
http://www.alainbernardenthailande.com/article-84-la-1ere-ambassade-du-roi-narai-aupres-de-louis-xiv-en-1681-118035147.html
http://www.alainbernardenthailande.com/article-97-l-ambassade-siamoise-de-kosapan-a-la-cour-de-louis-xiv-en-1686-120151119.html
(3) Le naufrage du navire transportant la première ambassade démontre les difficultés de la navigation à cette époque. Nous les connaissons ainsi que leur longueur par le récit qu’en fit l’Abbé de Choisy lors du premier voyage de 1685 : le 3 mars 1685 départ de Brest, le 7 avril, passage de la ligne, le 31 mai, Le Cap, le 5 septembre, Malacca, le 15 septembre Ligor (aujourd’hui Nakhon Srithammarat) et le 22 septembre, arrivée, 203 jours exactement !
(4) Prosper Levot « Histoire de la ville et du port de Brest », 1865.
(5) Cet ancien policier voue une véritable passion à l'histoire de Brest, au point de passer une large partie de son temps à faire des recherches. Arrivé à Brest en 1963, en entrant à l'école des mousses et une carrière de marin de dix ans, il est entré dans la police, passa un certain nombre d'années à Paris et revint s'installer dans sa ville d'adoption (extrait d’un article du 11 août 2016 dans « Ouest-France »).
(6) Cet article est numérisé sur le site de l’Amicale des Anciens du Diplôme Universitaire « Langues et cultures de la Bretagne » - http://www.adu-brest.fr/
(7) « Les Rues et Quartiers de Brest avant-guerre » numérisé sur le site « Extrait de nos souvenirs d'hier » : http://lebouguen-lesbaraques.infini.fr/spip.php?article162
(8) Y-a-t-il des quartiers au nom prédestiné ? Cette activité que la morale réprouve s’exerçait à la même époque à Avignon dans le quartier des « Corps saints ».
(10) Voir notre article « Le comte de Forbin » :
(11) Les travaux ont commencé en 1858 après que l’Empereur ait donné son accord. Les expropriations ont commencé en 1862. 38 rues furent complétement détruites dont la rue de Siam et celle de l’aumône comprenant 935 maisons et 16.000 personnes furent déplacées.
Sur ce chantier pharaonique, lire : Anonyme . « Les anciennes rues de Marseille » 1862 - Augustin Fabre « Notice historique sur les anciennes rues de Marseille » à Marseille 1862 - Auguste Gassend « La rue impériale de Marseille – étude historique et archéologique » à Marseille 1867 - Claude et Denise Jasmin « Marseille : la rue Impériale » In : Revue de l'Art, 1994, n°106. pp. 11-22;
(12) Lors des travaux de démolition, le dernier des représentants de la famille de Forbin (de la branche d’Oppède) avait sollicité et obtenu la remise de croisées de style renaissance bien que les débris provenant de la démolition faisaient le profit de l’entrepreneur. Elles ont été déplacées avec le plus grand soin et se trouvent actuellement sur la façade Est du château de Forbin construit bien dans le style de la fin du XIXème à l’emplacement de l’ancienne bastide du chevalier au milieu d’un parc magnifique, au bénéfice des indemnités d’expropriation qui furent – parait-il – énorme. Cette branche de la famille conserva le château jusqu’en 1934 ou 35. Il est actuellement un établissement d’enseignement public.
(13) Citons Augustin Fabre : « …. les croyances superstitieuses lui firent une grande célébrité. Après la condamnation de Gaufridi, curé des Accoules, à Marseille, brûlé à Aix comme sorcier eu 1611, toutes les imaginations, troublées par des rêves sinistres et par des chimères menaçantes, s'exaltèrent violemment, et il y eut une forte recrudescence dans la plus déplorable maladie de l'esprit humain. Les femmes surtout donnèrent un libre cours à l'extravagance de leurs visions. Les revenants, les démons, les magiciens, les loups garous, tous les êtres surnaturels et malfaisants surgirent de toutes parts, et quels récits n'en firent pas la peur et la sottise, dans cette contagion générale ? … La rue, nommée Siam plus tard, fut celle qui, selon les rumeurs populaires, compta le plus d'actes de sorcellerie. Les démons prenaient plaisir à lui faire de fréquentes visites, et il semblait que plusieurs y avaient élu domicile. On en fit des récits variés qui ne devinrent que plus effrayants en passant de bouche en bouche. Cette rue en porte encore un témoignage public. On y voit une fontaine qui n'est connue dans tout le quartier que sous le nom de Fontaine du Diable et l'on y appelle aussi Four du Diable un très-ancien four de boulangerie qui n’est fermé que depuis peu de temps ».
