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  • : Bernard, retraité, marié avec une femme de l'Isan, souhaite partager ses découvertes de la Thaïlande et de l'Isan à travers la Grande Histoire et ses petites histoires, culturelles, politiques,sociales ...et de l'actualité. Alain, après une collaboration amicale de 10 ans, a pris une retraite méritée.
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  Il était une fois Alain, Bernard …ils prirent leur retraite en Isan, se marièrent avec une Isan, se rencontrèrent, discutèrent, décidèrent un  jour de créer un BLOG, ce blog : alainbernardenthailande.com

Ils voulaient partager, échanger, raconter ce qu’ils avaient appris sur la Thaïlande, son histoire, sa culture, comprendre son « actualité ». Ils n’étaient pas historiens, n’en savaient peut-être pas plus que vous, mais ils voulaient proposer un chemin possible. Ils ont pensé commencer par l’histoire des relations franco-thaïes depuis Louis XIV,et ensuite ils ont proposé leur vision de l'Isan ..........

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19 mars 2016 6 19 /03 /mars /2016 22:23
222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Le tourisme, Sarit fut-il un visionnaire ?

 

Il y eut en 1961 très exactement 81.000 touristes en Thaïlande. Le pays n’est pas ouvert au tourisme de masse puisque le seul hôtel alors accessible à Bangkok était le célèbre « Oriental ». Qui étaient-ils, d’où venaient-ils ? Nous n’avons trouvé aucun renseignement à ce sujet. En tous cas, c’est sous son régime, de concert avec son ministre des affaires étrangères, qu’est créé le 18 mars 1960 « Tourist autority of  Thailand » (dont soit dit en passant son ministre des affaires étrangères devient le directeur) et qui jouera un rôle majeur dans le développement ultérieur de cette activité devenue dès lors primordiale pour l’économie du pays. 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

L’année suivante est créé le premier par national du pays, celui – gigantesque -  de Khao yai (อุทยานแห่งชาติเขาใหญ่). 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

En octobre 1962 toutefois, l’ouragan tropical Harriet ravage toute la côte est du golf de Thaïlande depuis Chumpon au nord jusqu’à Nakhonsithammarat au sud. 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Des centaines de morts, des millions de baths de dégâts à la suite de quoi est créée la fondation Ratprachanukhro (มูลนิธิราชประชานุเคราะห์) au sein de laquelle le monarque s’investit à temps plein en disant  « elle est semblable à une grande compagnie d'assurance pour la nation. Ceux qui subissent un malheur doivent recevoir de l'aide en temps opportun et rapide de la part de ceux qui ne sont pas aussi malheureux par la mise en commun d’une aide financière et matérielle à travers la fondation ». 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Elle jouera un rôle majeur lors du Tsunami de 2014. Respectons la mémoire de près de 700 victimes dénombrées. Ce triste événement fut toutefois pratiquement sinon totalement ignoré des organismes de presse occidentaux, probablement censurés ? 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

L’ouragan a en outre ravagé l’île de Koh Tao qui n’était alors qu’un bagne et non le paradis des plongeurs et celle de Koh Pangan qui n’était peuplée que de pêcheurs et de ramasseurs de noix de coco faméliques mais dont la présence a épargné celle de Koh Samui. La censure gouvernementale a été rejointe par celle des populations locales qui se gardent de faire allusion à la catastrophe qui a frappé ces îles et cette côte devenues depuis lors un « paradis » touristique. Quelques vieux habitants de Samui s’en souvenaient encore mais n’en parlaient que sous la torture. Ceux-là apprécient la censure ! Du moins ce drame a-t-il eu le mérite (si l’on peut dire) de dégager le site portuaire protohistorique de Khaosamkaeo (เขาสามแก้ว) près de l’actuelle ville de Chumpon ce qui fait le bonheur des archéologues toujours en activité.

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

L’aide des « vilains américains »

 

Sarit n’est évidemment pas un inconnu des américains, il est commandant en chef des armées thaïes depuis 1954 et a toujours manifesté un anticommunisme primaire, secondaire et tertiaire. Il est – avons-nous vu dans notre article précédent (1) – allé chercher des subsides en Amérique. 

