Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
Nous avons au fil des années analysé quelques films thaïs historiques ou à base historique. Ainsi, le plus connu, La Légende de Suriyothai, de Chatrichalerm Yukol et Coppola (2001) qui connut un immense succès commercial en Thaïlande et dans le monde (1).
Il fut suivi en 2005 d’un film à grand spectacle également anglo-thaï narrant le complot de la reine Sisudachan en 1574 sous un titre mal traduit « the King maker – le faiseur de roi » (2).
Nous avons enfin rencontré un personnage hors du commun, le japonais Yamada Nagamasa dans un film thaï spectaculaire de 2010 sous le titre « le Samouraï d’Ayuthaya » (3).
Peu ou prou, ces films suivent la vérité historique ou la légende historique pour le premier même s’ils l’embellissent.
Dans les années 1860, Anna Leonowens, anglaise victorienne bon teint, fut institutrice à la cour du roi Mongkut au milieu de beaucoup d’autres enseignants et en tirera deux volumes de mémoires gentiment romancés qui firent les délices des adaptateurs hollywoodiens, puisque pas moins de cinq films s’en inspireront sans parler d’une série TV dont deux comédies musicales et un dessin animé. Nous n’allions évidemment pas laisser de côté la fameuse histoire de la « gouvernante » des enfants du roi Mongkut, qui est à l’origine de cette abondante filmographie que nous nous sommes fait un devoir de visionner au moins pour partie (4).
Il faut savoir que deux des films que nous ainsi avons regardés sinon admirés sont présentement toujours interdits de diffusion dans le pays. Nous ferons donc appel aux souvenirs et notes rédigés par l’un d’entre nous qui les a vus à l’occasion d’un séjour en Malaisie où la censure est, en ce qui concerne l’histoire siamoise, moins pointilleuse.
On peut apprécier à l’occasion les films sirupeux à prétention historique même si l’histoire y est plus ou moins malmenée. La saga des « Sissi » (5) n’a rien ajouté à la gloire de Romy Schneider et du bellâtre Karlheinz Böhm, la vision de l’empire autrichien de François-Joseph est angélique mais nous pouvons y apprécier la beauté radieuse de l’impératrice et une mise en scène fastueuse au milieu des bons sentiments à la pelle.
L’interminable série des « Angélique, marquise des anges » remplie d’aventures et de rebondissements spectaculaires ne nous apprendra rien sur le siècle de Louis XIV mais a déjà la mérite de nous dévoiler presque entièrement la très belle anatomie de Michèle Mercier qui rivalisait alors en beauté avec Brigitte Bardot et le talent de Robert Hossein (6).
Dans la filmographie de la « gouvernante » anglaise, les bons sentiments sont surabondants, les émotions intenses, la mise en scène pour les plus récents, somptueuse ; mais le résultat est consternant - vu tout au moins avec nos yeux d’ « historiens du dimanche » - avec un total travestissement de la vérité.
Résumons rapidement les films que nous avons vus avant de dénoncer les mensonges de la principale responsable Madame Anna Leonowens, traitresse à la vérité tout autant qu’à l’histoire et véritable imposteur.
1946 : Rex Harrison et Irène Dunne.
Le premier en date, 1946, en noir et blanc, version non musicale, est celui de ce tâcheron de John Cromwell spécialiste hollywoodien des bluettes romantiques. Le rôle principal, celui du roi, est tenu par Rex Harrison, la gouvernante est Irène Dunne, Linda Darnel est Tuptim, épouse secondaire et adultère et Lee J. Cobb le premier ministre :
Irène Dunne joue ici la veuve professeur d’anglais qui arrive avec son fils de l’autre bout du monde pour enseigner sa langue à la nombreuse progéniture du monarque et qui se retrouve devoir affronter un Lee J. Cobb à demi nu, une Linda Darnell bridée et un Rex Harrison têtu qui s’obstine à lui refuser la maison promise lors de son engagement. On trouve ce petit quelque chose édifiant qui enrobe souvent les films sur le choc des cultures, les leçons de féminisme par le fruit de l’Angleterre victorienne, et c’est toujours drôle en soi et vaut le voyage pendant une heure et demie pas totalement perdue. L’exotisme est de façade, on a connu bien meilleur ailleurs. L’amusant est de voir tous les acteurs occidentaux jouer les Thaïs. Lee J. Cobb devient un poussah bedonnant graissé au cirage.
Rex Harrison en satrape siamois est délicieux, laqué des pieds à la tête, avec un accent à couper à la machette et une aimable misogynie.
Linda Darnell joue en général dans les westerns les créatures sinon les gourgandines les plus exotiques, Espagnole, Mexicaine, Indienne :
c’est la descendante d’un Cherokee, autant en faire une asiatique épouse infidèle qui sait se faire arracher ce qui lui sert de soutien-gorge avec beaucoup d’élégance dans le harem royal.
Le rire nous fait pardonner bien des choses y compris le ridicule avec lequel est présentée la marmaille royale. Le film ne fut toutefois pas frappé par la censure, nous verrons plus bas pourquoi
1956 : Yul Brynner et Deborah Kerr.
La version la plus célèbre toujours interdite en Thaïlande, nous y reviendrons, est celle de 1956, comédie musicale avec Yul Brynner dont ses quelques gouttes de sang mongol le rende plus vraisemblable que son collègue Harrison même passé au cirage, Deborah Kerr ...