(14) Il fut au centre d’une institution depuis longtemps disparue : Le conseil municipal de Marseille nommait chaque année, sous le titre de Subrestans (percepteur) du Curan peloux (un ancien droit que le Comte de Marseille percevait sur la prostitution) des commissaires chargés de l'exécution des règlements de police sur les prostituées. Cette désignation tourna rapidement en vaste rigolade et en mascarade : Ainsi les trois consuls désignèrent-ils en 1654 au seul vu de son nom un dénommé Torticolli au milieu de l'hilarité générale. Les choix ne furent pas plus sérieux les années suivantes, en 1657, ce fut le tour de François Pedas au seul vu de sa réputation, il était en effet surnommé « lou parpailloux » (paillard en langue provençale). Il donna provisoirement son nom à la rue qui était probablement celle où il habitait. Les choix faits les années suivantes ne furent pas plus sérieux. En1658 et 1659, on élit Roubaud que le peuple appelait « lou trompetaire » et que les gens se piquant de parler français nommaient « la trompette criminelle ». En jargon marseillais, l’expression n’est peut-être pas complétement tombée en désuétude, elle est aussi vulgaire que parlante, un « joueur de trompette » c’est ce que nous appellerions une tapette ! Après, on n'élit plus personne, car la farce était trop usée. On aimait rire dans les anciennes administrations de Marseille !
(15) Augustin Fabre « les rues de Marseille » en 4 épais volumes, 1867.
(16) Il est des sujets sur lesquels il est séant de ne pas s’appesantir. Il est dans ces régions des monuments aux morts de deux guerres qui ne mentionnent pas sous quel uniforme leurs enfants sont tombés.
(17) Elle est d’ailleurs classée comme « Zone urbaine sensible ».
(18) Cette forme de transmission du pouvoir, si elle n’est pas strictement conforme à la tradition républicaines française l’est à la tradition siamoise. Nous la retrouverons plus tard en Corée du Nord.
(19) Voir notre article 149 « La visite du Roi Chulalongkorn à Paris en 1897, vue par la presse française » :
(20) Notons avec un certain sourire que la Thaïlande a par une courtoisie toute siamoise accepté en 2013 que la rue où se situe l’Ambassade de France devienne désormais la « rue de Brest » au 36 de Charoen Krung. Nous avons lu à cette occasion dans la presse francophone locale (papier ou virtuelle) un grand nombre de stupidité notamment que l’inauguration s’était déroulée « 300 ans après l’inauguration de la rue de Siam à Brest » … laquelle rue n’a jamais bénéficié de quelque cérémonie d’inauguration que ce soit notamment en 1713. Les discours échangés à cette occasion valent largement d’autres fariboles que l’on retrouve malheureusement sur le site officiel de l’Ambassade : voir notre article « Les relations franco-thaïes en 2016 » sur la vision consternante que donne l’Ambassade :
http://www.alainbernardenthailande.com/2016/12/les-relations-franco-thaies-en-2016.html
(21) Nous l’avons trouvé sur le très beau site ami « belleindochine.free.fr ». Il provient d’un « guide du Touring-club » de 1930.
(22) « L’écho annamite » du 25 juin 1925.
(23) Sources: « La "Jeanne d'Arc" de Michel Bertrand » éditions Ouest-France 1985.
(24) « Par les champs et par les grèves » 1847 : « Un soir que la lune brillait entre les pavés, nous nous mîmes en devoir d’aller nous promener dans les rues dites infâmes. Elles sont nombreuses. La troupe de ligne, la marine, l’artillerie ont chacune la leur, sans compter le bagne qui, à lui seul, a tout un quartier de la ville. Sept ruelles parallèles, aboutissant derrière ses murs, composent ce que l’on appelle Keravel qui n’est rempli que par les maîtresses des gardes-chiourme et des forçats ».
(25) « Mon frère Yves », roman partiellement autobiographique de 1883. Le jeune élève-officier est certainement allé faire le joli cœur rue de Siam ; « La foule des matelots augmentait toujours; on les voyait surgir par bandes à l'entrée de la rue de Siam; ils remontaient du port et de la ville basse par les grands escaliers de granit et se répandaient en chantant dans les rues... Puis ils entrèrent A la descente des navires, chez madame Creachcadec. « A la descente des navires », c'était un bouge de la rue de Siam ».
Voir aussi Josette Gilberton « Sur les pas de Loti en Bretagne » 1994.
(26) « L'Ancre de miséricorde » : « C'est dans la rue de Siam entre midi et une heure et demie et, le soir, à partir de cinq heures que toute la vie brestoise s'épanouit à l'aise. Matelots de l'Etat, ouvriers du port, petits retraités revêtus d'un macfarlane et coiffés du chapeau melon, y coudoient les officiers de marine à galons d'or, ceux à galons d'argent, les grandes capotes bleu sombre des pompiers de la marine, les dactylos pimpantes et les gamines de boutiques gentiment écervelées. Rue de Siam se rencontrent encore tous les chiens de Brest, et parmi eux Toby, le fox de l' « Hôtel des Voyageurs », le plus « dessalé » de toute la ville. Les chats, assis gravement devant des petits tas d'ordures, gardent les venelles de Keravel et n'abandonnent pas leur quartier. Les capotes des coloniaux s'associent aux jupes des Bigoudènes, à la hautaine et rigide élégance des filles de Plougastel, à la tragique fantaisie des Ouessantines, avec leur visage méditerranéen, rares et perdues dans la foule mouvante comme la mer. La rue de Siam est un fleuve aux eaux richement peuplées »
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