Ses échanges de point de vue avec le président « Ike » démontrent une parfaire symbiose. Son coup d’état a-t-il été financé par la CIA, on trouve souvent l’affirmation répétée sans autre preuve que de très solide présomptions (2). Sarit s’est par ailleurs beaucoup moins compromis avec les Japonais que Phibun. Il a eu la sagesse de choisir comme ministre de l’intérieur Thanat Khoman, un habile diplomate d’abord en poste à Tokyo jusqu’en 1943 mais qui avait rejoint les « Seri thai » dès cette époque et anti-communiste aussi virulent que son chef de file. Nous trouvons par ailleurs dans les documents déclassifiés un télégramme adressé par l’ambassade américaine à Bangkok au  Département d'État le 20 octobre  1959 (3) sous le titre « OBJET: rôle de l'armée dans les pays les moins avancés » qui établit à tout le moins la lucidité de ce diplomate (4) mais dont il est permis de se demander (c’est une simple hypothèse) si elle ne répond pas à une question posée par son secrétaire d’état, John Foster-Dulles, frère du directeur de la CIA et tous deux grands organisateurs de coups d’état dans le monde. 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Pour les États-Unis, c’est la politique du « containment », à savoir : éviter que l’Asie-du-sud-est ne bascule dans le camp communiste. Pour Sarit, il s’agit certes de lutter contre le communisme mais aussi de préserver l’intégrité du territoire directement menacée dans le nord-est par l’alliance des autonomistes Isan avec les mouvements communistes ou procommunistes du Laos voisin, autonomistes qui, sous couvert de lutte contre l’occupation japonaise se sont surtout préoccupés de participer sinon à la création d’un « grand-Laos », du moins à celle d’un état communiste plus moins satellite en Isan (5). Mouvements communistes et autonomistes aussi dans l’extrême sud musulman avec l’aide des anciens maquisards communistes malaisiens  dont la lutte contre l’occupation japonaise avait par contre été féroce. Nous reviendrons plus bas sur une question plus ponctuelle qui opposa la Thaïlande et le Cambodge,  triste héritage de l’époque coloniale mais qui nous dévoilera un aspect singulier du premier ministre. Sarit ouvre donc la Thaïlande aux militaires américains. La quasi-totalité des bombardements effectués sur le Vietnam et le Laos   partiront des bases de Donmuang (où siège le haut commandement américain, Udonthani et Utapao (Pattaya). 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Ce service a évidemment une contrepartie, un aide financière massive. Nous en avons les chiffres, Nous pourrions tout simplement aligner des chiffres, il suffit pour les trouver de consulter le site https://www.usaid.gov/thailand. C’est l’organisme officiel par lequel transitaient ces aides commencées en 1950 bien avant Sarit :

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Ces chiffres sont énormes et encore nous faut-il les réajuster à la date à laquelle nous écrivons (2016) : Compte tenu du taux d’inflation, le coefficient multiplicateur est de 10,02, disons 10 pour simplifier. 100  millions de dollars de cette époque équivalent donc à un milliard de dollars de 2016

(voir le site http://www.dollartimes.com/inflation/inflation.php?amount=10&year=1950) 

soit l’équivalent de 0,902 milliard d’euros ….. disons un milliard d’euros 2016 pour simplifier. Mais le détail ne l’affectation de ces sommes n’apparait nulle part autrement que sous forme de pieuses généralités ou, s’il apparait, nous ne l’avons en tous cas pas trouvé ! S’agit-il de versements financiers purs et simples, de livraisons de matériel, d’armes et d’armements, de la construction d’usines ou d’infrastructures ? En cette dernière hypothèse, devrait-on considérer que l’implantation de Coca-cola en Thaïlande en 1949 et des bordels de Pattaya – lieu de villégiature pour les combattants en permission de retour du Vietnam - fait partie de l’aide apportée par le bon peuple américain ? Elle suscitera par ailleurs après la mort de Sarit un vaste mouvement de protestation (6). Mais la Thaïlande a préservé son intégrité territoriale et échappé à un basculement vers le communisme, qu’il soit d’obédience moscoutaire ou pékinoise. 