... et Rita Moreno, une épouse infidèle du roi, hispanique que nous retrouverons plus volontiers dans « West side story » mais qui passe difficilement comme siamoise.
Patrick Adiarte, alors jeune acteur philippin fait un prince Chulalongkorn convenable. Nous résumons le film en note (7).
1999 : Chow Yun-fat et Jodie Foster
Le roi est joué par un véritable asiatique sinon siamois du moins de Hong-Kong, le très médiatique Chow Yun-fat.
Anna est Jodie Foster, belle comme le jour,
Keit Chin, un vrai siamois (enfin) interprète le futur Rama V.
Bai Ling, Sino-américaine qui fut consacrée comme l’une des plus belles femmes au monde joue une superbe Tuptim.
La reine principale, « lady Thiang » est Deanna Youssof, Malaise d’origine malgré son nom, tout aussi belle que la précédente.
Pour le scénario, on est en plein mélo, résumons rapidement deux heures et demie de spectacle en note (8). Ne citons que la finale : Nous allons alors découvrir l'identité du narrateur, qui n'est autre que le futur roi alors prince et ami proche de Louis Leonowens, Chulalongkorn, qui conclut en se demandant dans une dernière phrase comment une seule femme a pu autant illuminer le Siam. « Grâce à la vision de son père, le roi Mongkut, et aux enseignements d'Anna Leonowens, le roi Chulalongkorn a non seulement préservé l'indépendance du Siam, mais aussi aboli l'esclavage, instauré la liberté religieuse et reformé le système judiciaire ».
Les longues discussions de la Fox lors de la préparation du film avec un comité d’historiens thaïs n’ont jamais abouti car respecter l’histoire vraie d’Anna Leonowens au Grand Palais de Bangkok aurait privé le film de la fiction romanesque sur laquelle il devait être construit, avec d’ailleurs un peu plus de scrupules qu’aucun de ses prédécesseurs. On a donc une belle histoire, mais certainement pas de l’histoire. Un beau film d’action et d’amour néanmoins qui en définitive n’a pas une once de rapport avec la vérité historique. Et nous pouvons écouter toujours avec le même plaisir l’opéra bouffe d’Offenbach, « la belle Hélène », vision tout à fait iconoclaste de la guerre de Troie sans en faire une référence historique au regard des récits d’Homère.
Qui était donc cette égérie auto-proclamée muse du roi Mongkut ?
La véritable histoire d’Anna fut méticuleusement dévoilée au début des années 70 par le Dr W.S. Bristowe (un spécialiste des araignées !) qui étudia avec un soin d’entomologiste la biographie de Louis T. Leonowens, le fils d’Anna. Bristowe revisita du coup la vie d’Anna et publia en 1976 « Louis and the King of Siam » un ouvrage resté confidentiel et c’est dommage car l’histoire d’Anna, la vraie, est certainement étonnante même si elle est loin des mièvreries de Hollywood.
Nous avons suivi la piste de Bristowe qui démonte tous les mensonges de ses écrits ainsi que le féroce article de Michel Deverge « Les réincarnations de Anna Leonowens ». Louis lui-même précisa sans complaisance que les écrits de sa mère ont très largement « embelli la vérité » (9). Ainsi par exemple il naquit en Australie alors pays de « convicts » et de déclassés, nous apprend-t-il et non à Londres (c’est évidemment plus distingué) comme le prétendait sa mère. Il ne s’agit probablement pour lui d’un règlement de compte familial – on n’est jamais trahi que par les siens – puisqu’une très sérieuse étude de deux érudits australiens en 2010 contribue au rétablissement de la vérité (10).
Anna était née Edwards à Ahmadnagar en Inde le 26 novembre 1831 et non pas Crawford en 1834 au Pays de Galles. Son père Thomas Edwards n’était pas un noble capitaine de l’armée des Indes tombé au champ d’honneur pendant la rébellion Sikh mais un menuisier arrivé dans le sous-continent en 1825, engagé dans la Bombay Infantry et marié à une quarteronne, Mary Anne Glasscott, une horreur inexpiable, à l’époque du « raj » britannique. Il n’y a pas de déshonneur à naître fille de menuisier, le Christ fut charpentier, et moins encore à naître fille de quarteronne, donc octavonne si ce n’est que dans l’Angleterre victorienne et plus encore dans ses colonies, les sang-mêlé étaient considérés comme une espèce tout juste supérieure au crapaud. Lors de son séjour à Bangkok, les portes de la bonne société anglaise lui furent toujours fermées. Thomas Edwards mourut peu de temps avant la naissance d’Anna. Après une éducation peut-être reçue en Angleterre, elle retourna en Inde à 14 ou 15 ans, probablement dans les années 1845-1846. Sa mère s’était remariée à un caporal irlandais de l’armée des Indes, Patrick Donohoe qui voulait la marier à un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Elle fit alors une fugue au Moyen-Orient avec un Révérend Percy Badger, grand amateur de petites filles, il en épousa une de 12 ans. Ses biographes sont discrets à ce sujet puisqu’il devint par la suite un orientaliste distingué. Elle retourna alors en Inde et épousa à 18 ans un employé de bureau Thomas-Leon Owens et non pas le Capitaine Thomas Leonowens qui aurait été selon elle mort d’insolation pendant une chasse au tigre. Thomas Owens, ne mourut pas dans une distinguée chasse au tigre mais d’apoplexie en 1859 à Penang où il avait échoué comme maître d’hôtel après une longue et difficile errance ayant conduit pendant quatre ans le couple en Australie.