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Il n’y eut qu’un seul hiatus en ce qui concerne l’intégrité du territoire puisque va surgir le problème cambodgien.

 

Le « problème » cambodgien.

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Nous avons longuement parlé de la question du temple de Phrea Viehar, totalement inaccessible à l’époque du côté cambodgien mais néanmoins attribué au Cambodge par la Cour internationale de justice de La Haye (7). Le Cambodge avait engagé la procédure devant la Cour en octobre 1959. Le conseil révolutionnaire avait réagi dans sa 27ème proclamation en novembre avec une certaine violence (8). Ce n’est point la question de l’emprise de 470 hectares qui nous importe, c’est tout simplement la réaction de Sarit, dont les velléités guerrières furent probablement apaisées par l’un des avocats de la Thaïlande, Dean Acheson retourné à la barre. Loin de penser une seconde aux manœuvres tortueuses de Sihanouk sur lesquelles nous nous sommes attardés, et elles sont certaines, il va accuser celui-ci d’avoir utilisé des incantations magiques ! L’Isan n’était décidément pas mort en lui ! « Chassez le naturel… »

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"La mort et les découvertes « post mortem »

 

Sarit avait épousé Wichitra Thanarat  (วิจิตรา ทานาราช) qui ne lui avait pas donné d’enfants mais ils avaient adopté un neveu qui portait le nom de Thanarat. Nous savons peu de choses sur sa vie de couple.

 

 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Il est hospitalisé à la fin de l’année 1963. Son épouse est présente auprès de lui. Le roi aussi, hommage exceptionnel et plus encore, lui rend de nombreuses visites sur son lit d’hôpital ...

 

 

 

 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

souvent avec la reine avant sa mort le 8 décembre. 

 

 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

De quoi est-il mort ? Selon Thak Chaloemtiarana (9) ce serait d’une vulgaire cirrhose du foie consécutive à ses excès de boisson pour laquelle il était déjà allé se faire soigner aux États-Unis ? Information invérifiable mais il n’a effectivement pas le physique d’un ascète bouddhiste. Le roi décrète un deuil national de 21 jours et la crémation a lieu en sa présence et celle de la reine – encore un hommage exceptionnel – au mois de mars suivant au Wat thep Siritharawat (วัดเทพศิรินทราวาส).

 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

A la mort prématurée de Sarit en 1963, un conflit successoral acharné entre son fils, le major Setha Thanarat, et sa jeune épouse, Thanpuying Vichitra Thanarat, a révélé l'étendue massive d’une fortune de l’ordre de 140 millions de dollars incluant, selon le Bangkok Post de l’époque, une société fiduciaire, une brasserie, 51 voitures, des participations dans de nombreuses sociétés et quelques 30 parcelles de terre à Bangkok, fortune dont une grande partie aurait été éparpillée entre ses dizaines de maîtresses. Restons- en à ces chiffres, la source est sérieuse. Comme toujours on peut gloser dans ce genre de situation et lancer toutes sortes de chiffre en l’air sans pouvoir en donner la moindre justification. 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Les commérages sont alors allés bon train ! Ces chiffres sont ceux qui ont été déballés devant la Justice et ils sont déjà énormes 140 millions de dollars (plus ou moins epsilon !) de l’époque font, si nous adoptons le taux de conversion ci-dessus, 1,40 milliards de dollars 2016, chaque dollar pensant à ce jour environ 35 baths nous en arrivons à 56 milliards de baths 2016. La question est moins une question de montant qu’une question d’origine. Il semblerait (nous utilisons volontairement le conditionnel) que les fonds aient été au moins partiellement saisis au profit du Trésor, une commission d’enquête a été désignée et … l’affaire fut enterrée… ce qui ne nous interdit évidemment pas de lancer quelques idées ? Les résultats préliminaires de cette commission furent toutefois divulgués et affirment que la plupart des avoirs de l'ancien premier ministre avaient été acquis depuis 1952 lorsque, comme un jeune officier de l'armée, il est devenu président du conseil d'administration de la Loterie nationale ?