De leurs quatre enfants, les deux aînés étaient morts dans l'enfance. Pour survivre avec sa fille Avis et son fils Louis, Anna se lança dans l’enseignement et ouvrit une école pour les enfants des officiers britanniques à Singapour, mais l'entreprise ne fut pas un succès financier même si elle y acquit une bonne réputation comme éducatrice. De Singapour elle rompit avec une sœur Eliza restée en Inde, dont une fille épousait – nouvelle horreur - Edward John Pratt un eurasien dont le petit-fils William Henry Pratt allait tout de même devenir l’acteur Boris Karloff, bien connu des amateurs de films d’horreurs ! Pas de sang mêlé dans la famille, la poêle se moque du chaudron.
En 1862, elle dut accepter une offre faite par le consul siamois à Singapour, Tan Kim Ching, d'enseigner l’anglais aux femmes et aux enfants du roi. Celui-ci voulait donner à ses épouses et concubines et 82 enfants une éducation occidentale moderne. Elle envoya alors sa fille Avis (elle aussi née en Australie) à l'école en Angleterre et a emmena son fils Louis avec elle à Bangkok.
Elle enseigna l’anglais pendant 6 ans sans que l’on soit certain qu’elle n’ait jamais rencontré le roi et pas plus que son fils Louis n’ait jamais joué aux billes ou au ballon prisonnier avec le futur Rama V.
Ainsi le 15 mars 1862, le vapeur Chao Phraya en provenance de Singapour touche le port de Bangkok. A son bord, Anna Harriette Leonowens engagée comme institutrice d’anglais par le Roi Mongkut. Anna remplaçait les épouses de deux missionnaires américains, le Dr Bradley et le Dr Jones, qui de 1851 à 1854 avaient eu le temps de fatiguer leurs élèves et d’irriter le roi avec un enseignement fondé exclusivement sur des textes religieux et des images de la Bible. Le 5 juillet 1867, Anna quitte Bangkok pour un congé pour raisons de santé en Angleterre et souhaitait négocier un retour à la cour dans de meilleures conditions. En octobre 1868, elle est à New York quand elle apprend la mort du Roi auquel succède un de ses élèves de la cour, le prince Chulalongkorn. Dans sa courtoise réponse à sa lettre de condoléances, le nouveau Roi ne l’invite pas à revenir au Siam et à reprendre son enseignement. Il se contente de la remercier de ses condoléances dans une lettre chaleureuse mais de pure convenance. A l’inverse de beaucoup d’étrangers qui servirent le royaume, elle ne bénéficia pas de la moindre décoration que les monarques distribuaient pourtant avec générosité.
A 27 ans, Louis Leonowens en difficultés financières retourna au Siam sans avoir obtenu d’aide financière de sa mère et y obtint une commission de capitaine dans la Cavalerie Royale. Il participe – réellement cette fois-ci – à la répression d’une nouvelle révolte des Shans en 1902. Il fut plus tard fondateur d’une compagnie d’import-export et d’immobilier qui porte encore son nom en Thaïlande (Louis T. Leonowens Limited/บริษัท หลุยส์ ตี. เลียวโนเวนส์ (ประเทศไทย) จำกั) et y fit souche.
Activité en 1914 :
Anna avait continué son travail de dissimulation à Bangkok avec l'aide des bons missionnaires protestants américains dont elle sut épouser l'ardeur anti-polygame. Il ne semble pas que la bonne société anglo-américaine de l’époque se soit vraiment laissé abuser car elle ne fut pas reçue dans les cercles diplomatico-commerciaux de la capitale. Eut-elle été proche du Roi que nul n’aurait laissé passer la chance de connaître un agent d’influence au palais, surtout à une époque charnière quand se préparait le dépeçage colonial de l’Asie du Sud-Est.
Elle resta aux Etats-Unis d’Amérique où elle ouvrit une école à New-York pour les filles qui fut un échec commercial. Sa carrière littéraire va alors commencer. Quatre articles paraissent sous son nom dans l’Atlantic Monthly (1870) et sous le titre The English Governess at the Siamese Court, being recollections of six years in the Royal Palace of Bangkok.
Grand et immédiat succès en Amérique puritaine, vite exploité et augmenté de la publication d’un livre de même titre et de la publication dans la même revue (1872) de deux nouveaux articles The Favourite of the Harem et L’Ore, a slave of a Siamese Queen. Le succès ne se démentant pas, le tout est repris et enrichi dans un nouveau livre Romance in the Harem (1874).
Dans ses ouvrages, Anna, armée des seules armes du savoir, de la vertu et de la foi protestante, se donne un très beau rôle auprès du Roi, rôle missionnaire dans un pays païen et luxurieux, civilisateur chez les sauvages, démocrate dans une autocratie, enseignant chez les ignorants. Elle sait aussi titiller les imaginations victoriennes par la description habilement horrifiée de vices siamois croustillants comme la polygamie. Le mythe était né.