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Nous avons dans notre article précédent (1) parlé (note 2 essentiellement) du rôle spécifique de l’armée en Thaïlande et nous en parlerons dans un prochain article. L’imbrication entre l’armée, la politique et le monde des affaires est total et surtout ne surprend et ne choque personne. Nos esprits occidentaux ont peine à le concevoir : n’oublions pas que l’armée française est restée jusqu’en 1945 « la grande muette » puisque les militaires n’avaient pas le droit de vote que leur a accordé le Général De Gaulle. 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

La fortune de Sarit n’est évidemment pas sortie d’un chapeau mais il faut tout de même essayer de trouver quelques éléments de réponse :

 

- Lorsque Sarit devient chef des armées en 1954, il a déjà des « intérêts » dans 22 sociétés (parait-il ?) qui lui procurent évidemment des revenus en sus de sa solde. Il est déjà riche. Il n’y a là rien de répréhensible même si cela choque notre conscience occidentale. A combien s’élevait la solde du militaire et les dividendes, tantièmes et jetons de présence perçus par Sarit ?

 

- Lorsqu’il devint premier ministre, il perçut bien évidement un salaire de premier ministre mais il nous a été impossible de savoir quel en était le montant. A voir le nombre de ministres dans les gouvernements précédents et celui des ministres « sans portefeuille », il est permis de penser que la place était bonne. Deux douzaines de ministres en moyenne dans les gouvernements Phibun, plus de trois douzaines dans le gouvernement de  Thanom Kittikachorn précédent la prise effective du pouvoir par Sarit (10). En réduisant le nombre de ministères à 13, au moins Sarit fit-il faire des économies au Trésor ? (11)

 

- Sarit est bardé de décorations, faveurs royales perrmanentes, elles entraînent probablement toutes une allocation  annuelle (comme notre Légion d’honneur) mais combien perçoit le titulaire de la grande croix de l’ordre de l’éléphant blanc ?

 

Ce ne sont évidemment pas ces sources de revenus qui lui ont permis de constituer cette énorme fortune.  Mais Sarit n’avait-il pas le moyen de s’enrichir sans se salir les mains et sans porter préjudice au trésor national ? On a suffisamment dit, écrit et discuté des aides étrangères – essentiellement aide américaine au monde et aide française à l’Afrique – qui finissent dans les poches des dirigeants des pays bénéficiaires pour que la question ne soit pas posée au sujet de Sarit. Avant d’être le fruit de la corruption contre laquelle il avait lutté sans désemparer peut-être cette fortune vient-elle pour partie ou pour le tout et beaucoup plus vraisemblablement tout simplement de pots de vin, dessous de table et détournement d’une partie des dollars des contribuables américains ?

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

"Mais, singulièrement, ces aspects désagréables du personnage ne paraissent pas avoir nui à sa réputation future et au souvenir (relativement) positif qui subsiste dans l’esprit de la population (12). C’est un aspect singulier qui n’est pas spécifique à la Thaïlande face à des dictateurs ou des chefs d’état « populistes » qui portent l’espoir des misérables et des déshérités (13). 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Taksin Shinawat fut et reste le héros des petites gens qui se soucient fort peu des méthodes utilisées « façon Sarit » : deux mille morts dans des opérations de police litigieuses contre les trafiquants de drogue conduites par des « escadrons de la mort », deux mille morts encore dans la manière traitée avec une transparence toute militaire de résoudre le problème des revendications des populations musulmanes … mais un bilan économique et social satisfaisant qui lui ont valu une immense popularité à travers le pays. Et ses admirateurs se soucient encore moins de savoir qu’il a ou aurait au cours de son passage au pouvoir quadruplé sa fortune sans jamais payer d’impôts.

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Quant à la manière Sarit d’éradiquer le communisme, on ne peut s’empêcher de la comparer avec celle qui fut utilisée deux ans plus tard par Mohamed Suharto en Indonésie, autre dictateur corrompu, entre 500.000 et 1.000.000 de morts, communistes ou supposés tels, Indous et Chinois dans les mêmes fournées, l’un des plus grands génocides du XXème siècle qui en avait connu et en connut d’autres sous les applaudissements des États-Unis et de son président Johnson « Le communiste est éliminé d’Indonésie pour cent ans » et la totale indifférence de la « bonne conscience universelle ».