La résurrection d’Anna fut le fait de Margaret Landon, auteur en 1944 de Anna and the King of Siam, gros succès aussi grâce à un judicieux mélange des thèmes des deux ouvrages et à la transformation de son héroïne en une américaine, républicaine, toujours pieuse mais libérée. Le mythe était bien installé, la comédie musicale et l’amour impossible pointaient sous le roman.
Ses inventions littéraires furent sans doute moins le fait d'une imagination débordante que nées du désir de respectabilité qui l'obsédait depuis sa cruelle jeunesse ou, plus prosaïquement, de la volonté d’augmenter ses ventes. Elle mourut au Canada en 1915 à l'âge de quatre-vingt-cinq ans après être devenue entre 1876 et 1897 une grande dame patronnesse de Halifax en Nouvelle Ecosse. Sa tombe se trouve au cimetière du Mont Royal à Montréal.
La relation qu’Anna donna du Siam est entachée de grossières erreurs. On citera une de ses plus belles inventions, celle des oubliettes du Grand Palais où étaient jetées les concubines en disgrâce irrémédiable. Le Grand Palais n’a jamais eu d’oubliettes pour la bonne raison que la nature marécageuse du sol se prêtait mal à ce genre de génie civil. Jolie création aussi que le drame du bûcher dont elle se dit le témoin oculaire et où se serait consommé le châtiment d’une concubine royale, (Anna ne les aimait vraiment pas) et d’un moine coupables d’avoir commis ensemble le péché de chair. Le feu n’a jamais été un châtiment sous la dynastie, surtout pour les moines qui l’utilisent saintement pour les crémations et jamais le roi Mongkut n’a fait périr l’une de ses épouses ou concubine fut-elle adultère et encore moins Tuptim qui lui donna des héritiers.
La princesse Vudhichalerm Vudhijaya (à gauche sur la photo), descendante directe de Tuptim, a donné en 2001 une interview où elle explique que le roi Mongkut fut moine pendant 27 ans avant de devenir roi et qu’il respectait les principes bouddhistes Il ne fut jamais question de torturer ou d'exécuter sa concubine Tuptim qui en réalité fut l'une des 36 épouses du Roi Chulalongkorn et non du Roi Mongkut :
Quant aux membres de la famille royale, s’ils étaient coupables de forfaiture, ils étaient enfermés dans des sacs de soie et battus à mort à l’aide de maillets sacrés réservés à cet effet.
Anna ne parlait pas la langue siamoise quoiqu’elle ait prétendu. Nous en avons un exemple amusant : parlant de son « grand cœur », nous dirions d’un « cœur grand comme le monde », elle le transcrit « Chi Yai » mais elle a été de toute évidence victime d’une farce de plus ou moins bon goût. Si nous le prononçons à la française, « chi yaï », tout simplement, ชิ ใหญ่, c’est une « grande bonzesse ». En prononçant « chi » d’une autre façon, « khi » la farce se corse, ขี้ ใหญ่ devient une « grosse merde ». Cet exemple n’est pas le seul.
Elle donna du bouddhisme une description farfelue et de l’histoire du Siam une version qui nous parait avoir été purement et simplement copié au mot près sur ce qu’en a écrit John Bowring en 1857.
Elle reproduit en tête de son premier ouvrage la lettre qu’elle aurait reçue du monarque pour l’inviter à venir enseigner l’anglais à la phratrie. Curieusement, alors que le roi Mongkut signait toutes ses correspondances « S.P.P M. Monkut, primus (ou major) rex siamensum » (Somdech Phra Poramenthon – ou Paramendr selon sa transcription - Maha Mongkut Major Rex siamensium » - สมเด็จพระปรเมนทรมหามงกุฎ)
celle-ci aurait été signé « S.S.P.P. Maha Mongkut » avec un S de trop, il est déjà singulier qu’il ait prit lui-même la peine d’écrire cette correspondances à l’une des multiples enseignantes de ses enfants. Il est encore plus singulier qu’il n’ait pas utilisé sa souscription habituelle, soucieux qu’il était de montrer sa parfaite connaissance du latin ? De là à penser que ce document relève de la fantaisie, il n’y a qu’un pas que nous n’hésitons pas à franchir. Le mieux est parfois l’ennemi du bien ! Elle se garde de reproduire dans son premier mémoire une photographie de cette lettre que lui aurait adressée le monarque pour l’embaucher alors que celle que lui a adressée le jeune monarque Rama V en remerciements à sa lettre de condoléances lors du décès de son père est reproduite avec complaisance. Curieux à tout le moins ?
Elle n’a probablement jamais rencontré le Roi autrement qu’au hasard des couloirs du palais.
La question de l’idylle entre le roi et la bergère n’est d’ailleurs pas abordée dans ses écrits, car elle correspond mal à l’image d’une respectable veuve victorienne. C’est une pure invention hollywoodienne. Lorsque Anna débarque au Siam, le roi a 60 ans ; c’est un vieillard qui pour assouvir ses passions vieillissantes a plusieurs épouses et de nombreuses concubines.
En 1946, Rex Harisson est encore tout à fait présentable à 38 ans. En 1956, Yul Brynner en a 36, tout aussi séduisant. En 1999, Chow Yun-fat en a 44, sans avoir pris une ride. Ce que nous savons du physique de l’institutrice n’a en outre rien pour susciter quelque passion que ce soit même s’il est vrai que « l’on ne voit bien qu’avec le cœur » comme disait Saint Exupéry !
Que pouvait-il avoir de commun entre cette institutrice hautaine, prétentieuse et coincée, de peu d’instruction, et le Roi Mongkut ?
Humble moine pendant plus de 20 ans, créateur d’une obédience bouddhiste austère qui vit encore, fin politique sachant naviguer entre les appétits coloniaux et préserver l’indépendance du Siam, il fut père de quelques 70 ou 80 enfants, conservateur déclaré mais modernisateur éclairé, parlant et écrivant l’anglais sans l’aide de Anna, assez fin mathématicien pour inviter le gouverneur de Singapour, Henry Orde, à le rejoindre le 18 août 1868 au point de longitude est 99°42’ et latitude nord 11°39’ pour admirer une éclipse totale de soleil de 6 minutes et 46 secondes qu’il avait calculée. Le gouvernement français envoya une délégation d’astronomes qui témoigna du triomphe scientifique du souverain. C’est au lieu de l’éclipse, à Prachuab Khiri Khan, que le Roi contracta la malaria qui allait l’emporter le 18 octobre 1868, à l’âge de 64 ans.
Elle n’a jamais rempli à la cour d’autres fonctions que celles de professeur d’anglais au milieu d’une foule d’autres professeurs de la progéniture royale, l’une des rares professions que l’Angleterre victorienne autorise aux femmes, et certainement pas celle de « gouvernante ». Une gouvernante est en réalité une véritable maitresse de maison qui est presque de la famille. Elle est plus qu’une domestique. Dans la France de la Comtesse de Ségur, on l’appelle « Mademoiselle » fut-elle veuve, elle partage la table de ses maîtres au quotidien et ne la déserte qu’en présence d’invités. Anna ne fut jamais qu’une modeste institutrice.
Nous connaissons au vu de nos multiples articles les raisons pour lesquelles le roi Rama V a pu, entre les voracités respectives des colonialistes français et anglais, sauvegarder la relative indépendance du Siam au prix de gigantesques abandons territoriaux, Laos, partie du Cambodge et de la Malaisie. Il n’a pas instauré une liberté religieuse qui existait depuis longtemps dans les faits. Quant au sort des esclaves, Monseigneur Pallegoix nous dit qu’il était beaucoup moins rude que celui des domestiques des maisons bourgeoises de son époque. Il suffit de parcourir Dickens pour avoir une idée du sort des domestiques dans l’Angleterre victorienne.
La modernisation de la législation fut tout simplement le fruit d’une nécessité absolue pour obtenir la disparition du régime des « protections » qui permettait à des dizaines de milliers de sujets d’échapper à la justice et à la fiscalité royale.
Nous avons au moins une certitude, c’est que l’évolution du Siam commencée sous le règne du roi Mongkut et continuée sous celui du roi Chulalongkorn ne doit rien de rien de rien aux leçons que cette prétentieuse institutrice prétend avoir donné à l’héritier du trône, son élève parmi des dizaines d’autres.
Il nous prend envie de la comparer à l’épouse de Talleyrand, une ravissante idiote née aux environs de Pondichery...
qui disait lorsqu’on lui demandait ses origines, « je suis d’Inde » .
La censure
Elle a frappé les deux versions de 1956 et 1999.
Pour le général Prakat Sataman, alors président de la commission de censure en 1999, cette « love story » plutôt bénigne s'efforce intentionnellement de miner la monarchie et déforme sérieusement l'histoire thaïlandaise. Il aouta que « Si nous coupions toutes les scènes qui, d'après nous, moquent la monarchie, et si nous montrions quand même le film, il ne durerait pas plus de vingt minutes sur une durée initiale de 2 h 28 »
Tout importateur de cette nouvelle version, tournée en Malaisie avec Jodie Foster et Chow Yun-Fat (l'acteur fétiche de John Woo, le réalisateur) et du classique hollywoodien de 1956 avec Yul Brynner et Deborah Kerr, risque jusqu'à six mois de prison et une amende. Pire, les vendeurs de copies piratées peuvent tomber sous le coup du crime suprême de « lèse-majesté », équivalent à la trahison, passible hypothétiquement de la peine de mort. Sans aller à cette extrémité, le risque est au minimum pour les passeurs de copies pirates de six mois en prison et une amende de 21.000 bahts. La 20th Century Fox avait quinze jours pour faire appel ce qu’elle ne fit pas. Omnipotente, la commission de censure était constituée d'universitaires, de journalistes, des membres de la commission nationale du film et de policiers. Elle statua le 28 décembre 1999. Quinze des dix-neuf censeurs ont opté pour l'interdiction, trois exigeant des coupes longues. Elle a considéré que plusieurs scènes déforment l'histoire et insultent le roi. Un membre de la Commission a fustigé le film en disant: « Les cinéastes présentent le roi Mongkut comme un cow-boy qui monte sur le dos d'un éléphant comme un cow-boy sur son cheval ». Dans une autre scène, effectivement à tout le moins fort maladroite, Chow Yun-fat jette sa couronne et son portrait sur le sol, ce qui est au regard des Thaïs totalement inacceptable.