 

 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Libre à chacun de répondre à la question « Doit-on canoniser les dictateurs ? ».

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

NOTES

 

Sources :

 

Voir notre article précédent   222.2 – « QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (PREMIÈRE PARTIE) ».

 

(1) Voir notre article 222.1 « LE GOUVERNEMENT DU « FIELD MARSHAL» SARIT. (9 FÉVRIER 1959 - 8 DÉCEMBRE 1963) ».

 

(2) Nous avons vu à l’occasion de notre article sur le « héros de la forêt de Phupan » (article 203 – « Tiang Sirikhan, le guerrier de Phupan » que si les archives de la CIA ont été déclassées et accessibles sur Internet, beaucoup de documents sont toujours caviardés et portent la mention « CENSURED ».

 

(3) https://history.state.gov/historicaldocuments/frus1958-60v15/d534

 

(4) « Le gouvernement américain doit travailler avec les gouvernements militaires autoritaires dans les pays moins développés de Free Asia et l'Afrique….l'autoritarisme restera la norme en Asie libre pendant une longue période. Ceci étant le problème est  d'expliquer au peuple américain et aux nations amies qui sont hostiles à une forme de gouvernement autoritaire pourquoi nous soutenons ces gouvernements  … Nous devons réfléchir sur notre soutien à un gouvernement autoritaire presque entièrement basée sur la force militaire. La Thaïlande n’est pas prête à une forme véritablement démocratique du gouvernement… En outre, la nature généralement conservatrice des chefs militaires et gouvernementaux thaïlandais et des institutions établies de longue date (la monarchie, le bouddhisme) fournissent une solde barrière contre la propagation de l'influence communiste. Par ailleurs, le régime militaire thaïlandais ne pèse pas financièrement sur le peuple. Beaucoup des libertés individuelles que nous associons souvent avec notre forme de gouvernement et niée sous des régimes autoritaires, la liberté d'expression, de religion, droit à la propriété, etc., prospèrent en Thaïlande à un degré remarquable;  et le maréchal Sarit montre à bien des égards sa sensibilité à ce qu'il croit être l'opinion publique... Les groupes d'opposition, étudiants, intellectuels, officiers dissidents sont sans importance immédiate …  et toute révolution qui serait diligentée par des officiers dissidents suivrait la tradition et ne produirait qu’un changement de surface … La complexité du processus de développement exige que le régime militaire utilise au maximum les compétences civiles... Sarit semble être bien conscient de cette nécessité et a rassemblé les meilleurs cerveaux civils. Mon propos n’est pas ici de blanchir le maréchal Sarit, de lui attribuer des vertus qu'il ne possède pas ou d’affirmer faussement la corruption a été éliminée en Thaïlande pour ne jamais y revenir… C’est un régime militaire civilisé dans la mesure du possible dirigé par un chef militaire qui a en vue la sécurité et le développement et qui représente le leadership politique du type requis dans une société en développement…Les principaux inconvénients auxquels nous sommes confrontés sont un étouffement des valeurs démocratiques et des procédures parlementaires par la révolution de de Sarit d'Octobre 1958 et ses conséquences qui constituent incontestablement un revers pour la tendance, si faible qu’elle ait été, vers une forme de gouvernement plus démocratique qui avait ses origines dans le coup d’état de 1932 ».

 

(5) Nous avons vu lors de notre étude sur Tiang Sirikhan que sa participation à la lutte contre l’occupation japonaise fut inexistante mais que par contre les tonnes d’armes qui furent parachutées dans les maquis de Sakon Nakhon (34 tonnes) passèrent probablement sur l’autre rive Mékong aux fins susdites.

 

(6) Nous avons rencontré le grand écrivain Kukrit Pramoj dans notre article A 72 « Plusieurs vies » de Kukrit Pramoj. Une vision de la Thaïlande ». C’est, avions nous écrit « une institution en Thaïlande. Prince, descendant direct du roi Rama II (1809 -1824), ancien premier ministre (1976), frère cadet d’un autre ancien premier ministre, fondateur de parti politique, de banque,  d’un journal, d’un magazine, professeur, danseur, acteur, économiste ……….et auteur de plus de 30 livres et de son livre le plus célèbre « Plusieurs vies ». La princesse Maha Chakri Sirindhorn nous invite également à « aimer ce beau livre de Kukrit et à travers lui, la culture et les valeurs de la Thaïlande ».

 

On ne peut parler des relations entre les États-Unis et la Thaïlande pendant cette période sans citer son rôle non plus comme talentueux auteur mais comme … acteur de cinéma !

 

Revenons en 1958 : Cette année-là, les deux romanciers américains Eugene Burdick et William Lederer publient le roman à clef « The ugly american » (traduit en français sous le titre « le vilain américain » et en thaï sous la transcription อั๊กลี่อเมริกัน (Akli Amerikan, mauvaise retranscription de ugly amarican). 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Il illustre férocement les défaillances du corps diplomatique des États-Unis, son insensibilité à la langue locale, la culture, les coutumes et le refus d'intégration face aux capacités supposées de ceux du bloc de l'Est conduisant alors aux succès diplomatiques des communistes à l'étranger. Immédiatement traduit en thaï, il fut un « coup de tonnerre dans le ciel serein » du monde diplomatique américain, immédiatement diffusé par le sénateur John F. Kennedy à chacun de ses collègues du Sénat. Il narre l’aventure des diplomates américains dans le pays fictif de Sarkhan, tout simplement la Thaïlande. Il règne chez eux une atmosphère de peur, de méfiance et d’incertitude face aux succès politiques des soviétiques dans les pays non alignés du tiers monde. Le livre décrit la lutte perdue des États-Unis contre le communisme en raison de la maladresse et de l'incompétence du corps diplomatique, arrogance innée et incapacité à comprendre la culture locale. « Pour une raison quelconque, les  gens que je rencontre dans mon pays ne sont pas les mêmes que ceux que je connaissais aux États-Unis. Un changement mystérieux semble peser sur les Américains quand ils sont à l’étranger. Ils s'isolent socialement, vivent, sont bruyants et ostentatoire ». L'ambassadeur américain « Lucky » vit dans son complexe diplomatique confortable. L'ambassadeur soviétique parle la langue et comprend la culture locale.

 

Nous voyons ensuite intervenir activement Kukrit Pramoj dans la version cinématographique réalisée en 1963 et diffusée à la même époque en Thaïlande sous le même titre อั๊กลี่อเมริกัน. Film militant réalisé par Stewart Stern, scénariste de « la fureur de vivre », le rôle principal est joué par Marlon Brando qui n’est plus le « sex symbol » mais le militant dans la peau du quel il finira en apothéose dans « Apocalyps now ». 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Il joue le rôle de l'ambassadeur Harrison Carter Mac White. Au début des années 1960, après enquête d'une commission sénatoriale, il est nommé ambassadeur au Sarkhan du Sud (pays imaginaire qu’il est difficile de ne pas assimiler à la Thaïlande) au moment où cette jeune nation, qui tente d'instaurer un régime démocratique avec l'appui des États-Unis, est confrontée à de graves problèmes politiques. Un leader d'opposition, Deong (par ailleurs ami de longue date de MacWhite), entend renverser le gouvernement du premier ministre Kwen Sai, avec l'appui du Sarkhan du Nord, pays communiste frontalier. Harrison avec ses idées arrêtées enchaînera les mauvaises décisions qui menaceront la politique de son pays en Asie... 