Le film est sorti juste avant les fêtes aux Etats-Unis où, servi par des critiques clémentes sinon flagorneuses, il figura dans le top 10 du box- office, sans pourtant trop « casser la baraque ». Le film arriva sur les écrans français le 26 janvier.
Pour répondre aux éventuelles objections thaïlandaises, le scénario et le « casting » ne présentaient plus comme en 1956 le Roi comme un imbécile et dénigré la culture thaïe comme inférieure à celle de l’occident. Bien au contraire, ce « remake » avec un acteur asiatique montre le roi comme un homme cultivé, maniant plusieurs langues, sensible aux besoins de sa famille et désireux de fournir à ses enfants une éducation occidentale pour les conduire à maintenir des relations égalitaires avec les puissances européennes.
Si un certain nombre de changements avaient été apportés au scénario à la demande des autorités thaïes, aucun accord final ne fut trouvé et finalement le film a été réalisé en Malaisie.
On a pu considérer que la décision finale prise par le gouvernement de Chuan Likpai fut une réaction excessive sous prétexte de défendre la culture thaïe, créant un précédent dangereux pour d'autres œuvres artistiques ou prétendument artistiques considérées comme culturellement offensantes ou politiquement sensibles.
Les esprits bien-pensants de l’occident ont fait la comparaison avec la prostitution interdite mais néanmoins tolérée, à la corruption dans les affaires et l’administration, aux normes de sécurité dans le monde du travail, etc….
Les deux films devaient-ils susciter une telle réaction ? Le général Prakat Sataman, bon ou mauvais prétexte, assura que la diffusion du film pourrait susciter des émeutes violentes des fidèles à la monarchie qui pourraient devenir hors contrôle.
Un universitaire thaïlandais cité dans un article du Los Angeles Times a mis l'accent sur le rôle politique clé joué par la monarchie pour assurer la stabilité politique et sociale. Expliquant son soutien à l'interdiction, il fit la différence entre les gens instruits capables de comprendre qu’il s’agissait d’une production hollywoodienne ce que ne pourraient pas faire les personnes non éduquées qui, regardant le film au « premier degré » pourraient être influencés par une représentation inexacte de la plus haute institution du pays.
Curieusement la première version cinématographique mettant en vedette Irène Dunne et Rex Harrison, a été diffusée au début des années 50 en Thaïlande mais ne semble pas avoir attiré l’attention de la censure. La raison en est simple :
Le maréchal Sarit prit le pouvoir en 1957 et mit alors l’accent sur le monarque et la fidélité à la monarchie comme source de légitimité. Il rétablit incontestablement le rôle actif de la monarchie rétablissant des cérémonies publiques négligées depuis 1932, encourageant le roi à apparaître en public et manifestant publiquement son allégeance au roi. Ces liens étroits entre la monarchie, l'armée et l'État thaïlandais persistent peu ou prou de nos jours.
C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre l'interdiction des deux films pour s’opposer à toute tache sur la monarchie thaïlandaise dans une ambiance qui n’existait pas en 1946.
Mais si l’on devait censurer la niaiserie hollywoodienne, ce que l’on est parfois conduit à souhaiter, ne videraient-on pas les salles de cinéma ? Il n’y a que chez Montherlant que l’on envoie « en prison pour médiocrité » (11) et de nos jours nous manquerions cruellement d'infrastructures pénitentiaires.
Peut-on faire la distinction entre le spectateur ou le lecteur qui est susceptible de comprendre et celui qui ne l’est pas ? « La censure est la peine de mort de la liberté de penser » a dit ou aurait dit Victor Hugo.
Doit-on s’excuser d’apprécier des cinéastes « maudits » comme Veit Harland ou Leni Riefenstahl ou d’aimer des auteurs non moins maudits comme Céline ou Rebatet même s’il leur arrive d’être parfois totalement déboussolé ? Ils sont frappés comme en Thaïlande par le « politiquement correct » même s’il n’a pas du tout le même sens à Paris ou à Berne qu’à Bangkok.
Le résultat en est aujourd’hui fort simple au vu des nouvelles technologies, tout ce qui est interdit est accessible sur Internet. Sans parler des téléchargements portant atteinte aux droits d’auteur, ceux portant sur des œuvres cinématographiques ou littéraires « interdites » ou verrouillées est accessible (12). Ces pratiques de censure, quelles qu’en soient les raisons, bonnes ou mauvaises sont désormais parfaitement, obsolètes. Il y a actuellement (2017) au moins 20 millions d’«internautes » dans le pays.
(1) Voir notre article A 51 – « Cinéma thaïlandais : La légende de Suriyothai » dont nous avons dit « …Ou comment utiliser le cinéma pour « inventer » l’Histoire du Siam ». http://www.alainbernardenthailande.com/article-a-51-cinema-thailandais-la-legende-de-suriyothai-95050366.html
(2) Voir notre article A 102 « Un film thaï sur le complot de la reine Sisudachan du Siam en 1574 ou un portugais « faiseur de roi » au Siam au XVIème siècle? ». http://www.alainbernardenthailande.com/article-a102-un-film-thai-sur-le-complot-de-la-reine-du-siam-en-1547-116474511.html
Nous préférons le titre original thaï, « กบฏท้าวศรีสุดาจันทร์ » « Kabot thao Sisudachan » « Le complot de la reine Sisudachan » car c’est l’histoire du complot ourdi par la reine, la véritable histoire à peine romancée de cette Agrippine siamoise, épouse de สมเด็จพระไชยราชาธิรา Chairachathirat, fils de Ramathibodi II, qui règne depuis 1546.