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

Tourné en partie en Thaïlande, à Bangkok y compris à l'Université Chulalongkorn, Kukrit Pramoj fut d’abord engagé comme expert et conseiller culturel puis, en définitive, joue le rôle du premier ministre de Sarkhan « Kwen Sai », ce qu’il deviendra en 1975 !  Cette position très hostile à l’emprise américaine est toujours vivace, elle n’est pas propre au grand intellectuel que fut Kukrit, nous l’avons retrouvée dans la « Thaïlande d’en bas », les « protest songs » du groupe Karabao avec en particulier อเมริกันอันธพาล (amerikan anthaphaan) que nous pouvons sans nous tromper traduire par « salopards d’américains » (Voir notre article « Notre Isan 32. Carabao,un groupe rock thaï ») ou dans le non moins engagé groupe Caravan avec en particulier อเมริกัฯอันตราย (amerikan antaraï) moins féroce (dans le titre mais pas dans les paroles) « américains, danger » (voir notre article «  Notre Isan 33 : Musique et Chanson,  Caravan, un Groupe « Engagé »). Cette chanson fut écrite lors d’un incident violent survenu en 1976 au cours duquel les forces américaines encore stationnées à U-Tapao engagèrent une action violente au Cambodge sans l'autorisation du gouvernement thaïlandais, violation flagrante de la souveraineté thaïlandaise qui suscita des manifestations violentes devant l'ambassade américaine. Lors de manifestations de masse en mars 1976 pour réclamer l’évacuation de la base américaine, au cours de laquelle le sang coula, la chanson se devait de rappeler au premier ministre ses promesses d’exiger le retrait de toutes les forces américaines. Est-il utile de préciser que ce premier ministre était Kukrit Pramoj ?  Lors de son intronisation comme premier ministre en effet, dans sa déclaration au parlement  du mercredi 19 mars 1975, il avait exposé clairement son programme en matière de politique étrangère : « Le gouvernement doit gérer la politique des affaires étrangères librement, afin de parvenir à l'indépendance nationale, pour que soit respectée sa souveraineté… Le gouvernement doit établir des relations diplomatiques et économiques avec les pays amis, indépendamment des différences idéologiques, économiques, sociales, fondées sur la justice, l'égalité et la non-ingérence dans les affaires intérieures et établir des relations équilibrées avec les grandes puissances. En outre, le gouvernement doit confirmer ses relations diplomatiques avec la République populaire de Chine, et évacuer les troupes étrangères du royaume dans l’année …. ». Son frère Seni lui succède et sa déclaration délivrée au parlement le vendredi 30 avril 1976 ne sera pas exactement moulue de la même farine. Il en est des promesses électorales comme des serments d’amour.

222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).

(7) Voir nos articles 24 : « Affaire du Temple de Phrea Vihear : Et si les Thaïs avaient été floués ? » -   19 : «  Google Earth au Temple de Preah Vihar ? » - 106 : « Le Temple de Phrea Vihear au Cambodge ! Que Veut La Thaïlande ? » et 136 : « La décision du 11 novembre 2013 de la Cour Internationale sur le temple de Phrea Vihar ».

 

(8) Il annonçait une défense de ses frontières à forces armées considérant que le temple était « terre sainte » pour le peuple thaï et que les drapeaux nationaux seraient arborés de façon visible afin que nul n’en ignore.

 

(9) « The politics of despotic partenalism » publié en 2007.

 

(10) On reste confondu devant la naïveté de Fistié pour lequel l’inflation du nombre des ministres était destinée à « équilibrer les tendances » ! La belle affaire, il s’agit de toute évidence de faire partager le gâteau aux amis, pseudo-démocratie de copains sinon de coquins !

 

(11) Lorsque Yingluk Shinawat émit l’idée d’augmenter de 14 % le salaire des députés, il y eut quelques ricanements dans la presse mais pas un journal ne précisa 14% de quoi ? Etonnante opacité !

 

(12) Permettons-nous, sans la moindre ironie, de citer (de mémoire)  le vieux Lesage « Il dit en voyant de fort belles pèches qu’on avait servi : de mon temps les pèches étaient bien plus grosses qu’elles ne le sont à présent, la nature s’affaiblit2 de jour en jour. Sur ce pied-là, dis-je alors moi-même en souriant, les pêches du temps d’Adam devaient être d’une grosseur merveilleuse ! »

 

(13) Juan Peron portait l’espérance des « descamidados y de humildes » argentins sans que l’accumulation d’une fortune colossale ne leur ait jamais fait perdre leur inébranlable confiance ni en lui ni en ses successeurs péronistes.

 
222.2 - QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LE REGIME DU « FIELD MARSHAL » SARIT (FIN).
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