(3) Voir notre article 73 « Yamada Nagamasa, Le Japonais qui devint Vice-Roi au Siam au XVIIème siècle ».http://www.alainbernardenthailande.com/article-73-yamada-nagamasa-le-japonais-qui-devint-roi-au-siam-au-xviieme-siecle-115599893.html
(4) La liste n’est probablement pas limitative :
1946 : Anna et le Roi de Siam (Anna and the King of Siam), film américain de John Cromwell avec Irène Dunne et Rex Harrison - 1951 : Le Roi et moi (The King and I), comédie musicale américaine de Richard Rodgers et Oscar Hammerstein II créée par Gertrude Lawrence et Yul Brynner - 1956 : Le Roi et moi (The King and I), film musical américain de Walter Lang avec Deborah Kerr et Yul Brynner, adapté de la comédie musicale précédent, version interdite - 1972 : Anna et le Roi (Anna and the King), série télévisée américaine en 13 épisodes de Gene Reynolds avec Samantha Eggar et Yul Brynner - 1999 : Le Roi et moi (The King and I), film d'animation américain de Richard Rich, adapté de la comédie musicale - 1999 : Anna et le Roi (Anna and the King), film historique américain d'Andy Tennant, avec la très belle Judie Foster et le charismatique Chow Yun-fat, version interdite - 1999 encore : Anna et le Roi, un dessin animé de Richard Rich.
(5) Sissi (1955) - Sissi impératrice (1956) - Sissi face à son destin (1957).
(6) Angélique, marquise des anges (1964) – Merveilleuse Angélique (1965) - Angélique et le roi (1966) – Indomptable Angélique (1967) - Angélique et le sultan (1968).
(7) Résumons rapidement cette œuvrette qui vaut surtout pour la partie musicale : Une jeune veuve anglaise, Anna Leonowens part avec son jeune fils Louis (Rex Thompson) au Siam afin de devenir la « gouvernante » des enfants du roi Mongkut. Malheureusement, ce dernier refuse de lui donner la maison qu'il lui avait promise et l'oblige à vivre dans le palais. Mécontente, Anna décide de quitter le Siam, mais Lady Thiang (Terry Saunders qui n’a pas spécifiquement le physique de l’emploi), la première femme du souverain, la fait changer d'avis. Elle décide alors d'aider le roi qui prend l'habitude de la faire réveiller à des heures tardives pour lui poser des questions. Un ambassadeur d'Angleterre, sir Edward, doit venir au Siam pour se rendre compte si le roi est réellement un barbare. Avec l'aide d'Anna, le roi réussira à prouver que son pays est civilisé et offrira une fête très réussie. Tout semble aller pour le mieux. Anna a même appris au roi à se tenir correctement à table. Tuptim, la dernière femme du roi Mongkut, arrivée de Birmanie en cadeau, s'enfuit après la fête pour retrouver son amoureux (un moine, cela fait mieux dans le tableau) et s’enfuit avec lui. Les soldats du roi finissent par la retrouver. Celui-ci veut la faire fouetter pour la punir alors que son amoureux s'est noyé dans la poursuite. Anna s'oppose à cette sanction, lui disant qu'en agissant ainsi, il se conduirait comme un barbare. Le roi s’incline et ne la fait donc pas fouetter. Mais Anna décide de quitter tout de même le Siam. Le jour de son départ, on vient la prévenir que Mongkut est très malade. Elle va le voir et apprend qu'il va mourir. Elle prend alors la décision de rester pour s'occuper de ses enfants, notamment du prince héritier. L’interdiction du film en Thaïlande intervint à l’initiative du Maréchal Pibun en octobre 1956, offensé par la manière dont était présentée la monarchie, à la demande du gouverneur de Bangkok ayant fait état d’incident assez vifs de la part des spectateurs lorsque le film fut très brièvement joué dans la capitale.
(8) Anna Leonowens , veuve depuis peu, vient au Siam avec son fils Louis pour y enseigner l'anglais aux enfants du Roi. Intelligente, dotée d'un fort tempérament, elle séduit le roi qui veut à la fois moderniser son pays contre les menaces des colonialismes britannique et français tout en respectant les anciennes traditions donnant au Siam son identité. Anna est séduite par les enfants du roi, particulièrement la princesse Fa-Ying (jouée par Melissa Campbell, une australienne qui a probablement du sang asiatique dans les veines). Celle-ci meurt du choléra, les deux héros, le roi et la professeur deviennent intimement liés dans la peine. Ce lien qui les unit va être mis à rude épreuve lors de l'exécution d'une des concubines du roi, Tuptim, et de son amant. Désireuse de retrouver un amour de jeunesse devenu moine, elle se rase la tête et se fait elle-même bonzesse. Découverte, elle est injustement accusée (une erreur judiciaire, c’est mieux dans le tableau) d'avoir eu une relation sexuelle avec le moine, son prétendu complice. Tous deux ont la tête tranchée malgré une intempestive tentative d'Anna pour sauver la jeune Tuptim : le roi ne peut se permettre de perdre la face aux yeux de son peuple et de passer pour un faible en cédant aux jérémiades d'une anglaise qui plus est. Nous allons enfin voir arriver le « méchant », il en faut un : Anna organise une cérémonie en l'honneur des Britanniques présents au Siam afin d'en faire des alliés le moment venu. Le roi s'apprête à déclarer la guerre à la Birmanie sous protectorat britannique car depuis peu le Siam était victime d’attaques frontalières, c’est la version hollywoodienne de la révolte des états shans. Mais contrairement à ce que lui et ses ministres pensaient, il ne s'agissait pas là d'une manœuvre des Britanniques (évidemment !) mais d'une trahison du général en chef Alak (joué par Randall Duk Kim qui a bien la physionomie du fourbe).
Celui-ci a trompé son propre régiment, loyal au roi, pour récupérer les uniformes siamois et en vêtir ses troupes, et tuer le frère du roi, le prince Chaofa (joué par le Singapourien Kay Siu Lim). Les intentions d'Alak sont claires : bouter les étrangers hors du royaume et conquérir la Birmanie, vieux rêve des anciens rois siamois. Mais le représentant de la Compagnie des Indes Orientales britannique qui a tout intérêt à rester dans le pays, charité bien ordonnée commence par soi-même, permet de mettre le complot à nu. Dès lors le roi et sa famille tentent de fuir la capitale du royaume trop vulnérable et de gagner le monastère où le roi a passé la plus grande partie de sa vie. Prétextant de partir à la recherche d'un éléphant blanc, symbole de prospérité, la famille royale se met en marche accompagnée d’Anna. Malgré son profond chagrin pour la mort de Tuptim, elle a décidé de rester fidèle au roi. Elle a déjà de toute évidence un petit faible pour lui ! Rattrapés par l'armée rebelle d'Alak, les gardes du corps du roi décident alors de faire sauter un pont pour ralentir la progression de l'ennemi et donner du temps aux renforts alors au Nord, de venir au secours de leur souverain. Dans une scène dont il faut bien dire qu’elle est remarquable, le roi garde son flegme, en tentant d'attirer Alak sur le pont pour le faire sauter et lui avec. Mais Anna, contrairement aux ordres du roi, et plutôt que de fuir vers le monastère, décide alors de sauver l'homme qu'elle aime et, grâce à son fils Louis, réussit à persuader l'ennemi de la présence derrière le roi d'une importante force britannique, des feux d'artifices donnant l'illusion d'un déluge de fusées « Congreve », alors utilisées par l'armée britannique comme arme offensive, pendant que Louis sonne le clairon pour parfaire le stratagème.
L'armée rebelle prend la fuite mais Alak dans une dernière tentative tente d'abattre le roi avec un mousquet. Alors un garde du corps fidèle se sacrifie et provoque alors l'explosion du pont pendant qu'Alak y est encore. Classique évidemment dans les poncifs l’histoire du serviteur fidèle qui sacrifie sa vie pour son maître ! Va-t-il y avoir une « happy end » ? Hélas non ! Dans la scène finale, Anna se résigne à partir, ne pouvant bien sûr épouser l'homme qu'elle aime, tandis que le roi ne peut non plus épouser une gouvernante anglaise. Ce grand amour apparaissait déjà quoique plus discrètement dans les versions précédentes, faut-il le préciser.
(9) Louis conta son histoire sans la moindre complaisance pour sa mère ; nous la trouvons sur le site Internet de sa société : http://louistcollection.com/en/louis-t-story.html
(10) Le passage du couple en Australie qui le conduisit à une catastrophe financière a fait l’objet en 2010 d’une très méticuleuse étude de deux archivistes australiens, Alfred Habegger et Gerard Foley : « Anna and Thomas Leonowens in Western Australia, 1853‐1857 » publiée sur le site officiel http://www.sro.wa.gov.au/. Une étude sans concession de Susan Morgan l’avait précédé : « Bombay Anna : The Real Story and Remarkable Adventures of The King and I Governess ». Berkeley - University of California Press, 2008. pp. 274.
(11) In : « La reine morte ».
(12) Nous nous sommes livré à une expérience, sans toutefois (évidement !) aller jusqu’au bout en interrogeant Google :
Pour nos films en français et en anglais :
Télécharger « Le roi et moi » 744.000 résultats
Télécharger « Anna et le roi » 392.000 résultats
Download « Anna and the king » 18.600.000 résultats
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En thaï :
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Pour quelques œuvres cinématographiques pratiquement interdites :
Nous nous sommes limités au plus maudit entre les maudits des films de Veit Harland :
Télécharger « le juif Suss » 1.990 résultats
Download « the jew Suss » 265.000 résultats
Herunterladen « jüdischen Süss » 21.000 résultats
Pour la littérature « maudite »
Télecharger « les pamphlets de Céline » 277.000 résultats
Le pire :
Lorsque l’ouvrage écrit par Hitler en prison, « Mein Kampf » est tombé dans le domaine public 70 ans après sa mort, la « bonne conscience universelle » a poussé des cris d’orfraie en affirmant que cette œuvre immonde allait désormais être accessible à tous ! Allons donc, disponible en 23 langues (pas le thaï) sur un site suédois :
Et sur Google :
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